PJL loi de finances pour 1999
SOUPLET (Michel)
AVIS 68 (98-99), Tome X - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE INTERNATIONAL- I. UNE CONJONCTURE INCERTAINE
- II. LA CROISSANCE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX QUI S'ÉTAIT REDRESSÉE DEPUIS 1996 DEVRAIT RALENTIR EN 1998 ET 1999
- III. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES
-
CHAPITRE II -
L'ÉVOLUTION DE L'EXCÉDENT COMMERCIAL- I. UN EXCÉDENT COMMERCIAL RECORD EN 1997
- II. LES PERSPECTIVES POUR 1998 ET 1999
-
CHAPITRE III -
LES PRINCIPAUX AXES DE LA POLITIQUE ET DU BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR-
I. LA POLITIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
- A. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DES ORGANISMES D'APPUI AU COMMERCE EXTÉRIEUR
- B. LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS DES PME
- C. LA RÉFORME DU SERVICE NATIONAL ET L'AVENIR DES COOPÉRANTS DU SERVICE NATIONAL
- II. LE BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
-
I. LA POLITIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME X
COMMERCE EXTÉRIEUR
Par M. Michel SOUPLET,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
14
)
(1998-1999).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'année à venir sera, pour le commerce extérieur
français, l'année du lancement de la monnaie unique et
probablement celle d'un retournement de la conjoncture internationale.
Pour les entreprises exportatrices, l'euro comporte des avantages manifestes.
Il permettra, dès 1999, la fin des mouvements erratiques des taux de
change au sein des pays de l'Union européenne.
La monnaie unique entraînera également une concurrence accrue au
sein du marché unique, à laquelle nos entreprises doivent
dès à présent se préparer.
Il appartient aux pouvoirs publics de les y aider en limitant leurs charges et
en favorisant l'efficacité des politiques de soutien aux exportations,
dont nous retrouvons ici la traduction budgétaire.
1999 risque malheureusement d'être aussi l'année d'un retournement
de la conjoncture internationale.
Après trois ans de forte croissance mondiale, pendant lesquels le
commerce extérieur français a réalisé des
excédents commerciaux records, les prolongements de la crise asiatique
et les incertitudes financières internationales devraient contribuer
à un ralentissement de la croissance mondiale et, en conséquence,
de la demande adressée à la France.
Dans ce contexte, le commerce extérieur français ne pourra
égaler ses performances passées que si les entreprises
françaises gagnent des parts de marché. Les pouvoirs publics
devront les soutenir dans cette démarche et, en particulier, accompagner
les PME dans leur développement international.
Les crédits du commerce extérieur inscrits dans le projet de loi
de finances pour 1999 devraient concourir à ces objectifs.
CHAPITRE IER -
LE CONTEXTE
INTERNATIONAL
I. UNE CONJONCTURE INCERTAINE
Le projet de budget du commerce extérieur pour 1999 s'inscrit dans une conjoncture économique incertaine.
A. UNE CONJONCTURE JUSQU'À PRÉSENT FAVORABLE À LA CROISSANCE
1. La reprise observée depuis mai 1996 s'est poursuivie et amplifiée en 1997 dans les économies occidentales
La
conjoncture des pays d'Europe continentale
s'est
améliorée
à
partir du deuxième
trimestre 1997
, soutenue par une forte contribution de la demande
extérieure et, dans une moindre mesure, par la demande
intérieure. La croissance a ainsi atteint 2,5 % dans les pays de la
zone euro en 1997, après 1,6 % en 1996.
L'activité est restée exceptionnellement dynamique tout au
long de l'année 1997 dans les pays anglo-saxons.
Aux
Etats-Unis, pour la sixième année consécutive, la
croissance est demeurée vigoureuse et sans tensions inflationnistes, en
dépit d'un marché du travail se rapprochant du plein emploi. Au
Royaume-Uni, la croissance a également connu un rythme
élevé en raison du dynamisme du secteur des services, soutenu par
la demande des ménages.
En revanche, en Asie orientale, l'année 1997 aura
été celle de l'effondrement de la croissance.
Au Japon, un brutal resserrement de la demande intérieure, ainsi que
l'effet de la crise asiatique, ont entraîné le pays dans la
récession au dernier trimestre de l'année. La croissance est
ainsi restée légèrement inférieure à
1 % en moyenne annuelle.
Les pays émergents d'Asie du sud-est et la Corée du Sud ont vu
leur situation et leurs perspectives se dégrader profondément
dans la seconde moitié de l'année, au fur et à mesure que
la crise de change, déclenchée début juillet 1997 en
Thaïlande, se propageait, engendrant une crise financière dans la
plupart des pays de cette zone. Ce phénomène s'est aggravé
à l'automne, en dépit de la mise en place de plans internationaux
d'aide à la Thaïlande et à l'Indonésie.
La crise s'est étendue à l'ensemble des marchés boursiers
d'Asie du sud-est et a eu des répercussions, fin octobre, sur les
bourses des grands pays industrialisés, ainsi que sur celles de certains
marchés émergents d'Amérique latine et de l'Est de
l'Europe présentant une vulnérabilité particulière.
Au total, la perte d'activité dans les pays émergents d'Asie
du sud-est a atteint plus de deux points de croissance en 1997, les pays les
plus affectés étant la Thaïlande, l'Indonésie et la
Corée du Sud.
2. Jusqu'au second semestre 1998, la croissance mondiale, recentrée sur la demande intérieure, s'est poursuivie
La
contribution du commerce extérieur à la croissance s'est
nettement réduite dans l'ensemble des pays industrialisés depuis
le début 1998.
Dans les économies occidentales, le recentrage de l'activité sur
le marché intérieur explique le maintien de la croissance.
Dans la zone euro, alors que le commerce extérieur avait largement
contribué au niveau de la croissance en 1997, son influence devrait
être nulle en 1998. En revanche, la progression du pouvoir d'achat des
ménages, qui s'élève à 2,6 % en 1998 contre 1,2 %
en 1997, favorise une consommation privée devenue le principal moteur de
l'activité économique.
En Amérique du Nord, les conséquences commerciales et
financières de la crise asiatique ont été plus
prononcées. A partir du premier trimestre 1998, la croissance aux
Etats-Unis s'est stabilisée à 1,5 % par an contre 3 % les
années précédentes.
En revanche, le Japon -qui a subi, outre l'effondrement de la demande en
provenance de partenaires asiatiques représentant 40 % de ses
exportations, une contraction de la demande intérieure- est entré
en récession début 1998, comme la majorité des pays
émergents du Sud-est asiatique.
B. DES PERSPECTIVES AUJOURD'HUI PLUS INCERTAINES
Depuis le début du second semestre 1998, la déstabilisation des marchés des changes et des capitaux sur l'ensemble des places boursières témoigne d'un retournement du comportement des investisseurs.
1. Un environnement mondial déstabilisé
Depuis
l'été 1998, plusieurs événements ont
bouleversé les marchés mondiaux.
La crise russe
La crise institutionnelle et économique russe s'est notamment traduite
par une dévaluation de près de 50 % du rouble par rapport au
dollar et par un effondrement de l'activité. Avec la récession,
les importations russes devraient diminuer fortement. Ces dernières ne
représentant cependant que 1,3 % des importations mondiales,
l'impact direct de cette crise devrait rester circonscrit.
Le prolongement de la récession en Asie
Les résultats de la croissance au premier trimestre 1998 ont
confirmé l'ampleur des récessions dans plusieurs pays asiatiques,
en particulier au Japon. Le recul du PIB devrait se prolonger en 1999. Le
coût des restructurations des entreprises et des banques pourrait ainsi
peser sur la croissance à moyen terme.
Des incertitudes sur les économies d'Amérique latine
Le recul des indices boursiers du premier trimestre 1998 touche plusieurs
pays de cette zone. Cette relative défiance des investisseurs
internationaux s'accompagne d'une baisse du prix des matières
premières qui affecte plusieurs pays de la zone. Les principaux
instituts de conjoncture estiment qu'une crise du change au Brésil ou en
Argentine touchant par contagion l'ensemble des économies
latino-américaines n'est pas à exclure.
Un ralentissement de la croissance dans les pays d'Amérique du
Nord
Les économies d'Amérique du Nord connaissent depuis le second
semestre 1998 un ralentissement pour partie lié à des
éléments externes -dont la crise asiatique qui a restreint leurs
débouchés-, mais également à des facteurs internes
de réduction de la demande intérieure. Le ralentissement de la
croissance américaine pourrait, si elle se prolongeait, affecter nos
échanges extérieurs d'abord par le biais des importations,
ensuite en entraînant une baisse du dollar.
2. Des incertitudes qui pèsent sur les perspectives de croissance
Les
principaux organismes internationaux et instituts de conjoncture ont
réduit, depuis le premier semestre 1998, leurs prévisions de
croissance mondiale pour 1998 et 1999.
Ainsi,
les prévisions de croissance mondiale établies par
l'OCDE s'élèvent à 2,4 % pour 1998 et 1999, celles du
FMI à 2 % pour 1998. Elles sont en deçà du taux de
3,1 % enregistré en 1997.
Dans l'ensemble,
elles retiennent pourtant des hypothèses
favorables
:
impact limité de la crise russe,
évolution contrôlée des économies d'Amérique
latine, retour progressif à la croissance en Asie et maintien de
l'activité en Europe
.
Compte tenu des incertitudes et aléas qui pèsent actuellement
sur le marché des capitaux, ces estimations pourraient cependant se
révéler optimistes. S'il est aujourd'hui difficile de
prévoir le niveau de la croissance mondiale,
les différents
instituts de conjoncture s'accordent à penser que celle-ci
dépendra directement :
- de la capacité du Japon et des pays d'Asie du Sud à
réformer leur système bancaire et à relancer leur
croissance ;
- du niveau de l'activité aux Etats-Unis et de l'évolution
de la parité entre le dollar et l'euro;
- du maintien de la situation financière des Etats
d'Amérique latine ;
- du niveau de la demande intérieure au sein des pays de l'Union et
de l'impact de la création de l'euro sur la croissance en
Europe.
II. LA CROISSANCE DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX QUI S'ÉTAIT REDRESSÉE DEPUIS 1996 DEVRAIT RALENTIR EN 1998 ET 1999
La croissance du commerce international, qui s'était redressée depuis le second semestre 1996, devrait ralentir légèrement en 1998 et en 1999 sous l'effet du retournement de la conjoncture.
A. LE COMMERCE MONDIAL A CRÛ RAPIDEMENT EN 1997
Le
commerce mondial de marchandises a progressé de 9,5 % en 1997
contre 5 % en 1996, soit un des taux de croissance les plus
élevés des deux décennies passées.
Cette évolution est essentiellement imputable à
l'accélération de la demande des pays anglo-saxons. Moins
dynamiques, les importations des pays d'Europe continentale se sont
redressées à partir du second semestre 1996 et ont
été particulièrement importantes au printemps et à
l'été 1997.
La demande des pays émergents est également restée ferme
jusqu'au printemps 1997, " tirée " notamment par la
demande intérieure en Amérique latine. En revanche, à
partir de fin 1997, les pays de l'OPEP ont commencé à
diminuer leurs importations en raison des pertes de recettes d'exportation
liées à la chute du prix du pétrole.
CROISSANCE EN VOLUME DU COMMERCE INTERNATIONAL PAR RÉGIONS
En pourcentage |
Moyenne 90/95 |
1996 |
1997 |
Monde |
6 % |
5 % |
9,5 % |
Amérique du Nord |
7 % |
6 % |
10,5% |
Amérique latine |
8 % |
11 % |
12,5 % |
Europe occidentale |
5,5 % |
4,5 % |
8 % |
Pays en transition |
4,5% |
7,5 % |
11 % |
Asie |
7,5% |
3,5% |
11,5% |
Source : OMC
La demande en provenance d'Asie, forte en 1996 et 1997, s'est effondrée
en fin d'année en raison des effets de la crise des pays asiatiques sur
la demande intérieure.
Compte tenu de la structure des échanges entre les pays d'Asie en
crise et les économies industrialisées, dont le tableau suivant
donne un aperçu, l'impact de la crise asiatique sur les échanges
commerciaux a cependant été extrêmement variable selon les
pays.
POIDS DES SEPT PAYS D'ASIE EN CRISE (1) DANS LES ÉCHANGES COMMERCIAUX
Pays |
Importations |
Exportations |
Etats-Unis |
15,7 % |
14,2 % |
Japon |
23,4 % |
31,2 % |
Union Européenne |
4,3 % |
4 % |
France |
4 % |
5 % |
(1)
Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande,
Singapour, Hong Kong.
Source
: OCDE
B. LA CROISSANCE DU COMMERCE MONDIAL DEVRAIT SE TASSER EN 1998 ET 1999
Le
rythme de croissance des échanges mondiaux diminuerait en 1998 en raison
du ralentissement de certaines zones émergentes, telle que l'Asie,
l'Amérique latine et les pays de l'OPEP, ainsi que du tassement de la
demande en Amérique du Nord et au Royaume-Uni :
- le ralentissement de la demande intérieure dans les pays
d'Amérique du Nord devrait limiter les importations de ces pays ;
- la demande d'importations adressée hors de la zone Asie par les
pays de l'Asie émergente touchés par la crise financière
serait en recul en 1998 et les importations japonaises, de nouveau en baisse au
premier trimestre, demeurent peu dynamiques tout au long de l'année 1998
en raison de l'atonie persistante de la demande intérieure ;
- les importations des pays de l'OPEP subissent de plein fouet en 1998 les
conséquences de la baisse du prix du pétrole, malgré la
légère reprise en volume de leurs importations qui semble
s'amorcer depuis le printemps.
Dans ces conditions, la poursuite de la reprise en Europe continentale,
favorable au maintien à un niveau élevé de la demande
d'importations en 1998, ne parvient pas totalement à compenser le
ralentissement de la demande dans les autres parties du monde.
La croissance du commerce mondial s'élévera probablement
à un taux proche de 8 % en moyenne annuelle en 1998,
inférieur de un et demi points à celui de l'année
précédente (9,5 %)
.
PRÉVISION DU COMMERCE MONDIAL DE PRODUITS MANUFACTURÉS
Taux de croissance du volume des importations en % |
1996 |
1997 |
1998 |
Europe à 6 |
4,2 % |
9,7 % |
9,1 % |
Etats-Unis |
10,1 % |
16,5 % |
12,9 % |
Canada |
4,3 % |
18,0 % |
11,2 % |
Japon |
7,0 % |
3,0 % |
- 5,0 % |
Total OCDE |
6,0 % |
11,1 % |
8,6 % |
Pays émergents |
7,7 % |
5,8 % |
1,3 % |
Commerce mondial |
6,3 % |
9,9 % |
8,0 % |
Demande mondiale adressée à la zone euro |
7,8 % |
8,4 % |
4,7 % |
Demande mondiale adressée à la France |
5,5 % |
9,4 % |
7,4 % |
Source
: Direction de la prévision,
Ministère de l'économie et des finances
En dépit des incertitudes qui entourent les perpectives
économiques pour 1999,
il est d'ores et déjà possible
de tirer au moins deux enseignements de ce retournement de la conjoncture
internationale.
La crise financière en Asie a montré que la mondialisation des
marchés doit s'accompagner d'une meilleure régulation du
système monétaire et financier international. Comme l'a
souligné l'audition par votre commission de M. Michel Camdessus,
directeur général du Fonds monétaire international, cette
régulation ne semble possible que grâce à des règles
et des institutions à la mesure de l'économie globale dans
laquelle nous évoluons désormais.
C'est pourquoi,
il importe d'engager dès à présent une
réflexion sur une réforme des institutions financières
internationales et des règles prudentielles susceptible de
prévenir les crises des systèmes bancaires et financiers
nationaux et leur propagation
.
Le retournement de la conjoncture internationale souligne également le
caractère incertain du contexte international dans lequel le projet de
loi de finances pour 1999 a été élaboré.
On peut, à ce propos, se demander si le Gouvernement a bien pris en
compte dans ses hypothèses de croissance la nécessaire prudence
qu'il convient d'adopter dans un tel contexte.
Le projet de loi de finances pour 1999 se fonde sur une hypothèse de
croissance de 2,7 %, qui suppose que la demande intérieure sera
suffisamment forte pour contrebalancer le tassement de la demande
extérieure.
Cette hypothèse apparaît optimiste à bien des instituts de
conjoncture. Compte tenu du degré d'ouverture de notre pays et de la
place prise dans notre économie par nos exportations, il est, en effet,
à craindre que la croissance ne puisse se maintenir à ce niveau
si notre commerce extérieur se détériore.
Certes, la perspective de la monnaie unique nous a pour l'instant
préservé de l'instabilité financière, mais l'Euro
ne pourra nous protéger d'un affaiblissement de la croissance mondiale.
Dans ce contexte, votre rapporteur pour avis ne peut qu'espérer que
le niveau de croissance soit à la hauteur de l'optimisme dont fait
preuve le Gouvernement.
III. L'ÉTAT D'AVANCEMENT DES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES
Le projet de budget du commerce extérieur pour 1999 s'inscrit dans un contexte marqué par quelques avancées dans les négociations commerciales multilatérales, mais également par la persistance de différends commerciaux en particulier entre les Etats-Unis et l'Europe.
A. UN BILAN SATISFAISANT DE L'ACTIVITÉ DE L'ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC)
1. Un bilan plutôt positif des deux premières conférences ministérielles de l'Organisation Mondiale du Commerce
La
Conférence de Singapour de décembre 1996 avait permis de
réaffirmer les engagements de Marrakech et de lancer un programme de
travail sur de nouveaux sujets tels que les politiques de la concurrence ou les
marchés publics ; la deuxième conférence
ministérielle de Genève qui s'est déroulée du 18 au
20 mai dernier a permis d'arrêter les modalités d'une reprise
des négociations multilatérales en l'an 2000.
La déclaration adoptée à Genève prévoit, par
ailleurs, que les membres de l'OMC engageront des discussions sur les secteurs
des groupes de travail relatifs à la concurrence, aux investissements et
aux marchés publics, ainsi que sur les règles relatives au
commerce avec les pays les moins avancés.
2. Un mécanisme de règlement des différends qui fait ses preuves
L'augmentation du nombre de dossiers actuellement
engagés
dans le cadre de la procédure de règlement des différends
illustre le succès de cette procédure et le renoncement
progressif des Etats aux procédures unilatérales.
Aujourd'hui, près d'une trentaine de dossiers font, en effet, l'objet
d'une procédure de règlement des différends.
L'Union européenne et ses Etats membres sont directement
impliqués dans une douzaine de dossiers : neuf en tant que parties
plaignantes, notamment sur les dossiers relatifs aux taxes discriminatoires sur
certaines boissons alcooliques au Japon ou sur les mesures américaines
affectant l'interdiction d'importation des crevettes ; trois en tant que
parties défenderesses, en particulier sur les dossiers du régime
communautaire applicable aux importations de bananes et sur la classification
douanière de certains équipements informatiques.
Ce bilan positif doit être nuancé par le constat d'un certain
déséquilibre entre le niveau d'utilisation de la procédure
par les Etats-Unis et par l'Union européenne.
Votre rapporteur pour avis souligne, à ce propos, que le
règlement communautaire sur les obstacles au commerce -qui permet aux
entreprises, aux fédérations professionnelles et aux Etats
membres de saisir directement la commission des problèmes
rencontrés- devrait être à l'avenir utilisé de
manière plus active.
B. LES NÉGOCIATIONS SECTORIELLES
L'année écoulée a également été marquée par l'aboutissement dans le cadre de l'OMC de plusieurs négociations sectorielles .
1. Les services financiers
Après l'accord sur les services de
télécommunication de base conclu le
15 février 1997, l'accord sur les services financiers est,
sans nul doute, le second grand succès des négociations
sectorielles menées dans le cadre de l'OMC.
Conclu le 12 décembre 1997, sous l'égide du
comité sur le commerce des services financiers, il a été
signé par plus de 70 pays. Il constitue le cinquième
protocole de l'accord général sur le commerce des services.
Ce cinquième protocole devrait entrer en vigueur en France le
1er mars 1999, après avoir été ratifié
par le Parlement.
Tous les grands partenaires commerciaux de la France, dont les Etats-Unis, sont
parties à cet accord, qui tend à ouvrir aux fournisseurs de
services financiers étrangers l'accès aux marchés
nationaux de la banque, de l'assurance, des titres et autres services
financiers.
2. Les négociations multilatérales sur l'investissement
Les investissements directs font depuis plusieurs années l'objet de négociations, au sein de l'OCDE comme de l'OMC. La portée de ces négociations s'est précisée en 1997 et 1998 sans que les parties ne parviennent à un accord.
a) La négociation à l'OCDE de l'Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI)
Les
négociations en vue de parvenir à la conclusion d'un accord
multilatéral sur l'investissement, définissant des règles
communes pour la libéralisation et la protection des investissements
internationaux, se sont poursuivies en 1997 et 1998.
Les négociations devaient initialement aboutir lors de la réunion
ministérielle d'avril 1997. Elles avaient été
reportées en 1998 en raison de plusieurs points de désaccord.
Ceux-ci n'ont pas été éliminés et les ministres
réunis à l'OCDE en avril dernier ont, à la demande de la
France et avec l'accord des Etats-Unis, suspendu la négociation pour six
mois.
Depuis le début de ces négociations, la France avait
adopté des positions offensives sur plusieurs points, tout en
conditionnant la conclusion de l'accord à des réserves sur
certains secteurs à fort contenu politique.
La France a, en effet, souhaité renforcer la portée de l'accord
afin de :
- limiter le nombre et la portée des mécanismes
généraux d'autorisation des investissements
étrangers ;
- s'assurer que les engagements pris au titre de l'accord ne soient pas
réduits à néant par des réserves trop larges, en
particulier de la part des Etats Unis, du Canada et du Mexique;
- obtenir que les Etats fédérés des
fédérations, telles que les Etats Unis, le Canada, et l'Australie
soient bien liées par l'accord;
- limiter l'exception générale à l'accord au titre de
la sécurité nationale, en l'encadrant par une procédure
anti-abus;
- obtenir l'interdiction des législations à portée
extraterritoriale;
- introduire des disciplines sur les discriminations de fait;
- obtenir des disciplines de transparence en matière d'octroi de
concessions.
Elle a, en revanche, souhaité dans le prolongement des accords issus de
l'Uruguay Round limiter la portée de l'accord en demandant que le
secteur de la culture fasse l'objet d'une clause d'exception
générale.
Sur plusieurs points, la politique culturelle française est, en effet,
en contradiction avec les objectifs de la négociation. D'une part, la
législation française prévoit, au nom de la
préservation du pluralisme, des restrictions directes à
l'investissement dans le domaine de la presse, de la radio et de la
télévision. D'autre part, un mécanisme tel que le compte
de soutien de l'industrie cinématographique, à qui l'on doit
pour une large part le dynamisme de la production cinématographique
française, constitue une restriction indirecte incompatible avec la
clause du traitement national.
Il était à craindre, par ailleurs, que plusieurs dispositions de
cet accord ne remettent en cause certains aspects de notre législation
sociale et de notre politique de protection de l'environnement.
Pour ces raisons et suite à une forte mobilisation des professions
concernées, le Gouvernement a précisé en 1998 les
conditions qu'il souhaite voir remplies pour pouvoir accepter un tel
accord :
- l'acceptation d'une clause d'exception générale pour la
culture ainsi que pour les droits de propriété littéraire
et artistique de sorte que ni la conception française du droit
d'auteur, ni les modalités de gestion collective de ces droits ne
puissent être remises en cause ;
- l'inscription dans l'AMI d'une clause autorisant les membres de l'Union
européenne à s'accorder mutuellement un traitement
préférentiel, sans avoir à étendre ce dernier aux
autres pays parties à l'accord ;
- l'abrogation partielle des lois américaines à
portée extraterritoriale et, en particulier, la suppression des points
les plus litigieux de la loi Helms-Burton relative aux relations commerciales
avec Cuba ;
- l'introduction dans l'accord de clauses spécifiques garantissant
le respect des normes fondamentales en matière de conditions de travail
et d'environnement.
Estimant, avant même la reprise des négociations, que ces
conditions ne pourraient être remplies, le Premier Ministre a
annoncé le 14 octobre dernier que le Gouvernement ne reprendrait pas
part aux négociations de l'AMI et qu'il serait proposé à
nos partenaires de réengager ces négociations dans le cadre de
l'OMC
.
Votre commission partage le souci que la conclusion d'un accord sur les
investissements internationaux ne limite pas de façon excessive notre
maîtrise de la législation nationale et communautaire en
matière de droit du travail, d'environnement ou de culture. Elle
souligne néanmoins l'utilité de poursuivre ces
négociations dans le cadre de l'OMC, pour assurer la protection des
investissements de nos entreprises à l'étranger.
b) La poursuite des activités du groupe de travail sur le commerce et l'investissement à l'OMC
Issu de
la Conférence ministérielle de l'OMC à Singapour en
décembre 1996, le groupe de travail sur la concurrence et
l'investissement a poursuivi ses travaux. Intégrant les contributions de
pays non membres de l'OCDE, les travaux de ce groupe de travail pourraient
éventuellement servir de fondement à des négociations sur
les investissements dans le cadre de l'OMC.
Les pays en voie de développement, qui étaient à l'origine
très réticents devant l'inscription de ce thème à
l'ordre du jour de l'OMC, semblent être aujourd'hui plus ouverts. En
revanche, les Etats-Unis souhaiteraient poursuivre les négociations dans
le cadre plus restreint de l'OCDE.
L'Union européenne a quant à elle toujours affirmé, sur
l'insistance de la France, sa détermination à négocier des
règles relatives aux investissements internationaux dans le cadre de
l'OMC.
Cette volonté est partagée par certains de nos partenaires
européens ainsi que par le Canada qui a proposé, lors de la
dernière réunion ministérielle de l'OCDE, un transfert
à l'OMC des négociations de l'AMI.
3. Les marchés publics
Les
négociations sur les marchés publics n'ont pas enregistré
de progrès significatifs en 1997 et 1998.
L'accord plurilatéral conclu sous l'égide de l'OMC en 1994 est
entré en vigueur le 1er janvier 1996. Il doit faire l'objet
d'une transposition en droit communautaire. Un projet de texte adopté
par le Conseil en 1995 a été rejeté par le Parlement
européen.
La Commission doit présenter un nouveau texte de conciliation dans les
prochains mois. Il conviendra de veiller à ce que ce texte se limite
à transposer les règles de l'OMC sans créer de contrainte
supplémentaire et qu'il préserve l'égalité de
traitement entre opérateurs privés et publics, acquis important
du marché unique.
A la suite de la conférence de Singapour, un groupe de travail a, par
ailleurs, été créé en vue d'améliorer la
transparence dans les procédures de passation des marchés
publics. Ces discussions pourraient déboucher à terme sur la
négociation d'un accord multilatéral, de portée plus
limitée que l'accord plurilatéral existant, mais de participation
plus large en associant les pays en développement. Aucune date n'a
cependant été prise à ce stade, en raison, notamment de la
réserve de ces derniers.
Enfin, des négociations en vue de conclure un accord sur les
marchés publics de services sont en cours à l'OMC ;
toutefois, là encore, aucune échéance n'a
été fixée pour la conclusion des
négociations.
C. LES DIFFÉRENDS COMMERCIAUX ENTRE LES ETATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNE
Les négociations au sein de l'OMC et dans le cadre de l'OCDE ont illustré le rôle central des relations entre l'Union européenne et les Etats-Unis dans les négociations commerciales internationales. Comme l'ont montré les négociations sur l'AMI, la poursuite d'un dialogue transatlantique constructif s'accompagne également de différends importants, tant dans des secteurs où les deux partenaires ont des intérêts fortement concurrents que sur des questions relatives aux règles du commerce international en général.
1. Des différends commerciaux dans des secteurs où il existe des intérêts concurrents sur les marchés mondiaux
Dans le domaine agricole,
les relations
transatlantiques sont marquées par de nombreux différends :
- à la suite d'une procédure entamée devant l'OMC par
les Etats-Unis et le Canada, la réglementation communautaire interdisant
l'utilisation d'hormones de croissance dans la production de viande bovine a
été jugée non conforme aux règles de l'OMC.
Après une procédure d'appel plutôt favorable aux
thèses communautaires, des études sont en cours afin de justifier
scientifiquement cette interdiction ;
- le régime communautaire d'importation et de vente des bananes a
également été déclaré non conforme aux
règles de l'OMC, dans son volet externe, à l'initiative des
Etats-Unis et de quatre pays latino-américains. L'Union
européenne a jusqu'au 1er janvier 1999 pour mettre sa
réglementation en conformité. Le Conseil avait donc adopté
un nouveau réglement le 20 juillet dernier.
Comme l'a souligné la résolution n° 92 du Sénat
sur la proposition de règlement soumis au Conseil
1(
*
)
, l'enjeu de cette réglementation est de
maintenir l'équilibre entre les intérêts des producteurs
d'Amérique latine, des pays ACP et de ceux de la Communauté parmi
lesquels figurent les producteurs français des Antilles. De ce point de
vue, le règlement adopté semble rencontrer les
préoccupations exprimées par votre commission lors de l'examen de
cette résolution
2(
*
)
. Il faut cependant
relever que les Etats-Unis ont, une nouvelle fois, manifesté leur
volonté de contester ce nouveau régime ;
- la protection des indications d'origine est peu développée
aux Etats-Unis, où nombre de nos appellations sont utilisées
comme des semi-génériques. Malgré les demandes
communautaires répétées, la négociation d'un nouvel
accord sur le vin n'a guère avancé. Les efforts communautaires et
français portent donc sur l'amélioration du régime de
protection offert à l'OMC et sur des négociations avec les pays
latino-américains afin d'éviter que les pratiques
américaines ne se répandent sur le continent ;
- courant 1997, les exportations communautaires de gluten de blé
ont connu une augmentation sensible vers les Etats-Unis. Ces derniers ont donc
décidé d'imposer un contingentement des importations, aboutissant
à un recul de 40 % des exportations françaises. Cette mesure
de sauvegarde semblant non conforme aux règles de l'OMC, la Commission a
proposé le retrait de concessions d'un montant équivalent sur les
importations communautaires de gluten de maïs américain, ainsi que
l'ouverture de consultations à l'OMC, première étape d'une
procédure de règlement des différends.
Dans le secteur industriel
, l'aéronautique et dans une
moindre mesure le textile sont les principaux secteurs où il existe des
différends notoires :
- les relations aéronautiques, qui ne constituaient plus -depuis la
signature de l'accord de 1992 sur les gros porteurs- un motif de tension entre
l'Europe et les Etats-Unis, sont en effet redevenus un objet de conflit en 1997
avec l'annonce de la fusion entre Boeing et Mac Donnell Douglas. Après
six mois d'enquête au titre du contrôle des concentrations, et
alors que la Federal Trade Commission a donné son feu vert à la
fusion le 1er juillet 1997, la Commission européenne a
autorisé sous condition cette opération.
La France a demandé et obtenu que la décision de la Commission
soit assortie d'un mécanisme de surveillance des engagements de Boeing
auxquels sont associés les Etats membres.
Parallèlement, des discussions exploratoires ont eu lieu entre les
Etats-Unis et l'Union européenne sur le fonctionnement de l'accord
bilatéral sur les gros porteurs de 1992 : l'Union européenne
considère, en effet, que les Etats-Unis ont une interprétation
très flexible de leurs engagements à la transparence en ce qui
concerne les aides indirectes à la recherche, alors que le
système européen d'avances remboursables est par nature
très transparent et contrôlable. La Commission tente donc de faire
pression pour obtenir des résultats sur les aides indirectes
pratiquées par les Etats-Unis ;
- dans le secteur du textile : à la suite d'une plainte
déposée par les industriels au titre du règlement sur les
obstacles au commerce (ROC), la Commission a engagé des
négociations avec les autorités américaines. Ces
discussions ont abouti favorablement à l'été 1997.
Les Etats-Unis se sont engagés à déposer un amendement
à leur loi sur les règles d'origine pour revenir aux dispositions
appliquées avant le 1er juillet 1996.
L'échéancier prévu est lié à la
négociation sur l'harmonisation des règles d'origine dans le
cadre de l'Organisation mondiale des Douanes et de l'OMC. En cas de manquement
aux engagements pris par les Etats-Unis, l'accord prévoit une
réactivation de la procédure à l'OMC.
Dans le secteur des services
, l'audiovisuel demeure la principale
source de divergence entre les Etats-Unis et l'Europe.
La fin de la négociation d'Uruguay a, certes, marqué un
très net recul des tensions. Le bon résultat obtenu du point de
vue français n'a pas été mis en cause au cours de la
période récente. Les Etats-Unis ont cependant
réaffirmé à l'OMC, lors de la réunion
ministérielle de mai 1998, que ce sujet restait l'une de leurs
priorités à moyen terme, notamment dans la perspective du
prochain cycle. Les principaux objectifs américains devraient être
d'éviter une réglementation protectrice dans ces secteurs et ceux
du multimédia, de trouver un accord convenable sur la question des
droits frappant les cassettes-vidéo vierges, et enfin d'obtenir la
levée des restrictions à l'investissement. Si les Etats-Unis
semblent avoir accepté l'équilibre obtenu à Marrakech sur
ce dernier point, des tensions restent néanmoins toujours possibles,
comme en témoignent les négociations sur l'AMI à
l'OCDE.
2. Des divergences d'appréciation sur les règles du commerce international
Les
négociations relatives à l'AMI ont illustré cette
année les divergences récurrentes entre l'Union européenne
et les Etats-Unis sur au moins trois points :
Lois extraterritoriales américaines
Depuis 1996, le Congrès a adopté des textes visant à faire
pression sur les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les
amener à infléchir leur politique à l'égard de
Cuba, de l'Iran et de la Libye, et isoler davantage ces pays,
déjà soumis à embargo américain.
La législation Helms-Burton contre Cuba, entrée en vigueur le
12 mars 1996, prévoit l'exclusion du territoire
américain des dirigeants et actionnaires de sociétés
étrangères soupçonnées d'utiliser des biens
confisqués à des ressortissants américains par le
régime cubain. La loi d'Amato promulguée le
5 août 1996, met en place des sanctions contre les entreprises
étrangères qui réalisent des investissements dans le
domaine des hydrocarbures en Iran et en Libye.
L'Union européenne a dénoncé très fermement ces
législations et a adopté, en novembre 1996, un
règlement communautaire, dit " anti-embargo ", qui vise
à neutraliser les effets extraterritoriaux et à dissuader les
entreprises européennes de se conformer aux prescriptions ou mesures
américaines prises sur leur fondement. L'Union, qui avait
décidé en 1996 de porter plainte à l'OMC, a
néanmoins accepté de suspendre la procédure en
avril 1997, en échange d'une promesse de non-agression contre les
entreprises européennes et de la recherche d'un compromis global.
Au bout d'un an de négociations, lors du sommet euro-américain du
18 mai 1998, les Etats-Unis et l'Union européenne ont
trouvé un accord dans les termes suivants : les Etats-Unis
s'engagent à accorder des dérogations permanentes aux entreprises
de l'Union européenne au titre de la loi Helms-Burton pour autant que
ces entreprises continuent à ne pas être sanctionnées au
titre de la loi d'Amato.
Enfin, des dispositifs de même inspiration se sont multipliés au
niveau des Etats fédérés, conduisant la Communauté
à demander des consultations à l'OMC au titre de la violation de
l'accord plurilatéral sur les marchés publics (AMP). Devant
l'absence de résultat de ces consultations, l'Union a
décidé en juillet 1998 de demander à l'OMC
l'établissement d'une procédure officielle de règlement
des différends sur cette affaire.
Le régime fiscal des entreprises
Les Etats-Unis permettent à des entreprises de nombreux secteurs de
délocaliser une partie de leurs bénéfices liés
à des exportations dans des structures fiscales dites FSC
(" Foreign Sales Corporation "), implantées la plupart du
temps dans des paradis fiscaux, puis de rapatrier ces revenus sans payer
d'impôts. Il s'agit donc d'une subvention à l'exportation
interdite par l'accord sur les subventions et mesures compensatoires de l'OMC.
En 1997, l'Union a demandé des consultations à l'OMC, et, devant
l'absence de tous progrès, a demandé en juillet 1998
l'établissement d'un panel.
Les Etats-Unis ont par ailleurs demandé des consultations, visiblement
à titre de rétorsion, sur des mesures fiscales de cinq Etats
membres (Belgique, France, Grèce, Irlande, Pays-Bas). L'Union
européenne estime que les mesures fiscales évoquées sont
d'une ampleur très modeste par rapport au système des FSC, qui
coûte près de 1,5 milliard de dollars au budget annuel des
Etats-Unis.
Les lois antidumping
L'Union européenne a demandé à l'OMC en juin 1998 des
consultations sur une loi antidumping américaine de 1916 qui contrevient
aux dispositions de l'article VI du GATT et à son accord
interprétatif de l'Uruguay Round. cette loi donne, en effet, aux parties
plaignantes, des droits qui peuvent paraître excessifs au regard des
règles du GATT. Une plainte peut être déposée par
toute partie privée, ce qui permet au plaignant de ne pas être
représentatif de l'industrie nationale. Une simple intention de causer
un dommage suffit, en outre, à actionner la loi, les mesures
étant mises en place immédiatement sans les sauvegardes
procédurales de l'accord antidumping. La loi prévoit enfin des
dommages-intérêts élevés ou des peines
d'emprisonnement alors que l'accord de l'OMC n'autorise que des droits
antidumping.
3. La nécessité de poursuivre le dialogue transatlantique
Ces
différends devraient être au centre des négociations
commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne dans les
années à venir. Mais le cadre de ces négociations reste
à définir.
La Commission européenne a, en effet, proposé par la voix du
commissaire européen à la concurrence, Sir Léon Brittan,
de poursuivre ces négociations dans un cadre bilatéral en vue de
la création
d'un " nouveau marché transatlantique "
(NTM).
Cette proposition approuvée par la Commission le 11 mars
1998, tendait à engager des discussions dans quatre domaines :
l'élimination des obstacles techniques aux échanges, la
suppression d'ici l'an 2010 de tous les droits de douane sur les produits
industriels, la création d'une zone de libre échange pour les
services, l'adoption de mesures de libéralisation en matière
d'investissements, de marchés publics et de propriété
intellectuelle.
Le Conseil des ministres a cependant écarté ce projet ambitieux
en mars dernier. La France a notamment fait valoir que cette approche
bilatérale risquait de compromettre les efforts entrepris par l'Union
européenne pour obtenir de l'ensemble des membres de l'OMC une
libéralisation réciproque des échanges. Elle a
également souligné que rien n'indiquait que les Etats-Unis
acceptent d'exclure de cette négociation les secteurs de la culture et
de l'agriculture.
La Commission a donc proposé un programme d'action moins ambitieux,
visant à renforcer les relations commerciales bilatérales par des
accords ponctuels de libéralisation ou de reconnaissance mutuelle. Ce
programme, qui sera soumis au Conseil, s'inscrit également dans le cadre
de la reprise programmée des négociations au sein de l'OMC.
Votre commission souligne, dans cette perspective, la
nécessité de ne reprendre les négociations avec les
Etats-Unis qu'une fois que la chambre américaine des
représentants aura voté la procédure du " fast
track " qu'elle a rejeté en septembre. Cette procédure, qui
permet au Président des Etats-Unis de négocier un accord
commercial et de le soumettre au Congrès pour ratification sans que ce
dernier n'ait la possibilité de l'amender, est en effet essentiel au bon
déroulement des négociations.
CHAPITRE II -
L'ÉVOLUTION DE
L'EXCÉDENT COMMERCIAL
Le projet de budget du commerce extérieur pour 1999 s'inscrit dans un contexte marqué par un excédent commercial qui, après une forte croissance depuis plusieurs années, risque de se réduire en 1998 et 1999 .
I. UN EXCÉDENT COMMERCIAL RECORD EN 1997
A. ÉVOLUTION GÉNÉRALE ET COMPÉTITIVITÉ DES PRODUITS FRANÇAIS
1. Une forte progression du solde commercial
En
1997, le commerce extérieur français a encore fait preuve d'un
dynamisme exceptionnel. Pour la sixième année consécutive,
il dégage un excédent qui s'élève à
173,5 milliards de francs
(en données FAB/FAB, y compris le
matériel militaire), soit environ 2 % du PIB.
Ce résultat
est supérieur de près de 70 milliards de francs au
précédent record de 122,3 milliards de francs établi
en 1996.
Cette progression de notre excédent se situe dans un contexte de
très nette reprise des échanges internationaux. Les exportations
françaises se sont accrues de 13,7% contre 4 % l'année
précédente ; les importations ont également
augmenté à un rythme soutenu (+8 % contre + 2,6 %
en 1996).
La part de marché des produits français dans les pays
industrialisés reste stable en 1997, à 5,4 % contre 5,5%
l'année précédente. L'analyse de leur part de
marché par zone géographique montre qu'elle est stable en Europe,
en croissance dans les pays d'Asie et du Moyen-Orient, mais qu'elle recule en
Afrique.
2. L'évolution de la compétitivité française
La progression de l'excédent commercial français pour la sixième année consécutive s'explique en grande partie par une amélioration structurelle de la compétitivité des produits français, que ce soit en termes de prix ou en termes d'image et de qualité.
a) Une amélioration de la compétitivité prix à l'exportation
Les exportateurs français ont pu profiter du rééquilibrage des monnaies européennes depuis 1995, puis de l'appréciation du dollar, en 1996 pour reconstituer leurs marges à l'exportation tout en bénéficiant d'une amélioration de leur compétitivité-prix.
b) Une amélioration de l'image des produits français
La
compétitivité " hors prix " des produits
français, notion qui recouvre des dimensions telles que la
qualité, le nombre et la diversité des produits, l'étendue
des gammes et le caractère innovateur des biens offerts semble
également s'améliorer.
L'intégration européenne se traduit, en particulier, par une
rapide progression des échanges de produits semblables mais de
qualité différente. Dans cette évolution, la France
paraît spécialisée dans le produit de haute et moyenne
gamme.
Une enquête sur l'image des produits européens
réalisée par le Centre d'observation économique
témoigne de l'amélioration de l'image des produits
français, en terme de qualité et d'innovation mais souligne un
certain retard en matière de service commercial et de service à
la clientèle.
B. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE
Tous les secteurs ont contribué à l'amélioration du solde commercial de la France, à l'exception de l'énergie.
1. Une nouvelle dégradation du solde énergétique
Après six années de réduction, la facture
énergétique s'est alourdie pour la deuxième année
consécutive, atteignant 85,8 milliards de francs contre 79,1
milliards de francs en 1996 et 60,6 milliards de francs en 1995.
Cette évolution s'explique essentiellement par l'augmentation du dollar
qui renchérit le prix du pétrole, et cela en dépit d'une
baisse des cours du baril.
2. Une forte progression de l'excédent du solde des échanges industriels
La
croissance de l'excédent du solde des échanges industriels
amorcée au début des années quatre-vingt dix s'est
poursuivie en 1997. Les exportations françaises étant
composées à hauteur de 84 % de produits manufacturés,
cette évolution a largement contribué au redressement de notre
commerce extérieur.
Les biens d'équipement professionnels : le plus vigoureux des
secteurs
Parmi les exportations industrielles, les biens d'équipement
professionnel ont enregistré le plus fort excédent avec
63,7 milliards de francs. Deux postes ont particulièrement
contribué à cette évolution : d'une part, les ventes de
construction aéronautique qui ont progressé de 39 % ;
d'autre part, le commerce des machines de bureau et du matériel
électronique qui a connu une croissance rapide. Les échanges
extérieurs de téléphones cellulaires ont, en particulier,
plus que doublé par rapport à 1996, dégageant à eux
seuls un excédent de 4,5 milliards de francs.
Biens intermédiaires : retour au dynamisme
Après le retrait observé en 1996, dû essentiellement
à la baisse des cours mondiaux des matières premières
industrielles, les échanges de biens intermédiaires ont repris en
1997 : les exportations progressent, en effet, de 10,8 % par rapport
à 1996, les importations augmentent de 8,9 %. Le déficit
s'allège de plus de 6 milliards de francs, n'atteignant plus que
1,3 milliard. Le secteur des demi-produits non métalliques est
à l'origine de cette amélioration, le déficit des
matières premières minérales se creusant
légèrement et le solde des métaux et du produit de leur
travail restant à l'équilibre.
Automobile et transports terrestres : dynamisme des ventes, recul des
achats
En 1997, l'excédent des échanges du secteur " automobiles et
transports terrestres " a atteint le niveau record de 63,9 milliards
de francs. Le décalage de conjoncture observé en 1997 entre un
marché européen en progression et un marché
français en recul est le principal responsable de cette situation. En
effet, les exportations d'équipement automobile des ménages ont
fortement progressé, enregistrant une hausse de 23 %, tandis que
les importations reculaient de 13,4 %. En revanche, les échanges de
pièces et équipements de véhicules ont connu une vigueur
accrue à l'import comme à l'export. A l'opposé, le
commerce des véhicules utilitaires reste déprimé pour la
deuxième année consécutive.
Biens de consommation : déficit en baisse malgré la reprise
des importations
La catégorie des biens de consommation est composée de deux
secteurs : l'électroménager-électronique grand public
et les biens de consommation courante. Ces deux secteurs connaissent une
amélioration de leur solde depuis plusieurs années.
L'année 1997 s'inscrit dans cette tendance, avec un déficit en
baisse malgré la reprise des importations.
3. Un record absolu pour l'excédent agro-alimentaire
Traditionnel point fort français,
le secteur
agro-alimentaire est celui qui enregistre le plus gros excédent. Ce
dernier progresse fortement par rapport à 1996, gagnant près de
13 milliards de francs pour atteindre 64,3 milliards de francs
.
Cette augmentation, la plus forte enregistrée depuis dix ans, a lieu
dans un contexte de dynamisme important des échanges agro-alimentaires.
Les importations ont en effet retrouvé un mouvement de hausse
après la stagnation de 1996, les exportations augmentant, pour leur
part, de 10 %. Ces évolutions sont cependant très
contrastées d'un poste à l'autre.
Les ventes de vins s'accroissent de 25 % en 1997
Les exportations de vins ont enregistré en 1997 leur plus forte hausse
depuis dix ans. De ce fait, l'excédent du poste atteint
19,2 milliards de francs contre 15 milliards de francs l'année
précédente. L'excédent des boissons, alcools et tabacs
progresse également sensiblement à 10,8 milliards de francs
grâce à l'augmentation des ventes de champagne et de cognac.
Viandes et animaux vivants : une progression des exportations
Les importations d'animaux vivants continuent de décroître en 1997
tandis que les exportations renouent avec une croissance de plus de 8 %
après deux années de recul important. Les ventes de bovins en
particulier s'accroissent de 8,9 %. S'agissant des viandes et conserves de
viandes, le constat est proche : les achats restent stables et les exportations
augmentent de 10,5 % en 1997. Du fait de ces évolutions,
l'excédent des deux postes progresse fortement, atteignant près
de 13 milliards de francs au total.
Recul des échanges de céréales, légère
progression pour les fruits et légumes
Les exportations françaises continuent de subir les effets de la tension
mondiale sur le marché des céréales : le niveau des
ventes, en recul de 25,7 milliards de francs, soit 4,2 %, reste
très nettement inférieur aux montants atteints jusqu'en 1993. De
ce fait, l'excédent du poste diminue, atteignant 24,4 milliards de
francs contre 25,5 milliards de francs en 1996. Ce recul des exportations
céréalières françaises s'explique, notamment, par
l'augmentation de la production américaine et par une limitation
excessive des certificats d'exportation délivrés par la
Commission européenne qui n'a pas su anticiper l'évolution des
marchés.
Le solde est également stable pour les conserves malgré une
augmentation de 9,2 % des achats. Une légère progression
caractérise le solde des fruits et légumes : le déficit
passe de 4,7 milliards de francs à 4,4 milliards de francs
grâce à une croissance de 5,2 % des ventes.
De même, la vigueur des exportations de sucre, qui augmentent de
9,7 %, permet à l'excédent du poste d'atteindre
7,3 milliards de francs contre 6,6 milliards de francs en 1996.
La hausse des cours du café pèse sur les échanges
français
La forte hausse des cours du café intervenue au premier semestre 1997 a
pesé sur les échanges français, entraînant une
progression des achats de 29,6 % en valeur. C'est sous cette impulsion que
le déficit des produits agricoles exclusivement importés se
creuse, s'élevant désormais à 10,5 milliards de
francs en 1997.
C. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS
En
1997, la progression des exportations françaises est essentiellement le
fait des échanges avec les pays émergents d'Asie, de l'Europe de
l'Est, du Moyen-Orient ainsi qu'avec les pays de l'OCDE hors Union
européenne
.
Comme le montre le tableau suivant, les échanges avec ces pays
progressent, en effet, sensiblement plus vite qu'avec les Etats membres de
l'Union européenne.
VENTILATION GÉOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS
|
Année 1997 |
Evolution 97/96 |
||||
|
Importations |
Exportations |
Solde |
Imports |
Exports |
Taux de couverture |
Union européenne |
948 104 |
1 037 688 |
89 584 |
4,9 % |
11,3 % |
109,4 % |
UEBL (1) |
124 834 |
133 108 |
8 274 |
3,0 % |
6,4 % |
106,6 % |
Pays-Bas |
77 918 |
77 362 |
-557 |
4,2 % |
15,1 % |
99,3 % |
Allemagne |
257 168 |
262 327 |
5 159 |
3,2 % |
3,9 % |
102,0 % |
Italie |
151 840 |
153 368 |
1 528 |
3,6 % |
12,9 % |
101,0 % |
Royaume-Uni |
129 586 |
167 014 |
37 429 |
8,6 % |
20,7 % |
128,9 % |
Espagne |
103 339 |
132 699 |
29 360 |
4,3 % |
14,1 % |
128,4 % |
OCDE Hors UE |
280 902 |
249 052 |
-31 849 |
15,2 % |
16,2 % |
88,7 % |
Etats-Unis |
136 143 |
107 466 |
-28 677 |
18,1 % |
21,5 % |
78,9 % |
Japon |
52 048 |
28 438 |
-23 610 |
12,7 % |
3,8 % |
54,6 % |
Suisse |
36 887 |
58 056 |
21 170 |
5,4 % |
2,5 % |
157,4 % |
Pays de l'Est |
50 268 |
61 692 |
11 424 |
8,1 % |
29,8 % |
122,7 % |
Russie |
20 313 |
14 784 |
-5 528 |
-1,7 % |
44,3 % |
72,8 % |
Pays d'Asie à économie en développement rapide |
103 820 |
109 778 |
5 958 |
18,5 % |
31,6 % |
105,7 % |
Chine |
38 689 |
19 951 |
-18 738 |
24,4 % |
60,9 % |
51,6 % |
Moyen-Orient |
33 729 |
41 945 |
8 216 |
10,4 % |
20,1 % |
124,4 % |
Afrique |
67 300 |
87 433 |
20 133 |
9,3 % |
5,9 % |
129,9 % |
Reste du monde |
69 874 |
64 667 |
-5 207 |
16,7 % |
1,8 % |
92,5 % |
TOTAL CAF/FAB hors matériel militaire |
1 553 996 |
1 652 255 |
98 260 |
8,4 % |
13,3 % |
106,3 % |
Source
: Ministère de l'économie et des
finances (1)Union Economique Belgo-Luxembourgeoise
La forte augmentation du solde de la balance commerciale de la France en
1997 est néanmoins en grande partie imputable à la hausse
importante de notre solde avec les pays de l'Union européenne
:
l'excédent progresse fortement avec le Royaume-Uni ainsi qu'avec
l'Espagne, les deux plus importants excédents bilatéraux en 1997.
Le solde s'améliore avec la majorité des autres pays de l'Union
européenne.
L'évolution favorable de la balance commerciale avec les autres zones
géographiques vient amplifier ce mouvement : le solde avec
l'ensemble des pays tiers est, en effet, positif en 1997 alors qu'il
était auparavant structurellement déficitaire.
L'excédent se confirme avec les pays de l'Est et atteint un record avec
le Moyen-Orient. Les échanges avec les pays d'Asie à
économie en développement rapide enregistrent à nouveau un
solde positif notable après le déficit de 1996. En revanche, le
déficit avec les pays de l'OCDE hors Union européenne, notamment
les Etats-Unis, le Japon et la Norvège, se maintient à un niveau
relativement important.
Les évolutions de 1997 illustrent les tendances globales du commerce
extérieur français depuis dix ans. La progression des
échanges avec les pays émergents d'Asie et avec les pays de l'Est
est la plus importante au cours de cette période. A l'opposé, le
poids relatif dans les flux des pays de l'Union européenne, de l'Afrique
et, dans une moindre mesure, des autres pays de l'OCDE est en recul sensible.
II. LES PERSPECTIVES POUR 1998 ET 1999
Le retournement de la conjoncture internationale devrait conduire le solde du commerce extérieur français à se maintenir à un niveau élevé mais inférieur à celui des années précédentes .
A. L'EXCÉDENT DU COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA FRANCE DEVRAIT SE MAINTENIR À UN NIVEAU ÉLEVÉ
Au
premier semestre 1998, l'excédent du commerce extérieur devrait
atteindre 83 milliards de francs. Ce montant est légèrement
supérieur à celui enregistré pour la période
comparable de 1997.
Le solde commercial de 1998 devrait être, si cette tendance se poursuit,
nettement excédentaire malgré le ralentissement de la croissance
mondiale.
Sur le plan sectoriel, on observe au premier semestre un léger repli des
excédents industriels et agro-alimentaires, compensé par un
allégement de la facture énergétique résultant
principalement d'une baisse sensible du prix du pétrole.
L'excédent des échanges de biens d'équipement
professionnel se contracte également avec une diminution de près
de 10 % par rapport au premier semestre 1997.
Sur le plan géographique, nos échanges avec l'Asie se sont
dégradés de 14 milliards de francs, faisant apparaître
un déficit de 12 milliards de francs, compensé par
l'amélioration de nos positions excédentaires vers d'autres zones
comme l'Afrique et l'Amérique latine et certains pays européens
tels que l'Espagne et le Royaume-Uni.
Notre excédent avec l'Union européenne, dont la progression en
1997 participait pour 80 % à celle de notre solde total, se
maintient par rapport à la période comparable de l'année
précédente, mais s'inscrit en recul de 8,5 milliards de
francs par rapport au dernier semestre 1997.
1. La progression de nos exportations tend à se stabiliser
Le
dynamisme de nos exportations se traduit, au premier semestre, par une
progression de l'ordre de +10 % par rapport à la période
comparable de l'année précédente.
On observe cependant en glissement annuel un tassement du taux de croissance
des exportations qui était de 6,5 % en moyenne depuis 1990 avec un
pic à 14 % en 1997. La décélération de la
demande mondiale, en particulier, en Asie, est à l'origine de cette
tendance qui pourrait s'accentuer au second semestre. Nos exportations vers les
pays d'Asie en crise ont baissé de près de 18 %. Elles ont
en revanche fortement augmenté vers les Etats-Unis et le Japon.
L'ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS FRANÇAISES VERS
L'ASIE
EN CRISE SELON LES PAYS
(données brutes FAB-FAB, premier semestre 1998/premier semestre 1997,
hors matériel militaire en millions de francs)
Exportations |
1997 |
Variation |
|
|
Valeur |
Part |
1998/1997 1 |
Hong Kong |
17 181 |
19,1 % |
5,3 % |
Singapour |
15 389 |
17,1 % |
-12,2 % |
Taiwan |
14 219 |
15,8 % |
-7,0 % |
Corée du Sud |
11 155 |
12,4 % |
-22,9 % |
Philippines |
10 403 |
11,6 % |
21,1 % |
Indonésie |
8 687 |
9,7 % |
-73,5 % |
Malaisie |
7 303 |
8,1 % |
-45,3 % |
Thaïlande |
5 548 |
6,2 % |
-11,1 % |
Total Asie " en crise " |
89 884 |
100,0 % |
-17,9 % |
Source
: Douanes
Sur le plan géographique, la part des exportations françaises
destinées aux pays développés s'accroît en
particulier en direction de l'Union européenne, qui représente
63 % de nos exportations. Parmi les pays en développement, la
première zone de destination reste l'Asie (7 % du total), suivi par
l'Afrique (5 %).
Sur le plan sectoriel, nos exportations progressent dans des secteurs tels que
les biens d'équipement professionnel, les biens de consommation et
l'automobile. Elles stagnent en revanche dans le secteur agro-alimentaire.
La structure géographique de nos grands contrats civils confirme
l'ampleur de la crise en Asie. Seulement 800 millions de francs
d'exportations ont été enregistrés à ce titre au
dernier trimestre alors que celles-ci n'avaient jamais été
auparavant inférieures à 2 milliards de francs. Ce manque
à gagner est en partie compensé par nos bonnes performances en
Afrique (+23 %) et au Moyen-Orient (+17,5 %).
Il faut également relever les excellentes performances des contrats
civils hors aéronautique, qui atteignent 40 milliards de francs.
Les futurs contrats de TGV en Australie et à Taiwan ainsi que les
nouvelles commandes obtenues par Airbus Industrie au premier semestre,
devraient contribuer à la progression de ces secteurs.
2. ... Tandis que la croissance de nos importations se poursuit
Cette
tendance s'explique par la reprise de la demande intérieure. Au premier
semestre 1998, nos importations augmentent de 10 % par rapport au premier
semestre 1997.
Sur le plan géographique, ces importations proviennent à
près de 80 % des pays développés et en particulier de
l'Union européenne.
Sur le plan sectoriel, elles augmentent dans le domaine des biens
d'équipement professionnel et des biens destinés aux
ménages. La diminution la plus sensible concerne notre facture
énergétique.
B. LES RÉSULTATS DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS POUR 1999 DEVRAIENT CEPENDANT ÊTRE EN DEÇA DE CEUX ENREGISTRÉS LES ANNÉES PRÉCÉDENTES
Le ralentissement du commerce mondial ainsi qu'un contexte monétaire moins favorable pourraient, en effet, contribuer à limiter la progression de notre excédent commercial.
1. La demande mondiale adressée à la France se ralentit
Alors
qu'en 1997 la demande mondiale adressée à la France a
progressé de 9,3 %, elle reviendrait à 7,4% en 1998. Un tel
ralentissement ne peut que limiter le dynamisme de nos exportations.
Au premier semestre 1998, nos ventes en Asie ont déjà
reculé de 18 % par rapport à la même période de
1997. Ainsi,
l'excédent enregistré en 1997 avec les pays
émergents d'Asie risque de se transformer en déficit en 1998 et
en 1999
.
En valeur absolue, l'impact sur nos échanges devrait
être limité en raison de la faible part de nos exportations dans
cette zone. L'Asie constituait toutefois depuis deux ans la zone où
notre commerce extérieur connaissait la plus forte progression
.
LA
CRISE FINANCIÈRE EN ASIE
ET LE COMMERCE EXTÉRIEUR
FRANÇAIS
La part de l'Asie dans les exportations
françaises
Les pays émergents d'Asie actuellement touchés par la crise
financière (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Singapour,
Philippines, Corée du Sud, Taiwan, Hongkong) représentent
près de 5% des exportations françaises en 1997
(chiffre
FAB-FAB hors matériel militaire). Les principaux produits
exportés vers nos pays ont été l'aéronautique
(21%), le matériel électronique professionnel (21%),
l'équipement industriel (7%), le matériel électrique
(6 %), les parfums, boissons, alcools et tabacs (6 %).
L'impact de la crise sur les exportations françaises
Au premier semestre 1998, les exportations vers les pays d'Asie
précités ont reculé de 18 % par rapport à la
même période en 1997. Les secteurs des biens d'équipement
-dont l'équipement industriel, le matériel électronique
professionnel, la parfumerie et le poste des boissons, alcools et tabacs-
diminuent de 30 à 40 % par rapport au premier trimestre 1997.
Au-delà de l'effet direct sur nos exportations, la crise asiatique a
un effet indirect lié aux dévaluations des monnaies asiatiques
qui entraînent une perte de compétitivité prix des produits
français par rapport aux produits asiatiques, aussi bien sur le
marché national que sur les autres marchés.
On estime, en effet, que la dépréciation des monnaies asiatiques
devrait entraîner une hausse de notre taux de change effectif nominal de
plus de 2 % par rapport à 1997. Les gains relatifs des entreprises
asiatiques devraient affecter certains secteurs de l'industrie française
particulièrement exposés à la concurrence tels que
l'automobile, les fournitures électriques, les composants
électroniques, la construction navale, l'outillage,
l'électroménager, les matériels électroniques. Il
est toutefois difficile de mesurer l'ampleur de cet effet indirect sur le
commerce extérieur. Il dépend, en effet, de multiples facteurs
dont l'évolution des coûts de production en Asie et le
caractère complémentaire ou concurrentiel des produits
français et asiatiques.
L'impact de la crise asiatique sur le commerce extérieur de la France
doit enfin être apprécié au regard de ses
conséquences sur la croissance mondiale et ainsi indirectement sur la
demande extérieure adressée à la France. C'est sans doute
là, l'effet le plus important et le moins mesurable.
2. La compétitivité prix des entreprises françaises devrait se stabiliser
La
compétitivité prix de nos entreprises, après la forte
amélioration constatée en 1997, devrait se stabiliser en 1998, en
raison d'un contexte monétaire moins favorable. Les
dépréciations monétaires devraient conférer aux
pays asiatiques un avantage en terme de compétitivité prix dont
l'ampleur dépendra de leur capacité à maîtriser la
hausse de leurs coûts.
Au sein de l'Union européenne, la compétitivité de nos
produits devrait continuer à évoluer de manière
satisfaisante. Toutefois, du fait d'une croissance un peu plus vive en France
que dans la majorité des autres pays européens, notre solde avec
la zone euro devrait se dégrader sur l'ensemble de l'année,
après une baisse de notre excédent de 11 milliards de francs
au 1er semestre 98 par rapport au second semestre 1997.
Devant la diminution de la demande mondiale et l'intensification de la
concurrence internationale qui en résulte, l'économie
française ne peut maintenir son excédent commercial à son
niveau actuel que si les entreprises françaises gagnent des parts de
marché.
Cette situation doit inciter les pouvoirs publics à réduire les
coûts de production des entreprises françaises et à
accroître l'efficacité de leur politique de soutien aux
exportations.
CHAPITRE III -
LES PRINCIPAUX AXES DE LA POLITIQUE
ET DU BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
I. LA POLITIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
La politique du commerce extérieur menée par le Gouvernement s'inscrit, tant en matière de réforme des organismes d'appui du commerce extérieur que de soutien au développement international des PME, dans la continuité de l'action menée par le Gouvernement précédent.
A. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DES ORGANISMES D'APPUI AU COMMERCE EXTÉRIEUR
Initiée en 1996 par le précédent
Gouvernement,
à la suite du rapport établi par M. Jean-Claude Karpeles, la
réforme des organismes d'appui au commerce extérieur s'est
poursuivie en 1998.
Si le Gouvernement a, pour l'instant, renoncé à créer
une structure juridique unique regroupant le Comité français des
manifestations économiques à l'étranger (CFME), l'Agence
pour la coopération technique industrielle et économique (ACTIM)
et le Centre français du commerce extérieur (CFCE), les grandes
orientations de cette réforme semblent maintenues.
1. Le regroupement du CFME et de l'ACTIM
Le
regroupement du Comité français des manifestations
économiques à l'étranger (CFME) et de l'Agence pour la
coopération technique, industrielle et économique (ACTIM) au sein
d'une structure unique de promotion internationale a été
opéré en 1997 par l'extension des statuts de l'ACTIM aux
activités du CFME.
La nouvelle association dénommée " CFME-ACTIM, Agence pour
la promotion internationale des technologies et des entreprises
françaises " est placée sous la tutelle de la Direction des
relations économiques extérieures.
Un an et demi après cette fusion, le bilan de cette fusion
apparaît satisfaisant.
Au niveau opérationnel, le regroupement a permis de mieux orienter les
opérations réalisées auparavant par le CFME autour des
salons spécialisés et des grandes expositions avec les actions de
l'ACTIM en matière de communication, d'organisation de colloques, et de
relations avec les anciens stagiaires de l'ACTIM.
Au niveau du fonctionnement, le budget du CFME-ACTIM pour 1998 a
regroupé pour la première fois l'ensemble des activités
des deux associations. La CFME-ACTIM est ainsi financée à
46 % par une dotation de l'Etat, le restant étant assuré par
des ressources propres dont la participation des entreprises à la
gestion des coopérants du service national en entreprise (CSNE). Le
système de cotisation et de facturation des entreprises a, par ailleurs,
été revu à l'occasion du regroupement des deux
associations. Le nouveau système comporte une cotisation proportionnelle
au chiffre d'affaires de l'entreprise à laquelle s'ajoute un
système de facturation des services.
Ce regroupement s'est traduit, en 1998, par une augmentation des
dépenses opérationnelles et par une réduction des
dépenses de fonctionnement réalisée sur les charges de
personnel.
2. Une nouvelle définition des missions du CFCE
Conformément aux orientations du rapport établi
par
M. Jean-Daniel Gardère, le Gouvernement a souhaité
redéfinir les missions du CFCE. Dans cette perspective,
une nouvelle
convention d'objectif a été signée en 1998 entre le
secrétaire d'Etat au commerce extérieur et le directeur
général du CFCE.
Cette réforme devrait se traduire par un recentrage de l'activité
du CFCE autour des missions de repérage, de collecte, de promotion et de
diffusion des informations sur les marchés étrangers et par un
renforcement des liens entre le CFCE et les autres structures participant au
dispositif d'appui au commerce extérieur.
Dans ce but, le CFCE s'est fixé trois objectifs :
- accroître la qualité, l'exhaustivité et la
réactivité de la chaîne de l'information par une nouvelle
articulation des responsabilités entre les postes d'expansion
économique et le CFCE. Dans cette perspective, sont prévus un
nouvel organigramme, un catalogue commun de prestations, la conception de
nouveaux moyens d'accès à l'information, une programmation des
actions resserrée sur des actions phares et une plus grande coordination
avec la CFME-ACTIM ;
- garantir aux entreprises une prestation d'ensemble cohérente et
orienter les logiques et les comportements de travail en réseau vers la
satisfaction de la clientèle. Cet axe de travail se traduira notamment
par un renforcement de la politique de communication externe, la mise en oeuvre
avec la CFME-ACTIM de dispositifs de fidélisation de la
clientèle et d'une démarche qualité ;
- exploiter toutes les synergies possibles avec les autres intervenants du
dispositif d'appui au commerce extérieur par la recherche d'une
véritable politique de partenariat sur des programmes concrets :
relais des centres régionaux de diffusion de l'information (CRDI),
opérations de promotion de la CFME-ACTIM, projet de mise en place d'un
numéro téléphonique national, soutien à la
création de sites internet dans les entreprises.
3. Le rapprochement de la CFME-ACTIM et du CFCE
Tout en
s'inscrivant dans les orientations du rapport de M. Jean-Claude Karpeles
qui prônait la réunion au sein d'un seul organisme des structures
chargées de l'information et de la promotion, le Gouvernement a
souhaité adopter une démarche progressive et procéder dans
un premier temps à un rapprochement opérationnel qui pourrait
à terme déboucher sur la création d'une structure
juridique unique.
Il est ainsi apparu plus adapté de ne pas fusionner
les deux structures avant de procéder à un rapprochement des
équipes et des méthodes de travail.
Dans cette perspective,
une convention de rapprochement a été
signée le 2 juillet 1998 entre les instances dirigeantes de la
CFME-ACTIM et du CFCE
par laquelle les deux organismes s'engagent
à :
- coordonner systématiquement la programmation de leurs actions
afin de proposer aux entreprises des gammes de prestation
cohérentes ;
- mettre en place un guichet commun d'orientation ;
- élaborer de manière concertée leurs actions de
communication ;
- proposer aux entreprises des programmes associant des prestations
confectionnées à partir de services appartenant aux deux
structures ;
- rapprocher les conditions d'accès à leurs prestations ;
- négocier de manière commune ou coordonnée, dans
tous les domaines où cela est possible, les accords qu'ils passeront
avec leurs fournisseurs et partenaires.
La convention prévoit également une harmonisation des
systèmes d'information et des fichiers d'entreprises ainsi que la
réalisation en commun d'appels d'offres. Des échanges de
personnel et des réunions communes des dirigeants et de leurs
collaborateurs devraient être organisées pour assurer une bonne
information réciproque sur tous les sujets d'intérêt
commun. Un aménagement des statuts devrait également être
étudié en vue de permettre une représentation
réciproque des instances dirigeantes dans l'un et l'autre organisme.
Le ministère envisage enfin un regroupement physique des deux
entités sur un site commun. Cette opération permettrait de
renforcer la coopération entre les services et d'obtenir des
économies budgétaires par la mise en place de services communs et
la contraction des dépenses de fonctionnement.
Votre rapporteur pour avis se félicite de la poursuite de la
réforme des organismes d'appui au commerce extérieur. Il souligne
que l'enjeu de cette réforme de structure, qui doit aboutir à la
création d'un guichet unique du soutien à l'exportation, est de
simplifier l'accès des entreprises aux appuis du réseau public.
B. LA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS DES PME
L'appui au développement international des PME constitue depuis quelques années une priorité de notre politique de soutien du commerce extérieur. Si la participation des PME françaises au commerce international s'accroît, elle reste, en effet, encore insuffisante .
1. L'encouragement des PME à l'exportation, un enjeu majeur de la politique du commerce extérieur
A
côté de quelques 300 grandes entreprises qui réalisent
53 % des exportations françaises, il existe des milliers de PME
engagées à divers degrés dans une stratégie de
développement international.
Par rapport à la situation prévalant voici une dizaine
d'années où notre commerce extérieur dépendait
très largement des grands contrats conclus par quelques grands groupes
français, l'émergence d'une classe de PME exportatrices est
incontestablement un progrès appréciable.
On observe toutefois que sur les 47 % d'exportations
réalisées par les PME, 45 % sont le fruit d'une cohorte de
40.000 PME engagées de façon durable dans une
stratégie internationale.
Pour le reste ce sont 140.000 exportateurs plus ou moins occasionnels
qui ne participent aux exportations françaises qu'à hauteur de
3 %. Ces PME constituent un potentiel de développement des
exportations françaises que les pouvoirs publics se doivent
d'exploiter.
Nos exportations sont, en effet, réalisées par un nombre encore
trop restreint d'entreprises. D'après une étude du cabinet Exco
& Grant Thornton International sur les PME européennes, 49 %
des PME françaises interrogées étaient exportatrices,
contre 54 % en moyenne dans l'Union européenne, 56 % en Italie
et 52 % en Allemagne.
Il faut également relever que la proportion des PME françaises
pour lesquelles l'exportation constitue une part marginale du chiffre
d'affaires est en France relativement élevée. 38 % des PME
exportatrices françaises génèrent moins de 5 % de
leur chiffre d'affaires sur les marchés extérieurs, contre
29 % en moyenne pour les PME exportatrices de l'Union. Seules 42 %
d'entre elles génèrent plus de 10 % de leur chiffre
d'affaires à l'exportation, contre 52 % des PME européennes
exportatrices.
Les origines de cette situation sont complexes et tiennent pour une part
à l'histoire industrielle de notre pays. Les obstacles au
développement international des PME sont, en outre, variables selon les
secteurs et les situations ; certains obstacles sont communs à
l'ensemble des PME qui n'exporte pas encore sur les marchés
étrangers. Les plus fréquemment cités étant :
- la difficulté d'accès à une information lisible,
utile et fiable sur les marchés étrangers ;
- l'absence de moyens humains suffisants pour développer des
démarches à l'exportation ;
- l'absence d'appui sur place pour accompagner les premières
démarches commerciales à l'étranger du représentant
de l'entreprise ;
- les difficultés financières tant en matière de
trésorerie que de couverture des risques liés aux
opérations d'exportation ;
- la réticence de certains chefs d'entreprises à rechercher
des nouveaux clients hors de l'Hexagone.
Après avoir longtemps privilégié les grands contrats,
la politique française du commerce extérieur doit se recentrer
sur l'accompagnement des PME dans leur développement international afin
de les aider à surmonter ces obstacles.
2. Les orientations de la politique d'appui des PME aux exportations
Dans la continuité de la politique menée par le précédent Gouvernement, le Secrétariat d'Etat au commerce extérieur souhaite, d'une part, faciliter l'accès des PME aux dispositifs d'appui aux exportations et, d'autre part, adapter les aides financières à leurs besoins.
a) Faciliter l'accès des PME aux réseaux d'appui aux exportations
Faciliter l'accès des PME aux réseaux d'appui aux
exportations suppose notamment de mieux coordonner les actions des
différents intervenants de la politique du commerce extérieur au
niveau régional.
Comme l'a montré un récent sondage réalisé en 1998
par CSA opinion pour le Secrétariat d'Etat au commerce extérieur,
46% des PME ne savent pas clairement à qui s'adresser lorsqu'elles
recherchent un appui pour se développer à l'international.
Les PME bénéficient pourtant d'un réseau d'appui au
commerce extérieur composé d'une multiplicité
d'intervenants implantés dans chaque région.
Le réseau consulaire pour l'appui des entreprises à
l'international comprend, outre les cellules export des Chambres de commerce et
d'industrie, le réseau des Chambres de commerce et d'industrie
françaises à l'étranger.
Les directions régionales du commerce extérieur (DRCE) disposent
quant à elles, d'un accès privilégié à
l'ensemble des informations récoltées par les postes d'expansion
économique et mettent en oeuvre les politiques initiées par la
Direction des relations économiques extérieures.
Les PME peuvent également s'adresser au réseau de la COFACE qui
dispose de 22 directions régionales.
D'autres services d'Etat participent en région au développement
international des entreprises. C'est notamment le cas des Directions
régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement
(DRIRE).
Les collectivités territoriales disposent enfin de plus en plus
fréquemment de services chargés du soutien au
développement international des entreprises locales.
La multiplicité des intervenants permet certes de mobiliser des
ressources financières et humaines importantes. Elle nuit cependant
à la cohérence d'ensemble du dispositif. Le sondage
précité illustre l'absence de lisibilité du réseau
d'information et son manque de stratégie commune
.
C'est pourquoi, le Gouvernement projette-t-il avant tout de mieux coordonner
les dispositifs existants au niveau régional, notamment par le
biais :
- du regroupement, lorsque c'est possible, des organismes de promotion du
commerce extérieur ;
- de la conclusion de conventions régionales à l'exportation
(COREX). Celles-ci permettent de coordonner les différentes actions de
promotion et d'information entreprises au niveau régional, à
travers une programmation négociée entre les principaux
organismes régionaux d'appui au commerce extérieur.
- de la mise en place de procédures de détection et
d'accompagnement des PME, en coordination avec plusieurs directions
régionales du commerce extérieur (DRCE), des organismes
régionaux et des partenaires privés.
Une expérimentation a ainsi été initiée entre
quatre DRCE : l'Alsace, l'Aquitaine, la Bretagne et l'Ile-de-France, et
huit PEE. Les DRCE expérimentales s'engagent à détecter
avec l'ensemble de leurs partenaires régionaux, des PME à fort
potentiel international. Les PEE pilotes s'engagent à les accompagner
sur leurs marchés avec l'ensemble de leurs partenaires. Le parrainage
régional des PME est ainsi relayé par un accueil
personnalisé au sein des PEE ;
- du développement des nouvelles technologies de l'information et
la création de sites Internet dédiés aux PME .
Votre commission souligne la nécessité de poursuivre dans
cette voie. Le réseau d'appui aux exportations est
apprécié par les PME qui l'utilisent. Il convient aujourd'hui de
le rendre plus accessible, plus connu et mieux coordonné.
Comme l'a souligné le rapport d'information de M. Francis Grignon
sur les enseignements à tirer pour l'aide aux petites et moyennes
entreprises françaises du rôle joué par la Small Business
Administration aux Etats-Unis
3(
*
)
l'efficacité d'un dispositif d'aide aux PME découle en effet de
l'accessibilité des structures administratives qui en ont la
charge.
b) Adapter les procédures d'appui aux besoins des petites et moyennes entreprises
Les PME
qui souhaitent amorcer le développement de leurs exportations peuvent
bénéficier de plusieurs types d'aides :
- Les aides des contrats de plan Etat/région
Ces aides semblent connues et appréciées des entreprises. Le
bilan pour 1997 en témoigne : près de 1.200 aides ont
été délivrées l'année dernière. Le
niveau de consommation des crédits est élevé, traduisant
la forte demande des PME, et notamment des plus petites d'entre elles, qui
constituent les trois-quarts de la clientèle.
Ces aides peuvent soutenir le démarrage d'une démarche export, le
recrutement de personnel chargé des exportations et l'implantation
d'une structure commerciale légère à l'étranger.
- L'assurance prospection, qui reste un des principaux outils à
la disposition des PME pour leur développement international
Cette procédure aide l'exportateur à faire face à ses
dépenses de prospection sur les marchés étrangers et
l'indemnise en cas d'échec commercial. Trois produits sont
proposés : l'assurance foire pour une participation à une
manifestation commerciale à l'étranger ; l'assurance
prospection simplifiée (APS) pour repérer les
débouchés les plus porteurs ; l'assurance prospection
normale (APN) pour prospecter des zones plus ciblées et souvent plus
lointaines.
Le bilan 1997 témoigne du succès de ces procédures
auprès des entreprises ; 2.100 nouveaux contrats ont
été souscrits par des sociétés de taille souvent
modeste, 91 % d'entre elles réalisant un chiffre d'affaires
inférieur à 100 millions de francs.
Cette procédure a connu des améliorations récentes pour
répondre aux besoins des PME :
- dans le cadre d'un contrat d'assurance prospection simplifiée,
les entreprises qui souhaitent prospecter majoritairement les pays de l'Union
européenne peuvent désormais bénéficier d'un
troisième exercice de garantie ;
- l'assurance foire a été élargie aux dépenses
de participation à certains salons de rayonnement international
organisés en Union européenne, y compris en France.
- l'assurance prospection normale couvre désormais, dans le cadre
d'une démarche commerciale globale, les dépenses relatives
à la préparation d'implantations industrielles dans les pays hors
Union européenne ;
-
Les garanties de la BDPME
La Banque de développement des PME (BDPME) a été mise en
place, fin 1996, pour devenir l'instrument privilégié du soutien
apporté par l'Etat aux petites et moyennes entreprises.
Regroupant deux structures qui fonctionnaient jusqu'alors de façon
séparée, le Crédit d'équipement des PME (CEPME) et
la SOFARIS, la BDPME intervient systématiquement en partenariat avec les
banques et les établissements financiers ou à l'initiative de ces
derniers.
Son activité à l'international est liée au Fonds de
développement international de la SOFARIS qui se décline en deux
volets principaux : garantie de cautions export et garantie de prêts
bancaires. Dans tous les cas, la BDPME garantit le banquier contre le risque de
défaillance de l'entreprise française.
Le volet " cautions export " incite les banques à accorder des
cautions aux entreprises ayant obtenu des contrats à l'exportation.
Cette procédure est la plus utilisée à
l'international : 419 entreprises en ont
bénéficié en 1997, représentant un montant de
concours garantis de 1,4 milliard de francs.
Le volet " prêts bancaires " soutient les opérations de
financement liées au développement international d'une PME.
172 projets ont été acceptés en 1997 pour un montant
de concours garantis de 279 millions de francs.
Ces instruments ont, en outre, été complétés par
de nouveaux outils destinés à favoriser l'implantation des PME
à l'étranger :
Une entreprise en phase de préparation d'une implantation à
l'étranger peut désormais bénéficier de plusieurs
nouveaux appuis financiers, notamment communautaires:
- le financement partiel de l'étude de faisabilité à
la création d'une co-entreprise hors Union européenne, dans le
cadre des programmes européens ECIP (European Community Investment
Partners) ;
- le financement partiel de l'étude de faisabilité, des
dépenses d'évaluation et de montage d'un partenariat avec une
entreprise européenne, dans le cadre des programmes communautaires en
faveur des PME ;
- la garantie des dépenses de préparation de
l'investissement, dans le cadre d'une assurance prospection, si le projet
d'implantation s'inscrit dans un programme stable de prospection et
présente des retombées positives pour l'économie
française ;
- le financement partiel de l'étude de faisabilité, dans le
cadre du Fonds d'études et d'aide ou Secteur privé (FASEP), si le
projet concerne un pays en développement ou en transition,
présente un caractère de coopération, et si des
retombées positives sont envisageables pour l'économie
française.
En matière d'investissement, une nouvelle procédure d'appui
aux entreprises se substituera désormais à celle
gérée par le Comité de développement
extérieur (CODEX)
.
Parallèlement à la réforme du dispositif de
coopération, le Ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie a décidé une réforme des protocoles
financiers, dans une perspective de renforcement de l'appui apporté au
développement international des entreprises françaises et
à leur présence dans les pays émergents.
Le Fonds d'études et d'aide au secteur privé (FASEP),
créé en 1996, va ainsi être renforcé, avec notamment
la mise en oeuvre d'un volet " Appui au secteur privé " qui se
substitue aux différents outils d'aide à l'investissement
existants, dont le CODEX.
Ce nouveau volet du FASEP prendra la forme d'un fonds de garantie qui pourra
intervenir en appui d'opérations d'apports en fonds propres
d'entreprises à leurs filiales étrangères, de
participation de sociétés de capital-risque dans les filiales
françaises à l'étranger ou de prêts consentis
à des entreprises étrangères à participation
française.
C. LA RÉFORME DU SERVICE NATIONAL ET L'AVENIR DES COOPÉRANTS DU SERVICE NATIONAL
Les
formes civiles de service national de la coopération ont jusqu'à
présent fourni un soutien important à la promotion du commerce
extérieur que ce soit au sein des postes d'expansion économique
ou des entreprises implantées à l'étranger.
La direction des relations économiques extérieures a
disposé, en 1997, de 260 coopérants du service national en
administration (CSNA) affectés dans les postes d'expansion
économique, qui ont apporté une contribution très
appréciée dans l'accompagnement des entreprises. Le nombre de
coopérants du service national en entreprise (CSNE) s'est
élevé, quant à lui, à 3.570. Cette procédure
constitue également un puissant instrument de soutien au
développement international des entreprises.
C'est pourquoi, la mise en oeuvre de la loi du 28 octobre 1997, qui
suspend le service obligatoire pour les jeunes gens nés après le
31 décembre 1978, constitue un enjeu important pour les
années à venir.
Les jeunes hommes nés avant le 1er janvier 1979 sont
incorporables jusqu'en 2002, mais la décrue progressive de ces effectifs
rend indispensable l'organisation, au plus tôt, du régime du
volontariat. D'ores et déjà, les jeunes nés après
cette date ne disposent plus, au sein du dispositif public, de support leur
permettant d'effectuer une expérience longue à l'étranger.
Pour combler cette lacune, il a été proposé au Premier
ministre un avant-projet de loi portant création d'un service national
fondé sur le volontariat, notamment dans le domaine international.
L'avant-projet de loi devrait répondre, s'agissant du volontariat
international, à un double souci : préserver et adapter un
outil existant et utile aux acteurs économiques, conserver un pouvoir
d'attraction auprès des jeunes malgré son caractère
volontaire et non plus obligatoire. A cet effet, quelques principes et
conditions ont été proposés :
- les jeunes hommes et jeunes filles de 18 à 30 ans
accompliraient leur mission dans le cadre d'un statut public auprès des
postes d'expansion économique ou des entreprises françaises ;
- la durée du volontariat s'échelonnerait selon le cas entre
12 et 24 mois, au lieu de 16 mois dans le cadre actuel ;
- les volontaires recevraient, en dehors de toute
rémunération, une indemnité nécessaire à
leur subsistance et à leur équipement. Cette indemnité
comprendrait une partie commune à tous et une part variable selon le
pays d'affectation. Son niveau devrait permettre de couvrir aussi justement que
possible le coût de la vie dans chaque pays, tout en ne pesant pas de
manière excessive sur le budget des entreprises ou de l'Etat ;
- les volontaires bénéficieraient d'une protection sociale
contre les principaux risques afférents à leur mission.
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur les conséquences de la
réforme du service national pour les entreprises françaises
implantées à l'étranger et pour les postes d'expansion
économique. Il souhaiterait que le Parlement puisse disposer
d'estimations sur l'évolution des effectifs de CSN après la
réforme.
II. LE BUDGET DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Le
budget du commerce extérieur français est réparti dans
trois fascicules budgétaires :
- celui des services financiers, qui retrace les crédits mis
à la disposition de la Direction des relations économiques
extérieures (DREE) et des services et organismes placés sous sa
tutelle ;
- celui des charges communes, qui contient les crédits
destinés au financement de garanties et subventions du commerce
extérieur ;
- celui des comptes spéciaux du Trésor sur lesquels sont
imputés les crédits affectés à des consolidations
d'emprunts et à des prêts d'aide publique au développement.
Au total, les crédits affectés aux interventions de l'Etat
dans le domaine du commerce extérieur s'élèvent dans le
projet de loi de finances pour 1999 à 2,89 milliards de francs en
crédits de paiement, en diminution de 47 % par rapport aux 5,47
milliards de francs figurant dans le budget initial pour 1998. Il est
également prévu 4,7 milliards de francs en autorisations de
programme, soit une diminution moindre de 10,4 %.
Cette diminution des crédits résulte exclusivement de la baisse
des crédits affectés aux mécanismes d'aides aux
exportations, les crédits affectés aux services et aux organismes
de soutien au commerce extérieur enregistrant, quant à eux, une
augmentation.
A. LES SERVICES ET ORGANISMES CHARGÉS DE LA PROMOTION DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Les
crédits destinés à la Direction des relations
économiques extérieures (DREE) pour 1999 s'élèvent
à 1,3 milliard de francs en crédits de paiement et
autorisations de programme, en augmentation de 8 % par rapport au budget
voté pour 1998.
S'appuyant sur 166 postes d'expansion économique, sur
24 directions régionales du commerce extérieur ainsi que sur
l'ensemble des organismes de promotion du commerce extérieur, la DREE a
pour mission d'assurer :
- la diffusion aux pouvoirs publics et à l'ensemble des acteurs du
développement international des informations économiques et
commerciales collectées dans le monde entier ;
- la promotion des exportations de biens et de services ;
- le développement des investissements français à
l'étranger ;
- la préparation des accords commerciaux et financiers
internationaux.
1. Les services de l'expansion économique
Les
crédits destinés aux postes d'expansion économique
à l'étranger et aux directions régionales du commerce
extérieur s'élèvent à 1,03milliard de francs de
crédits de paiement, en progression de 7,5 % par rapport à
1998
.
Cette progression recouvre des évolutions contrastées :
- les dépenses de personnel (774,1 millions de francs)
augmentent de 9,7 % ;
- les dépenses de fonctionnement (242,5 millions de francs)
diminuent de 1,9 % ;
- les dépenses d'investissement immobilier (20 millions de
francs en crédits de paiement) progressent de 66,6 %.
SERVICES FINANCIERS
BUDGET DES SERVICES DE L'EXPANSION ÉCONOMIQUE
Nature des crédits |
PLF 1998 |
PLF 1999 |
% LFI 1999/98 |
Chap 31-90 et suite Dépenses de personnel |
706,7 |
774,76 |
+ 9,73 % |
Chap 3498 Matériel et fonctionnement courant |
221,30 |
213,63 |
- 3,47 % |
Chap 3495 Informatique |
21,10 |
24,00 |
+ 13,74 % |
Chap. 3794 Frais de justice et de réparation civile |
0,10 |
0,10 |
0,00 % |
TITRE III |
948,57 |
1 012,43 |
+ 6,74 % |
Chap. 57-90 Immobilier AP |
17,00 |
20,00 |
+ 17,65 % |
CP |
12,00 |
20,00 |
+ 66,67 % |
Total budget des services financiers (DO+AP) |
965,57 |
1 032,49 |
+6,93 % |
Total budget des services financiers (DO + CP) |
960,57 |
1 032,49 |
+ 7,49 % |
Effectifs (hors CSN) |
1 168 |
1 148 |
- 1,71 % |
Source
: PLF 1999
Le plan de redéploiement du réseau de l'expansion
économique devrait se poursuivre en 1999, avec toutefois quelques
inflexions pour tenir compte de la crise asiatique.
La réduction des effectifs dans les pays de l'OCDE sera poursuivie avec
cependant un ralentissement du déploiement en direction des pays
émergents. Les postes de Khartoum, Gaborone et de Stuttgart seront
fermés ou rattachés à d'autres postes existants. Des
antennes seront ouvertes au Turkmenistan et à Poznam en Pologne.
Votre commission invite le Gouvernement à ne pas diminuer ses efforts
en direction des pays émergents. La crise actuelle ne doit pas nous
faire oublier que cette zone dispose pour les décennies à venir
d'un des plus forts potentiel de croissance au monde. Il est donc
nécessaire que nos entreprises puissent dés la reprise de la
croissance dans ces pays bénéficier de tous les soutiens
nécessaires et en particulier de l'appui des postes d'expansion
économique.
Ces redéploiements s'accompagneront d'un effort de réduction
d'effectifs qui se traduira en 1999 par la suppression de 20 emplois, soit
1,7 % des effectifs budgétaires de 1998.
Votre rapporteur pour avis souligne la nécessité de veiller
à ce que la réduction des effectifs et leur redéploiement
ne conduisent pas à vider les postes d'expansion économique de
personnel disposant d'une compétence spécifique dans le domaine
agro-alimentaire. Ce secteur qui constitue un enjeu considérable pour le
commerce extérieur français exige, en effet, une attention
particulière et des connaissances techniques et commerciales
approfondies.
2. Les organismes de promotion du commerce extérieur
Le
montant global des dotations aux organismes d'appui au commerce
extérieur pour 1999 s'élève à 280 millions de
francs de crédits de paiement, contre 245,6 millions de francs en
1998, soit une augmentation de 14,2 %.
Depuis la fusion du Centre français des Manifestations à
l'étranger (CFME) et de l'Agence pour la coopération technique,
industrielle et économique (ACTIM), cette dotation est répartie
entre le Centre français du commerce extérieur (CFCE) et l'Agence
pour la promotion internationale des technologies et des entreprises
françaises, la CFME-ACTIM.
Cette augmentation recouvre deux mouvements opposés :
- les moyens destinés au CFCE augmentent de 6,6 % passant
de 120 à 128 millions de francs. Cette augmentation s'inscrit dans
le cadre de la modernisation de l'établissement et du renforcement de
ces moyens de communication ;
- les crédits attribués à la CFME-ACTIM passent de
125 millions de francs à 116,3 millions de francs soit une
diminution de 6,8 % par rapport à 1998.
Cette année, le programme d'action du CFME-ACTIM prévoit
175 opérations de promotion sur les foires et salons, 4 grandes
expositions à Djakarta, Tokyo, Manille et Moscou.
Le programme pour 1999 se caractérise par une augmentation du nombre
total d'opérations, qui passerait de 175 à 201, et par un
rééquilibrage entre les activités de foires et salons et
les opérations de coopération technique. Les principales
caractéristiques de la répartition géographique des
programmes demeurent inchangées : maintien de la prédominance de
l'Asie en dépit du contexte de crise ; renforcement des
opérations en Afrique, accroissement de notre présence dans les
PECO.
Il convient d'observer que les moyens de la CFME-ACTIM sont en diminution alors
même que le nombre des opérations programmées augmentent.
Votre commission espère que la CFME-ACTIM parviendra à remplir
ces objectifs avec des moyens ainsi réduits. Il rappelle qu'en 1996, le
rapport de M. Nicolas Forissier, député de l'Indre, sur le
dispositif d'appui au développement international des entreprises
soulignait déjà que l'effort consenti en France pour la
participation des entreprises françaises aux foires et salons à
l'étranger était en moyenne deux fois moins élevé
qu'en Allemagne et en Italie.
Votre commission souhaiterait que le Gouvernement réaffirme la
priorité qu'il entend accorder à ce type d'actions, qui sont
essentielle au développement international des PME
.
B. LES MÉCANISMES D'AIDE OU DE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS
Les
dotations des procédures d'aide à l'exportation dispersées
dans le fascicule des " charges communes " et dans les comptes
spéciaux du Trésor s'élèvent pour 1999, à
1,5 milliard de francs de crédits de paiement, contre 4,2 milliards
de francs en 1998, soit une diminution de près de 63% et à 3,4
milliards de francs en autorisations de programme, soit une baisse de 16 %.
Cette diminution affecte tant les dispositifs de soutien au commerce courant
que de soutien aux grands contrats.
1. Le soutien au commerce courant
Pour
1999, les crédits affectés aux trois principaux dispositifs qui
concourent au soutien au commerce courant s'élèvent à
322 milliards de francs, soit une diminution de 35,6 % par rapport
à 1998.
EVOLUTION DES CRÉDITS AFFECTÉS AU COMMERCE
COURANT
En millions de francs |
LFI 1998 |
PLF 1999 |
Variations en % |
Assurance prospection |
400 |
265 |
-33,7% |
Codex |
56 |
10 |
-82,1 % |
Contrat de plan |
44 |
47 |
-6,8 % |
TOTAL |
500 |
322 |
-35,6% |
Source : DREE
a) L'assurance prospection
L'assurance prospection de la COFACE prend en charge pendant la
période de garantie, une partie des dépenses engagées par
les entreprises par leur prospection à l'étranger. Le
remboursement intervient plus tard lorsque les entreprises développent
un courant d'affaires à l'exportation. En 1997, plus de 2000 entreprises
ont bénéficié de ce dispositif :
-
l'assurance prospection simplifiée (APS) :
en 1997, cette
assurance a représenté 38,3 % des contrats signés.
Plus de la moitié des entreprises bénéficiaires de ce type
de contrat réalise un chiffre d'affaires inférieur à 10
millions de francs ;
-
l'assurance prospection normale (APN) :
en 1997, cette assurance
a représenté 16,5 % des contrats conclus. 80 % des
entreprises auxquelles un contrat d'APN a été
délivré, ont réalisé un chiffre d'affaires
inférieur à 100 millions de francs ;
-
l'assurance foire (AF)
permet de couvrir à hauteur de
65 %, les frais engagés par une entreprise sur un salon
organisé dans les pays hors Union européenne et depuis 1997, sur
quelques manifestations situées en Union européenne, y compris en
France. Cette procédure rencontre un vif succès auprès des
entreprises, en particulier les plus petites d'entre elles. Sa clientèle
est constituée à 90 % de sociétés
réalisant un chiffre d'affaires inférieur à
100 millions de francs. En 1997, 941 contrats ont été
signés contre 630 en 1996, soit 45,2 % du nombre total des contrats.
Le nombre de contrats d'assurance prospection toute catégorie confondue
s'est accru passant de 6.218 en 1997 à 6.557 en 1998 sans que le
coût budgétaire de la procédure n'en soit cependant
affecté.
EVOLUTION DES CRÉDITS AFFECTÉS A L'ASSURANCE PROSPECTION
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
PLF 1999 |
Nombre de demandes |
2 227 |
2 266 |
2 598 |
2 472 |
2 313 |
2 041 |
- |
- |
Nombre de contrats |
1 466 |
1 452 |
1 775 |
1 775 |
1 728 |
2 081 |
- |
- |
Crédit évaluatif |
415 |
340 |
400 |
400 |
415 |
400 |
400 |
270 |
Résultat comptable |
332 |
352 |
314 |
314 |
345 |
243 |
290 |
|
Source
: DREE
Le résultat comptable de l'assurance prospection devrait, en effet, se
situer en 1998 aux environs de 290 millions de francs en augmentation par
rapport aux 243 millions de francs de 1997 mais en deçà du
résultat de 1996 : 345 millions de francs.
Pour 1999, les crédits affectés à l'assurance
prospection s'élèvent à 265 millions de francs,
contre 400 millions de francs en 1998, soit une diminution de près
de 1/3 des crédits.
Les service du ministère attribuent cette diminution à un
alignement du montant des crédits évaluatifs sur le
résultat comptable de la procédure qui se réduit en raison
d'une diminution du montant des budgets garantis et d'une augmentation des
remboursements.
Votre rapporteur pour avis exprime le souhait que cette diminution des
crédits ne conduise pas la COFACE à mener une politique
d'engagement plus restrictive. L'assurance prospection est un des principaux
instruments de soutien au développement international des PME. Dans un
contexte de diminution de la demande mondiale, il convient plus que jamais de
les soutenir dans leurs efforts pour conquérir des marchés
étrangers.
b) Les aides des contrats de plan Etat-Région
Les
aides des contrats de Plan Etat-Région s'adressent aux PME disposant de
produits compétitifs, peu ou pas exportatrices et ayant besoin d'un
soutien public pour développer leurs exportations. En 1997, 76 %
des entreprises bénéficiaires de ce dispositif avaient moins de
cinquante millions de francs de chiffre d'affaires et employaient moins de
50 salariés.
Trois catégories d'aides, d'un montant modeste, de 50 à
60 000 francs en moyenne, ont pour objectif d'amorcer le
développement international d'une entreprise :
- l'aide au conseil, qui permet la réalisation, par des
consultants, de " plans-export " et d'études de
marchés. En 1997, 115 aides de cette catégorie ont
été attribuées ;
- l'aide à la participation à des foires et salons,
essentiellement européens. Plus de 200 aides de ce type ont
été accordées en 1997 ;
- l'aide aux investissements immatériels, qui participe au
financement de traduction de documentation en langue étrangère,
de dépôt de brevets et de formation. Près de 400 aides
ont été attribuées dans ce cadre en 1997.
Deux autres catégories d'aides plus conséquentes ont pour but
d'accompagner le développement international des entreprises :
- l'aide à l'importation, qui prend en charge pendant un an une
partie des frais de fonctionnement d'un bureau de représentation ou
d'une filiale à l'étranger. En 1997, 94 aides de cette
catégorie ont été accordées pour un montant moyen
de 200 000 francs ;
- l'aide au recrutement de personnel chargé des exportations qui
prend en charge une partie du coût du salarié pendant sa
première année d'activité. Cette aide a permis en 1997 le
recrutement direct de 300 salariés.
Le coût budgétaire de ces aides s'est élevé à
44 millions de francs en 1998. Ce dispositif fait actuellement l'objet
d'une étude d'impact afin de préparer les négociations des
contrats de plan Etat-Région pour la période 2000-2004.
Pour 1999, le montant des crédits affectés au volet commerce
extérieur des contrats de plan Etat-Région s'élève
à 47 millions de francs, en augmentation de 6,8 % par rapport
à 1998.
2. L'aide aux grands contrats
a) L'assurance crédit gérée par la Coface
Le
résultat de l'assurance crédit qui recouvre les activités
de couverture par la Coface du risque politique et commercial des
opérations d'exportation a connu en 1997 une nette amélioration.
Après avoir atteint l'équilibre en 1995, le résultat
comptable est passé de 5,1 milliards de francs en 1996 à
8,1 milliards de francs en 1997. Ce redressement résulte d'une
diminution des indemnisations et d'une sélectivité accrue de la
politique de crédit qui se réoriente vers des marchés
solvables.
b) Les procédures de soutien à l'exportation gérées par Natexis Banque
Cette
procédure permet aux exportateurs et aux banques françaises de
proposer à leurs clients des crédits à taux fixe. Le
coût de la différence entre ce taux et le taux du marché
est ainsi pris en charge par le budget du commerce extérieur au titre
des charges communes.
Au total, cette procédure a enregistré en 1997 un excédent
de 510 millions de francs en 1997, en raison du niveau très bas des
taux d'intérêts. Un excédent de 30 millions de francs
est attendu en 1998.
c) Le recentrage des protocoles financiers d'aide au développement et de coopération
La
réforme du dispositif d'aide au développement de
coopération annoncée le 4 février 1998 par le
Premier ministre a conduit à un recentrage des interventions publiques.
Les aides au développement sont désormais réparties en
deux zones :
-
une zone de solidarité prioritaire
regroupant des anciens
pays de " champ de coopération " et certains des pays les
moins développés. Les interventions dans cette zone
relèveront uniquement d'une logique d'aide au développement.
Elles seront définies par le Comité interministériel pour
la coopération internationale et le développement et
gérées par l'Agence française de développement ;
- une zone de partenariat,
dans laquelle les enjeux sont
principalement commerciaux. Cette zone sera le champ d'intervention
privilégié des procédures du ministère des finances
qui gère ces protocoles au sein de la " réserve pays
émergents " (RPE).
Dans le cadre de cette réforme, les programmations a priori par pays
seront remplacées par des interventions au cas par cas en fonction des
projets. La liste des pays émergents dans lesquels des projets peuvent
bénéficier de l'aide est définie par arrêté
du Ministère de l'économie et des Finances.
Pour 1998, 14 pays sont éligibles : la Chine, l'Inde, les Philippines,
l'Indonésie, la Thaïlande, l'Egypte, la Turquie, la Colombie, le
Brésil, le Kazakhstan, le Vietnam, la Tunisie, le Maroc et l'Afrique du
Sud.
Le but principal de la " réserve pays émergents " est
de soutenir les exportations françaises, l'impact sur le
développement demeurant important, mais ne justifiant pas, à lui
seul, la mise en place d'un financement.
Ce recentrage des protocoles se traduit financièrement par une
diminution importante des crédits qui y sont affectés. La
dotation en autorisations de programme des prêts aux Etats
étrangers imputée sur le compte spécial du Trésor
n° 903-07 s'élève à 1 550 millions de
francs, contre 1 800 millions de francs en 1998, soit une diminution
de 13,8 %. Compte tenu des crédits non consommés en 1998,
aucun crédit de paiement n'est prévu pour 1999.
Cette diminution des crédits affectés aux protocoles
résulte en grande partie de l'application de la réforme des
règles de financement des exportations engagée dans le cadre de
l'OCDE, qui prévoit un recentrage des financements publics sur les
secteurs non-concurrentiels.
d) Le Fonds d'aide aux études et au secteur privé (FASEP)
Favorisant la promotion d'opérations porteuses de
retombées pour les entreprises françaises, le volet étude
du FASEP est devenu le principal instrument de financement d'études et
de coopération institutionnelle en amont des projets. Il s'est
substitué aux protocoles de don pour le financement des études,
au Fonds d'aide à l'ingénierie et au Fonds pour les pays de
l'Est.
La dotation du FASEP " études " a été en 1998 de
230 millions de francs pour 1998.
En 1999, le FASEP devrait, comme il a été indiqué,
être complété par la mise en oeuvre d'un volet " Appui
au secteur privé " qui se substituera aux différents
d'outils d'aide à l'investissement existant. Son champ d'application
concernera les entreprises de moins de 3 milliards de francs de chiffre
d'affaires, et les pays hors OCDE, le Mexique ainsi que les pays OCDE d'Asie.
Ce nouveau volet du FASEP prendra la forme d'un fonds de garantie, doté
de 300 millions de francs, qui interviendra en appui des opérations
suivantes :
- apports en fonds propres des entreprises à leurs filiales
étrangères ;
- participation de sociétés de capital-risque dans les
filiales d'entreprises françaises à l'étranger ;
- prêts consentis à des entreprises étrangères
à participation française.
Un opérateur financier devrait être sélectionné en
1999 pour instruire les dossiers par délégation. Il devrait
être opérationnel au cours du second semestre 1999.
Cette réforme répond ainsi à deux objectifs :
- moderniser les modes d'intervention en confiant la gestion de
l'instrument à un opérateur financier ;
- simplifier le dispositif existant, en substituant un instrument unique
aux nombreuses procédures de soutien à l'investissement
existantes (CODEX, protocoles de partenariat, fonds PECO de la SOFARIS, lignes
PME).
Pour 1999, les crédits affectés au FASEP s'élèvent
à 300 millions de francs de crédits de paiement, en recul de
plus de 51 % par rapport à 1998. Là encore, un souci
d'économie et la volonté d'ajuster les crédits sur les
dépenses réelles conduit à diminuer la dotation d'un
instrument dont on souhaite, par ailleurs, diversifier les missions.
*
* *
Au
total, la diminution des crédits consacrés au commerce
extérieur s'explique en grande partie par la réduction des
crédits des protocoles financiers que la France, comme les autres
membres de l'OCDE, s'est engagée à recentrer sur les secteurs non
concurrentiels. Elle correspond également à la prise en compte du
coût réel de certaines procédures et des crédits non
consommés en 1998.
Votre commission veut croire qu'il ne s'agit pas d'une réduction de
l'effort des pouvoirs publics en faveur de nos exportations. Ce n'est pas, en
effet, au moment où les entreprises françaises devront faire face
à la diminution de la demande mondiale et à une concurrence
accrue sur les marchés internationaux qu'il faut diminuer les soutiens
publics au développement international de nos entreprises.
*
* *
Suivant l'avis de son rapporteur pour avis, la commission des Affaires économiques a donné un avis favorable à l'adoption des crédits inscrits en faveur du commerce extérieur dans le projet de loi de finances pour 1999.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Dans une
séance tenue le mercredi 28 octobre 1998, sous la
présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Michel Souplet sur les crédits consacrés au commerce
extérieur dans le projet de loi de finances pour 1999.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. Charles Revet a souhaité savoir si la progression de
l'excédent commercial français résultait d'une diminution
des importations ou d'une augmentation des exportations et a demandé des
précisions sur la répartition de cet excédent par secteur
d'activité.
M. Bernard Murat a souligné que les Etats-Unis disposaient, grâce
au dollar, d'une arme de poids dans les négociations internationales
telles que les négociations du GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade). Il a estimé qu'en matière de développement
international, les PME étaient -comme l'avait bien compris
M. Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il était ministre en charge des PME-
dans des situations extrêmement variables selon leur taille et leur zone
d'implantation. Il a regretté que le commerce extérieur
français soit excessivement engagé en direction de zones
économiques peu dynamiques ou non solvables comme la Russie. Il a en
conséquence appelé de ses voeux, d'une part, une diminution des
charges des entreprises, d'autre part, une modulation des aides au
développement international des PME en fonction de leur taille et enfin
un renforcement de l'action de la Coface en faveur des entreprises
exportatrices.
M. François Gerbaud a souhaité connaître l'impact des
délocalisations sur le commerce extérieur français et
avoir des précisions sur l'influence de la Banque Européenne de
Reconstruction et de Développement (BERD) sur nos relations commerciales
avec les pays de l'est.
M. Gérard César a évoqué le rôle des chambres
consulaires en matière de soutien des PME à l'exportation.
M. Jean-Paul Emin s'est interrogé sur l'impact qu'aurait une baisse de
10 % de la parité entre le dollar et l'euro.
M. André Ferrand a souligné que la création d'un service
national volontaire était un enjeu majeur pour le maintien de la
présence à l'étranger de coopérants du service
national en entreprise. Il a indiqué que l'avant-projet de loi
présenté au premier ministre, dont il avait eu connaissance,
semblait satisfaisant, mais que, compte tenu du calendrier parlementaire, il ne
serait examiné que l'année prochaine. Il a demandé,
à ce propos, si le Sénat ne pouvait pas insister auprès du
Gouvernement pour que l'examen de ce projet de loi soit avancé.
M. Jean-Pierre Raffarin a rappelé que les dispositifs d'aides aux PME
étaient un des thèmes de réflexion du groupe
d'études " nouvelles entreprises et territoire ".
En réponse aux intervenants, M. Michel Souplet, rapporteur pour avis, a
apporté les précisions suivantes :
- la progression de l'excédent du commerce extérieur
français en 1997 résulte avant tout d'une progression de
13,8 % de nos exportations. Tous les secteurs ont contribué
à l'amélioration du solde commercial de la France, à
l'exception de l'énergie ;
- la domination actuelle du dollar constitue, en effet, un atout pour
l'économie américaine. De ce point de vue, la création de
l'euro devrait permettre de rétablir un équilibre plus favorable
à l'Europe ;
- on peut regretter à juste titre que les instruments de soutien
aux exportations des PME ne se fassent pas en fonction de la taille des PME. Il
faut surtout souligner que cette politique ne dispose pas encore de moyens
suffisants. Ces crédits sont deux fois moins élevés que
ceux que l'Allemagne ou l'Italie consacre au développement international
des PME ;
- le réseau des chambres consulaires joue un rôle tout
à fait positif en matière de soutien aux exportations des PME.
Leur rôle est d'autant plus efficace qu'elles se regroupent pour
créer, au niveau départemental, un guichet unique de l'aide aux
exportations ;
- le secrétaire d'Etat au commerce extérieur a
indiqué qu'il ne disposait pas encore d'étude d'impact sur le
projet de création d'un service national volontaire. Il serait
également nécessaire de l'interroger sur le calendrier de la mise
en place de cette réforme.
M. Jean François-Poncet, président, a précisé que
les accords du GATT n'avaient pas été négociés en
dollars car, de façon générale, ces accords ne faisaient
pas référence au taux de change, ce que l'on pouvait, d'ailleurs,
regretter. Il a également souligné que, contrairement à la
situation qui prévalait il y a une dizaine d'années, les
échanges extérieurs français étaient
excédentaires non plus seulement avec des pays en voie de
développement, ou avec des pays peu solvables, mais également
avec des pays industrialisés.
La commission a
donné à l'unanimité un avis favorable
aux crédits consacrés au commerce extérieur dans le projet
de loi de finances pour 1999.
1
Résolution n° 92
(1997-1998)
du Sénat sur la proposition de règlement du Conseil modifiant le
règlement (CEE) n° 404/93.
2
Rapport n° 308 (1997-1998) de M. Jean Huchon au nom de
la Commission des Affaires économiques sur la proposition de
résolution présentée par MM. Jacques Genton et
Georges Othily sur la proposition de règlement du Conseil modifiant le
règlement (CEE) n° 404/93.
3
" Aider les PME : l'exemple américain ", rapport
d'information n° 374 de M. Francis Grignon au nom de la
Commission des Affaires économiques.