CHAPITRE II -
UN BUDGET DU TOURISME PRÉSERVÉ EN
2003
Après avoir progressé de 7,4 % en 2000 puis
de
12 % en 2001, le
budget du tourisme a été
consolidé en 2002
(+ 2,8 %), les moyens de paiements ayant
été fixés par le projet de loi de finances initiale
à
73,9 millions d'euros
.
En outre, et comme chaque
année, le Parlement a voté une majoration au titre de la
réserve parlementaire qui s'est élevée l'an dernier
à
un million d'euros
.
Pour
2003
, cette
modération se poursuit
, dans un contexte
général cependant plus dégradé qui
impose la
plus grande rigueur dans la maîtrise des dépenses publiques
.
C'est pourquoi
votre rapporteur pour avis se félicite de la
protection dont a bénéficié le budget du tourisme
,
dont les
moyens de paiement progresseront de 1,36 %
par rapport aux
services votés pour 2002,
dépassant légèrement
les 75 millions d'euros
.
PROJET
DE LOI DE FINANCES POUR 2003
RÉPARTITION DES
CRÉDITS
Nature des crédits |
BV 2001 |
PLF 2002 |
BV 2002 |
PLF 2003 |
PLF
2003
|
Titre III - Moyens des services |
21,34 |
22,42 |
22,22 |
22,46 |
+ 1,1 % |
Titre IV - Interventions publiques |
44,21 |
44,52 |
44,30 |
41,48 |
- 6,4 % |
Total des dépenses ordinaires (DO) |
65,56 |
66,93 |
66,52 |
63,93 |
- 3,9 % |
Titre VI - Subv. d'investissements |
|
|
|
|
|
- autorisations de programmes (AP) |
15,17 |
14,03 |
14,27 |
14,37 |
+ 0,7 % |
- crédits de paiements (CP) |
2,75 |
6,96 |
7,52 |
11,11 |
+ 47,7 % |
Moyens d'engagement (DO+AP) |
80,73 |
80,96 |
80,79 |
78,30 |
- 3,08 % |
Moyens de paiement (DO+CP) |
68,30 |
73,89 |
74,04 |
75,05 |
+ 1,36 % |
En millions d'euros
Le
projet de budget du secrétariat d'Etat, tout en respectant les grandes
orientations de politique générale du gouvernement, s'articule
directement avec les priorités définies pour le ministère
de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer
en les adaptant au cadre spécifique qui est le sien.
Ainsi, les
moyens des services
, pour un
effectif
sans
évolution de
321 agents
, augmentent modérément
sous l'effet conjugué de
réductions budgétaires
dues pour l'essentiel à la non-reconduction de dépenses
d'informatique et de télématique (- 152 500 euros) et
à des mesures d'ajustement (- 404 000 euros) qui traduisent
principalement le fait que certains emplois ne sont pas pourvus, et d'une
augmentation substantielle des moyens de fonctionnement
résultant
d'un abondement supplémentaire des
crédits d'études
à hauteur de 581 000 euros.
S'agissant des
orientations stratégiques
fixées dans le
domaine du tourisme, le secrétaire d'Etat a décidé de
porter l'accent l'an prochain sur
trois aspects prioritaires
:
renforcer l'attractivité du territoire, favoriser l'aménagement
du territoire et le développement local, et garantir l'accès aux
vacances pour tous.
I. RENFORCER L'ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE
La promotion de la France à l'étranger et le renforcement de l'attractivité du territoire ont pour buts d' inciter les touristes étrangers à choisir notre pays comme destination et d'y prolonger leur séjour , afin d'exploiter davantage et mieux le potentiel économique du secteur touristique national. Votre rapporteur pour avis ne peut que souscrire à ces objectifs , qui passent par un accroissement des moyens de promotion touristique et par l' approfondissement de la capacité d'expertise publique , tant il est vrai que le développement du tourisme international doit être précédé d'études d'impact indispensables à la définition des cibles et au calibrage des produits pour permettre à l'offre touristique de s'adapter au mieux à la demande.
A. LES MOYENS DE PROMOTION TOURISTIQUE SONT ACCRUS
1. L'activité de « Maison de la France » (MDLF)
« Maison de la France »
(MDLF) est
un
groupement d'intérêt économique (GIE) créé en
1987 et placé sous l'autorité du secrétariat d'Etat, qui a
pour missions de
promouvoir la destination France à l'étranger
et en France
, de
développer le partenariat
entre l'Etat, les
collectivités territoriales, les professionnels du tourisme et les
grands secteurs de l'économie, et de participer à la
politique
de coopération internationale
des départements
ministériels.
Les
1 182 adhérents
du GIE, au 1
er
septembre
2002, sont répartis entre
institutionnels
(34 %),
acteurs
directs du tourisme
(40 %) et
professionnels contribuant au secteur
touristique
(26 %). Le conseil d'administration de 27 membres et
l'assemblée générale définissent les orientations
stratégiques de MDLF.
Pour les mettre en oeuvre,
32 bureaux
sont implantés dans 26 pays
et couvrent un champ d'action de 39 états. Si MDLF dispose de
structures propres
dans les pays les plus importants en termes de
potentiel de clientèle (Etats membres de l'Union européenne, les
Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, le Brésil, l'Australie,
...), le GIE s'associe également au sein de
bureaux
conventionnés
avec Air France ou les chambres de commerce et
d'industrie (Hongrie, Afrique du Sud, Mexique, Argentine, Taïwan,
Corée, Hong-Kong) ou installe parfois de simples
antennes
(Dehli
ou des villes secondaires dans les pays disposant déjà d'un
bureau, tel les Etats-Unis). Près de
200 agents
animent ces
structures établies
à l'étranger
, tandis que
82
sont localisés
au
siège
.
Les
missions
de MDLF sont
multiples
. En matière
d'
information
et
de
communication
, il s'agit de mieux
faire connaître la richesse et la diversité de l'offre touristique
française, de fidéliser la clientèle et de
conquérir de nouvelles cibles. Les opérations de
promotion
commerciale
visent à accroître la programmation de la
destination France, à inciter les tour opérateurs à
diversifier leur programmation, à former et informer les professionnels
pour aider à la vente du produit France, et enfin à aider les
adhérents du groupement à trouver des partenaires
étrangers. Les
relations presse
contribuent à
accroître la présence de la destination France dans les
médias internationaux, et à informer la presse professionnelle et
les adhérents du GIE sur l'activité de MDLF. Enfin, une
activité fondamentale d'
analyse
des marchés
étudie continuellement la demande et les attentes des clientèles
étrangères pour aider les professionnels à
développer des produits adaptés, organise la veille
stratégique des marchés et mène des études
prospectives.
Activités 2002
Outre la
campagne de promotion spécifique
engagée en mars
pour relancer la destination France et limiter l'impact négatif des
événements du 11 septembre 2001 (
v. supra
), MDLF
a continué à mener l'ensemble de ses
actions de promotion
traditionnelle
tout en
infléchissant sa stratégie
et
en faisant
évoluer son
positionnement sur certains
marchés
pour tenir compte de la nouvelle donne touristique
après les attentats aux Etats-Unis et des changements intervenus dans le
comportement des touristes.
C'est ainsi que MDLF joue un
rôle de pionnier sur certains
marchés à fort potentiel
sur lesquels il est souvent
difficile de pénétrer. Par exemple, les
marchés
russe
et chinois
connaissant depuis quelques années une
croissance annuelle supérieure à
20 %
, le GIE
à ouvert un bureau à
Moscou
en juillet tandis qu'il
renforçait ses actions dans l'
Empire
du Milieu
. Dans la
même optique, il a renforcé ses moyens en
Corée du
Sud
, dont le marché a progressé de 27 % en 2001, et
ouvert des
représentations spécifiques en Inde
et au
Portugal
, qui dépendaient auparavant des bureaux de,
respectivement, Singapour et Madrid.
Par ailleurs, la
recherche d'une plus grande efficacité
dans
ses actions
a également conduit MDLF à renforcer la politique
mise en place dans le domaine des nouvelles technologies et à se doter
d'outils plus performants. Ainsi, avec l'installation en juin 2002 de la
nouvelle version du portail Internet
franceguide.com
, ce sont
désormais
sept langues européennes
et
quatre langues
asiatiques en sites allégés
qui sont disponibles. En outre,
l'espace comprend des pages spécifiques à chaque marché
ainsi qu'un espace professionnel au service du réseau MDLF et de ses
partenaires. Enfin, le renouveau du site coïncide avec la mise en place
progressive du
programme informatique unifié
devant permettre
d'optimiser tout à la fois le traitement de la demande client, le
système de gestion et de diffusion des brochures, ainsi que le reporting
de l'activité marketing, afin de disposer notamment de
bases de
données clients performantes
. L'objectif est de passer rapidement de
six à
neuf millions de visiteurs
sur le site.
A cet égard, il convient de souligner que MDLF a parfaitement
réussi à mettre en oeuvre, dans un temps très bref, l'une
des conclusions du rapport d'information sur le GIE de notre collègue
Marie-Claude Beaudeau
5(
*
)
qui avait souligné la
nécessité « incontournable » du
développement de son réseau internet.
S'agissant de la
promotion
, MDLF a participé ou organisé,
au cours du premier semestre 2002, 56 salons, workshops et
séminaires auxquels 1 252 partenaires ont participé, et
qui ont reçu la visite de près de 3,5 millions de clients (grand
public et professionnels).
Enfin, après la création du Club « Nature »
en 2001, la
démarche produits
a été
renforcée en 2002 par la promotion en matière de
« tourisme de découverte économique » et, de
façon plus générale, par le développement d'actions
de promotion plus ciblées, concrétisant ainsi les orientations
fixées dans la Stratégie Marketing 2002-2004 publiée en
juin 2002.
Campagne "
b
o
nj
o
ur
!
"
2002
La campagne « b
o
nj
o
ur
!
» a pour
objectif de faire de l'accueil un point déterminant pour la destination
touristique France, afin de fidéliser nos visiteurs actuels mais surtout
de conquérir de nouvelles clientèles.
En 2002, la nouveauté a été d'organiser une
opération de communication en direction du grand public
et de
l'
intégrer
à la
campagne mondiale de la destination
France
mise en place en mars pour répondre aux effets du 11
septembre. Le slogan
«J'aime la France»
enserré dans un
coeur rouge a ainsi signé la campagne
« b
o
nj
o
ur
!
» 2002
comme l'ensemble des actions menées à l'étranger. Cette
campagne d'affichage, menée en partenariat avec Air France, l'Agence
nationale pour les chèques vacances et le réseau Selectour, a
été réalisée du 20 au 27 mars sous forme de
3 500 panneaux en métropole et dans les DOM, ainsi que sur les bus
des grandes villes et dans le réseau France Rail.
Par ailleurs, la
campagne en direction des professionnels a
été réactivé
e, les éléments du
kit ayant été réédités et
réactualisés. Le kit 2002 est composé d'une affichette
également traduite en anglais, d'autocollants bleu et rouge reprenant le
nouveau logo
« b
o
nj
o
ur
!
», d'une
vitrophanie, d'une affiche
«En France, le sourire vient du
coeur»
, de trois courriers spéciaux
« b
o
nj
o
ur
!
», et d'un
livret d'accueil des clientèles étrangères. Plus de
58 000 partenaires ont participé au réseau, le partenariat
ayant en outre été renforcé avec l'accueil de nouvelles
entreprises tels le Diners Club, les sociétés d'autoroute, la
SNCF, etc. Enfin, le jeu «Vote de l'Accueil » et la
« Bourse aux Innovations », institués l'an dernier,
ont été reconduits sur une période plus longue.
2. Des crédits budgétaires en hausse pour une nouvelle ambition
La
Stratégie Marketing de MDLF pour les années 2002-2004
Afin notamment de donner suite aux recommandations du rapport d'information sur
le GIE de notre collègue Mme Beaudeau, MDLF a élaboré une
Stratégie Marketing pour les années 2002-2004
qui a
été rendue publique en juin dernier. Cette stratégie s'est
fondée sur les conclusions d'une
enquête sur l'image de la
France
, qui recommande d'axer son positionnement sur le plaisir de vivre et
la qualité de vie, de mettre en avant la créativité
française et le dynamisme du pays, de favoriser
l'événementiel, de positionner la France comme porte
d'entrée de l'Europe pour les marchés lointains, et enfin de
conforter le fort positionnement actuel sur les courts séjours et les
vacances additionnelles.
L'objectif majeur de la stratégie est d'
allier
une croissance
quantitative
, dans un contexte d'augmentation tendancielle du tourisme
international,
à une croissance qualitative
:
associer du
« plus tourisme »
et du
« mieux
tourisme »
. Ainsi, tout en cherchant à
augmenter les
flux touristiques
à l'horizon 2010 de manière à
conduire les
séjours
au nombre de
90 millions par an
,
il conviendra de tendre à :
-
renforcer le montant des recettes moyennes par touriste et par jour,
et à cibler les clientèles qualifiées à haut niveau
de contribution
, de manière à optimiser le niveau des
recettes touristiques à hauteur de
45 milliards d'euros
en
2010 ;
-
favoriser l'étalement des séjours dans le temps
afin de bénéficier de l'impact favorable des décalages
entre les calendriers de vacances des différents marchés
émetteurs, d'une part, et les pratiques touristiques des diverses
nationalités de touristes d'autre part ;
-
améliorer l'étalement des séjours dans
l'espace
afin que toutes les régions bénéficient des
retombées économiques du tourisme ;
-
valoriser les secteurs porteurs en termes d'avenir
, et en
particulier le tourisme des jeunes ;
-
renforcer
, sur les marchés longs courriers, le rôle
de la
France
et en particulier de
Paris
comme
porte
d'entrée de l'Europe
.
Pour que cette ambitieuse politique donne les résultats
escomptés, MDLF entend développer
quatre axes
stratégiques
:
1°) Se concentrer sur un certain nombre de
marchés
prioritaires
:
les grands marchés traditionnels
tels que
la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et
l'Amérique du Nord, ainsi que les
nouveaux marchés aux fortes
potentialités de développement
comme la Chine,
l'Amérique Latine, l'Europe centrale et orientale, la Russie ou l'Inde.
2°) Mettre l'accent sur des
produits prioritaires
qui ont une
forte valeur ajoutée
(tourisme d'affaires, golf, tourisme urbain,
remise en forme), qui favorisent une
meilleure répartition
spatio-temporelle des flux
(tourisme culturel et tourisme urbain,
spécialement adaptés aux courts séjours et aux vacances
additionnelles), qui s'inscrivent dans une
perspective environnementale et
de développement durable
(tourisme viti-vinicole, tourisme de
nature, villages de vacances) ou qui sont
porteurs en termes d'avenir
(tourisme de jeunes).
3°) Donner la priorité aux
circuits commerciaux
pour
combler le déficit de connaissance et de vente du produit France, en
approfondissant certes la
promotion auprès des circuits
traditionnels
(tours opérateurs, autocaristes, agents de voyages),
mais en recherchant aussi de
nouveaux circuits permettant d'élargir
les cibles
(associations, sociétés, décideurs).
4°) Poursuivre l'
investissement
dans les nouvelles
technologies et la révolution Internet
afin de faire du portail
franceguide.com
la pierre angulaire des moyens d'action du GIE.
Votre rapporteur pour avis ne peut qu'approuver la nouvelle dynamique mise
en oeuvre par MDLF dans le cadre de sa Stratégie Marketing
, qui
devrait contribuer à valoriser davantage les atouts indéniables
dont bénéficie le produit « France » dans un
contexte extrêmement concurrentiel au niveau planétaire.
Toutefois, convaincu que
seules des stratégies créatives et
innovantes
permettront de maintenir dans le futur le positionnement de la
France en tête du tourisme mondial, il lui semblerait indispensable que
MDLF mette en place une cellule de veille stratégique afin
d'identifier et d'analyser les produits et les actions marketing de nos
concurrents
. Cette information stratégique permettrait ainsi au GIE
de proposer des démarches promotionnelles bénéficiant d'un
avantage concurrentiel déterminant, et de répondre dès
lors encore mieux aux attentes tant de ses adhérents que des clients et
des prospects qu'il cible.
Des apports budgétaires en hausse en 2003
Pour permettre à « Maison de la France » de
développer son projet,
les crédits budgétaires qui lui
sont consacrés dans le projet de loi de finances pour 2003 sont
portés à 28,1 millions d'euros
, en progression de
2,68 %. En outre, on peut estimer à
5,8 millions d'euros
la
valorisation que constitue pour MDLF
la prise en charge budgétaire
des personnels d'Etat qui sont mis à sa disposition
(80 agents).
A cet égard, votre rapporteur pour avis trouverait judicieux que la
tutelle donne suite aux propositions formulées par la direction de MDLF
pour apporter une solution au délicat problème de statut d'un
petit nombre de personnels (sept salariés hors cadre) qu'avait
relevé notre collègue Mme Beaudeau.
Globalement, les
contributions de l'Etat
ont constitué en 2001
47,3 % des ressources
de Maison de la France, le solde
étant assuré par les participations des partenaires du GIE.
B. LA CAPACITÉ D'EXPERTISE PUBLIQUE EST CONFIRMÉE
1. Des outils statistiques indispensables
Ainsi
que l'indique le fascicule budgétaire dans son analyse des composantes
de l'agrégat 29
« Politique du tourisme
»,
la connaissance et l'analyse des besoins
, de l'offre et de la demande,
sont les conditions indispensables à l'élaboration de la
stratégie nécessaire au développement harmonieux du
tourisme en France.
La direction du tourisme est chargée directement de cette mission
d'observation économique et d'études statistiques du secteur. Par
ses travaux d'évaluation et de prospective des phénomènes
quantitatifs et qualitatifs de l'activité touristique, elle
établit un cadre de connaissance indispensable pour orienter la
politique touristique de l'Etat et accroître la rentabilité de
l'industrie touristique. Elle joue un rôle de coordonnateur de
l'observation économique entre le niveau national et les échelons
territoriaux que constituent les
vingt-six délégations
régionales au tourisme
, en définissant notamment des
indicateurs communs.
Après avoir stagné l'an dernier,
la dotation pour les
études est portée dans le projet de loi de finances pour 2003
à hauteur de 2,6 millions d'euros
, en
augmentation
de
28 %
. Elle permettra de poursuivre la réalisation de
l'
enquête
aux frontières
, laquelle fournit une
grande partie des données transmises à Eurostat dans le cadre de
la directive européenne sur les statistiques du tourisme. A terme sera
mis en place un dispositif permanent d'observation des flux des touristes
non-résidents, qui s'avère indispensable pour établir le
poste « voyages » de la balance des paiements dans le
contexte de l'euro. Par ailleurs, de nouvelles études à but
prospectif seront initiées en 2003 pour mieux connaître les
besoins et attentes des touristes étrangers.
Au-delà de ce travail d'analyse, qui conforte et complète celui
réalisé par « Maison de la France », les
pouvoirs publics disposent encore de deux outils essentiels d'expertise :
l'
Observatoire national du tourisme
et l'
Agence française de
l'ingénierie touristique
.
2. Les missions de l'Observatoire national du tourisme (ONT)
L'Observatoire national du tourisme (ONT) est une association
loi de
1901 placée sous la tutelle de la direction du tourisme qui intervient
en complément du dispositif national et régional d'observation
statistique. Ses missions générales consistent à assurer
la diffusion et la valorisation des
données
produites par
la direction du tourisme, à
animer le réseau des acteurs
professionnels et territoriaux
et à
réaliser des missions
ponctuelles et opérationnelles
, comme par exemple, en 2001, le suivi
de la conjoncture touristique.
L'ONT fera en 2003 l'objet d'une mission d'analyse afin d'améliorer son
efficacité. Les
crédits qui lui ont été
affectés pour 2003
(chapitre 44-01 - article 10)
s'élèveront à
350 000 euros
, en diminution de
31 123 euros.
3. Le rôle de l'Agence française de l'ingénierie touristique
L'Agence
française de l'ingénierie touristique (AFIT) est un groupement
d'intérêt public (GIP) associant neuf ministères
concernés par le tourisme, des établissements publics de l'Etat,
des représentants des collectivités territoriales,
différentes structures publiques et privées concernées par
le tourisme ainsi que des entreprises, soit une
soixantaine de membres
.
Exerçant sa mission d'ingénierie en amont des opérateurs
comme assistant ou commanditaire, le GIP sous-traite la réalisation de
ses études à des experts et bureaux privés et s'appuie sur
un
réseau de 250 correspondants
.
Présidée depuis le 15 octobre dernier par notre excellent
collègue Michel Bécot
, l'AFIT a pour missions :
- d'établir et de tenir à jour un
panorama de l'offre
touristique française
pour éclairer les opérateurs
publics et privés sur les différents segments qui composent
l'offre française (en 2002, ses études portent sur
« l'analyse prospective des clientèles européennes
en 2010 »
et sur
« les clientèles de
randonnée »
) ;
- d'identifier, de stabiliser, d'améliorer et de diffuser les
savoir-faire dans les domaines touristiques
: politiques de
filières, démarches qualité, commercialisation, politiques
territoriales, etc. (figurent au programme 2002
« les
entrées de villes »
et
« les passeports
touristiques dans les villes »
) ;
- d'assister les commanditaires d'
opérations
précises
dans la phase amont de projets de grande ampleur
mobilisant un grand nombre d'acteurs publics et privés.
En outre, l'AFIT participe à la politique internationale du
ministère en contribuant à l'
export
d'ingénierie
et de savoir-faire français à l'étranger
. En 2003, le
GIP sera doté de
moyens en reconduction
(ils s'élevaient
à
1,92 million d'euros
en 2002)
lui permettant de
développer son savoir-faire.
II. FAVORISER L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Ce deuxième objectif prioritaire du secrétariat d'Etat au tourisme est concrétisé par deux actions principales : la contractualisation Etat-régions et le programme de consolidation des hébergements de tourisme social .
A. LA CONTRACTUALISATION ÉTAT-RÉGIONS
La
politique d'aide au développement touristique mise en oeuvre à
travers les contrats de plan Etat-régions (CPER) pour 2000-2006 a pour
double objectif de
renforcer l'attractivité et la
compétitivité des grandes zones touristiques
, dans un
contexte de concurrence internationale accrue, et de
favoriser l'essor de
zones où l'activité touristique est plus récente
mais
indispensable au maintien du dynamisme économique local.
L'
enveloppe globale
consacrée par le secrétariat d'Etat au
tourisme pour les CPER a été
fixée à
120 millions d'euros
, auxquels s'ajoutent 16 millions d'euros en
faveur du financement des volets tourisme des conventions
interrégionales de massif (Alpes, Massif central,
Pyrénées, Jura et Vosges), et 67 millions d'euros au titre
des avenants « intempéries » et
« marée noire », soit un
montant total de
203 millions d'euros pour la période 2000-2006
.
Les CPER jouent ainsi un rôle essentiel dans la
diversification et
l'adaptation de l'offre touristique
par l'ensemble des moyens dont ils
permettent la mobilisation à travers des partenariats fondés sur
la contractualisation. Cette politique contractuelle, fondée sur une
multitude de projets, ne peut connaître qu'une montée en puissance
progressive, que manifestent les dotations ouvertes par le projet de loi de
finances pour 2003.
En effet, les
crédits de paiement inscrits au titre VI
(subventions d'investissements accordées par l'Etat)
augmentent de
2,6 millions d'euros
(soit près de
54 %
) pour
s'établir à
7,39 millions d'euros
. Seront ainsi
financés des programmes destinés à améliorer la
qualité et à faciliter la commercialisation de l'offre
touristique, à soutenir les actions de mise en valeur du patrimoine
culturel et naturel et à développer les filières de
produits touristiques tels que le tourisme fluvial, la randonnée ou
encore le nautisme. En outre, les
autorisations de programme
sont
portées à
10,67 millions d'euros
, en progression elles
aussi de
7,6 %
. Ces mouvements témoignent du
passage
d'une phase d'étude à une phase d'exécution des
projets
.
Il convient toutefois de relever que les crédits inscrits pour les CPER
au titre des
moyens d'intervention
(titre IV - chapitre 44-01 :
développement de l'économie touristique)
diminuent quant
à eux de 20 %
(soit un peu plus de
1,8 million
d'euros
) pour s'établir l'an prochain à
7,25 millions
d'euros
. Ce ralentissement résulte du
bilan à mi-parcours
des CPER
, prévu par le législateur, qui font de
l'année 2003 une
phase de transition
nécessaire à
l'analyse et à la réévaluation de certains projets, afin
de garantir l'efficacité de la dépense publique.
En quatre ans,
62,62 millions d'euros
auront ainsi
été affectés aux CPER. Votre rapporteur pour avis tient
toutefois à rappeler que
le niveau des dotations annuelles devra
être sensiblement relevé ces deux prochaines années pour
que l'Etat respecte les engagements qu'il a pris vis-à-vis des
régions
.
B. LE PROGRAMME DE CONSOLIDATION DES HÉBERGEMENTS DE TOURISME SOCIAL
Le
bilan très positif
de la politique conduite entre 1990 et 2001 en
faveur des
hébergements touristiques à caractère social
et familial
(
110.000 lits rénovés
, soit plus de
40 % du parc associatif
, dans le cadre de
565 opérations
programmées pour un montant
d'intervention de l'Etat de
46,5 millions d'euros
) a conduit le
secrétariat d'Etat au tourisme, en liaison avec le ministère de
l'aménagement du territoire, à
reconduire pour la
période 2001-2006 une intervention similaire d'aide à la
pierre
.
Doté de
27,44 millions d'euros
de crédits du
secrétariat d'Etat au tourisme, ainsi que de
9,15 millions
d'euros
du Fonds national d'aménagement et de développement
du territoire (FNADT) pour conforter la restructuration des équipements
situés dans les zones rurales et de moyenne montagne, ce
« Programme de consolidation des hébergements de tourisme
social »
, organisé par une circulaire du 10 avril 2002,
permettra d'adapter les équipements du tourisme social et associatif aux
nouvelles exigences des clientèles. En effet, une partie importante du
parc actuel est de conception ancienne et ne correspond plus aux attentes de la
demande, qui ont beaucoup évolué, ni à certaines
spécificités comme l'accueil des personnes handicapées.
Grands axes et procédures du programme
Alors
que le programme 1990-2001 se situait dans une logique de gestion patrimoniale
des associations, le nouveau programme est davantage
centré sur la
qualité des équipements accueillant les publics entrant dans le
champ de la politique sociale
. A cet effet, seules seront éligibles
aux aides prévues les associations ayant reçu un
agrément national d'association du tourisme social et familial
,
c'est à dire celles qui favorisent le
brassage social
par
l'accueil de
familles
, de
publics aidés
et surtout de
personnes handicapées physiques ou mentales
dont
l'accessibilité par des structures adaptées est un critère
fondamental en vue de l'obtention du label
Tourisme et handicap
.
Les équipements concernés seront rénovés pour
satisfaire les demandes et comportements de la clientèle, qui est de
plus en plus soucieuse de
confort
, de
qualité
et
d'
équipements de loisirs
tels les piscines. Les gestionnaires
desdits équipements devront offrir des séjours à la Bourse
Solidarité Vacances (BSV) de manière à favoriser le droit
aux vacances pour tous.
La
procédure d'instruction
s'exercera au
niveau
régional
sur la base d'une programmation triennale régionale,
la
procédure de programmation demeurant instruite au niveau
national
.
Dans le projet de loi de finances pour 2003, si
le montant des autorisations
de programme
inscrit au titre VI
diminue à 3,7 millions
d'euros
(- 10,63 % par rapport à 2001),
les
crédits de paiement
progressent
en revanche de
1,55 million d'euros
pour être portés à
3,72 millions d'euros
.
Cette
augmentation significative
de 71,6 %
indique ainsi que la
phase de démarrage du
programme est bien engagée
,
ce dont se félicite votre
rapporteur pour avis
.
En effet, ce dispositif devrait constituer un élément essentiel
du développement et de l'aménagement du territoire puisque son
objectif est aussi d'
atténuer
les déséquilibres
dans la répartition spatiale de la clientèle touristique
,
notamment par la
mise en valeur des zones rurales et de moyenne montagne
où les équipements à rénover sont
particulièrement nombreux (ils représentent près de la
moitié des 1 500 sites potentiellement éligibles au
programme).
III. GARANTIR L'ACCÈS AUX VACANCES POUR TOUS
Le
dernier axe majeur de la politique du secrétariat d'Etat pour 2003, qui
vise à
garantir l'accès aux vacances pour tous
, s'inscrit
dans le droit fil des priorités retenues par le département
ministériel depuis plusieurs années, pour en
consolider les
effets
.
Afin de
lutter contre toutes les formes d'exclusion du droit au vacances
(économiques, sociales, culturelles, à raison du handicap ou
de l'âge) en
évitant toutefois les risques de création
de ghettos et d'assistanat
, le secrétariat d'Etat entend ainsi
mobiliser l'ensemble des acteurs du tourisme - publics, privés et
associatifs - par le
développement de l'information
, la
définition d'offres adaptées
aux publics-cibles et la
mise en oeuvre de partenariats
. Ainsi seulement pourra être
satisfaite la
double ambition
de
rendre effectif le droit aux
vacances pour tous
, tel qu'il résulte de la volonté
même du législateur qui l'a inscrit dans la loi d'orientation
n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre
les exclusions, et de faire des vacances, moments privilégiés de
détente et d'échanges, une
phase de reconstitution
personnelle
, de
brassage de toutes les catégories de
populations
et
d'intégration sociale
.
Au-delà du
« Programme de consolidation des
hébergements de tourisme social »
, qui relève tout
autant de ce type d'action sociale que d'une problématique
d'aménagement du territoire (
v.
supra
), cette
orientation s'exprime par une attention plus particulièrement soutenue
accordée aux
personnes handicapées
, aux
jeunes
et
aux
personnes en difficulté sociale,
dans le cadre
d'
outils
adaptés
qui ont fait leurs preuves.
Les dotations destinées à soutenir le
secteur associatif
,
après avoir fortement augmenté en 2000 et 2001, devraient
diminuer en 2003
en raison de la
réduction globale de
22 % des crédits inscrits au chapitre 44-01
. Le
secrétaire d'Etat a cependant décidé de
consolider les
subventions accordées aux associations tournées vers ces publics
prioritaires
, au nombre de 67 en 2002 : dix se consacraient aux
personnes démunies, cinq aux familles, douze aux personnes
handicapées et quarante aux jeunes.
A. DES PUBLICS PRIORITAIRES
1. L'accès aux vacances des personnes handicapées
Alors
que l'année 2003 sera consacrée comme
« L'année européenne pour les personnes
handicapées »
, le dispositif mis en place par le
secrétariat d'Etat depuis 1998 en faveur de ce public devrait trouver
l'an prochain son
rythme de croisière
, notamment grâce
à l'achèvement de la
mise en oeuvre du label
« Tourisme et handicap »
, institué en mai
2001 sur la recommandation du Conseil national du tourisme formulée
l'année précédente.
Si l'
accueil
des touristes en situation de handicap et leur
intégration
sont un
enjeu majeur sur le plan social
, ils
constituent aussi un
impératif économique
autour duquel
les pouvoirs publics se sont efforcés de mobiliser l'ensemble des
acteurs de la filière. Ainsi, l'AFIT a réalisé en 2001 une
étude de marché
et un
guide méthodologique
à l'usage des
professionnels du tourisme
. En outre, depuis 1998,
des
campagnes nationales annuelles de communication
ont
sensibilisé ceux-ci, mais aussi le
grand public
, à
l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances.
Depuis dix-huit mois est enfin venu s'ajouter à ce dispositif
récurrent mais temporaire un
outil plus structurel
, le label
« Tourisme et handicap »
. Ce label a pour objectif
d'apporter à la clientèle handicapée une
information
fiable sur l'accessibilité des sites et des équipements
touristiques, culturels et de loisirs
, et de
développer une offre
touristique adaptée
en favorisant l'émergence d'une large
gamme de produits et de services touristiques réellement ouverts
à tous, tout en garantissant à chacun un maximum d'autonomie. La
diffusion du label devrait ainsi remédier à la faiblesse des
informations relatives à l'accessibilité des sites et des
équipements touristiques pour les personnes handicapées, laquelle
constitue un obstacle majeur à leur départ en vacances.
La labellisation résulte d'une
démarche volontaire des
professionnels
souhaitant s'engager sur un accueil de qualité et
offrir des équipements accessibles aux personnes handicapées. En
contrepartie, les informations recueillies sur l'accessibilité, pour les
quatre types de handicaps, figurent dans tous les documents descriptifs
généraux et spécialisés diffusés tant au
grand public qu'aux associations et organismes plus particulièrement
tournés vers les personnes handicapées.
S'il s'agit d'un label national reconnu sur tout le territoire, il est
toutefois attribué dans chaque région par une instance
composée à
parité
de représentants du monde
du tourisme et de représentants des associations de personnes
handicapées, et dont le fonctionnement est assuré par la
délégation régionale au tourisme. Au plan national, une
commission animée par l'association
« Tourisme et
handicap »
, qui réunit elle aussi des représentants
des personnes handicapées et des professionnels du tourisme, est
chargée d'assurer le suivi du dispositif ainsi mis en place.
On peut espérer que le succès de ce label sera favorisé
par l'implication de l'ensemble de la profession touristique, dont les sept
principales fédérations ont adhéré à la
démarche en signant la charte nationale «
Tourisme et
Handicap »
.
Votre rapporteur pour avis souligne à cet
égard que le développement rapide d'une offre labellisée
« Tourisme et handicap »
de qualité et en
quantité suffisante constitue désormais l'enjeu de ces prochaines
années, ce qui nécessite d'en assurer efficacement la promotion
au plan tant national que local.
2. L'accès aux vacances des jeunes
Selon
les études,
entre deux et trois millions de jeunes ne partent jamais
en vacances
. De plus, les jeunes de 18 à 25 ans partent
proportionnellement moins en vacances que l'ensemble de la population, leur
taux spécifique de départ étant inférieur
d'environ cinq points à la moyenne
. Enfin, divers facteurs
altérant leur pouvoir d'achat (précarité accrue de
l'emploi, « petits boulots », prolongement des
études, etc.) ayant tendance à se développer,
le taux
de départ des jeunes connaît ces dernières années
une baisse sensible
.
Telles sont les raisons qui ont conduit le secrétariat d'Etat à
s'engager à soutenir et développer l'
accès
aux
vacances des jeunes « en autonomie »
de 15 à
25 ans
- qui constituent le coeur de cible des politiques
touristiques -, et tout particulièrement en direction de ceux
d'entre eux qui en sont totalement exclus. A cette fin, les pouvoirs publics
accompagnent les associations spécialisées
dans la
définition, l'amélioration et la diversification de
concepts
d'accueil
et de
produits touristiques adaptés aux jeunes
. Les
exigences et aspirations de ces derniers ont, comme pour le reste de la
société, évolué ces dernières années,
et il est donc naturel et indispensable d'
adapter
l'offre aux
conditions nouvelles de la demande
, y compris pour ce public.
S'agissant de l'
hébergement
, les équipements du secteur
associatif destinés au tourisme des jeunes sont éligibles au
« programme de consolidation de l'équipement du tourisme
social »
afin d'être rénovés selon des
concepts, des techniques et des méthodes de construction
modernisés. Une modélisation sera d'ailleurs entreprise par
l'AFIT et un
guide méthodologique à destination des
élus locaux est en cours d'élaboration
. En outre, une partie
des excédents de gestion de l'Agence nationale pour les
chèques-vacances (ANCV) est affectée, en tant que subventions
d'investissements, à
l'équipement et à la
rénovation d'hébergements collectifs
à vocation
sociale. Si toutes les structures accueillant les publics-cibles du concept de
l'accès aux vacances pour tous sont concernées par cette
participation de l'ANCV, les campings, les auberges de jeunesse et les centres
sportifs de vacances, qui sont spécialement adaptés aux vacances
des jeunes, ont représenté l'an dernier 45 % des projets et
24 % des subventions
6(
*
)
.
En ce qui concerne le
contenu des vacances
, l'objectif est de
développer l'ingénierie autour du
montage de projets en
autonomie
par les jeunes eux-mêmes, en partenariat avec les
associations spécialisées, et d'aider les collectivités
locales à développer une politique en direction de la jeunesse.
Le
soutien aux projets innovants
s'articule à cet égard
avec les initiatives de la Bourse Solidarité Vacances (BSV), dont le
pôle « Jeune » a financé le séjour de
836 jeunes de 16 à 25 ans partis en « mini-groupes »
ou « entre amis » en autonomie, et qui a récemment
diversifié son effort en direction des publics les plus exposés
à la précarité ou à l'isolement, notamment des
jeunes relevant des dispositifs de la protection judiciaire de la jeunesse. De
telles offres ciblées donnent aux associations
spécialisées (foyers, centres d'hébergement et de
réinsertion sociale, etc.) l'occasion d'intervenir en fonction des
préoccupations et centres d'intérêt des adolescents et des
jeunes adultes. C'est pourquoi le secrétariat d'Etat a
intensifié son partenariat
avec la BSV en 2002
en
accroissant son aide de 0,61 à
1,15 million d'euros
.
Enfin, pour répondre aux préoccupations exprimées par le
Conseil économique et social à l'égard du
caractère trop limité de l'information des jeunes sur les
produits spécifiques qui leur sont destinés
, les efforts se
sont intensifiés dans deux directions. Des démarches ont
été entreprises afin de mobiliser les
réseaux
d'information des jeunes
quant à la diffusion des dispositifs et
produits incitant au départ, en particulier le Centre d'information et
de documentation jeunesse (CIDJ) et ses 27 centres régionaux, 4 centres
d'Ile-de-France, 1 620 bureaux ou points d'information jeunesse et 25 bus
Info Jeunes, antennes mobiles d'information qui circulent dans toute la France.
Par ailleurs, des
actions de sensibilisation des professionnels du
tourisme
à l'accueil des jeunes ont été menées,
et les dispositifs de qualification et de sécurisation des produits
à destination des jeunes ont fait l'objet d'un soutien
spécifique.
3. L'accès aux vacances des personnes en difficulté sociale
De
récentes études démontrent que le taux annuel de non
départ en vacances est de l'ordre de 36 %, soit environ 22 millions
de personnes. L'analyse sur deux ans, pour écarter les non
départs ponctuels, laisse subsister un taux de 16 %, soit
10
millions de personnes qui ne partent jamais en vacances
.
Or, à notre époque où les vacances semblent constituer la
norme, omniprésente dans les médias à chaque
période de « grands départs »,
ne pas
partir peut apparaître comme un des premiers signes de l'exclusion
,
notamment pour les familles. Dans ce contexte, des mesures incitatives visent,
d'une part, à soutenir les actions en faveur des premiers départs
et, d'autre part, à réfléchir sur l'accompagnement social
des vacances, sans toutefois aboutir à des vacances
« assistées » ne respectant pas le libre choix des
individus et des familles.
Le secrétariat d'Etat au tourisme a donc pour objectif de
développer les moyens d'information et de formation mis à la
disposition des
collectivités territoriales
et des
associations
organisant le départ en vacances des personnes
les plus démunies
(préparation au départ,
déroulement du séjour, retour des vacances) en définissant
une ingénierie de l'accompagnement social.
En outre, il entend
structurer et amplifier l'action de la BSV
pour
répondre aux attentes tant des opérateurs de tourisme que des
organismes sociaux et
améliorer la réalisation des objectifs
quantitatifs de départ des personnes en difficulté sociale
.
Des
partenariats
seront ainsi conclus avec les associations nationales
de tourisme social pour développer des coopérations, des
synergies des initiatives et une mutualisation des moyens.
B. DES DISPOSITIFS ADAPTÉS
1. La Bourse Solidarité Vacances (BSV)
Constituée sous forme de groupement
d'intérêt
public (GIP), la Bourse Solidarité Vacances (BSV) a été
créée le 15 novembre 1999 pour mobiliser, dans le cadre de la
lutte contre l'exclusion, les
moyens d'accueil et de transport à
destination des populations défavorisées
. Elle sollicite
ainsi les acteurs de l'industrie touristique pour qu'ils proposent à
prix marginal
des séjours et/ou des voyages à des familles
et des personnes en difficulté sociale.
Pour ce faire, elle met en relation, dans une
démarche de
solidarité
, les
opérateurs de tourisme privés ou
associatifs
(ainsi que la SNCF, la RATP, Air France et des
collectivités locales) et les
associations humanitaires
(notamment le Secours populaire, le Secours Catholique, ATD Quart Monde,
etc.)
ainsi que les centres sociaux
afin de faire partir en vacances le
maximum de familles et de jeunes défavorisés. Les acteurs sociaux
jouent ici, comme cela a été relevé
précédemment, un rôle important puisqu'ils accompagnent les
futurs vacanciers dans la définition de leur projet de vacances, dans sa
préparation, en particulier au plan financier, et dans l'organisation
des conditions du retour.
Les
objectifs de la BSV ont été très largement
dépassés dès les deux premières années
de sa mise en oeuvre : alors que ces objectifs étaient de
10 000 départs en vacances en 2000 et de 20 000 départs
en 2001, ce sont respectivement
11 800
puis
24 300 adultes
et enfants
qui sont partis ces deux années-là. Pour
l'
exercice 2002
, le GIE, avec un budget de 1,41 million d'euros,
dont 1,22 million d'euros attribués par le secrétariat
d'Etat au tourisme, a prévu d'organiser le
départ de
30 000 personnes
.
Les observations statistiques révèlent que pour près de
40 %
des bénéficiaires, il s'agit d'un
premier
départ en vacances
. L'écart moyen des départs pour les
autres personnes est de quatre ans et une part significative des foyers n'est
pas partie en vacances depuis plus de dix ans ou depuis le mariage ou
l'arrivée d'enfants dans la famille. Environ 50 % des inscrits sont
des familles monoparentales, 40 % des familles vivant en couple et
10 % des personnes « isolées ». Les revenus
correspondent à un revenu moyen mensuel légèrement
supérieur à 200 euros par personne.
Quant aux
offres de séjours ou de loisirs
, dont
plus de
60 % se situent en période de vacances scolaires
, elles ont
été recueillies auprès d'une
quarantaine de
professionnels du tourisme et de l'accueil
, à savoir des
comités d'entreprises (pour environ 35 % des offres), des
structures de tourisme associatif (27%), des acteurs privés (17 %),
des collectivités (13 %) et des organismes de loisirs (8 %).
2. L'Agence nationale des chèques-vacances (ANCV)
Le
système d'aide à la personne proposé par le
chèque-vacances est
très performant
. Il permet aujourd'hui
à
plus de 5,6 millions de personnes
de partir en vacances,
sachant que
plus du tiers n'accéderait pas aux vacances sans cette
aide
. Son
impact économique
est évalué à
quatre fois son volume d'émission, soit près de
2,8 milliards
d'euros
, et représente environ
10 % de la consommation
touristique intérieure
.
L'
Agence nationale des chèques-vacances
(ANCV),
établissement public industriel et commercial créé par une
ordonnance du 26 mars 1982, comptait en 2001 plus de
16 000 clients
(entreprises et comités d'entreprises) auprès desquels ont
été émises
65 millions de coupures
,
acceptées par
135 000 professionnels du tourisme
, pour un
montant total de 697 millions d'euros
. Ce chiffre d'affaires, qui
est en progression de 1,3 % sur l'année 2000, a permis de
dégager un
résultat net comptable de 9,7 millions d'euros
,
lui-même en croissance de 9,6 %.
Ainsi que cela a été relevé ci-dessus, les
excédents de gestion
sont
distribuables
sous forme de
subventions aux équipements de tourisme et de loisirs à vocation
sociale : les sommes allouées à ce titre en 2002
(excédent de gestion 2000) s'élèveront à
5,764
millions d'euros
(+ 45 % par rapport à 2001). En outre,
l'ordonnance de 1982 prévoyant que la contre-valeur des
chèques-vacances périmés est affectée au
bénéfice de catégories sociales
défavorisées, l'ANCV attribue des « bourses
vacances » afin d'aider les personnes en difficulté à
partir en vacances pour la première fois. En 2001, ce dispositif de
solidarité a représenté
1,2 million d'euros
et a
bénéficié à près de 20 000 personnes.
Ces
résultats très satisfaisants
résultent en
particulier de la mise en oeuvre de la loi n° 99-584 du
12 juillet 1999 modifiant l'ordonnance du 26 mars 1982
portant création du chèque-vacances, qui visait à
faciliter, par un dispositif adapté et incitatif pour les entreprises
(exonération de cotisations et de contributions sociales pour la
contribution de l'employeur),
l'accès aux vacances des 7,5 millions
de salariés des PME-PMI ne disposant pas d'un comité
d'entreprise
.
L'an dernier, votre rapporteur pour avis a analysé dans le
détail les principales caractéristiques de la loi de 1999 et ses
conditions de mise en oeuvre.
Aussi n'y reviendra-t-il pas avec autant de
précision.
Il avait cependant relevé que les premières évaluations
portant sur le nouveau mode de prise en compte des ressources des
salariés institué par la loi démontraient que le
seuil
du revenu fiscal de référence était fixé trop
bas
, ce qui interdisait à de nombreux
salariés aux revenus
moyens
, et principalement les foyers avec enfants, de
bénéficier du dispositif des chèques-vacances. Ainsi,
50 % des salariés des PME-PMI contactées pour la mise en
place des chèques-vacances étaient exclus du dispositif,
20 % des salariés des entreprises déjà clientes ne
pouvaient plus en bénéficier, de même que 30 % des
agents de la fonction publique.
Aussi votre rapporteur pour avis avait-il dénoncé les effets
pénalisants de ce nouveau dispositif, notamment pour les familles
.
C'est pourquoi
il se félicite
que le seuil du revenu fiscal de
référence ait été
réévalué
par la
loi de finances pour 2002
,
de
12 % pour la première part de quotient familial
(15 250 euros) et de
14 % pour les majorations de demi-parts
supplémentaires
(3 550 euros).
Cette amélioration du dispositif explique sans doute qu'après un
démarrage relativement lent, dû toutefois en partie à la
réorganisation des moyens humains à laquelle l'ANCV a
été contrainte de se livrer pour optimiser l'approche du
réseau des 1,2 million de PME-PMI réparties de manière
très diffuse sur le territoire national,
l'accès aux
chèques-vacances des salariés des petites et moyennes entreprises
ait pris en 2002 un rythme plus soutenu
. Au 3 600 conventions
signées en 2000 et 2001 avec les représentants patronaux et
syndicaux de plusieurs branches d'activité (hôtellerie de plein
air, bâtiment et travaux publics, pharmacie, professions des services),
au bénéfice de près de 90 000 salariés,
devraient s'ajouter cette année 2 000 conventions
supplémentaires couvrant près de 500 000 salariés,
grâce notamment à la convention de partenariat établie avec
le groupe Banques Populaires, qui compte 535 000 PME-PMI clientes.
Votre rapporteur pour avis relève toutefois que les modes de
conventionnement et les techniques de gestion du dispositif
, qui ont certes
leur logique et qui participent d'un souci respectable d'animer le dialogue
social,
demeurent sans doute encore trop complexes pour les très
petites entreprises de moins de dix salariés
.
Aussi invite-t-il les pouvoirs publics et les organes dirigeants de l'ANCV
à engager une réflexion pour simplifier encore davantage le
mécanisme à l'attention de cette catégorie d'entreprises,
afin que leurs salariés puissent eux aussi bénéficier d'un
avantage dont l'intérêt social n'est plus à
démontrer.