CHAPITRE IER -
LES PERFORMANCES SATISFAISANTES DU TOURISME
FRANÇAIS DANS LE CONTEXTE DÉLICAT
DE
« L'APRÈS 11 SEPTEMBRE »
Alors
que se dessinait dans le courant de l'année 2001 un retournement de la
conjoncture économique internationale,
les attentats du
11 septembre ont brutalement aggravé ce climat baissier
. Le
secteur du tourisme n'a non seulement pas échappé à ce
mouvement général, mais il s'est même trouvé
très directement exposé aux conséquences
immédiates
de la détérioration de la situation
politique et diplomatique internationale.
Les douze mois qui viennent de s'écouler ont confirmé la
tendance, qui s'exprime à la fois de manière quantitative et de
façon qualitative. En effet,
les risques liés au terrorisme
n'ont pas diminué
, comme en témoigne le tout récent
attentat meurtrier de Bali. Mais dans ce contexte terrible,
l'activité touristique en France a relativement bien
résisté
.
Cela est certes dû aux atouts naturels
de notre pays, mais aussi à l'
espace
de proximité et de
sécurité
qu'il constitue pour sa
clientèle
nationale et internationale
.
I. UNE SAISON 2001 CONTRARIÉE
La saison 2001 a été caractérisée, en France comme ailleurs, par la césure consécutive aux attentats subis en septembre par les Etats-Unis. Les huit premiers mois de l'année ont poursuivi la croissance sensible de l'activité touristique observée antérieurement, liée au dynamisme général de la consommation des ménages. En revanche, le dernier trimestre a brutalement interrompu la tendance haussière et affecté très fortement plusieurs secteurs de l'industrie touristique.
A. UN « LEADERSHIP » MAINTENU DANS UN MARCHÉ MONDIAL DÉPRIMÉ
1. Le marché international en recul
Après la progression exceptionnelle du tourisme mondial
de
7,3 % en 2000, résultant des nombreuses manifestations liées
au millésime, et la hausse de 4,10 % en 1999, l'année 2001
s'est terminée sur un
net ralentissement
.
Le nombre de voyages effectués en 2001 a été
estimé par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) à
693 millions
(- 1 % par rapport à 2000)
et le
volume de recettes à 463,1 milliards de dollars
(- 3 %).
C'est la première fois que de tels résultats négatifs
sont observés
. On peut les comparer à la fois aux
prévisions qu'avaient faites l'OMT pour l'année 2001 et à
l'accroissement annuel moyen sur la décennie 1990-2000, qui
s'élevaient tous deux à environ 4,1 % en volume. Il s'agit
donc, tendanciellement, d'une
contraction de quelque 5 %
que le
marché mondial du tourisme a subi en 2001, en raison d'un dernier
trimestre catastrophique qui a annulé les effets de la croissance des
premiers mois de l'année.
Le
secteur touristique est en effet très sensible aux
problèmes d'insécurité
. En outre, une partie
importante de la clientèle effectuant des séjours à
l'étranger est constituée d'Occidentaux et de Japonais. Ces deux
facteurs conjugués expliquent la chute brutale des voyages
intercontinentaux, les déplacements en avion ayant été
délaissés. Ils sont également à l'origine de la
réorientation de la clientèle vers des destinations sûres,
ce qui a affecté à la fois les marchés d'Amérique
du Nord et ceux du Maghreb, du Moyen-Orient et du Sud-est asiatique.
Certes, une reprise du tourisme mondial, qui devrait progressivement retrouver
son taux de croissance « endogène », a
été observée en 2002. Néanmoins, les effets du 11
septembre et, plus largement, de l'instabilité politique
résultant de la menace terroriste islamiste, semblent devoir peser sur
les
pratiques touristiques
de manière durable. Une
redistribution des flux
entre destinations, marchés et produits
s'est ainsi opérée, la clientèle ayant pour souci premier
de voir sa sécurité garantie. Dans cette perspective, le
tourisme de proximité est sans doute appelé à se
développer davantage que prévu
, dans la mesure en particulier
où l'avion subit une désaffection qui persiste et dont profitent
les transports terrestres. Surtout, les professionnels relèvent une
exigence accrue de leur clientèle dans le choix des destinations et
des produits
qu'ils proposent : sont ainsi pénalisés les
pays émergents d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie, qui fondaient sur
le tourisme de grands espoirs de développement économique, mais
qui sont souvent exposés à une agitation intérieure peu
propice à cette activité.
2. Le dynamisme préservé de la destination « France »
Au
contraire de ces destinations,
la France présente des atouts de
sécurité
d'une part, et, d'autre part,
de
proximité
pour ses clientèles nationale et européenne,
qui lui ont permis de
supporter plutôt positivement le choc de
l'après 11 septembre
.
Elle est restée la
première destination touristique
internationale
avec
76,5 millions de séjours
(+ 1,2 %),
accroissant même ses parts de marché
en passant de 10,8 % à 11 % du marché mondial, et de
18,6 % à 19,1 % du marché européen. Elle demeure
largement en tête
, en termes de
visiteurs
,
devant
l'Espagne
, passée en 2001 en deuxième position grâce
à un dynamisme qui ne faiblit pas,
les
Etats-Unis
, qui ont
subi de plein fouet les conséquences des attentats,
l'Italie
, qui
connaît un tassement après l'année exceptionnelle du
Jubilé 2000
, et
la Chine
, nouvelle venue dans le peloton
de tête et qui, selon les estimation de l'OMT, devrait encore progresser
de manière importante et rapide dans les prochaines années
jusqu'à se classer en première ou deuxième position
à l'horizon 2020.
ÉVOLUTION DU TOURISME INTERNATIONAL EN 2001
Pays |
Rang mondial |
2001 |
2001/2000 |
Part dans le monde |
Part en Europe |
France |
1 |
76 506 |
+ 1,2 % |
11,0 % |
19,1 % |
Espagne |
2 |
49 520 |
+ 2,7 % |
7,1 % |
12,4 % |
Italie |
4 |
39 000 |
- 5,3 % |
5,6 % |
9,7 % |
Royaume-uni |
6 |
22 929 |
- 9,5 % |
3,3 % |
5,7 % |
Allemagne |
11 |
17 861 |
- 5,5 % |
2,6 % |
4,4 % |
Total Europe |
|
400 000 |
- 0,5 % |
57,7 % |
100 % |
Etats-unis |
3 |
45 500 |
- 10,6 % |
6,6 % |
|
Chine |
5 |
33 200 |
+ 11 % |
4,8 % |
|
Total monde |
|
693 000 |
- 1,0 % |
100 % |
|
Source
: OMT Milliers
d'arrivées de touristes étrangers
S'agissant des recettes tirées du tourisme, la France
se
classe toujours en troisième position,
après les Etats-Unis
et l'Espagne, ce dernier pays demeurant celui pour lequel la
part des
recettes touristiques dans le produit intérieur brut
est la plus
élevée, devant la France et l'Italie.
RECETTES DU TOURISME PAR PAYS EN 2001
Pays |
Recettes du tourisme international |
Part des recettes mondiales |
PIB 2001 |
Recettes/PIB |
Etats-Unis |
72,30 |
15,6 % |
9 944,2 |
0,7 % |
Espagne |
32,87 |
7,1 % |
802,1 |
4,1 % |
France |
29,96 |
6,5 % |
1 487,9 |
2,0 % |
Italie |
25,94 |
5,6 % |
1 414,2 |
1,8 % |
Chine |
17,80 |
3,8 % |
5 019,4 |
0,4 % |
Allemagne |
17,21 |
3,7 % |
2 111,0 |
0,8 % |
Royaume-Uni |
15,90 |
3,4 % |
1 424,1 |
1,1 % |
Source
: OMT, OCDE
(Milliards de
dollars)
Votre rapporteur s'inquiète de l'impossibilité persistante de
notre pays à rentabiliser davantage la présence des touristes sur
son sol.
Au contraire de l'Espagne, dont la croissance de la
fréquentation en volume entre 2000 et 2001 (+ 2,7%) s'accompagne
d'une augmentation plus importante encore des recettes (+ 6%), notre pays
ne parvient pas à tirer tout le parti économique qu'on serait en
droit d'attendre de son leadership quantitatif puisque
ses recettes ont
diminué
(- 2,4 %)
alors que la fréquentation
touristique augmentait
(+ 1,2 %). En outre, on ne peut manquer
d'observer que le rapport entre les recettes touristiques françaises et
celles de partenaires comme l'Allemagne et l'Angleterre n'est que de 2 pour 1
environ, alors qu'en termes de fréquentation, il est respectivement de
l'ordre de 4,3 et 3,3 pour 1.
Il conviendrait ainsi que les pouvoirs publics s'interrogent sur les raisons
du faible contenu, en termes de recettes, de l'activité touristique
nationale
. Si une partie des explications résulte de ce que la
France est, plus que les autres pays, un
territoire de transit
touristique
et pas simplement de destination finale -ce qui limite le
potentiel de consommation des inputs-, il est certain qu'entrent aussi en
considération d'autres facteurs tenant au
contenu même de
l'offre
,
qui gagnerait ainsi à être valorisée
.
Reste que l'activité touristique demeure toujours un
secteur
rémunérateur pour l'économie française
,
malgré la diminution des recettes enregistrée en 2001 par rapport
à 2000. D'après les statistiques élaborées par la
Banque de France,
le solde excédentaire du poste
« voyages » de la balance des paiements a atteint
15,1 milliards d'euros en 2001
(- 2 %). Ce poste demeure
ainsi à la première place, qu'il occupe depuis 1999, et contribue
à près de 88 % à la capacité de financement de
la nation. Mais comme le démontre l'évolution mensuelle du solde,
la baisse globale est directement consécutive aux
événements du 11 septembre
puisqu'une progression importante
avait été observée au cours de huit premiers mois de
l'année.
Sur l'année, les
recettes
se sont établies à
33,9 milliards d'euros
(+ 3,35 %) tandis que les
dépenses
se sont élevées à
18,8 milliards
(+ 6,2 %).
B. UNE ÉVOLUTION DES COMPORTEMENTS TOURISTIQUES
Les conséquences des événements de septembre 2001 sur la structure du marché du tourisme international ont également été observées en France, en ce qui concerne tant les comportements de la clientèle étrangère que ceux des touristes français .
1. Une structuration modifiée de la demande étrangère
Comme
les autres destinations touristiques,
la France a souffert d'une brutale
désaffection des clientèles américaine et japonaise
.
En ce qui concerne les Américains, cela s'explique naturellement par
l'annulation de nombreux départs
à compter de septembre
2001, mais aussi par
l'instabilité des marchés financiers
qui ont conduit les retraités américains, importants
consommateurs touristiques, à une prudence de comportement puisque leurs
pensions dépendent largement de la situation boursière.
S'agissant des Japonais, la
conjoncture économique durablement
déprimée
de leur économie
a très
largement pesé sur leur consommation touristique. Reste que, grâce
à son
fort pouvoir d'achat
, cette
clientèle a encore
contribué pour 30 % environ des recettes touristiques de la
France
.
En outre, on a pu observer l'an passé un
recul de la demande
italienne
ainsi que, à un degré moindre cependant, des
demandes allemande et latino-américaine
, qui s'explique sans
doute davantage par les
difficultés économiques
ou,
à tout le moins, l'atonie de la croissance dans ces pays que par
« l'effet attentats ».
Néanmoins,
ces pertes de clientèles ont été plus
que compensées par des arrivées nouvelles
ayant pour origines
les
nouveaux marchés d'Europe de l'Est
, qui progressent de
6,3 %, les
pays de l'Europe du Sud
(à l'exception de
l'Espagne et de l'Italie), dont l'augmentation atteint 4,2 %, les
pays
nordiques et britanniques
, qui augmentent de 3,8 %, et enfin
l'
Afrique
(+ 5,6 %) et l'
Asie
exclusion faite du Japon
(+ 3,6 %). On peut ainsi relever, par exemple, que certains
Comités régionaux du tourisme ont vu apparaître dans leurs
statistiques les clientèles chinoises et indiennes, qu'il était
auparavant impossible de distinguer en raison des trop faibles effectifs
concernés.
Sur les cinq dernières années, il a été
constaté une progression constante de la part des touristes
néerlandais et britanniques et, à l'inverse, une diminution
régulière des allemands ainsi que, dans une moindre mesure, des
scandinaves et des helvétiques. Toutefois, la clientèle
étrangère de notre pays demeure très largement
dominée par celle d'Europe de l'Ouest (53,6 %), des îles
britanniques et des pays nordiques (18,2 %) et de l'Europe du Sud
(14 %), ces trois ensembles représentant près de 86 %
de la fréquentation étrangère.
Dès lors, si les évolutions constatées en 2001 sont
peut-être l'
amorce de
changements structurels plus
profonds
, ceux-ci prendront du temps avant de bouleverser la
répartition générale de la clientèle
étrangère en France.
2. Un recentrage de la demande intérieure sur l'hexagone et les marchés de proximité
En 2001,
les
séjours personnels des Français à
l'étranger
ont représenté
un peu moins de
10 %
de l'ensemble de leurs séjours,
en baisse d'environ
0,6 % par rapport à 2000
. Cette première observation
révèle un
changement par rapport aux comportements
passés
puisque une croissance significative et
régulière de leur nombre avait été constatée
depuis 1998.
De plus,
le nombre des nuitées passées à
l'étranger a également diminué
, traduisant ainsi un
raccourcissement des voyages
et, plus précisément, un
affaiblissement des longs séjours
2(
*
)
. Outre une infirmation, là
encore, de la tendance observée depuis 1998, cette diminution
révèle aussi un
changement de destinations
préférentielles de nos concitoyens, et de leurs
comportements
: ils ont ainsi privilégié les
marchés de proximité européens, multipliant les petits
séjours (week-ends prolongés, notamment) et diminuant les
durées de leurs longs voyages (même si la formule de
« la semaine en tout-compris »
continue de
progresser).
MOTIF, DESTINATION ET DURÉE DES SÉJOURS DES FRANÇAIS EN 2001
Motif |
Destination |
Court séjour |
Long séjour |
Total |
|||
Séjours |
Nuitées |
Séjours |
Nuitées |
Séjours |
Nuitées |
||
Professionnel |
France |
3,5 |
5,7 |
1,6 |
14,5 |
5,1 |
20,1 |
Etranger |
0,8 |
1,6 |
0,5 |
6,2 |
1,3 |
7,8 |
|
Personnel |
France |
79,5 |
145,0 |
64,7 |
632,8 |
144,2 |
777,8 |
Etranger |
3,7 |
8,0 |
12,2 |
115,9 |
15,9 |
123,9 |
|
Total |
France |
83,0 |
150,7 |
66,3 |
647,3 |
149,3 |
798,0 |
Etranger |
4,5 |
9,6 |
12,7 |
122,1 |
17,2 |
131,7 |
|
Général |
87,5 |
160,3 |
79,0 |
769,4 |
166,5 |
929,7 |
Source
: SDT/Direction du tourisme - Sofres
(Millions)
Le fléchissement général des déplacements à
l'étranger s'est accompagné d'une
redynamisation de la
mobilité en France
, qui a
progressé d'environ 2,1 %
pour les séjours
, tandis que le nombre des nuitées subissait
une légère érosion de 0,2 %.
Les Français ont ainsi
réorienté leur demande sur le
marché intérieur
, préférant là encore
séquencer leurs congés en plusieurs séjours de plus
courte durée que par le passé
. Ils sont
partis plus
souvent
, mais pour des
durées
un peu
plus
limitées
: la durée moyenne des séjours s'est
ainsi établie à 5,63 nuits en 2001 contre 5,76 en 2000, soit
une baisse de 2,3 %. Cette
situation est exactement contraire à
celle de l'année précédente
, qui avait
révélé une diminution de 0,3 % des séjours et
une augmentation de 1,1 % des nuitées.
Si l'on a pu qualifier ce comportement nouveau « d'effet 35
heures », il a aussi certainement résulté d'une
attention plus soutenue qu'auparavant au contenu même de
l'activité touristique
. Les observations du marché du
tourisme en 2001 révèlent en effet une
plus grande
sélectivité
de nos compatriotes, qui ont
privilégié la
diversification de la distribution des
activités
et manifesté un attrait plus important pour les
projets d'ordre sportif et culturel. Il sera intéressant de
vérifier dans les prochaines années si cette modification
comportementale est appelée à durer ou si elle ne constitue qu'un
retournement conjoncturel dans une tendance de long terme qui lui est
contraire.
C. LES DIFFICULTÉS SECTORIELLES ET LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN
Dans ce tableau général apparaissent toutefois des zones d'ombre . Le secteur marchand a souffert des événements du 11 septembre de manière certes différenciée, mais toutefois prononcée dans certains domaines et dans quelques régions. C'est ce qui a conduit les pouvoirs publics à prendre rapidement des mesures propres à aider le secteur touristique à surmonter cette passe conjoncturelle difficile.
1. Le choc inégalement ressenti des effets du 11 septembre 2001
Les secteurs affectés
Toutes les
branches du tourisme fortement ouvertes à la
clientèle « long-courrier »
ont connu des
résultats
à tout le moins
mitigés en 2001
.
Les années passées avaient vu la progression constante de
l'hébergement en secteur marchand. En 2001, ce mouvement a connu un
coup d'arrêt
, puisque 191 millions de nuitées ont
été enregistrées dans
l'hôtellerie
homologuée
, ce qui représente une
quasi
stabilité
(+ 0,1 % en fréquentation, et taux moyen
d'occupation maintenu à 60 %, comme en 2000). Les nuitées
françaises (+ 1,3 %) ont compensé la baisse de
fréquentation de la clientèle étrangère
(- 1,8 %), baisse qui a été particulièrement
sensible dans l'hôtellerie de luxe en raison de la réduction
drastique des demandes américaine et japonaise.
En effet, ce
secteur
,
principalement établi à Paris et
sur la Riviera Côte d'Azur
, a
subi
après le 11
septembre
une profonde contraction
qui a obéré les
résultats annuels de manière significative. Après un
début d'année 2001 plutôt morose et une très bonne
saison estivale, les nuitées étaient en hausse de 1 % sur le
cumul des huit premiers mois de l'année. Mais les résultats des
mois suivants ont été catastrophiques : - 0,1 % en
septembre, - 3,3% en octobre, - 1,9 % en novembre et
- 3,8 % en décembre.
Avec l'hôtellerie, la
restauration a également subi une
décélération de son chiffre d'affaires
. Les
glissements trimestriels sur un an de l'indicateur d'activité en valeur
de la restauration traditionnelle ont baissé d'un point par trimestre
tout au long de l'année, conduisant à un
recul en volume
de l'ordre de - 1 % en fin d'année par rapport à 2000.
Les
agences de voyage
ont elles aussi subi de plein fouet les
effets du 11 septembre. Certes, le chiffre d'affaire en valeur du secteur
a globalement augmenté de 1,2 % en 2001 par rapport à 2000.
Mais compte tenu d'une évolution des prix de l'ordre de 3 %, la
baisse en volume
a atteint - 1,8 % environ. En outre, on doit
rappeler que la progression du chiffre d'affaires de la profession avait
été de 11,7 % en 2000
.
Les opérateurs touristiques voyagistes à forfait et les agences
de voyages ont subi une chute brutale d'activité au mois d'octobre 2001,
comprise entre - 20 et - 40 %, avec cependant de
fortes
disparités selon les destinations
(USA et continent
américain, Afrique et Moyen-Orient) et les
clientèles
.
Cette chute est venue aggraver une baisse déjà perceptible dans
le tourisme d'affaires depuis juin 2001 et liée au retournement de
tendance de l'activité économique générale. Au
total, on estime que le secteur des agences de voyages travaillant à
l'international a connu une perte d'activité de 10 à 20% au
dernier trimestre 2001.
Naturellement, le
secteur aérien
a également
été
fortement pénalisé
par les attentats de
septembre. Si le trafic aérien international a augmenté de
2,6 % dans les aéroports de province, il a diminué de
- 2,3 % dans les aéroports parisiens, qui regroupent 80 %
des mouvements. Le résultat de l'année 2001 a donc
été globalement négatif.
Certes, avant même le dernier trimestre 2001, le fléchissement de
la croissance du trafic était déjà perceptible en raison
du retournement économique affectant les liaisons d'affaires, de la fin
de la montée en charge de plusieurs liaisons et de la baisse de l'offre
consécutive aux difficultés d'AOM et Air Littoral. Toutefois, le
trafic a été en recul de - 15 % en septembre et en
octobre, les
compagnies françaises non régulières ayant
été davantage affectées
(- 11,5 % sur
l'année avec une baisse comprise entre - 19 et - 25 %
selon les compagnies au dernier trimestre)
qu'Air France
(augmentation
globale de 1,5 % sur l'ensemble de son réseau malgré une
contraction de l'activité de - 6 % sur les trois derniers mois
de l'année).
Le
trafic aérien intérieur
a lui-même
été concerné par ce
recul
, après la faible
augmentation constatée en 2000. Pour l'essentiel, sa baisse semble
résulter de la
concurrence accrue du réseau ferroviaire
,
notamment de la mise en service du TGV Méditerranée.
Enfin, on a pu relever que les événements du 11 septembre
ont
pénalisé la fréquentation des sites
touristiques
par la conjonction de deux raisons : un
effet
psychologique
négatif quant aux lieux à forte présence
collective et la
diminution du nombre des touristes étrangers
d'origine lointaine
. A l'exception notable de la Tour Eiffel, dont la
fréquentation globale est restée stable, la plupart des sites
touristiques français de notoriété internationale ont
ainsi connu une baisse parfois sensible du nombre de leurs visiteurs
(musées du Louvre et d'Orsay, Arc de triomphe, Château de
Versailles). De plus, si la fréquentation des parcs à
thèmes s'est inscrite dans une logique haussière de moyen terme
(par exemple à Eurodisney), les pertes de clientèles en fin
d'année ont toutefois été sensibles.
Paris demeure la première ville mondiale des congrès internationaux
Effet du
11 septembre 2001, le
nombre global des congrès s'est tassé en
2001
(- 1,5 %), avec 9 259 réunions contre 9 400
l'année précédente, en raison d'une chute importante des
congrès aux Etats-Unis, relève l'Union des associations
internationales (UAI).
Paris reste la première ville mondiale de congrès
internationaux
(définis comme les réunions de plus de 300
participants et de plus de trois jours), avec 229 réunions, devant
Londres (191), Bruxelles (188), Vienne, Singapour, Genève, Berlin,
Séoul, Copenhague et Sydney. Ces dix villes ont accueilli au total
1 408 congrès, soit
15,2 % du marché mondial
(contre 1 520 et 15,9 % du marché en 2000).
A elle seule,
Paris représente 2,5 % du marché mondial et
4,3 % du marché européen
. Elle recueille 38,2 % des
congrès organisés en France, face à onze villes qui lui
font chaque année davantage concurrence.
Source : AFP - 13 septembre 2002
Les secteurs ayant résisté
En contrepartie, d'autres
secteurs et activités ont tiré
profit de cette situation
.
Même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un secteur, il
convient en premier lieu de relever la
confirmation du renouveau de
l'hébergement non-marchand chez la famille et les amis
observé en 2000. Cette progression constitue un retournement par
rapport à la décennie précédente, dont
il est
toutefois encore trop tôt pour assurer qu'elle est appelée
à perdurer
.
Dans le
secteur marchand
, les
résidences de tourisme
ont connu en 2001 une
activité soutenue
, la progression
étant d'environ 4 % par rapport à l'année
précédente et les
taux d'occupation très
élevés
(sur les bords de la Méditerranée, ils
ont ainsi frôlé les 100 % en juillet et août et
évolué entre 70 et 80 % en juin et en septembre). Les
étrangers ont été particulièrement nombreux
,
en particulier les Néerlandais, les Allemands et les Scandinaves, qui
ont représenté 55 % de la fréquentation.
Par ailleurs, l'
hôtellerie de plein air
a connu un
renouveau
après la mauvaise saison 2000. Avec plus de 98 millions
de nuitées enregistrées entre mai et septembre, l'augmentation a
été de + 4,8 % au total, de + 6 % pour la
clientèle étrangère (qui est encore toutefois à
- 6,6 % de son niveau record de 1999) et de + 4,2 % pour
les Français (+ 1,5 % par rapport à 1999). Si l'on ne
peut que se féliciter de cette
santé économique
recouvrée
, il n'est toutefois pas étonnant que le secteur
n'ait pas été affecté par les événements de
septembre 2001, la saison étant pratiquement achevée à
cette période.
En ce qui concerne les
modes de transport
, le
réseau
ferroviaire
a connu une année satisfaisante : le trafic
voyageur de la SNCF a progressé sur l'année de 2,5 %, ce
taux résultant en particulier de la croissance de 8 % du
réseau TGV
et, singulièrement, de la
mise en service du
TGV Méditerranée
à partir de juin. La
fréquentation globale a ainsi augmenté de 11,5 % au
troisième trimestre, cette nouvelle ligne ayant des
effets certes
directs mais aussi induits
puisque le réseau des trains express
régionaux (TER) du Sud-Est a été irrigué par cet
afflux de nouveaux voyageurs.
La
circulation routière
a également augmenté en
2001, progressant même à un rythme sensiblement supérieur
à celui de l'an dernier (+ 3 % contre + 2,1 %), en
raison notamment de la
forte utilisation du réseau autoroutier
.
Des régions touchées de manière
diversifiée
Deux régions ont subi un
contrecoup significatif
à la
suite des attentats du 11 septembre :
- l'
Ile-de-France
qui, avec 26,4 millions d'étrangers, dont
4 millions d'Américains et de Japonais, a connu une baisse de
12 % du taux d'occupation de son hôtellerie au dernier trimestre
2001. Au total, les nuitées y ont chuté de près de
4 % (- 5,5 % pour les hôtels 4* et 4* luxe et
- 3,7 % pour les 3 *). En outre, une
part significative des
sites touristiques renommés
y est située ;
- la
Côte d'Azur
, où les clientèles
américaine et japonaise représentent traditionnellement 7 %
des nuitées, dont 17 % dans les hôtels 4*, catégorie
qui a connu une baisse de 20 % au dernier trimestre 2001.
En revanche, s'agissant de la
répartition régionale des
touristes français
, l'année 2001 a montré une
grande stabilité
par rapport aux années
précédentes. Ce sont les
régions traditionnellement les
plus touristiques
qui ont le plus
bénéficié
du mouvement d'ensemble
qui a privilégié les
séjours dans l'hexagone, notamment Rhône-Alpes,
Languedoc-Roussillon et Bretagne. A cet égard, on peut relever que les
campings du bord de mer des régions concernées par le naufrage
de l'Erika
en décembre 1999 ont enregistré une hausse de plus
de 10 % des nuitées, ce qui est très encourageant même
si cela n'a pas permis de retrouver le niveau de fréquentation d'avant
la catastrophe.
D'une manière générale, la
répartition des
déplacements selon l'espace choisi a été extrêmement
stable
. Le
littoral
est resté le plus attractif en terme de
nuitées (36 %) mais sa
part n'a pas progressé
comme en
2000. Si, à l'exception de la
montagne
(- 3,4 % en
parts de séjours, mais stabilité des parts de nuitées),
aucun espace n'a réellement perdu de part de marché, la
campagne
en a toutefois regagné, en ce qui concerne tant les
séjours (+ 3 %) que les nuitées (+ 1,2 %).
Cette observation n'est pas incohérente, mais signifie simplement que la
campagne a été plus souvent qu'auparavant associée dans
les mêmes déplacements à d'autres espaces. On peut enfin
relever que la part de la
ville
dans les nuitées a elle aussi
augmenté, de + 2,6 %.
2. Des mesures fiscales et sociales de soutien aux professionnels
Le
gouvernement a rapidement porté son attention aux professionnels du
tourisme ayant connu une baisse d'activité à compter du 11
septembre 2001.
Les entreprises de ce secteur ayant justifié de
difficultés particulières consécutives aux
événements
ont pu, sur leur demande, bénéficier
de
mesures fiscales et d'allègement de charges sociales
.
Les
mesures fiscales
mises en place avec le secrétariat d'Etat au
budget ont ainsi permis d'octroyer des
délais de paiement
pour
les cotisations échues ou à échoir à compter du 15
septembre 2001, et d'accorder des
remises gracieuses sur les
pénalités de recouvrement
, après règlement du
principal dans les conditions fixées dans le cadre de la mise en oeuvre
d'un plan de règlement de paiement. Par ailleurs, les services fiscaux
ont été chargés d'examiner avec une particulière
bienveillance les demandes de
remises gracieuses d'impôts directs
lorsque les requérants se trouvaient dans l'incapacité
avérée de faire face au paiement de leurs échéances
fiscales.
En ce qui concerne les
charges sociales
, des mesures ont
été prises en concertation avec le ministère de l'emploi
et de la solidarité. A cet effet, les entreprises pouvaient s'adresser
aux services de l'URSSAF et de la direction départementale du travail,
de l'emploi et de la formation professionnelle afin que leur situation fasse
l'objet d'un examen au cas par cas pour l'octroi de
reports de paiement des
charges sociales
. Cette bienveillance a naturellement été
étendue aux
cotisations dues par les chefs d'entreprises artisanales
et commerciales
. Pour les entreprises ayant mis en oeuvre
l'aménagement et la réduction du temps de travail (ARTT), le
remboursement des charges sociales a été suspendu
dans les
cas où l'application de l'ARTT s'est trouvée interrompue
consécutivement aux difficultés résultant du 11 septembre.
Enfin, pour éviter de recourir aux licenciements économiques, les
entreprises ont pu solliciter des services de l'emploi le
bénéfice des
mesures de chômage partiel
.
3. Une campagne de promotion renforcée
Par
ailleurs, soucieux de contrarier rapidement les évolutions
dépressives du marché international, les pouvoirs publics ont
décidé de
renforcer tout particulièrement la promotion
de la destination « France »
sur les
marchés
fortement émetteurs de touristes
et les
segments les plus
affectés par les événements
(le tourisme d'affaires et
le tourisme haut de gamme). C'est à
Maison de la France
qu'a été confiée la responsabilité de mettre en
place l'ensemble de ces actions commerciales
.
La
campagne mondiale de promotion
engagée en mars 2002 a
été menée en priorité sur les
grands
marchés européens émetteurs de touristes
:
Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Espagne et Suisse. Des
actions de soutien
ont également été
développées aux Etats-Unis, au Canada et au Japon. Cette campagne
a été réalisée grâce à une
dotation
exceptionnelle de l'Etat
de près de 4,9 millions d'euros inscrite en
loi de finances rectificative pour 2001
, qui a permis de lever des
crédits partenaires à hauteur de 4,16 millions d'euros,
complétés par des participations extérieures de plus de
3,67 millions d'euros. Au total,
l'investissement global s'est
élevé à plus de 12,7 millions d'euros
.
Conçue avec la volonté de mettre en avant
la qualité et
la diversité de l'offre
touristique française,
l'aspect
festif et jeune
de la destination, ainsi que sa
proximité et sa
sécurité
, cette campagne s'est appuyée sur
un
concept fédérateur concrétisé par le message
« J'aime la France »
encarté dans un coeur rouge.
Elle a comporté une phase générique sous forme d'une
campagne télévisée sur plusieurs chaînes
pan-européennes et la chaîne française LCI, puis a
été déclinée de façon adaptée aux
principaux marchés concernés, selon des formes diverses :
opérations de marketing direct, marketing sur internet, campagnes de
presse, campagnes grand public sur différents supports (affichage,
radio, télévision, etc.), éditions de documents
spécifiques.
Les premières estimations des résultats de la saison estivale
2002 laissent à penser que cette campagne a rencontré un
réel succès
.
Or, pour votre rapporteur pour avis, cette
observation justifierait que dans le contexte actuel
(aggravé par le
récent attentat de Bali)
un tel effort promotionnel de grande ampleur
soit plus régulièrement mis en oeuvre
, pour deux raisons
essentielles :
- tous les professionnels s'accordent à reconnaître qu'une
campagne de promotion n'a de réelle efficacité et d'effets
durables qu'au bout d'une certaine période ; la
durée
et la
répétition
constituant deux éléments
fondamentaux des stratégies marketing,
votre rapporteur pour avis
estimerait
opportun de renouveler un nouveau plan d'actions
d'envergure de manière pluri-annuelle, sur deux ou trois ans, avec un
budget spécifique abondé par l'Etat et permettant de lever des
partenariats
;
- les principaux
concurrents étrangers de la France
consacrent au chapitre de la promotion touristique des
budgets
sans
aucune mesure avec les siens ; c'est en particulier le cas de
l'
Espagne
(
26 millions d'euros
), avec les résultats que
l'on connaît depuis plus de vingt ans, ou encore plus récemment,
de la
Grande-Bretagne
(campagne
« Seulement en GB,
seulement en 2002 »
).
II. UNE SAISON 2002 CONTRASTÉE
Les
événements du 11 septembre 2001 ont encore eu des
effets
visibles sur l'activité touristique française en 2002
,
même si d'
autres
facteurs
ont certainement
conditionné les évolutions que révèlent les
premières estimations disponibles : parité euro/dollar,
krach boursier, situation au Proche-Orient, morosité de
l'activité économique mais maintien du dynamisme de la
consommation des ménages.
Pour ce qui concerne les
échanges touristiques internationaux
, le
chiffre d'affaires des
agences de voyage
a retrouvé en avril
2002, après sept mois consécutifs de baisse d'activité,
une croissance positive de 2,3 % par rapport au même mois de
l'année précédente. Reste que le chiffre d'affaires
cumulé depuis le début de l'année demeurait encore
à cette date en baisse de quelque - 3,7 %, la billetterie
diminuant de - 2,8 % et la revente de voyages à forfait de
- 8 %. En outre, les mois de mai et de juin ont connu un nouveau
recul, le secteur restant ainsi encore très fragilisé à la
fin du premier semestre 2002.
Dans le
transport aérien
, les compagnies ont
considérablement réduit leurs capacités afin de maintenir
le taux de remplissage des avions et de limiter leurs pertes. Pour certaines
destinations (par exemple les liaisons Europe/USA, où la diminution est
de l'ordre de - 14 %), la demande en est négativement
influencée. En France, entre le 1
er
janvier et le 31
août 2002, tous les mouvements aériens ont ainsi diminué
par rapport à l'année précédente : de
- 11 % pour les vols transatlantiques, de - 5 % pour les
autres vols internationaux, et même de - 6,2 % pour les vols
intérieurs (les survols du territoire ayant en revanche
été stables).
S'agissant de l'
hôtellerie
, la fréquentation semblait en
légère hausse
sur le cumul des cinq premiers mois de
l'année (+ 0,9 % en nuitées). Le créneau des
hôtels haut de gamme, notamment, a pu récupérer une partie
de son taux d'occupation par chambre par un redéploiement de son
activité vers des clientèles de proximité au pouvoir
d'achat moins élevé que celui des touristes américains et
japonais, toujours sensiblement moins nombreux que dans un passé
récent.
A. LE BILAN MITIGÉ DE LA SAISON HIVERNALE
Le secteur de la montagne a directement bénéficié du tassement du trafic aérien et du détournement des clientèles française et étrangère des destinations ensoleillées et lointaines. En raison d'un déficit d'enneigement , le report a certes été moins important que celui qui était envisagé à l'automne 2001. Néanmoins, les fortes chutes de neige intervenues dans tous les massifs en fin de saison ont conforté ce mouvement, et affermi par ailleurs la tendance au développement de la pratique du ski de printemps.
1. Des résultats globaux flatteurs
Le
nombre des nuitées
passées par les
touristes
français à la montagne
a retrouvé au cours de l'hiver
2001-2002 son
niveau historique
de la saison 1997-1998 (58,4 millions).
Ce résultat est même d'autant plus satisfaisant que nos
compatriotes ont
plébiscité les stations nationales
(+ 5,9 %), fréquentant les stations étrangères
de façon plus limitée (- 8,8%).
En revanche, la
clientèle étrangère
a
été
très présente dans les stations
françaises
, notamment dans celles où elle représente
plus de 30 % de la fréquentation totale. Aux traditionnels clients
britanniques, néerlandais et belges se sont joints cette saison des
pratiquants nouveaux venant d'Europe centrale et orientale
.
Globalement, la
fréquentation française et
étrangère
des stations a ainsi
progressé
de
3,9 %, le nombre des journées-skieurs augmentant quant à lui
de manière plus ténue (+ 1,4 %) pour s'établir
à une moyenne estimée de 49,75 millions. Le
chiffre d'affaires
des exploitations de remontées mécaniques
s'est établi
à 812 millions d'euros, en progression de 3,7 %.
La pratique du
ski alpin
demeure toujours largement
prédominante
, mais les
nouvelles glisses
connaissent une
augmentation continue et régulière
depuis huit ans
(+ 15,2 %). Ainsi, la pratique des
surfs
se consolide
(+ 11 %) et constitue une des activités importantes des
clientèles assidues des stations (clientèle de ski à la
journée et de courts séjours répétés). Les
skis courts
(snowblade, patinettes) représentent désormais
un mode de glisse significatif, en progression lui aussi, touchant environ
4 % des passages et essentiellement une clientèle jeune
fréquentant occasionnellement les stations. En revanche, les pratiques
comme le monoski, le télémark, le snowskate, le snowscoot, etc.,
restent extrêmement
marginales
et inférieures chacune
à 0,3 %.
Après la
saison catastrophique de l'an passé
, le
ski
nordique
s'est
légèrement
repris
: la
recette de la redevance nationale augmente de 11,3 % à hauteur de
7,735 millions d'euros tandis que le nombre de journées-skieurs
progresse de 14 %. Toutefois, ce secteur est encore
loin d'avoir
rattrapé ses pertes antérieures
, puisque ses recettes restent
inférieures de plus de 15 % en volume par rapport à la
moyenne des saisons 1996 à 2000, et de 21 % en ce qui concerne la
fréquentation.
2. Des difficultés persistantes dans certains secteurs
Si les
résultats généraux paraissent satisfaisants
,
plusieurs secteurs connaissent toutefois des
difficultés
persistantes
. C'est évidemment le cas, on l'a vu, du
ski
nordique
, qui a connu une
année encore difficile
en raison
notamment du manque de neige pendant une partie de la saison. En outre, l'offre
nordique se compose d'une multiplicité de sites de taille et de
qualité très diverses, 80 % de la clientèle se
concentrant sur 20 % d'entre eux. Ainsi, l'adaptation de l'offre aux
nouvelles attentes des fondeurs et le repositionnement des sites constituent
à l'évidence un défi majeur pour cette activité.
Mais le
ski alpin
présente lui aussi des
caractéristiques contrastées
, entre un
massif du Nord
des Alpes
jouissant d'une
santé économique sans faille
grâce au poids prédominant des grandes stations à
enneigement garanti, et les
autres massifs davantage soumis aux aléas
climatiques et à la volatilité de la clientèle.
Ainsi le massif des Alpes du Nord
cumule les performances
. La
fréquentation des pistes
y est en
progression constante et
régulière
, s'établissant à + 2,5 % en
moyenne depuis huit ans, tandis que son
chiffre d'affaire
actualisé
progresse à un rythme similaire
(+ 2,3 %). Il
concentre la plupart des grands sites
, dont les
douze principaux génèrent à eux seuls 47 % de la
redevance totale et 45 % des skieurs.
ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES ACTUALISÉ DES REMONTÉES MÉCANIQUES
Massif |
1994-1995 |
2000-2001 |
2001-2002 |
Evolution
|
Evolution sur la moyenne des quatre saisons précédentes |
Alpes du Nord |
524,8 |
632,4 |
646,7 |
+ 2,3 % |
+ 6,6 % |
Alpes du Sud |
79,7 |
100,6 |
73,1 |
-27,3 % |
- 21,7 % |
Pyrénées |
63,4 |
51,1 |
71,5 |
+ 40 % |
+ 24,2 % |
Massif central |
7,4 |
6,4 |
6,2 |
- 2,9 % |
- 17,7 % |
Jura |
9,1 |
4,4 |
6,8 |
+ 56 % |
- 8,9 % |
Vosges |
8,7 |
4,7 |
7,8 |
+ 67 % |
- 4,2 % |
Source
: Direction du tourisme
(Millions d'euros
constants
2002
)
En revanche, si la
saison 2001-2002 a été exceptionnelle pour
les Pyrénées
, dont le chiffre d'affaire dépasse le
précédent record de 1998-1999, et
tout juste satisfaisante
pour le Jura
et les Vosges
, grâce aux bons résultats de
décembre 2001 et janvier 2002, elle a été
très
difficile dans le Massif central et surtout dans les Alpes du Sud
,
où la baisse du chiffre d'affaires des remontées
mécaniques atteignait fin mars 2002 respectivement - 14 % et
- 22 % par rapport à la moyenne actualisée des quatre
saisons précédentes.
Dans
les Alpes du Sud
, la
saison
peut être qualifiée
de
catastrophique
: le
nombre des skieurs
y a
été
le plus faible
depuis la saison 1992-1993, tandis que
le
rendement moyen de la journée skieur s'est littéralement
effondré
(- 27 %). A cet égard, il convient de
relever que la baisse est de l'ordre de - 22 % dans les Hautes-Alpes,
de - 32 % dans les Alpes-Maritimes et de - 42 % dans les
Alpes de Haute Provence.
Ainsi, sur l'ensemble des massifs autres que celui des Alpes du Nord, le
chiffre d'affaires a diminué de 1 % par rapport à la saison
2000-2001 et de 5 % par rapport à la moyenne des quatre saisons
précédentes. En outre, les
résultats contrastés
de ces massifs d'une année sur l'autre
révèlent la
très
grande fragilité
qui est la leur :
il est en
effet particulièrement délicat pour une activité
économique de gérer des à-coups saisonniers sans
visibilité de moyen terme
.
B. LES PREMIÈRES ESTIMATIONS DE LA SAISON ESTIVALE
Au début du mois d'octobre, M. Léon Bertrand, secrétaire d'Etat au tourisme, a présenté au Conseil des ministres une communication relative au bilan de la saison touristique estivale .
1. La confirmation des tendances générales observées en 2001
La
fréquentation a été caractérisée par une
augmentation du nombre des déplacements des Français en
France
, alors que
fléchissaient à nouveau
légèrement leurs déplacement à
l'étranger
. Les
clientèles étrangères sont
restées fidèles
, notamment celles de l'Europe du Nord, de
l'Espagne et de l'Italie, même si la
baisse sensible des touristes en
provenance du Japon et des Etats-Unis s'est poursuivie
.
La
Bretagne
et les
Pays de Loire
ont connu une
meilleure
saison
qu'en 2001, tandis que la
situation des Antilles s'est
aggravée
puisque l'activité touristique y a diminué de
- 20%. Si la fréquentation sur l'ensemble du
littoral
et en
milieu rural
est demeurée
stable
, elle a connu une
hausse en milieu urbain
et a
encore diminué en montagne
.
S'agissant de l'activité des
secteurs économiques
, les
agences de voyages
n'ont pas retrouvé leur niveau d'affaires de
2001 : fin août 2002, leur chiffre d'affaires était
inférieur d'environ 8 % à celui constaté un an plus
tôt, le nombre de demandeurs d'emplois dans la branche estimé
à 7 000, et le nombre d'offres d'emplois en recul de 42 %. Les
perspectives ne sont au demeurant pas positives à court terme, le climat
international se détériorant avec la menace diffuse du terrorisme
(qui s'est encore renforcée depuis l'attentat de Bali qui a
spécifiquement visé des touristes) et le risque de guerre contre
l'Irak (la dernière crise du secteur remonte précisément
à une dizaine d'années, après la guerre du Golfe).
Quant aux résultats enregistrés dans les autres secteurs
touristiques, ceux de l'
hôtellerie
ont été
très légèrement minorés
, les
campings
,
gîtes ruraux
et
chambres d'hôtes
ont
connu une
fréquentation en légère augmentation
,
tandis que les
résidences de tourisme
, les
clubs et villages
de vacances
ont enregistré des
performances identiques
à celles de 2001.
Reste que les
résultats de l'été 2002 ont
conforté la place de la France dans le tourisme mondial
et le
secteur touristique comme une des premières activités
économiques du pays
. L'hôtellerie et la restauration ont
notamment créé plus de 11 000 emplois au premier semestre,
même si ce secteur demeure fragile.
Le tourisme demeure la première activité de la Riviera Côte d'Azur
Avec 10
millions de touristes chaque année dont plus de la moitié
d'étrangers, 72 millions de nuitées hôtelières
recensées, un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros et 64 000
emplois directs et indirects, la
Côte d'Azur reste une terre
bénie du tourisme
.
La
région PACA enregistre depuis cinq ans une croissance de sa
fréquentation touristique
, de manière continue mais toutefois
plus lente depuis 2000. Dans l'attente des résultats définitifs,
l'été 2002 devrait se situer au niveau des meilleures
années de fréquentation de la région
, même s'il
ne connaîtra pas une hausse par rapport à l'excellent
été 2001.
La
tendance au ralentissement de la croissance
s'était
déjà manifestée en 2001, saison qui a toutefois
dégagé le meilleur résultat de la région avec 36
millions de touristes accueillis pour 237 millions de nuitées.
Source : CRT - PACA
2. Les comportements de la clientèle se modifient durablement
Au-delà des
tendances quantitatives
annoncées
par le secrétaire d'Etat, la
saison 2002 a confirmé au plan
qualitatif le renouveau des comportements observé l'an passé
.
Les
séjours de vacances sont plus courts et fragmentés
,
sous l'effet de la réduction du temps de travail et de l'allongement des
congés payés. Les
réservations sont plus tardives
et les
achats de dernière minute
deviennent toujours plus
nombreux, tandis que les
annulations
sont beaucoup plus
fréquentes
que par le passé. En outre, les
prix
constituent un facteur prépondérant dans la décision
d'achat
et, sans doute est-ce lié,
l'hébergement non
marchand continue d'augmenter
.
Parallèlement, la
demande de formules de vacances sur mesure
se
renforce, en raison de la
maturité d'une part importante de la
clientèle
. Du côté de l'offre, le recours aux derniers
progrès de la technologie de l'information et de la communication
autorise la
personnalisation
, qui se tourne davantage vers les
vacances conçues comme une expérience
. Ainsi,
emboîtant le pas à d'autres secteurs de consommation,
l'activité touristique permet à sa clientèle de partager
avec d'autres des expériences enrichissantes, apportant de nouvelles
connaissances tout en faisant ressentir de véritables émotions.
Enfin, les
consommateurs apportent aussi une attention croissante à
la qualité des prestations, de l'accueil et de l'environnement
.
Cette tendance lourde, qui résulte sans doute pour partie de
l'augmentation constante de la
clientèle du troisième
âge
, aux exigences affirmées dans ces domaines, conduit
inéluctablement à une
restructuration de l'offre
et
à un
renforcement de la concurrence entre les professionnels
.
C. LES ENSEIGNEMENTS À TIRER POUR L'AVENIR
De ce panorama de l'activité touristique depuis près de deux ans, votre rapporteur pour avis croit devoir suggérer des pistes de réflexion et d'action prioritaires pour répondre rapidement à deux difficultés particulièrement préoccupantes .
1. Soutenir l'activité touristique en montagne
Alors
que l'année 2002 a été proclamée, à
l'initiative de l'Assemblée générale des Nations-Unies,
« Année des montagnes du monde »
, force est
de constater que
le gouvernement précédent n'a pas saisi cette
occasion pour engager résolument une politique de nature à
favoriser la reprise de l'activité touristique en montagne
. Celle-ci
s'essouffle de manière continue depuis plusieurs années en
dépit des
efforts constants des acteurs et élus locaux
, et
la santé relative du
tourisme hivernal
, outre qu'elle est, on l'a
vu, contrastée selon les massifs, ne suffit plus à compenser la
faiblesse continue du
tourisme estival
, qui s'est en particulier
dégradé ces deux dernières saisons.
On relèvera ainsi que la moitié des stations de montagne a
jugé les résultats de la saison d'été 2002 encore
inférieurs à ceux de 2001, selon l'
Observatoire
des
stations de montagne
. La baisse serait comprise entre 1 % et plus de
10 % de la fréquentation totale, et imputable essentiellement
à la clientèle française, la fréquentation
étrangère ayant été stable, voire en progression
légère. Toutefois, 30 % des stations estiment que la saison
2002 a été supérieure à la saison 2001.
Votre rapporteur pour avis souhaite ainsi réitérer le
soutien
total
qu'il a apporté, dans le cadre de la
mission commune
d'information chargée de dresser un bilan de la politique de la
montagne
, aux propositions formulées par ses excellents
collègues Jacques Blanc, sénateur de la Lozère, et
Jean-Paul Amoudry, sénateur de Haute-Savoie, respectivement
président et rapporteur de cette mission, qui ont déposé
leur remarquable rapport le 9 octobre dernier
3(
*
)
.
Les
dix propositions
(n° 31 à 40) visant à
encourager le tourisme de montagne
, qu'ils formulent en conclusion de
leur analyse exhaustive et rigoureuse de la problématique du tourisme de
montagne comme
vecteur économique du développement local,
constituent à tous égards les
lignes directrices d'un
projet de renouveau très attendu
.
Votre rapporteur pour avis
formule le voeux que le gouvernement, et singulièrement le
secrétariat d'Etat au tourisme, sauront s'emparer de ces suggestions et
auront à coeur d'y donner suite pour ce qui les concerne.
2. Accompagner la relance du tourisme aux Antilles
Les
professionnels du tourisme des Antilles
sont confrontés depuis la
fin de l'année 2000 à d'
importantes
difficultés
qui tiennent en particulier aux
conditions de la
desserte aérienne
, qui se sont dégradées tant avec la
métropole qu'avec le continent nord-américain, pourvoyeurs
traditionnels de la clientèle de l'archipel. Le dépôt de
bilan des compagnies AOM et Air Liberté au printemps 2001 a
été à cet égard très préjudiciable,
puisqu'il a tout à la fois tari l'apport quantitatif de touristes et
fragilisé l'activité des tour-opérateurs. Au demeurant,
Air Lib n'a pas réussi, depuis un an, a redresser la situation, et ses
lignes vers les Antilles sont structurellement déficitaires, ce qui
explique pour l'essentiel la précarité de sa situation. Ainsi,
depuis trois ans, en raison des réductions successives des
capacités des transporteurs, le nombre des sièges d'avions a
baissé au total de 20 à 25%.
Si
d'autres raisons plus endogènes peuvent également
contribuer au marasme
, il est indéniable que la
situation
économique du secteur est aujourd'hui très
préoccupante
. En 2001, le taux d'occupation de l'immobilier
touristique martiniquais était en baisse de 36 %, et le
secrétaire d'Etat a indiqué dans sa communication du début
du mois d'octobre que la fréquentation aux Antilles a encore
reculé de 20 % cette année. Dans ces conditions, les
principaux opérateurs et groupes hôteliers réduisent
leur activité
, à l'instar de
Nouvelles
Frontières
, du groupe
Méridien
, ou encore
d'
Accor
, groupe qui aurait décidé de se désengager
de la Martinique dès mars 2003 et, à plus long terme, de la
Guadeloupe.
Le climat social s'est incontestablement dégradé aux Antilles ces
derniers mois, et la situation courant octobre 2002 est particulièrement
périlleuse. Certes, le secteur du tourisme n'est pas le seul
concerné, mais compte tenu de son importance pour l'économie
antillaise, il focalise l'attention et suscite les plus importantes
préoccupations. En outre, force est de constater que les conditions de
rentabilité de l'exploitation touristique ne sont plus assurées,
surtout face à la concurrence des autres îles des Caraïbes,
qui ont développé une politique d'accueil et de produits
très performante.
Les professionnels et les élus locaux ont certes commencé
à réagir
. Ainsi, les élus de douze communes
martiniquaises ont-ils décidé de se regrouper sous la
bannière d'
« Espace Sud »
et d'adhérer
au plateau technique de réservations exclusivement martiniquais mis en
place par la municipalité de Sainte-Anne, qui est la première
commune touristique de l'île avec 2 millions de visiteurs en
2001
4(
*
)
. Reste que
l'Etat doit également contribuer au sauvetage de l'économie
touristique antillaise
.
Il semblerait qu'une
mission interministérielle
,
diligentée en mai 2001 et chargée de dresser un constat de la
situation de la desserte aérienne et d'analyser les raisons de la baisse
de fréquentation des structures hôtelières, a
présenté des
propositions d'amélioration de la desserte
aérienne des DOM et de Mayotte depuis et vers la métropole
.
En outre, une
mission d'expertise de la situation de l'offre touristique en
Martinique et en Guadeloupe
a été confiée en mars 2002
à l'Agence française d'ingénierie touristique (AFIT), qui
a
rendu en juin dernier un rapport
formulant un certain nombre de
propositions en vue d'améliorer cette offre
.
Compte tenu de
la gravité et de l'urgence de la situation
, votre
rapporteur pour avis espère vivement que des
conclusions seront
rapidement tirées
afin qu'un
plan soit défini en
concertation avec les socio-professionnels et les élus antillais
, et
que des
moyens efficaces
soient mis en oeuvre pour contribuer à
redonner au secteur touristique de Martinique et de Guadeloupe le dynamisme qui
devrait être durablement le sien.
A cet égard, il se réjouit de l'annonce faite à la
mi-novembre, par le secrétaire d'Etat au tourisme, de la décision
du Gouvernement de déposer en décembre prochain un
projet de
loi de programme pour l'outre-mer
qui aura pour objectifs, entre autres, de
relancer les investissements touristiques grâce à de nouvelles
formules de défiscalisation, de faciliter l'entretien et la restauration
des équipements hôteliers, de favoriser l'emploi par
l'allégement de charges sociales, d'aider les transporteurs,
d'améliorer la formation professionnelle dans les métiers du
tourisme, et enfin de contribuer à la définition et à la
promotion de produits touristiques fiables, innovants et de bonne
qualité.