ITALIE
Les
principales règles applicables à l'éloignement du
territoire résultent de la
législation sur les
étrangers
, c'est-à-dire de la loi n° 40 du 6 mars
1998, dont les dispositions ont été coordonnées par le
décret législatif du 25 juillet 1998, lui-même
modifié en dernier lieu par la loi dite Bossi-Fini du 30 juillet
2002.
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1) Le lien entre la condamnation pénale et la mesure d'expulsion
a) Les condamnations motivant l'expulsion
Les
textes établissent une distinction entre les condamnations qui
entraînent
obligatoirement l'expulsion et celles qui peuvent
entraîner une telle
mesure
. Toutefois, depuis l'entrée
en vigueur de la loi du 10 octobre 1986 sur le système
pénitentiaire,
cette distinction n'est que formelle
. En effet,
l'article 31 de cette loi dispose que
toutes les peines
complémentaires sont subordonnées à un contrôle
individuel du caractère dangereux de la personne concernée.
La notion de « dangerosité sociale » est
définie par le code pénal : elle s'applique aux personnes
qui ont commis une infraction et qui risquent d'en commettre à nouveau.
C'est en principe le juge de l'application des peines qui l'apprécie.
D'après l'article 235 du code pénal,
toute condamnation
à une peine privative de liberté d'au moins dix ans justifie,
quelle que soit la nature de l'infraction, une expulsion judiciaire.
Par ailleurs, plusieurs textes prévoient que certaines infractions
motivent obligatoirement une peine complémentaire d'interdiction du
territoire :
- toutes les infractions au titre premier du livre second du code
pénal, c'est-à-dire toutes les
infractions contre
l'État italien, contre des États étrangers ou contre les
droits politiques des citoyens
, dans la mesure où elles ont
été sanctionnées par une
peine privative de
liberté ;
- les
infractions les plus graves à la loi de 1990 sur les
stupéfiants
(production et commerce de drogues illicites,
association visant au commerce de tels produits, mise à disposition d'un
local pour leur consommation, incitation à la consommation par des
mineurs), quelle que soit la peine prononcée.
D'après le législateur, les autres infractions à la loi
sur les stupéfiants
peuvent justifier une décision
d'éloignement, mais celle-ci est alors facultative.
En 1995, la Cour constitutionnelle a jugé cette distinction contraire au
principe d'égalité, de sorte que, quelle que soit l'infraction
à la loi sur les stupéfiants, l'expulsion judiciaire est
possible, mais jamais obligatoire.
En outre, la loi sur les étrangers dispose que, dans les cas
prévus par les
articles 380 et 381 du code de procédure
pénale
, le juge peut prendre une décision
d'éloignement du territoire, dans la mesure où la personne
concernée représente un danger pour la société.
Les articles 380 et 381 du code de procédure pénale, relatifs
à l'arrestation en flagrant délit, renvoient eux-mêmes
à une
vingtaine d'articles du code pénal
. Les infractions
visées sont notamment l'esclavage, la prostitution et la pornographie
enfantines, le vol et l'extorsion de fonds commis avec violences, l'association
de malfaiteurs, les infractions relatives aux armes de guerre et aux
associations à caractère mafieux.
b) La prise en compte des antécédents judiciaires
Le passé judiciaire de l'étranger ne constitue pas un motif d'expulsion . En revanche, le fait de représenter un danger pour l'ordre public ou pour la sécurité de l'État est un motif d'expulsion, en principe indépendant. La décision d'éloignement est alors prise par l'administration, et non par le juge.
2) Les étrangers protégés
a) Les catégories protégées
D'après l'article 19 du décret
législatif
portant réglementation en matière d'immigration,
aucune
expulsion judiciaire
ne peut être décidée à
l'encontre des étrangers appartenant à l'une des
catégories suivantes :
- mineurs âgés de moins de 18 ans ;
- titulaires de la carte de séjour
(4(
*
)) ;
- personnes qui vivent sous le même toit que des parents jusqu'au
quatrième degré de nationalité italienne ;
- époux de citoyens italiens ;
- femmes enceintes ou qui ont donné naissance à un enfant
moins de six mois auparavant.
En effet, ces étrangers peuvent seulement faire l'objet d'une
décision administrative d'expulsion, motivée par la menace qu'ils
représentent pour l'ordre public et la sécurité de
l'État.
b) Les autres éléments de protection
Le même article interdit toute expulsion vers un État où l'intéressé risque d'être persécuté pour des raisons raciales, religieuses, politiques, sexuelles, linguistiques...
3) L'expulsion
a) La durée de l'éloignement
Elle est laissée à l'appréciation du juge . En règle générale, l'expulsion est prononcée pour une durée indéterminée . Comme toute peine complémentaire, elle peut être rapportée.
b) La date d'expulsion
La décision d'expulsion est exécutée après que l'étranger a purgé sa peine . Si, à sa sortie de prison, il est soumis à un régime de semi-liberté, la date de l'expulsion peut être retardée d'autant.