Projet de loi de finances pour 2003, adopté par l'Assemblée nationale : Tome XVI : Tourisme
GINESY (Charles)
AVIS 70 Tome XVI (2002-2003) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 225 Ko )Table des matières
- NTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
LES PERFORMANCES SATISFAISANTES DU TOURISME FRANÇAIS DANS LE CONTEXTE DÉLICAT
DE « L'APRÈS 11 SEPTEMBRE »- I. UNE SAISON 2001 CONTRARIÉE
- II. UNE SAISON 2002 CONTRASTÉE
-
CHAPITRE II -
UN BUDGET DU TOURISME PRÉSERVÉ EN 2003 -
CHAPITRE III -
AIDER LE SECTEUR DU TOURISME À
S'ADAPTER AUX ÉVOLUTIONS DE SON TEMPS
N° 70
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 21 novembre 2002
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2003 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XVI
TOURISME
Par M. Charles GINÉSY,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Gérard Larcher, président ; MM. Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Bernard Dussaut, Hilaire Flandre, François Fortassin, Alain Fouché, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kergueris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, Jean Louis Masson, Serge Mathieu, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
12
ème
législ.) :
230
,
256
à
261
et T.A.
37
Sénat
:
67
(2002-2003)
Lois de finances. |
NTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'examen des crédits du secrétariat d'Etat au tourisme dans le
projet de loi de finances s'inscrit cette année dans un
contexte
doublement particulier
.
D'une part, en effet, la saison touristique 2001-2002 a été
affectée par les
odieux attentats du 11 septembre 2001
. Certes,
la France a plutôt bien résisté aux conséquences de
ces événements, dans un marché mondial en nette
contraction, et 2001, qui promettait d'être une année
exceptionnelle malgré le ralentissement de la croissance
économique, a finalement connu des
résultats globaux
satisfaisants et stables
par rapport à 2000. Reste que les
comportements touristiques
de nos compatriotes et de certaines
clientèles internationales ont été
modifiés
depuis septembre 2001, comme l'ont confirmé les premiers
résultats de la saison 2002, et que l'instabilité de la situation
diplomatique pourrait bien inscrire ces changements d'habitudes dans la
durée.
D'autre part, les élections du printemps ont donné au
Président de la République une
nouvelle majorité
parlementaire
, dont l'
ambition en matière de politique
touristique
ne se trouve qu'en partie révélée par les
crédits inscrits au budget du secrétariat d'Etat. En effet, si le
montant de ceux-ci apparaît très modeste (75 millions d'euros) au
regard de la place qu'occupe l'industrie du tourisme dans notre économie
(elle représente entre 6,5 et 7 % du PIB selon les méthodes
de calcul, et plus de deux millions d'emplois directs et indirects), les
apports budgétaires des autres départements
ministériels à ce secteur sont au moins trois fois
supérieurs
1(
*
)
.
L'ampleur de ces crédits met ainsi bien en évidence
l'
aspect
transversal de la politique du tourisme
, et justifie
pleinement le projet du nouveau secrétaire d'Etat, M. Léon
Bertrand, de proposer au Parlement la
création d'une annexe
informative spécifique au tourisme
permettant, dans le cadre de
l'examen annuel de la loi de finances, de mesurer à sa plus juste place
l'ampleur des moyens consacrés par l'Etat au soutien et à la
promotion de l'économie du tourisme.
CHAPITRE IER -
LES PERFORMANCES SATISFAISANTES DU TOURISME
FRANÇAIS DANS LE CONTEXTE DÉLICAT
DE
« L'APRÈS 11 SEPTEMBRE »
Alors
que se dessinait dans le courant de l'année 2001 un retournement de la
conjoncture économique internationale,
les attentats du
11 septembre ont brutalement aggravé ce climat baissier
. Le
secteur du tourisme n'a non seulement pas échappé à ce
mouvement général, mais il s'est même trouvé
très directement exposé aux conséquences
immédiates
de la détérioration de la situation
politique et diplomatique internationale.
Les douze mois qui viennent de s'écouler ont confirmé la
tendance, qui s'exprime à la fois de manière quantitative et de
façon qualitative. En effet,
les risques liés au terrorisme
n'ont pas diminué
, comme en témoigne le tout récent
attentat meurtrier de Bali. Mais dans ce contexte terrible,
l'activité touristique en France a relativement bien
résisté
.
Cela est certes dû aux atouts naturels
de notre pays, mais aussi à l'
espace
de proximité et de
sécurité
qu'il constitue pour sa
clientèle
nationale et internationale
.
I. UNE SAISON 2001 CONTRARIÉE
La saison 2001 a été caractérisée, en France comme ailleurs, par la césure consécutive aux attentats subis en septembre par les Etats-Unis. Les huit premiers mois de l'année ont poursuivi la croissance sensible de l'activité touristique observée antérieurement, liée au dynamisme général de la consommation des ménages. En revanche, le dernier trimestre a brutalement interrompu la tendance haussière et affecté très fortement plusieurs secteurs de l'industrie touristique.
A. UN « LEADERSHIP » MAINTENU DANS UN MARCHÉ MONDIAL DÉPRIMÉ
1. Le marché international en recul
Après la progression exceptionnelle du tourisme mondial
de
7,3 % en 2000, résultant des nombreuses manifestations liées
au millésime, et la hausse de 4,10 % en 1999, l'année 2001
s'est terminée sur un
net ralentissement
.
Le nombre de voyages effectués en 2001 a été
estimé par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) à
693 millions
(- 1 % par rapport à 2000)
et le
volume de recettes à 463,1 milliards de dollars
(- 3 %).
C'est la première fois que de tels résultats négatifs
sont observés
. On peut les comparer à la fois aux
prévisions qu'avaient faites l'OMT pour l'année 2001 et à
l'accroissement annuel moyen sur la décennie 1990-2000, qui
s'élevaient tous deux à environ 4,1 % en volume. Il s'agit
donc, tendanciellement, d'une
contraction de quelque 5 %
que le
marché mondial du tourisme a subi en 2001, en raison d'un dernier
trimestre catastrophique qui a annulé les effets de la croissance des
premiers mois de l'année.
Le
secteur touristique est en effet très sensible aux
problèmes d'insécurité
. En outre, une partie
importante de la clientèle effectuant des séjours à
l'étranger est constituée d'Occidentaux et de Japonais. Ces deux
facteurs conjugués expliquent la chute brutale des voyages
intercontinentaux, les déplacements en avion ayant été
délaissés. Ils sont également à l'origine de la
réorientation de la clientèle vers des destinations sûres,
ce qui a affecté à la fois les marchés d'Amérique
du Nord et ceux du Maghreb, du Moyen-Orient et du Sud-est asiatique.
Certes, une reprise du tourisme mondial, qui devrait progressivement retrouver
son taux de croissance « endogène », a
été observée en 2002. Néanmoins, les effets du 11
septembre et, plus largement, de l'instabilité politique
résultant de la menace terroriste islamiste, semblent devoir peser sur
les
pratiques touristiques
de manière durable. Une
redistribution des flux
entre destinations, marchés et produits
s'est ainsi opérée, la clientèle ayant pour souci premier
de voir sa sécurité garantie. Dans cette perspective, le
tourisme de proximité est sans doute appelé à se
développer davantage que prévu
, dans la mesure en particulier
où l'avion subit une désaffection qui persiste et dont profitent
les transports terrestres. Surtout, les professionnels relèvent une
exigence accrue de leur clientèle dans le choix des destinations et
des produits
qu'ils proposent : sont ainsi pénalisés les
pays émergents d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie, qui fondaient sur
le tourisme de grands espoirs de développement économique, mais
qui sont souvent exposés à une agitation intérieure peu
propice à cette activité.
2. Le dynamisme préservé de la destination « France »
Au
contraire de ces destinations,
la France présente des atouts de
sécurité
d'une part, et, d'autre part,
de
proximité
pour ses clientèles nationale et européenne,
qui lui ont permis de
supporter plutôt positivement le choc de
l'après 11 septembre
.
Elle est restée la
première destination touristique
internationale
avec
76,5 millions de séjours
(+ 1,2 %),
accroissant même ses parts de marché
en passant de 10,8 % à 11 % du marché mondial, et de
18,6 % à 19,1 % du marché européen. Elle demeure
largement en tête
, en termes de
visiteurs
,
devant
l'Espagne
, passée en 2001 en deuxième position grâce
à un dynamisme qui ne faiblit pas,
les
Etats-Unis
, qui ont
subi de plein fouet les conséquences des attentats,
l'Italie
, qui
connaît un tassement après l'année exceptionnelle du
Jubilé 2000
, et
la Chine
, nouvelle venue dans le peloton
de tête et qui, selon les estimation de l'OMT, devrait encore progresser
de manière importante et rapide dans les prochaines années
jusqu'à se classer en première ou deuxième position
à l'horizon 2020.
ÉVOLUTION DU TOURISME INTERNATIONAL EN 2001
Pays |
Rang mondial |
2001 |
2001/2000 |
Part dans le monde |
Part en Europe |
France |
1 |
76 506 |
+ 1,2 % |
11,0 % |
19,1 % |
Espagne |
2 |
49 520 |
+ 2,7 % |
7,1 % |
12,4 % |
Italie |
4 |
39 000 |
- 5,3 % |
5,6 % |
9,7 % |
Royaume-uni |
6 |
22 929 |
- 9,5 % |
3,3 % |
5,7 % |
Allemagne |
11 |
17 861 |
- 5,5 % |
2,6 % |
4,4 % |
Total Europe |
|
400 000 |
- 0,5 % |
57,7 % |
100 % |
Etats-unis |
3 |
45 500 |
- 10,6 % |
6,6 % |
|
Chine |
5 |
33 200 |
+ 11 % |
4,8 % |
|
Total monde |
|
693 000 |
- 1,0 % |
100 % |
|
Source
: OMT Milliers
d'arrivées de touristes étrangers
S'agissant des recettes tirées du tourisme, la France
se
classe toujours en troisième position,
après les Etats-Unis
et l'Espagne, ce dernier pays demeurant celui pour lequel la
part des
recettes touristiques dans le produit intérieur brut
est la plus
élevée, devant la France et l'Italie.
RECETTES DU TOURISME PAR PAYS EN 2001
Pays |
Recettes du tourisme international |
Part des recettes mondiales |
PIB 2001 |
Recettes/PIB |
Etats-Unis |
72,30 |
15,6 % |
9 944,2 |
0,7 % |
Espagne |
32,87 |
7,1 % |
802,1 |
4,1 % |
France |
29,96 |
6,5 % |
1 487,9 |
2,0 % |
Italie |
25,94 |
5,6 % |
1 414,2 |
1,8 % |
Chine |
17,80 |
3,8 % |
5 019,4 |
0,4 % |
Allemagne |
17,21 |
3,7 % |
2 111,0 |
0,8 % |
Royaume-Uni |
15,90 |
3,4 % |
1 424,1 |
1,1 % |
Source
: OMT, OCDE
(Milliards de
dollars)
Votre rapporteur s'inquiète de l'impossibilité persistante de
notre pays à rentabiliser davantage la présence des touristes sur
son sol.
Au contraire de l'Espagne, dont la croissance de la
fréquentation en volume entre 2000 et 2001 (+ 2,7%) s'accompagne
d'une augmentation plus importante encore des recettes (+ 6%), notre pays
ne parvient pas à tirer tout le parti économique qu'on serait en
droit d'attendre de son leadership quantitatif puisque
ses recettes ont
diminué
(- 2,4 %)
alors que la fréquentation
touristique augmentait
(+ 1,2 %). En outre, on ne peut manquer
d'observer que le rapport entre les recettes touristiques françaises et
celles de partenaires comme l'Allemagne et l'Angleterre n'est que de 2 pour 1
environ, alors qu'en termes de fréquentation, il est respectivement de
l'ordre de 4,3 et 3,3 pour 1.
Il conviendrait ainsi que les pouvoirs publics s'interrogent sur les raisons
du faible contenu, en termes de recettes, de l'activité touristique
nationale
. Si une partie des explications résulte de ce que la
France est, plus que les autres pays, un
territoire de transit
touristique
et pas simplement de destination finale -ce qui limite le
potentiel de consommation des inputs-, il est certain qu'entrent aussi en
considération d'autres facteurs tenant au
contenu même de
l'offre
,
qui gagnerait ainsi à être valorisée
.
Reste que l'activité touristique demeure toujours un
secteur
rémunérateur pour l'économie française
,
malgré la diminution des recettes enregistrée en 2001 par rapport
à 2000. D'après les statistiques élaborées par la
Banque de France,
le solde excédentaire du poste
« voyages » de la balance des paiements a atteint
15,1 milliards d'euros en 2001
(- 2 %). Ce poste demeure
ainsi à la première place, qu'il occupe depuis 1999, et contribue
à près de 88 % à la capacité de financement de
la nation. Mais comme le démontre l'évolution mensuelle du solde,
la baisse globale est directement consécutive aux
événements du 11 septembre
puisqu'une progression importante
avait été observée au cours de huit premiers mois de
l'année.
Sur l'année, les
recettes
se sont établies à
33,9 milliards d'euros
(+ 3,35 %) tandis que les
dépenses
se sont élevées à
18,8 milliards
(+ 6,2 %).
B. UNE ÉVOLUTION DES COMPORTEMENTS TOURISTIQUES
Les conséquences des événements de septembre 2001 sur la structure du marché du tourisme international ont également été observées en France, en ce qui concerne tant les comportements de la clientèle étrangère que ceux des touristes français .
1. Une structuration modifiée de la demande étrangère
Comme
les autres destinations touristiques,
la France a souffert d'une brutale
désaffection des clientèles américaine et japonaise
.
En ce qui concerne les Américains, cela s'explique naturellement par
l'annulation de nombreux départs
à compter de septembre
2001, mais aussi par
l'instabilité des marchés financiers
qui ont conduit les retraités américains, importants
consommateurs touristiques, à une prudence de comportement puisque leurs
pensions dépendent largement de la situation boursière.
S'agissant des Japonais, la
conjoncture économique durablement
déprimée
de leur économie
a très
largement pesé sur leur consommation touristique. Reste que, grâce
à son
fort pouvoir d'achat
, cette
clientèle a encore
contribué pour 30 % environ des recettes touristiques de la
France
.
En outre, on a pu observer l'an passé un
recul de la demande
italienne
ainsi que, à un degré moindre cependant, des
demandes allemande et latino-américaine
, qui s'explique sans
doute davantage par les
difficultés économiques
ou,
à tout le moins, l'atonie de la croissance dans ces pays que par
« l'effet attentats ».
Néanmoins,
ces pertes de clientèles ont été plus
que compensées par des arrivées nouvelles
ayant pour origines
les
nouveaux marchés d'Europe de l'Est
, qui progressent de
6,3 %, les
pays de l'Europe du Sud
(à l'exception de
l'Espagne et de l'Italie), dont l'augmentation atteint 4,2 %, les
pays
nordiques et britanniques
, qui augmentent de 3,8 %, et enfin
l'
Afrique
(+ 5,6 %) et l'
Asie
exclusion faite du Japon
(+ 3,6 %). On peut ainsi relever, par exemple, que certains
Comités régionaux du tourisme ont vu apparaître dans leurs
statistiques les clientèles chinoises et indiennes, qu'il était
auparavant impossible de distinguer en raison des trop faibles effectifs
concernés.
Sur les cinq dernières années, il a été
constaté une progression constante de la part des touristes
néerlandais et britanniques et, à l'inverse, une diminution
régulière des allemands ainsi que, dans une moindre mesure, des
scandinaves et des helvétiques. Toutefois, la clientèle
étrangère de notre pays demeure très largement
dominée par celle d'Europe de l'Ouest (53,6 %), des îles
britanniques et des pays nordiques (18,2 %) et de l'Europe du Sud
(14 %), ces trois ensembles représentant près de 86 %
de la fréquentation étrangère.
Dès lors, si les évolutions constatées en 2001 sont
peut-être l'
amorce de
changements structurels plus
profonds
, ceux-ci prendront du temps avant de bouleverser la
répartition générale de la clientèle
étrangère en France.
2. Un recentrage de la demande intérieure sur l'hexagone et les marchés de proximité
En 2001,
les
séjours personnels des Français à
l'étranger
ont représenté
un peu moins de
10 %
de l'ensemble de leurs séjours,
en baisse d'environ
0,6 % par rapport à 2000
. Cette première observation
révèle un
changement par rapport aux comportements
passés
puisque une croissance significative et
régulière de leur nombre avait été constatée
depuis 1998.
De plus,
le nombre des nuitées passées à
l'étranger a également diminué
, traduisant ainsi un
raccourcissement des voyages
et, plus précisément, un
affaiblissement des longs séjours
2(
*
)
. Outre une infirmation, là encore, de la
tendance observée depuis 1998, cette diminution révèle
aussi un
changement de destinations préférentielles de nos
concitoyens, et de leurs comportements
: ils ont ainsi
privilégié les marchés de proximité
européens, multipliant les petits séjours (week-ends
prolongés, notamment) et diminuant les durées de leurs longs
voyages (même si la formule de
« la semaine en
tout-compris »
continue de progresser).
MOTIF, DESTINATION ET DURÉE DES SÉJOURS DES FRANÇAIS EN 2001
Motif |
Destination |
Court séjour |
Long séjour |
Total |
|||
Séjours |
Nuitées |
Séjours |
Nuitées |
Séjours |
Nuitées |
||
Professionnel |
France |
3,5 |
5,7 |
1,6 |
14,5 |
5,1 |
20,1 |
Etranger |
0,8 |
1,6 |
0,5 |
6,2 |
1,3 |
7,8 |
|
Personnel |
France |
79,5 |
145,0 |
64,7 |
632,8 |
144,2 |
777,8 |
Etranger |
3,7 |
8,0 |
12,2 |
115,9 |
15,9 |
123,9 |
|
Total |
France |
83,0 |
150,7 |
66,3 |
647,3 |
149,3 |
798,0 |
Etranger |
4,5 |
9,6 |
12,7 |
122,1 |
17,2 |
131,7 |
|
Général |
87,5 |
160,3 |
79,0 |
769,4 |
166,5 |
929,7 |
Source
: SDT/Direction du tourisme - Sofres
(Millions)
Le fléchissement général des déplacements à
l'étranger s'est accompagné d'une
redynamisation de la
mobilité en France
, qui a
progressé d'environ 2,1 %
pour les séjours
, tandis que le nombre des nuitées subissait
une légère érosion de 0,2 %.
Les Français ont ainsi
réorienté leur demande sur le
marché intérieur
, préférant là encore
séquencer leurs congés en plusieurs séjours de plus
courte durée que par le passé
. Ils sont
partis plus
souvent
, mais pour des
durées
un peu
plus
limitées
: la durée moyenne des séjours s'est
ainsi établie à 5,63 nuits en 2001 contre 5,76 en 2000, soit
une baisse de 2,3 %. Cette
situation est exactement contraire à
celle de l'année précédente
, qui avait
révélé une diminution de 0,3 % des séjours et
une augmentation de 1,1 % des nuitées.
Si l'on a pu qualifier ce comportement nouveau « d'effet 35
heures », il a aussi certainement résulté d'une
attention plus soutenue qu'auparavant au contenu même de
l'activité touristique
. Les observations du marché du
tourisme en 2001 révèlent en effet une
plus grande
sélectivité
de nos compatriotes, qui ont
privilégié la
diversification de la distribution des
activités
et manifesté un attrait plus important pour les
projets d'ordre sportif et culturel. Il sera intéressant de
vérifier dans les prochaines années si cette modification
comportementale est appelée à durer ou si elle ne constitue qu'un
retournement conjoncturel dans une tendance de long terme qui lui est
contraire.
C. LES DIFFICULTÉS SECTORIELLES ET LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN
Dans ce tableau général apparaissent toutefois des zones d'ombre . Le secteur marchand a souffert des événements du 11 septembre de manière certes différenciée, mais toutefois prononcée dans certains domaines et dans quelques régions. C'est ce qui a conduit les pouvoirs publics à prendre rapidement des mesures propres à aider le secteur touristique à surmonter cette passe conjoncturelle difficile.
1. Le choc inégalement ressenti des effets du 11 septembre 2001
Les secteurs affectés
Toutes les
branches du tourisme fortement ouvertes à la
clientèle « long-courrier »
ont connu des
résultats
à tout le moins
mitigés en 2001
.
Les années passées avaient vu la progression constante de
l'hébergement en secteur marchand. En 2001, ce mouvement a connu un
coup d'arrêt
, puisque 191 millions de nuitées ont
été enregistrées dans
l'hôtellerie
homologuée
, ce qui représente une
quasi
stabilité
(+ 0,1 % en fréquentation, et taux moyen
d'occupation maintenu à 60 %, comme en 2000). Les nuitées
françaises (+ 1,3 %) ont compensé la baisse de
fréquentation de la clientèle étrangère
(- 1,8 %), baisse qui a été particulièrement
sensible dans l'hôtellerie de luxe en raison de la réduction
drastique des demandes américaine et japonaise.
En effet, ce
secteur
,
principalement établi à Paris et
sur la Riviera Côte d'Azur
, a
subi
après le 11
septembre
une profonde contraction
qui a obéré les
résultats annuels de manière significative. Après un
début d'année 2001 plutôt morose et une très bonne
saison estivale, les nuitées étaient en hausse de 1 % sur le
cumul des huit premiers mois de l'année. Mais les résultats des
mois suivants ont été catastrophiques : - 0,1 % en
septembre, - 3,3% en octobre, - 1,9 % en novembre et
- 3,8 % en décembre.
Avec l'hôtellerie, la
restauration a également subi une
décélération de son chiffre d'affaires
. Les
glissements trimestriels sur un an de l'indicateur d'activité en valeur
de la restauration traditionnelle ont baissé d'un point par trimestre
tout au long de l'année, conduisant à un
recul en volume
de l'ordre de - 1 % en fin d'année par rapport à 2000.
Les
agences de voyage
ont elles aussi subi de plein fouet les
effets du 11 septembre. Certes, le chiffre d'affaire en valeur du secteur
a globalement augmenté de 1,2 % en 2001 par rapport à 2000.
Mais compte tenu d'une évolution des prix de l'ordre de 3 %, la
baisse en volume
a atteint - 1,8 % environ. En outre, on doit
rappeler que la progression du chiffre d'affaires de la profession avait
été de 11,7 % en 2000
.
Les opérateurs touristiques voyagistes à forfait et les agences
de voyages ont subi une chute brutale d'activité au mois d'octobre 2001,
comprise entre - 20 et - 40 %, avec cependant de
fortes
disparités selon les destinations
(USA et continent
américain, Afrique et Moyen-Orient) et les
clientèles
.
Cette chute est venue aggraver une baisse déjà perceptible dans
le tourisme d'affaires depuis juin 2001 et liée au retournement de
tendance de l'activité économique générale. Au
total, on estime que le secteur des agences de voyages travaillant à
l'international a connu une perte d'activité de 10 à 20% au
dernier trimestre 2001.
Naturellement, le
secteur aérien
a également
été
fortement pénalisé
par les attentats de
septembre. Si le trafic aérien international a augmenté de
2,6 % dans les aéroports de province, il a diminué de
- 2,3 % dans les aéroports parisiens, qui regroupent 80 %
des mouvements. Le résultat de l'année 2001 a donc
été globalement négatif.
Certes, avant même le dernier trimestre 2001, le fléchissement de
la croissance du trafic était déjà perceptible en raison
du retournement économique affectant les liaisons d'affaires, de la fin
de la montée en charge de plusieurs liaisons et de la baisse de l'offre
consécutive aux difficultés d'AOM et Air Littoral. Toutefois, le
trafic a été en recul de - 15 % en septembre et en
octobre, les
compagnies françaises non régulières ayant
été davantage affectées
(- 11,5 % sur
l'année avec une baisse comprise entre - 19 et - 25 %
selon les compagnies au dernier trimestre)
qu'Air France
(augmentation
globale de 1,5 % sur l'ensemble de son réseau malgré une
contraction de l'activité de - 6 % sur les trois derniers mois
de l'année).
Le
trafic aérien intérieur
a lui-même
été concerné par ce
recul
, après la faible
augmentation constatée en 2000. Pour l'essentiel, sa baisse semble
résulter de la
concurrence accrue du réseau ferroviaire
,
notamment de la mise en service du TGV Méditerranée.
Enfin, on a pu relever que les événements du 11 septembre
ont
pénalisé la fréquentation des sites
touristiques
par la conjonction de deux raisons : un
effet
psychologique
négatif quant aux lieux à forte présence
collective et la
diminution du nombre des touristes étrangers
d'origine lointaine
. A l'exception notable de la Tour Eiffel, dont la
fréquentation globale est restée stable, la plupart des sites
touristiques français de notoriété internationale ont
ainsi connu une baisse parfois sensible du nombre de leurs visiteurs
(musées du Louvre et d'Orsay, Arc de triomphe, Château de
Versailles). De plus, si la fréquentation des parcs à
thèmes s'est inscrite dans une logique haussière de moyen terme
(par exemple à Eurodisney), les pertes de clientèles en fin
d'année ont toutefois été sensibles.
Paris demeure la première ville mondiale des congrès internationaux
Effet du
11 septembre 2001, le
nombre global des congrès s'est tassé en
2001
(- 1,5 %), avec 9 259 réunions contre 9 400
l'année précédente, en raison d'une chute importante des
congrès aux Etats-Unis, relève l'Union des associations
internationales (UAI).
Paris reste la première ville mondiale de congrès
internationaux
(définis comme les réunions de plus de 300
participants et de plus de trois jours), avec 229 réunions, devant
Londres (191), Bruxelles (188), Vienne, Singapour, Genève, Berlin,
Séoul, Copenhague et Sydney. Ces dix villes ont accueilli au total
1 408 congrès, soit
15,2 % du marché mondial
(contre 1 520 et 15,9 % du marché en 2000).
A elle seule,
Paris représente 2,5 % du marché mondial et
4,3 % du marché européen
. Elle recueille 38,2 % des
congrès organisés en France, face à onze villes qui lui
font chaque année davantage concurrence.
Source : AFP - 13 septembre 2002
Les secteurs ayant résisté
En contrepartie, d'autres
secteurs et activités ont tiré
profit de cette situation
.
Même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un secteur, il
convient en premier lieu de relever la
confirmation du renouveau de
l'hébergement non-marchand chez la famille et les amis
observé en 2000. Cette progression constitue un retournement par
rapport à la décennie précédente, dont
il est
toutefois encore trop tôt pour assurer qu'elle est appelée
à perdurer
.
Dans le
secteur marchand
, les
résidences de tourisme
ont connu en 2001 une
activité soutenue
, la progression
étant d'environ 4 % par rapport à l'année
précédente et les
taux d'occupation très
élevés
(sur les bords de la Méditerranée, ils
ont ainsi frôlé les 100 % en juillet et août et
évolué entre 70 et 80 % en juin et en septembre). Les
étrangers ont été particulièrement nombreux
,
en particulier les Néerlandais, les Allemands et les Scandinaves, qui
ont représenté 55 % de la fréquentation.
Par ailleurs, l'
hôtellerie de plein air
a connu un
renouveau
après la mauvaise saison 2000. Avec plus de 98 millions
de nuitées enregistrées entre mai et septembre, l'augmentation a
été de + 4,8 % au total, de + 6 % pour la
clientèle étrangère (qui est encore toutefois à
- 6,6 % de son niveau record de 1999) et de + 4,2 % pour
les Français (+ 1,5 % par rapport à 1999). Si l'on ne
peut que se féliciter de cette
santé économique
recouvrée
, il n'est toutefois pas étonnant que le secteur
n'ait pas été affecté par les événements de
septembre 2001, la saison étant pratiquement achevée à
cette période.
En ce qui concerne les
modes de transport
, le
réseau
ferroviaire
a connu une année satisfaisante : le trafic
voyageur de la SNCF a progressé sur l'année de 2,5 %, ce
taux résultant en particulier de la croissance de 8 % du
réseau TGV
et, singulièrement, de la
mise en service du
TGV Méditerranée
à partir de juin. La
fréquentation globale a ainsi augmenté de 11,5 % au
troisième trimestre, cette nouvelle ligne ayant des
effets certes
directs mais aussi induits
puisque le réseau des trains express
régionaux (TER) du Sud-Est a été irrigué par cet
afflux de nouveaux voyageurs.
La
circulation routière
a également augmenté en
2001, progressant même à un rythme sensiblement supérieur
à celui de l'an dernier (+ 3 % contre + 2,1 %), en
raison notamment de la
forte utilisation du réseau autoroutier
.
Des régions touchées de manière
diversifiée
Deux régions ont subi un
contrecoup significatif
à la
suite des attentats du 11 septembre :
- l'
Ile-de-France
qui, avec 26,4 millions d'étrangers, dont
4 millions d'Américains et de Japonais, a connu une baisse de
12 % du taux d'occupation de son hôtellerie au dernier trimestre
2001. Au total, les nuitées y ont chuté de près de
4 % (- 5,5 % pour les hôtels 4* et 4* luxe et
- 3,7 % pour les 3 *). En outre, une
part significative des
sites touristiques renommés
y est située ;
- la
Côte d'Azur
, où les clientèles
américaine et japonaise représentent traditionnellement 7 %
des nuitées, dont 17 % dans les hôtels 4*, catégorie
qui a connu une baisse de 20 % au dernier trimestre 2001.
En revanche, s'agissant de la
répartition régionale des
touristes français
, l'année 2001 a montré une
grande stabilité
par rapport aux années
précédentes. Ce sont les
régions traditionnellement les
plus touristiques
qui ont le plus
bénéficié
du mouvement d'ensemble
qui a privilégié les
séjours dans l'hexagone, notamment Rhône-Alpes,
Languedoc-Roussillon et Bretagne. A cet égard, on peut relever que les
campings du bord de mer des régions concernées par le naufrage
de l'Erika
en décembre 1999 ont enregistré une hausse de plus
de 10 % des nuitées, ce qui est très encourageant même
si cela n'a pas permis de retrouver le niveau de fréquentation d'avant
la catastrophe.
D'une manière générale, la
répartition des
déplacements selon l'espace choisi a été extrêmement
stable
. Le
littoral
est resté le plus attractif en terme de
nuitées (36 %) mais sa
part n'a pas progressé
comme en
2000. Si, à l'exception de la
montagne
(- 3,4 % en
parts de séjours, mais stabilité des parts de nuitées),
aucun espace n'a réellement perdu de part de marché, la
campagne
en a toutefois regagné, en ce qui concerne tant les
séjours (+ 3 %) que les nuitées (+ 1,2 %).
Cette observation n'est pas incohérente, mais signifie simplement que la
campagne a été plus souvent qu'auparavant associée dans
les mêmes déplacements à d'autres espaces. On peut enfin
relever que la part de la
ville
dans les nuitées a elle aussi
augmenté, de + 2,6 %.
2. Des mesures fiscales et sociales de soutien aux professionnels
Le
gouvernement a rapidement porté son attention aux professionnels du
tourisme ayant connu une baisse d'activité à compter du 11
septembre 2001.
Les entreprises de ce secteur ayant justifié de
difficultés particulières consécutives aux
événements
ont pu, sur leur demande, bénéficier
de
mesures fiscales et d'allègement de charges sociales
.
Les
mesures fiscales
mises en place avec le secrétariat d'Etat au
budget ont ainsi permis d'octroyer des
délais de paiement
pour
les cotisations échues ou à échoir à compter du 15
septembre 2001, et d'accorder des
remises gracieuses sur les
pénalités de recouvrement
, après règlement du
principal dans les conditions fixées dans le cadre de la mise en oeuvre
d'un plan de règlement de paiement. Par ailleurs, les services fiscaux
ont été chargés d'examiner avec une particulière
bienveillance les demandes de
remises gracieuses d'impôts directs
lorsque les requérants se trouvaient dans l'incapacité
avérée de faire face au paiement de leurs échéances
fiscales.
En ce qui concerne les
charges sociales
, des mesures ont
été prises en concertation avec le ministère de l'emploi
et de la solidarité. A cet effet, les entreprises pouvaient s'adresser
aux services de l'URSSAF et de la direction départementale du travail,
de l'emploi et de la formation professionnelle afin que leur situation fasse
l'objet d'un examen au cas par cas pour l'octroi de
reports de paiement des
charges sociales
. Cette bienveillance a naturellement été
étendue aux
cotisations dues par les chefs d'entreprises artisanales
et commerciales
. Pour les entreprises ayant mis en oeuvre
l'aménagement et la réduction du temps de travail (ARTT), le
remboursement des charges sociales a été suspendu
dans les
cas où l'application de l'ARTT s'est trouvée interrompue
consécutivement aux difficultés résultant du 11 septembre.
Enfin, pour éviter de recourir aux licenciements économiques, les
entreprises ont pu solliciter des services de l'emploi le
bénéfice des
mesures de chômage partiel
.
3. Une campagne de promotion renforcée
Par
ailleurs, soucieux de contrarier rapidement les évolutions
dépressives du marché international, les pouvoirs publics ont
décidé de
renforcer tout particulièrement la promotion
de la destination « France »
sur les
marchés
fortement émetteurs de touristes
et les
segments les plus
affectés par les événements
(le tourisme d'affaires et
le tourisme haut de gamme). C'est à
Maison de la France
qu'a été confiée la responsabilité de mettre en
place l'ensemble de ces actions commerciales
.
La
campagne mondiale de promotion
engagée en mars 2002 a
été menée en priorité sur les
grands
marchés européens émetteurs de touristes
:
Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Espagne et Suisse. Des
actions de soutien
ont également été
développées aux Etats-Unis, au Canada et au Japon. Cette campagne
a été réalisée grâce à une
dotation
exceptionnelle de l'Etat
de près de 4,9 millions d'euros inscrite en
loi de finances rectificative pour 2001
, qui a permis de lever des
crédits partenaires à hauteur de 4,16 millions d'euros,
complétés par des participations extérieures de plus de
3,67 millions d'euros. Au total,
l'investissement global s'est
élevé à plus de 12,7 millions d'euros
.
Conçue avec la volonté de mettre en avant
la qualité et
la diversité de l'offre
touristique française,
l'aspect
festif et jeune
de la destination, ainsi que sa
proximité et sa
sécurité
, cette campagne s'est appuyée sur
un
concept fédérateur concrétisé par le message
« J'aime la France »
encarté dans un coeur rouge.
Elle a comporté une phase générique sous forme d'une
campagne télévisée sur plusieurs chaînes
pan-européennes et la chaîne française LCI, puis a
été déclinée de façon adaptée aux
principaux marchés concernés, selon des formes diverses :
opérations de marketing direct, marketing sur internet, campagnes de
presse, campagnes grand public sur différents supports (affichage,
radio, télévision, etc.), éditions de documents
spécifiques.
Les premières estimations des résultats de la saison estivale
2002 laissent à penser que cette campagne a rencontré un
réel succès
.
Or, pour votre rapporteur pour avis, cette
observation justifierait que dans le contexte actuel
(aggravé par le
récent attentat de Bali)
un tel effort promotionnel de grande ampleur
soit plus régulièrement mis en oeuvre
, pour deux raisons
essentielles :
- tous les professionnels s'accordent à reconnaître qu'une
campagne de promotion n'a de réelle efficacité et d'effets
durables qu'au bout d'une certaine période ; la
durée
et la
répétition
constituant deux éléments
fondamentaux des stratégies marketing,
votre rapporteur pour avis
estimerait
opportun de renouveler un nouveau plan d'actions
d'envergure de manière pluri-annuelle, sur deux ou trois ans, avec un
budget spécifique abondé par l'Etat et permettant de lever des
partenariats
;
- les principaux
concurrents étrangers de la France
consacrent au chapitre de la promotion touristique des
budgets
sans
aucune mesure avec les siens ; c'est en particulier le cas de
l'
Espagne
(
26 millions d'euros
), avec les résultats que
l'on connaît depuis plus de vingt ans, ou encore plus récemment,
de la
Grande-Bretagne
(campagne
« Seulement en GB,
seulement en 2002 »
).
II. UNE SAISON 2002 CONTRASTÉE
Les
événements du 11 septembre 2001 ont encore eu des
effets
visibles sur l'activité touristique française en 2002
,
même si d'
autres
facteurs
ont certainement
conditionné les évolutions que révèlent les
premières estimations disponibles : parité euro/dollar,
krach boursier, situation au Proche-Orient, morosité de
l'activité économique mais maintien du dynamisme de la
consommation des ménages.
Pour ce qui concerne les
échanges touristiques internationaux
, le
chiffre d'affaires des
agences de voyage
a retrouvé en avril
2002, après sept mois consécutifs de baisse d'activité,
une croissance positive de 2,3 % par rapport au même mois de
l'année précédente. Reste que le chiffre d'affaires
cumulé depuis le début de l'année demeurait encore
à cette date en baisse de quelque - 3,7 %, la billetterie
diminuant de - 2,8 % et la revente de voyages à forfait de
- 8 %. En outre, les mois de mai et de juin ont connu un nouveau
recul, le secteur restant ainsi encore très fragilisé à la
fin du premier semestre 2002.
Dans le
transport aérien
, les compagnies ont
considérablement réduit leurs capacités afin de maintenir
le taux de remplissage des avions et de limiter leurs pertes. Pour certaines
destinations (par exemple les liaisons Europe/USA, où la diminution est
de l'ordre de - 14 %), la demande en est négativement
influencée. En France, entre le 1
er
janvier et le 31
août 2002, tous les mouvements aériens ont ainsi diminué
par rapport à l'année précédente : de
- 11 % pour les vols transatlantiques, de - 5 % pour les
autres vols internationaux, et même de - 6,2 % pour les vols
intérieurs (les survols du territoire ayant en revanche
été stables).
S'agissant de l'
hôtellerie
, la fréquentation semblait en
légère hausse
sur le cumul des cinq premiers mois de
l'année (+ 0,9 % en nuitées). Le créneau des
hôtels haut de gamme, notamment, a pu récupérer une partie
de son taux d'occupation par chambre par un redéploiement de son
activité vers des clientèles de proximité au pouvoir
d'achat moins élevé que celui des touristes américains et
japonais, toujours sensiblement moins nombreux que dans un passé
récent.
A. LE BILAN MITIGÉ DE LA SAISON HIVERNALE
Le secteur de la montagne a directement bénéficié du tassement du trafic aérien et du détournement des clientèles française et étrangère des destinations ensoleillées et lointaines. En raison d'un déficit d'enneigement , le report a certes été moins important que celui qui était envisagé à l'automne 2001. Néanmoins, les fortes chutes de neige intervenues dans tous les massifs en fin de saison ont conforté ce mouvement, et affermi par ailleurs la tendance au développement de la pratique du ski de printemps.
1. Des résultats globaux flatteurs
Le
nombre des nuitées
passées par les
touristes
français à la montagne
a retrouvé au cours de l'hiver
2001-2002 son
niveau historique
de la saison 1997-1998 (58,4 millions).
Ce résultat est même d'autant plus satisfaisant que nos
compatriotes ont
plébiscité les stations nationales
(+ 5,9 %), fréquentant les stations étrangères
de façon plus limitée (- 8,8%).
En revanche, la
clientèle étrangère
a
été
très présente dans les stations
françaises
, notamment dans celles où elle représente
plus de 30 % de la fréquentation totale. Aux traditionnels clients
britanniques, néerlandais et belges se sont joints cette saison des
pratiquants nouveaux venant d'Europe centrale et orientale
.
Globalement, la
fréquentation française et
étrangère
des stations a ainsi
progressé
de
3,9 %, le nombre des journées-skieurs augmentant quant à lui
de manière plus ténue (+ 1,4 %) pour s'établir
à une moyenne estimée de 49,75 millions. Le
chiffre d'affaires
des exploitations de remontées mécaniques
s'est établi
à 812 millions d'euros, en progression de 3,7 %.
La pratique du
ski alpin
demeure toujours largement
prédominante
, mais les
nouvelles glisses
connaissent une
augmentation continue et régulière
depuis huit ans
(+ 15,2 %). Ainsi, la pratique des
surfs
se consolide
(+ 11 %) et constitue une des activités importantes des
clientèles assidues des stations (clientèle de ski à la
journée et de courts séjours répétés). Les
skis courts
(snowblade, patinettes) représentent désormais
un mode de glisse significatif, en progression lui aussi, touchant environ
4 % des passages et essentiellement une clientèle jeune
fréquentant occasionnellement les stations. En revanche, les pratiques
comme le monoski, le télémark, le snowskate, le snowscoot, etc.,
restent extrêmement
marginales
et inférieures chacune
à 0,3 %.
Après la
saison catastrophique de l'an passé
, le
ski
nordique
s'est
légèrement
repris
: la
recette de la redevance nationale augmente de 11,3 % à hauteur de
7,735 millions d'euros tandis que le nombre de journées-skieurs
progresse de 14 %. Toutefois, ce secteur est encore
loin d'avoir
rattrapé ses pertes antérieures
, puisque ses recettes restent
inférieures de plus de 15 % en volume par rapport à la
moyenne des saisons 1996 à 2000, et de 21 % en ce qui concerne la
fréquentation.
2. Des difficultés persistantes dans certains secteurs
Si les
résultats généraux paraissent satisfaisants
,
plusieurs secteurs connaissent toutefois des
difficultés
persistantes
. C'est évidemment le cas, on l'a vu, du
ski
nordique
, qui a connu une
année encore difficile
en raison
notamment du manque de neige pendant une partie de la saison. En outre, l'offre
nordique se compose d'une multiplicité de sites de taille et de
qualité très diverses, 80 % de la clientèle se
concentrant sur 20 % d'entre eux. Ainsi, l'adaptation de l'offre aux
nouvelles attentes des fondeurs et le repositionnement des sites constituent
à l'évidence un défi majeur pour cette activité.
Mais le
ski alpin
présente lui aussi des
caractéristiques contrastées
, entre un
massif du Nord
des Alpes
jouissant d'une
santé économique sans faille
grâce au poids prédominant des grandes stations à
enneigement garanti, et les
autres massifs davantage soumis aux aléas
climatiques et à la volatilité de la clientèle.
Ainsi le massif des Alpes du Nord
cumule les performances
. La
fréquentation des pistes
y est en
progression constante et
régulière
, s'établissant à + 2,5 % en
moyenne depuis huit ans, tandis que son
chiffre d'affaire
actualisé
progresse à un rythme similaire
(+ 2,3 %). Il
concentre la plupart des grands sites
, dont les
douze principaux génèrent à eux seuls 47 % de la
redevance totale et 45 % des skieurs.
ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES ACTUALISÉ DES REMONTÉES MÉCANIQUES
Massif |
1994-1995 |
2000-2001 |
2001-2002 |
Evolution
|
Evolution sur la moyenne des quatre saisons précédentes |
Alpes du Nord |
524,8 |
632,4 |
646,7 |
+ 2,3 % |
+ 6,6 % |
Alpes du Sud |
79,7 |
100,6 |
73,1 |
-27,3 % |
- 21,7 % |
Pyrénées |
63,4 |
51,1 |
71,5 |
+ 40 % |
+ 24,2 % |
Massif central |
7,4 |
6,4 |
6,2 |
- 2,9 % |
- 17,7 % |
Jura |
9,1 |
4,4 |
6,8 |
+ 56 % |
- 8,9 % |
Vosges |
8,7 |
4,7 |
7,8 |
+ 67 % |
- 4,2 % |
Source
: Direction du tourisme
(Millions d'euros
constants
2002
)
En revanche, si la
saison 2001-2002 a été exceptionnelle pour
les Pyrénées
, dont le chiffre d'affaire dépasse le
précédent record de 1998-1999, et
tout juste satisfaisante
pour le Jura
et les Vosges
, grâce aux bons résultats de
décembre 2001 et janvier 2002, elle a été
très
difficile dans le Massif central et surtout dans les Alpes du Sud
,
où la baisse du chiffre d'affaires des remontées
mécaniques atteignait fin mars 2002 respectivement - 14 % et
- 22 % par rapport à la moyenne actualisée des quatre
saisons précédentes.
Dans
les Alpes du Sud
, la
saison
peut être qualifiée
de
catastrophique
: le
nombre des skieurs
y a
été
le plus faible
depuis la saison 1992-1993, tandis que
le
rendement moyen de la journée skieur s'est littéralement
effondré
(- 27 %). A cet égard, il convient de
relever que la baisse est de l'ordre de - 22 % dans les Hautes-Alpes,
de - 32 % dans les Alpes-Maritimes et de - 42 % dans les
Alpes de Haute Provence.
Ainsi, sur l'ensemble des massifs autres que celui des Alpes du Nord, le
chiffre d'affaires a diminué de 1 % par rapport à la saison
2000-2001 et de 5 % par rapport à la moyenne des quatre saisons
précédentes. En outre, les
résultats contrastés
de ces massifs d'une année sur l'autre
révèlent la
très
grande fragilité
qui est la leur :
il est en
effet particulièrement délicat pour une activité
économique de gérer des à-coups saisonniers sans
visibilité de moyen terme
.
B. LES PREMIÈRES ESTIMATIONS DE LA SAISON ESTIVALE
Au début du mois d'octobre, M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, a présenté au Conseil des ministres une communication relative au bilan de la saison touristique estivale .
1. La confirmation des tendances générales observées en 2001
La
fréquentation a été caractérisée par une
augmentation du nombre des déplacements des Français en
France
, alors que
fléchissaient à nouveau
légèrement leurs déplacement à
l'étranger
. Les
clientèles étrangères sont
restées fidèles
, notamment celles de l'Europe du Nord, de
l'Espagne et de l'Italie, même si la
baisse sensible des touristes en
provenance du Japon et des Etats-Unis s'est poursuivie
.
La
Bretagne
et les
Pays de Loire
ont connu une
meilleure
saison
qu'en 2001, tandis que la
situation des Antilles s'est
aggravée
puisque l'activité touristique y a diminué de
- 20%. Si la fréquentation sur l'ensemble du
littoral
et en
milieu rural
est demeurée
stable
, elle a connu une
hausse en milieu urbain
et a
encore diminué en montagne
.
S'agissant de l'activité des
secteurs économiques
, les
agences de voyages
n'ont pas retrouvé leur niveau d'affaires de
2001 : fin août 2002, leur chiffre d'affaires était
inférieur d'environ 8 % à celui constaté un an plus
tôt, le nombre de demandeurs d'emplois dans la branche estimé
à 7 000, et le nombre d'offres d'emplois en recul de 42 %. Les
perspectives ne sont au demeurant pas positives à court terme, le climat
international se détériorant avec la menace diffuse du terrorisme
(qui s'est encore renforcée depuis l'attentat de Bali qui a
spécifiquement visé des touristes) et le risque de guerre contre
l'Irak (la dernière crise du secteur remonte précisément
à une dizaine d'années, après la guerre du Golfe).
Quant aux résultats enregistrés dans les autres secteurs
touristiques, ceux de l'
hôtellerie
ont été
très légèrement minorés
, les
campings
,
gîtes ruraux
et
chambres d'hôtes
ont
connu une
fréquentation en légère augmentation
,
tandis que les
résidences de tourisme
, les
clubs et villages
de vacances
ont enregistré des
performances identiques
à celles de 2001.
Reste que les
résultats de l'été 2002 ont
conforté la place de la France dans le tourisme mondial
et le
secteur touristique comme une des premières activités
économiques du pays
. L'hôtellerie et la restauration ont
notamment créé plus de 11 000 emplois au premier semestre,
même si ce secteur demeure fragile.
Le tourisme demeure la première activité de la Riviera Côte d'Azur
Avec 10
millions de touristes chaque année dont plus de la moitié
d'étrangers, 72 millions de nuitées hôtelières
recensées, un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros et 64 000
emplois directs et indirects, la
Côte d'Azur reste une terre
bénie du tourisme
.
La
région PACA enregistre depuis cinq ans une croissance de sa
fréquentation touristique
, de manière continue mais toutefois
plus lente depuis 2000. Dans l'attente des résultats définitifs,
l'été 2002 devrait se situer au niveau des meilleures
années de fréquentation de la région
, même s'il
ne connaîtra pas une hausse par rapport à l'excellent
été 2001.
La
tendance au ralentissement de la croissance
s'était
déjà manifestée en 2001, saison qui a toutefois
dégagé le meilleur résultat de la région avec 36
millions de touristes accueillis pour 237 millions de nuitées.
Source : CRT - PACA
2. Les comportements de la clientèle se modifient durablement
Au-delà des
tendances quantitatives
annoncées
par le secrétaire d'Etat, la
saison 2002 a confirmé au plan
qualitatif le renouveau des comportements observé l'an passé
.
Les
séjours de vacances sont plus courts et fragmentés
,
sous l'effet de la réduction du temps de travail et de l'allongement des
congés payés. Les
réservations sont plus tardives
et les
achats de dernière minute
deviennent toujours plus
nombreux, tandis que les
annulations
sont beaucoup plus
fréquentes
que par le passé. En outre, les
prix
constituent un facteur prépondérant dans la décision
d'achat
et, sans doute est-ce lié,
l'hébergement non
marchand continue d'augmenter
.
Parallèlement, la
demande de formules de vacances sur mesure
se
renforce, en raison de la
maturité d'une part importante de la
clientèle
. Du côté de l'offre, le recours aux derniers
progrès de la technologie de l'information et de la communication
autorise la
personnalisation
, qui se tourne davantage vers les
vacances conçues comme une expérience
. Ainsi,
emboîtant le pas à d'autres secteurs de consommation,
l'activité touristique permet à sa clientèle de partager
avec d'autres des expériences enrichissantes, apportant de nouvelles
connaissances tout en faisant ressentir de véritables émotions.
Enfin, les
consommateurs apportent aussi une attention croissante à
la qualité des prestations, de l'accueil et de l'environnement
.
Cette tendance lourde, qui résulte sans doute pour partie de
l'augmentation constante de la
clientèle du troisième
âge
, aux exigences affirmées dans ces domaines, conduit
inéluctablement à une
restructuration de l'offre
et
à un
renforcement de la concurrence entre les professionnels
.
C. LES ENSEIGNEMENTS À TIRER POUR L'AVENIR
De ce panorama de l'activité touristique depuis près de deux ans, votre rapporteur pour avis croit devoir suggérer des pistes de réflexion et d'action prioritaires pour répondre rapidement à deux difficultés particulièrement préoccupantes .
1. Soutenir l'activité touristique en montagne
Alors
que l'année 2002 a été proclamée, à
l'initiative de l'Assemblée générale des Nations-Unies,
« Année des montagnes du monde »
, force est
de constater que
le gouvernement précédent n'a pas saisi cette
occasion pour engager résolument une politique de nature à
favoriser la reprise de l'activité touristique en montagne
. Celle-ci
s'essouffle de manière continue depuis plusieurs années en
dépit des
efforts constants des acteurs et élus locaux
, et
la santé relative du
tourisme hivernal
, outre qu'elle est, on l'a
vu, contrastée selon les massifs, ne suffit plus à compenser la
faiblesse continue du
tourisme estival
, qui s'est en particulier
dégradé ces deux dernières saisons.
On relèvera ainsi que la moitié des stations de montagne a
jugé les résultats de la saison d'été 2002 encore
inférieurs à ceux de 2001, selon l'
Observatoire
des
stations de montagne
. La baisse serait comprise entre 1 % et plus de
10 % de la fréquentation totale, et imputable essentiellement
à la clientèle française, la fréquentation
étrangère ayant été stable, voire en progression
légère. Toutefois, 30 % des stations estiment que la saison
2002 a été supérieure à la saison 2001.
Votre rapporteur pour avis souhaite ainsi réitérer le
soutien
total
qu'il a apporté, dans le cadre de la
mission commune
d'information chargée de dresser un bilan de la politique de la
montagne
, aux propositions formulées par ses excellents
collègues Jacques Blanc, sénateur de la Lozère, et
Jean-Paul Amoudry, sénateur de Haute-Savoie, respectivement
président et rapporteur de cette mission, qui ont déposé
leur remarquable rapport le 9 octobre dernier
3(
*
)
.
Les
dix propositions
(n° 31 à 40) visant à
encourager le tourisme de montagne
, qu'ils formulent en conclusion de
leur analyse exhaustive et rigoureuse de la problématique du tourisme de
montagne comme
vecteur économique du développement local,
constituent à tous égards les
lignes directrices d'un
projet de renouveau très attendu
.
Votre rapporteur pour avis
formule le voeux que le gouvernement, et singulièrement le
secrétariat d'Etat au tourisme, sauront s'emparer de ces suggestions et
auront à coeur d'y donner suite pour ce qui les concerne.
2. Accompagner la relance du tourisme aux Antilles
Les
professionnels du tourisme des Antilles
sont confrontés depuis la
fin de l'année 2000 à d'
importantes
difficultés
qui tiennent en particulier aux
conditions de la
desserte aérienne
, qui se sont dégradées tant avec la
métropole qu'avec le continent nord-américain, pourvoyeurs
traditionnels de la clientèle de l'archipel. Le dépôt de
bilan des compagnies AOM et Air Liberté au printemps 2001 a
été à cet égard très préjudiciable,
puisqu'il a tout à la fois tari l'apport quantitatif de touristes et
fragilisé l'activité des tour-opérateurs. Au demeurant,
Air Lib n'a pas réussi, depuis un an, a redresser la situation, et ses
lignes vers les Antilles sont structurellement déficitaires, ce qui
explique pour l'essentiel la précarité de sa situation. Ainsi,
depuis trois ans, en raison des réductions successives des
capacités des transporteurs, le nombre des sièges d'avions a
baissé au total de 20 à 25%.
Si
d'autres raisons plus endogènes peuvent également
contribuer au marasme
, il est indéniable que la
situation
économique du secteur est aujourd'hui très
préoccupante
. En 2001, le taux d'occupation de l'immobilier
touristique martiniquais était en baisse de 36 %, et le
secrétaire d'Etat a indiqué dans sa communication du début
du mois d'octobre que la fréquentation aux Antilles a encore
reculé de 20 % cette année. Dans ces conditions, les
principaux opérateurs et groupes hôteliers réduisent
leur activité
, à l'instar de
Nouvelles
Frontières
, du groupe
Méridien
, ou encore
d'
Accor
, groupe qui aurait décidé de se désengager
de la Martinique dès mars 2003 et, à plus long terme, de la
Guadeloupe.
Le climat social s'est incontestablement dégradé aux Antilles ces
derniers mois, et la situation courant octobre 2002 est particulièrement
périlleuse. Certes, le secteur du tourisme n'est pas le seul
concerné, mais compte tenu de son importance pour l'économie
antillaise, il focalise l'attention et suscite les plus importantes
préoccupations. En outre, force est de constater que les conditions de
rentabilité de l'exploitation touristique ne sont plus assurées,
surtout face à la concurrence des autres îles des Caraïbes,
qui ont développé une politique d'accueil et de produits
très performante.
Les professionnels et les élus locaux ont certes commencé
à réagir
. Ainsi, les élus de douze communes
martiniquaises ont-ils décidé de se regrouper sous la
bannière d'
« Espace Sud »
et d'adhérer
au plateau technique de réservations exclusivement martiniquais mis en
place par la municipalité de Sainte-Anne, qui est la première
commune touristique de l'île avec 2 millions de visiteurs en
2001
4(
*
)
. Reste que
l'Etat doit
également contribuer au sauvetage de l'économie touristique
antillaise
.
Il semblerait qu'une
mission interministérielle
,
diligentée en mai 2001 et chargée de dresser un constat de la
situation de la desserte aérienne et d'analyser les raisons de la baisse
de fréquentation des structures hôtelières, a
présenté des
propositions d'amélioration de la desserte
aérienne des DOM et de Mayotte depuis et vers la métropole
.
En outre, une
mission d'expertise de la situation de l'offre touristique en
Martinique et en Guadeloupe
a été confiée en mars 2002
à l'Agence française d'ingénierie touristique (AFIT), qui
a
rendu en juin dernier un rapport
formulant un certain nombre de
propositions en vue d'améliorer cette offre
.
Compte tenu de
la gravité et de l'urgence de la situation
, votre
rapporteur pour avis espère vivement que des
conclusions seront
rapidement tirées
afin qu'un
plan soit défini en
concertation avec les socio-professionnels et les élus antillais
, et
que des
moyens efficaces
soient mis en oeuvre pour contribuer à
redonner au secteur touristique de Martinique et de Guadeloupe le dynamisme qui
devrait être durablement le sien.
A cet égard, il se réjouit de l'annonce faite à la
mi-novembre, par le secrétaire d'Etat au tourisme, de la décision
du Gouvernement de déposer en décembre prochain un
projet de
loi de programme pour l'outre-mer
qui aura pour objectifs, entre autres, de
relancer les investissements touristiques grâce à de nouvelles
formules de défiscalisation, de faciliter l'entretien et la restauration
des équipements hôteliers, de favoriser l'emploi par
l'allégement de charges sociales, d'aider les transporteurs,
d'améliorer la formation professionnelle dans les métiers du
tourisme, et enfin de contribuer à la définition et à la
promotion de produits touristiques fiables, innovants et de bonne
qualité.
CHAPITRE II -
UN BUDGET DU TOURISME PRÉSERVÉ EN
2003
Après avoir progressé de 7,4 % en 2000 puis
de
12 % en 2001, le
budget du tourisme a été
consolidé en 2002
(+ 2,8 %), les moyens de paiements ayant
été fixés par le projet de loi de finances initiale
à
73,9 millions d'euros
.
En outre, et comme chaque
année, le Parlement a voté une majoration au titre de la
réserve parlementaire qui s'est élevée l'an dernier
à
un million d'euros
.
Pour
2003
, cette
modération se poursuit
, dans un contexte
général cependant plus dégradé qui
impose la
plus grande rigueur dans la maîtrise des dépenses publiques
.
C'est pourquoi
votre rapporteur pour avis se félicite de la
protection dont a bénéficié le budget du tourisme
,
dont les
moyens de paiement progresseront de 1,36 %
par rapport aux
services votés pour 2002,
dépassant légèrement
les 75 millions d'euros
.
PROJET
DE LOI DE FINANCES POUR 2003
RÉPARTITION DES
CRÉDITS
Nature des crédits |
BV 2001 |
PLF 2002 |
BV 2002 |
PLF 2003 |
PLF
2003
|
Titre III - Moyens des services |
21,34 |
22,42 |
22,22 |
22,46 |
+ 1,1 % |
Titre IV - Interventions publiques |
44,21 |
44,52 |
44,30 |
41,48 |
- 6,4 % |
Total des dépenses ordinaires (DO) |
65,56 |
66,93 |
66,52 |
63,93 |
- 3,9 % |
Titre VI - Subv. d'investissements |
|
|
|
|
|
- autorisations de programmes (AP) |
15,17 |
14,03 |
14,27 |
14,37 |
+ 0,7 % |
- crédits de paiements (CP) |
2,75 |
6,96 |
7,52 |
11,11 |
+ 47,7 % |
Moyens d'engagement (DO+AP) |
80,73 |
80,96 |
80,79 |
78,30 |
- 3,08 % |
Moyens de paiement (DO+CP) |
68,30 |
73,89 |
74,04 |
75,05 |
+ 1,36 % |
En millions d'euros
Le
projet de budget du secrétariat d'Etat, tout en respectant les grandes
orientations de politique générale du gouvernement, s'articule
directement avec les priorités définies pour le ministère
de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer
en les adaptant au cadre spécifique qui est le sien.
Ainsi, les
moyens des services
, pour un
effectif
sans
évolution de
321 agents
, augmentent modérément
sous l'effet conjugué de
réductions budgétaires
dues pour l'essentiel à la non-reconduction de dépenses
d'informatique et de télématique (- 152 500 euros) et
à des mesures d'ajustement (- 404 000 euros) qui traduisent
principalement le fait que certains emplois ne sont pas pourvus, et d'une
augmentation substantielle des moyens de fonctionnement
résultant
d'un abondement supplémentaire des
crédits d'études
à hauteur de 581 000 euros.
S'agissant des
orientations stratégiques
fixées dans le
domaine du tourisme, le secrétaire d'Etat a décidé de
porter l'accent l'an prochain sur
trois aspects prioritaires
:
renforcer l'attractivité du territoire, favoriser l'aménagement
du territoire et le développement local, et garantir l'accès aux
vacances pour tous.
I. RENFORCER L'ATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE
La promotion de la France à l'étranger et le renforcement de l'attractivité du territoire ont pour buts d' inciter les touristes étrangers à choisir notre pays comme destination et d'y prolonger leur séjour , afin d'exploiter davantage et mieux le potentiel économique du secteur touristique national. Votre rapporteur pour avis ne peut que souscrire à ces objectifs , qui passent par un accroissement des moyens de promotion touristique et par l' approfondissement de la capacité d'expertise publique , tant il est vrai que le développement du tourisme international doit être précédé d'études d'impact indispensables à la définition des cibles et au calibrage des produits pour permettre à l'offre touristique de s'adapter au mieux à la demande.
A. LES MOYENS DE PROMOTION TOURISTIQUE SONT ACCRUS
1. L'activité de « Maison de la France » (MDLF)
« Maison de la France »
(MDLF) est
un
groupement d'intérêt économique (GIE) créé en
1987 et placé sous l'autorité du secrétariat d'Etat, qui a
pour missions de
promouvoir la destination France à l'étranger
et en France
, de
développer le partenariat
entre l'Etat, les
collectivités territoriales, les professionnels du tourisme et les
grands secteurs de l'économie, et de participer à la
politique
de coopération internationale
des départements
ministériels.
Les
1 182 adhérents
du GIE, au 1
er
septembre
2002, sont répartis entre
institutionnels
(34 %),
acteurs
directs du tourisme
(40 %) et
professionnels contribuant au secteur
touristique
(26 %). Le conseil d'administration de 27 membres et
l'assemblée générale définissent les orientations
stratégiques de MDLF.
Pour les mettre en oeuvre,
32 bureaux
sont implantés dans 26 pays
et couvrent un champ d'action de 39 états. Si MDLF dispose de
structures propres
dans les pays les plus importants en termes de
potentiel de clientèle (Etats membres de l'Union européenne, les
Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, le Brésil, l'Australie,
...), le GIE s'associe également au sein de
bureaux
conventionnés
avec Air France ou les chambres de commerce et
d'industrie (Hongrie, Afrique du Sud, Mexique, Argentine, Taïwan,
Corée, Hong-Kong) ou installe parfois de simples
antennes
(Dehli
ou des villes secondaires dans les pays disposant déjà d'un
bureau, tel les Etats-Unis). Près de
200 agents
animent ces
structures établies
à l'étranger
, tandis que
82
sont localisés
au
siège
.
Les
missions
de MDLF sont
multiples
. En matière
d'
information
et
de
communication
, il s'agit de mieux
faire connaître la richesse et la diversité de l'offre touristique
française, de fidéliser la clientèle et de
conquérir de nouvelles cibles. Les opérations de
promotion
commerciale
visent à accroître la programmation de la
destination France, à inciter les tour opérateurs à
diversifier leur programmation, à former et informer les professionnels
pour aider à la vente du produit France, et enfin à aider les
adhérents du groupement à trouver des partenaires
étrangers. Les
relations presse
contribuent à
accroître la présence de la destination France dans les
médias internationaux, et à informer la presse professionnelle et
les adhérents du GIE sur l'activité de MDLF. Enfin, une
activité fondamentale d'
analyse
des marchés
étudie continuellement la demande et les attentes des clientèles
étrangères pour aider les professionnels à
développer des produits adaptés, organise la veille
stratégique des marchés et mène des études
prospectives.
Activités 2002
Outre la
campagne de promotion spécifique
engagée en mars
pour relancer la destination France et limiter l'impact négatif des
événements du 11 septembre 2001 (
v. supra
), MDLF
a continué à mener l'ensemble de ses
actions de promotion
traditionnelle
tout en
infléchissant sa stratégie
et
en faisant
évoluer son
positionnement sur certains
marchés
pour tenir compte de la nouvelle donne touristique
après les attentats aux Etats-Unis et des changements intervenus dans le
comportement des touristes.
C'est ainsi que MDLF joue un
rôle de pionnier sur certains
marchés à fort potentiel
sur lesquels il est souvent
difficile de pénétrer. Par exemple, les
marchés
russe
et chinois
connaissant depuis quelques années une
croissance annuelle supérieure à
20 %
, le GIE
à ouvert un bureau à
Moscou
en juillet tandis qu'il
renforçait ses actions dans l'
Empire
du Milieu
. Dans la
même optique, il a renforcé ses moyens en
Corée du
Sud
, dont le marché a progressé de 27 % en 2001, et
ouvert des
représentations spécifiques en Inde
et au
Portugal
, qui dépendaient auparavant des bureaux de,
respectivement, Singapour et Madrid.
Par ailleurs, la
recherche d'une plus grande efficacité
dans
ses actions
a également conduit MDLF à renforcer la politique
mise en place dans le domaine des nouvelles technologies et à se doter
d'outils plus performants. Ainsi, avec l'installation en juin 2002 de la
nouvelle version du portail Internet
franceguide.com
, ce sont
désormais
sept langues européennes
et
quatre langues
asiatiques en sites allégés
qui sont disponibles. En outre,
l'espace comprend des pages spécifiques à chaque marché
ainsi qu'un espace professionnel au service du réseau MDLF et de ses
partenaires. Enfin, le renouveau du site coïncide avec la mise en place
progressive du
programme informatique unifié
devant permettre
d'optimiser tout à la fois le traitement de la demande client, le
système de gestion et de diffusion des brochures, ainsi que le reporting
de l'activité marketing, afin de disposer notamment de
bases de
données clients performantes
. L'objectif est de passer rapidement de
six à
neuf millions de visiteurs
sur le site.
A cet égard, il convient de souligner que MDLF a parfaitement
réussi à mettre en oeuvre, dans un temps très bref, l'une
des conclusions du rapport d'information sur le GIE de notre collègue
Marie-Claude Beaudeau
5(
*
)
qui avait
souligné la nécessité
« incontournable » du développement de son
réseau internet.
S'agissant de la
promotion
, MDLF a participé ou organisé,
au cours du premier semestre 2002, 56 salons, workshops et
séminaires auxquels 1 252 partenaires ont participé, et
qui ont reçu la visite de près de 3,5 millions de clients (grand
public et professionnels).
Enfin, après la création du Club « Nature »
en 2001, la
démarche produits
a été
renforcée en 2002 par la promotion en matière de
« tourisme de découverte économique » et, de
façon plus générale, par le développement d'actions
de promotion plus ciblées, concrétisant ainsi les orientations
fixées dans la Stratégie Marketing 2002-2004 publiée en
juin 2002.
Campagne "
b
o
nj
o
ur
!
"
2002
La campagne « b
o
nj
o
ur
!
» a pour
objectif de faire de l'accueil un point déterminant pour la destination
touristique France, afin de fidéliser nos visiteurs actuels mais surtout
de conquérir de nouvelles clientèles.
En 2002, la nouveauté a été d'organiser une
opération de communication en direction du grand public
et de
l'
intégrer
à la
campagne mondiale de la destination
France
mise en place en mars pour répondre aux effets du 11
septembre. Le slogan
«J'aime la France»
enserré dans un
coeur rouge a ainsi signé la campagne
« b
o
nj
o
ur
!
» 2002
comme l'ensemble des actions menées à l'étranger. Cette
campagne d'affichage, menée en partenariat avec Air France, l'Agence
nationale pour les chèques vacances et le réseau Selectour, a
été réalisée du 20 au 27 mars sous forme de
3 500 panneaux en métropole et dans les DOM, ainsi que sur les bus
des grandes villes et dans le réseau France Rail.
Par ailleurs, la
campagne en direction des professionnels a
été réactivé
e, les éléments du
kit ayant été réédités et
réactualisés. Le kit 2002 est composé d'une affichette
également traduite en anglais, d'autocollants bleu et rouge reprenant le
nouveau logo
« b
o
nj
o
ur
!
», d'une
vitrophanie, d'une affiche
«En France, le sourire vient du
coeur»
, de trois courriers spéciaux
« b
o
nj
o
ur
!
», et d'un
livret d'accueil des clientèles étrangères. Plus de
58 000 partenaires ont participé au réseau, le partenariat
ayant en outre été renforcé avec l'accueil de nouvelles
entreprises tels le Diners Club, les sociétés d'autoroute, la
SNCF, etc. Enfin, le jeu «Vote de l'Accueil » et la
« Bourse aux Innovations », institués l'an dernier,
ont été reconduits sur une période plus longue.
2. Des crédits budgétaires en hausse pour une nouvelle ambition
La
Stratégie Marketing de MDLF pour les années 2002-2004
Afin notamment de donner suite aux recommandations du rapport d'information sur
le GIE de notre collègue Mme Beaudeau, MDLF a élaboré une
Stratégie Marketing pour les années 2002-2004
qui a
été rendue publique en juin dernier. Cette stratégie s'est
fondée sur les conclusions d'une
enquête sur l'image de la
France
, qui recommande d'axer son positionnement sur le plaisir de vivre et
la qualité de vie, de mettre en avant la créativité
française et le dynamisme du pays, de favoriser
l'événementiel, de positionner la France comme porte
d'entrée de l'Europe pour les marchés lointains, et enfin de
conforter le fort positionnement actuel sur les courts séjours et les
vacances additionnelles.
L'objectif majeur de la stratégie est d'
allier
une croissance
quantitative
, dans un contexte d'augmentation tendancielle du tourisme
international,
à une croissance qualitative
:
associer du
« plus tourisme »
et du
« mieux
tourisme »
. Ainsi, tout en cherchant à
augmenter les
flux touristiques
à l'horizon 2010 de manière à
conduire les
séjours
au nombre de
90 millions par an
,
il conviendra de tendre à :
-
renforcer le montant des recettes moyennes par touriste et par jour,
et à cibler les clientèles qualifiées à haut niveau
de contribution
, de manière à optimiser le niveau des
recettes touristiques à hauteur de
45 milliards d'euros
en
2010 ;
-
favoriser l'étalement des séjours dans le temps
afin de bénéficier de l'impact favorable des décalages
entre les calendriers de vacances des différents marchés
émetteurs, d'une part, et les pratiques touristiques des diverses
nationalités de touristes d'autre part ;
-
améliorer l'étalement des séjours dans
l'espace
afin que toutes les régions bénéficient des
retombées économiques du tourisme ;
-
valoriser les secteurs porteurs en termes d'avenir
, et en
particulier le tourisme des jeunes ;
-
renforcer
, sur les marchés longs courriers, le rôle
de la
France
et en particulier de
Paris
comme
porte
d'entrée de l'Europe
.
Pour que cette ambitieuse politique donne les résultats
escomptés, MDLF entend développer
quatre axes
stratégiques
:
1°) Se concentrer sur un certain nombre de
marchés
prioritaires
:
les grands marchés traditionnels
tels que
la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et
l'Amérique du Nord, ainsi que les
nouveaux marchés aux fortes
potentialités de développement
comme la Chine,
l'Amérique Latine, l'Europe centrale et orientale, la Russie ou l'Inde.
2°) Mettre l'accent sur des
produits prioritaires
qui ont une
forte valeur ajoutée
(tourisme d'affaires, golf, tourisme urbain,
remise en forme), qui favorisent une
meilleure répartition
spatio-temporelle des flux
(tourisme culturel et tourisme urbain,
spécialement adaptés aux courts séjours et aux vacances
additionnelles), qui s'inscrivent dans une
perspective environnementale et
de développement durable
(tourisme viti-vinicole, tourisme de
nature, villages de vacances) ou qui sont
porteurs en termes d'avenir
(tourisme de jeunes).
3°) Donner la priorité aux
circuits commerciaux
pour
combler le déficit de connaissance et de vente du produit France, en
approfondissant certes la
promotion auprès des circuits
traditionnels
(tours opérateurs, autocaristes, agents de voyages),
mais en recherchant aussi de
nouveaux circuits permettant d'élargir
les cibles
(associations, sociétés, décideurs).
4°) Poursuivre l'
investissement
dans les nouvelles
technologies et la révolution Internet
afin de faire du portail
franceguide.com
la pierre angulaire des moyens d'action du GIE.
Votre rapporteur pour avis ne peut qu'approuver la nouvelle dynamique mise
en oeuvre par MDLF dans le cadre de sa Stratégie Marketing
, qui
devrait contribuer à valoriser davantage les atouts indéniables
dont bénéficie le produit « France » dans un
contexte extrêmement concurrentiel au niveau planétaire.
Toutefois, convaincu que
seules des stratégies créatives et
innovantes
permettront de maintenir dans le futur le positionnement de la
France en tête du tourisme mondial, il lui semblerait indispensable que
MDLF mette en place une cellule de veille stratégique afin
d'identifier et d'analyser les produits et les actions marketing de nos
concurrents
. Cette information stratégique permettrait ainsi au GIE
de proposer des démarches promotionnelles bénéficiant d'un
avantage concurrentiel déterminant, et de répondre dès
lors encore mieux aux attentes tant de ses adhérents que des clients et
des prospects qu'il cible.
Des apports budgétaires en hausse en 2003
Pour permettre à « Maison de la France » de
développer son projet,
les crédits budgétaires qui lui
sont consacrés dans le projet de loi de finances pour 2003 sont
portés à 28,1 millions d'euros
, en progression de
2,68 %. En outre, on peut estimer à
5,8 millions d'euros
la
valorisation que constitue pour MDLF
la prise en charge budgétaire
des personnels d'Etat qui sont mis à sa disposition
(80 agents).
A cet égard, votre rapporteur pour avis trouverait judicieux que la
tutelle donne suite aux propositions formulées par la direction de MDLF
pour apporter une solution au délicat problème de statut d'un
petit nombre de personnels (sept salariés hors cadre) qu'avait
relevé notre collègue Mme Beaudeau.
Globalement, les
contributions de l'Etat
ont constitué en 2001
47,3 % des ressources
de Maison de la France, le solde
étant assuré par les participations des partenaires du GIE.
B. LA CAPACITÉ D'EXPERTISE PUBLIQUE EST CONFIRMÉE
1. Des outils statistiques indispensables
Ainsi
que l'indique le fascicule budgétaire dans son analyse des composantes
de l'agrégat 29
« Politique du tourisme
»,
la connaissance et l'analyse des besoins
, de l'offre et de la demande,
sont les conditions indispensables à l'élaboration de la
stratégie nécessaire au développement harmonieux du
tourisme en France.
La direction du tourisme est chargée directement de cette mission
d'observation économique et d'études statistiques du secteur. Par
ses travaux d'évaluation et de prospective des phénomènes
quantitatifs et qualitatifs de l'activité touristique, elle
établit un cadre de connaissance indispensable pour orienter la
politique touristique de l'Etat et accroître la rentabilité de
l'industrie touristique. Elle joue un rôle de coordonnateur de
l'observation économique entre le niveau national et les échelons
territoriaux que constituent les
vingt-six délégations
régionales au tourisme
, en définissant notamment des
indicateurs communs.
Après avoir stagné l'an dernier,
la dotation pour les
études est portée dans le projet de loi de finances pour 2003
à hauteur de 2,6 millions d'euros
, en
augmentation
de
28 %
. Elle permettra de poursuivre la réalisation de
l'
enquête
aux frontières
, laquelle fournit une
grande partie des données transmises à Eurostat dans le cadre de
la directive européenne sur les statistiques du tourisme. A terme sera
mis en place un dispositif permanent d'observation des flux des touristes
non-résidents, qui s'avère indispensable pour établir le
poste « voyages » de la balance des paiements dans le
contexte de l'euro. Par ailleurs, de nouvelles études à but
prospectif seront initiées en 2003 pour mieux connaître les
besoins et attentes des touristes étrangers.
Au-delà de ce travail d'analyse, qui conforte et complète celui
réalisé par « Maison de la France », les
pouvoirs publics disposent encore de deux outils essentiels d'expertise :
l'
Observatoire national du tourisme
et l'
Agence française de
l'ingénierie touristique
.
2. Les missions de l'Observatoire national du tourisme (ONT)
L'Observatoire national du tourisme (ONT) est une association
loi de
1901 placée sous la tutelle de la direction du tourisme qui intervient
en complément du dispositif national et régional d'observation
statistique. Ses missions générales consistent à assurer
la diffusion et la valorisation des
données
produites par
la direction du tourisme, à
animer le réseau des acteurs
professionnels et territoriaux
et à
réaliser des missions
ponctuelles et opérationnelles
, comme par exemple, en 2001, le suivi
de la conjoncture touristique.
L'ONT fera en 2003 l'objet d'une mission d'analyse afin d'améliorer son
efficacité. Les
crédits qui lui ont été
affectés pour 2003
(chapitre 44-01 - article 10)
s'élèveront à
350 000 euros
, en diminution de
31 123 euros.
3. Le rôle de l'Agence française de l'ingénierie touristique
L'Agence
française de l'ingénierie touristique (AFIT) est un groupement
d'intérêt public (GIP) associant neuf ministères
concernés par le tourisme, des établissements publics de l'Etat,
des représentants des collectivités territoriales,
différentes structures publiques et privées concernées par
le tourisme ainsi que des entreprises, soit une
soixantaine de membres
.
Exerçant sa mission d'ingénierie en amont des opérateurs
comme assistant ou commanditaire, le GIP sous-traite la réalisation de
ses études à des experts et bureaux privés et s'appuie sur
un
réseau de 250 correspondants
.
Présidée depuis le 15 octobre dernier par notre excellent
collègue Michel Bécot
, l'AFIT a pour missions :
- d'établir et de tenir à jour un
panorama de l'offre
touristique française
pour éclairer les opérateurs
publics et privés sur les différents segments qui composent
l'offre française (en 2002, ses études portent sur
« l'analyse prospective des clientèles européennes
en 2010 »
et sur
« les clientèles de
randonnée »
) ;
- d'identifier, de stabiliser, d'améliorer et de diffuser les
savoir-faire dans les domaines touristiques
: politiques de
filières, démarches qualité, commercialisation, politiques
territoriales, etc. (figurent au programme 2002
« les
entrées de villes »
et
« les passeports
touristiques dans les villes »
) ;
- d'assister les commanditaires d'
opérations
précises
dans la phase amont de projets de grande ampleur
mobilisant un grand nombre d'acteurs publics et privés.
En outre, l'AFIT participe à la politique internationale du
ministère en contribuant à l'
export
d'ingénierie
et de savoir-faire français à l'étranger
. En 2003, le
GIP sera doté de
moyens en reconduction
(ils s'élevaient
à
1,92 million d'euros
en 2002)
lui permettant de
développer son savoir-faire.
II. FAVORISER L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Ce deuxième objectif prioritaire du secrétariat d'Etat au tourisme est concrétisé par deux actions principales : la contractualisation Etat-régions et le programme de consolidation des hébergements de tourisme social .
A. LA CONTRACTUALISATION ÉTAT-RÉGIONS
La
politique d'aide au développement touristique mise en oeuvre à
travers les contrats de plan Etat-régions (CPER) pour 2000-2006 a pour
double objectif de
renforcer l'attractivité et la
compétitivité des grandes zones touristiques
, dans un
contexte de concurrence internationale accrue, et de
favoriser l'essor de
zones où l'activité touristique est plus récente
mais
indispensable au maintien du dynamisme économique local.
L'
enveloppe globale
consacrée par le secrétariat d'Etat au
tourisme pour les CPER a été
fixée à
120 millions d'euros
, auxquels s'ajoutent 16 millions d'euros en
faveur du financement des volets tourisme des conventions
interrégionales de massif (Alpes, Massif central,
Pyrénées, Jura et Vosges), et 67 millions d'euros au titre
des avenants « intempéries » et
« marée noire », soit un
montant total de
203 millions d'euros pour la période 2000-2006
.
Les CPER jouent ainsi un rôle essentiel dans la
diversification et
l'adaptation de l'offre touristique
par l'ensemble des moyens dont ils
permettent la mobilisation à travers des partenariats fondés sur
la contractualisation. Cette politique contractuelle, fondée sur une
multitude de projets, ne peut connaître qu'une montée en puissance
progressive, que manifestent les dotations ouvertes par le projet de loi de
finances pour 2003.
En effet, les
crédits de paiement inscrits au titre VI
(subventions d'investissements accordées par l'Etat)
augmentent de
2,6 millions d'euros
(soit près de
54 %
) pour
s'établir à
7,39 millions d'euros
. Seront ainsi
financés des programmes destinés à améliorer la
qualité et à faciliter la commercialisation de l'offre
touristique, à soutenir les actions de mise en valeur du patrimoine
culturel et naturel et à développer les filières de
produits touristiques tels que le tourisme fluvial, la randonnée ou
encore le nautisme. En outre, les
autorisations de programme
sont
portées à
10,67 millions d'euros
, en progression elles
aussi de
7,6 %
. Ces mouvements témoignent du
passage
d'une phase d'étude à une phase d'exécution des
projets
.
Il convient toutefois de relever que les crédits inscrits pour les CPER
au titre des
moyens d'intervention
(titre IV - chapitre 44-01 :
développement de l'économie touristique)
diminuent quant
à eux de 20 %
(soit un peu plus de
1,8 million
d'euros
) pour s'établir l'an prochain à
7,25 millions
d'euros
. Ce ralentissement résulte du
bilan à mi-parcours
des CPER
, prévu par le législateur, qui font de
l'année 2003 une
phase de transition
nécessaire à
l'analyse et à la réévaluation de certains projets, afin
de garantir l'efficacité de la dépense publique.
En quatre ans,
62,62 millions d'euros
auront ainsi
été affectés aux CPER. Votre rapporteur pour avis tient
toutefois à rappeler que
le niveau des dotations annuelles devra
être sensiblement relevé ces deux prochaines années pour
que l'Etat respecte les engagements qu'il a pris vis-à-vis des
régions
.
B. LE PROGRAMME DE CONSOLIDATION DES HÉBERGEMENTS DE TOURISME SOCIAL
Le
bilan très positif
de la politique conduite entre 1990 et 2001 en
faveur des
hébergements touristiques à caractère social
et familial
(
110.000 lits rénovés
, soit plus de
40 % du parc associatif
, dans le cadre de
565 opérations
programmées pour un montant
d'intervention de l'Etat de
46,5 millions d'euros
) a conduit le
secrétariat d'Etat au tourisme, en liaison avec le ministère de
l'aménagement du territoire, à
reconduire pour la
période 2001-2006 une intervention similaire d'aide à la
pierre
.
Doté de
27,44 millions d'euros
de crédits du
secrétariat d'Etat au tourisme, ainsi que de
9,15 millions
d'euros
du Fonds national d'aménagement et de développement
du territoire (FNADT) pour conforter la restructuration des équipements
situés dans les zones rurales et de moyenne montagne, ce
« Programme de consolidation des hébergements de tourisme
social »
, organisé par une circulaire du 10 avril 2002,
permettra d'adapter les équipements du tourisme social et associatif aux
nouvelles exigences des clientèles. En effet, une partie importante du
parc actuel est de conception ancienne et ne correspond plus aux attentes de la
demande, qui ont beaucoup évolué, ni à certaines
spécificités comme l'accueil des personnes handicapées.
Grands axes et procédures du programme
Alors
que le programme 1990-2001 se situait dans une logique de gestion patrimoniale
des associations, le nouveau programme est davantage
centré sur la
qualité des équipements accueillant les publics entrant dans le
champ de la politique sociale
. A cet effet, seules seront éligibles
aux aides prévues les associations ayant reçu un
agrément national d'association du tourisme social et familial
,
c'est à dire celles qui favorisent le
brassage social
par
l'accueil de
familles
, de
publics aidés
et surtout de
personnes handicapées physiques ou mentales
dont
l'accessibilité par des structures adaptées est un critère
fondamental en vue de l'obtention du label
Tourisme et handicap
.
Les équipements concernés seront rénovés pour
satisfaire les demandes et comportements de la clientèle, qui est de
plus en plus soucieuse de
confort
, de
qualité
et
d'
équipements de loisirs
tels les piscines. Les gestionnaires
desdits équipements devront offrir des séjours à la Bourse
Solidarité Vacances (BSV) de manière à favoriser le droit
aux vacances pour tous.
La
procédure d'instruction
s'exercera au
niveau
régional
sur la base d'une programmation triennale régionale,
la
procédure de programmation demeurant instruite au niveau
national
.
Dans le projet de loi de finances pour 2003, si
le montant des autorisations
de programme
inscrit au titre VI
diminue à 3,7 millions
d'euros
(- 10,63 % par rapport à 2001),
les
crédits de paiement
progressent
en revanche de
1,55 million d'euros
pour être portés à
3,72 millions d'euros
.
Cette
augmentation significative
de 71,6 %
indique ainsi que la
phase de démarrage du
programme est bien engagée
,
ce dont se félicite votre
rapporteur pour avis
.
En effet, ce dispositif devrait constituer un élément essentiel
du développement et de l'aménagement du territoire puisque son
objectif est aussi d'
atténuer
les déséquilibres
dans la répartition spatiale de la clientèle touristique
,
notamment par la
mise en valeur des zones rurales et de moyenne montagne
où les équipements à rénover sont
particulièrement nombreux (ils représentent près de la
moitié des 1 500 sites potentiellement éligibles au
programme).
III. GARANTIR L'ACCÈS AUX VACANCES POUR TOUS
Le
dernier axe majeur de la politique du secrétariat d'Etat pour 2003, qui
vise à
garantir l'accès aux vacances pour tous
, s'inscrit
dans le droit fil des priorités retenues par le département
ministériel depuis plusieurs années, pour en
consolider les
effets
.
Afin de
lutter contre toutes les formes d'exclusion du droit au vacances
(économiques, sociales, culturelles, à raison du handicap ou
de l'âge) en
évitant toutefois les risques de création
de ghettos et d'assistanat
, le secrétariat d'Etat entend ainsi
mobiliser l'ensemble des acteurs du tourisme - publics, privés et
associatifs - par le
développement de l'information
, la
définition d'offres adaptées
aux publics-cibles et la
mise en oeuvre de partenariats
. Ainsi seulement pourra être
satisfaite la
double ambition
de
rendre effectif le droit aux
vacances pour tous
, tel qu'il résulte de la volonté
même du législateur qui l'a inscrit dans la loi d'orientation
n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre
les exclusions, et de faire des vacances, moments privilégiés de
détente et d'échanges, une
phase de reconstitution
personnelle
, de
brassage de toutes les catégories de
populations
et
d'intégration sociale
.
Au-delà du
« Programme de consolidation des
hébergements de tourisme social »
, qui relève tout
autant de ce type d'action sociale que d'une problématique
d'aménagement du territoire (
v.
supra
), cette
orientation s'exprime par une attention plus particulièrement soutenue
accordée aux
personnes handicapées
, aux
jeunes
et
aux
personnes en difficulté sociale,
dans le cadre
d'
outils
adaptés
qui ont fait leurs preuves.
Les dotations destinées à soutenir le
secteur associatif
,
après avoir fortement augmenté en 2000 et 2001, devraient
diminuer en 2003
en raison de la
réduction globale de
22 % des crédits inscrits au chapitre 44-01
. Le
secrétaire d'Etat a cependant décidé de
consolider les
subventions accordées aux associations tournées vers ces publics
prioritaires
, au nombre de 67 en 2002 : dix se consacraient aux
personnes démunies, cinq aux familles, douze aux personnes
handicapées et quarante aux jeunes.
A. DES PUBLICS PRIORITAIRES
1. L'accès aux vacances des personnes handicapées
Alors
que l'année 2003 sera consacrée comme
« L'année européenne pour les personnes
handicapées »
, le dispositif mis en place par le
secrétariat d'Etat depuis 1998 en faveur de ce public devrait trouver
l'an prochain son
rythme de croisière
, notamment grâce
à l'achèvement de la
mise en oeuvre du label
« Tourisme et handicap »
, institué en mai
2001 sur la recommandation du Conseil national du tourisme formulée
l'année précédente.
Si l'
accueil
des touristes en situation de handicap et leur
intégration
sont un
enjeu majeur sur le plan social
, ils
constituent aussi un
impératif économique
autour duquel
les pouvoirs publics se sont efforcés de mobiliser l'ensemble des
acteurs de la filière. Ainsi, l'AFIT a réalisé en 2001 une
étude de marché
et un
guide méthodologique
à l'usage des
professionnels du tourisme
. En outre, depuis 1998,
des
campagnes nationales annuelles de communication
ont
sensibilisé ceux-ci, mais aussi le
grand public
, à
l'accueil des personnes handicapées sur les lieux de vacances.
Depuis dix-huit mois est enfin venu s'ajouter à ce dispositif
récurrent mais temporaire un
outil plus structurel
, le label
« Tourisme et handicap »
. Ce label a pour objectif
d'apporter à la clientèle handicapée une
information
fiable sur l'accessibilité des sites et des équipements
touristiques, culturels et de loisirs
, et de
développer une offre
touristique adaptée
en favorisant l'émergence d'une large
gamme de produits et de services touristiques réellement ouverts
à tous, tout en garantissant à chacun un maximum d'autonomie. La
diffusion du label devrait ainsi remédier à la faiblesse des
informations relatives à l'accessibilité des sites et des
équipements touristiques pour les personnes handicapées, laquelle
constitue un obstacle majeur à leur départ en vacances.
La labellisation résulte d'une
démarche volontaire des
professionnels
souhaitant s'engager sur un accueil de qualité et
offrir des équipements accessibles aux personnes handicapées. En
contrepartie, les informations recueillies sur l'accessibilité, pour les
quatre types de handicaps, figurent dans tous les documents descriptifs
généraux et spécialisés diffusés tant au
grand public qu'aux associations et organismes plus particulièrement
tournés vers les personnes handicapées.
S'il s'agit d'un label national reconnu sur tout le territoire, il est
toutefois attribué dans chaque région par une instance
composée à
parité
de représentants du monde
du tourisme et de représentants des associations de personnes
handicapées, et dont le fonctionnement est assuré par la
délégation régionale au tourisme. Au plan national, une
commission animée par l'association
« Tourisme et
handicap »
, qui réunit elle aussi des représentants
des personnes handicapées et des professionnels du tourisme, est
chargée d'assurer le suivi du dispositif ainsi mis en place.
On peut espérer que le succès de ce label sera favorisé
par l'implication de l'ensemble de la profession touristique, dont les sept
principales fédérations ont adhéré à la
démarche en signant la charte nationale «
Tourisme et
Handicap »
.
Votre rapporteur pour avis souligne à cet
égard que le développement rapide d'une offre labellisée
« Tourisme et handicap »
de qualité et en
quantité suffisante constitue désormais l'enjeu de ces prochaines
années, ce qui nécessite d'en assurer efficacement la promotion
au plan tant national que local.
2. L'accès aux vacances des jeunes
Selon
les études,
entre deux et trois millions de jeunes ne partent jamais
en vacances
. De plus, les jeunes de 18 à 25 ans partent
proportionnellement moins en vacances que l'ensemble de la population, leur
taux spécifique de départ étant inférieur
d'environ cinq points à la moyenne
. Enfin, divers facteurs
altérant leur pouvoir d'achat (précarité accrue de
l'emploi, « petits boulots », prolongement des
études, etc.) ayant tendance à se développer,
le taux
de départ des jeunes connaît ces dernières années
une baisse sensible
.
Telles sont les raisons qui ont conduit le secrétariat d'Etat à
s'engager à soutenir et développer l'
accès
aux
vacances des jeunes « en autonomie »
de 15 à
25 ans
- qui constituent le coeur de cible des politiques
touristiques -, et tout particulièrement en direction de ceux
d'entre eux qui en sont totalement exclus. A cette fin, les pouvoirs publics
accompagnent les associations spécialisées
dans la
définition, l'amélioration et la diversification de
concepts
d'accueil
et de
produits touristiques adaptés aux jeunes
. Les
exigences et aspirations de ces derniers ont, comme pour le reste de la
société, évolué ces dernières années,
et il est donc naturel et indispensable d'
adapter
l'offre aux
conditions nouvelles de la demande
, y compris pour ce public.
S'agissant de l'
hébergement
, les équipements du secteur
associatif destinés au tourisme des jeunes sont éligibles au
« programme de consolidation de l'équipement du tourisme
social »
afin d'être rénovés selon des
concepts, des techniques et des méthodes de construction
modernisés. Une modélisation sera d'ailleurs entreprise par
l'AFIT et un
guide méthodologique à destination des
élus locaux est en cours d'élaboration
. En outre, une partie
des excédents de gestion de l'Agence nationale pour les
chèques-vacances (ANCV) est affectée, en tant que subventions
d'investissements, à
l'équipement et à la
rénovation d'hébergements collectifs
à vocation
sociale. Si toutes les structures accueillant les publics-cibles du concept de
l'accès aux vacances pour tous sont concernées par cette
participation de l'ANCV, les campings, les auberges de jeunesse et les centres
sportifs de vacances, qui sont spécialement adaptés aux vacances
des jeunes, ont représenté l'an dernier 45 % des projets et
24 % des subventions
6(
*
)
.
En ce qui concerne le
contenu des vacances
, l'objectif est de
développer l'ingénierie autour du
montage de projets en
autonomie
par les jeunes eux-mêmes, en partenariat avec les
associations spécialisées, et d'aider les collectivités
locales à développer une politique en direction de la jeunesse.
Le
soutien aux projets innovants
s'articule à cet égard
avec les initiatives de la Bourse Solidarité Vacances (BSV), dont le
pôle « Jeune » a financé le séjour de
836 jeunes de 16 à 25 ans partis en « mini-groupes »
ou « entre amis » en autonomie, et qui a récemment
diversifié son effort en direction des publics les plus exposés
à la précarité ou à l'isolement, notamment des
jeunes relevant des dispositifs de la protection judiciaire de la jeunesse. De
telles offres ciblées donnent aux associations
spécialisées (foyers, centres d'hébergement et de
réinsertion sociale, etc.) l'occasion d'intervenir en fonction des
préoccupations et centres d'intérêt des adolescents et des
jeunes adultes. C'est pourquoi le secrétariat d'Etat a
intensifié son partenariat
avec la BSV en 2002
en
accroissant son aide de 0,61 à
1,15 million d'euros
.
Enfin, pour répondre aux préoccupations exprimées par le
Conseil économique et social à l'égard du
caractère trop limité de l'information des jeunes sur les
produits spécifiques qui leur sont destinés
, les efforts se
sont intensifiés dans deux directions. Des démarches ont
été entreprises afin de mobiliser les
réseaux
d'information des jeunes
quant à la diffusion des dispositifs et
produits incitant au départ, en particulier le Centre d'information et
de documentation jeunesse (CIDJ) et ses 27 centres régionaux, 4 centres
d'Ile-de-France, 1 620 bureaux ou points d'information jeunesse et 25 bus
Info Jeunes, antennes mobiles d'information qui circulent dans toute la France.
Par ailleurs, des
actions de sensibilisation des professionnels du
tourisme
à l'accueil des jeunes ont été menées,
et les dispositifs de qualification et de sécurisation des produits
à destination des jeunes ont fait l'objet d'un soutien
spécifique.
3. L'accès aux vacances des personnes en difficulté sociale
De
récentes études démontrent que le taux annuel de non
départ en vacances est de l'ordre de 36 %, soit environ 22 millions
de personnes. L'analyse sur deux ans, pour écarter les non
départs ponctuels, laisse subsister un taux de 16 %, soit
10
millions de personnes qui ne partent jamais en vacances
.
Or, à notre époque où les vacances semblent constituer la
norme, omniprésente dans les médias à chaque
période de « grands départs »,
ne pas
partir peut apparaître comme un des premiers signes de l'exclusion
,
notamment pour les familles. Dans ce contexte, des mesures incitatives visent,
d'une part, à soutenir les actions en faveur des premiers départs
et, d'autre part, à réfléchir sur l'accompagnement social
des vacances, sans toutefois aboutir à des vacances
« assistées » ne respectant pas le libre choix des
individus et des familles.
Le secrétariat d'Etat au tourisme a donc pour objectif de
développer les moyens d'information et de formation mis à la
disposition des
collectivités territoriales
et des
associations
organisant le départ en vacances des personnes
les plus démunies
(préparation au départ,
déroulement du séjour, retour des vacances) en définissant
une ingénierie de l'accompagnement social.
En outre, il entend
structurer et amplifier l'action de la BSV
pour
répondre aux attentes tant des opérateurs de tourisme que des
organismes sociaux et
améliorer la réalisation des objectifs
quantitatifs de départ des personnes en difficulté sociale
.
Des
partenariats
seront ainsi conclus avec les associations nationales
de tourisme social pour développer des coopérations, des
synergies des initiatives et une mutualisation des moyens.
B. DES DISPOSITIFS ADAPTÉS
1. La Bourse Solidarité Vacances (BSV)
Constituée sous forme de groupement
d'intérêt
public (GIP), la Bourse Solidarité Vacances (BSV) a été
créée le 15 novembre 1999 pour mobiliser, dans le cadre de la
lutte contre l'exclusion, les
moyens d'accueil et de transport à
destination des populations défavorisées
. Elle sollicite
ainsi les acteurs de l'industrie touristique pour qu'ils proposent à
prix marginal
des séjours et/ou des voyages à des familles
et des personnes en difficulté sociale.
Pour ce faire, elle met en relation, dans une
démarche de
solidarité
, les
opérateurs de tourisme privés ou
associatifs
(ainsi que la SNCF, la RATP, Air France et des
collectivités locales) et les
associations humanitaires
(notamment le Secours populaire, le Secours Catholique, ATD Quart Monde,
etc.)
ainsi que les centres sociaux
afin de faire partir en vacances le
maximum de familles et de jeunes défavorisés. Les acteurs sociaux
jouent ici, comme cela a été relevé
précédemment, un rôle important puisqu'ils accompagnent les
futurs vacanciers dans la définition de leur projet de vacances, dans sa
préparation, en particulier au plan financier, et dans l'organisation
des conditions du retour.
Les
objectifs de la BSV ont été très largement
dépassés dès les deux premières années
de sa mise en oeuvre : alors que ces objectifs étaient de
10 000 départs en vacances en 2000 et de 20 000 départs
en 2001, ce sont respectivement
11 800
puis
24 300 adultes
et enfants
qui sont partis ces deux années-là. Pour
l'
exercice 2002
, le GIE, avec un budget de 1,41 million d'euros,
dont 1,22 million d'euros attribués par le secrétariat
d'Etat au tourisme, a prévu d'organiser le
départ de
30 000 personnes
.
Les observations statistiques révèlent que pour près de
40 %
des bénéficiaires, il s'agit d'un
premier
départ en vacances
. L'écart moyen des départs pour les
autres personnes est de quatre ans et une part significative des foyers n'est
pas partie en vacances depuis plus de dix ans ou depuis le mariage ou
l'arrivée d'enfants dans la famille. Environ 50 % des inscrits sont
des familles monoparentales, 40 % des familles vivant en couple et
10 % des personnes « isolées ». Les revenus
correspondent à un revenu moyen mensuel légèrement
supérieur à 200 euros par personne.
Quant aux
offres de séjours ou de loisirs
, dont
plus de
60 % se situent en période de vacances scolaires
, elles ont
été recueillies auprès d'une
quarantaine de
professionnels du tourisme et de l'accueil
, à savoir des
comités d'entreprises (pour environ 35 % des offres), des
structures de tourisme associatif (27%), des acteurs privés (17 %),
des collectivités (13 %) et des organismes de loisirs (8 %).
2. L'Agence nationale des chèques-vacances (ANCV)
Le
système d'aide à la personne proposé par le
chèque-vacances est
très performant
. Il permet aujourd'hui
à
plus de 5,6 millions de personnes
de partir en vacances,
sachant que
plus du tiers n'accéderait pas aux vacances sans cette
aide
. Son
impact économique
est évalué à
quatre fois son volume d'émission, soit près de
2,8 milliards
d'euros
, et représente environ
10 % de la consommation
touristique intérieure
.
L'
Agence nationale des chèques-vacances
(ANCV),
établissement public industriel et commercial créé par une
ordonnance du 26 mars 1982, comptait en 2001 plus de
16 000 clients
(entreprises et comités d'entreprises) auprès desquels ont
été émises
65 millions de coupures
,
acceptées par
135 000 professionnels du tourisme
, pour un
montant total de 697 millions d'euros
. Ce chiffre d'affaires, qui
est en progression de 1,3 % sur l'année 2000, a permis de
dégager un
résultat net comptable de 9,7 millions d'euros
,
lui-même en croissance de 9,6 %.
Ainsi que cela a été relevé ci-dessus, les
excédents de gestion
sont
distribuables
sous forme de
subventions aux équipements de tourisme et de loisirs à vocation
sociale : les sommes allouées à ce titre en 2002
(excédent de gestion 2000) s'élèveront à
5,764
millions d'euros
(+ 45 % par rapport à 2001). En outre,
l'ordonnance de 1982 prévoyant que la contre-valeur des
chèques-vacances périmés est affectée au
bénéfice de catégories sociales
défavorisées, l'ANCV attribue des « bourses
vacances » afin d'aider les personnes en difficulté à
partir en vacances pour la première fois. En 2001, ce dispositif de
solidarité a représenté
1,2 million d'euros
et a
bénéficié à près de 20 000 personnes.
Ces
résultats très satisfaisants
résultent en
particulier de la mise en oeuvre de la loi n° 99-584 du
12 juillet 1999 modifiant l'ordonnance du 26 mars 1982
portant création du chèque-vacances, qui visait à
faciliter, par un dispositif adapté et incitatif pour les entreprises
(exonération de cotisations et de contributions sociales pour la
contribution de l'employeur),
l'accès aux vacances des 7,5 millions
de salariés des PME-PMI ne disposant pas d'un comité
d'entreprise
.
L'an dernier, votre rapporteur pour avis a analysé dans le
détail les principales caractéristiques de la loi de 1999 et ses
conditions de mise en oeuvre.
Aussi n'y reviendra-t-il pas avec autant de
précision.
Il avait cependant relevé que les premières évaluations
portant sur le nouveau mode de prise en compte des ressources des
salariés institué par la loi démontraient que le
seuil
du revenu fiscal de référence était fixé trop
bas
, ce qui interdisait à de nombreux
salariés aux revenus
moyens
, et principalement les foyers avec enfants, de
bénéficier du dispositif des chèques-vacances. Ainsi,
50 % des salariés des PME-PMI contactées pour la mise en
place des chèques-vacances étaient exclus du dispositif,
20 % des salariés des entreprises déjà clientes ne
pouvaient plus en bénéficier, de même que 30 % des
agents de la fonction publique.
Aussi votre rapporteur pour avis avait-il dénoncé les effets
pénalisants de ce nouveau dispositif, notamment pour les familles
.
C'est pourquoi
il se félicite
que le seuil du revenu fiscal de
référence ait été
réévalué
par la
loi de finances pour 2002
,
de
12 % pour la première part de quotient familial
(15 250 euros) et de
14 % pour les majorations de demi-parts
supplémentaires
(3 550 euros).
Cette amélioration du dispositif explique sans doute qu'après un
démarrage relativement lent, dû toutefois en partie à la
réorganisation des moyens humains à laquelle l'ANCV a
été contrainte de se livrer pour optimiser l'approche du
réseau des 1,2 million de PME-PMI réparties de manière
très diffuse sur le territoire national,
l'accès aux
chèques-vacances des salariés des petites et moyennes entreprises
ait pris en 2002 un rythme plus soutenu
. Au 3 600 conventions
signées en 2000 et 2001 avec les représentants patronaux et
syndicaux de plusieurs branches d'activité (hôtellerie de plein
air, bâtiment et travaux publics, pharmacie, professions des services),
au bénéfice de près de 90 000 salariés,
devraient s'ajouter cette année 2 000 conventions
supplémentaires couvrant près de 500 000 salariés,
grâce notamment à la convention de partenariat établie avec
le groupe Banques Populaires, qui compte 535 000 PME-PMI clientes.
Votre rapporteur pour avis relève toutefois que les modes de
conventionnement et les techniques de gestion du dispositif
, qui ont certes
leur logique et qui participent d'un souci respectable d'animer le dialogue
social,
demeurent sans doute encore trop complexes pour les très
petites entreprises de moins de dix salariés
.
Aussi invite-t-il les pouvoirs publics et les organes dirigeants de l'ANCV
à engager une réflexion pour simplifier encore davantage le
mécanisme à l'attention de cette catégorie d'entreprises,
afin que leurs salariés puissent eux aussi bénéficier d'un
avantage dont l'intérêt social n'est plus à
démontrer.
CHAPITRE III -
AIDER LE SECTEUR DU TOURISME À
S'ADAPTER AUX
ÉVOLUTIONS DE SON TEMPS
La place
et le rôle du tourisme dans l'économie nationale ne sauraient
être maintenus, voire renforcés, sans que les pouvoirs publics
n'accordent à ce secteur un
soutien sans faille
. Celui-ci est au
demeurant d'autant plus nécessaire que
la concurrence internationale
se durcit
, rendant plus volatile la demande touristique, et que
la
conjoncture se retourne
, ce qui pourrait conduire les consommateurs
étrangers et nationaux à réduire le poste
« vacances » de leurs budgets, lequel est une
variable
d'ajustement
plus malléable que d'autres catégories de
dépenses.
En cette période troublée et incertaine, les attentes de
l'industrie touristique sont naturellement nombreuses et le recensement de
toutes les mesures susceptibles d'être initiées ou
accompagnées par l'Etat prendrait rapidement la forme d'une liste
« à la Prévert ». Qu'il s'agisse de la
poursuite de la réhabilitation de l'immobilier de tourisme
, du
développement de la politique des filières
, du
soutien
à certains secteurs
, chaque ligne aurait au demeurant sa
légitimité et son intérêt.
Dans ce contexte, qui est aussi celui d'un
changement politique
ouvrant de nouvelles perspectives
, il a semblé opportun à
votre rapporteur, d'une part, de signaler tout particulièrement deux
directions qui lui paraissent indispensables pour
conforter la santé
économique du secteur et l'emploi
, en particulier dans
l'
hôtellerie-restauration
, activité transversale dont
les performances conditionnent celles de toutes les autres branches du
tourisme, et, d'autre part, de présenter, à l'orée de
cette législature, les
réformes législatives
que
M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, envisage de
soumettre au Parlement dans les prochaines années.
I. FAVORISER L'EMPLOI POUR RENFORCER LA QUALITÉ DU SERVICE
Les
deux priorités
à mettre en oeuvre (réduction du
taux de TVA dans la restauration traditionnelle et assouplissement de certaines
règles pour favoriser l'emploi) ont déjà été
exposées par votre rapporteur dans son avis budgétaire de l'an
dernier, tant il est vrai qu'elles
concernent des problèmes
lancinants que la précédente majorité ne semblait pas
particulièrement disposée à prendre en compte
et
qu'elles
conditionnent toutes deux la préservation de l'emploi dans
le secteur
.
Or, au-delà de l'intérêt manifeste que constituent pour
l'ensemble de la société française le maintien d'un
important taux d'activité et la lutte continue contre le chômage,
la question de l'emploi présente dans le secteur du tourisme une
signification toute particulière
. En effet, les
facteurs de
sélectivité et de différenciation qui participent du jeu
de la concurrence
dans cette activité tournent de plus en plus
autour de la problématique de la
qualité du service
.
C'était évidemment déjà vrai au plan national,
depuis toujours, mais ça l'est aujourd'hui devenu au plan
européen avec l'
instauration
de l'euro
: en
supprimant les effets de change, en permettant aux consommateurs de
réaliser facilement des comparaisons tarifaires, et en contraignant de
la sorte les professionnels à pratiquer la vérité des
prix,
la monnaie unique européenne aura pour effet de rapprocher les
prix des prestations à mesure que le marché intérieur va
s'intégrer
.
Dans ces conditions,
le facteur discriminant deviendra la qualité du
service
qui, dans cette activité qu'est le tourisme, est
étroitement conditionnée par
le nombre des personnels et le
niveau de leur formation
. Quelle que soit la gamme de produits ou de
prestations proposée, le consommateur, devenu plus exigeant et ayant
perdu sa « myopie de change », distinguera à l'aune
de ce critère les bons professionnels, à qui il renouvellera
ultérieurement sa confiance, des autres. La
fidélisation d'une
clientèle
par un prestataire, mais aussi plus largement, au niveau
d'une région voire d'un pays, passera dorénavant par la
qualité du service. Ce facteur, devenu
déterminant pour les
politiques du tourisme
, notamment en
matière de promotion
internationale
, doit donc faire l'objet d'une attention soutenue de la part
des pouvoirs publics, comme le réclament au demeurant les professionnels
depuis de nombreuses années.
C'est d'ailleurs ce qu'a bien compris le Gouvernement de Jean-Pierre
Raffarin, qui a immédiatement pris à bras le corps les
difficultés que connaissent depuis quelques années les employeurs
pour tenter de les résoudre, soit immédiatement, soit dès
que cela sera juridiquement possible.
A. RÉDUIRE LE TAUX DE LA TVA DANS LA RESTAURATION
L'
impact
économique
qu'aurait
la
diminution
de 19,6 % à 5,5 %
du taux de la TVA dans l'ensemble de la
restauration, à l'instar du taux dont bénéficie la
restauration rapide,
n'est plus à démontrer
. La
réduction de ce taux pour les
travaux dans les logements
privés
, mise en oeuvre depuis le 1
er
janvier 2000
en application d'une directive européenne de 1999 autorisant les pays
qui le souhaitent à appliquer, à titre expérimental, des
taux réduits dans certains services à forte intensité de
main-d'oeuvre pendant la période 2000-2002, aurait ainsi
été à l'origine de la
création nette de
55 000 emplois
nouveaux en dix-huit mois dans le secteur du
bâtiment
, grâce au transfert de 750 millions d'euros de
l'économie souterraine vers l'économie formelle. C'est d'ailleurs
pourquoi la Commission européenne a, le 25 septembre dernier,
autorisé la
prolongation d'une année de cette
expérimentation
.
S'agissant de la
restauration
, une enquête publiée en
septembre 2001 évaluait à près de
160 000 le
nombre d'emplois
qu'une baisse de la TVA permettrait de
créer en
dix-huit mois dans le secteur
. En outre, les
marges des entreprises
s'amélioreraient
, les
investissements pourraient reprendre
,
les
salaires augmenteraient
et
l'Etat et la sécurité
sociale eux-mêmes y trouveraient leur compte
.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Président Jacques
Chirac avait, lors de la campagne électorale, pris
l'engagement
très ferme
de répondre favorablement à la demande
pressante des restaurateurs. Il s'est toutefois avéré que
la
réglementation européenne en vigueur n'a pas permis d'appliquer
aussi rapidement qu'espéré cette mesure
.
L'état du droit communautaire
Les
règles communautaires en matière de TVA obéissent à
des procédures très strictes. Elles sont adoptées, sur
proposition de la Commission, par le
Conseil des ministres
,
à
l'unanimité
des Etats membres. La première législation
communautaire concernant les taux de TVA remonte ainsi à 1977 (directive
CEE/77/388), ces règles générales ayant été
complétées ou modifiées depuis par d'autres directives
(notamment en 1992 et 2001).
La sixième directive de 1977 autorise les Etats membres à
appliquer
un ou deux taux réduits
qui ne
peuvent être
inférieurs à 5 %
ni s'appliquer à d'autres
biens
que ceux visés par l'
annexe H
à cette
directive, au nombre de
dix-sept
: produits alimentaires,
distribution d'eau, livres, journaux et périodiques, etc. Si la vente de
menus à emporter, dans le cadre de la restauration rapide, est
considérée comme une vente de produits alimentaires et peut donc
bénéficier du taux réduit, il n'en est pas de même
de
la restauration traditionnelle
, qui
ne figure pas dans la liste de
l'annexe H
. En 1992, un
accord dérogatoire
a en outre
autorisé sept pays (Autriche, Espagne, Irlande, Italie, Luxembourg,
Pays-Bas et Portugal) qui, au 1
er
janvier 1991, appliquaient d'ores
et déjà un taux réduit de TVA à la restauration,
à le maintenir de manière transitoire, mais cependant durable.
Le 22 octobre 1999, le Conseil a adopté une nouvelle directive
autorisant les pays qui le souhaitent à appliquer, à
titre
expérimental et temporaire
, des taux réduits à
trois grandes catégories de services à forte intensité
de main-d'oeuvre
, à choisir dans une liste fixée par une
annexe K : petits services de réparation, services de soins
à domicile, coiffure, lavage de vitres et rénovation et
réparation de logements privés.
La restauration traditionnelle
ne figure pas dans l'annexe K
.
Il convient de relever que la proposition initiale de la Commission
était conçue de manière à laisser aux Etats
membres, dans le choix des secteurs visés, un
maximum de
flexibilité
dès lors que ces secteurs répondaient aux
conditions prévues, et que
c'est le Conseil des ministres qui a
préféré une liste courte et précise, plusieurs pays
refusant d'y inclure la restauration traditionnelle
.
Dans les circonstances actuelles, la France ne peut donc pas, sauf à
rompre ses engagements européens, décider de manière
unilatérale de diminuer le taux de TVA dans la restauration à
5,5 %.
En revanche, depuis six mois, le Gouvernement, en particulier le Premier
ministre lui-même, qui a fait de cet engagement un dossier personnel, n'a
pas ménagé ses efforts pour
convaincre la Commission et les
partenaires européens de la France de la nécessité de
procéder à une adaptation du droit communautaire sur ce
point
.
Pendant longtemps, la Commission européenne s'en est tenue à
prévoir qu'une
évaluation globale des effets
économiques
, sur l'emploi et sur la concurrence, du dispositif
temporaire institué en 1999, serait
entreprise au premier semestre
2003
sur la base de rapports présentés par les Etats membres
avant le 1
er
octobre 2002, afin de proposer, si nécessaire,
les mesures adéquates permettant de décider définitivement
du taux de TVA applicable aux services à forte intensité de
main-d'oeuvre.
Pour votre rapporteur pour avis, cette
« concession » était bien le moins puisqu'il
s'agissait d'une expérience qui rendait à l'évidence
nécessaire une évaluation
. La Commission a ensuite
laissé entendre de manière plus ouverte, durant
l'été 2002, qu'à l'issue de cette évaluation,
la
problématique pourrait être ouverte non seulement aux secteurs
visés par l'annexe K, mais aussi à des secteurs nouveaux si les
Etats membres en faisaient la demande
.
Enfin, le 21 octobre dernier, M. Romano Prodi, le Président de
la Commission européenne, s'est montré encore plus
compréhensif lors d'une visite à Paris
en assurant au Premier
ministre que l'exécutif européen ferait une proposition au
début de l'année 2003
, sur la base des dossiers
présentés par les Etats membres. C'est la première fois
que la Commission fait des déclarations aussi précises,
qui
permettent d'espérer que la mesure attendue pourra être mise en
oeuvre à compter du 1
er
janvier 2004
.
Certes, votre commission des affaires économiques ne
méconnaît pas que la
procédure européenne en
matière fiscale est terriblement lourde
et que la satisfaction de la
demande française sera soumise à la nécessité de
recueillir l'assentiment unanime de nos partenaires
sur ce que proposera
la Commission. Reste qu'elle ne peut manquer de se réjouir que
les
efforts diplomatiques déployés sans relâche depuis six mois
par le Gouvernement, dont l'activité et le sens de la persuasion
tranchent heureusement avec ceux du passé, commencent à porter
leurs fruits, pour le plus grand bénéfice du secteur de la
restauration et, plus largement, de la branche du tourisme tout
entière
.
B. DESSERRER LES CONTRAINTES PESANT SUR LES ENTREPRENEURS
En
attendant la mise en oeuvre de cette disposition éminemment favorable
pour l'emploi dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, d'autres
mesures peuvent contribuer à
diminuer les charges des entrepreneurs
de l'industrie du tourisme
et à
favoriser l'emploi dans le
secteur
.
Plusieurs
engagements
avaient été pris à cet
égard par le Président de la République et les candidats
de la majorité présidentielle aux élections
législatives, qui
commencent à entrer en application
. S'il
ne revient pas à votre rapporteur pour avis de les recenser tous ni de
s'y attarder, car la plupart relèvent de la
politique et sociale
générale du Gouvernement
, il convient toutefois d'en
citer
les principaux et les plus immédiats
, qui vont redonner confiance et
espoirs aux entrepreneurs et aux salariés de ce pays en
restaurant un
environnement plus propice aux développement de leurs
activités
.
C'est ainsi que,
au plan fiscal
et dans le cadre du présent
projet de loi de finances pour 2003, la branche du tourisme va directement
bénéficier de la
suppression des droits de licence des
débits de boissons
(pour 23 millions d'euros), qui sera
compensée non pas directement aux communes concernées mais par
l'intermédiaire d'un abondement des dotations de solidarité
urbaine et rurale (DSU et DSR). En outre, et comme les autres secteurs
professionnels, le tourisme sera intéressé par la
suppression
définitive de la part salariale dans l'assiette de la taxe
professionnelle
(à hauteur de 1,83 milliard d'euros), ainsi que
par les
allégements de charges sociales sur les bas salaires
(jusqu'à 1,7 SMIC, pour 800 millions d'euros) induits par les deux
projets de loi défendus, l'été dernier et en ce moment
même, par le ministre des affaires sociales, du travail et de la
solidarité.
A cet égard, ces deux textes vont également permettre aux
chefs d'entreprises artisanales et de PME, particulièrement nombreux
dans le secteur du tourisme, de recruter et de
voir levées certaines
contraintes de gestion absurdes et inadaptées qui pesaient sur leur
activité
. La
loi n° 2002-1095 du
29 août 2002 portant création d'un dispositif de soutien
à l'emploi des jeunes en entreprise
permettra sans doute
l'
embauche
de jeunes
, certes peu qualifiés, mais dont on
peut penser qu'ils bénéficieront de l'expérience de leur
employeur pour progressivement acquérir « sur le
tas » la formation qui leur est nécessaire.
Quant à la
future loi relative aux salaires, au temps de travail et
au développement de l'emploi
, actuellement en cours d'examen par le
Parlement, elle mettra notamment
fin au caractère uniforme et
obligatoire du processus de réduction du temps de travail
imposé « aux forceps », notamment dans le secteur de
l'hôtellerie-restauration où il générait
d'importantes difficultés compte tenu des spécificités de
cette activité. Pour y avoir consacré un long
développement dans son avis budgétaire de l'an passé,
votre rapporteur pour avis ne fera que rappeler qu'il était illusoire et
extrêmement pénalisant de vouloir contraindre les PME et artisans
de secteurs où le temps de travail est actuellement supérieur
à 42, voire à 45 heures hebdomadaires, à
parvenir aux
35 heures dans les délais fixés par les « lois
Aubry »
. C'est d'ailleurs ce qu'avait finalement reconnu le
gouvernement précédent en reculant de deux ans la date
initialement prévue. C'est aussi ce dont témoignaient les refus
successifs, à deux reprises, en juillet 2001 puis en octobre suivant,
opposés par l'ensemble de l'interprofession et trois
confédérations de salariés à l'extension de
l'accord de réduction du temps de travail signé le 15 juin
précédent, qui illustraient bien le caractère
insupportable des contraintes qu'il imposait, par un
« parisianisme » excessif, à l'ensemble des
entreprises de l'hôtellerie et de la restauration de province.
Enfin, et même si ces mesures contribuant à desserrer les
carcans qui entravent quotidiennement les activités des artisans et des
petits et moyens entrepreneurs sont encore pour le moment à
l'état d'ébauche, il convient de citer les
projets du
gouvernement pour 2003
en matière de
simplifications
administratives
, de
création et de transmission des
entreprises
, et de
développement de la petite entreprise
. Le
Premier ministre a rappelé le 24 octobre dernier, au congrès
de l'Union professionnelle artisanale, l'intérêt tout particulier
qu'il portait à ces trois textes, qui concerneront naturellement au
premier chef les professionnels du tourisme.
C. ATTIRER LES JEUNES VERS LES EMPLOIS DU TOURISME
Tout en
se félicitant de ces dispositions, qui vont à l'évidence
dans le bon sens,
votre rapporteur pour avis estime indispensable que les
pouvoirs publics aident spécifiquement les employeurs du tourisme
à attirer les jeunes vers leur spécialité
.
Le secteur est en effet confronté à d'importants
problèmes de recrutement
, qui concernent en particulier la
branche hôtellerie-restauration
7(
*
)
,
et
de formation
, problème au demeurant lié au
précédent. Ces difficultés devraient en outre
s'
aggraver
dans un futur relativement proche
puisque, d'une part,
le nombre des patrons et salariés du secteur du tourisme qui vont
partir à la retraite sera supérieur à celui des jeunes
arrivant sur ce segment du marché du travail
et, d'autre part,
les partants seront en général qualifiés alors que les
nouveaux venus seront peu ou mal formés
.
Deux raisons majeures expliquent la
désaffection des jeunes pour
certains emplois du tourisme
: des
revenus moins
élevés
et des
conditions de travail plus rudes
qu'ailleurs. Dès lors, ils répugnent à s'engager dans les
voies de formation professionnelle menant à ces métiers, et
les chefs d'entreprises ne sont plus en mesure de recruter le personnel
qualifié
dont ils ont besoin.
Pour
rendre les emplois du tourisme plus attractifs
, il faut en
premier lieu
les payer davantage
sans
toutefois
altérer
plus encore qu'elles ne le sont déjà
les
marges des entreprises
. La réduction du taux de TVA à
5,5 % dans l'hôtellerie-restauration devrait, on l'a vu, y
contribuer, de même que la réduction des charges sociales sur les
bas salaires. Toutefois, c'est vers un
élargissement de la diminution
des charges
qu'il faut continuer d'avancer (au moins jusqu'à 2,2
SMIC, comme le prévoit le programme de la majorité), pour que les
améliorations de salaires directs qu'elle permettrait
de
générer concernent également les
emplois les plus
qualifiés
du secteur du tourisme, dont il a cruellement besoin.
Il convient en deuxième lieu d'
améliorer les conditions de
travail
, en particulier celles des salariés. A cet égard, la
reprise de négociations sur la réduction du temps de travail, sur
des bases plus raisonnables et dans le contexte plus responsable de
primauté de l'accord sur la loi créé par le projet de loi
Fillon, pourrait être de nature à réduire les tensions
pesant sur la
durée du travail
. Il n'est en effet pas tenable sur
le long terme que celle-ci soit, parfois largement, supérieure à
40 heures par semaine dans certaines branches d'activité (telle
l'hôtellerie-restauration), quand les 35 heures sont devenues la
norme chez les salariés (même si les nouvelles règles
concernant les heures supplémentaires augmentent en définitive de
quelques heures le niveau moyen de la durée du travail).
Au-delà de cette problématique transversale qui concerne
l'ensemble des PME et des artisans, le secteur du tourisme est en outre
confronté au
problème particulier des saisonniers
,
catégorie de salariés qui lui est spécifique
et
dont votre rapporteur pour avis a longuement abordé les
difficultés dans ses deux précédents avis
budgétaires. Il ne reviendra par conséquent pas sur celles-ci, ni
sur les mesures mises en oeuvre depuis deux ans pour commencer à y
apporter des réponses, sauf pour rappeler que la très grande
difficulté de trouver pour les saisonniers des
logements
à
des prix abordables interdit aux professionnels, notamment les hôteliers
et les restaurateurs, de
renforcer leurs équipes avec du personnel
qualifié pendant la haute saison touristique
.
Si ce phénomène perdure, les
standards d'accueil et de
service
qui font la réputation touristique de la France ne pourront
être maintenus, et notre
tourisme perdra des parts de
marché
. Aussi votre rapporteur pour avis souhaite-t-il que le
comité interministériel de pilotage des actions des services de
l'Etat en matière de travail saisonnier, que l'inspection
générale du tourisme, à qui revient la
responsabilité de tirer le bilan de la mise en oeuvre du plan
gouvernemental de quinze mesures arrêté en février 2000 et
d'impulser et soutenir les initiatives locales, et que la chargée de
mission
« logement des saisonniers »
au
secrétariat d'Etat au tourisme,
coordonnent
leurs actions
de manière à faire progresser la situation en la matière
dans les meilleurs délais.
En regard de ces efforts à approfondir pour accroître
l'attractivité des emplois, il convient de
renforcer la
qualification
en favorisant la
formation
tant
initiale
que
continue
des
professionnels
et de leurs
salariés
.
Le secteur du tourisme a en effet besoin d'
entrepreneurs
et
de
personnels qualifiés
. A cet égard, le dispositif de
soutien à l'emploi des jeunes en entreprise ne peut à lui seul
constituer une réponse satisfaisante aux difficultés de
recrutement : il s'agit davantage d'une mesure complémentaire et
participant d'une politique globale de lutte contre le chômage que d'une
solution propre à répondre aux préoccupations des chefs
d'entreprises touristiques.
Sur le plan de la
formation initiale
, il est littéralement
consternant de constater le
nombre important d'offres d'emplois de niveau V
de qualification (CAP) non-satisfaites dans le secteur touristique
, alors
que tant de jeunes sortent du système scolaire sans formation. Votre
rapporteur pour avis estime à cet égard que
les pouvoirs
publics devraient favoriser davantage les formations en alternance
, qui
sont
particulièrement bien adaptées aux métiers du
tourisme
. Certes, l'hôtellerie-restauration reste le premier
signataire de
contrats d'apprentissage
, et offre aussi de nombreux
contrats de qualification
, ouverts aux jeunes ou aux adultes sans
qualification ou ayant une qualification inadaptée. Toutefois, le nombre
des candidats est notoirement insuffisant pour répondre aux besoins,
comme en témoignent notamment les places ouvertes dans les centres de
formation d'apprentis et qui ne sont pas pourvues.
Aussi votre rapporteur pour avis se félicite-t-il de la prochaine
nomination d'un parlementaire en mission, chargé de réaliser un
état des lieux et de préparer des propositions afin de valoriser
les professions du tourisme et d'attirer de jeunes recrues.
Quant au taux d'accès à la
formation continue
, il est
également faible dans le domaine du tourisme, de l'ordre de 20 %
contre 33 % en moyenne nationale. La majorité des entreprises du
secteur étant des PME, beaucoup de
salariés
éprouvent des difficultés à se libérer et à
se déplacer pour suivre un cycle de formation continue. Les
patrons
indépendants
eux-mêmes sont confrontés à ces
difficultés, alors que le
renforcement de leurs compétences
constitue une condition essentielle pour leur permettre de rester
compétitifs dans une activité de plus en plus
concurrentielle
. Face aux mutations liées à
l'évolution des attentes de la clientèle, à la croissance
et à la mondialisation du tourisme, à l'irruption de nouvelles
technologies, les chefs d'entreprises comme les salariés ressentent un
besoin profond d'évoluer.
II. PRÉPARER LES MODIFICATIONS LÉGISLATIVES À VENIR
Au-delà de ces mesures de nature à favoriser l'activité du tourisme, en cours de mise en oeuvre ou que votre rapporteur pour avis appelle de ses voeux, mais qui, pour beaucoup, ne relèvent pas de la responsabilité du secrétaire d'Etat au tourisme, celui-ci a fixé les lignes directrices de son action législative pour les prochaines années dans le but de moderniser plusieurs pans du secteur touristique .
A. ÉLABORER LE CODE DU TOURISME
Le
Code du tourisme
devrait être un outil permettant de mieux
identifier le secteur du tourisme au plan juridique et institutionnel, de
renforçer les relations réunissant l'ensemble des secteurs
concernés par les politiques touristiques, ce qui soulignera le
caractère transversal de l'activité
, et de mettre à
disposition de chacun un instrument clair et maniable de conduite des actions
correspondantes.
Le principe de l'élaboration d'un tel code a été retenu
lors d'une réunion interministérielle du 26 septembre 2000. Son
pilotage a été confié à l'inspection
générale du tourisme, chargée d'organiser ses travaux
autour de
quatre livres
portant respectivement sur l'
organisation
générale du tourisme
, les
activités et professions
du tourisme
, les
équipements et aménagements du
tourisme
, et enfin l'
accès aux vacances
et la
fiscalité du tourisme
.
Conformément aux dispositions de la circulaire du Premier ministre du 30
mai 1996 relative à la codification des textes législatifs et
réglementaires, un groupe de travail a été
constitué pour associer à l'élaboration du projet les
différentes administrations concernées ainsi que des
personnalités qualifiées. Enrichissant et précisant les
documents préparatoires, ce groupe de travail a élaboré,
en mai et juin 2001, un plan détaillé qui a fait l'objet d'un
premier examen par la
Commission supérieure de codification
lors
de sa séance du 2 octobre 2001.
Ce projet de codification n'ayant pas significativement avancé depuis,
le secrétaire d'Etat a souhaité le
relancer
afin qu'il
soit mené à terme et sans tarder,
ce dont se félicite
votre rapporteur pour avis, qui souligne toutefois qu'il conviendra de veiller
à ce que le Code du tourisme intègre le cadre institutionnel
rénové résultant de la nouvelle étape en
matière de décentralisation initiée par le
Président de la République et que le Premier ministre proposera
prochainement au Parlement.
B. FAVORISER LA DÉCENTRALISATION
C'est
qu'en effet, la vaste entreprise décentralisatrice qui sera menée
l'an prochain concernera également le tourisme. A cette occasion,
l'Etat devrait se recentrer sur ses missions essentielles
,
c'est-à-dire la promotion mondiale, l'établissement de
références de qualité et l'information technique des
acteurs locaux.
Dans cette perspective,
la loi n° 92-1341 du 23 décembre
1992 relative à la répartition des compétences dans le
domaine du tourisme
sera naturellement appelée à être
modifiée
pour tenir compte de ce nouvel équilibre. A cet
égard, l'
accroissement des compétences des
collectivités territoriales en matière touristique
pourrait
s'apparenter à ce qu'a d'ores et déjà prévu pour la
collectivité territoriale de Corse la loi n° 2002-92 du
22 janvier 2002 relative à la Corse. L'article 18 de cette loi
a ainsi renforcé les attributions confiées en 1991 à
l'Assemblée de Corse en matière de
promotion et de
développement touristique
, tandis que son article 19 lui
permettra d'exercer concrètement cette compétence en lui
conférant la charge du
classement des stations et de l'ensemble des
organismes de tourisme
.
C. RÉFORMER LE RÉGIME DES STATIONS CLASSÉES
S'agissant précisément des stations
classées,
et en complémentarité avec les travaux menés tant sur la
codification que sur la décentralisation, le secrétaire d'Etat au
tourisme se propose d'aboutir sur le dossier de la
réforme d'ensemble
du régime des stations classées
, laissé en suspens
depuis plusieurs années. En effet, après avoir
bénéficié à environ un
millier de communes
françaises
, le
processus d'attribution du classement est
aujourd'hui extrêmement ralenti
. Une dizaine de communes à
peine se sont vues attribuer ce label depuis 1995, alors même que nombre
d'entre elles ont accompli ces dernières années d'importants
efforts, en matière d'équipement ou de services, qui leur
permettraient d'y prétendre. L'une des raisons du
« gel » progressif du dispositif tient sans aucun doute au
caractère centralisé de la procédure
.
Or, le classement est important pour les
communes concernées
qui,
si elles
ne perçoivent pas de concours particulier à ce
titre
, bénéficient toutefois d'
avantages
spécifiques
, et notamment
financiers
. Outre la perception
de la
taxe de séjour
, qui leur était initialement
réservée, les stations classées peuvent ainsi :
- percevoir une
taxe additionnelle aux droits d'enregistrement
dès lors qu'elles comptent moins de 5 000 habitants (article 1584
du code général des impôts) ;
- bénéficier du
taux réduit des droits de
mutation
si elles possèdent plus de 2 500 lits (article 44-II
de la loi du 4 février 1995 modifiée d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire) ;
- ouvrir des
casinos
si elles sont classées stations
balnéaires, thermales ou climatiques (loi du 15 juin 1907
réglementant les jeux dans les casinos) ;
- majorer les
rémunérations des cadres municipaux
, au
titre du surclassement démographique, s'il s'agit de petites
communes ;
- majorer les
indemnités du maire et des adjoints
(article
L. 2123-22 du code général des collectivités locales).
Une réforme de grande ampleur paraît donc désormais
nécessaire. D'ailleurs, le
Conseil national du tourisme
(section
des politiques territoriales touristiques) a été chargé en
2001 d'étudier la
détermination des critères de
classement afin d'en proposer la révision
.
Rappel des critères d'éligibilité au classement des stations
Les
dispositions législatives relatives aux stations classées sont
codifiées aux articles L. 2231-1 à L. 2231-8 du code
général des collectivités territoriales (CGCL) et, pour la
partie réglementaire, à ses articles R. 2231-1 à
R. 2231-63. Les principaux textes ainsi codifiés concernant les
stations classées sont les lois des 24 septembre 1919 et 3 avril
1942 ainsi que le décret du 14 novembre 1968.
A l'exception des stations de sports d'hiver, cette réglementation ne
comporte pas de véritables critères de classement, la
sélection s'effectuant essentiellement à partir de
critères jurisprudentiels, qu'il s'agisse de l'examen des demandes par
les différents conseils et commissions consultatifs prévus par
les textes ou de l'examen du projet de décret par le Conseil d'Etat.
Comme l'a rappelé la circulaire du 20 juin 1991 destinée aux
préfets de département et relative aux stations classées
et communes touristiques, ces critères jurisprudentiels impliquent, pour
qu'une commune soit classée dans les catégories de stations qui
relèvent de la compétence du secrétariat d'Etat au
tourisme, que soient réunies les conditions suivantes : une
situation sanitaire irréprochable, un plan d'occupation des sols
approuvé, soixante-quinze chambres au moins en hôtellerie
classée et un office de tourisme classé par l'autorité
administrative.
Les conditions demandées pour le classement permettent de
conférer à ce régime un rôle incitateur, conduisant
les communes candidates à se doter des infrastructures d'accueil
suffisantes et de qualité, afin de se constituer en station et de se
promouvoir comme produit attractif. En ce qui concerne les petites communes, le
regroupement dans le cadre de l'intercommunalité doit être la voie
à privilégier afin d'atteindre le seuil indispensable à la
constitution d'une station considérée comme pôle de
développement touristique.
Réponse à la question écrite de M.
Georges
Mouly
JO Sénat (Q) du 15 mars 2001, p. 951.
Dès lors, votre rapporteur estime qu'en même temps qu'il serait procédé à la définition d'un cadre modernisé, rigoureux et cohérent des critères d'éligibilité , la procédure d'attribution du label devrait être simplifiée , clarifiée et rendue plus rapide et proche du terrain . Le régime des stations classées pourrait ainsi faire l'objet d'un transfert de compétences en faveur des collectivités territoriales dans le cadre du projet de loi de décentralisation.
D. REFONDRE LE DISPOSITIF DE LA TAXE DE SÉJOUR
Outre ce chantier législatif des stations classées, le secrétaire d'Etat au tourisme souhaite également, en associant les élus des stations et communes touristiques et les professionnels du tourisme, procéder à une refonte d'ensemble du dispositif de la taxe de séjour , au-delà des améliorations qui y ont été apportées par la loi de finances pour 2002 .
Le dispositif de la taxe de séjour
La taxe
de séjour a été instituée par la loi du 13 avril
1910 et généralisée à l'ensemble des stations
classées par la loi du 24 septembre 1919. Etendu ensuite aux communes de
montagne et littorales, son champ d'application a été
généralisé, par la loi du 5 janvier 1988, aux communes
désireuses de développer leur promotion touristique, et, par la
loi du 2 février 1995, aux communes et groupements de communes qui
réalisent des actions de protection et de gestion de leurs espaces
naturels. Les dispositions relatives à la taxe de séjour sont
aujourd'hui codifiées aux articles L. 2333-26 à
L. 2333-46 et R. 2333-43 à R. 2333-69 du CGCL.
La taxe de séjour,
acquittée par les touristes
, permet de
financer une partie des dépenses publiques nécessaires à
la compétitivité touristique des stations et villes touristiques
en évitant de faire supporter à la seule population permanente,
par le biais des impôts locaux (taxe d'habitation notamment), les moyens
financiers que le développement du tourisme exige des
municipalités. Son
produit est d'ailleurs obligatoirement
affecté au financement des dépenses dont l'objet principal est le
développement touristique de la commune
, et dont le montant
particulièrement élevé est imputable à la
fréquentation touristique. Il s'agit certes des dépenses
afférentes à
l'accueil et à l'information des
touristes
(office de tourisme) ou à la
promotion des ressources
touristiques
de la commune, mais aussi de celles nécessaires
à l'
aménagement et à l'embellissement des lieux de
promenade
, à l'
agrandissement d'une station
d'épuration
, à la
construction de parcs de stationnement
supplémentaires
, etc.
La taxe de séjour est
prélevée dans tous les modes
d'hébergement
, au profit des
communes
. Elle est
encadrée par un tarif minimal (0,15 euro en 2002) et un tarif
maximal (1,07 euro) par nuitée et par personne. Il faut ajouter
qu'en application de l'article 106 de la loi du 26 mars 1927, les
départements
peuvent instituer une
taxe additionnelle
de
10 % à la taxe de séjour, dont l'
affectation
est
identique à la taxe communale
.
La taxe peut être
perçue à la nuitée
, ce qui
est son mode traditionnel de perception (1 614 communes en 2000),
ou
, depuis 1989,
de façon forfaitaire
(304 communes en
2000). Si cette seconde méthode présente l'avantage de faciliter
la perception de la taxe et de simplifier la comptabilité de
l'hébergeur, une estimation excessive de la fréquentation peut
cependant indûment grever les charges d'exploitation de ce dernier, en
particulier en cas d'institution d'un acompte, correspondant à 50 %
du produit prévisible de la taxe, que le conseil municipal est
autorisé à demander aux logeurs de verser à une date
déterminée.
En cas de perception à la nuitée, la taxe doit obligatoirement
figurer sur la facture remise au touriste, alors qu'en cas de perception
forfaitaire, son montant, calculé annuellement à partir d'une
estimation de la fréquentation de l'établissement assujetti, ne
doit pas apparaître sur la facture. Cependant, afin d'éviter que
la taxe forfaitaire ne soit nécessairement une charge directe pour le
prestataire de service, son coût peut être répercuté
sur le prix de vente de la prestation d'hébergement, l'hébergeur
pouvant faire alors figurer sur la facture la mention
« taxe de
séjour forfaitaire comprise »
.
La
perception et la fixation des tarifs de la taxe relèvent de
l'initiative des collectivités locales
(au moins quatre communes et
un département y ont ainsi renoncé en 2000, ce qui a interrompu
pour la première fois la croissance annuelle des communes y ayant
recours), dans le cadre de barèmes établis par mode
d'hébergement et par niveau de confort fixés par la
réglementation.
Source : Direction du tourisme
En 2000,
la taxe de séjour a été perçue par
1 918
communes
et son produit total a été de
106,84 millions
d'euros
, dont 73,95 millions d'euros pour la taxe perçue à la
nuitée et 32,89 millions d'euros pour la taxe forfaitaire.
Onze
départements
ont par ailleurs perçu la taxe additionnelle,
pour un produit total de
2,13 millions d'euros
. Ce système existe
non seulement en France, mais aussi en Allemagne (0,31 à
1,07 euro), en Autriche (0,46 à 1,52 euro), en Belgique
(0,46 euro), en Grèce (1,52 euro), aux Pays-Bas (0,23 à
0,38 euro) ou encore en Suisse (0,15 à 1,52 euro).
Lors de l'examen du projet de
loi de finances pour 2002
, le
dispositif a été modifié
sur plusieurs points
importants (les
tarifs
, les
exemptions
et les
modalités
de perception
des taxes simples et forfaitaires) pour en améliorer
le rendement et le fonctionnement.
Les articles 101 à 106 de la loi de finances pour 2002
L'article 101 a fixé de nouvelles valeurs minimale (0,2
euro)
et maximale (1,5 euro) à la taxe.
L'article 102 en a exempté les enfants de moins de 13 ans.
Les articles 103 et 104 ont simplifié les modalités de versement
en laissant aux collectivités territoriales le soin de les
déterminer par délibération.
L'article 105 a prévu l'exemption de la taxe de séjour
forfaitaire pour les établissements exploités depuis moins de
deux ans.
L'article 106 a institué un dispositif de dégrèvement en
cas de pollution grave ou d'une situation de catastrophe naturelle.
Il convient de relever que le Conseil constitutionnel a par ailleurs
déclaré non conformes à la Constitution, car ne pouvant
relever de la loi de finances, trois autres articles du projet de loi de
finances pour 2002 relatifs aux taxes de séjour, et qui
concernaient :
- la présentation, par le maire ou le président de
l'établissement public de coopération intercommunale, d'un
rapport sur la perception des taxes et sur l'utilisation de leur produit ;
- l'annonce, dans le cadre dudit rapport, des éventuelles
augmentations de tarifs qui pourraient intervenir lors du prochain exercice
budgétaire ;
- une définition plus précise des conditions d'utilisation
du produit des taxes.
Enfin, on notera que l'article 107 supprime en outre la taxe sur les
entreprises spécialement intéressées à la
prospérité des stations, taxe qui, à l'exception de la
taxe sur les remontées mécaniques, n'avait pas fait l'objet de
mesures d'application depuis sa création.
Le
nouveau régime
, tel que modifié par la loi de finances
pour 2002,
entrera en vigueur à compter du
1
er
janvier 2003
. Le décret d'application de
l'article 101 a été examiné par le
Comité des
finances locales
lors de sa séance du 9 juillet 2002 et devrait
être publié d'ici la fin de l'année, après avoir
été examiné par le Conseil d'Etat dans le cadre de sa
codification. Par ailleurs, une
circulaire ministérielle
devrait
reprendre, sous forme de
recommandations
adressées aux
collectivités locales concernées
, les dispositions
annulées par le Conseil constitutionnel.
Si ces
améliorations
, qui résultent notamment des
conclusions d'une mission conjointe menée en 2001 par les inspections
générales du tourisme et de l'administration (ministère de
l'intérieur), ainsi que des propositions de notre collègue
député Michel Bouvard
8(
*
)
,
étaient
attendues
,
elles ne paraissent cependant toujours pas
suffisantes pour donner au régime de la taxe de séjour les
caractères de modernité nécessaires pour assurer sa totale
efficacité
.
Depuis plusieurs années, de nombreuses initiatives ont d'ailleurs
été prises par les collectivités locales pour tenter
d'
améliorer
le rendement de la taxe de séjour
et de
lier le dispositif à une
politique dynamique d'accueil et de
fidélisation des stations
. Témoignant d'une volonté
d'améliorer l'acceptation de cette taxe locale par les assujettis
(logeurs et clients), notamment en l'accompagnant de facilités offertes
aux touristes (informations sur les stations, visites gratuites de monuments,
accès à des activités de loisirs, etc.),
ces
initiatives demeureront néanmoins limitées dans leurs effets tant
qu'une modernisation plus profonde de la taxe de séjour n'aura pas
été assurée
.
C'est pourquoi
votre rapporteur se félicite que le secrétaire
d'Etat ait
manifesté l'ambition d'aller au-delà de la
réforme adoptée l'an dernier par le Parlement et
décidé de poursuivre plus avant la réflexion
entreprise depuis deux ans afin d'être prochainement en mesure de
soumettre aux parlementaire un
dispositif profondément
rénové
.
E. ADAPTER LES CONDITIONS D'EXERCICE DES ACTIVITÉS RELATIVES À L'ORGANISATION ET À LA VENTE DE VOYAGES ET DE SÉJOURS
Le
dernier axe législatif du secrétariat d'Etat concerne la
réforme de la loi n° 92-645 du 13 juillet 1992 fixant les
conditions d'exercice des activités relatives à l'organisation
et à la vente de voyages et de séjours
.
Cette loi, qui a transposé en droit national les dispositions de la
directive n° 90/314/CE du Conseil du 13 juin 1990 concernant les
voyages, vacances et circuits à forfait, avait pour objectif
de
protéger les consommateurs
tout en favorisant le
développement des différents modes de commercialisation
,
en particulier le tourisme d'accueil. En effet, si ce texte
a
conforté
le
rôle des agences de voyage titulaires d'une
licence
, il a également
ouvert l'organisation et la vente de
voyages et de séjours à d'autres opérateurs
: les
associations
, qui peuvent être
agréées
pour
fournir des prestations à leurs adhérents, les
organismes
locaux de tourisme
, tels les offices de tourisme, qui peuvent être
autorisés
à commercialiser des produits touristiques, et
enfin des
professionnels
, comme les hôteliers ou les autocaristes,
qui peuvent être
habilités
à proposer des
prestations touristiques à titre complémentaire ou accessoire de
leur activité principale.
La multiplication des acteurs intervenant dans ce secteur s'est
accompagnée de politiques de partenariat afin que les règles
nouvelles soient respectées dans un esprit de consensus et de saine
émulation, mais aussi que la commercialisation des voyages et
séjours, désormais juridiquement accessible à un grand
nombre d'opérateurs, débouche sur une
meilleure mise en
marché de l'offre dans l'intérêt des consommateurs
. A
cet égard, le premier bilan de cette loi, huit ans après sa mise
en oeuvre (son décret d'application datant de décembre 1994),
s'avère positif : près de
7 000 acteurs touristiques
sont aujourd'hui titulaires d'une des quatre autorisations
préfectorales
(licence, agrément, autorisation et
habilitation) et ce
secteur est très dynamique
, tant au plan
quantitatif
(plusieurs centaines d'entreprises nouvelles se sont
créées chaque année jusqu'en 2001, le mouvement
s'étant alors retourné en raison de la crise du secteur
consécutive au 11 septembre) qu'au plan
qualitatif
(les
produits se diversifient et sont très innovants, et le
développement du commerce en ligne
y est particulièrement
intense).
Reste qu'
une nouvelle étape
est sans doute aujourd'hui
nécessaire
, d'autant que les incertitudes nées de la
conjoncture politique et économique internationale pèsent
particulièrement sur ce secteur, comme en témoignent ses
résultats depuis septembre 2001.
D'une part, en effet,
les professionnels
demandent une
simplification
et une
clarification du dispositif
afin de
garantir une
meilleure application des règles de la concurrence
et de
renforcer la protection des consommateurs
.
Ainsi les
associations
et les organismes sans but lucratif, qui prennent
une place de plus en plus importante dans l'activité du secteur,
souhaiteraient
pouvoir proposer et vendre des prestations à d'autres
clients que leurs seuls membres adhérents
. Les plus importantes de
ces associations interviennent en tout état de cause sous un
régime de fiscalité
, fixé par une instruction
fiscale de 1999, qui, tout en préservant la spécificité du
secteur associatif, est désormais
identique à celui des
sociétés commerciales
. La satisfaction de cette demande
passerait dès lors nécessairement par une adaptation de la loi de
1992, et en particulier de son article 8, pour autoriser les associations
à faire de la publicité lorsqu'elles exercent dans le secteur
concurrentiel.
En ce qui concerne le
régime des autorisations administratives
,
les professionnels dénoncent d'une part un manque de moyens au niveau
préfectoral, qui
ralentit les procédures de
délivrance
, ainsi que, d'autre part, la
complexité
née de la
superposition des dispositifs dérogatoires
au
régime de droit commun que constitue la licence. Ils réclament
ainsi une
simplification,
qui présenterait en outre l'avantage
d'assurer un
meilleur
équilibre concurrentiel entre les
différentes formes de voyage
. A cet égard, l'accord des
représentants des agences de voyage à l'extension des
capacités publicitaires des grandes associations serait en tout
état de cause subordonné à la résolution favorable
de cette problématique.
Enfin, les professionnels font part de difficultés quant à la
mise en oeuvre du régime de responsabilité de plein droit de
l'agent de voyage
ou de l'opérateur touristique, et à
l'application de la
garantie financière
. En conclusion d'une
étude menée en 2000 sur l'adéquation de ce dispositif, la
direction du tourisme estime certes que l'équilibre financier est
globalement satisfaisant : le
nombre de sinistres est de l'ordre de
1,5 %
et la
garantie financière s'avère suffisante
dans les trois-quarts d'entre eux
. Elle reconnaît toutefois qu'un
approfondissement de l'étude serait nécessaire pour
établir une comparaison avec le niveau de protection des consommateurs
qu'offrent les autres systèmes applicables dans l'Union
européenne.
A cet égard, il convient de rappeler que le Parlement européen,
dans un rapport de décembre 2001, a recommandé aux Etats membres
d'assurer la plus grande clarté en matière de
responsabilité de l'organisateur ou du distributeur, et de
définir très précisément le dédommagement
dont doit bénéficier le consommateur
en cas d'annulation du
contrat.
D'autre part, et en tout état de cause,
les prévisibles
évolutions de la réglementation européenne rendront
prochainement nécessaire un toilettage de la loi de 1992
.
En effet, l'ensemble des directives européennes ayant trait à la
protection des consommateurs a récemment fait l'objet d'un
Livre
vert
de la Commission européenne
9(
*
)
. Cette communication a ouvert une vaste consultation
des partenaires européens et de leurs organisations professionnelles et
associations, qui doit porter à la fois sur les
objectifs d'une
politique spécifique des consommateurs de l'Union européenne
et sur les
outils juridiques à mettre en oeuvre pour y parvenir
.
Afin d'offrir aux consommateurs une protection maximale tout en limitant les
coûts des entreprises, le champ de réflexion du
Livre vert
couvre l'ensemble des pratiques commerciales en général,
y
compris par conséquent l'organisation et la vente des voyages, vacances
et circuits à forfait
. Dans ce cadre sont ainsi posées des
questions relatives à la nature des barrières commerciales
auxquelles consommateurs et commerçants sont confrontés, à
la définition de ce que sont les pratiques commerciales loyales (qui
devraient répondre à un
test général de
loyauté
), au contenu et au mode de communication des informations
destinées aux consommateurs, etc. L'examen des conclusions de cette
démarche de consultation et des mesures législatives et
réglementaires qui seront proposées à son issue au
Parlement européen et au Conseil est ainsi inscrit à l'ordre du
jour des travaux de la Commission européenne en 2003.
En outre, en matière de politique concurrentielle, le
secteur des
ventes de voyages demeure soumis à des distorsions de concurrence
au plan européen
résultant soit du contenu même de
la directive du 13 juin 1990, soit de divergences d'interprétation quant
à celui-ci. C'est en particulier le cas au
plan fiscal
, le
régime particulier de TVA des agents de voyages calculée sur la
marge n'étant pas appliqué de façon uniforme par les Etats
membres, notamment parce que l'article 28 de la directive autorise
explicitement ces derniers à en exonérer les prestations de
services des agents de voyages. Une nouvelle proposition de directive est donc
à l'étude au niveau du Conseil
« Marché
intérieur »
pour
préciser le champ d'application
du régime particulier
et
abroger les possibilités de
dérogation existantes
.
Ainsi, le
dispositif actuel
fixant les conditions d'exercice des
activités relatives à l'organisation et à la vente de
voyages et de séjours mérite d'être
simplifié
afin, tout en maintenant un haut niveau de protection des consommateurs, de
favoriser le développement de ce secteur d'activité
qui
est constitué de nombreuses PME et soumis à un environnement
fortement concurrentiel au plan international.
C'est pourquoi votre rapporteur pour avis se félicite que le
secrétaire d'Etat au tourisme ait indiqué qu'une réflexion
serait engagée en association avec les professionnels concernés
dans le but de soumettre, d'ici quelques mois, un projet de loi au
Parlement.
*
* *
La commission des affaires économiques a examiné ce rapport le mercredi 30 octobre 2002 et, après avoir entendu M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer, et M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, a donné un avis favorable, sur proposition de son rapporteur pour avis, à l'adoption des crédits consacrés au tourisme inscrits dans le projet de loi de finances pour 2003 lors de sa réunion du 27 novembre 2002.
1
Voire beaucoup plus encore si l'on
prenait aussi en compte les affectations à l'activité touristique
des crédits dégagés au titre de la dotation de
développement rural et de la dotation globale d'équipement, des
allégements de charges sociales et des aides à la création
d'emplois jeunes.
2
Par convention, les courts séjours sont définis
comme les séjours de une à trois nuits et les longs
séjours sont ceux de quatre nuits et plus.
3
Rapport d'information n° 15 (2002-2003) de la mission
commune d'information chargée de dresser un bilan de la politique de la
montagne et en particulier de l'application de la loi du 9 janvier 1985,
de son avenir et de ses nécessaires adaptations.
4
Source :
La Lettre de l'Expansion
du lundi 30
septembre 2002.
5
« Maison de la France, une refondation
nécessaire »
- rapport d'information n°9 (2001-2002)
de Mme Marie-Claude Beaudeau, au nom de la commission des finances du
Sénat.
6
En 2001, l'ANCV a contribué au financement de 104
projets pour près de 4 millions d'euros au total, dont 37 campings, 5
auberges de jeunesse et centres internationaux de séjour et 2 centres
sportifs UCPA.
7
En juin 2001, 71 % des chefs d'entreprises du secteur
déclaraient avoir des difficultés de recrutement.
8
Rapport d'information n° 3226 au nom de la commission
des finances de l'Assemblée nationale.
9
Livre vert sur la protection des intérêts
économiques des consommateurs dans l'Union européenne,
présenté par la Commission européenne le 2 octobre
2001.