CHAPITRE II -
LA MARINE MARCHANDE
I. LA SITUATION DU PAVILLON FRANÇAIS
A. LA FLOTTE DE COMMERCE
La
flotte de commerce française s'établissait au 1er janvier
1998, à 210 navires avec 4,21 millions de jauge brute et
6,563 millions de tonnes de port en lourd (Tpl), soit un accroissement de
3,6 % (+225.000 Tpl.).
La stabilité du nombre total de navires résulte d'un
accroissement de quatre unités de la flotte pétrolière
(59 navires au total), et du recul de la flotte sèche à
151 navires à passagers et marchandises sèches.
L'accroissement global de la capacité est dû quant à lui
à un recul de 200.000 Tpl. de la flotte des cargos, essentiellement des
porte-conteneurs et vraquiers, compensé par la progression de la flotte
pétrolière (+425.000 Tpl).
Ce mouvement global a été acquis, en 1997, à l'occasion de
16 entrées et 16 sorties de navires, comportant notamment
10 acquisitions de navires neufs ou très récents. Les
entrées de navires neufs enregistrées sont celles de
4 caboteurs pétroliers, de 3 porte-conteneurs ainsi que celle
d'un navire de croisière.
Le renouvellement par entrées et sorties de navires qui, en 1997, a
concerné 15 % des effectifs et 17 % de la jauge globale, n'a
eu que des conséquences faibles sur l'âge de la
flotte : l'âge moyen général est demeuré
égal à 15 ans (14,8 un an plus tôt) ; celui
des pétroliers est resté à 17,7 ans. Navires à
passagers et cargos, respectivement maintenant de 10,1 ans et 10,7 ans,
ont connu une évolution inverse les uns et les autres, de six mois de
rajeunissement pour les premiers et de vieillissement pour les seconds.
Au sein de la flotte pétrolière, c'est l'important renouvellement
des caboteurs et navires gaziers, touchant respectivement 13 et 28 % de la
capacité, qui a permis la stabilité de l'âge
général en compensant le vieillissement de six mois encore
enregistré par les pétroliers long courriers, catégorie la
plus importante en capacité, et dont l'âge moyen dépasse
maintenant 19 ans.
Pour la flotte des cargos, dont le quart de la capacité a
été renouvelé à l'occasion de 17 mouvements
d'entrée et de sortie, son rajeunissement général d'une
demi-année résulte de l'évolution intervenue chez les
vraquiers, qui ont vieilli de 1,5 an et, surtout, chez les
porte-conteneurs, rajeunis de deux ans, à l'occasion d'un renouvellement
qui a concerné le tiers de leur capacité. Les autres types de
cargos enfin, cargos généraux ou plus spécialisés,
ont connu un vieillissement de six mois à un an.
Comparée à la situation de la flotte sous pavillon national des
pays de l'Union européenne, établie au 1er juillet 1997 en
port lourd par classe d'âge, la flotte française apparaît
globalement plus " jeune " de " trois ans ".
Comme on le sait, de nombreux concurrents ressortissant de pays à
monnaie faible ont fait reculer le rang de la France parmi les transporteurs
mondiaux. Au sein de l'Union européenne elle-même, les pays
mènent une politique active de soutien public à leur flotte.
La période 1990-1997 a vu l'exécution d'un plan pluriannuel de
soutien à la flotte de commerce. Ce plan comportait quatre mesures,
parmi lesquelles l'aide à l'investissement et l'aide à la
consolidation et à la modernisation ne seront pas reconduites
après le 31 décembre 1997, compte tenu des nouvelles
orientations définies par la Commission européenne en
matière d'aides d'Etat. Le bilan global de 1990 à 1997
apparaît sur le tableau ci-après.
Aide à l'investissement :
en 1997, il a
été consacré à cette aide 80,1 millions de
francs représentant des subventions d'investissements pour quatre
navires neufs. Le régime s'achevant au 31 décembre 1997 et
n'étant pas renouvelé, seuls pourront être
subventionnés en 1998 des navires neufs commandés avant le 31
décembre 1997 ou des navires d'occasion livrés avant cette date.
Aide à la consolidation et à la
modernisation :
en 1997, 11 entreprises d'armement maritime
ont bénéficié de cette aide pour un montant total de
79,9 millions de francs.
Le chapitre 63-35 sur lequel s'imputent ces deux aides a été
doté par la loi de finances pour 1997 de 198 millions de francs en
autorisations de programme. La dotation disponible totale s'est
élevée compte tenu des reports de 1996 (43,8 millions de
francs), des annulations de crédits (49,5 millions de francs) et
des dégagements sur AP déjà ouvertes, à
212,9 millions de francs. La consommation total a atteint
160 millions de francs. L'annulation de crédits de
49,5 millions de francs en autorisations de programme et de
19,825 millions de francs en crédits de paiement a
été effectuée dans le cadre de mesures de
régulation budgétaire décidées par le Gouvernement.
Remboursement de la taxe professionnelle :
cette mesure a
donné lieu à des versements d'un montant de 90,4 millions de
francs en 1997. S'agissant de 1998, la loi de finances rectificative de 1997 a
ouvert une dotation de 92 millions de francs.
PLAN
DE SOUTIEN A LA FLOTTE DE COMMERCE
1990-1997
|
1990
|
Nombre |
1991
|
Nombre |
1992
|
Nombre |
1993
|
Nombre |
1994
|
Nombre |
1995
|
Nombre |
1996
|
Nombre |
1997
|
Nombre |
TOTAL
|
Nombre |
Aide à l'investissement |
190,16 |
22 |
163,36 |
7 |
169,26 |
14 |
102,00 |
12 |
127,00 |
6 |
49,00 |
2 |
79,90 |
12 |
80,10 |
4 |
960,78 |
79 |
ACOMO |
97,45 |
6 |
80,00 |
6 |
60,00 |
4 |
41,00 |
3 |
57,50 |
8 |
102,30 |
17 |
107,47 |
16 |
79,91 |
11 |
625,63 |
23 |
Remboursement taxe professionnelle |
37,79 |
|
57,28 |
|
45,35 |
|
65,02 |
|
79,08 |
|
73,50 |
|
108,19 |
|
90,71 |
|
556,92 |
|
Allégement ENIM |
15,81 |
|
19,36 |
|
23,56 |
|
45,32 |
|
144,68 |
|
137,30 |
|
138,20 |
|
134,80 |
|
659,03 |
|
Total |
341,21 |
|
320,00 |
|
298,17 |
|
253,34 |
|
408,26 |
|
362,10 |
|
433,76 |
|
385,52 |
|
2 802,36 |
|
NB :
Nombre de navires pour l'aide à l'investissement et nombre d'armements
pour l'ACOMO
Le Comité interministériel du 1er avril 1998 a pris deux
mesures qui s'inscrivent dans le cadre de la réglementation
européenne telle qu'elle ressort des nouvelles orientations
communautaires publiées le 5 juillet 1997 par la Commission.
En premier lieu, il a été décidé de reconduire, en
1999 et pour les deux années suivantes, le remboursement de la part
maritime de la taxe professionnelle.
En second lieu, il a été créé un dispositif de
remboursement par l'Etat des contributions sociales patronales
afférentes aux risques vieillesse, maladie et accidents du travail
versées par les entreprises qui emploient des personnels naviguant sur
des navires de commerce battant pavillon français aux organismes
chargés du recouvrement de ces contributions.
En 1999, sera éligible à ce dispositif le secteur regroupant
aussi bien les armements dont les navires sont immatriculés aux Terres
australes et antarctiques françaises que les armements dont les
unités effectuent des navigations internationales ou
transocéaniques.
Signalons enfin que la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier a permis la
création d'un nouveau dispositif fiscal pour l'investissement maritime.
Ces nouvelles dispositions remplacent le dispositif quirataire instauré
par la loi du 5 juillet 1996 et dont votre commission avait,
l'année dernière, profondément déploré la
disparition. L'amortissement exceptionnel des navires qui seront détenus
par des groupements d'intérêt économique, ainsi que le
traitement particulier qui leur sera réservé lors de la sortie du
GIE fiscal vis-à-vis de la taxation sur les plus-values de cession,
devrait encourager, selon le Gouvernement, le secteur maritime à
maintenir et à développer le nombre de navires qui battent
pavillon français ainsi que les emplois correspondants.