PJL loi de finances pour 1999

HEINIS (Anne)

AVIS 68 (98-99), Tome XX - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES

Table des matières




N° 68

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME XX

MER

Par Mme Anne HEINIS,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 et 66 (annexes n° 26 et 27 ) (1998-1999).


Lois de finances.

INTRODUCTION -

Mesdames, Messieurs,

Avec des moyens financiers très modestes, (1,5 milliard de francs hors sécurité sociale des marins, soit 0,1 % du budget de l'Etat), le budget de la Mer a vocation à financer le soutien à la flotte de commerce française, l'entretien des ports maritimes et du littoral, la sécurité en mer et le dispositif d'éducation et de formation des gens de mer.

L'" ambition maritime " de la France, évoquée par le Président de la République lors de la campagne pour l'élection présidentielle, ne pourra entrer dans les faits sans une nouvelle vision prospective des atouts géographiques et humains de notre pays en ce domaine, ni sans la mise en oeuvre des moyens adaptés à ce renversement de perspective. Cette démarche prendra plusieurs années et nécessitera ambition et persévérance.

Votre rapporteur pour avis présentera tout d'abord, de façon synthétique, les crédits affectés à la Mer dans le projet de loi de finances pour 1999, ainsi que les orientations annoncées par le Gouvernement. Il évoquera ensuite la situation du pavillon et de l'armement français avant d'aborder la question de la sécurité en mer. Il conclura sur les ports en mettant l'accent sur le problème fondamental de leur desserte routière et ferroviaire.

CHAPITRE IER -

PRESENTATION SYNTHETIQUE DES CREDITS

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit, pour la Mer, une dotation en dépenses ordinaires et crédits de paiement de 6,279 milliards de francs, soit une très légère hausse de 1,07 % en francs courants par rapport au budget voté de 1998, qui s'élevait à 6,212 milliards de francs.

Sur ce total, les crédits d'intervention (Titre IV) consacrés à l'Etablissement national des invalides de la marine représentent, notons-le, 4,7 milliards de francs, soit 75 % de l'ensemble environ.

I. LES DÉPENSES ORDINAIRES

Les dépenses ordinaires représentent 95 % de ces crédits. Elles atteignent 6,008 milliards de francs pour 1999, soit une progression de 3,8 % en francs courants par rapport au budget voté de 1999.

A. LES MOYENS DES SERVICES (TITRE III)

Les moyens des services représentent 589,6 millions de francs, soit une augmentation de 5,1 % par rapport à 1998 (560,6 millions de francs).

Les principales dépenses à signaler à ce titre concernent :

- les rémunérations des personnels des services communs des affaires maritimes, soit 294,7 millions de francs sur le chapitre 31-90 ;

- les moyens de fonctionnement des services déconcentrés, avec 69,1 millions de francs sur le chapitre 34-98 article 30 ;

- la signalisation maritime, avec 21,9 millions de francs à l'article 60 du chapitre 34-98 ;

- l'entretien et l'exploitation des ports maritimes non autonomes en métropole, avec 39,3 millions de francs sur le chapitre 35-34 article 10.

B. LES INTERVENTIONS PUBLIQUES (TITRE IV)

Les interventions publiques bénéficient de 85 % environ des crédits de la Mer, avec 5,419 milliards de crédits, en progression de 3,8 % par rapport à 1998 (5,22 milliards de francs).

La plus grande partie des crédits est consacrée à la subvention à l'Etablissement national des invalides de la marine (ENIM) qui recevra, en 1998, 4,69 milliards de francs, soit une dotation très légèrement supérieure à celle du budget voté pour 1998 (4,59 milliards de francs).

Hors ENIM, le budget de la Mer ne représente ainsi qu'un milliard cinq cent quatre vingt quatre millions de francs pour 1999.

Les principales dépenses à signaler au titre IV concernent :

- l'enseignement maritime secondaire, avec 79 millions de francs (chapitre 43-37, article 10) ;

- la participation aux dépenses des ports maritimes autonomes en métropole, soit, comme l'année dernière, 392,5 millions de francs sur le chapitre 44-34 article 10 ;

- la contribution aux charges du groupe maritime d'économie mixte, avec 119 millions de francs sur le chapitre 45-35 article 30 ;

- les allocations compensatrices attribuées en application de la convention entre l'Etat et l'Unedic relative aux personnels navigants de la marine marchande, avec 24 millions de francs sur l'article 46-37 article 10.

II. LES DEPENSES EN CAPITAL

Les dépenses en capital prévues au fascicule de la Mer n'atteignent que 270,2 millions de francs pour 1998. Ces crédits baissent de 36,2 % par rapport au budget voté de 1998. Il est à noter que ces dépenses avaient déjà enregistré une baisse de 4,9 % en 1998 par rapport à 1997.

Les autorisations de programme, avec 310,9 millions de francs pour 1998, reculent elles aussi de 36,2 % par rapport à 1998 (487,9 millions de francs).

A. LES INVESTISSEMENTS EXÉCUTÉS PAR L'ÉTAT (TITRE V)

Les investissements exécutés par l'Etat représentent 253 millions de francs, soit une hausse de 8 % par rapport au budget voté de 1998 (234,6 millions de francs).

Les autorisations de programme à ce titre atteignent 291,2 millions de francs, en hausse de 6,8 % par rapport à 1998 (278,2 millions de francs).

On notera principalement :

- que les ports maritimes en métropole reçoivent 142,6 millions de francs, alors que les ports maritimes outre-mer reçoivent 19,1 millions de francs (chapitre 53-30 article 30 et 70) ;

- que les moyens " polyvalents ", destinés à faciliter l'exercice en mer des responsabilités du ministère reçoivent, comme l'année dernière, 10,5 millions de francs (chapitre 53-32 article 10).

B. LES SUBVENTIONS D'INVESTISSEMENT ACCORDÉES PAR L'ETAT (TITRE VI)

Les subventions d'investissement accordées par l'Etat atteignent 17,2 millions de francs pour 1999, en recul de 90,9 % par rapport au budget voté de 1998 (189,3 millions de francs).

Quant aux autorisations de programme à ce titre, elles reçoivent 19,7 millions de francs, en recul de 90,6 % par rapport à 1998 (209,7 millions de francs).

On relève que :

- 9,7 millions de francs en crédits de paiement et en autorisations de programme sont attribués à la société nationale de sauvetage en mer (chapitre 66-32, article 20) ;

- la disparition pure et simple de la ligne de crédits du chapitre 63-37 article 20 " Aide à l'investissement et aide à la consolidation et à la modernisation de la flotte de commerce (190 millions de francs en autorisations de programme et 173 millions de francs en crédits de paiement dans le budget 1998). Sur ce point, les injonctions de la commission européenne ont conduit le Gouvernement à renoncer aux subventions directes et à leur substituer un mécanisme de remboursement par l'Etat, des contributions sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail, versées, par les entreprises qui emploient des personnels navigants sur des navires de commerce battant pavillon français, aux organismes chargés du recouvrement de ces contributions.

III. LES ORIENTATIONS BUDGETAIRES

Les moyens d'engagement qu'il est proposé d'allouer en 1999 au transport maritime, aux ports et au littoral se répartissent de la manière suivante :

- 624,4 millions de francs sont destinés aux ports maritimes ;

- 200 millions de francs sont destinés à la flotte de commerce ;

- 19,5 millions de francs sont destinés à la protection et à la mise en valeur du littoral.

Les six priorités annoncées sont :

- le renforcement de la sécurité dans les ports maritimes. Pour 1999, les crédits destinés à l'entretien des chenaux d'accès, des avant-ports et des infrastructures de base, indispensables à la fonction " première " des ports de sécurité de l'accueil et de la réception des navires, sont reconduits dans les ports autonomes, ainsi que dans les ports d'intérêt national et seront complétés, dans la prochaine loi de finances rectificative, d'une dotation de 38,5 millions de francs.

- l'accélération de la réalisation des équipements portuaires inscrits aux contrats de plan " Etat-régions ". Le Gouvernement annonce que le maintien de la dotation globale en autorisations de programme du chapitre 53-30 (190,2 millions de francs) devrait permettre de rattraper les retards que certaines opérations de remise en état des infrastructures portuaires, inscrites dans les contrats de plan Etat-régions, ont pu subir par le passé.

- l'amélioration de la desserte terrestre des ports maritimes. Le Comité Interministériel de la Mer (CIM), réuni le 1er avril 1998 sous la présidence du Premier Ministre, a arrêté un ensemble de mesures destinées à créer les conditions d'un environnement économique favorable au renforcement de la compétitivité de nos ports. L'une des mesures du CIM concerne l'amélioration de la chaîne de transport terrestre de fret à destination ou en provenance des ports maritimes français.

S'agissant de la desserte routière, on peut citer par exemple :

. la réalisation d'un certain nombre de dessertes permettant de relier des ports situés sur la façade atlantique à leur arrière-pays et élargir ainsi leur hinterland ;

. les grands contournements autoroutiers de Paris, au Nord, (A29) et au Sud (A28), au bénéfice notamment des ports du Havre et de Rouen.

S'agissant de la desserte ferroviaire , une politique volontariste de Réseau Ferré de France (RFF) et de la SNCF se met en place, en faveur du développement de la desserte des ports français. Ces derniers constituent un marché privilégié, générateur de trafics de fret importants.

Le soutien de la flotte de commerce et de l'emploi maritime traduit l'obligation pour l'Etat français de modifier les modalités de son aide à la flotte de commerce, pour se mettre en conformité avec les nouvelles orientations communautaires publiées le 5 juillet 1997 par la Commission Européenne. Selon celles-ci, le soutien au secteur de la flotte de commerce doit prendre exclusivement la forme de la diminution ou de l'annulation des charges fiscales et sociales applicables aux marins des compagnies maritimes.

Le projet de budget pour 1999 intègre ainsi un dispositif de remboursement par l'Etat des contributions sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail versées par les entreprises qui emploient des personnels naviguant sur des navires de commerce battant pavillon français, aux organismes chargés du recouvrement de ces contributions.

La dépense totale pour 1999 est estimée à 123 millions de francs. Les années ultérieures, compte tenu de la suppression du monopole national dans le secteur du cabotage et, en conséquence, de l'ouverture de celui-ci à la concurrence internationale, d'autres armements deviendront éligibles à cette aide, comme par exemple la Société nationale maritime Corse-Méditerranée (SNCM). Au plan budgétaire, les fonds nécessaires à cette dépense en 1999, sont constitués aussi bien des crédits à ouvrir par la loi de finances initiale de 1999, soit 81 millions de francs chapitre 45-35 article 50, que par des crédits prévus en loi de finances rectificative 1998.

- le renforcement des moyens de protection du littoral. Pour faire face aux pollutions éventuelles, le projet de loi de finances pour 1999 se propose d'accroître significativement les moyens mis en oeuvre : le total des dotations en dépenses ordinaires (chapitre 35-33, article 20) et en autorisations de programme (chapitre 53-30, article 90) sera en progression de 9,2 % par rapport à l'année 1998

CHAPITRE II -

LA MARINE MARCHANDE

I. LA SITUATION DU PAVILLON FRANÇAIS

A. LA FLOTTE DE COMMERCE

La flotte de commerce française s'établissait au 1er janvier 1998, à 210 navires avec 4,21 millions de jauge brute et 6,563 millions de tonnes de port en lourd (Tpl), soit un accroissement de 3,6 % (+225.000 Tpl.).

La stabilité du nombre total de navires résulte d'un accroissement de quatre unités de la flotte pétrolière (59 navires au total), et du recul de la flotte sèche à 151 navires à passagers et marchandises sèches. L'accroissement global de la capacité est dû quant à lui à un recul de 200.000 Tpl. de la flotte des cargos, essentiellement des porte-conteneurs et vraquiers, compensé par la progression de la flotte pétrolière (+425.000 Tpl).

Ce mouvement global a été acquis, en 1997, à l'occasion de 16 entrées et 16 sorties de navires, comportant notamment 10 acquisitions de navires neufs ou très récents. Les entrées de navires neufs enregistrées sont celles de 4 caboteurs pétroliers, de 3 porte-conteneurs ainsi que celle d'un navire de croisière.

Le renouvellement par entrées et sorties de navires qui, en 1997, a concerné 15 % des effectifs et 17 % de la jauge globale, n'a eu que des conséquences faibles sur l'âge de la flotte : l'âge moyen général est demeuré égal à 15 ans (14,8 un an plus tôt) ; celui des pétroliers est resté à 17,7 ans. Navires à passagers et cargos, respectivement maintenant de 10,1 ans et 10,7 ans, ont connu une évolution inverse les uns et les autres, de six mois de rajeunissement pour les premiers et de vieillissement pour les seconds.

Au sein de la flotte pétrolière, c'est l'important renouvellement des caboteurs et navires gaziers, touchant respectivement 13 et 28 % de la capacité, qui a permis la stabilité de l'âge général en compensant le vieillissement de six mois encore enregistré par les pétroliers long courriers, catégorie la plus importante en capacité, et dont l'âge moyen dépasse maintenant 19 ans.

Pour la flotte des cargos, dont le quart de la capacité a été renouvelé à l'occasion de 17 mouvements d'entrée et de sortie, son rajeunissement général d'une demi-année résulte de l'évolution intervenue chez les vraquiers, qui ont vieilli de 1,5 an et, surtout, chez les porte-conteneurs, rajeunis de deux ans, à l'occasion d'un renouvellement qui a concerné le tiers de leur capacité. Les autres types de cargos enfin, cargos généraux ou plus spécialisés, ont connu un vieillissement de six mois à un an.

Comparée à la situation de la flotte sous pavillon national des pays de l'Union européenne, établie au 1er juillet 1997 en port lourd par classe d'âge, la flotte française apparaît globalement plus " jeune " de " trois ans ".

Comme on le sait, de nombreux concurrents ressortissant de pays à monnaie faible ont fait reculer le rang de la France parmi les transporteurs mondiaux. Au sein de l'Union européenne elle-même, les pays mènent une politique active de soutien public à leur flotte.

La période 1990-1997 a vu l'exécution d'un plan pluriannuel de soutien à la flotte de commerce. Ce plan comportait quatre mesures, parmi lesquelles l'aide à l'investissement et l'aide à la consolidation et à la modernisation ne seront pas reconduites après le 31 décembre 1997, compte tenu des nouvelles orientations définies par la Commission européenne en matière d'aides d'Etat. Le bilan global de 1990 à 1997 apparaît sur le tableau ci-après.

Aide à l'investissement : en 1997, il a été consacré à cette aide 80,1 millions de francs représentant des subventions d'investissements pour quatre navires neufs. Le régime s'achevant au 31 décembre 1997 et n'étant pas renouvelé, seuls pourront être subventionnés en 1998 des navires neufs commandés avant le 31 décembre 1997 ou des navires d'occasion livrés avant cette date.

Aide à la consolidation et à la modernisation : en 1997, 11 entreprises d'armement maritime ont bénéficié de cette aide pour un montant total de 79,9 millions de francs.

Le chapitre 63-35 sur lequel s'imputent ces deux aides a été doté par la loi de finances pour 1997 de 198 millions de francs en autorisations de programme. La dotation disponible totale s'est élevée compte tenu des reports de 1996 (43,8 millions de francs), des annulations de crédits (49,5 millions de francs) et des dégagements sur AP déjà ouvertes, à 212,9 millions de francs. La consommation total a atteint 160 millions de francs. L'annulation de crédits de 49,5 millions de francs en autorisations de programme et de 19,825 millions de francs en crédits de paiement a été effectuée dans le cadre de mesures de régulation budgétaire décidées par le Gouvernement.

Remboursement de la taxe professionnelle : cette mesure a donné lieu à des versements d'un montant de 90,4 millions de francs en 1997. S'agissant de 1998, la loi de finances rectificative de 1997 a ouvert une dotation de 92 millions de francs.

PLAN DE SOUTIEN A LA FLOTTE DE COMMERCE

1990-1997

 

1990

MF

Nombre

1991

MF

Nombre

1992

MF

Nombre

1993

MF

Nombre

1994

MF

Nombre

1995

MF

Nombre

1996

MF

Nombre

1997

MF

Nombre

TOTAL

MF

Nombre

Aide à l'investissement

190,16

22

163,36

7

169,26

14

102,00

12

127,00

6

49,00

2

79,90

12

80,10

4

960,78

79

ACOMO

97,45

6

80,00

6

60,00

4

41,00

3

57,50

8

102,30

17

107,47

16

79,91

11

625,63

23

Remboursement taxe professionnelle

37,79

 

57,28

 

45,35

 

65,02

 

79,08

 

73,50

 

108,19

 

90,71

 

556,92

 

Allégement ENIM

15,81

 

19,36

 

23,56

 

45,32

 

144,68

 

137,30

 

138,20

 

134,80

 

659,03

 

Total

341,21

 

320,00

 

298,17

 

253,34

 

408,26

 

362,10

 

433,76

 

385,52

 

2 802,36

 

NB : Nombre de navires pour l'aide à l'investissement et nombre d'armements pour l'ACOMO

Le Comité interministériel du 1er avril 1998 a pris deux mesures qui s'inscrivent dans le cadre de la réglementation européenne telle qu'elle ressort des nouvelles orientations communautaires publiées le 5 juillet 1997 par la Commission.

En premier lieu, il a été décidé de reconduire, en 1999 et pour les deux années suivantes, le remboursement de la part maritime de la taxe professionnelle.

En second lieu, il a été créé un dispositif de remboursement par l'Etat des contributions sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail versées par les entreprises qui emploient des personnels naviguant sur des navires de commerce battant pavillon français aux organismes chargés du recouvrement de ces contributions.

En 1999, sera éligible à ce dispositif le secteur regroupant aussi bien les armements dont les navires sont immatriculés aux Terres australes et antarctiques françaises que les armements dont les unités effectuent des navigations internationales ou transocéaniques.

Signalons enfin que la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a permis la création d'un nouveau dispositif fiscal pour l'investissement maritime. Ces nouvelles dispositions remplacent le dispositif quirataire instauré par la loi du 5 juillet 1996 et dont votre commission avait, l'année dernière, profondément déploré la disparition. L'amortissement exceptionnel des navires qui seront détenus par des groupements d'intérêt économique, ainsi que le traitement particulier qui leur sera réservé lors de la sortie du GIE fiscal vis-à-vis de la taxation sur les plus-values de cession, devrait encourager, selon le Gouvernement, le secteur maritime à maintenir et à développer le nombre de navires qui battent pavillon français ainsi que les emplois correspondants.

B. LE COÛT DU PAVILLON FRANÇAIS

Les recherches menées par l'Institut d'économie du transport maritime ont montré qu'il existait, dans chaque catégorie de navires et sous divers pavillons, une forte dispersion des différents postes de coûts d'exploitation. Cette diversité résulte à la fois des caractéristiques des entreprises, et notamment de leur taille, des métiers pratiqués mais aussi des politiques d'exploitation menées par les armateurs.

A propos du coût des équipages, des enseignements peuvent être tirés du rapport de la Commission européenne, paru le 17 juin 1997, concernant l'application du principe de la libre circulation des services aux transports maritimes à l'intérieur des Etats-membres (cabotage maritime) 1995-1996 et sur l'impact économique et social de la libéralisation du cabotage avec les îles.

En ce qui concerne les coûts salariaux, hors charges sociales, sur la base des chiffres produits par les consultants de la Commission européenne pour le rapport mentionné ci-dessus et publiés par le Comité central des armateurs de France, la France se situe, comme le montre le premier tableau ci-après, au niveau 102 pour les officiers et 104 pour les personnels d'exécution par rapport à la moyenne de l'Union européenne (cf tableau en annexe), à des montants comparables avec ceux de l'Allemagne et de l'Italie, mais très supérieures à ceux du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de l'Espagne.

Le second tableau ci-après présente le coût comparatif des équipages par types de navires et par registre, sur la base d'une moyenne européenne égale à 100 en janvier 1996. Il montre que les seconds registres présentent des coûts d'équipage plus bas (Danemark, Portugal et Norvège), mais que le registre national néerlandais leur est tout à fait comparable. Parmi les premiers registres, sont inférieurs à la moyenne européenne l'Italie, l'Islande, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Grèce et l'Irlande.

Le coût du registre métropolitain français apparaît ainsi plus élevé que celui des registres en vigueur dans les Etats-membres de l'Espace économique européen, le registre des Terres australes et antarctiques françaises se situant avant les registres bis et également avant ceux de la plupart des premiers registres des autres Etats.

COMPARAISON DES COUTS SALARIAUX EN EUROPE

 

OFFICIERS

PERSONNEL D'EXECUTION

LUXEMBOURG

70

69

PAYS-BAS

73

83

ESPAGNE

73

69

ROYAUME-UNI

82

81

IRLANDE

88

N.D.

ALLEMAGNE

90

N.D.

ITALIE

96

N.D.

MOYENNE UNION EUROPENNE

100

100

FRANCE

102

104

DANEMARK

117

107

NORVEGE

125

138

SUEDE

127

123

BELGIQUE

128

106

FINLANDE

130

121

Source : MERC 1996 - Rapport à la Commission européenne, Base ISF

Coûts comparatifs des équipages par types de navire et par registre (moyenne UE : 100) b) - Situation en janvier 1996

 

Marchandises diverses

1.500 TB

Marchandises diverses

3.300 TB

NAVIRE-CITERNE

9.000 TB

IDS minimal (Danemark) c)

35

50

43

Madère (Portugal)

45

40

50

NIS (Norvège)

53

45

67

Pays-Bas

55

46

56

ISR (Allemagne)

56

65

86

Portugal a)

74

72

79

REC (Espagne a)

77

76

78

ITALIE

78

78

107

ISLANDE

n.a.

80

75

DIS-Equipage DK Danemark) c)

83

115

107

Allemagne

86

78

103

Royaume-Uni

92

89

78

Grèce a)

92

97

100

Irlande

95

93

80

Danemark

105

147

137

Espagne a)

107

105

100

Norvège

107

107

139

Finlande

114

128

110

TAAF (France)

133

129

104

Luxembourg

140

123

115

Suède

158

141

133

Belgique

180

160

150

France

236

236

202

a) Estimation par le consultant sur la base des données communiquées par les armateurs.

b) Classement sur la base des coûts estimés pour un navire de 1.500 TB.

c) " DIS Minimal " signifie un capitaine danois et un équipage entièrement étranger, payé sur la base d'une convention collective conclue avec les syndicats de marins étrangers. " DIS-Equipage KD " signifie un capitaine danois avec un équipage danois ou mixte, payé selon les normes danoises.

Sources : Tecnecon/MERC/ISF

C. LE PAVILLON DES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAIS (TAAF)

Le tableau ci-après, sur l'évolution de l'état de la flotte de commerce sous pavillon français, montre la progression constante en nombre d'unités et en capacité de transport des navires immatriculés dans les TAAF du 1er janvier 1998 au 1er juillet 1998, avec une forte pente entre janvier 93 et janvier 94, à la suite de l'incorporation des navires de la CGM et des pétroliers au long cours.

Alors qu'au départ le pourcentage de la flotte de commerce, en nombre d'unités et capacité de transport était identique, on constate à ce jour un écart de moitié entre le nombre d'unités, 45 %, et la capacité de transport qu'elle représente, 94 %.

L'immatriculation des navires au territoires des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), dans la mesure où elle permet de réduire les coûts d'exploitation, offre aux armements qui optent pour ce registre la possibilité d'être plus compétitifs sur le marché du transport maritime international. En conséquence, plusieurs armements nationaux ont pu maintenir leur présence sur des secteurs particulièrement exposés à la concurrence internationale, tels que les transports de vrac et les hydrocarbures, tout en fournissant une offre de transport de qualité, dans le respect des normes internationales, de sécurité en particulier, les plus exigeantes, et le régime de travail applicable aux navigants.

Au plan social, les effets combinés de l'extension progressive du régime d'immatriculation TAAF à de nouvelles catégories de navires, d'une part, et l'augmentation de 35 % à 70 % de la part de l'équipage pouvant être prise en compte au titre de l'allégement des charges sociales patronales de l'Enim d'autre part, ont eu au moins deux conséquences sur l'emploi :

- maintien à bord, à l'initiative des armateurs, d'une proportion de navigants français supérieure au minimum obligatoire ;

- effet positif à l'embauche de navigants, par la prise en compte de 70 % de l'équipage, sur l'ensemble des navires déjà immatriculés TAAF antérieurement à 1993.

Ainsi le régime d'immatriculation aux TAAF a permis de maintenir sous pavillon français la plus grande partie des navigants français dans ce secteur d'activité, d'éviter certains dépavillonnements et de sauvegarder l'essentiel du savoir-faire maritime français.

Pour ce qui concerne la flotte sous contrôle d'intérêts français, mais ne battant pas pavillon national, elle est estimée à 86 unités représentant 3 200.000 Tpl. Ces chiffres prennent en compte les navires affrétés de façon régulière mais n'incluent pas les navires affrétés sur le marché " spot " pour les vraquiers ou les pétroliers particulièrement.

L'article 26 de la loi n° 96-151 du 26 février 1996 relative aux transports a donné un fondement législatif au registre d'immatriculation des navires aux TAAF qui est ouvert à l'ensemble des navires de commerce à l'exception des navires transporteurs de passagers et de ceux effectuant exclusivement des touchées dans les ports de la France métropolitaine.

La loi prévoit que le capitaine et l'officier chargé de sa suppléance doivent être français, ainsi qu'une proportion minimale de navigants français entrant dans la composition des équipages embarqués à bord de ces navires.

Le décret n° 97-243 du 14 mars 1997 a fixé la liste des catégories de navires éligibles à cette immatriculation en fonction de leurs caractéristiques et de leur mode d'exploitation.

EVOLUTION DE L'ETAT DE LA FLOTTE DE COMMERCE SOUS PAVILLON FRANCAIS

Flotte de commerce sous pavillon national

01/01/88

01/01/89

01/01/90

01/01/91

01/01/92

01/01/93

01/01/94

01/01/95

01/01/96

01/01/97

01/01/98

Nombre

261

241

223

220

216

221

215

207

209

210

206

JB (unités de jauge brute)

4 388 571

4 128 288

3 870 251

3 718 433

3 724 958

3 833 007

3 938 945

3 983 920

3 947 881

4 085 748

4 120 940

TPL (tonnes de port en lourd)

7 139 350

6 665 144

6 146 049

5 865 043

5 855 989

5 946 599

6 158 552

6 347 123

6 264 183

6 339 262

6 395 232

dont immatriculation TAAF

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Nombre

25

31

30

47

49

52

87

83

86

91

91

JB (unités de jauge brute)

488 672

603 612

510 418

694 069

627 358

1 040 266

2 850 899

2 981 497

3 002 232

3 131 060

3 378 639

TPL (tonnes de port en lourd)

702 177

824 886

749 274

1 122 875

1 046 902

1 904 391

5 002 286

5 423 247

5 462 709

5 564 138

6 001 992

Pourcentage de la flotte sous immatriculation TAAF

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

En unités

9,60

12,90

13,40

21,30

22,70

23,50

40,40

40,00

41,00

43,00

44,00

En capacité de transport

9;80

12,40

12,20

19,10

17,90

32,00

81,20

85,40

87,00

88,00

82,00

Postes de navigants sur les navires immatriculés TAAF

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Français

85

111

142

257

289

318

815

777

807

807

880

Etrangers

134

220

275

492

492

549

828

711

736

749

828

Total

219

331

417

749

749

867

1 643

1 488

1 543

1 556

1 708

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Direction des Transports maritimes, des Ports et du Littoral

II. L'ARMEMENT FRANÇAIS

A. SITUATION GÉNÉRALE

Le trafic global de la flotte française en 1996 (dernière année statistique connue), s'est élevé à 88,9 millions de tonnes dont 51,2 millions de tonnes sous pavillon français et 37,7 millions de tonnes sur des navires affrétés ou contrôlés. En 1995, le trafic global avait représenté 96,5 millions de tonnes.

Le chiffre d'affaires de l'armement français , c'est-à-dire les recettes maritimes et les recettes d'activité auxiliaires et annexes, s'établit à 22,3 milliards de francs en 1996, contre 21,3 milliards de francs en 1995 et 24,1 en 1994.

Les résultats financiers des armateurs français se sont améliorés en 1996. L'augmentation des recettes, en dépit d'un recul des volumes transportés, a traduit la bonne tenue globale des taux de fret. Les charges d'exploitation ont progressé modérément de 22,9 milliards de francs en 1995 à 23,6 milliards de francs en 1996 et cette hausse a concerné principalement les postes liés directement à l'activité.

En 1996 et 1997, dans le cadre du dispositif d'encouragement fiscal à l'acquisition de parts de copropriétés de navires de commerce, 61 navires ont été agréés (10 en 1996 et 51 en 1997), dont 33 petites unités (remorqueurs et vedettes) pour un montant total d'investissement de 8,1 milliards de francs (2,7 milliards de francs en 1996 et 5,4 milliards de francs en 1997).

Les lignes régulières de longs cours assurent l'essentiel du transport intercontinental des marchandises générales, les deux tiers de ces marchandises étant transportés en conteneurs. Les lignes régulières dégagent un chiffre de l'ordre de 13 milliards de francs.

Le secteur comprend actuellement deux grands ensembles, le groupe CMA-CGM et le groupe Bolloré (armement Delmas), qui assurent plus des deux tiers du chiffre d'affaires, auxquels s'ajoutent des PME.

Les taux de fret sont actuellement insuffisants du fait de la surcapacité et de la pression de la concurrence des principaux armateurs mondiaux.

Le transport de passagers, au niveau international, concerne les lignes de courte distance et les croisières.

Les lignes de courte distance desservies à l'intérieur de l'Union européenne sont soumises à une concurrence vive en raison des disparités tant au niveau des charges salariales que des taux de change, ainsi que par la mise en service du tunnel sous la Manche. Dans une conjoncture où la croissance du trafic reste soutenue, l'offre devrait davantage s'orienter vers des navires rapides à forte capacité.

Hormis les trafics côtiers, qui représentent à eux seuls environ un millier d'emplois embarqués très saisonniers, le transport de passagers constitue un ensemble très concentré autour de la Société nationale maritime Corse-Méditerranée (SNCM), la société Bretagne-Angleterre-Irlande (BAI-Brittany Ferries) et la filiale de la SNCF sur le détroit du Pas-de-Calais, SeaFrance. Ces trois entreprises représentent près de 3.000 emplois embarqués.

En 1996, la dizaine de compagnies présentes au total dans ce secteur, a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 4,5 milliards de francs. Le trafic de passagers touchant la France en Manche, Atlantique et Méditerranée est estimé à 27,3 millions en 1996 et 28,3 millions en 1997. Le trafic des véhicules est passé de 6,5 millions d'unités en 1996 à 7,2 millions en 1997.

Dans les transports non réguliers, c'est-à-dire la croisière, on assiste à un renouveau pour les navires de taille moyenne.

Sur le marché du vrac sec, le résultat de l'activité de l'armement français (base 1996) s'établit à 26 millions de tonnes en tenant compte du grand vrac, c'est-à-dire du transport de cargaisons de produits bruts et de matières premières, ainsi que des transports spécialisés (produits chimiques, colis lourds, liquides...).

Le grand vrac est opéré par une quarantaine de navires armés ou affrétés par six groupes ou compagnies françaises dont, au premier rang, l'armement Louis-Dreyfus, réalisant un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de francs. Il est à noter que les 4/5ème du tonnage sont transportés sur des trafics entre pays étrangers.

Le secteur du transport de pétrole est concentré autour de deux types d'activité :

1) le transport du pétrole brut , lequel se trouve confronté à la nécessité du renouvellement de sa flotte, la plupart des navires ayant plus de 20 ans d'âge, dont le coût unitaire des investissements est particulièrement élevé (de 450 à 500 millions de francs).

Trois compagnies interviennent sur ce secteur et présentent un chiffre d'affaires 1996 de 1,5 milliards de francs pour 14 navires exploités au long cours et une dizaine d'unités contrôlées sous pavillon tiers.

2) le transport maritime de produits pétroliers , qui représente un marché plus diversifié, assuré par une flotte d'environ 45 navires mis en ligne par une dizaine d'armements français présents sur le marché, dont le chiffre d'affaires s'est établi en 1996 à environ 1 milliard de francs.

Cette activité doit faire face, à compter du 1er janvier 1999, à la libéralisation du cabotage national au niveau communautaire pour les liaisons avec les îles.

Les autres activités concernent, à côté de la prestation de services de remorquage en France et à l'étranger, le transport de passagers au Antilles, le secteur du ravitaillement de plates-formes pétrolières et les services offshore tels que la recherche sismique marine.

*

* *

Même si le pavillon français occupe, au sein des pays maritimes, le 28ème rang mondial pour les navires de plus de 300 tonneaux de jauge brute au 1er janvier 1998, les entreprises françaises se comportent honorablement dans plusieurs segments du marché. Le groupe CMA-CGM figure ainsi dans les vingt premiers armements mondiaux de ligne régulière et Delmas , filiale du groupe Bolloré, est classé parmi les armements les plus performants dans les trafics nord-sud.

Pour le vrac sec, le groupe Louis-Dreyfus se situe dans les dix premiers mondiaux, tandis que les armements du groupe Compagnie Nationale de Navigation occupent une position non négligeable dans le secteur du pétrole.

*

* *

Au 31 décembre 1996, le nombre d'emplois de navigants au commerce s'établissait à 8.895 marins dont 2.799 officiers et 6.096 personnels d'exécution.
Le transport de passagers représente 36,5 % des emplois et les activités portuaires 26,8 %. Les autres secteurs d'activité sont le transport sur lignes régulières pour 12,6 %, le pétrole pour 8,3 %, les services publics pour 6,9 %, le cabotage pour 5,1 % et le transport à la demande pour 3,8 %.

La proportion de contrats à durée indéterminée (CDI) est comparable à la moyenne nationale des salariés du secteur privé, soit 90 %. Les contrats à durée déterminée (CDD) se trouvent essentiellement dans le secteur du transport de passagers.

B. ACTIVITÉ DES PRINCIPAUX ARMEMENTS

Armement Delmas

L'armement Delmas (groupe Bolloré) est spécialisé dans le transport maritime sur des lignes régulières ; il arme huit navires sous pavillon français et possède des participations dans une cinquantaine de navires porte-conteneurs, grumiers et navires polyvalents sous pavillon étranger. Il se concentre sur l'Afrique, mais il est également présent sur le Pacifique sud et a noué des alliances fortes en Afrique du Sud et avec la Compagnie maritime belge. Delmas constitue le maillon maritime d'une entreprise de transport qui assure la prise en charge des marchandises de bout en bout.

Le chiffre d'affaires de la division maritime est passé, à périmètre constant, de 4,9 milliards de francs en 1996 à 5,1 milliards, soit une progression de près de 4 %, pour un résultat d'exploitation identique à celui de 1996, autour de 120 millions de francs. Fonds de commerce traditionnel de la compagnie, les liaisons entre l'Europe et l'Afrique représentent 43 % du chiffre d'affaires. La répartition de ce chiffre d'affaires privilégie toujours les lignes entre l'Europe et l'Afrique, qui en représentent 43 % devant l'Amérique du Nord et le Pacifique (14 %).

La stratégie de productivité et de gestion active de la flotte repose notamment sur des cessions de navires, l'affrètement des navires auprès des tiers et la réduction des coûts opérationnels de la flotte. Cette politique s'est poursuivie en 1997 et 1998 avec la diminution du nombre d'unités sous pavillon français de 12 à 8, le passage programmé mais non effectif à ce jour des navires restants au registre d'immatriculation des Terres australes et antarctiques françaises et la suppression envisagée de 57 postes embarqués correspondant à 74 officiers et 40 personnels d'exécution, dont les départs devraient s'effectuer sur la base du volontariat. Par ailleurs, depuis le 28 mai 1998, les services centraux de l'armement ont été transférés de la région parisienne au Havre.

Groupe CMA-CGM

Consacré au transport maritime de ligne régulière de conteneurs, le groupe CMA-CGM a commencé à améliorer une situation longtemps très difficile, qui a nécessité une recapitalisation par l'Etat (3,3 milliards de francs), préambule d'une privatisation intervenue au mois de novembre 1996. Avec un chiffre d'affaires consolidé de 7,7 milliards de francs en 1997, en progression de 3,2 % et plus d'un million de conteneurs transportés (+ 12,2 %), il se classe au 13ème rang mondial pour le transport de ligne régulière de conteneurs et au 1er rang français avant le groupe Delmas-Bolloré. La spécificité de cette entreprise tient à ce que, à la différence de la plupart de ses concurrents, elle n'appartient pas à un groupe diversifié soit dans d'autres métiers des transports, comme Evergreen, Maersk ou Hapag Lloyd, soit dans d'autres activités comme les groupes japonais ou coréens. A ce titre, elle est particulièrement sensible au caractère aléatoire du transport de conteneurs et doit, par conséquent, disposer d'un portefeuille diversifié de lignes lui permettant d'opérer des péréquations indispensables à son équilibre général.

Le groupe travaille sur un marché en croissance, mais chacun des segments de marché exploité peut, à tout instant, être soit prospère, soit déficitaire. La flexibilité, la réactivité et le sens commercial constituent donc les conditions de pérennité de cette entreprise.

Les principales lignes commerciales de CMA-CGM sont la ligne Europe-Extrême-Orient, Métropole-Antilles et Tour du Monde. L'année 1997 a enregistré de grandes difficultés sur la ligne principale Europe-Extrême-Orient avec, notamment, une chute des prix mais une bonne activité sur les Antilles. Au début de 1998, la situation s'est renversée sur l'Extrême-Orient avec une forte remontée des prix à destination de l'Europe et des menaces sur les Antilles.

Dans ces conditions, la stratégie de l'entreprise consiste à améliorer en permanence son portefeuille de desserte, soit pas des alliances ponctuelles, comme la desserte de l'Océan Indien, soit pas une croissance externe avec des projets de rachat d'entreprises, notamment en Italie. Cette stratégie est rendue possible par un bilan de 1,5 milliards de fonds propres consolidés et 1,23 milliard d'endettement net. Le résultat consolidé de l'exercice 1997 s'élève à 64 millions de francs, grâce aux achats et ventes de navires, mais les résultats d'exploitation sont négatifs, tant en ce qui concerne la CGM que la CMA.

La flotte se compose de 74 navires exploités, dont 18 en pleine propriété et 15 sous pavillon français. Le groupe a acquis trois navires en propriété en 1997 et en a commandés deux pour 1999.

En 1997, l'effectif du groupe s'élèvait à 2.594 salariés, dont 505 navigants, contre 2.443, dont 623 navigants en 1996.

BAI-Brittany Ferries

Le groupe BAI comprend les sociétés BAI (transport de passagers), Truckline, acquise en 1985 (transport de fret) et les sociétés d'économie mixte Sabemen, Senacal et Senamanche.

Participent notamment au capital des S.E.M. les deux premières sociétés, ainsi que les collectivités territoriales de Bretagne et de Basse Normandie par l'intermédiaire de sociétés d'économie mixte.

Desservant l'Angleterre et l'Irlande à partir de la France, ainsi que l'Espagne à partir de l'Angleterre, les navires du groupe ont transporté 2 490.000 passagers en 1995-1996 et 2 655.000 en 1996-1997, soit une augmentation de 6,6 %. Le nombre de véhicules transportés est passé de 840 000 en 1995-1996 à 910 000 en 1996-1997 (+ 8 %).

L'armement exploite aujourd'hui sept navires transbordeurs de grande capacité. Il emploie en moyenne 2.000 salariés dont 1.300 navigants et 700 sédentaires. L'effectif en haute saison est monté jusqu'à 2.350 personnes en 96-97. Comme les autres armements français opérant sur la Manche, BAI a des équipages de marins entièrement français.

L'examen des comptes financiers de la société BAI fait apparaître un chiffre d'affaires net de 1,25 milliards de francs en 1997, contre 1,11 milliards de francs en 1996, le total des produits d'exploitation atteignant 1,440 milliards de francs contre 1,310  l'année précédente. Le résultat d'exploitation ressort positivement à 110,2 millions de francs et le résultat financier à -16,3 millions de francs. Ces chiffres s'élevaient respectivement à 6,3 millions de francs et -16,1 millions de francs en 1996.

L'exercice 1997 fait apparaître un bénéfice de 84,5 millions de francs, en nette amélioration par rapport au chiffre de 1996 qui s'établissait à -16,2 millions de francs.

Les difficultés financières de l'armement tiennent à deux facteurs cumulatifs : les coûts de main d'oeuvre sont plus élevés que chez les concurrents britanniques et les charges (achats et loyers d'affrètement) s'effectuent en francs, tandis que les recettes proviennent à 80 % de clients réglant leur passage en livres sterling. Le taux actuel de cette monnaie à un niveau plus élevé contribue à l'évolution positive nouvelle.

L'entreprise a défini des mesures internes de redressement, dont notamment la vente de deux navires, la réalisation d'économies internes et la mise en oeuvre d'un plan social. Ces mesures sont accompagnées d'un concours de l'Etat et des collectivités territoriales actionnaires. L'Etat a notamment apporté jusqu'en 1997 un concours renforcé dans le cadre de l'aide à la consolidation et à la modernisation, comme il l'a fait sur le transmanche, dans le souci de maintenir le pavillon français et les emplois correspondants dans un secteur où la concurrence doit être encouragée.

III. LA SÉCURITÉ EN MER

A. LES ACCIDENTS SURVENUS AU PREMIER SEMESTRE DE 1998

Les statistiques disponibles couvrent l'ensemble des accidents survenus à tous navires, français et étrangers confondus, dans la zone métropolitaine de responsabilité française et sont présentées sous la forme des deux tableaux ci-après :

Le premier tableau fournit, pour le premier semestre 1998, le nombre d'accidents, en particulier ceux concernant la navigation et les avaries pour les navires de commerce, pêche et plaisance. Au total, 275 navires ont eu un accident de navigation, 856 navires ont subi des avaries. En outre, 291 engins de plage ont été impliqués dans un événement.

Le second tableau ci-après présente le nombre de personnes impliquées dans ces accidents. Au total, on déplore 35 personnes décédées et 60 personnes portées disparues au premier semestre 1998.

EVENEMENTS DE MER CONCERNANT LES NAVIRES PROFESSIONNELS ET NAVIRES DE PLAISANCE ET ENGINS DE PLAGE

NAVIRES IMPLIQUES

1er semestre 1997

1er semestre 1998

Navires de Commerce :

 
 

Accidents de navigation

7

16

Avaries

135

165

Autres types d'accidents

261

252

TOTAL :

403

433

Navires de Pêche :

 
 

Accidents de navigation

38

23

Avaries

162

171

Autres types d'accidents

287

295

TOTAL :

487

489

Navires de Plaisance :

 
 

Accidents de navigation

52

236

Avaries

422

520

Autres types d'accidents

539

376

TOTAL

1013

1132

Engins de Plage :

 
 

Planches à voile

181

183

Scooters de mer

6

25

Engins de plage

73

83

TOTAL

260

291

TOTAL GENERAL

2 163

2 345

PERSONNES IMPLIQUEES DANS LES EVENEMENTS DE MER CONCERNANT LES NAVIRES PROFESSIONNELS ET LA PLAISANCE

NAVIRES IMPLIQUES

1er semestre 1997

1er semestre 1998

Navires de Commerce :

 
 

Personnes tirées d'affaire seules

1 002

1 374

Personnes assistées/sauvées

289

555

Personnes blessées

37

41

Personnes disparues

30

3

Personnes décédées

5

4

TOTAL :

1 363

1 977

Navires de Pêche :

 
 

Personnes tirées d'affaire seules

246

268

Personnes assistées/sauvées

614

740

Personnes blessées

72

71

Personnes disparues

16

12

Personnes décédées

8

12

TOTAL :

956

1 103

Navires de Plaisance :

 
 

Personnes tirées d'affaire seules

503

465

Personnes assistées/sauvées

1 890

2 263

Personnes blessées

75

74

Personnes disparues

20

45

Personnes décédées

11

19

TOTAL

2 499

2 866

TOTAL GENERAL

4 818

5 946

B. LES MOYENS JURIDIQUES ET MATÉRIELS DE LA SÉCURITÉ DES NAVIRES FRANÇAIS

En ce qui concerne la sécurité des navires à passagers , à la suite de l'accident de " l'Estonia " en 1994, une révision très importante des règles de sécurité a été établie en 1995 au niveau de l'Organisation Maritime Internationale (OMI), en particulier pour les navires transbordeurs. Toutes les mesures nouvelles, qui touchent aux domaines de la stabilité, de la protection de l'incendie, du sauvetage et des radiocommunications, ont été rendues applicables aux navires construits à partir du 1er juillet 1997.

De nouvelles dispositions en matière de sécurité des vraquiers, dont les pertes demeurent inquiétantes, devraient être adoptées en novembre prochain, lors d'une conférence internationale de l'OMI.

Le contrôle des navires est assuré par les inspecteurs des quinze Centres de Sécurité de Navires (CSN) répartis sur le littoral. Ils ont pour tâche principale la visite des navires français et étrangers en vue d'assurer le respect des conventions internationales ou des règlements nationaux applicables et la délivrance des titres de sécurité. Ces services ont effectué en 1997 quelque 15.000 visites de navires de pêche ou de commerce français.

Le contrôle des navires étrangers tient une place prépondérante dans le dispositif français dans le cadre d'un accord, le Mémorandum de Paris , entré en vigueur en 1982 et qui rassemble 18 pays d'Europe et le Canada. Avec des moyens limités, les centres de sécurité des navires ont visité 1.363 navires en 1997, dont 178 ont été immobilisés. Entrée en vigueur le 30 juin 1996, une directive du Conseil du 19 juin 1995, sur le contrôle par l'Etat du port, renforce encore les dispositions de cet accord.

Depuis le 1er janvier 1997, tous les pays diffusent régulièrement la liste des navires retenus dans leurs ports.

A la suite de graves accidents maritimes, l'Organisation Maritime Internationale et l'Union Européenne ont considérablement renforcé les règles de sécurité des navires. En conséquence, le contrôle du niveau de sécurité des navires français et étrangers nécessite un renforcement des effectifs des centres (actuellement 70 inspecteurs). Le comité interministériel de la mer, dans sa séance du 1er avril 1998, a décidé le renforcement et l'adaptation des effectifs des centres de sécurité. Un plan pluriannuel, établi pour la période 1998-2001, prévoit un renforcement des effectifs de 25 emplois.

Pour l'année 1998, 7 inspecteurs chargés de la sécurité ont été recrutés et entreront en formation. Un recrutement complémentaire exceptionnel sur titres de 8 inspecteurs devrait être effectué à la fin de l'année 1998.

Pour l'année 1999, 10 postes d'inspecteurs seront créés et il est envisagé d'engager un recrutement de 10 inspecteurs par an sur les années 2000 et 2001.

En ce qui concerne la sécurité de la navigation, l'OMI a adopté, à la fin de l'année 1996, de nouveaux systèmes de comptes rendus de navires proposés par les Etats membres, dont celui concernant la navigation au large d'Ouessant.

Par ailleurs, la France a saisi l'OMI d'un projet de normes techniques applicables aux radio-transpondeurs destinés à équiper les navires pour permettre leur identification automatique pour les stations de contrôle à terre. Le Comité de la sécurité maritime vient d'adopter ces normes au cours de sa session du mois de mai 1998.

La communication de la Commission européenne du 24 février 1993, intitulée " Pour une politique commune de la sécurité maritime ", fait suite à la compétence en matière de sécurité maritime accordée à l'Union Européenne par le traité de Maastricht.

Cette politique commune a pour but de faire progresser la sécurité maritime et la prévention de la pollution des mers en Europe :

- en favorisant la concertation entre Etats membres pour qu'ils mènent une action positive au sein de l'Organisation Maritime Internationale (OMI) et qu'ils appliquent tous les règles établies par cette organisation de manière harmonisée afin d'éviter des distorsions de concurrence entre Etats membres ;

- en renforçant leur lutte contre les navires sous normes de pays tiers qui n'appliquent pas correctement les règles de l'OMI, dans l'esprit du " Mémorandum de Paris ", et met en oeuvre un contrôle coordonné des navires étrangers faisant escale dans les ports des Etats signataires ;

- en définissant des normes communes pour les domaines non couverts par l'OMI.

Les mesures concrètes prises en application de cette politique commune se sont traduites, en 1997 et en 1998, par l'adoption de :

- la directive 97/70/CE du Conseil du 11 décembre 1997 instituant un régime harmonisé pour la sécurité des navires de pêche de longueur égale ou supérieure à 24 mètres. Cette directive, qui étend aux navires de longueur comprise entre 24 et 45 mètres les dispositions du Protocole de Torremolinos adopté par l'OMI en 1993, qui ne sont applicables qu'aux navires de longueur égale ou supérieure à 45 mètres, sera applicable à compter du 1er janvier 1999.

- la directive 98/18/CE du Conseil du 17 mars 1998 établissant des règles et normes de sécurité pour les navires à passagers. Cette directive concerne tous les navires à passagers qui sont affectés à une navigation strictement nationale et ne sont donc pas soumis aux règlements internationaux. Sa date officielle d'entrée en vigueur était le 1er juillet 1998.

- la directive 98/35/CE du Conseil du 25 mai 1998, modifiant la directive 94/58/CE concernant le niveau minimal de formation des gens de mer. Cette directive, qui est entrée en vigueur le 17 juin 1998, devra être transposée au plus tard le 1er juillet 1999. Elle incorpore des amendements apportés aux règles de l'OMI ;

- la directive relative à l'enregistrement des personnes voyageant à bord des navires à passagers, en juin 1998.

On relèvera enfin l'entrée en vigueur de la directive 96/98/CE du Conseil du 20 décembre 1996, " relative aux équipements marins " qui vise, d'une part à introduire une législation communautaire harmonisée pour la sécurité en mer et pour la prévention de la pollution marine par les navires, dans la mesure où tels équipements sont concernés, et, d'autre part, à éliminer les entraves aux échanges dues à la divergence des dispositions nationales en la matière. Elle est entrée en vigueur le 1er juillet 1998.

Les unités de terrain des affaires maritimes (patrouilleurs, vedettes régionales et ULAM) apportent leur concours au contrôle des navires et de la navigation.

Le dispositif regroupant ces unités, repose sur deux composantes :

- Une flottille d'unités hauturières comprenant sept vedettes régionales d'une trentaine de mètres et un patrouilleur de 46 mètres :

L'année 1998 sera marquée par l'entrée en flotte opérationnelle du patrouilleur IRIS au cours du mois d'octobre. Cet ancien démonstrateur de système d'armes, acquis auprès de la société Thomson-CSF, a subi d'importants travaux d'adaptation pour en faire un navire moderne de surveillance des pêches, utilisant les techniques avancées, notamment dans le domaine de l'information ; l'affectation de l'IRIS à Lorient s'est accompagnée du redéploiement sur Cherbourg d'une vedette régionale qui s'est substituée au dernier exemplaire d'une série de navires d'assistance et de surveillance acquis par les affaires maritimes au cours de la première moitié des années 1970 ; les perspectives futures de cet effort de modernisation au meilleur coût du patrimoine flottant des affaires maritimes concernent la sortie de flotte des deux vedettes régionales de Méditerranée âgées de plus de trente-cinq ans. Le coût prévisionnel de l'opération est d'environ 60 millions de francs. Les hypothèses de remplacement sont en cours d'évaluation.

- Les unités littorales des affaires maritimes (ULAM) :

Les ULAM ont été mises en place à compter de 1993, en regroupant les moyens et personnels répartis auparavant entre les vedettes côtières et les stations maritimes. Leur création a préfiguré la recomposition des services des affaires maritimes autour de l'échelon départemental qui a été consacrée par le décret du 19 février 1997 ; la généralisation des ULAM a été décidée par le Comité Interministériel de la Mer, tenu le 1er avril 1998 avec, pour objectif, l'achèvement de la couverture des départements littoraux au cours des trois prochaines années, ce qui nécessite une douzaine d'ULAM supplémentaires. La mise en oeuvre de cette mesure sera facilitée par le lancement d'un programme pluriannuel de construction de vedettes côtières -cinq navires ont fait l'objet d'un appel d'offres lancé au cours du mois d'août 1998 -et par le redéploiement d'un certain nombre d'emplois.

Les crédits au profit de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) sont inscrits sur chacun des chapitres 46-32, article 20 (subvention d'entretien), et 66-32 (subvention d'équipement).

Le premier tableau ci-après montre l'évolution des crédits de 1995 à 1999.

Le deuxième tableau ci-après présente la situation des moyens d'intervention de la SNSM entre 1994 et 1998.

La SNSM réalise, depuis plusieurs années, un effort important pour renouveler sa flotte. Elle a cherché à diversifier ses moyens de financement pour augmenter ses ressources. Ce renouvellement s'appuie sur un plan réactualisé chaque année pour tenir compte des besoins nouveaux.

En 1999, la SNSM prévoit, au titre de son plan de modernisation, la mise en service de deux canots " tout temps ", en remplacement d'unités de même type mais devenues obsolètes, ainsi que sept vedettes plus légères.

Le bilan d'activité de la société pour les années 1994 à 1997 est retracé dans le troisième tableau ci-après.

EVOLUTION DES CREDITS PREVUS DANS LES PROJETS DE LOI DE FINANCES (1994-1999, en francs courants)

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

TITRE IV

Chap; 46-32 - Art. 20

Subvention d'entretien

2 550 000

3 110 000

3 110 000

4 000 000

4 050 000

4 050 000

TITRE VI

 
 
 
 
 
 

Chapitre 66-32 - Art. 20

Subv. d'équipement

 
 
 
 
 
 

A.P.

7 310 000

7 310 000

6 700 000

9 600 000

9 700 000

9 700 000

C.P.

7 310 000

7 310 000

6 700 000

9 600 000

9 700 000

9 700 000

MOYENS DE LA SOCIETE NATIONALE DE SAUVETAGE EN MER

 

1994

au 1er janvier

1995

au 1er janvier

1996

au 1er janvier

1997

au 1er janvier

1998

au 1er janvier

Canot tous temps

39

38

39

38

42

Vedettes 1ère classe

28

30

30

29

29

Vedettes 2ème classe

46

47

49

47

50

Vedettes 3ème classe

23

23

23

23

22

BILAN D'ACTIVITE DE LA SOCIETE NATIONALE DE SAUVETAGE EN MER ANNEES 1994 A 1997

 

1994

1995

1996

1997

Navires assistés

2 626

2 851

2 543

2 316

Personnes assistées

10 120

9 616

9 897

7 498

Plus véliplanchistes

1 300

1 603

1 166

892

Personnes sauvées d'un danger certain

833

901

666

511

Pour chaque année, les chiffres sont pris en compte du 1er octobre de l'année antérieure au 30 septembre de l'année considérée.

CHAPITRE III -

LES PORTS

En 1997, près de la moitié du commerce extérieur de la France exprimé en tonnage (47,2 %) et un cinquième du commerce extérieur de la France exprimé en valeur (20,3 %) ont été acheminés en utilisant les services d'un port maritime français.

Cette différence entre les proportions en tonnage et en valeur s'explique par l'importance du tonnage de matières premières importées par voie maritime (pétrole brut, minerais, charbon, etc.) qui dissimule celui des marchandises diverses à forte valeur ajoutée.

Les ports et le transport maritimes jouent ainsi un rôle stratégique essentiel dans les échanges internationaux, non seulement pour les importations de produits de base vitaux pour notre économie (pétrole, minerais, charbon, engrais, produits agro-alimentaires), mais aussi pour les échanges de produits manufacturés à forte valeur ajoutée.

Le tableau ci-après montre l'évolution de la part du commerce extérieur acheminée par les ports français de 1981 à 1997, d'une part en tonnage, d'autre part en valeur.

En tonnage, la part de l'acheminement maritime par les ports français en 1997 est de 55,7 % à l'importation et de 32,8 % à l'exportation.

La différence entre importations et exportations est d'ordre structurel. Elle s'explique par le volume élevé des importations de matières premières, transportées par voie maritime en très grande majorité.

Par rapport à 1996, ces pourcentages sont en baisse à l'importation (57,2 % en 1996) et en légère hausse à l'exportation (31,5 % en 1996).

A l'importation, les ports maritimes français n'ont pas pleinement profité de l'évolution favorable de la répartition du commerce extérieur par pays d'origine constatée en 1997 ; les importations en provenance des pays non européens (acheminés principalement par voie maritime) ont progressé plus fortement que l'ensemble des importations (+ 7,4 % et + 5,7 % respectivement) ; par contre, pour les exportations, les ports maritimes français ont augmenté leur part de marché en s'appuyant, notamment, sur la progression importante des trafics avec les pays non européens.

En valeur, la part de l'acheminement maritime par les ports français dans les importations est resté stable (20,5 %) et a légèrement progressé à l'exportation (20,1 %) contre 19,7 % durant les trois précédentes années.

PART DU TRANSPORT MARITIME, ACHEMINE PAR LES PORTS FRANCAIS, DANS LE COMMERCE EXTERIEUR FRANCAIS

ANNEES

TONNAGE

VALEUR

 

IMPORT

EXPORT

TOTAL

IMPORT

EXPORT

TOTAL

1981

69,0 %

38,7 %

58,6 %

40,8 %

36,9 %

39,1 %

1982

67,8 %

36,2 %

57,1 %

39,6 %

34,1 %

37,1 %

1983

65,4 %

36,7 %

54,9 %

36,7 %

34,5 %

35,7 %

1984

65,1 %

35,4 %

54,1 %

36,2 %

32,6 %

34,4 %

1985

63,5 %

36,3 %

53;3 %

34,3 %

31,7 %

33,0 %

1986

62,7 %

35,9 %

52,9 %

26,5 %

29,0 %

27,7 %

1987

61,3 %

36,7 %

52,3 %

25,3 %

26,8 %

26,0 %

1988

60,6 %

34,4 %

50,8 %

23,5 %

25,6 %

24,5 %

1989

59,3 %

34,5 %

50,2 %

23,3 %

24,3 %

23,8 %

1990

59,2 %

33,7 %

49,9 %

23,5 %

23,0 %

23,3 %

1991

60,0 %

32,5 %

50,2 %

23,4 %

21,3 %

22,4 %

1992

59,4 %

33,4 %

49,9 %

21,6 %

20,1 %

20,8 %

1993

59,6 %

36,8 %

50,9 %

22,1 %

21,7 %

21,9 %

1994

57,6 %

31,1 %

48,0 %

20,4 %

19,7 %

20,1 %

1995

57,1 %

30,9 %

47,4 %

19,8 %

19,7 %

19,8 %

1996

57,2 %

31,5 %

47,6 %

20,6 %

19,7 %

20,1 %

1997

55,7 %

32,8 %

47,2 %

20,5 %

20,1 %

20,3 %

I. LA SITUATION DES PORTS FRANÇAIS

A. LES PORTS AUTONOMES

Le chiffre d'affaires des ports autonomes métropolitains, qui regroupe les prestations de services des ports (droits de port, taxes d'outillage, recettes des domaines et concessions, autres prestations de services) s'est établi à 3,08 milliards de francs.

Il est composé à hauteur de 51,2 % par les droits de port, à hauteur de 27,8 % par les taxes d'outillage, à hauteur de 13,6 % par les redevances du domaine et des concessions et à hauteur de 7,3 % par les autres recettes.

Après une longue période de déficit, le résultat net global des ports avait été positif de 1988 à 1992, puis était redevenu négatif en 1993 et 199, en raison de la conjoncture économique et de conflits sociaux (au Havre et à Marseille), ainsi que de la baisse des trafics de vracs solides rémunérateurs (à Rouen).

En 1995, les ports se sont engagés dans une réduction significative de certains de leurs postes de dépenses, afin de réduire le déficit d'exploitation.

En 1996, le résultat net global des ports autonomes s'est redressé pour redevenir positif grâce à la progression du chiffre d'affaires des ports du Havre et de Nantes Saint-Nazaire. Il a atteint 159,7 millions de francs. Il a poursuivi sa progression en 1997, sous l'effet du bon niveau des trafics pétroliers et de la progression régulière des trafics conteneurisés, en particulier au Havre.

DUNKERQUE

En 1997, grâce à la progression du trafic, le chiffre d'affaires du port de Dunkerque a atteint 441 millions de francs, enregistrant ainsi une progression de 3 % par rapport à l'année précédente. Le port poursuit son désendettement et sa situation financière se redresse. Mais sa situation géographique, qui l'expose à une vive concurrence, le contraint à une politique de réduction tarifaire pour rester compétitif.

LE HAVRE

En 1997, le chiffre d'affaires du port du Havre a atteint 850 millions de francs, en progression de 2 % par rapport à l'année précédente, grâce à l'augmentation du trafic, en particulier de conteneurs, dont la hausse a été de 17,8 % en 1997. L'amélioration significative de sa situation financière et la politique de désendettement qu'il mène depuis plusieurs années lui permettent d'assumer de nouveaux investissements pour le développement du trafic conteneurisé.

ROUEN

En 1997, le chiffre d'affaires du port de Rouen, qui a subi depuis plusieurs années la chute des exportations de céréales, s'est redressé pour atteindre 327 millions de francs, progressant ainsi de 7 % par rapport à l'année précédente.

La progression du chiffre d'affaires, les mesures de maîtrise des charges mises en oeuvre par l'établissement et la poursuite du désendettement permettent une amélioration de l'ensemble des indicateurs financiers.

NANTES SAINT-NAZAIRE

En 1997, bien que le trafic ait progressé, le chiffre d'affaires du port de Nantes Saint-Nazaire a diminué de près de 2 %, atteignant ainsi 360 millions de francs, en raison de la baisse des tarifs appliqués aux trafics pétroliers.

Toutefois, la situation financière du port reste saine, grâce à la maîtrise des charges et à la poursuite du désendettement.

BORDEAUX

En 1997, malgré la baisse du trafic, le chiffre d'affaires du port de Bordeaux a atteint 182 millions de francs, enregistrant une hausse de 3,3 % grâce à un produit exceptionnel de 37 millions de francs, provenant d'un transfert à la communauté urbaine de terrains appartenant au port.

Cette recette exceptionnelle ne peut toutefois pas dissimuler la dégradation persistante de la situation financière du port liée, largement, à la faiblesse de son hinterland industriel.

MARSEILLE

En 1997, le chiffre d'affaires du port de Marseille a atteint 919 millions de francs, restant stable par rapport à l'année précédente, mais la capacité d'autofinancement brute s'est redressée de plus de 10 %, passant de 143 à 157 millions de francs. Pour 1998, le port prévoit une diminution de ses produits, liée à une baisse de ses importations de pétrole brut.

B. LES PORTS D'INTÉRÊT NATIONAL

En 1997, pour l'ensemble des concessions portuaires, on a constaté globalement une augmentation de 9,9 % du chiffre d'affaires hors taxes (1.548 millions de francs, contre 1.408 millions de francs en 1996) et une augmentation de 7,33 % de la marge brute d'autofinancement (480 millions de francs, contre 447 millions de francs en 1996), tandis que le niveau de la dette a continué à décroître (1.025 millions de francs, contre 1.177 millions de francs en 1996).

Il faut noter la part très importante du Port de Calais dans ces résultats : malgré la concurrence du tunnel sous la Manche, il a conservé sa position de premier port français transmanche et son chiffre d'affaires représente plus du tiers du chiffre d'affaires global des ports d'intérêt national.

Les autres ports d'intérêt national ont une taille plus modeste et leur situation financière est très variable.

Certaines concessions portuaires de commerce enregistrent une amélioration notable de leur activité et de leur situation financière ; c'est le cas de la concession du port de Bayonne, dont le chiffre d'affaires progresse significativement depuis le début de l'année 1997 sous l'effet notamment de l'implantation d'une entreprise sidérurgique espagnole, du port de La Rochelle qui s'affirme sur la filière " bois " et dont l'endettement s'éteint. Le port de Nice, quant à lui, voit son activité " passagers " se développer au titre des liaisons avec la Corse, en même temps que Bastia.

D'autres concessions sont engagées dans la voie du redressement, telle la concession du port de commerce de Lorient qui poursuit son désendettement grâce à la progression de son chiffre d'affaires et à une politique d'investissement maîtrisée.

D'autres encore, se trouvent confrontées à une situation fragile sous l'effet d'évolutions de trafics remettant en cause leur équilibre (effets de la concurrence du tunnel sous la Manche, conséquences de la politique agricole commune sur certains trafics agro-alimentaires...).

Parmi ces concessions portuaires, on relèvera :

- Boulogne-sur-Mer

Port qui s'est trouvé fortement touché par la perte de l'essentiel de son trafic " transmanche ". Toutefois, les efforts engagés, notamment pour réduire son endettement dans le cadre d'un plan de redressement défini entre l'Etat concédant et la Chambre de Commerce et d'Industrie concessionnaire, devraient permettre à ce port de retrouver l'équilibre de son exploitation courante, sous réserve d'une stricte sélectivité des investissements à venir et de la poursuite des efforts engagés pour encadrer rigoureusement l'évolution des charges de la concession.

- Dieppe

Malgré le redressement de l'activité portuaire généré d'une part par la reprise réussie de la ligne Dieppe-Newhaven et, d'autre part, par le développement des trafics fruitiers, la situation financière de la concession est actuellement fragile et le concessionnaire a été invité à proposer un plan de redressement de la concession.

- Caen

La chute du trafic enregistrée au cours des dernières années (perte du trafic sidérurgique, avec la fermeture de la Société Normande de Métallurgie, diminution des exportations de céréales, liée à la politique agricole commune), a sensiblement dégradé une situation financière sur laquelle pèse durablement le remboursement des emprunts souscrits précédemment pour financer l'aménagement du second poste transmanche et la reconstruction du pont de Bénouville.

- Sète

Depuis plusieurs années, la situation financière de la concession a été durablement déséquilibrée par un endettement important et une diminution du trafic. Bien qu'il ait pratiqué une politique de limitation des investissements, le concessionnaire a dû procéder à trois reprises (en 1986-88, 1990 et 1994) à une renégociation et à un rééchelonnement de sa dette. Des mesures de redressement de la concession sont actuellement en cours de mise en oeuvre par le gestionnaire dans le cadre d'un plan de rétablissement défini avec l'Etat et les partenaires locaux.

C. LES PORTS DE PÊCHE

Depuis la décentralisation engagée, les actions de l'Etat en matière d'infrastructures portuaires pour la pêche sont limitées aux ports d'intérêt national, parmi lesquels se trouvent les trois premiers ports de pêche français : Boulogne-sur-Mer, Lorient et Concarneau.

L'Etat assume les responsabilités de maître d'ouvrage pour les investissements concernant les infrastructures et concède très généralement à la Chambre de commerce et d'industrie locale la réalisation et l'exploitation de l'outillage public.

Le concessionnaire de l'outillage public apporte à l'Etat des fonds de concours pour contribuer au financement des dépenses d'entretien et d'investissement pour les infrastructures portuaires. Des fonds de concours peuvent également être apportés par des collectivités locales.

S'agissant d'une maîtrise d'ouvrage de l'Etat, on ne peut donc, pour les équipements portuaires, parler d'aides, les aides éventuellement apportées par l'Etat au secteur économique des pêches maritimes relèvant d'autres chapitres budgétaires et plus particulièrement du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche et d'interventions européennes (superstructures, bateaux de pêche, etc.).

Pour les ports qui sont restés de sa compétence, la politique de l'Etat en matière d'accueil du trafic généré par la pêche maritime poursuit trois objectifs :

- assurer de bonnes conditions d'accueil aux navires (profondeurs suffisantes, plans d'eau correctement protégés, linéaire d'accostage adapté aux nécessités du débarquement du poisson et à celles du stationnement de la flottille) ;

- veiller à ce que le concessionnaire de l'outillage public mette en oeuvre des équipements de superstructure permettant d'assurer le débarquement et la vente du poisson dans de bonnes conditions de coût et de qualité de service ;

- mettre en oeuvre sur la zone portuaire les dispositions domaniales offrant les garanties nécessaires aux opérateurs privés qui interviennent dans le négoce et la transformation des produits de la pêche.

Le tableau ci-après retrace les principales opérations réalisées depuis 1993

(millions de francs)

PORT

OPERATION

COUT TOTAL

PART ETAT

1993

 
 
 

Boulogne/Mer

Etude de l'écluse

0,900

0,300

Lorient

Désendettement de la concession

25,000

6,300

 

Quais du port de pêche

2,100

1,680

1994

 
 
 

Lorient

Désendettement de la concession

25,000

6,300

1996

 
 
 

Boulogne/Mer

Estacades du port de pêche

10,000

0,800

 

Ecluse Sanson

10,000

2,000

1997

 
 
 

Concarneau

Confortement du quai Carnot

8,000

4,000

1998

 
 
 

Concarneau

Confortement du quai Carnot

1,800

0,300

Au cours des dernières années, l'évolution défavorable des stocks de poissons a entraîné une diminution importante des apports vendus en criée, surtout sensible pour la pêche industrielle, à laquelle s'est ajoutée une baisse des prix. Toutefois, depuis deux ans, l'activité de la plupart des ports de pêche s'est redressée. En 1997, le volume des apports a progressé, de manière significative, à Dieppe, Saint-Malo, La Rochelle et Lorient, tandis qu'ils diminuaient légèrement à Boulogne et Concarneau.

Les recettes perçues par les ports -redevance d'équipement et taxes de criée, calculées sur la valeur du poisson- ont elles aussi diminué, alors que les ports ont dû réaliser d'importants programmes de modernisation de leurs superstructures, afin de les mettre en conformité avec les normes sanitaires européenne.

Ainsi, la conjonction de la crise et de l'accroissement de la dette a placé la plupart des concessions dans des situations financières très délicates, malgré les mesures de redressement prises par certains concessionnaires.

II. LES CONTRATS DE PLAN

Les opération d'infrastructure portuaire prévues au XIIème plan dans les contrats de plan " Etat-Régions ", sont les opérations présentant un intérêt stratégique pour le développement de notre économie et de notre commerce extérieur. Elles concernent les ports autonomes maritimes et les ports d'intérêt national :

- dans les ports autonomes, elles portent, principalement, sur l'extension de terminaux à conteneurs et marchandises diverses, trafics à forte valeur ajoutée et sur des programmes structurels d'amélioration des accès nautiques, indispensables à la sécurité de l'accueil des navires ;

- dans les ports d'intérêt national, ces opérations concernent la construction d'une nouvelle écluse à Dieppe, des travaux d'aménagement des accès du port de Bayonne et d'importants travaux de grosses réparations des ouvrages portuaires de base à Boulogne-sur-Mer.

L'enveloppe financière, dans les contrats de plan " Etat-Régions " 1994-1999, qu'il est prévu d'affecter au titre du budget de la Mer aux grandes opérations d'équipements d'infrastructure des ports maritimes de métropole et d'outre-mer s'élève, pour les six années, à 736 millions de francs.

Les collectivités locales sont associées, pour un montant de l'ordre de 800 millions de francs, au financement de ces opérations.

Signalons que, dans le cadre du contrat de développement entre l'Etat et le Territoire de Polynésie Française, il est prévu une participation du budget de la Mer à hauteur de 20 millions de francs pour l'amélioration des infrastructures portuaires dans différentes îles de Polynésie.

La liste des opérations, le montant de la participation financière de l'Etat (budget " Mer ") affectée à chacune d'elles, pour l'ensemble des années 1994 à 1999, ainsi que les réalisations des années 1994, 1995, 1996 et 1997 et la programmation de 1998 sont retracés dans le tableau ci-après ;

III. LES INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES PORTS

A. INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES PORTS AUTONOMES

En 1998, deux tiers des crédits d'investissements alloués aux ports autonomes sont consacrés aux opérations inscrites aux contrats de plan entre l'Etat et les Régions, qui reposent sur des justifications économiques précises, permettant d'attirer dans nos enceintes portuaires de nouveaux trafics, créateurs de valeur ajoutée pour la collectivité nationale et d'emplois durables.

Le tiers restant sera affecté à des opérations spécifiques de rétablissement des profondeurs, ainsi qu'à des grosses réparations répondant à un impératif de sécurité des infrastructures de base (digues, quais, jetées, ouvrages mobiles).

Les autorisations de programme mises en place en 1997 et prévues pour 1998 se répartissent ainsi qu'il suit :

(en millions de francs)

 

Etat

A.P. affectées

Participation des ports autonomes Engagements

TOTAL

1997

59,927

81,154

141,081

1998 (prévision)

84,675

118,793

203,468

Le montant des autorisations de programme prévues pour 1998 pour les ports autonomes maritimes prend en compte les mesures de régulation budgétaire intervenus en début d'année. Les principales opérations financées en 1997 et prévues en 1998 sont les suivantes :

Dunkerque :

- dragage du quai de Flandres pour l'exploitation des terminaux conteneurs au port Ouest (contrat de plan) ;

- dragage du deuxième poste à quai au Quai à Pondéreux Ouest (contrat de plan) ;

- études préalables pour l'extension du quai aux aciers (contrat de plan) ;

- réhabilitation des bâtiments des treuils de l'écluse Charles de Gaulle ;

- réparation de la porte P3 de l'écluse Charles de Gaulle ;

- renforcement du Quai à Pondéreux Ouest.

Le Havre :

- étude d'extension portuaire -projet " Port 2000 " (contrat de plan) ;

- réfection des ouvrages de soutènement et remise en état du pont Rouge (pont mobile) ;

- remplacement de la télécommande de l'écluse François 1er ;

- rénovation de l'écluse Quinette de Rochemont.

Rouen :

- programme d'approfondissement du chenal maritime (contrat de plan, 1ère tranche) ;

- réparation de la digue du Ratier.

Nantes Saint-Nazaire :

- extension de 90 m du terminal à marchandises diverses et à conteneurs (contrat de plant) ;

- rétablissement des profondeurs.

Bordeaux :

- modernisation du poste 512. A la demande des pétroliers, usagers du port de Bordeaux, une opération de modernisation du poste pétrolier 512 (contrat de plan) ;

- rénovation des écluses des bassins à flot de Bacalan.

Marseille

- construction d'un pont mobile sur la passe de la Grande (contrat de plan) ;

- étude de remodelage des bassins de la Joliette dans le cadre du projet Euroméditerranée.

Les règles de la participation de l'Etat au financement des infrastructures dans les ports autonomes sont fixées explicitement par la loi du 29 juin 1965 sur l'autonomie :

- l'Etat participe, en principe à hauteur de 80 % aux dépenses suivantes :

. creusement et création des bassins ;

. création et extension des chenaux d'accès maritimes et des plans d'eau des avant-ports ;

. construction et extension d'ouvrages de protection contre la mer et d'écluses d'accès.

- Il contribue, en principe à hauteur de 60 %, aux travaux de création, d'extension ou de renouvellement des autres ouvrages d'infrastructures et engins de radoub.

- Les investissements de superstructure sont à la charge des ports autonomes mais avec possibilités de participation de collectivités locales et des opérateurs privés.

Le graphique ci-après indique, pour les ports autonomes, les dépenses d'investissement , ainsi que leur mode de financement;

En 1997, les ports autonomes ont pu globalement financer leurs investissements (total de 572,4 millions de francs) à hauteur de 37,8 % par autofinancement. L'Etat a, par ailleurs, financé 17,3 % de l'investissement , les collectivités locales et les tiers 39,9 %, le recours à l'emprunt ne représentant effectivement que 5 % du total.

Les prévisions retenues, au printemps dernier, pour 1998, par le Comité des investissements à caractère économique et social, indiquent, comme le montre le tableau ci-après, un montant d'investissements de 899 millions de francs, autofinancé à 50 %, avec 15 % de participation de l'Etat, 30 % des collectivités locales et un recours à l'emprunt de nouveau limité à 5 %.

(en millions de francs courants)

Années

1991

1992

1993

1994

1995

11996

1997

1998 (prév)

Montant des paiements

1.069,7

857,2

869,0

885,2

858,8

707,7

572,4

899

Etat

154,2

138,6

138,6

105,9

138,2

102,6

67,8

132

Collectivités

243,7

171,3

254,9

214,3

233,8

216,2

152,7

285

Emprunt souscrit

153,8

170,0

140,0

191,2

223,3

136,5

30,1

35

Fonds propres P.A.

518,1

385,5

348,7

387,5

277,0

252,4

321,8

447

Les dispositions de l'article 4 de la loi d'autonomie, établissent que la prise en charge des accès maritimes (frais d'entretien et d'exploitation des écluses d'accès, entretien des chenaux d'accès maritimes, de la profondeur des avant-ports, des ouvrages de protection contre la mer) revient à l'Etat.

Les montants correspondants sont inscrits sur le chapitre 44-34. Après un recul sensible depuis les années 1990 où la dotation atteignait 460 millions de francs, la loi de finances pour 1994 a stabilisé la dotation qui s'établissait en 1997 à 394 millions de francs, couvrant environ 50 % de la dépense.

B. INVESTISSEMENTS RÉALISÉS DANS LES PORTS

Les autorisations de programme affectées au cours de la période 1993-1997 aux ports métropolitains et les ports d'outre-mer ont été les suivantes (en milliers de France) :


 

Etat

Autorisations de programme

Fonds de concours

Ensemble

1993

49 460

95 562

145 022

1994

67 180

135 185

202 365

1995

43 226

38 420

91 646

1996

74 394

295 191

369 585

1997

83 088

272 969

356 057

Les opérations qui ont été ainsi financées sont en grande partie constituées soit d'investissements inscrits aux contrats de plans Etat-Région, soit d'interventions de réhabilitation, de grosses réparations ou de gros entretien des infrastructures de base.

Les crédits ont, notamment, permis de financer les opérations désignées ci-après, parmi les plus récentes, au titre de 1997 :

Cherbourg :

Poursuite de la restauration du quai des Mielles (3 millions de francs).
La principale armature du port de commerce de Cherbourg a été, en partie, sinistrée à la suite d'une rupture de la gabionnage cloisonnée qui constitue sa structure. Après des mesures conservatoires de première urgence entreprises en 1996, des travaux de confortement ont ensuite été autorisés en 1997 pour remettre en état les tronçons Nord et Sud.

Boulogne-sur-Mer :

Poursuite des opérations inscrites aux contrats de plan (Etat-Région).
En 1997, à Boulogne-sur-Mer, une première tranche de travaux de restauration de la digue Carnot a été engagée avec une participation du budget des ports maritimes de 8,7 millions de francs.

D'autres opérations complémentaires , telles que la remise en état du musoir de la jetée Sud-Ouest et les études pour la remise en état du tunnel de l'Ave Maria, ont été également engagées en 1997, pour 1,1 millions de francs, portant ainsi à 9,8 millions de francs les crédits d'Etat à la réalisation du contrat de plan en 1997.

La participation du ministère au contrat de plan du port de Boulogne s'élève, au total à 40 millions de francs. A la fin de la gestion de 1997, 16,95 millions de francs d'autorisations de programme ont été mises en place depuis 1994.

Par ailleurs, l'Etat a pris à sa charge la totalité des crédits d'entretien des profondeurs du port de Boulogne, soit plus de 7 millions de francs.

Saint-Malo :

Amélioration de l'accueil des car-ferries (13 millions de francs).
Cette opération a permis, notamment, d'accueillir les navires de la troisième génération " Val de Loire " de la Brittany Ferries au port de Saint-Malo.

Brest :

Restauration de quais (0,8 million de francs).
Des cavités et des fissures ayant été constatées sur la Digue Sud, des travaux de confortement d'urgence ont été autorisés parallèlement à des travaux d'entretien et de grosses réparations des quais des 1er et 3ème bassins.

Concarneau :

Restauration du quai Carnot.
Le quai ouest de la criée, dit quai Carnot, a subi des désordres importants ayant pour origine l'instabilité de ses fondations. Basculant progressivement et interdit à la circulation, il a fait l'objet de travaux de réparations en 1997.

La Rochelle :

Extension du terminal forestier.
L'Etat et le concessionnaire ont mis en oeuvre un programme d'infrastructures et de superstructures visant à accueillir les produits de la filière bois, papiers et pâtes à papiers.

Le projet d'un montant global de 121 millions de francs, comprend la réalisation d'un quai et de terre-pleins de stockage, ainsi que des travaux d'approfondissement du bassin de " Chef de Baie ". Il bénéficie très largement du soutien des collectivités locales et de la Chambre de Commerce et d'Industrie et de fonds structurels européens (FEDER).

Une première tranche de travaux d'un montant de 54 millions de francs, concernant les travaux de déroctage et de dragage du bassin, a été réalisée avec une participation de 7 millions de francs de l'Etat.

Bayonne :

Construction d'un quai au banc Saint-Bernard.
(Contrat de plan). Le montant global du programme d'aménagement du port de Bayonne s'élève à 270 millions de francs, dont 24,8 millions de francs attendus de la part de l'Etat au titre du contrat de plan. Il est largement subventionné par les fonds européens et les collectivités territoriales. Une première enveloppe de 10 millions de francs a d'ores et déjà été engagée, en 1994, pour réaliser une nouvelle zone d'évitage au banc Saint-Bernard. Une deuxième enveloppe de 10 millions de francs a été engagée en 1997 pour la construction d'un quai au droit de cette nouvelle zone d'évitage. Le solde de la participation de l'Etat sera concentré ultérieurement sur la rectification de l'embouchure de l'Adour (4,8 millions de francs).

Sète :

Poursuite du programme de remise en état des ponts mobiles engagé en 1996. Ces travaux (troisième tranche : 2,25 millions de francs) répondent à un impératif de sécurité. Des travaux de remise en état des ouvrages maritimes de protection du port ont également été nécessaires afin de remédier aux dégâts dus aux tempêtes, d'une fréquence exceptionnelle, qui se sont manifestées sur le littoral du Languedoc-Roussillon.

Nice :

D'importants travaux de gros entretien des quais ont été réalisés en 1997 pour un montant de 7,1 millions de francs, avec un financement de 3 millions de francs de l'Etat. Dans le même temps, les ouvrages devant accueillir les nouveaux navires rapides ont été aménagés pour traiter ce trafic de manière plus satisfaisante et libérer des espaces pour la croisière. Le coût de ces derniers travaux a été de 7,4 millions de francs, dont 3,7 millions de francs financés sur fonds du Trésor.

Pour 1998, les prévisions d'investissement, s'établissent ainsi qu'il suit en autorisations de programme ;

 

Etat

autorisations de programme

Fonds de concours

Ensemble

1998

83 320

337 179

420 499

Boulogne-sur-Mer :

Poursuite des opérations inscrites aux contrats de plan Etat-Région.
En 1998, une deuxième tranche de travaux de restauration de la digue Carnot a été engagée avec une participation du budget des ports maritimes de 14,2 millions de francs.

Les études pour la réalisation d'un nouveau quai de commerce seront également engagées cette année, pour 0,7 millions de francs, portant ainsi à 14,9 millions de francs les crédits d'Etat à la réalisation du contrat de plan en 1998.

Par ailleurs, l'Etat prendra à nouveau à sa charge les dépenses d'entretien des profondeurs du port de Boulogne, soit plus de 7 millions de francs.

Caen :

Restauration du musoir de l'écluse de Ouistreham (2,175 millions de francs).
Cette opération, engagée à la suite de la constatation d'une perte d'épaisseur des palplanches, doit permettre d'assurer la stabilité de l'ouvrage dont les fonctions de soutènement, de protection des fondations de l'écluse Est et de point d'amarrage sont essentielles à l'activité du port. Cette opération s'accompagne du lancement des études en vue de la réparation du pont de Colombelles.

Saint-Malo :

Réparations (3,275 millions de francs).
L'opération de réparation urgente du pont des Corsaires a été engagée à la suite de graves dégâts occasionnés par un dysfonctionnement des moteurs. La réparation des portes aval de l'écluse de Naye sera également engagée cette année.


Lorient :

Grosses réparations des quais de Kergroise (5,2 millions de francs).
Des tassements de terrains et des cavités ayant été constatés à l'arrière de ces quais, un programme de restauration a été pris en considération en 1991. La troisième et dernière tranche des travaux a été engagée cette année afin d'assurer la stabilité de ces ouvrages dédiés au trafic agro-alimentaire.

La Rochelle :

Poursuite de l'extension du terminal forestier.
Dans le cadre du programme d'infrastructures et de superstructures visant à accueillir les produits de la filière bois, papiers et pâtes à papiers, la deuxième tranche de travaux d'un montant de 50 millions de francs, concernant les travaux de réalisation d'un front d'accostage et de terre-pleins de stockage, a été engagée avec une participation de 7 millions de francs de l'Etat.

La seconde tranche de l'aménagement d'un port de service dans l'avant-port a également été engagée cette année, pour un montant de 1 million de francs sur les fonds du Trésor. D'autres opérations, telles que la modernisation de l'écluse du bassin à flot, devraient être autorisées en 1998.

Sète :

Poursuite des études concernant l'allongement du quai multivrac et des travaux sur les ouvrages de protection (seconde tranche comportant la réfection de la digue Est).

Nice :

Approfondissement des quais et bassins du Commerce et des Animaux (11,8 millions de francs).
Ces travaux, pris en considération en 1997 et s'inscrivant dans un programme global d'aménagement du port, seront engagés en 1998. Le coût total de cette opération, qui devrait permettre au port de répondre favorablement aux potentialités de développement existant dans les domaines de la croisière et des liaisons de continuité territoriales avec la Corse, est estimé à 23,6 millions de francs, dont 11,8 millions de francs financés sur fonds du Trésor.

Les ports d'intérêt national, où la maîtrise d'ouvrage de l'infrastructure appartient à l'Etat, ont tous fait l'objet d'une concession d'outillage public, généralement à une Chambre de Commerce et d'Industrie.

En règle générale, la participation financière de l'Etat aux travaux d'infrastructures, s'agissant d'investissements d'un coût inférieur à celui des ports autonomes maritimes et mobilisant largement les fonds du FEDER, est de l'ordre d'un tiers du montant de la dépense.

Le complément est constitué par des fonds de concours du concessionnaire de l'outillage public, éventuellement relayés par les collectivités locales intéressées. Pour les travaux de grosses réparations, l'Etat participe généralement à hauteur de 50 %.

Les investissements de superstructure sont entièrement à la charge du concessionnaire de l'outillage public, avec possibilité de subventions des collectivités locales et de participations d'opérateurs privés.


Les opérations qui revêtent un intérêt direct pour le développement économique régional, font souvent l'objet de participations des collectivités locales les concernées, dans le cadre des contrats de plant Etat/Région ou de conventions particulières.

L'Etat a la charge de l'entretien des installations d'infrastructure existantes. Une participation financière du concessionnaire de l'outillage public, qui perçoit par ailleurs les droits de port sur le navire et la marchandise, est généralement demandée pour couvrir, en complément de la part de l'Etat, les dépenses d'entretien. Le cas échéant, s'y ajoutent les participations des collectivités locales concernées.

La dotation budgétaire correspondante est inscrite sur le chapitre 35-34 (hors coûts de personnel affecté à l'entretien). La dotation 1998 a progressé de façon significative de 5,36 millions de francs, pour les mêmes raisons attachées aux impératifs de sécurité des accès nautiques.

Le projet de loi de finances pour 1999 reconduit le niveau de la dotation inscrite en loi de finances initiale pour 1998, soit 43 millions de francs.

IV. LA DESSERTE ROUTIÈRE, FERROVIAIRE ET FLUVIALE DES PORTS MARITIMES ET L'INTERMODALITÉ

Le Comité Interministériel de la Mer (CIM), réuni le 1er avril 1998, a concerné l'amélioration de la chaîne de transport terrestre de fret à destination ou en provenance des ports maritimes français, dans la perspective notamment des schémas de services de " transport de marchandises ".

- Desserte terrestre des ports maritimes

Parmi les facteurs de la compétitivité de sports, la qualité de la desserte terrestre est déterminante. C'est, en effet, sur le transport terrestre que peuvent être réalisés aujourd'hui d'importants gains de productivité, en termes de temps (et de respect des délais) et, surtout de coût de transport.

Dans le cas par exemple de l'acheminement de conteneurs, le coût de l'acheminement terrestre d'un conteneur peut, sur des distances de cinq cents kilomètres, représenter cinq à six fois celui de son passage portuaire.

L'essentiel des pré- et post-acheminements des ports français s'effectue par la route (actuellement environ 85 %).

Le rapport " Belmain ", établi en septembre 1996 sur la base d'une analyse de l'évolution des trafics et de l'hinterland des principaux ports français et de leurs potentiels de développement, dresse un état comparatif de leurs dessertes terrestres par rapport à celles des autres ports européens.

Ce rapport constate la prédominance du mode routier, principalement sur les axes nord-sud, dans l'acheminement terrestre des marchandises en provenance ou à destination de nos ports. Il fait également ressortir une stratégie de desserte ferroviaire et de transports combinés nettement moins affirmée en direction des ports français que dans les ports belges, hollandais et allemands, où de surcroît les ports maritimes ont consolidé et développé leurs activités en s'appuyant dans leur arrière-pays, sur des ports " secs " constitués de puissantes plates-formes logistiques terrestres comme celle d'Athus pour le port d'Anvers et celle de Venlo pour le port de Rotterdam.

Le développement du réseau autoroutier français a eu pour but de faciliter les grands courants d'échanges européens, essentiellement orientés Nord-Sud (axe Paris-Lyon-Marseille) ou radiaux autour de Paris. Cet enjeu, le plus important au plan de la politique nationale des transports, n'a pas toujours coïncidé avec les besoins spécifiques des ports français : ainsi, ceux de la façade atlantique n'ont parfois bénéficié qu'avec retard d'une desserte terrestre de qualité, par insuffisance de flux générés par les régions alentour et l'hinterland de ces ports.

Plusieurs importantes dessertes terrestres autoroutières ont d'ores et déjà été réalisées : les ports de Rouen et, dans une moindre mesure du Havre, ont été reliés à l'agglomération parisienne, celui de Marseille à la vallée du Rhône et au-delà avec l'A7.

Le Schéma Directeur Routier National du 1er avril 1992, cadre de développement à long terme du réseau autoroutier français, a marqué un infléchissement sensible prenant en compte la desserte terrestre des ports français. On peut citer à cet égard :

- la réalisation d'un certain nombre de dessertes transversales Ouest-Est, permettant de relier des ports situés sur la façade atlantique à leur arrière-pays et élargir ainsi leur hinterland ;

- un grand axe assurant une continuité autoroutière de Dunkerque à Bayonne à proximité du littoral ;

- les grands contournements autoroutiers de Paris, au Nord (A29) et au Sud (A28), au bénéfice notamment des ports du Havre et de Rouen, pour contourner l'obstacle de la région parisienne.

Les principales réalisations achevées, prévues ou en cours et intéressant les principaux ports français sont précisées ci-après :

Port autonome de Dunkerque

La rocade littorale Dunkerque-Calais-Boulogne a été mise entièrement en service en octobre 1993.

L'autoroute A16 entre Boulogne et l'Isle d'Adam a été entièrement achevée au printemps 1998, permettant ainsi une amélioration notable de la desserte routière du port de Boulogne.

Ports autonomes du Havre et de Rouen

L'objectif fondamental, pour les deux ports, est la réalisation d'ouvrages de contournement de la région parisienne.

Autoroute A29 : Le Havre-Amiens-Saint-Quentin :

La liaison du Havre avec l'A 28 sera achevée fin 1998.

Autoroute A28 : Abbeville-Rouen-Alençon-Tours :

Au nord de Rouen, la liaison autoroutière Abbeville-Rouen a été achevée début 1997. Au sud de Rouen, la section Alençon-Le Mans-Tours a été concédée à Corifoute. La mise en service de cette liaison est prévue au-delà de l'an 2000.

Liaison Le Havre-A 28 par le Pont de Normandie :

La mise en service de la section de l'A 29 comprise entre le Pont de Normandie et l'autoroute A13 est prévue en octobre 1998.

RN 154 (Rouen-Chartres-Orléans) :

Compte tenu des délais nécessaires à la réalisation d'un maillage autoroutier complet vers le Sud, seul l'itinéraire Rouen-Chartres-Orléans par la RN 154 permet de relier les ports de la Basse-Seine aux autoroutes du Sud et du Sud-Ouest (A10, A11, A71), en évitant la traversée de la région parisienne. C'est un lien entre les ports normands et la place logistique d'Orléans, et au-delà les régions de Bourgogne et Rhône-Alpes, dont une bonne partie des marchandises est actuellement drainée par les autoroutes Nord-Sud et l'A 26 vers les ports du Benelux. Pour le port de Rouen, la RN 154 revêt une grande importance, car c'est un axe direct entre les plaines céréalières du Centre et la région Haute-Normandie. Le rapport de M. Belmain a souligné l'importance de cet axe pour les ports de la Basse-Seine.

Classée route nationale par le schéma directeur routier national, la RN 154 a fait l'objet d'une étude d'avant-projet sommaire d'itinéraire, approuvée le 15 mars 1994, qui prévoit à terme la réalisation d'une route express à 2 X 2 voies entre Rouen et Chartres, ainsi que des aménagements (déviations d'agglomérations et créneaux de dépassement) entre Chartres et Orléans.

A partir de Rouen, en prolongement de la bretelle autoroutière de Louviers (autoroute concédée A 154), la section Louviers-Evreux a été achevée à 2 X 2 voies dans le cadre du XIème Plan.

La section Evreux-Nonancourt a été déclarée d'utilité publique le 6 septembre 1995 et 460 millions de francs sont inscrits à ce titre au XIème plan. L'objectif est de réaliser une première section de 15 km à 2 X 2 voies en continuité au sud d'Evreux. Les premiers travaux de mise en voie express à 2 X 2 voies, commencés en 1996, doivent être achevés pour fin 1999.

La section Dreux-Chartres a été déclarée d'utilité publique en mai 1997, prévoyant une voie express à 2 X 2 voies pour la réalisation de laquelle des crédits sont inscrits au Contrat de Plan Etat-Région en cours et au Contrat intercommunal du Bassin parisien pour la déviation de Saint-Germain-La Gâtine. Certaines sections sont déjà à 2 X 2 voies ; la fin des travaux est prévue vers 2005 (hors contournement sud de Chartres et contournement nord de Dreux qui sont à 2 voies et qui seraient à mettre à 2 X 2 voies).

De Chartres à Arthenay, la RN 154 est à 2 voies et débouche sur la RN 20. Des réalisations de créneaux de dépassement et quelques travaux de contournement de petites agglomérations demeurent cependant nécessaires (horizon prévu : 2015).

En complément de la RN 154, il conviendrait également de prévoir d'assurer à cette dernière une bonne jonction avec l'A 6 : barreau de l'A 19 entre Orléans et l'A 6, et sur l'A 71 le tronçon Montluçon - Moulins - Mâcon (Route Centre Europe Atlantique).

Port autonome de Nantes-Saint-Nazaire

Autoroute A 83 : Nantes-Niort :


La mise en service de la totalité de la liaison Nantes-Niort est prévue pour 2001. Les sections Nantes - Montaigu - Fontenay-Le Comte - Oulmes sont déjà mises en service.

Autoroute A 85 Angers-Tours-Vierzon :

La liaison Angers-Tours, offrant au port de Nantes une ouverture vers l'Est a vu l'ouverture des sections Angers-Vivy et Vivy-Bourgueil. Pour la partie Langeais-Tours, un décret portant déclaration d'utilité publique a été signé le 5 janvier 1996. La mise en service de la section non concédée Langeais-Tours est prévue en 2000, et celle de la section Bourgueil-Langeay est à l'horizon de 2003. La section Tours-Vierzon devrait êre mise en service en 2003.

Autoroute A 19 : Artenay-Courtenay-Sens :

La section comprise Sens-Courtenay a été mise en service en novembre 1997. En ce qui concerne la section Artenay-Courtenay, la déclaration d'utilité publique devrait intervenir début septembre 1998.

Port Autonome de Bordeaux

Autoroute A 89 : Bordeaux-Clermont-Ferrand :


L'autoroute concédée A 89 Bordeaux-Clermont-Ferrand est inscrite au schéma directeur routier national de 1992 et contribuera à désenclaver le Massif Central et à relier les régions du Sud-Ouest à la région Rhône-Alpes, à la Suisse et à l'Italie. Le rapport de M. Belmain souligne l'importance de cet axe. Le décret portant déclaration d'utilité publique des travaux de la section Arveyres-St-Julien-Puy-Lavèze a été signé le 10 janvier 1996. Une première tranche de travaux a été lancée en 1996 simultanément aux deux extrémités de la future autoroute, sur les sections Coutras-Montpon-Ménesterol et Ussel-Ouest-Laqueuille. La mise en service de ces sections est prévue pour la fin de 1999 ou au cours de l'an 2000.

Port autonome de Marseille

L'axe Nord-Sud
pose des problèmes de saturation, notamment entre Orange et Valence et pour le contournement de l'agglomération lyonnaise.

Les projets en cours sur l'A 51 dans les Alpes et l'A 75 devraient permettre de pallier les difficultés rencontrées dans la vallée du Rhône. Outre le délestage de la vallée du Rhône à hauteur de sa section la plus saturée, l'axe alpin permettra une meilleure desserte des régions grenobloise et savoyarde, génératrices d'importants trafics pour le port;

Autoroute A 51 : Marseille-Sisteron-Gap-Grenoble :

La section Grenoble-Col de Fau a été déclarée d'utilité publique le 31 décembre 1993 et la section Sisteron-La Saulce, le 29 juin 1994. Le lancement de ces deux sections a été inscrit aux programmes du FDES de 1993 et 1994. Des études supplémentaires sont en cours pour préciser le choix du tracé sur la section centrale ; ils ont conduit à ajourner l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique. Les prévisions de mise en service sont les suivantes : début 1999 pour la section Sisteron-La Saulce, fin 1999 de Grenoble à l'échangeur de Vif, et 2004 jusqu'à La Saulce.

Barreau A 510 Cadarache/Saint-Maximin

Sa réalisation favorisera les échanges Nord-Sud, entre le Val de Durance et le Département du Var et constituera une alternative délestant Aix-en-Provence et l'autoroute Marseille-Aix pour les flux Nord-Sud vers l'Est de Marseille.

Pour les flux Est-Ouest, la continuité autoroutière de l'Espagne à l'Italie est réalisée (du moins à 2 X 2 voies en route express), avec l'ouverture du chaînon manquant de l'A 54, Saint-Martin de Crau-Salon.

Arc méditerranéen

L'arc méditerranéen, constitué par les autoroutes A 8 et A 54, présente encore une discontinuité au niveau d'Arles. Il supporte aussi des trafics importants, proches de la saturation notamment au droit d'Aix-en-Provence (73.000 véhicules par jour en 1995 et 100.000 véhicules par jour prévus à l'horizon 2015), ainsi que dans la traversée de la métropole azuréenne. Le trafic " Poids Lourds " (PL), qui est de l'ordre de 10 % du trafic global, comprend un trafic de transit entre l'Espagne et l'Italie d'environ 600 PL.

Pour relier les réseaux français et italien, il n'existe que le passage côtier de Vintimille proche de la congestion. Par ailleurs, il n'existe aucun itinéraire correct entre Nice et le Piémont. Seule une nouvelle percée alpine, projetée sous le Mercantour, par la vallée de la Tinée et reliant la nouvelle autoroute italienne Cueno-Asti à Milan et Bologne permettrait de faire face à la saturation progressive de l'autoroute littorale par la croissance des échanges Sud de la France-Italie du Nord et des trafics de transit.

- Desserte ferroviaire et combinée des ports maritimes

Le rapport " Belmain " précité souligne la nécessité de développer les dessertes ferroviaires à l'égard des ports sur lesquels se concentrent les principaux enjeux en matière de trafics de conteneurs (Le Havre et Marseille en particulier), (" l'avenir de nos ports pour le trafic conteneurisé se jouera sur la capacité et la performance de liaisons ferroviaires " relève-t-il), de disposer d'axes performants ouest-est pour tous les modes concernés, de favoriser des coopérations plus denses entre opérateurs de transport maritime, à savoir les armateurs et opérateurs de transport ferroviaire de fret, de faire bénéficier le transport combiné " mer-route " des mêmes avantages que les transports combinés terrestres et de prendre pleinement en compte les intérêts des autres ports français dans les futurs Contrats de Plan " Etat-Région " et dans les réseaux transeuropéens de transport.

Les réflexions de l' Union européenne sur l'amélioration du transport ferroviaire de fret ont conduit à faire émerger le concept de " corridor de fret ferroviaire " (freeway). Dans ces corridors, certains sillons bénéficient de priorités de circulation pour les trains de fret et la ligne est aménagée pour permettre des vitesses commerciales élevées. La France, pour sa part, a développé la notion de " freightways " qui constituent des corridors, en application de la directive 91/440.

Les corridors de fret ferroviaire sont un enjeu vital pour les grands ports français. L'ensemble des opérateurs de transport, et en particulier les armements maritimes, sont engagés dans une massification des flux de marchandises, leur objectif étant de réduire le coût du transport par conteneur transporté. Or, la part du transport terrestre dans l'acheminement d'un conteneur est très importante en coût. Les ports qui n'arriveront pas à se doter de services liés à la création du réseau européen sont condamnés à devenir des ports secondaires dans l'acheminement des conteneurs.

Les premiers corridors concernent l'axe Nord-Sud et la desserte des ports du Benelux : corridor reliant Rotterdam à Giaio Tauro, corridor reliant Hambourg/Bremerhaven à Brindisi, corridor reliant Rotterdam à Vienne et enfin le corridor reliant Muizen (" hub " des ports d'Anvers, Zeebrugge et Rotterdam) à Lyon/Sibelin/Vénissieux, mis en service le 12 janvier 1998, puis prolongé sur l'Italie, Marseille et Barcelone. Ces prolongements ont été annoncés en février 1998 et sont effectifs depuis le 24 mai 1998.

Il est aussi important de développer un corridor Ouest-Est reliant Le Havre à l'Allemagne et aux pays de l'Est.

Suite à l'accord signé en février  1998 avec le gouvernement britannique sur la prolongation de la concession du tunnel sous la Manche, la mise en place d'un corridor ferroviaire international passant par le tunnel a été décidée. Les premiers sillons nécessaires ont été prévus entre le tunnel et Strasbourg via Metz. Il est indispensable que les ports de Dunkerque et du Havre soient effectivement raccordés à ce corridor, et que la partie française de ce corridor soit prolongée par les parties britannique, allemande, autrichienne et hongroise de manière à permettre le fonctionnement dans les meilleurs délais de ce corridor international reliant l'Europe de l'Ouest à l'Europe Centrale.

Pour répondre aux exigences croissantes du marché, la Compagnie Nouvelle de Conteneurs (CNC) a mis en oeuvre, à partir d'octobre 1992, un nouveau plan de transport pour l'acheminement des conteneurs maritimes fondé sur deux types de service :

- Des trains d'axes :

. Le Havre-Tours-Angoulême-Bordeaux ;

. Le Havre-Paris-Vénissieux-Marseille ;

. Marseille-Fos-Bordeaux.

Cette offre est complétée, depuis l'été 1996, par un nouveau service régulier de navettes ferroviaires directes du port du Havre vers la région Rhône-Alpes. Il existe également depuis la fin de l'année 1996 une liaison ferroviaire régulière entre Fos-sur-Mer et le port Edouard Herriot à Lyon, servant au transport de conteneurs, avec liaison avec les bassins de Marseille-Est, dont le trafic s'est bien développé. Mais de nouveaux efforts de la part des différents partenaires sont indispensables pour améliorer la desserte ferroviaire du port de Marseille.

- Un système de points nodaux (plates-formes de correspondance) reliant entre eux une trentaine de terminaux français dans un délai de 12 à 18 heures permet au trafic maritime des ports du Havre et de Marseille-Fos d'être diffusé quotidiennement sur l'ensemble du territoire dans des délais proches de ceux d'un " train-bloc " et pour des lots d'importance variable. A ces liaisons s'ajoute le réseau européen d'Intercontainer " Quality-Net ", dont le point nodal, situé à Metz, assure la relation du port du Havre avec les pays européens voisins : Allemagne, Autriche, Italie et pays d'Europe Centrale.

De nouveaux services de navettes ferroviaires, plus compétitifs que les services s'appuyant sur des points nodaux, sont mis en place à partir des ports français.

Le port du Havre souhaite mettre en place un programme de développement de navettes ferroviaires pour le trafic conteneurisé. En effet, les efforts promotionnels des transports combinés des ports concurrents portent actuellement leurs fruits :

- 41 navettes ferroviaires par semaine de ou vers Rotterdam,

- 18 navettes ferroviaires par semaine de ou vers Anvers,

- 15 navettes ferroviaires par semaine de ou vers Hambourg,

- seulement 4 services ferroviaires par semaine de ou vers Le Havre.

- Desserte fluviale et combinée des ports maritimes

Comparé aux pays voisins, le transport fluvial n'occupe pas, en France, une place aussi importante dans les transports d'acheminement portuaire.

Néanmoins, des évolutions encourageantes sont à noter et les efforts de développement du trafic de conteneurs entrepris dans le cadre de la politique intermodale ont donné des résultats notables : citons, par exemple, les liaisons Le Havre-Paris en partenariat avec la plate-forme de Paris-Genevilliers, Lille-Dunkerque, et Marseille-Lyon en partenariat avec le port fluvial Edouard Herriot. Il y a là un potentiel à développer par la recherche d'une meilleure synergie entre le transport fluvial et le transport maritime.

Outre les projets de liaison Seine-Nord et Seine-Est évoqués par notre collègue Georges Gruillot dans son rapport sur les routes et les voies navigables, d'autres aménagements intéressent les dessertes fluviales des ports :

- aménagement de la Seine au gabarit de 3.000 tonnes entre Rouen et Nogent-sur-Seine.

L'aménagement de la Seine au gabarit de 3.000 tonnes entre Rouen et le Barrage-écluse de la Grande-Bosse près de Bray est réalisé (traversée de Paris exceptée).

L'aménagement de la section comprise entre Bray et Nogent-sur-Seine, longue de 31 km, qui emprunte d'abord la Seine sur 19,5 km, puis le canal de dérivation de Villiers et la Seine à nouveau sur 3 km, a donné lieu à plusieurs opérations la portant au gabarit de 1.000 tonnes ; en 1992, la reconstruction de l'écluse et du barrage de Vezoult ; en 1993-1994, le rescindement de la boucle de Port-Montain et de la boucle de Nogent ; en 1995, le relèvement du pont de Beaulieu.

Mais la circulation des convois de 3.000 tonnes demeure impossible entre Bray et Nogent-sur-Seine. Deux projets ont été proposés : la construction d'un nouveau canal parallèle au canal existant (coût : 700 millions de francs) ; l'augmentation de l'enfoncement du canal existant (coût : 58 millions de francs) et l'élargissement de quatre écluses (coût : 160 millions de francs). Les différentes options possibles pour achever ce projet font actuellement l'objet d'une étude technico-économique menée par " Voies Navigables de France ".

- Canal de Dunkerque à l'Escaut.

Le contrat de plan Etat-région " Voies navigables de France " prévoit des interventions de remise en état du canal à grand gabarit à hauteur de 175 millions de francs, dont 114 millions de francs à la charge de l'Etat et de " Voies navigables de France ". Ce programme est en cours de réalisation.

Par ailleurs, dans le cadre du raccordement au projet Seine-Nord, une étude économique permettra de juger de l'opportunité de réaliser des aménagements supplémentaires.

- Mise au gabarit de 1.000 tonnes du canal du Rhône à Sète.

Cet aménagement est réalisé depuis le 1er janvier 1995. Il doit être complété par une digue de protection de la zone industrielle fluvio-maritime, entre le port de Sète et le débouché en mer du canal à Frontignan. Cette opération, dont la réalisation devrait être à la charge de " Voies navigables de France ", est inscrite au contrat de plan Etat-Région, au titre du XIème plan.

Les projets de plates-formes fluviales de terminaux de conteneurs font l'objet d'une subvention dans le cadre du FITTVN, au titre de l'aide aux chantiers de transport combiné. Ainsi, pour 1997, Paris Terminal et le port de Toulouse ont bénéficié d'une subvention de l'ordre respectivement de 4,6 millions de francs et 2,5 millions de francs. Pour 1998, l'enveloppe globale de ces aides est de 10 millions de francs.

La voie d'eau a ainsi conforté en 1997 son rôle dans le rééquilibrage des flux de marchandises sur le territoire.

En 1997, la part de la voie d'eau dans les préacheminements de céréales du port de Rouen a ainsi atteint, par exemple, plus de 14 %.

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Sur proposition de son rapporteur pour avis, la commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits de la Mer inscrits dans le projet de loi de finances pour 1999, les représentants du groupe socialiste se déclarant favorables à ce budget.

EXAMEN EN COMMISSION

Dans sa séance du mercredi 25 novembre 1998, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de Mme Anne Heinis sur les crédits consacrés à la mer dans le projet de loi de finances pour 1999.

Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a d'abord indiqué que le budget de la mer, d'un montant de 6,3 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 1999, finançait l'aide aux transports maritimes, les mesures prises en faveur de la sécurité en mer, les dépenses d'entretien des ports maritimes, ainsi que les moyens humains affectés à la formation des hommes dans le secteur.

Puis, elle a relevé que l'Etablissement national des invalides de la marine (ENIM) recevait 75 % de la dotation et qu'en conséquence le budget de la mer, hors sécurité sociale des marins, ne représentait qu'environ 1,5 milliard de francs. Elle a, d'autre part, signalé que les aides à la construction navale étaient gérées par le ministère chargé de l'industrie tandis que les aides à la pêche l'étaient par le ministère de l'agriculture.

Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a ensuite déclaré que les " moyens des services " du budget de la mer s'élèvaient à 589,6 millions de francs, soit une augmentation de 5,1 % par rapport à 1998.

Les principales dépenses concernent :

- la rémunération des personnels des services communs des affaires maritimes,

- les moyens de fonctionnement des services déconcentrés,

- la signalisation maritime,

- l'entretien et l'exploitation des ports maritimes non autonomes en métropole.

Les interventions publiques, a-t-elle ajouté, bénéficieront d'une dotation de 5,419 milliards de francs, en progression de 3,8 % par rapport à 1998.

En dehors de l'ENIM, les principales dépenses à signaler à ce titre concernent l'enseignement maritime et les ports autonomes.

Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a observé que les investissements exécutés par l'Etat, d'un montant de 235 millions de francs, seraient en hausse de 8 % par rapport à 1998, les autorisations de programme enregistrant, quant à elles, une hausse de 6,8 %, avec 291,2 millions de francs.

En revanche, a-t-elle ajouté, les subventions d'investissement n'atteindront que 17,2 millions de francs en raison de la disparition des crédits du chapitre 63-35 " aide à l'investissement et aide à la consolidation et à la modernisation de la flotte de commerce ". Sur ce point, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a précisé que les injonctions de la commission européenne avaient conduit le Gouvernement à renoncer aux subventions directes et à leur substituer un mécanisme de remboursement par l'Etat, des contributions sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail, versées, par les entreprises qui emploient des personnels navigants sur des navires de commerce battant pavillon français, aux organismes chargés du recouvrement de ces contributions.

Elle a ensuite relevé que le système des quirats, avait été, sans doute, " victime de son succès " et rappelé que le Gouvernement lui avait substitué un mécanisme de groupement d'intérêt économique (GIE) fiscal destiné à encourager le financement de notre flotte de commerce.

Le rapporteur pour avis a souligné que le nombre des navires de commerce sous pavillon français s'était réduit de 40 % depuis dix ans, la flotte mondiale ayant, durant la même période, enregistré une baisse de 5 % en nombre d'unités et une hausse concomitante de 24 % en tonnage.

Il a encore relevé qu'en l'espace de dix ans, la part de la flotte européenne dans la flotte mondiale était passée de 23 % à 14 %, la flotte française passant, quant à elle, du 19ème au 28ème rang mondial en tonnage et constituant la septième flotte européenne, derrière la Grèce, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas.

Puis, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a fait observer que le pavillon dit des " terres australes et antarctiques françaises " (TAAF), représentait, au 1er janvier 1998, 44 %, en unités, et 82 %, en capacité de transport, de la flotte de commerce française.

Le rapporteur pour avis a encore relevé que le trafic global de la flotte française s'était élevé en 1996 -dernière année statistique connue- à 88,9 millions de tonnes, dont 51,2 millions de tonnes sous pavillon français et 37,7 millions de tonnes sur des navires affrétés ou contrôlés. Il a ajouté que le chiffre d'affaires de l'armement français, c'est-à-dire les recettes maritimes et les recettes auxiliaires et annexes, s'était établi à 22,3 milliards de francs en 1996, contre 21,3 milliards de francs en 1995.

Abordant le problème de la sécurité en mer, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a indiqué qu'à la suite de l'accident de " l'Estonia " en 1994, l'Organisation Maritime Internationale (OMI) avait fait adopter de nombreuses mesures concernant la stabilité, la protection de l'incendie, le sauvetage et les radio-communications dans les navires construits à partir du 1er juillet 1997.

Le rapporteur pour avis a ensuite insisté sur l'insuffisance des moyens humains dont la France disposait pour effectuer les opérations de contrôle de sécurité des navires étrangers, telles qu'elles sont notamment prévues par le Mémorandum de Paris, entré en vigueur en 1982, et liant 18 pays d'Europe et le Canada.

Cette situation, a-t-il ajouté, est d'autant plus paradoxale que l'OMI a décidé de confier à la France la gestion du fichier informatique " Equasis " qui rassemble toutes les informations concernant les bateaux de commerce dans le monde.

Après avoir rappelé que le commerce extérieur de la France s'était élevé, en 1997, à 3.457 milliards de francs (en hausse de 12,6 % par rapport à 1996), le rapporteur pour avis a souligné que près de la moitié du commerce extérieur de la France, exprimé en tonnages (un cinquième en valeur), était acheminé par les ports maritimes français.

Puis, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a évoqué le dispositif de formation géré par la direction des affaires maritimes et des gens de mer : quatre écoles nationales de la marine marchande, implantées à Marseille, Le Havre, Saint-Malo et Nantes et douze écoles maritimes et aquacoles. Elle a souligné que la direction des affaires maritimes procédait actuellement, pour les quatre écoles de marine marchande, à une opération de spécialisation (l'école de Nantes étant notamment appelée à devenir une école de " formation des formateurs "), mais aussi d'ouverture vers d'autres métiers para-maritimes, tels que la plongée professionnelle, la navigation de plaisance, la croisière...

Le rapporteur pour avis a encore relevé que l'OMI serait sur le point d'habiliter au plan international les enseignements et les diplômes dispensés par nos quatre écoles de marine marchande.

En conclusion, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a plaidé pour une nouvelle vision prospective qui se substituerait à l'actuelle " gestion du déclin " dans le domaine de la mer. Cette vision devait s'appuyer sur les atouts de notre pays en la matière, tant sur le plan de sa géographie que de la " matière grise " susceptible d'être mobilisée à travers des outils de formation adéquats.

M. Jean Huchon a estimé que les dispositifs sociaux existants dans le secteur maritime pouvaient être démobilisateurs, notamment en ce qui concerne la recherche d'emploi.

M. Charles Revet a rendu hommage à la qualité de l'enseignement dispensé par les écoles maritimes et aquacoles. Il a rappelé que la France constituait la troisième puissance maritime dans le monde si l'on prenait en compte ses " zones économiques ". Il s'est interrogé sur la proportion du commerce extérieur français acheminée par des navires sous pavillon français.

Après avoir évoqué les difficultés de l'entretien du littoral, M. Charles Revet s'est inquiété de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM).

M. Pierre-Yvon Trémel s'est d'abord interrogé sur l'effectif des marins bénéficiant des dispositifs sociaux. Il s'est ensuite demandé si les crédits " recherche " dans le domaine de la mer figuraient dans le budget de la mer. Il a souhaité, enfin, connaître lui aussi les moyens mis à la disposition de la SNSM.

M. André Ferrand s'est félicité, à son tour, du travail des écoles maritimes avant de plaider pour une politique de " reconquête commerciale " de la part de nos ports maritimes. Il a souligné à cet égard que le port d'Anvers se considérait comme le premier " port maritime français " et insisté sur le développement nécessaire des infrastructures.

M. Michel Teston a fait observer que la " santé " de nos ports maritimes était liée à la qualité des dessertes routières et ferroviaires. Il a ensuite rappelé que la SNCF avait mis en place des " corridors de fret " européens entre les ports de la côte normande et le Sud-Est.

En réponse aux intervenants, Mme Anne Heinis, rapporteur pour avis, a notamment déclaré:

- que la qualité des services portuaires expliquait, en grande partie, le succès des ports de Rotterdam et d'Anvers qui -a-t-elle rappelé- accueillent chaque année 10 millions de conteneurs (contre 1 million au Havre) ;

- que les dispositifs d'aide à la reconversion pouvaient parfois, comme le signale M. Jean Huchon, avoir des effets pervers ;

- que l'amélioration de la desserte des ports était un impératif majeur ;

- que la SNSM disposera, en 1999, de plus de 4 millions de francs au titre de la subvention d'entretien et de 9,7 millions de francs au titre de la subvention d'équipement, ces dotations étant, d'ailleurs, stables depuis trois ans. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, la SNSM est venue en aide, en 1997, à 2.316 navires et à 7.498 personnes.

Enfin, sur proposition du rapporteur pour avis, la commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits de la mer dans le projet de loi de finances pour 1999, les représentants du groupe socialiste se déclarant favorables à ce budget.




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