DANEMARK
Les
principales règles applicables à l'éloignement du
territoire résultent du chapitre IV de la
loi du 17 juillet
2002 sur les étrangers
. Il prévoit des
dispositions
spécifiques pour les étrangers qui ont fait l'objet de
condamnations pénales. Ce sont les juridictions pénales qui, dans
le cadre fixé par la loi sur les étrangers, prennent les
décisions d'expulsion.
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1) Le lien entre la condamnation pénale et la mesure d'expulsion
a) Les condamnations motivant l'expulsion
Les
articles 22, 23 et 24 de la loi sur les étrangers prévoient que
les étrangers qui disposent d'un titre de séjour peuvent
être expulsés à la suite d'une condamnation pénale.
Ils distinguent trois cas, en fonction de la durée du séjour au
Danemark.
•
Séjour supérieur à sept ans
Les condamnations suivantes peuvent motiver une expulsion judiciaire :
- une seule condamnation ferme à une peine de prison d'au moins
quatre ans ;
- plusieurs condamnations fermes à des peines de prison d'au moins
deux ans ;
- une seule condamnation ferme à une peine de prison d'au moins
deux ans assortie d'autres condamnations fermes antérieures ;
- une condamnation ferme à une peine privative de liberté,
quelle qu'en soit la longueur, au titre de la loi sur les stupéfiants ou
des dispositions du code pénal sur les stupéfiants ;
- une condamnation ferme à une peine privative de liberté,
quelle qu'en soit la longueur, pour une infraction aux dispositions du code
pénal sur le trafic de main-d'oeuvre étrangère ;
- une condamnation ferme à une peine privative de liberté,
quelle qu'en soit la longueur, pour des infractions
énumérées limitativement (atteintes à la
sécurité nationale ou aux institutions de l'État, vol avec
violences ou avec effraction, détournement de fonds, abus de confiance,
homicide, coups et blessures, violences sexuelles, inceste, incendie
volontaire, détournement d'un navire ou d'un avion...).
Dans les trois premiers cas, c'est l'importance de la condamnation qui motive
l'expulsion ; dans les trois derniers, c'est la nature de l'infraction.
• Séjour compris entre trois et sept ans
En plus de celles décrites au paragraphe précédent, les
condamnations suivantes peuvent motiver une expulsion judiciaire :
- une seule condamnation ferme à une peine de prison d'au moins
deux ans ;
- plusieurs condamnations fermes à des peines de prison d'au moins
un an ;
- une seule condamnation ferme à une peine de prison d'au moins un
an assortie d'autres condamnations fermes antérieures.
• Séjour inférieur à trois ans
N'importe quelle condamnation ferme à une peine privative de
liberté peut motiver une expulsion judiciaire.
b) La prise en compte des antécédents judiciaires
Le passé judiciaire de l'étranger ne constitue pas un motif d'expulsion . En revanche, le fait de représenter un danger pour l'ordre, la sécurité ou la santé publics, ou pour la sécurité de l'État est un motif d'expulsion, en principe indépendant. La décision est alors prise par l'administration, et non par le juge.
2) Les étrangers protégés
a) Les catégories protégées
Aucune catégorie n'est protégée a priori . L'absence d'une telle disposition constitue notamment la contrepartie de l'application différenciée des décisions judiciaires d'expulsion en fonction de la durée de séjour de l'étranger au Danemark.
b) Les autres éléments de protection
L'article 26 de la loi énumère les
éléments à considérer avant de prendre une mesure
d'expulsion.
- l'intégration dans la société danoise (travail,
formation, maîtrise de la langue, participation à la vie
associative...) ;
- l'âge auquel l'intéressé est arrivé au
Danemark ;
- la durée de son séjour au Danemark ;
- l'âge, l'état de santé et les autres données
personnelles de l'étranger ;
- ses liens avec des personnes résidant au Danemark ;
- ses attaches avec son pays d'origine ;
- les risques qu'il encourt s'il rentre dans son pays d'origine ou dans un
autre pays.
La loi énonce cependant que la prise en compte de ces facteurs
personnels est exclue lorsque l'expulsion est motivée par une
condamnation pour une infraction à la législation sur les
stupéfiants ou pour l'une des infractions au code pénal qu'elle
énumère, à moins que l'étranger n'ait des liens
particulièrement étroits avec la société danoise.
Dans les circulaires que le procureur général adresse aux
parquets, il rappelle régulièrement que les décisions
d'expulsion doivent se fonder sur le
principe de
proportionnalité
et sur
l'article 8 de la convention
européenne des droits de l'homme, relatif au droit au respect de la vie
privée et familiale.
Par ailleurs, la loi exclut tout renvoi vers un pays où
l'intéressé risque d'être persécuté.
3) L'expulsion
a) La durée de l'éloignement
Lorsque la mesure d'expulsion n'est pas fondée sur une infraction spécifique, mais sur une condamnation à une peine privative de liberté, elle est prise pour une durée qui varie en fonction de la condamnation qui a été prononcée :
Condamnation |
Durée de l'éloignement |
Peine de prison ferme d'au plus trois mois |
3 ans |
Peine de prison ferme supérieure à trois mois et inférieure ou égale à un an |
5 ans |
Peine de prison ferme supérieure à un an et inférieure ou égale à deux ans |
10 ans |
Peine de prison ferme supérieure à deux ans |
Indéterminée |
En revanche, lorsque la décision est motivée par une infraction spécifique (loi sur les stupéfiants, trafic de main-d'oeuvre...), elle obéit aux mêmes règles, mais la durée minimale est de cinq ans.
b) La date d'expulsion
La décision d'expulsion est exécutée au moment où le condamné sort de prison , c'est-à-dire en règle générale après avoir purgé les sept douzièmes de sa peine .
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Chaque année, le ministre chargé de l'immigration présente à la commission compétente du Folketing le bilan des expulsions judiciaires et administratives. En 2000, 556 expulsions judiciaires ont été prononcées pour des infractions pénales réalisées après le 3 juillet 1998. Au 9 novembre 2001, 459 de ces 556 personnes avaient quitté le Danemark. En 1999, 459 expulsions judiciaires avaient été prononcées pour des infractions pénales réalisées après le 3 juillet 1998 et 331 personnes avaient quitté le Danemark en février 2000.