B. ACTIVITÉ DES PRINCIPAUX ARMEMENTS

Armement Delmas

L'armement Delmas (groupe Bolloré) est spécialisé dans le transport maritime sur des lignes régulières ; il arme huit navires sous pavillon français et possède des participations dans une cinquantaine de navires porte-conteneurs, grumiers et navires polyvalents sous pavillon étranger. Il se concentre sur l'Afrique, mais il est également présent sur le Pacifique sud et a noué des alliances fortes en Afrique du Sud et avec la Compagnie maritime belge. Delmas constitue le maillon maritime d'une entreprise de transport qui assure la prise en charge des marchandises de bout en bout.

Le chiffre d'affaires de la division maritime est passé, à périmètre constant, de 4,9 milliards de francs en 1996 à 5,1 milliards, soit une progression de près de 4 %, pour un résultat d'exploitation identique à celui de 1996, autour de 120 millions de francs. Fonds de commerce traditionnel de la compagnie, les liaisons entre l'Europe et l'Afrique représentent 43 % du chiffre d'affaires. La répartition de ce chiffre d'affaires privilégie toujours les lignes entre l'Europe et l'Afrique, qui en représentent 43 % devant l'Amérique du Nord et le Pacifique (14 %).

La stratégie de productivité et de gestion active de la flotte repose notamment sur des cessions de navires, l'affrètement des navires auprès des tiers et la réduction des coûts opérationnels de la flotte. Cette politique s'est poursuivie en 1997 et 1998 avec la diminution du nombre d'unités sous pavillon français de 12 à 8, le passage programmé mais non effectif à ce jour des navires restants au registre d'immatriculation des Terres australes et antarctiques françaises et la suppression envisagée de 57 postes embarqués correspondant à 74 officiers et 40 personnels d'exécution, dont les départs devraient s'effectuer sur la base du volontariat. Par ailleurs, depuis le 28 mai 1998, les services centraux de l'armement ont été transférés de la région parisienne au Havre.

Groupe CMA-CGM

Consacré au transport maritime de ligne régulière de conteneurs, le groupe CMA-CGM a commencé à améliorer une situation longtemps très difficile, qui a nécessité une recapitalisation par l'Etat (3,3 milliards de francs), préambule d'une privatisation intervenue au mois de novembre 1996. Avec un chiffre d'affaires consolidé de 7,7 milliards de francs en 1997, en progression de 3,2 % et plus d'un million de conteneurs transportés (+ 12,2 %), il se classe au 13ème rang mondial pour le transport de ligne régulière de conteneurs et au 1er rang français avant le groupe Delmas-Bolloré. La spécificité de cette entreprise tient à ce que, à la différence de la plupart de ses concurrents, elle n'appartient pas à un groupe diversifié soit dans d'autres métiers des transports, comme Evergreen, Maersk ou Hapag Lloyd, soit dans d'autres activités comme les groupes japonais ou coréens. A ce titre, elle est particulièrement sensible au caractère aléatoire du transport de conteneurs et doit, par conséquent, disposer d'un portefeuille diversifié de lignes lui permettant d'opérer des péréquations indispensables à son équilibre général.

Le groupe travaille sur un marché en croissance, mais chacun des segments de marché exploité peut, à tout instant, être soit prospère, soit déficitaire. La flexibilité, la réactivité et le sens commercial constituent donc les conditions de pérennité de cette entreprise.

Les principales lignes commerciales de CMA-CGM sont la ligne Europe-Extrême-Orient, Métropole-Antilles et Tour du Monde. L'année 1997 a enregistré de grandes difficultés sur la ligne principale Europe-Extrême-Orient avec, notamment, une chute des prix mais une bonne activité sur les Antilles. Au début de 1998, la situation s'est renversée sur l'Extrême-Orient avec une forte remontée des prix à destination de l'Europe et des menaces sur les Antilles.

Dans ces conditions, la stratégie de l'entreprise consiste à améliorer en permanence son portefeuille de desserte, soit pas des alliances ponctuelles, comme la desserte de l'Océan Indien, soit pas une croissance externe avec des projets de rachat d'entreprises, notamment en Italie. Cette stratégie est rendue possible par un bilan de 1,5 milliards de fonds propres consolidés et 1,23 milliard d'endettement net. Le résultat consolidé de l'exercice 1997 s'élève à 64 millions de francs, grâce aux achats et ventes de navires, mais les résultats d'exploitation sont négatifs, tant en ce qui concerne la CGM que la CMA.

La flotte se compose de 74 navires exploités, dont 18 en pleine propriété et 15 sous pavillon français. Le groupe a acquis trois navires en propriété en 1997 et en a commandés deux pour 1999.

En 1997, l'effectif du groupe s'élèvait à 2.594 salariés, dont 505 navigants, contre 2.443, dont 623 navigants en 1996.

BAI-Brittany Ferries

Le groupe BAI comprend les sociétés BAI (transport de passagers), Truckline, acquise en 1985 (transport de fret) et les sociétés d'économie mixte Sabemen, Senacal et Senamanche.

Participent notamment au capital des S.E.M. les deux premières sociétés, ainsi que les collectivités territoriales de Bretagne et de Basse Normandie par l'intermédiaire de sociétés d'économie mixte.

Desservant l'Angleterre et l'Irlande à partir de la France, ainsi que l'Espagne à partir de l'Angleterre, les navires du groupe ont transporté 2 490.000 passagers en 1995-1996 et 2 655.000 en 1996-1997, soit une augmentation de 6,6 %. Le nombre de véhicules transportés est passé de 840 000 en 1995-1996 à 910 000 en 1996-1997 (+ 8 %).

L'armement exploite aujourd'hui sept navires transbordeurs de grande capacité. Il emploie en moyenne 2.000 salariés dont 1.300 navigants et 700 sédentaires. L'effectif en haute saison est monté jusqu'à 2.350 personnes en 96-97. Comme les autres armements français opérant sur la Manche, BAI a des équipages de marins entièrement français.

L'examen des comptes financiers de la société BAI fait apparaître un chiffre d'affaires net de 1,25 milliards de francs en 1997, contre 1,11 milliards de francs en 1996, le total des produits d'exploitation atteignant 1,440 milliards de francs contre 1,310  l'année précédente. Le résultat d'exploitation ressort positivement à 110,2 millions de francs et le résultat financier à -16,3 millions de francs. Ces chiffres s'élevaient respectivement à 6,3 millions de francs et -16,1 millions de francs en 1996.

L'exercice 1997 fait apparaître un bénéfice de 84,5 millions de francs, en nette amélioration par rapport au chiffre de 1996 qui s'établissait à -16,2 millions de francs.

Les difficultés financières de l'armement tiennent à deux facteurs cumulatifs : les coûts de main d'oeuvre sont plus élevés que chez les concurrents britanniques et les charges (achats et loyers d'affrètement) s'effectuent en francs, tandis que les recettes proviennent à 80 % de clients réglant leur passage en livres sterling. Le taux actuel de cette monnaie à un niveau plus élevé contribue à l'évolution positive nouvelle.

L'entreprise a défini des mesures internes de redressement, dont notamment la vente de deux navires, la réalisation d'économies internes et la mise en oeuvre d'un plan social. Ces mesures sont accompagnées d'un concours de l'Etat et des collectivités territoriales actionnaires. L'Etat a notamment apporté jusqu'en 1997 un concours renforcé dans le cadre de l'aide à la consolidation et à la modernisation, comme il l'a fait sur le transmanche, dans le souci de maintenir le pavillon français et les emplois correspondants dans un secteur où la concurrence doit être encouragée.

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