GRANDE-BRETAGNE
1) Le dispositif répressif
La
loi de 1988 sur la circulation routière, modifiée en 1991
(5(
*
))
, contient deux articles relatifs
à la conduite sous l'emprise de stupéfiants.
L'article 4
, qui figurait déjà dans les lois
antérieures, érige en infraction la conduite et la tentative de
conduite d'un véhicule automobile par une personne que la prise de
stupéfiants rend inapte à la conduite
(6(
*
))
. La loi considère comme inapte
à la conduite toute personne dont la capacité à conduire
correctement est momentanément altérée.
L'article 3A
, ajouté en 1991, fait de l'homicide par
imprudence commis par un conducteur sous l'emprise de stupéfiants une
infraction spécifique.
Ces dispositions s'appliquent à tous les produits stupéfiants.
D'après l'article 11 de la loi, constitue un stupéfiant tout
produit autre que l'alcool qui procure un état d'ivresse.
La
loi de 1988 relative aux contrevenants aux règles de la
circulation routière
(5)
prévoit les sanctions
applicables à ces deux infractions.
L'annexe 2 de cette loi précise que les contrevenants sont
passibles d'une peine privative de liberté ou d'une amende, les deux
peines étant cumulées dans les cas les plus graves.
Pour l'infraction visée à l'article 4 de la loi sur la
circulation routière, la durée maximale de la peine de prison est
de six mois et le montant maximal de l'amende s'élève
à 5 000 £ (soit environ 8 000 €). Pour
l'infraction visée à l'article 3A de la même loi, la
durée maximale de la peine de prison est de dix ans et le montant
de l'amende est illimité.
Chacune de ces deux infractions est également sanctionnée par
l'attribution de trois à onze points de pénalité et par
leur inscription sur le permis de conduire
(7(
*
))
. Cette mention n'est effacée qu'au
bout de onze ans.
En outre, l'article 34 de la loi de 1988 relative aux contrevenants aux
règles de la circulation routière dispose que ces infractions
entraînent le retrait du permis de conduire : pour une durée
d'au moins un an dans le premier cas, d'au moins deux dans le second et d'au
moins trois en cas de récidive, quelle que soit l'infraction.
À l'issue de la période de retrait, la personne doit solliciter
un nouveau permis de conduire et prouver qu'elle satisfait aux conditions
requises pour son obtention. Elle doit notamment répondre à un
questionnaire médical qui lui est adressé par la
Driver and
Vehicle Licensing Agency
, qui est l'agence à laquelle le
ministère des Transports a délégué l'attribution et
la gestion du permis de conduire.
2) Les contrôles
En
application de l'article 4-6 de la loi de 1988 sur la circulation
routière, la police peut, sans mandat et en n'importe quel lieu,
arrêter toute personne qu'elle soupçonne de conduire sous
l'emprise de stupéfiants, dans la mesure où ses soupçons
sont fondés. L'article 7 précise qu'un policier ne peut
demander à un conducteur de se soumettre à des analyses de sang
ou d'urine que dans un hôpital, ou éventuellement dans un
commissariat de police si un médecin a confirmé les
soupçons relatifs à la consommation de drogue. Le refus du
conducteur de s'y soumettre est puni de la même façon que la
conduite sous l'emprise de stupéfiants.
Par ailleurs, le détenteur d'un permis de conduire est tenu de signaler
spontanément à la
Driver and Vehicle Licensing Agency
sa
dépendance à l'égard de la drogue ou sa consommation
abusive de stupéfiants au cours des trois dernières
années, de même que tout problème de santé
susceptible d'altérer ses facultés physiques ou mentales. Cette
agence envoie alors au conducteur un questionnaire et lui demande
l'autorisation de se mettre en rapport avec son médecin traitant. Elle
peut également faire procéder à une expertise
médicale indépendante et à un examen d'urine. En pratique,
la consommation abusive de drogues « douces »
entraîne une annulation du permis de conduire d'une durée de six
mois. S'agissant des drogues « dures », la consommation
abusive ou la dépendance conduit à une annulation d'un an
minimum. Le non-respect de cette obligation de déclaration est une
infraction punissable d'une amende pouvant aller jusqu'à
1 000 livres.
*
* *
En
décembre 2000, le gouvernement a lancé une consultation publique
sur la répression des infractions routières. L'alourdissement des
sanctions applicables au conducteur automobile sous l'emprise de
stupéfiants fait partie des mesures envisagées. Les
réponses devaient lui parvenir pour le 9 mars 2001. Elles sont
actuellement étudiées et certaines propositions devraient
être reprises dans un projet de loi.
En décembre 2000, le gouvernement a également publié un
document relatif à sa stratégie en matière de
sécurité routière, dans lequel il fait part de son
intention de mieux identifier les conducteurs sous l'emprise de
stupéfiants, d'étudier les effets des différentes drogues
sur la conduite automobile et de mettre au point un dépistage plus
efficace sur le lieu même de l'infraction.