CHAPITRE II -
L'ÉVOLUTION DE L'EXCÉDENT
COMMERCIAL
Le projet de budget du commerce extérieur pour 1999 s'inscrit dans un contexte marqué par un excédent commercial qui, après une forte croissance depuis plusieurs années, risque de se réduire en 1998 et 1999 .
I. UN EXCÉDENT COMMERCIAL RECORD EN 1997
A. ÉVOLUTION GÉNÉRALE ET COMPÉTITIVITÉ DES PRODUITS FRANÇAIS
1. Une forte progression du solde commercial
En
1997, le commerce extérieur français a encore fait preuve d'un
dynamisme exceptionnel. Pour la sixième année consécutive,
il dégage un excédent qui s'élève à
173,5 milliards de francs
(en données FAB/FAB, y compris le
matériel militaire), soit environ 2 % du PIB.
Ce résultat
est supérieur de près de 70 milliards de francs au
précédent record de 122,3 milliards de francs établi
en 1996.
Cette progression de notre excédent se situe dans un contexte de
très nette reprise des échanges internationaux. Les exportations
françaises se sont accrues de 13,7% contre 4 % l'année
précédente ; les importations ont également
augmenté à un rythme soutenu (+8 % contre + 2,6 %
en 1996).
La part de marché des produits français dans les pays
industrialisés reste stable en 1997, à 5,4 % contre 5,5%
l'année précédente. L'analyse de leur part de
marché par zone géographique montre qu'elle est stable en Europe,
en croissance dans les pays d'Asie et du Moyen-Orient, mais qu'elle recule en
Afrique.
2. L'évolution de la compétitivité française
La progression de l'excédent commercial français pour la sixième année consécutive s'explique en grande partie par une amélioration structurelle de la compétitivité des produits français, que ce soit en termes de prix ou en termes d'image et de qualité.
a) Une amélioration de la compétitivité prix à l'exportation
Les exportateurs français ont pu profiter du rééquilibrage des monnaies européennes depuis 1995, puis de l'appréciation du dollar, en 1996 pour reconstituer leurs marges à l'exportation tout en bénéficiant d'une amélioration de leur compétitivité-prix.
b) Une amélioration de l'image des produits français
La
compétitivité " hors prix " des produits
français, notion qui recouvre des dimensions telles que la
qualité, le nombre et la diversité des produits, l'étendue
des gammes et le caractère innovateur des biens offerts semble
également s'améliorer.
L'intégration européenne se traduit, en particulier, par une
rapide progression des échanges de produits semblables mais de
qualité différente. Dans cette évolution, la France
paraît spécialisée dans le produit de haute et moyenne
gamme.
Une enquête sur l'image des produits européens
réalisée par le Centre d'observation économique
témoigne de l'amélioration de l'image des produits
français, en terme de qualité et d'innovation mais souligne un
certain retard en matière de service commercial et de service à
la clientèle.
B. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE
Tous les secteurs ont contribué à l'amélioration du solde commercial de la France, à l'exception de l'énergie.
1. Une nouvelle dégradation du solde énergétique
Après six années de réduction, la facture
énergétique s'est alourdie pour la deuxième année
consécutive, atteignant 85,8 milliards de francs contre 79,1
milliards de francs en 1996 et 60,6 milliards de francs en 1995.
Cette évolution s'explique essentiellement par l'augmentation du dollar
qui renchérit le prix du pétrole, et cela en dépit d'une
baisse des cours du baril.
2. Une forte progression de l'excédent du solde des échanges industriels
La
croissance de l'excédent du solde des échanges industriels
amorcée au début des années quatre-vingt dix s'est
poursuivie en 1997. Les exportations françaises étant
composées à hauteur de 84 % de produits manufacturés,
cette évolution a largement contribué au redressement de notre
commerce extérieur.
Les biens d'équipement professionnels : le plus vigoureux des
secteurs
Parmi les exportations industrielles, les biens d'équipement
professionnel ont enregistré le plus fort excédent avec
63,7 milliards de francs. Deux postes ont particulièrement
contribué à cette évolution : d'une part, les ventes de
construction aéronautique qui ont progressé de 39 % ;
d'autre part, le commerce des machines de bureau et du matériel
électronique qui a connu une croissance rapide. Les échanges
extérieurs de téléphones cellulaires ont, en particulier,
plus que doublé par rapport à 1996, dégageant à eux
seuls un excédent de 4,5 milliards de francs.
Biens intermédiaires : retour au dynamisme
Après le retrait observé en 1996, dû essentiellement
à la baisse des cours mondiaux des matières premières
industrielles, les échanges de biens intermédiaires ont repris en
1997 : les exportations progressent, en effet, de 10,8 % par rapport
à 1996, les importations augmentent de 8,9 %. Le déficit
s'allège de plus de 6 milliards de francs, n'atteignant plus que
1,3 milliard. Le secteur des demi-produits non métalliques est
à l'origine de cette amélioration, le déficit des
matières premières minérales se creusant
légèrement et le solde des métaux et du produit de leur
travail restant à l'équilibre.
Automobile et transports terrestres : dynamisme des ventes, recul des
achats
En 1997, l'excédent des échanges du secteur " automobiles et
transports terrestres " a atteint le niveau record de 63,9 milliards
de francs. Le décalage de conjoncture observé en 1997 entre un
marché européen en progression et un marché
français en recul est le principal responsable de cette situation. En
effet, les exportations d'équipement automobile des ménages ont
fortement progressé, enregistrant une hausse de 23 %, tandis que
les importations reculaient de 13,4 %. En revanche, les échanges de
pièces et équipements de véhicules ont connu une vigueur
accrue à l'import comme à l'export. A l'opposé, le
commerce des véhicules utilitaires reste déprimé pour la
deuxième année consécutive.
Biens de consommation : déficit en baisse malgré la reprise
des importations
La catégorie des biens de consommation est composée de deux
secteurs : l'électroménager-électronique grand public
et les biens de consommation courante. Ces deux secteurs connaissent une
amélioration de leur solde depuis plusieurs années.
L'année 1997 s'inscrit dans cette tendance, avec un déficit en
baisse malgré la reprise des importations.
3. Un record absolu pour l'excédent agro-alimentaire
Traditionnel point fort français,
le secteur
agro-alimentaire est celui qui enregistre le plus gros excédent. Ce
dernier progresse fortement par rapport à 1996, gagnant près de
13 milliards de francs pour atteindre 64,3 milliards de francs
.
Cette augmentation, la plus forte enregistrée depuis dix ans, a lieu
dans un contexte de dynamisme important des échanges agro-alimentaires.
Les importations ont en effet retrouvé un mouvement de hausse
après la stagnation de 1996, les exportations augmentant, pour leur
part, de 10 %. Ces évolutions sont cependant très
contrastées d'un poste à l'autre.
Les ventes de vins s'accroissent de 25 % en 1997
Les exportations de vins ont enregistré en 1997 leur plus forte hausse
depuis dix ans. De ce fait, l'excédent du poste atteint
19,2 milliards de francs contre 15 milliards de francs l'année
précédente. L'excédent des boissons, alcools et tabacs
progresse également sensiblement à 10,8 milliards de francs
grâce à l'augmentation des ventes de champagne et de cognac.
Viandes et animaux vivants : une progression des exportations
Les importations d'animaux vivants continuent de décroître en 1997
tandis que les exportations renouent avec une croissance de plus de 8 %
après deux années de recul important. Les ventes de bovins en
particulier s'accroissent de 8,9 %. S'agissant des viandes et conserves de
viandes, le constat est proche : les achats restent stables et les exportations
augmentent de 10,5 % en 1997. Du fait de ces évolutions,
l'excédent des deux postes progresse fortement, atteignant près
de 13 milliards de francs au total.
Recul des échanges de céréales, légère
progression pour les fruits et légumes
Les exportations françaises continuent de subir les effets de la tension
mondiale sur le marché des céréales : le niveau des
ventes, en recul de 25,7 milliards de francs, soit 4,2 %, reste
très nettement inférieur aux montants atteints jusqu'en 1993. De
ce fait, l'excédent du poste diminue, atteignant 24,4 milliards de
francs contre 25,5 milliards de francs en 1996. Ce recul des exportations
céréalières françaises s'explique, notamment, par
l'augmentation de la production américaine et par une limitation
excessive des certificats d'exportation délivrés par la
Commission européenne qui n'a pas su anticiper l'évolution des
marchés.
Le solde est également stable pour les conserves malgré une
augmentation de 9,2 % des achats. Une légère progression
caractérise le solde des fruits et légumes : le déficit
passe de 4,7 milliards de francs à 4,4 milliards de francs
grâce à une croissance de 5,2 % des ventes.
De même, la vigueur des exportations de sucre, qui augmentent de
9,7 %, permet à l'excédent du poste d'atteindre
7,3 milliards de francs contre 6,6 milliards de francs en 1996.
La hausse des cours du café pèse sur les échanges
français
La forte hausse des cours du café intervenue au premier semestre 1997 a
pesé sur les échanges français, entraînant une
progression des achats de 29,6 % en valeur. C'est sous cette impulsion que
le déficit des produits agricoles exclusivement importés se
creuse, s'élevant désormais à 10,5 milliards de
francs en 1997.
C. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS
En
1997, la progression des exportations françaises est essentiellement le
fait des échanges avec les pays émergents d'Asie, de l'Europe de
l'Est, du Moyen-Orient ainsi qu'avec les pays de l'OCDE hors Union
européenne
.
Comme le montre le tableau suivant, les échanges avec ces pays
progressent, en effet, sensiblement plus vite qu'avec les Etats membres de
l'Union européenne.
VENTILATION GÉOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS
|
Année 1997 |
Evolution 97/96 |
||||
|
Importations |
Exportations |
Solde |
Imports |
Exports |
Taux de couverture |
Union européenne |
948 104 |
1 037 688 |
89 584 |
4,9 % |
11,3 % |
109,4 % |
UEBL (1) |
124 834 |
133 108 |
8 274 |
3,0 % |
6,4 % |
106,6 % |
Pays-Bas |
77 918 |
77 362 |
-557 |
4,2 % |
15,1 % |
99,3 % |
Allemagne |
257 168 |
262 327 |
5 159 |
3,2 % |
3,9 % |
102,0 % |
Italie |
151 840 |
153 368 |
1 528 |
3,6 % |
12,9 % |
101,0 % |
Royaume-Uni |
129 586 |
167 014 |
37 429 |
8,6 % |
20,7 % |
128,9 % |
Espagne |
103 339 |
132 699 |
29 360 |
4,3 % |
14,1 % |
128,4 % |
OCDE Hors UE |
280 902 |
249 052 |
-31 849 |
15,2 % |
16,2 % |
88,7 % |
Etats-Unis |
136 143 |
107 466 |
-28 677 |
18,1 % |
21,5 % |
78,9 % |
Japon |
52 048 |
28 438 |
-23 610 |
12,7 % |
3,8 % |
54,6 % |
Suisse |
36 887 |
58 056 |
21 170 |
5,4 % |
2,5 % |
157,4 % |
Pays de l'Est |
50 268 |
61 692 |
11 424 |
8,1 % |
29,8 % |
122,7 % |
Russie |
20 313 |
14 784 |
-5 528 |
-1,7 % |
44,3 % |
72,8 % |
Pays d'Asie à économie en développement rapide |
103 820 |
109 778 |
5 958 |
18,5 % |
31,6 % |
105,7 % |
Chine |
38 689 |
19 951 |
-18 738 |
24,4 % |
60,9 % |
51,6 % |
Moyen-Orient |
33 729 |
41 945 |
8 216 |
10,4 % |
20,1 % |
124,4 % |
Afrique |
67 300 |
87 433 |
20 133 |
9,3 % |
5,9 % |
129,9 % |
Reste du monde |
69 874 |
64 667 |
-5 207 |
16,7 % |
1,8 % |
92,5 % |
TOTAL CAF/FAB hors matériel militaire |
1 553 996 |
1 652 255 |
98 260 |
8,4 % |
13,3 % |
106,3 % |
Source
: Ministère de l'économie et des
finances (1)Union Economique Belgo-Luxembourgeoise
La forte augmentation du solde de la balance commerciale de la France en
1997 est néanmoins en grande partie imputable à la hausse
importante de notre solde avec les pays de l'Union européenne
:
l'excédent progresse fortement avec le Royaume-Uni ainsi qu'avec
l'Espagne, les deux plus importants excédents bilatéraux en 1997.
Le solde s'améliore avec la majorité des autres pays de l'Union
européenne.
L'évolution favorable de la balance commerciale avec les autres zones
géographiques vient amplifier ce mouvement : le solde avec
l'ensemble des pays tiers est, en effet, positif en 1997 alors qu'il
était auparavant structurellement déficitaire.
L'excédent se confirme avec les pays de l'Est et atteint un record avec
le Moyen-Orient. Les échanges avec les pays d'Asie à
économie en développement rapide enregistrent à nouveau un
solde positif notable après le déficit de 1996. En revanche, le
déficit avec les pays de l'OCDE hors Union européenne, notamment
les Etats-Unis, le Japon et la Norvège, se maintient à un niveau
relativement important.
Les évolutions de 1997 illustrent les tendances globales du commerce
extérieur français depuis dix ans. La progression des
échanges avec les pays émergents d'Asie et avec les pays de l'Est
est la plus importante au cours de cette période. A l'opposé, le
poids relatif dans les flux des pays de l'Union européenne, de l'Afrique
et, dans une moindre mesure, des autres pays de l'OCDE est en recul sensible.
II. LES PERSPECTIVES POUR 1998 ET 1999
Le retournement de la conjoncture internationale devrait conduire le solde du commerce extérieur français à se maintenir à un niveau élevé mais inférieur à celui des années précédentes .
A. L'EXCÉDENT DU COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA FRANCE DEVRAIT SE MAINTENIR À UN NIVEAU ÉLEVÉ
Au
premier semestre 1998, l'excédent du commerce extérieur devrait
atteindre 83 milliards de francs. Ce montant est légèrement
supérieur à celui enregistré pour la période
comparable de 1997.
Le solde commercial de 1998 devrait être, si cette tendance se poursuit,
nettement excédentaire malgré le ralentissement de la croissance
mondiale.
Sur le plan sectoriel, on observe au premier semestre un léger repli des
excédents industriels et agro-alimentaires, compensé par un
allégement de la facture énergétique résultant
principalement d'une baisse sensible du prix du pétrole.
L'excédent des échanges de biens d'équipement
professionnel se contracte également avec une diminution de près
de 10 % par rapport au premier semestre 1997.
Sur le plan géographique, nos échanges avec l'Asie se sont
dégradés de 14 milliards de francs, faisant apparaître
un déficit de 12 milliards de francs, compensé par
l'amélioration de nos positions excédentaires vers d'autres zones
comme l'Afrique et l'Amérique latine et certains pays européens
tels que l'Espagne et le Royaume-Uni.
Notre excédent avec l'Union européenne, dont la progression en
1997 participait pour 80 % à celle de notre solde total, se
maintient par rapport à la période comparable de l'année
précédente, mais s'inscrit en recul de 8,5 milliards de
francs par rapport au dernier semestre 1997.
1. La progression de nos exportations tend à se stabiliser
Le
dynamisme de nos exportations se traduit, au premier semestre, par une
progression de l'ordre de +10 % par rapport à la période
comparable de l'année précédente.
On observe cependant en glissement annuel un tassement du taux de croissance
des exportations qui était de 6,5 % en moyenne depuis 1990 avec un
pic à 14 % en 1997. La décélération de la
demande mondiale, en particulier, en Asie, est à l'origine de cette
tendance qui pourrait s'accentuer au second semestre. Nos exportations vers les
pays d'Asie en crise ont baissé de près de 18 %. Elles ont
en revanche fortement augmenté vers les Etats-Unis et le Japon.
L'ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS FRANÇAISES VERS
L'ASIE
EN CRISE SELON LES PAYS
(données brutes FAB-FAB, premier semestre 1998/premier semestre 1997,
hors matériel militaire en millions de francs)
Exportations |
1997 |
Variation |
|
|
Valeur |
Part |
1998/1997 1 |
Hong Kong |
17 181 |
19,1 % |
5,3 % |
Singapour |
15 389 |
17,1 % |
-12,2 % |
Taiwan |
14 219 |
15,8 % |
-7,0 % |
Corée du Sud |
11 155 |
12,4 % |
-22,9 % |
Philippines |
10 403 |
11,6 % |
21,1 % |
Indonésie |
8 687 |
9,7 % |
-73,5 % |
Malaisie |
7 303 |
8,1 % |
-45,3 % |
Thaïlande |
5 548 |
6,2 % |
-11,1 % |
Total Asie " en crise " |
89 884 |
100,0 % |
-17,9 % |
Source
: Douanes
Sur le plan géographique, la part des exportations françaises
destinées aux pays développés s'accroît en
particulier en direction de l'Union européenne, qui représente
63 % de nos exportations. Parmi les pays en développement, la
première zone de destination reste l'Asie (7 % du total), suivi par
l'Afrique (5 %).
Sur le plan sectoriel, nos exportations progressent dans des secteurs tels que
les biens d'équipement professionnel, les biens de consommation et
l'automobile. Elles stagnent en revanche dans le secteur agro-alimentaire.
La structure géographique de nos grands contrats civils confirme
l'ampleur de la crise en Asie. Seulement 800 millions de francs
d'exportations ont été enregistrés à ce titre au
dernier trimestre alors que celles-ci n'avaient jamais été
auparavant inférieures à 2 milliards de francs. Ce manque
à gagner est en partie compensé par nos bonnes performances en
Afrique (+23 %) et au Moyen-Orient (+17,5 %).
Il faut également relever les excellentes performances des contrats
civils hors aéronautique, qui atteignent 40 milliards de francs.
Les futurs contrats de TGV en Australie et à Taiwan ainsi que les
nouvelles commandes obtenues par Airbus Industrie au premier semestre,
devraient contribuer à la progression de ces secteurs.
2. ... Tandis que la croissance de nos importations se poursuit
Cette
tendance s'explique par la reprise de la demande intérieure. Au premier
semestre 1998, nos importations augmentent de 10 % par rapport au premier
semestre 1997.
Sur le plan géographique, ces importations proviennent à
près de 80 % des pays développés et en particulier de
l'Union européenne.
Sur le plan sectoriel, elles augmentent dans le domaine des biens
d'équipement professionnel et des biens destinés aux
ménages. La diminution la plus sensible concerne notre facture
énergétique.
B. LES RÉSULTATS DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS POUR 1999 DEVRAIENT CEPENDANT ÊTRE EN DEÇA DE CEUX ENREGISTRÉS LES ANNÉES PRÉCÉDENTES
Le ralentissement du commerce mondial ainsi qu'un contexte monétaire moins favorable pourraient, en effet, contribuer à limiter la progression de notre excédent commercial.
1. La demande mondiale adressée à la France se ralentit
Alors
qu'en 1997 la demande mondiale adressée à la France a
progressé de 9,3 %, elle reviendrait à 7,4% en 1998. Un tel
ralentissement ne peut que limiter le dynamisme de nos exportations.
Au premier semestre 1998, nos ventes en Asie ont déjà
reculé de 18 % par rapport à la même période de
1997. Ainsi,
l'excédent enregistré en 1997 avec les pays
émergents d'Asie risque de se transformer en déficit en 1998 et
en 1999
.
En valeur absolue, l'impact sur nos échanges devrait
être limité en raison de la faible part de nos exportations dans
cette zone. L'Asie constituait toutefois depuis deux ans la zone où
notre commerce extérieur connaissait la plus forte progression
.
LA
CRISE FINANCIÈRE EN ASIE
ET LE COMMERCE EXTÉRIEUR
FRANÇAIS
La part de l'Asie dans les exportations
françaises
Les pays émergents d'Asie actuellement touchés par la crise
financière (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Singapour,
Philippines, Corée du Sud, Taiwan, Hongkong) représentent
près de 5% des exportations françaises en 1997
(chiffre
FAB-FAB hors matériel militaire). Les principaux produits
exportés vers nos pays ont été l'aéronautique
(21%), le matériel électronique professionnel (21%),
l'équipement industriel (7%), le matériel électrique
(6 %), les parfums, boissons, alcools et tabacs (6 %).
L'impact de la crise sur les exportations françaises
Au premier semestre 1998, les exportations vers les pays d'Asie
précités ont reculé de 18 % par rapport à la
même période en 1997. Les secteurs des biens d'équipement
-dont l'équipement industriel, le matériel électronique
professionnel, la parfumerie et le poste des boissons, alcools et tabacs-
diminuent de 30 à 40 % par rapport au premier trimestre 1997.
Au-delà de l'effet direct sur nos exportations, la crise asiatique a
un effet indirect lié aux dévaluations des monnaies asiatiques
qui entraînent une perte de compétitivité prix des produits
français par rapport aux produits asiatiques, aussi bien sur le
marché national que sur les autres marchés.
On estime, en effet, que la dépréciation des monnaies asiatiques
devrait entraîner une hausse de notre taux de change effectif nominal de
plus de 2 % par rapport à 1997. Les gains relatifs des entreprises
asiatiques devraient affecter certains secteurs de l'industrie française
particulièrement exposés à la concurrence tels que
l'automobile, les fournitures électriques, les composants
électroniques, la construction navale, l'outillage,
l'électroménager, les matériels électroniques. Il
est toutefois difficile de mesurer l'ampleur de cet effet indirect sur le
commerce extérieur. Il dépend, en effet, de multiples facteurs
dont l'évolution des coûts de production en Asie et le
caractère complémentaire ou concurrentiel des produits
français et asiatiques.
L'impact de la crise asiatique sur le commerce extérieur de la France
doit enfin être apprécié au regard de ses
conséquences sur la croissance mondiale et ainsi indirectement sur la
demande extérieure adressée à la France. C'est sans doute
là, l'effet le plus important et le moins mesurable.
2. La compétitivité prix des entreprises françaises devrait se stabiliser
La
compétitivité prix de nos entreprises, après la forte
amélioration constatée en 1997, devrait se stabiliser en 1998, en
raison d'un contexte monétaire moins favorable. Les
dépréciations monétaires devraient conférer aux
pays asiatiques un avantage en terme de compétitivité prix dont
l'ampleur dépendra de leur capacité à maîtriser la
hausse de leurs coûts.
Au sein de l'Union européenne, la compétitivité de nos
produits devrait continuer à évoluer de manière
satisfaisante. Toutefois, du fait d'une croissance un peu plus vive en France
que dans la majorité des autres pays européens, notre solde avec
la zone euro devrait se dégrader sur l'ensemble de l'année,
après une baisse de notre excédent de 11 milliards de francs
au 1er semestre 98 par rapport au second semestre 1997.
Devant la diminution de la demande mondiale et l'intensification de la
concurrence internationale qui en résulte, l'économie
française ne peut maintenir son excédent commercial à son
niveau actuel que si les entreprises françaises gagnent des parts de
marché.
Cette situation doit inciter les pouvoirs publics à réduire les
coûts de production des entreprises françaises et à
accroître l'efficacité de leur politique de soutien aux
exportations.