M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour explication de vote.
Mme Marie-Pierre Monier. Nous découvrons aujourd'hui un nouveau coup de rabot : le Gouvernement entend prélever plus de 52 millions d'euros sur la mission « Enseignement scolaire ». Cette mesure s'ajoute aux 70 millions d'euros de réduction de crédits que le Sénat a votés avant la censure. Par conséquent, dans ce projet de loi de finances, ce sont 222 millions d'euros destinés à notre école qui disparaissent !
Un tel procédé, que nous avons constaté à maintes reprises depuis la reprise de nos travaux, est tout bonnement inacceptable. Il trahit un véritable manque de considération pour la représentation nationale. Il est d'autant plus choquant que nous n'ayons toujours pas l'assurance, à cette heure, que les 4 000 postes seront bel et bien préservés, quoi que vous en disiez, madame la ministre.
Certes, grâce à l'adoption de l'amendement du rapporteur spécial, le projet de loi de finances limite le nombre de suppressions de postes à 2 000, mais on attend encore la traduction des annonces de M. le Premier ministre : le Gouvernement n'a déposé aucun amendement en ce sens. Il n'a pas non plus annoncé de seconde délibération.
Madame la ministre, vous parlez de la réserve de précaution. Pourtant, en 2024, 683 millions d'euros ont été ponctionnés par décret sur le budget de l'éducation nationale. On nous certifiait alors que ces économies resteraient indolores, au motif qu'elles seraient prélevées pour l'essentiel sur la réserve de précaution. Tel n'a pas été le cas… Vos dernières annonces m'inspirent donc de vives inquiétudes.
Concrètement, que s'est-il passé l'an dernier ? Ce sont les professionnels et les élèves qui ont fait les frais de votre politique : l'enveloppe finançant les heures supplémentaires ponctuelles a été réduite. Les frais de déplacement ont été amputés, ce qui a tout particulièrement pénalisé les psychologues de l'éducation nationale – et Dieu sait si les élèves ont besoin d'eux, qui plus est depuis la crise du covid : je sais que vous êtes d'accord avec moi sur ce point. De même, certains inspecteurs, enseignants spécialisés et remplaçants ont été contraints d'avancer des frais, voire de renoncer à leurs déplacements. En parallèle, on a renoncé à reconduire divers contrats d'enseignants non titulaires, au prix de nouveaux défauts de remplacement.
Vous l'avez compris, nous ne pouvons pas voter cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Colombe Brossel, pour explication de vote.
Mme Colombe Brossel. Le budget de l'éducation, premier budget de la Nation, est censé nous rassembler. Il mérite d'être défendu avec d'autant plus de force qu'il recouvre des sujets majeurs.
Dès lors, on aurait pu espérer que le Gouvernement s'abstienne de présenter le fameux amendement de baisse de crédits qu'il inflige à chaque mission budgétaire depuis la reprise de nos travaux… Cet amendement a été déposé, comme à chaque fois, deux heures avant le début de l'examen de la mission. Dont acte. Comme l'ensemble des ministres depuis la déclaration de politique générale, vous venez présenter un tel amendement, madame la ministre.
C'est inacceptable sur la forme. M. le rapporteur spécial vient de le dire avec humour et je ne puis que souscrire à ses propos.
C'est tout aussi inacceptable sur le fond.
Le Gouvernement propose de baisser de 18 millions d'euros les crédits du programme 230 « Vie de l'élève ». Concrètement, où fera-t-on des économies ? Sur la scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les quartiers populaires ? Sur les fonds sociaux ? Sur les fonds dédiés à la formation des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) et à l'inclusion de ces élèves ? Sur les fonds finançant l'internat ? Voilà, en effet, ce que finance ce programme budgétaire.
J'ai malheureusement eu l'occasion de le dire plusieurs fois depuis la reprise de nos travaux : ce que le Gouvernement est en train de faire est inacceptable sur la forme comme sur le fond. La situation est d'autant plus baroque que nous avons changé à la fois de gouvernement et de ministre pendant l'examen de ce budget...
Lorsque le précédent gouvernement a joué avec les crédits de l'éducation nationale, un certain nombre de contrats de travail ont été interrompus du jour au lendemain : au beau milieu du mois de novembre dernier, les professionnels concernés ont appris qu'ils ne pouvaient plus intervenir en classe ! Il a fallu donner, en urgence, l'autorisation aux recteurs de réembaucher ces personnels.
Ne jouez pas avec le budget de l'éducation nationale.
M. le président. Veuillez conclure, ma chère collègue.
Mme Colombe Brossel. Ne jouez pas avec l'avenir de nos enfants ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour explication de vote.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Madame la ministre, au mois d'octobre dernier, le budget de l'éducation nationale élaboré par la ministre précédente a fait l'objet d'une alerte sociale de la part de l'intersyndicale. Cette mise en garde n'ayant absolument pas été prise en compte, les enseignants n'ont eu d'autre choix que de faire grève au mois de décembre dernier. Ce mouvement a été très suivi, je le rappelle.
Hier, vous vous êtes engagée à créer 324 postes dans le second degré et à réduire à 470 le nombre de postes supprimés dans le premier degré. À vous entendre, ces annonces étaient de nature à faciliter le dialogue entre votre ministère et les élus : tel était le vœu que vous formiez.
Aujourd'hui, vous vous présentez devant nous en grevant de 52 millions d'euros supplémentaires la mission « Enseignement scolaire » par un amendement déposé quelques heures avant l'ouverture de sa discussion.
Je le souligne à mon tour : cette méthode est à la fois insupportable et irrespectueuse, non seulement pour nous, parlementaires, mais aussi et surtout pour nos concitoyens, à qui vous assuriez hier encore que le budget de l'éducation nationale serait sanctuarisé.
Je condamne ce travail de sape. Je note d'ailleurs au passage que seuls 5 millions d'euros d'économies sont demandés à l'école privée. Une fois de plus, c'est l'école publique qui paiera le plus lourd tribut. C'est elle qui, pour l'essentiel, subira ce coup de rabot : elle devra assumer 91 % des efforts d'économies.
Vous le savez, l'école publique ne peut diversifier les ressources dont elle dispose, contrairement à l'école privée, qui peut chercher des recettes complémentaires pour tenter, tant bien que mal, de garantir la qualité de son enseignement.
La rapide succession des ministres de l'éducation nationale cache mal la continuité sous-jacente, celle des logiques utilitaristes et libérales guidant votre action, celle de politiques créant délibérément les conditions de l'attractivité de l'école privée en saignant à blanc l'école publique.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. Je comprends mieux pourquoi le ministère de l'éducation nationale avait besoin d'une ancienne Première ministre et d'une ministre d'État ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Madame la ministre d'État, à l'occasion de la présentation de cet amendement, vous nous avez réservé des annonces extrêmement positives, qui camouflent en réalité une baisse de crédits de 52 millions d'euros : il fallait bien, pour y parvenir, tout le talent d'une ancienne Première ministre !
Le calendrier des annonces gouvernementales a lui aussi un certain intérêt. Avant le vote de la dernière motion de censure, on a beaucoup parlé des fameux 4 000 postes. En revanche, on n'a guère évoqué la baisse de 52 millions d'euros infligée au budget de l'éducation nationale. Chers collègues socialistes, à votre place, je me dirais : « Tiens, nous nous sommes fait avoir »…
M. Claude Raynal, président de la commission des finances. Oh !
M. Max Brisson. Ce calendrier est tout de même un peu surprenant.
M. Thomas Dossus. Il faut censurer !
M. Max Brisson. Enfin, madame la ministre d'État, je tiens à revenir sur certains de vos propos.
Vous avez annoncé une mesure attendue depuis bien longtemps : la pluriannualité de la carte scolaire. Cette solution permettra d'éviter des crises de nerfs systématiques, et je vous en remercie.
De même, j'ai écouté avec intérêt vos propos relatifs à l'école inclusive. À ce titre, nous devons encore beaucoup travailler.
En revanche – nous aurons l'occasion d'en reparler –, dans vos déclarations à la presse, vous revenez selon moi beaucoup trop fortement sur le « choc des savoirs » annoncé par M. Attal lorsqu'il était lui-même ministre de l'éducation nationale. Ainsi, vous avez déclaré que l'admission au lycée ne serait plus soumise à l'obtention du brevet des collèges. Vous renoncez à cette mesure, ce que je regrette particulièrement.
Quel curieux pays ! Tel un médecin qui poserait un diagnostic sans jamais délivrer d'ordonnance, on multiplie les évaluations du système scolaire, on constate nombre de dysfonctionnements, maints risques de décrochage, mais on ne prend aucune mesure pour aider les élèves en difficulté. Pourtant, si un élève ne parvient pas à obtenir le brevet des collèges, il y a fort à parier qu'il sera en grande difficulté au lycée. C'était là une bonne décision de Gabriel Attal et il est bien dommage que vous y renonciez !
M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour explication de vote.
M. Laurent Lafon. Je ne reviens pas sur la méthode suivie, que l'on pourrait dénoncer à propos de chaque mission. Ce qui est anormal dans cette situation, c'est en somme de voter le budget de l'éducation nationale un 18 janvier… Le cœur du problème est là.
Ce constat étant fait, nous sommes ici pour parler du budget : qu'y a-t-il de nouveau depuis le vote de la motion de censure ?
D'une part, Mme la ministre propose 52 millions d'euros d'économies par le biais de l'amendement présenté à l'instant.
D'autre part, une annonce importante a été faite : on ne supprimera pas 4 000 postes. On n'en supprimera seulement pas 2 000. On n'en supprimera aucun. Si l'on veut débattre objectivement du budget de l'éducation nationale dans sa nouvelle version, il faut aussi rappeler cette annonce.
Chers collègues socialistes, communistes et écologistes, sauf erreur de ma part, vous avez demandé au Gouvernement de revenir sur ces suppressions ; or vous vous êtes gardés d'aborder ce point dans vos interventions respectives.
J'invite les uns et les autres à la modération. Pour le budget de l'éducation nationale, qui dépasse 63 milliards d'euros, une baisse de 52 millions d'euros, ce n'est même pas l'épaisseur du trait. On peut s'exprimer avec force pour dénoncer une méthode scandaleuse. Relativisons un tant soit peu, au regard du budget de l'éducation nationale et des enjeux éducatifs auxquels nous devons faire face.
M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.
Mme Laurence Rossignol. Madame la ministre d'État, peut-être serez-vous en mesure de m'éclairer : je ne sais toujours pas sur quels crédits du ministère de l'éducation nationale sont financés les cours d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Relèvent-ils du programme « Vie de l'élève » dont vous souhaitez réduire le budget ? J'ai interrogé quelques personnes par SMS : elles ne sont pas en mesure de m'indiquer par quel biais sont rétribués les intervenants, notamment les membres d'associations, qui, en vertu de conventions, viennent donner ces cours dans les établissements scolaires.
Vous vous êtes engagée à ce que ces enseignements soient dispensés, conformément à la loi. Avec une telle baisse de crédits, les établissements auront-ils encore les moyens de les assurer ?
Vous me confirmez d'un hochement de tête que ces financements relèvent de l'éducation nationale : pouvez-vous me préciser sur quels crédits ?
M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour explication de vote.
Mme Monique de Marco. Madame la ministre, vous êtes le cinquième ministre nommée, depuis un an, à la tête de l'éducation nationale.
Mme Laurence Rossignol. Ce n'est pas de sa faute…
Mme Monique de Marco. Vos prédécesseurs ont fait beaucoup d'annonces. Gabriel Attal a ainsi pu déclarer que, pour lui, « l'école [était] la mère des batailles ». Sans doute avez-vous le même sentiment et les mêmes ambitions que lui.
Le nouveau Premier ministre ayant renoncé aux 4 000 suppressions de postes, j'espérais vraiment, aujourd'hui, une augmentation du budget de l'éducation nationale. Ce n'est pas le cas.
Même si certains considèrent que 52 millions d'euros, c'est très peu par rapport à ce budget, à la suite de Mme Brossel, je n'en souhaite pas moins savoir en détail quels seront les dispositifs supprimés au sein des programmes « Vie de l'élève » et « Enseignement scolaire public du second degré » ? Il nous faut des précisions pour affûter notre vote.
Pour ma part, je voterai contre cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme la ministre d'État.
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Monsieur le sénateur Brisson, je tiens à vous rassurer. Toutes les mesures visant à relever le niveau des élèves dans nos écoles, nos collèges et nos lycées ont été annoncées par Gabriel Attal, alors ministre de l'éducation nationale, quand j'étais Première ministre.
M. Max Brisson. Y compris la mesure relative au brevet des collèges…
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Par définition, je soutiens donc ces dispositions.
Comme vous tous ici, je suis préoccupée par le niveau de nos élèves et j'entends prendre les mesures nécessaires pour le relever. Il convient de déployer de nouveaux moyens pour accompagner ceux qui éprouvent des difficultés. En parallèle, il faut faire en sorte que les bons élèves continuent à progresser : ce faisant, nous aurons encore davantage d'excellents élèves.
L'obtention du brevet des collèges, dont nous n'allons pas retracer l'histoire cet après-midi, n'a jamais été requise pour entrer au lycée. Cela étant, quand un élève autorisé à passer en seconde échoue à cet examen, il faut que l'on comprenne pourquoi. En effet, ce jeune doit pouvoir aborder la suite de son parcours scolaire dans de bonnes conditions, que ce soit via des prépa-secondes, actuellement mises en place à titre expérimental, ou par d'autres dispositifs de soutien.
Madame Rossignol, lorsque j'étais Première ministre, j'ai demandé au Conseil supérieur des programmes de concevoir le contenu de l'enseignement à la vie affective et relationnelle ainsi qu'à la sexualité. Il s'agit d'un programme à part entière, qui a vocation à être mis en œuvre…
Mme Laurence Rossignol. Par qui ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. J'espère que ce programme sera validé prochainement, même si – je le répète – je suis à la disposition de ceux qui souhaiteraient encore en évoquer tel ou tel aspect. Dès lors, nous formerons les personnels de l'éducation nationale pour qu'ils soient à même de le mettre en œuvre dès la prochaine rentrée.
Enfin, je précise que le programme « Vie de l'élève » finance les recrutements d'AED dans nos établissements, les fonds sociaux ainsi que les crédits éducatifs. Pour ma part, je regrette que ces fonds ne soient pas davantage mobilisés. En 2024, on disposait, à ce titre, d'un an de trésorerie. À l'évidence, nous avons des marges de manœuvre pour mieux aider les élèves à l'échelle des établissements sans abonder davantage encore des trésoreries déjà importantes.
Avant tout, il faut s'assurer que tous les parents d'enfants ayant besoin des fonds sociaux peuvent bel et bien y accéder. Pour l'heure, ce n'est, hélas ! manifestement pas le cas.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Claude Raynal, président de la commission des finances. Mes chers collègues, je n'aborderai pas ce débat sous l'angle éducatif, mais sous celui de la technique financière, en commençant par une observation.
Depuis que notre pays affronte des difficultés financières, les gouvernements successifs nous assurent tous qu'ils n'appliqueront pas de coup de rabot aveugle. Vous-même, madame la ministre, lorsque vous étiez Première ministre, n'avez pas manqué de prononcer cette phrase classique. En l'occurrence, c'est bien un coup de rabot aveugle que l'on nous propose, sur dix mois au lieu de douze...
Tel ou tel établissement, tel ou tel opérateur dispose d'une trésorerie excédentaire : on peut l'entendre. De même, on peut comprendre que le Gouvernement souhaite puiser dans ces fonds, bien que ce ne soit pas une idée brillantissime. Aujourd'hui, pour une économie de quelque 50 millions d'euros, ce qui représente un montant tout à fait dérisoire au regard du budget de 63 milliards d'euros dont dispose l'éducation nationale, vous êtes en train de perdre tous les bénéfices politiques de la précédente annonce. On pouvait savoir gré au Gouvernement de renoncer aux 4 000 suppressions d'emploi : vous perdez tout, et pour à peu près rien ! Pour 50 millions d'euros…
M. le rapporteur spécial s'est exprimé avec délicatesse, mais, à l'évidence, c'est sans enthousiasme qu'il votera votre amendement. Pour ma part, j'estime qu'il faut purement et simplement refuser ce coup de rabot. D'un point de vue technique, c'est ridicule et, pour vous-même, ce n'est pas très bon.
Bref, madame la ministre, nous allons vous aider, en rejetant cet amendement. (Mme la ministre d'État sourit. – Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à Mme Christine Lavarde, pour explication de vote.
Mme Christine Lavarde. Si l'on s'en tenait à la copie votée par le Sénat avant la censure, on n'aurait pas besoin de ces 52 millions d'euros d'économies supplémentaires.
Par voie d'amendement, nous avons en effet limité à 2 000 la réduction du nombre d'enseignants. Revenir sur cette mesure, c'est accepter un coût supplémentaire de 150 millions d'euros pour la seule année 2025, qui ne sera seulement pas une année pleine. Qu'en sera-t-il en 2026 et au-delà ? Que ferez-vous des postes ainsi pourvus, alors que, malheureusement, la démographie scolaire se détériore d'année en année ? (Protestations sur les travées du groupe SER.)
Mme Christine Lavarde. Si nos résultats s'amélioraient – je pense par exemple aux tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) –, on pourrait entendre cet argument, mais ce n'est pas le cas ! Il est temps de se poser un certain nombre de questions.
Madame la ministre, je le répète : vous nous demandez, à la dernière minute, d'accepter 52 millions d'euros d'économies, alors que, dans notre copie, il n'y a absolument pas besoin de cette mesure. Nous ne sommes évidemment pas opposés aux efforts de modération de la dépense publique, mais, à nos yeux, il n'est au fond pas nécessaire de voter cet amendement, puisque nous avons réduit la dépense de 150 millions d'euros.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-2186.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-228, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
133 776 000 |
|
133 776 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
133 776 000 |
|
133 776 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
133 776 000 |
133 776 000 |
133 776 000 |
133 776 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Nous proposons de recruter 2 000 AESH supplémentaires afin d'assurer pleinement les droits des élèves en situation de handicap.
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit déjà le recrutement de 2 000 AESH. Cette mesure va dans le bon sens, mais elle reste insuffisante face aux besoins constatés. Pour rappel, 436 000 élèves sont aujourd'hui en situation de handicap, chiffre en constante augmentation depuis le début des années 2000. Selon les données du ministère de l'éducation nationale, seuls 56 % des élèves en situation de handicap étaient accompagnés en 2022. De plus, certains AESH suivent jusqu'à cinq élèves à la fois.
Il est donc essentiel d'accélérer le recrutement d'AESH. En parallèle, d'autres mesures sont indispensables, comme la revalorisation des salaires, la titularisation et la création de formations adaptées.
M. le président. L'amendement n° II-206 rectifié, présenté par M. Laouedj, Mme M. Carrère, MM. Bilhac, Cabanel, Gold, Grosvalet et Masset, Mme Pantel, M. Roux et Mme Briante Guillemont, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
88 124 196 |
|
88 124 196 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
88 124 196 |
|
88 124 196 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
88 124 196 |
88 124 196 |
88 124 196 |
88 124 196 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Par cet amendement, mon collègue Ahmed Laouedj appelle lui aussi l'attention sur le sort des AESH, lesquels doivent pouvoir vivre dignement de leur travail.
Œuvrant au côté de nos enfants, les AESH souffrent de rythmes de travail éreintants. Ils sont souvent contraints de suivre plusieurs élèves à la fois et ne peuvent donc accorder à chacun d'eux le temps qu'il exigerait. De surcroît, leurs salaires sont bien trop faibles.
M. le président. L'amendement n° II-559, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
30 000 000 |
|
30 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
30 000 000 |
|
30 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
30 000 000 |
30 000 000 |
30 000 000 |
30 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. La rentrée de 2024 a été, comme les rentrées précédentes, marquée par des dysfonctionnements en matière de scolarisation des élèves en situation de handicap. Les ministères compétents portent l'entière responsabilité des tensions résultant de cette situation dans les établissements scolaires.
Alors que plus de 490 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire, la moitié d'entre eux ne bénéficient pas de l'accompagnement auquel ils ont droit. Dans ces conditions, réduire de 4 000 à 3 000 le nombre d'emplois d'AESH créés à la rentrée est un choix lourd de conséquences.
En effet, le recrutement d'AESH est nettement inférieur aux années précédentes, et les effectifs restent insuffisants pour offrir un accompagnement de qualité aux élèves en situation de handicap. J'ajoute que ces derniers sont de plus en plus nombreux.
Voilà pourquoi nous proposons d'augmenter les futurs recrutements d'AESH.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Nos amis écologistes veulent augmenter le nombre d'AESH de 2 000, nos amis radicaux de 5 000 et nos amis communistes, pour une fois moins-disants (Sourires.), de 1 000.
Le projet de loi de finances crée déjà 2 000 postes d'AESH. Le budget de l'école inclusive s'élève à 4,5 milliards d'euros. Depuis 2017, le nombre d'AESH a été multiplié par quatre, pour atteindre bientôt 135 000. C'est vrai, on peut toujours faire mieux, mais il me semble objectivement que, sur ce dossier, l'on fait un mauvais procès au Gouvernement. On ne saurait prétendre que ses efforts sont insuffisants : j'y insiste, il crée déjà 2 000 postes d'AESH, et c'est déjà beaucoup.
Par conséquent, mes chers collègues, la commission demande le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Sur ce sujet, j'abonde pleinement dans le sens de M. le rapporteur spécial.
Évidemment, il faut poursuivre le déploiement de l'école inclusive. Nous y sommes tous attentifs, et pour cause, il s'agit d'un enjeu absolument majeur.
Madame de Marco, les moyens dégagés doivent notamment nous permettre de créer des pôles d'appui à la scolarité (PAS) pour soutenir le travail des AESH, en améliorant le niveau des élèves de quatrième et de troisième et en renforçant les brigades de remplacement.
Il faut bien sûr continuer à renforcer l'école inclusive. Toutefois – M. le rapporteur spécial l'a très bien dit –, 2 000 créations de postes sont déjà prévues. Elles nous permettront d'accompagner le fil des prescriptions d'AESH par les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).
De plus, je vous rappelle un enjeu majeur, sur lequel je me suis engagée à ouvrir la discussion dans le cadre de l'agenda social de mon ministère : l'attractivité du métier d'AESH. Nous avons déjà beaucoup travaillé à la revalorisation et à la CDIsation de ces personnels. À présent, nous devons être en mesure de leur offrir un véritable parcours de carrière.
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements. J'y insiste, les 2 000 créations de postes prévues nous permettront de répondre aux besoins.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. Madame la ministre d'État, lorsque vous étiez Première ministre et que M. Attal était ministre de l'éducation nationale, nous avons évoqué la nécessité, pour le ministère, de piloter davantage la politique de l'école inclusive. Nous constations alors qu'il était, à ce titre, largement soumis aux prescriptions des MDPH.
Nous commémorerons bientôt les vingt ans de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées et liens vers les décrets d'application, dite Handicap. C'est peut-être l'occasion d'une vaste remise à plat. (Mme la ministre d'État acquiesce.)
De grands efforts quantitatifs ont été faits. En particulier, de nombreux AESH ont été recrutés, mais ces professionnels restent dans une grande précarité. Ni leurs salaires ni leurs emplois du temps ne sont dignes d'une véritable politique de l'école inclusive. À cet égard, dans leurs classes, les professeurs éprouvent d'indéniables difficultés.
Encore une fois, cette politique mérite un débat approfondi afin d'aboutir à des propositions le plus rapidement possible. Je vous rappelle qu'un article qui permettait de faire avancer les choses avait été supprimé d'un projet de loi de finances, parce que le véhicule législatif n'était pas le bon.
J'insiste, le débat continue de se poser et nous devons le reprendre via un autre véhicule législatif.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour explication de vote.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Je ne voterai pas ces trois amendements, qui d'ailleurs ne s'accordent pas entre eux, car nous devons prendre en compte l'effort accompli par le Gouvernement. En témoigne la création de deux mille postes d'AESH pour la rentrée prochaine.
Néanmoins, j'appelle votre attention, madame la ministre, sur le fait que nous n'allons pas au bout des moyens nécessaires – je suis sûre que vous en êtes consciente. Rappelons que, l'an dernier, sur l'initiative de notre collègue Cédric Vial, le Sénat a voté des moyens supplémentaires pour l'accompagnement des enfants en situation de handicap, notamment sur le temps de pause méridienne.
J'avais eu l'occasion de dire que l'accompagnement sur le temps périscolaire était tout aussi important. Il est difficile d'annoncer à un enfant en situation de handicap qu'il ne peut pas bénéficier d'un accompagnement passé quatre heures et demie pour accomplir d'autres activités.
Dans ces conditions, l'enfant n'a d'autre choix que de retourner chez lui. Cela a des conséquences lourdes pour les mères,…
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Et les pères !
Mme Marie-Do Aeschlimann. … qui doivent interrompre leur activité professionnelle pour assurer la garde. Une telle organisation entraîne une rupture d'égalité des chances entre les enfants. Il faut donc encore accomplir un certain nombre d'efforts en la matière.
Les circonstances actuelles appellent au sérieux budgétaire. Les PAS vont peut-être apporter des solutions, mais il faudra néanmoins moderniser les modalités de traitement par les MDPH. Surtout, il faudra en finir avec la mutualisation des AESH : un accompagnant pour cinq enfants, ce n'est pas raisonnable !
Nous avançons progressivement et nous comptons sur vous pour poursuivre les efforts engagés, madame la ministre.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour explication de vote.
Mme Marie-Pierre Monier. Les moyens budgétaires ont un impact majeur sur les enfants en situation de handicap ; il est donc important de voter ces amendements. Le but est d'assurer qu'ils puissent être accueillis en milieu scolaire ordinaire.
La création de deux mille postes d'AESH était déjà actée par le budget précédent. C'est une bonne chose, mais, pour l'heure, il n'existe aucune solution s'agissant des remplacements. Il y a plus de trois mois, le maire d'une commune m'a fait part de la situation d'un enfant accueilli dans une classe en milieu ordinaire sans AESH, alors qu'il souffre de troubles autistiques.
Par ailleurs, il conviendrait de faire un point sur les pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial), dont la mise en place a parfois eu des conséquences délétères.
Parlez avec des AESH, ils vous diront combien ils sont tiraillés entre de nombreux élèves aux handicaps très différents. Ces professionnels doivent réfléchir à des solutions adaptées et sont parfois contraints de parcourir des kilomètres, alors qu'ils perçoivent une rémunération en dessous du seuil de pauvreté.
Madame la ministre, avant de généraliser quoi que ce soit, évaluez précisément ce qui s'est passé sur les Pial et menez correctement l'expérimentation des PAS !
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour explication de vote.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Il faut que nous votions ces amendements, mes chers collègues ! La droite de cet hémicycle salue l'effort du Gouvernement, mais nous, à gauche, nous entendons les besoins du terrain. (Et pas nous ?! sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous savons que l'école est dans l'obligation d'accueillir des élèves en situation de handicap, qu'elles disposent ou non d'un dispositif d'accueil ou d'un accompagnement spécifique.
Nous, nous entendons la détresse des professionnels et la solitude des enseignants démunis, alors qu'ils doivent accueillir chaque jour des élèves en difficulté. Pourtant, ils n'ont d'autre choix que de les inclure dans leurs enseignements et de les accompagner dans les apprentissages. En outre, ils doivent rassurer les familles et assurer la continuité du service public.
Et rien n'est fait pour les aider à accomplir leur mission !
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.
M. Marc Laménie. La mission « Enseignement scolaire », le budget le plus important de l'État, pèse 63 milliards d'euros. Ces amendements méritent beaucoup d'attention, même s'ils ont un coût – 133 millions d'euros pour le premier d'entre eux. Ces crédits sont toutefois prélevés sur une autre ligne budgétaire : le solde est donc neutre.
Le rôle des AESH est considérable. La proposition de loi de Cédric Vial avait été adoptée à l'unanimité à l'issue d'un travail conjoint de la commission de la culture et de la commission des affaires sociales. N'oublions pas le rôle des associations, des collectivités territoriales, de l'État et, bien sûr, des enseignants.
Bref, nous sommes confrontés à un dilemme avec ces amendements, dont je comprends pleinement le sens. Il convient, en tout état de cause, de trouver la solution la plus adaptée.
M. le président. La parole est à M. Michel Masset, pour explication de vote.
M. Michel Masset. Il est certain que nous devons investir humainement et financièrement pour nos enfants et le personnel accompagnant.
Comme le groupe du RDSE cherche toujours le compromis et une solution favorable à l'intérêt général, je retire l'amendement n° II-206 rectifié au profit de l'amendement n° II-228. Ainsi, tout le monde sera d'accord !
M. le président. L'amendement n° II-206 rectifié est retiré.
Je mets aux voix l'amendement n° II-228.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-559.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-560, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
1 1 |
|
1 1 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
1 |
|
1 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
1 |
1 |
1 |
1 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Cet amendement a trait aux conditions dans lesquelles les AESH exercent leur métier. Cela a été rappelé, les statuts sont abscons. On demande à ces professionnels d'accomplir des missions souvent inacceptables, ponctuées de déplacements quotidiens entre plusieurs établissements, dans le cadre d'un temps partiel davantage subi que choisi et tout cela pour une rémunération mensuelle indigne.
En outre, les AESH ne disposent d'aucune certitude quant au renouvellement de leur contrat. Au sein de l'éducation nationale, c'est le métier de la précarité.
Certes, on a récemment ouvert la possibilité de recruter les AESH en CDI, à l'issue d'un CDD de trois ans. Pour autant, la profession continue d'être frappée par une précarité aux multiples facettes : rémunération en dessous du seuil de pauvreté, absence quasi totale de formation, manque de perspective de carrière.
Par ailleurs, les primes REP et REP+, que l'État a consenti à verser après une décision du Conseil d'État, ont un montant systématiquement inférieur de 36 % à celui des primes d'autres catégories. En outre, elles sont calculées au prorata de la quotité travaillée, alors même que les AESH travaillent majoritairement à temps partiel.
Quant à la mise en place des Pial, elle répond à une logique de mutualisation des moyens entre établissements et ne tient pas compte des promesses d'une meilleure prise en charge des élèves.
L'ensemble de ces mesures n'ont été que de vaines tentatives pour remédier à la précarité des AESH. Voilà pourquoi nous proposons la création d'un corps de fonctionnaires de catégorie B.
L'école inclusive n'est pas une option de l'école de la République ; elle en constitue plutôt l'une des nouvelles facettes. Il est donc important de l'intégrer dans le corps des métiers de l'école publique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Cet amendement et les propos de nos collègues Brisson, Aeschlimann, Monier et Laménie ont le mérite de souligner l'importance du rôle des AESH.
On dénombre aujourd'hui cent trente-cinq mille AESH, si bien qu'il s'agit désormais du deuxième métier de l'éducation nationale. Celui-ci est devenu essentiel dès lors qu'on a souhaité inclure au système scolaire l'ensemble des enfants en situation de handicap.
Or ces handicaps peuvent être très variés. En particulier, l'inclusion des enfants dits hautement perturbateurs pose un problème considérable. Le système actuel n'est pas optimal et les soixante heures de formation initiale sont insuffisantes. L'existence d'AESH référents est une bonne chose, mais nous devons faire beaucoup mieux.
Max Brisson a raison d'appeler au débat, mais, au-delà, il faudra sans doute élaborer une nouvelle loi sur l'inclusion. Et cette fois-ci, il faudra légiférer sans aucun tabou et traiter les problèmes jusqu'au bout ; en d'autres termes, il faudra aborder la question de l'inclusion des élèves hautement perturbateurs.
On a refusé d'augmenter le nombre de structures spécialisées telles que les instituts médico-éducatifs (IME) ou les instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques (Itep) ; en réalité, on ne leur a pas consacré assez d'argent.
Mme Colombe Brossel. Absolument !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Il est très compliqué d'accueillir dans l'école traditionnelle les enfants en situation de handicap qui auraient auparavant relevé de l'éducation spécialisée.
La création d'un corps de fonctionnaires, telle que vous la proposez, ne me semble pas être la solution, même si vous soulevez un réel problème. Encore une fois, il faut aller beaucoup plus loin en adoptant une nouvelle loi.
Reste que des progrès ont été accomplis. Les AESH ont presque tous été cédéisés, en plus d'avoir bénéficié de mesures de revalorisation salariale qui s'élèvent à 60 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2025. Ce n'est pas parfait, mais c'est déjà mieux ! (M. Max Brisson opine.)
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je partage pleinement les propos qui ont été tenus sur la nécessité d'avoir une approche globale s'agissant de l'école inclusive. Cela suppose de répondre aux prescriptions des MDPH et de retravailler sur la disposition qui a été votée, puis censurée, sur la répartition des rôles entre les différents acteurs.
Il faut aussi pouvoir s'adapter à la situation de chaque jeune. À cet égard, les PAS permettent à des personnels médico-sociaux d'être présents au sein des établissements scolaires ; ils sont alors à même de déterminer la meilleure réponse qu'il convient d'apporter.
Par ailleurs, nous devons continuer de déployer les unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) et de créer des places au sein des IME. C'est un chantier que ma collègue Parmentier-Lecocq et moi-même souhaitons ouvrir avec vous ; je pense que nous sommes tous très attentifs aux capacités des établissements d'accueillir chaque enfant dans de bonnes conditions.
Certes, nous ne sommes pas au bout du chantier de la déprécarisation des AESH, mais, comme l'a rappelé le rapporteur spécial, nous avons tout de même progressé. Nous avons ainsi revalorisé leur rémunération de 13 % entre 2023 et 2024. Nous avons également créé une grille de progression et avons cédéisé deux AESH sur trois.
Gardons à l'esprit que le budget consacré à l'inclusion scolaire a plus que doublé depuis 2017. Il s'élève à 4,6 milliards d'euros dans le projet de loi de finances pour 2025.
Il reste encore beaucoup à faire pour reconnaître pleinement l'engagement des AESH, mais vous n'ignorez sans doute pas, madame la sénatrice, que la création d'un corps de fonctionnaires suppose que les missions soient exercées majoritairement à temps plein, ce qui n'est pas le cas en l'espèce. La loi adoptée sur l'initiative de Cédric Vial a d'ailleurs permis d'élargir le temps d'intervention des AESH.
Bref, je peux vous assurer que nous avançons sur ce sujet et que je suis déterminée à l'inscrire à l'agenda social du ministère.
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
M. le président. Madame Corbière Naminzo, l'amendement n° II-560 est-il maintenu ?
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Oui, monsieur le président !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-560.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Claude Raynal, président de la commission des finances. Mes chers collègues, je me permets de faire un point de forme à ce moment de nos débats. Pour rappel, nous sommes réunis cet après-midi pour la suite de l'examen de la mission « Enseignement scolaire », que nous aurions déjà dû achever en décembre.
Nous pensions qu'examiner vingt-cinq amendements à l'heure constituait un rythme raisonnable. Or nous ne parvenons pas à en examiner plus de cinq : cela ne convient pas ! (M. le président de la commission de la culture approuve.)
Je sais qu'il est important de prendre le temps de discuter afin d'assurer la qualité des débats. Toutefois, si nous poursuivons nos travaux au rythme actuel, nous aurons peine à terminer l'examen des autres missions inscrites à l'ordre du jour avant cinq heures du matin…
Si vous vous astreignez à présenter vos amendements et à expliquer vos votes en moins d'une minute, nous avons des chances d'accélérer le rythme de la discussion. Ayez au moins à l'esprit que, si nous ne procédons pas ainsi, vous mettez les collègues qui souhaitent intervenir sur les missions suivantes dans la panade, pour employer mon petit vocabulaire du Sud... (M. Alain Marc applaudit.)
Bref, je vous prie de faire preuve de mesure dans l'usage de votre temps de parole – cela vaut aussi pour Mme la ministre ! (Rires.)
M. le président. L'amendement n° II-434, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
44 000 000 |
44 000 000 |
||
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
||||
Vie de l'élève dont titre 2 |
||||
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
||||
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
44 000 000 |
44 000 000 |
||
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
||||
TOTAL |
44 000 000 |
44 000 000 |
44 000 000 |
44 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier.
Mme Marie-Pierre Monier. Cet amendement porte sur la création de dispositifs Ulis. L'an dernier, 85 % des notifications pour une scolarisation dans ces unités spécialisées étaient couvertes. Cette année, ce chiffre s'élève à 83 %, selon les données du ministère.
Pour que la situation change et que 100 % des élèves en situation de handicap qui nécessitent une scolarisation en Ulis aient réellement une place, il manque mille quatre-vingt-huit dispositifs. Le ministère estime que nous ne parviendrons pas à assurer une couverture totale avant 2031 au minimum.
Afin d'accélérer le rythme de couverture à 100 % dès 2025 et en partant d'une base d'un enseignant et d'un AESH par dispositif, le coût de création de mille quatre-vingt-huit dispositifs est estimé à 44 millions d'euros. Cela permettrait de scolariser en Ulis 100 % des élèves bénéficiant d'une notification de la MDPH.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Je comprends tout à fait le sens de votre demande, ma chère collègue. On compte tout de même deux mille Ulis supplémentaires depuis 2017, mais il est vrai qu'on peut encore faire mieux.
J'ajoute que personne n'a évoqué les sections d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa). On diminue leur nombre et on augmente celui des Ulis. Ces dernières jouent un rôle dès l'école primaire, contrairement aux Segpa, qu'on ne trouve qu'à partir du collège. Or les Segpa sont particulièrement utiles pour certains jeunes. Je regrette donc que leur nombre soit de plus en plus réduit.
Même si vous posez une vraie question, ma chère collègue, je vous demande de retirer votre amendement ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je vais m'efforcer de répondre en style télégraphique, comme nous y invite le président Raynal. (Sourires.)
Il est essentiel de continuer à augmenter le nombre d'Ulis ; à cet égard, trois cents unités supplémentaires sont prévues dans le PLF 2025. La non-suppression annoncée de quatre mille postes d'enseignants permettra de créer des places supplémentaires.
Toutefois, le rythme que vous proposez n'est pas soutenable en termes de recrutement et de formation. En conséquence, le Gouvernement sollicite le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettra un avis défavorable.
M. le président. Madame Monier, l'amendement n° II-434 est-il maintenu ?
Mme Marie-Pierre Monier. Oui, je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-434.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-435, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
2 000 000 |
|
2 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
2 000 000 |
|
2 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier.
Mme Marie-Pierre Monier. Alors que le projet de loi de finances pour 2024 consacrait déjà des crédits assez faibles à la formation des AESH, le Gouvernement prévoit de les diviser par deux en 2025. Avant d'exercer, les AESH ne se voient dispenser qu'une formation de soixante heures sur cinq mois. C'est très peu compte tenu des responsabilités multiples qu'ils doivent assumer et des besoins extrêmement divers des élèves en situation de handicap.
De surcroît, cette formation débute le plus souvent plusieurs mois après la prise de fonction et les AESH sont réduits à s'autoformer sur le tas.
En outre, les AESH sont tous demandeurs d'une meilleure formation continue, quasi inexistante. Certains sont contraints de financer eux-mêmes leur formation. Les fonctions d'accompagnement auprès des enfants et des jeunes à besoins particuliers ne peuvent s'improviser ; elles supposent une formation adéquate.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Je le reconnais, en l'état actuel, la formation des AESH est insatisfaisante.
Les enseignants eux-mêmes sollicitent des formations en matière d'accueil des enfants en situation de handicap. Or elles sont très rarement mises en place. Il faut donc continuer à travailler sur ce sujet.
M. Max Brisson. Tout à fait !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Cela étant, la commission sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Les formations interviennent sans doute trop tard et devraient pouvoir être systématiquement mises en place. Ma prédécesseure avait défendu ce dossier pour que les AESH disposent, avant la rentrée scolaire, des compétences nécessaires. On ne manque pas de crédits, mais il faut qu'on s'organise mieux pour former à temps plein les AESH.
En conséquence, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
M. le président. Madame Monier, l'amendement n° II-435 est-il maintenu ?
Mme Marie-Pierre Monier. Oui, je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-435.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-578 n'est pas soutenu.
L'amendement n° II-129 rectifié bis, présenté par M. Brisson, Mme Borchio Fontimp, MM. Paumier, Milon et Pointereau, Mme P. Martin, MM. Genet et Somon, Mme Imbert, M. Savin, Mmes Malet, Petrus et Ventalon, M. Saury, Mme Drexler, MM. Burgoa, Sol, Daubresse et Pellevat, Mme Aeschlimann, M. Bruyen, Mmes Belrhiti et Lopez, M. D. Laurent, Mmes Micouleau, Dumont, Muller-Bronn, V. Boyer, Gruny et Schalck et M. Gremillet, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
68 000 000 |
|
68 000 000 |
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
112 000 000 |
|
112 000 000 |
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
60 000 000 |
|
60 000 000 |
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
120 000 000 |
|
120 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
180 000 000 |
180 000 000 |
180 000 000 |
180 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Max Brisson.
M. Max Brisson. C'est un amendement d'appel que je présente chaque année. Je m'efforcerai de le présenter rapidement, mais je veux tout de même apporter quelques précisions.
Je rêve que l'éducation nationale « aère » un peu sa gestion des ressources humaines. Je constate que l'on nomme les professeurs les moins bien formés – c'est-à-dire les plus jeunes – dans les établissements les plus difficiles, au moment même où ils intègrent la vie professionnelle. Ces établissements auraient besoin, au contraire, des professeurs les plus chevronnés et les mieux formés, ceux qui sont parvenus à maturité dans leur carrière.
Des contrats de mission, qui sont différents des postes à profil, car limités dans le temps, permettraient d'employer des professeurs volontaires là où des besoins éducatifs particuliers se manifestent. Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et les zones de grande ruralité ont besoin de stabilité. Dans ce type de territoire, les professeurs doivent rester sur un temps donné et conduire un projet pédagogique adapté à l'établissement.
Le salaire est une question importante durant l'exécution du contrat. À l'issue de ce dernier, l'éducation nationale devrait en outre reconnaître le mérite des professeurs qui ont servi la République dans des quartiers où l'école se doit d'être performante, en les réintégrant dans le droit commun des mutations. Les enseignants pourraient ainsi bénéficier d'une affectation qui correspond à leurs attentes.
De telles mesures permettraient d'attirer des enseignants volontaires et de réduire le turnover.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Cet amendement est intéressant, mais il suit la même philosophie que les zones d'éducation prioritaire (ZEP) et les ZEP+ : attirer des professeurs en leur proposant un niveau de rémunération supérieur.
M. Max Brisson. Mon amendement va au-delà !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Or on constate que le nombre de candidatures pour les postes à pourvoir dans les ZEP+ est démentiel.
M. Max Brisson. Peut-être, mais cela fonctionne !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Cet amendement coûterait 180 millions d'euros, il faut en être conscient.
Du reste, il est un tout petit peu imprécis. Le dispositif tiendrait-il compte des profils nationaux ou de l'échelon rectoral ? Serait-il à la main du directeur académique des services de l'éducation nationale (Dasen) ?
Il y a une piste à creuser, c'est incontestable. Toutefois, afin d'éclairer la commission, je demande l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Au travers de cet amendement, vous posez la question de l'attractivité du métier d'enseignant et des difficultés grandissantes pour les affecter dans les secteurs les plus difficiles. C'est un débat lourd et important que nous devons avoir.
Mes services réfléchissent à une refonte du système de mobilité et d'affectation, pour une mise en place à la rentrée 2026. Ce travail doit naturellement faire l'objet de concertations avec les organisations syndicales.
Par ailleurs, je souhaite continuer à développer les postes à profil qui correspondent à l'esprit de votre proposition. Il me semble que nous devrions reprendre les concertations engagées sur la formation des enseignants. Je vous propose donc, dans un premier temps, que nous puissions avoir ce débat très large.
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement vous demande de retirer cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. Je vais bien sûr retirer cet amendement d'appel, en espérant que, l'année prochaine, les choses auront suffisamment avancé pour que je n'aie pas besoin de le présenter à nouveau.
M. le président. L'amendement n° II-129 rectifié bis est retiré.
L'amendement n° II-227, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
11 030 010 |
|
11 030 010 |
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
108 864 480 |
|
108 864 480 |
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
3 134 100 |
|
3 134 100 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
126 789 510 |
|
126 789 510 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
2 547 720 |
|
2 547 720 |
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
1 213 200 |
|
1 213 200 |
|
TOTAL |
126 789 510 |
126 789 510 |
126 789 510 |
126 789 510 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. La garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa), créée en 2008, permet d'offrir une rémunération supplémentaire minimale aux fonctionnaires dont l'évolution du traitement brut indiciaire sur les quatre dernières années est inférieure à l'évolution de l'indice des prix à la consommation.
Loin d'être à la hauteur face à la perte du pouvoir d'achat des fonctionnaires de l'éducation nationale, elle constitue cependant un socle minimal de rémunération qui est vital pour de nombreux agents de la fonction publique.
Ainsi, nous proposons de revenir sur la suppression de la Gipa, en accordant des crédits nécessaires à son maintien, tout en tenant compte de l'inflation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Sous le regard du maître des horloges (M. le président de la commission des finances sourit.), je me permets de vous poser cette question. Qui a dit : « Si les gouvernements précédents avaient amélioré les salaires des enseignants, nous n'en serions pas là » ? C'est François Bayrou !
Cette déclaration est calamiteuse,…
M. Laurent Lafon, président de la commission de la culture. Oh !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. … car une hausse de 13,5 milliards d'euros est intervenue entre 2021 et 2025. Certes, c'est très insuffisant et les enseignants français demeurent parmi les moins bien payés d'Europe.
Mme Marie-Pierre Monier. Eh oui, il faut le rappeler !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Dès lors, j'espère que le Premier ministre reverra sa copie.
Sur le fond, vous avez raison, ma chère collègue : il faudra faire des efforts pour attirer les jeunes vers le métier d'enseignant. Toutefois, pour des raisons budgétaires évidentes, je vous demande de retirer votre amendement ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. La Gipa relève d'une approche interministérielle et il a été décidé de ne pas l'intégrer a priori dans le budget pour 2025.
En période de faible inflation – je parle d'une évolution des prix inférieure à celle que nous avons connue ces dernières années –, la progression du salaire à l'ancienneté ou à la suite d'une promotion évite qu'un trop grand nombre de personnels de l'éducation nationale se trouvent concernés par cette garantie.
Compte tenu de ces explications, le Gouvernement sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-227.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-569, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
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Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
26 056 918 |
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26 056 918 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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26 056 918 |
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26 056 918 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
26 056 918 |
26 056 918 |
26 056 918 |
26 056 918 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Par cet amendement, nous souhaitons accorder des budgets suffisants aux programmes bénéficiant aux élèves allophones pour s'assurer de leur pleine réussite à l'école.
Selon un rapport de l'Unicef, seuls 8 % des enseignants en France se sentent bien préparés pour enseigner en milieu multiculturel ou plurilingue, contre 26 % en moyenne dans les pays de l'OCDE.
L'éducation nationale prévoit un soutien en français langue seconde au sein d'unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A). Au terme de leur passage dans ces unités pédagogiques, les élèves s'insèrent en classe ordinaire.
Au cours de l'année 2022-2023, dans le premier degré, 40 951 enfants allophones ont été scolarisés, soit une augmentation de 16 % par rapport à l'année précédente, laquelle avait déjà été marquée par une hausse importante de ces élèves en raison de la guerre en Ukraine.
Le nombre d'élèves allophones augmente constamment, sans adéquation avec l'évolution du budget dédié aux besoins éducatifs particuliers de ces élèves. Cet amendement vise donc à abonder ce budget afin de permettre un meilleur accueil.
J'ajoute que, sans mesures adaptées pour répondre aux besoins de ces élèves, nous prendrions acte de l'abandon de nombreux enseignants qui doivent seuls faire face à la situation et accueillir ces élèves.
Pour en avoir fait moi-même l'expérience dans ma classe à l'époque où j'enseignais, je peux vous témoigner que cela change la dynamique de l'école et donne une impulsion dans la classe. Constater qu'un élève différent, nouvellement arrivé, s'implique avec succès dans ses apprentissages est très stimulant.
Toutefois, pour enseigner à un enfant, il faut pouvoir communiquer avec lui. Alors, madame la ministre, ne dites pas aux enseignants de se débrouiller seuls !
M. le président. L'amendement n° II-443, présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
26 000 000 |
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26 000 000 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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26 000 000 |
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26 000 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
26 000 000 |
26 000 000 |
26 000 000 |
26 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Colombe Brossel.
Mme Colombe Brossel. Je me propose de présenter également l'amendement n° II-444, qui concerne le même sujet, mais pour le second degré.
M. le président. J'appelle donc en discussion l'amendement n° II-444, présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, et ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
16 500 000 |
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16 500 000 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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16 500 000 |
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16 500 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
16 500 000 |
16 500 000 |
16 500 000 |
16 500 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
Veuillez poursuivre, ma chère collègue.
Mme Colombe Brossel. Il est des élèves dont on ne parle quasiment jamais : les élèves allophones. Leur nombre augmente, mais le budget moyen accordé par l'éducation nationale, lui, baisse et les moyens ne suivent pas.
Nous ne sommes pas les seuls à le dire : un rapport de la Cour des comptes de 2023 relevait déjà une stagnation des crédits budgétaires consacrés aux dispositifs destinés aux enfants allophones.
Si nous aspirons à ce que l'école permette à tous de s'émanciper et de s'intégrer, il faut, pour le premier comme pour le second degré, augmenter les moyens consacrés aux élèves allophones.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Vous avez raison : l'intégration passe d'abord par la maîtrise de la langue. Pour autant, une source de financement n'a pas été mobilisée, comme l'avait déjà mis en évidence mon prédécesseur, M. Gérard Longuet, dans un rapport datant de 2023 : les fonds européens.
Je suggère donc au ministère d'aller chercher ces fonds spécifiquement destinés à l'enseignement, dans les pays d'accueil, pour les enfants allophones.
Je demande donc le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Il s'agit évidemment d'un sujet de préoccupation. Il est aisé d'imaginer que se retrouver en classe sans parler français représente une difficulté majeure tant pour les enfants que pour les enseignants.
C'est pourquoi, dans le cadre des moyens dont nous disposerons pour l'année 2025, nous avons prévu de former davantage de professeurs. Tel est bien l'enjeu.
À l'heure actuelle, mille cinq cents enseignants du premier degré sont formés ou certifiés à l'apprentissage du français langue seconde, et il nous faut poursuivre la formation des professeurs afin que ceux-ci soient en mesure d'apporter la meilleure réponse aux élèves. Nous le ferons, comme je l'ai indiqué hier aux organisations syndicales, dans le cadre des moyens dont nous disposons.
Par conséquent, je propose le retrait de ces amendements, puisqu'ils sont satisfaits ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-569.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-443.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-444.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-561, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
75 000 000
75 000 000 |
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75 000 000
75 000 000 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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|
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
75 000 000 |
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75 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
75 000 000 |
75 000 000 |
75 000 000 |
75 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marianne Margaté.
Mme Marianne Margaté. La démocratisation du sport passe inévitablement par l'école. L'émancipation corporelle devrait être un droit garanti pour tous, mais cette bataille est loin d'être gagnée ; pire, nous connaissons des régressions.
On ne peut pas dire que l'année 2024, durant laquelle la promotion de l'activité physique et sportive a été déclarée grande cause nationale, ait changé grand-chose.
Nous avons besoin d'un renforcement de l'éducation physique et sportive (EPS) et cela ne pourra passer que par des professeurs mieux valorisés et respectés, mais aussi par des recrutements supplémentaires.
Actuellement, leur nombre est bien insuffisant, après une baisse de plus de 20 % du nombre de places au concours entre 2017 et 2023, et il faut bien dire que les quelques places supplémentaires de 2024 ne suffisent pas.
Notre amendement vise ainsi à prévoir le recrutement de mille cinq cents professeurs d'EPS supplémentaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. J'apprécie beaucoup les professeurs de sport, il y en a trente mille en France, contre vingt-neuf mille professeurs d'histoire-géographie.
Pourquoi, dès lors, recruter plus de professeurs de sport que de professeurs d'histoire-géographie ou d'autres matières ?
Je demande le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-561.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-607 n'est pas soutenu.
L'amendement n° II-568, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
4 250 000 |
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4 250 000 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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4 250 000 |
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4 250 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
4 250 000 |
4 250 000 |
4 250 000 |
4 250 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Par cet amendement, nous entendons renforcer la formation au créole des enseignants du premier degré qui en ont besoin.
Les résultats aux évaluations nationales des élèves ultramarins révèlent la nécessité d'un enseignement adapté aux spécificités locales. De nombreux enseignants nommés dans les territoires concernés viennent de l'Hexagone ; ils sont mutés dans un territoire d'outre-mer, dont ils ne maîtrisent pas la langue.
Il s'agit là d'un problème, dans la mesure où le français est rarement la langue la plus parlée dans les outre-mer, bien qu'elle soit évidemment la langue officielle. Ainsi, à La Réunion, un quart des jeunes de 16 à 25 ans ne maîtrise ni la lecture ni l'orthographe en français.
C'est donc en priorité pour les enseignants en école primaire, moment où toutes les bases linguistiques se construisent, qu'il faut permettre une formation au créole. Celle-ci facilitera l'enseignement du français en milieu créolophone et permettra également d'ouvrir davantage de classes bilingues, l'enseignement bilingue étant sous-développé dans les territoires ultramarins.
J'ajoute que l'on aura beau inventer tout type de procédures, de programmes et de contenus, si l'on ne s'adresse pas à un enfant dans sa langue maternelle à l'école maternelle, on a peu de chances de le faire entrer dans un processus d'apprentissage.
Cette mesure, particulièrement nécessaire, permettra aux enfants d'être en confiance à l'école et rassurera de nombreux enseignants qui se sentent démunis, lorsqu'ils ne comprennent pas un enfant de trois ans qui s'adresse à eux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Il s'agit d'une bonne question, surtout compte tenu des problématiques de sous-consommation des crédits de formation, dont nous avons déjà débattu.
Je sollicite l'avis du Gouvernement, car, honnêtement, je n'ai pas de réponse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je partage cette préoccupation. Le ministère encourage l'enseignement des langues étrangères et régionales, partant du constat que le bilinguisme favorise également le développement cognitif des enfants et l'apprentissage de nouvelles langues.
Il s'agit d'une demande et d'une compétence qui relèvent des recteurs d'académie : ils sont chargés, en l'occurrence, d'adapter les formations aux particularités des territoires dans lesquels ils sont affectés, notamment la formation initiale et continue des enseignants en langue créole.
Plus précisément, au sein de l'académie de La Réunion, un enseignement de la langue créole et du français est mis au service de la réussite des élèves, dans le cadre d'un plan pluriannuel, à l'instar de ce qui existe dans l'académie de la Martinique, où un plan couvre les années 2023-2026.
Cet amendement me semble donc satisfait et je vous propose son retrait ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour explication de vote.
M. Dominique Théophile. Sans représenter un investissement considérable, cette mesure produirait des résultats extrêmement positifs.
L'introduction de la langue maternelle dans l'enseignement aux Antilles, avec la création de certificats d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes) et la nomination de professeurs, a débouché sur des résultats probants.
La mesure proposée, sans être d'une grande ampleur, constitue un formidable accélérateur, si bien que cet amendement mérite d'être adopté. Nous pourrons ensuite réfléchir à son application. Dans l'immédiat, un vote du Parlement faciliterait grandement la mise en œuvre de cette disposition par les recteurs concernés.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-568.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-489, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot, Mellouli et G. Blanc, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
2 500 000 |
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2 500 000 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
2 500 000 |
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2 500 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
2 500 000 |
2 500 000 |
2 500 000 |
2 500 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. En France, cent mille élèves suivent un enseignement bilingue en langue régionale, principalement dans des établissements privés.
Pourtant, l'éducation nationale permet l'apprentissage des langues régionales dans les établissements publics, comme le précise le code de l'éducation : « Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé ».
Afin de démocratiser l'apprentissage des langues régionales, il est nécessaire de renforcer les moyens alloués à leur enseignement dans les établissements publics du second degré, où celui-ci est plus rare que dans les établissements du premier degré.
Ainsi, l'enseignement de la langue basque est en plein essor grâce à son développement à l'école, mais les élèves doivent souvent abandonner cet apprentissage une fois arrivés au collège ou au lycée.
Comme l'a rappelé la loi du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite loi Molac, les quatre-vingt-deux langues minoritaires ou régionales que compte la France sont porteuses d'une histoire et d'une culture qu'il convient de préserver et de transmettre.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. La commission souhaite entendre l'avis du Gouvernement.
Je ne doute pas que Max Brisson réagira, car il est le premier défenseur de cette belle langue chantante qu'est le basque.
Néanmoins, il convient de ne pas mettre toutes les langues régionales sur un pied d'égalité : je suis moi-même Picard, et malheureusement, le picard est de moins en moins parlé. Son enseignement à l'université vient même d'être supprimé faute d'un nombre suffisant d'étudiants inscrits : ils n'étaient que deux.
Ainsi, on observe parfois, pour certaines langues, un problème d'appétence des étudiants et de recrutement de professeurs, tandis que d'autres, au contraire, sont plus que vivantes. Pour autant, elles font toutes partie intégrante de notre patrimoine.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Cet amendement est satisfait, car nous œuvrons activement au développement de l'apprentissage des langues régionales, conformément aux dispositions du code de l'éducation, dans les régions où celles-ci sont en usage.
Nous avons également à l'esprit que cet apprentissage facilite ensuite l'acquisition d'autres langues. À titre d'exemple, dans l'académie de Bordeaux, cela concerne l'occitan ou le basque et, ainsi que je l'ai mentionné, cela concerne le créole dans l'académie de La Réunion.
Au total, 168 000 élèves apprennent chaque année des langues régionales et plusieurs milliers d'entre eux choisissent l'option au baccalauréat.
Nous sommes donc résolument engagés sur ces sujets. Par conséquent, je vous propose le retrait de cet amendement, faute de quoi j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. Je suis navré, monsieur le président de la commission, mais le rapporteur m'a demandé de prendre la parole et je réponds à son injonction !
Cela n'arrive pas tous les jours : je suis d'accord avec Mme de Marco. (Sourires.)
Certes, beaucoup a été fait pour les langues régionales et des progrès ont été enregistrés. Néanmoins, il subsiste aujourd'hui un certain nombre d'obstacles.
Vous évoquiez le baccalauréat. La réforme menée par Jean-Michel Blanquer a profondément déstabilisé l'enseignement des langues régionales au lycée. Bien entendu, une spécialité a été mise en place, mais peu d'élèves la choisissent, car seuls les lycéens qui souhaitent devenir professeurs de ces langues régionales s'y inscrivent. Par conséquent, beaucoup abandonnent et le continuum d'enseignement est mis à mal.
Si des progrès ont été réalisés à l'école primaire, il reste encore beaucoup à faire au collège et au lycée.
Par ailleurs, permettez-moi, madame la ministre, de vous dire que nous attendons également que soit réglée la question du financement de l'Office public de la langue basque (OPLB) : sa présidente vous a écrit très récemment à ce sujet, il nous faut reprendre le dossier.
Le président de notre commission de la culture a validé, en réunion de bureau, l'idée qu'un travail soit mené pour objectiver les données en la matière et évaluer la mise en œuvre de la loi Molac. Selon moi, nous observerons alors, territoire par territoire, une inégalité en la matière. Nous trouverons assurément là l'occasion de mieux asseoir l'enseignement des langues régionales au cœur de l'école et au cœur de notre République.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-489.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Mme Monique de Marco. Après cette explication de vote, M. Brisson ne vote pas l'amendement !
M. le président. L'amendement n° II-487, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
630 000 |
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630 000 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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630 000 |
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630 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
630 000 |
630 000 |
630 000 |
630 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. L'expérimentation des territoires éducatifs ruraux (TER), mise en place en janvier 2021, peine à s'affirmer comme une politique éducative efficace pour l'ambition scolaire et l'orientation des élèves. Ce dispositif devait être le pendant des cités éducatives, mais les moyens ne sont pas au rendez-vous.
Alors qu'il existe plus de deux cents cités éducatives, qui bénéficient de plus 100 millions d'euros, les deux cent un territoires éducatifs ruraux disposent d'une enveloppe de seulement 6,3 millions d'euros. Autrement dit, une cité éducative reçoit plus de 480 000 euros contre un peu plus de 31 000 euros pour un territoire éducatif rural.
Les moyens sont faibles, alors que les besoins sont importants et qu'un élève sur cinq vit en territoire rural. Le taux de non-poursuite d'études s'élève à 23,6 % dans les territoires ruraux éloignés, contre 15 % en moyenne nationale.
Pour ces élèves, l'ambition scolaire se limite souvent aux filières proposées dans la ville la plus proche. Face à ce constat, il est essentiel de lutter contre les inégalités territoriales et de garantir l'égalité des chances pour tous.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Mme de Marco a raison de souligner que la République se caractérise d'abord par l'égalité des chances et des droits partout et pour tous.
Depuis 2014, et les décisions prises par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, la refonte de la carte de l'éducation prioritaire pose de véritables problèmes, car elle engendre d'énormes injustices et conduit les territoires ruraux à être maltraités.
La création des TER visait à compenser une partie de ces inégalités, mais force est de constater que cela s'avère insuffisant. Sur le fond, je suis donc plutôt d'accord avec vous, mais je vous demande toutefois de retirer votre amendement.
La véritable solution réside dans une réforme de la carte de l'éducation prioritaire. Nous en avons discuté ensemble, madame la ministre, et il va falloir agir assez rapidement, car cela a été promis par l'un de vos prédécesseurs, Jean-Michel Blanquer, et nous n'en avons jamais vu la couleur.
Pourtant, le sujet est véritablement des plus urgents, car il existe dans les zones rurales une misère sociale et scolaire qui n'est actuellement pas correctement traitée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. En tant qu'élue d'une circonscription rurale, je mesure à quel point il peut exister une inégalité des chances pour les enfants de ces territoires, mais celle-ci renvoie à des sujets qui vont bien au-delà de l'école : le taux d'encadrement y est en effet meilleur qu'ailleurs ; en revanche, il est vrai que le taux de poursuite d'études s'y avère moins bon.
S'agissant de l'action du ministère, ses financements propres sont in fine identiques pour les cités éducatives et pour les territoires éducatifs ruraux, mais d'autres financeurs interviennent au soutien des premières, et non des seconds.
Nous devons travailler ensemble sur l'égalité des chances, y compris pour les élèves issus des territoires ruraux et en particulier ceux du rural profond. Nous avons prévu de consacrer davantage de moyens au développement des TER : 1 million d'euros en plus est ainsi prévu dans le budget pour 2025, mais à mon sens, il faut adopter une approche globale.
Je propose donc le retrait de cet amendement au bénéficie d'un travail à mener en commun pour garantir l'égalité des chances aux élèves de ces territoires ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. Monique de Marco a raison ! (Exclamations amusées sur les travées des groupes SER et GEST.)
Mme Colombe Brossel. Quelle soirée !
M. Max Brisson. Le dispositif des territoires éducatifs ruraux n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
Mme Monique de Marco. Alors il faut voter l'amendement !
M. Max Brisson. Je voudrais me faire le témoin de la déception des maires dans un territoire rural de mon département. Ils étaient vingt-cinq et ont cru au TER, mais le constat des moyens offerts par le directeur académique les a mis très en colère, si bien que le résultat de l'opération s'est avéré contraire à celui qui était escompté, c'est-à-dire la mobilisation des élus de ce territoire au service de l'école. Il eût donc mieux valu ne rien faire plutôt que de lancer une telle opération.
Nous ne sommes absolument pas au niveau de ce qui est fait pour les cités éducatives. Je partage donc les propos de Mme de Marco. Vous le savez, mes chers collègues, les bibliothèques du Sénat recèlent des rapports inspirants. L'un d'entre eux est celui du président Lafon sur les nouveaux territoires de l'éducation. Le bureau de notre commission de la culture souhaite d'ailleurs approfondir ce sujet.
La ruralité représente un véritable enjeu. Bien entendu, comme l'a souligné M. le rapporteur spécial, la carte de l'éducation prioritaire constitue également un sujet crucial.
Au-delà se pose la question de la capacité de l'école, tout en s'inscrivant naturellement dans le cadre de l'égalité inhérente à notre école républicaine, à pratiquer la différenciation en fonction des besoins éducatifs particuliers, qui diffèrent grandement d'un territoire à l'autre.
Malgré tout, je ne voterai pas cet amendement, et je m'en expliquerai dans les couloirs ! (Exclamations sur les travées du groupe GEST.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-487.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-564, présenté par Mme Corbière Naminzo et MM. Bacchi et Ouzoulias, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
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Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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|
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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41 229 476 |
|
41 229 476 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
41 229 476
41 229 476 |
|
41 229 476
41 229 476 |
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TOTAL |
41 229 476 |
41 229 476 |
41 229 476 |
41 229 476 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. À travers cet amendement, notre objectif est de renforcer l'enseignement agricole public.
À cette fin, nous proposons la création de six cent quatre-vingt-quatre postes d'enseignants et de soixante-cinq postes d'administratifs et de techniciens de laboratoire et de santé, ce qui permettrait l'ouverture de deux cent soixante-trois nouvelles classes.
Comme nous l'avons souligné et martelé en commission, il est primordial de soutenir et d'accompagner l'enseignement agricole.
Dans la mesure où 50 % des agriculteurs prendront leur retraite au cours des cinq à dix prochaines années, assurer le renouvellement des générations est indispensable. Ce sujet est particulièrement cher au Sénat et fera très prochainement l'objet de nos travaux.
Cet amendement a pour finalité de former une nouvelle génération d'agriculteurs, ce qui nécessite d'accroître les effectifs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. J'aurais tendance à demander le retrait de cet amendement, mais, auparavant, je souhaite obtenir des renseignements de la part du Gouvernement, car cet amendement et de nombreux suivants qui émanent des communistes, des socialistes ou des écologistes ont été élaborés avec le Syndicat national de l'enseignement technique agricole public – Fédération syndicale unitaire (Snetap-FSU), lequel dispose sans doute de données fiables. Pour autant, je n'ai pas les mêmes chiffres.
Ainsi, le syndicat évoque une forte baisse du nombre d'enseignants, mais cela ne correspond pas à mes informations. J'espère donc que le ministère pourra m'éclairer sur ce point.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Cette question relève de la compétence de ma collègue Mme Annie Genevard.
Permettez-moi tout d'abord de vous dire que nous partageons bien évidemment la préoccupation d'assurer le renouvellement des générations d'agriculteurs et que nous avons tous à l'esprit l'ampleur des départs à la retraite qui interviendront au cours des prochaines années.
Je note que les effectifs progressent régulièrement dans les formations agricoles, mais aussi dans celles des métiers du paysage, de l'aménagement et de la forêt, ainsi que dans des filières diversifiées qu'ouvrent les lycées agricoles afin de répondre aux besoins de l'ensemble de la chaîne agroalimentaire.
À l'occasion de la rentrée 2024, les différentes formations délivrées dans les lycées agricoles ont ainsi accueilli 1,2 % d'élèves supplémentaires. En moyenne, les classes comptent 19,6 élèves et le nombre d'enseignants est adapté aux besoins de ces établissements.
Je demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Marianne Margaté, pour explication de vote.
Mme Marianne Margaté. Concernant les lycées agricoles, le projet de loi de finances pour 2025 prévoit une diminution de 18 millions d'euros, soit vingt-cinq postes en moins dans les lycées agricoles publics et vingt dans les lycées agricoles privés. Il n'y a donc pas d'augmentation des effectifs.
En tant que sénatrice de Seine-et-Marne, département qui comprend à la fois des zones périurbaines de la grande couronne et de vastes terres agricoles, je tiens à témoigner qu'à ce stade le lycée agricole de Brie-Comte-Robert ne pourra pas ouvrir les deux classes prévues. C'est fort regrettable pour la pérennité des exploitations agricoles de mon département et de notre pays.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-564.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-446, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
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|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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|
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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10 430 924 |
|
10 430 924 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
10 430 924 |
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10 430 924 |
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TOTAL |
10 430 924 |
10 430 924 |
10 430 924 |
10 430 924 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier.
Mme Marie-Pierre Monier. Cet amendement vise à rétablir les cent quatre-vingt-seize emplois supprimés dans l'enseignement agricole entre 2019 et 2022. Pour relever le défi du renouvellement des générations d'agriculteurs et d'agricultrices, dont 50 % partiront à la retraite dans les cinq à dix années à venir, nous avons plus que jamais besoin d'un enseignement agricole solide.
Cette conviction est largement partagée sur l'ensemble de nos travées, tout comme notre attachement aux spécificités de l'enseignement agricole, véritable pépite de nos territoires.
Le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture, dans sa version issue de l'Assemblée nationale, que nous examinerons prochainement, fixe un cap très ambitieux, avec un objectif d'augmentation de 30 % du nombre d'apprenants à l'horizon 2030 – autant dire demain.
Comment atteindre cet objectif si nous ne prévoyons pas d'ores et déjà, dans le cadre de ce budget, un renforcement des effectifs enseignants dans un contexte où, comme le détaillait déjà en 2021 un excellent rapport d'information réalisé par notre ancienne collègue, désormais membre du Gouvernement, Mme Nathalie Delattre, la suppression de nombreux emplois depuis 2009 a entraîné le blocage des ouvertures de classes et a contraint à revoir à la hausse le seuil de dédoublement des classes ?
M. le président. L'amendement n° II-566, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
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|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
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|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
10 430 924 |
|
10 430 924 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
10 430 924
10 430 924 |
|
10 430 924
10 430 924 |
|
TOTAL |
10 430 924 |
10 430 924 |
10 430 924 |
10 430 924 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Il est défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Je demande le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour explication de vote.
Mme Marie-Pierre Monier. Je sais, madame la ministre, que ce budget ne relève pas tout à fait de votre compétence, mais je tiens à formuler une remarque à son sujet.
Le 7 janvier dernier, la direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) du ministère de l'agriculture a confirmé une évolution à la baisse de la dotation globale horaire (DGH) à hauteur de trente mille heures, soit l'équivalent de quarante-cinq équivalents temps plein (ETP).
Cette évolution extrêmement défavorable soulève des interrogations pour trois raisons.
Premièrement, elle revient à anticiper l'issue d'un examen budgétaire qui n'est pas encore achevé. L'annulation de la suppression des quatre mille postes initialement prévus dans l'éducation nationale atteste d'ailleurs que des changements demeurent toujours possibles.
Deuxièmement, elle survient à la veille de l'examen par notre haute assemblée du projet de loi d'orientation agricole, lequel fixe, dans sa version issue de l'Assemblée nationale, l'objectif d'une augmentation de 30 % du nombre d'apprenants dans l'enseignement agricole à l'horizon 2030. Quelle crédibilité accorder à un tel objectif lorsque l'on sait qu'une suppression de quarante-cinq postes dans l'enseignement agricole équivaudrait, toutes proportions gardées, à plusieurs milliers de postes dans l'éducation nationale ?
Troisièmement, enfin, une telle évolution remet en cause l'offre de formation des brevets de technicien supérieur (BTS) agricoles, avec un impact très concret en matière de réduction des places ouvertes à l'inscription dans le cadre des procédures de Parcoursup.
Le Gouvernement n'aurait-il pas pu envisager un geste pour éviter une telle dégradation de l'offre de formation au sein de l'enseignement agricole ?
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-446.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-566.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Claude Raynal, président de la commission des finances. Mes chers collègues, je vous remercie, la situation s'est améliorée, sans pour autant atteindre la perfection.
Le président va suspendre la séance dans quelques instants et nous reprendrons à vingt et une heures trente. Il nous reste une demi-heure de discussion, alors que plus de trente amendements restent encore à examiner…
Je vous propose donc de repousser d'une demi-heure la limite d'examen de cette mission, en prenant soin d'en informer les orateurs qui doivent intervenir ultérieurement. Vous bénéficieriez ainsi d'une heure pour examiner un peu plus de trente amendements.
Toutefois, je me dois d'insister sur le caractère strict de cette limite : au terme de cette heure de débat, nous n'aurons d'autre choix que de renvoyer l'examen des amendements éventuellement restants après les autres missions inscrites à notre ordre du jour, donc peut-être vers quatre heures du matin... (Sourires.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt et une heures trente, sous la présidence de M. Alain Marc.)
PRÉSIDENCE DE M. Alain Marc
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons l'examen, au sein de la seconde partie du projet de loi de finances, des crédits de la mission « Enseignement scolaire ».
Comme l'a indiqué le président de la commission des finances avant la suspension, si nous n'avons pas terminé l'examen de cette mission avant vingt-deux heures trente, nous passerons à celui de la mission « Économie », puis de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », avant de reprendre, en fin de séance, celui de la mission « Enseignement, scolaire ».
L'amendement n° II-492, présenté par Mmes de Marco, et Ollivier, MM. Salmon, Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, et Mmes Poncet Monge, Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
||
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
6 933 829 |
|
6 933 829 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
6 933 829 |
|
6 933 829 |
|
TOTAL |
6 933 829 |
6 933 829 |
6 933 829 |
6 933 829 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Nous nous sommes fixé comme objectif d'augmenter le nombre de personnes formées aux métiers de l'agriculture et du vivant et les établissements agricoles publics seront des acteurs majeurs dans les territoires pour assurer le renouvellement des générations et permettre la transition agroécologique.
Cet amendement vise à redynamiser l'enseignement agricole public par le soutien financier aux établissements en difficulté financière.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Dans la mesure où la gestion de ces établissements dépend des régions, il conviendrait que de tels crédits reviennent à celles-ci plutôt qu'à la mission « Enseignement scolaire ». La commission demande donc le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Madame de Marco, l'amendement n° II-492 est-il maintenu ?
Mme Monique de Marco. Oui, je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-492.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-448, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
2 822 336 |
|
2 822 336 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
2 822 336 |
|
2 822 336 |
|
TOTAL |
2 822 336 |
2 822 336 |
2 822 336 |
2 822 336 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier.
Mme Marie-Pierre Monier. Défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-448.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-593 rectifié, présenté par M. Daubet, Mmes M. Carrère et Pantel, MM. Roux, Masset, Grosvalet, Bilhac et Guiol et Mme Briante Guillemont, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
4 363 958 |
|
4 363 958 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
4 363 958 4 363 958 |
|
4 363 958 4 363 958 |
|
TOTAL |
4 363 958 |
4 363 958 |
4 363 958 |
4 363 958 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Cet amendement vise à garantir un enseignement moral et civique (EMC) à tous les élèves de l'enseignement agricole, en y consacrant 0,5 heure hebdomadaire en classes professionnelles de seconde, première et terminale.
Introduit en 2022 en seconde professionnelle et en 2023 dans la filière professionnelle de l'enseignement agricole, l'EMC ne bénéficie d'aucune heure réservée dans l'emploi du temps de ces classes et dans la dotation globale horaire des établissements. Par ailleurs, il ne figure pas au programme des classes de terminale. Cela crée une inégalité par rapport à l'enseignement général où l'EMC est dispensé à tous les niveaux de formation.
Nous proposons de rattraper ce retard, en consacrant une demi-heure hebdomadaire d'enseignement moral et civique aux près de soixante-dix mille élèves concernés dans quasiment quatre mille classes. Cela permettrait d'aligner l'enseignement agricole sur les normes de l'éducation nationale en matière de citoyenneté et de valeurs républicaines.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Cet enseignement pourrait être assumé par des professeurs d'histoire-géographie via un redéploiement d'heures. La commission demande donc le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je vous confirme que le ministère de l'agriculture est pleinement engagé sur ces sujets. Nous pouvons nous réjouir de l'intégration, depuis trois années scolaires, de l'enseignement moral et civique dans le tronc commun du baccalauréat professionnel. Cet enseignement vient compléter de manière enrichissante l'enseignement socioculturel qui est spécifique à l'enseignement agricole.
Par ailleurs, il a été décidé de renforcer la place de l'EMC dans les classes préparant au certificat d'aptitude professionnelle (CAP) agricole dès cette année et de façon systématique à partir de septembre 2025.
Votre amendement étant satisfait, j'en demande le retrait.
M. le président. Monsieur Masset, l'amendement n° II-593 rectifié est-il maintenu ?
M. Michel Masset. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-593 rectifié est retiré.
L'amendement n° II-490, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Salmon, Benarroche, Dantec, Dossus, Fernique, Gontard et G. Blanc, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli et Mmes Poncet Monge, Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
3 020 555 |
|
3 020 555 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
3 020 555 |
|
3 020 555 |
|
TOTAL |
3 020 555 |
3 020 555 |
3 020 555 |
3 020 555 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Cet amendement vise à annuler la suppression des crédits pour l'inclusion scolaire des élèves en situation de handicap dans l'enseignement agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. La commission sollicite l'avis du Gouvernement sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Madame la sénatrice, soyez rassurée, le PLF ne prévoit aucune diminution des moyens en faveur de l'inclusion scolaire dans l'enseignement agricole.
La diminution de crédits que vous constatez est uniquement liée au changement du mode de gestion des AESH. En effet, le passage à une gestion académique suppose que les crédits afférents à la rémunération soient suivis sur les dépenses de masse salariale des programmes budgétaires dédiés.
Je vous propose donc de retirer votre amendement.
M. le président. Madame Monique de Marco, l'amendement n° II-490 est-il maintenu ?
Mme Monique de Marco. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-490.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-565, présenté par Mme Corbière Naminzo, MM. Bacchi, Ouzoulias et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
1 336 896 |
|
1 336 896 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
1 336 896 1 336 896 |
|
1 336 896 1 336 896 |
|
TOTAL |
1 336 896 |
1 336 896 |
1 336 896 |
1 336 896 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Au travers de cet amendement, nous proposons de créer dix-huit postes de personnels administratifs dans les services d'appui à l'enseignement agricole du ministère de l'agriculture.
Cela correspond à un poste de coordonnateur par service régional de la formation et du développement au sein des directions régionales de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt qui viennent en appui aux établissements d'enseignement agricole.
Cela représente un poste pour chacun des dix-huit services académiques que compte notre pays, ce qui permettra de les renforcer. Ces services ont été particulièrement fragilisés, ces dernières années, au gré des départs à la retraite non remplacés.
Les agents en poste sont chargés d'une multiplicité de missions, telles que l'animation des réseaux régionaux d'établissements, le rapprochement avec les acteurs des filières agricoles et agroalimentaires, qui sont en constante évolution, ou encore la coopération internationale qui, elle aussi, évolue.
Ils ont également pour mission l'accompagnement des équipes pédagogiques d'éducation et de santé pour l'inclusion des élèves en situation de handicap.
Enfin, ils sont chargés du développement des pôles de compétences de l'enseignement agricole d'excellence et de référence.
À effectifs constants, ces équipes ne seront pas en mesure d'accompagner les établissements d'enseignement agricole. Or le renouvellement des générations et la nécessaire formation des futurs agriculteurs nécessitent que ces établissements soient dotés du meilleur accompagnement possible.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Ne disposant pas du détail des effectifs des personnels administratifs de l'enseignement agricole, je sollicite l'avis – éclairé – du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Madame la sénatrice, je ne partage pas votre analyse sur le manque de moyens. Ce que nous avons dit sur les postes d'enseignants vaut aussi pour les personnels administratifs.
Je vous demande donc de retirer votre amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-565.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-447, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM.Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
798 285 |
|
798 285 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
798 285 |
|
798 285 |
|
TOTAL |
798 285 |
798 285 |
798 285 |
798 285 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Pierre Monier.
Mme Marie-Pierre Monier. Pour retrouver des conditions pédagogiques normales et garantir la sécurité optimale des élèves et des étudiants lors de travaux pratiques et dirigés nécessitant du matériel dangereux dans des laboratoires ou sur les exploitations des établissements avec des animaux, nous demandons de rétablir les quinze équivalents temps plein travaillé (ETPT) supprimés en 2019.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-447.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-594 rectifié, présenté par M. Daubet, Mme M. Carrère, M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, MM. Grosvalet, Guiol, Masset et Roux et Mme Pantel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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766 000 |
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766 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
766 000 766 000 |
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766 000 766 000 |
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TOTAL |
766 000 |
766 000 |
766 000 |
766 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Cet amendement vise à réduire l'écart de financement de 697 euros par agent qui persiste entre les assistants d'éducation (AED) de l'enseignement agricole et ceux de l'éducation nationale.
Ce décalage salarial crée une discrimination dans les conditions de travail de ces agents, obligeant souvent les établissements agricoles à compenser cette différence sur leurs fonds propres ou, dans certains cas, à réduire les effectifs d'encadrement, ce qui nuit à la sécurité et à l'encadrement des élèves.
Cette mesure vise à assurer des conditions de travail équitables pour tous les agents chargés de l'encadrement des élèves et à garantir la qualité et la sécurité de l'enseignement agricole en l'alignant sur le modèle de l'éducation nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Je ne dispose pas des mêmes informations que M. Masset. Sous réserve des informations que nous fournira le Gouvernement, je demande donc le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Depuis 2022, il y a eu un effort significatif pour aligner les rémunérations des AED entre l'enseignement agricole et l'éducation nationale.
Je vous propose donc de retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Masset, l'amendement n° II-594 rectifié est-il maintenu ?
M. Michel Masset. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-594 rectifié est retiré.
Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-204 rectifié quater est présenté par M. Laouedj, Mme M. Carrère, MM. Bilhac, Gold, Grosvalet et Masset, Mme Pantel et MM. Roux, Cabanel, Guiol et Daubet.
L'amendement n° II-440 rectifié est présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
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Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
210 372 568 |
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210 372 568 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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210 372 568 |
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210 372 568 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
210 372 568 |
210 372 568 |
210 372 568 |
210 372 568 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Michel Masset, pour présenter l'amendement n° II-204 rectifié quater.
M. Michel Masset. Le manque de moyens alloués à la médecine scolaire, qui a des conséquences sur la santé et le bien-être des élèves, a été une problématique récurrente ces dernières années.
Selon le rapport de 2020 de la Cour des comptes, les infirmières scolaires sont souvent un nombre insuffisant pour répondre efficacement aux besoins des élèves. Avec une moyenne de 0,6 infirmière pour 1 000 élèves, nous sommes largement en deçà des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui préconise au moins 1 infirmière pour 500 élèves.
Le nombre d'infirmières scolaires est largement insuffisant dans le système scolaire français. Seules treize mille infirmières étaient en poste en 2020 pour plus de 12 millions d'élèves.
Cet amendement vise à répondre à cette problématique, en prévoyant le recrutement de nouvelles infirmières scolaires.
M. le président. La parole est à Mme Colombe Brossel, pour présenter l'amendement n° II-440 rectifié.
Mme Colombe Brossel. Aux côtés des enseignants et des AESH travaillent aussi d'autres adultes qui font vivre les établissements scolaires et l'ensemble de la communauté éducative et accompagnent les élèves.
Cet amendement vise à doubler le nombre d'infirmières scolaires.
Dans la même perspective, nous avons déposé l'amendement n° II-442, dont l'objet est d'augmenter le nombre d'assistants sociaux, et l'amendement n° II-441 à travers lequel nous proposons d'augmenter le nombre de médecins scolaires. Vous pourrez les considérer comme défendus, monsieur le président.
Mes chers collègues, je voudrais juste vous rappeler quelques chiffres. On recense sept mille assistants sociaux pour 6 millions d'élèves dans le second degré. En 2023, par manque de personnel, quelque 40 % des élèves n'ont pas pu bénéficier du bilan infirmier qui doit être réalisé dès 12 ans. Huit enfants sur dix n'ont jamais vu de médecin scolaire.
Voilà pourquoi nous présentons, comme nous l'avions fait l'année dernière, ces trois amendements qui visent à augmenter le nombre des personnels concernés.
Madame la ministre, je connais d'avance les arguments que vous m'opposerez. Vous me direz qu'il ne sert à rien de créer des postes quand l'on n'arrive pas à recruter. Mais les élèves n'ont pas le temps d'attendre la procrastination générale.
En outre, nous connaissons cette spirale infernale qui met déjà à mal le métier d'enseignant : quand il est insuffisamment rémunéré ou quand les conditions de travail sont mauvaises, le métier n'est pas attractif. Le manque de volonté publique pour créer des postes et rétablir l'attractivité d'un métier déclenche une spirale infernale qui conduit à la situation que nous connaissons pour les enseignants.
Or je refuse le défaitisme, madame la ministre.
C'est la raison pour laquelle les élus du groupe SER ont combattu l'argument absurde de la démographie scolaire au nom duquel le Gouvernement proposait de supprimer quatre mille postes d'enseignants. Il est finalement revenu sur cette décision et il doit maintenant appliquer le même raisonnement pour préserver le métier des autres adultes qui accompagnent les élèves.
M. le président. L'amendement n° II-230 rectifié bis, présenté par Mmes de Marco, Ollivier et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
180 000 000 |
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180 000 000 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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180 000 000 |
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180 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
180 000 000 |
180 000 000 |
180 000 000 |
180 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Le rapport d'information La médecine scolaire et la santé à l'école, adopté en mai 2023 par la commission des finances de l'Assemblée nationale, souligne les difficultés auxquelles le système de santé scolaire se heurte pour répondre aux besoins des élèves, notamment le manque de personnel.
Cet amendement vise à recruter cinq mille infirmières scolaires afin de donner au système de santé scolaire les moyens de répondre aux besoins grandissants des élèves.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. La médecine scolaire se heurte encore à des difficultés, même si des efforts ont été faits en matière de revalorisation salariale et de recrutement.
Le manque de personnel concerne surtout les médecins scolaires. Depuis quelques années, on parle beaucoup de lancer une expérimentation pour transférer la compétence aux départements, qui y sont en général favorables. Il faut creuser cette piste.
Pour autant, la commission demande le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je souscris à l'analyse qui a été faite sur l'importance de la médecine scolaire et sur le fait que la situation n'est pas satisfaisante.
Le rapporteur spécial l'a rappelé, des efforts de revalorisation salariale ont été engagés, notamment pour les infirmières, qui bénéficient de 200 euros net supplémentaires par mois depuis mai dernier, soit une augmentation totale de 500 euros par mois depuis 2020. Mais le problème global d'attractivité du métier persiste et nous ne sommes manifestement pas au terme de nos efforts pour redresser la situation et donner toute sa place à la santé scolaire.
Vous vous rappelez sans doute qu'il était prévu de lancer des assises de la santé scolaire. Elles n'ont pas pu se tenir pour les raisons que vous connaissez, mais je reprendrai bien évidemment ce projet. Mon collègue Yannick Neuder est également très mobilisé sur le sujet. Nous devrions pouvoir trouver ensemble le chemin qui nous conduira à ce que la prévention en matière de santé soit réellement assurée au sein de l'école. C'est un enjeu majeur.
Néanmoins, les amendements qui visent à doubler ou à augmenter de deux tiers les effectifs infirmiers ne me paraissent pas réalistes. Nous restons mobilisés sur ces sujets et nous aurons l'occasion d'y revenir dans les prochaines semaines.
Je demande donc le retrait de ces amendements ; à défaut, j'y serai défavorable.
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.
M. Marc Laménie. Sur le fond, je défends la même position que les auteurs de ces amendements. En effet, au fil des années, il y a de moins en moins d'infirmières pour assurer la santé scolaire et la prévention dans les collèges et les lycées comme à l'école élémentaire. J'ai le souvenir que, dans un passé de plus en plus lointain, j'en conviens, nous passions des visites médicales à l'école et nous étions sensibilisés aux mesures de prévention.
Nous examinons un texte budgétaire et ces amendements coûtent 210 ou 180 millions d'euros. Je suivrai l'avis du rapporteur spécial, mais, madame la ministre, je me permets d'insister pour que vous trouviez des solutions et je vous fais confiance pour cela.
Certains de nos collègues sont membres de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Nous y traitons de problèmes de société très cruels, notamment les violences intrafamiliales. Les infirmières et les soignants qui interviennent dans le cadre de l'éducation nationale jouent un rôle fondamental.
M. Max Brisson. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour explication de vote.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Sans vouloir allonger les débats, je précise que le groupe CRCE-K soutiendra ces amendements.
En effet, nous devons être à la hauteur des besoins du terrain où le constat est celui d'un déficit d'infirmières scolaires dans les établissements. Or elles n'exercent pas seulement une mission de prévention en matière de santé, elles prennent aussi en charge les problèmes de harcèlement scolaire, l'éducation à la vie affective et sexuelle ou encore la détection et le traitement des cas de violence intrafamiliale.
De plus, madame la ministre, lisez les procès-verbaux des conseils d'administration des établissements scolaires. Vous constaterez que les familles sont nombreuses à dénoncer le manque d'infirmières scolaires dans les établissements. Certains parents doivent même expliquer à leurs enfants qu'ils ont le droit d'être malades y compris en dehors du jour où l'infirmière scolaire est présente dans le collège, le lycée ou l'école... S'il est malade, il doit pouvoir le dire même s'il n'y a pas de personnel médical présent dans l'établissement à ce moment-là.
Cela nous paraît une évidence à nous qui siégeons dans cet hémicycle, mais ce n'est pas forcément le cas pour les élèves. Certains d'entre eux croient que l'on ne peut être malade que le jour où l'infirmière est présente, ce qui n'est pas normal.
C'est un très mauvais signal que de ne pas inscrire une mesure en faveur de la santé scolaire dans votre budget. L'enjeu est important. Par exemple, j'ai moi-même un enfant qui est au collège : on l'a accusé un jour de dormir en classe, alors qu'il avait quarante de fièvre. Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Parce que, ce jour-là, l'infirmière scolaire n'était pas présente. On finit par faire des procès aux élèves, parce que l'école ne bénéficie pas de moyens suffisants !
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-204 rectifié quater et II-440 rectifié.
(Les amendements sont adoptés.) (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – M. Michel Masset et Mme Marie-Pierre Monier applaudissent également.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° II-230 rectifié bis n'a plus d'objet.
L'amendement n° II-233 rectifié, présenté par Mmes de Marco, Ollivier et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
20 000 000 |
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20 000 000 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
20 000 000 |
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20 000 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
20 000 000 |
20 000 000 |
20 000 000 |
20 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Madame la ministre, mes chers collègues, savez-vous que cinq cents postes de psychologues scolaires ont été supprimés depuis 2017, alors que chaque psychologue de l'éducation nationale prend en charge mille cinq cents élèves selon les chiffres de la Cour des comptes.
Alors que l'ancien Premier ministre, Michel Barnier, avait fait de la santé mentale la grande cause nationale de l'année 2025, cet amendement vise à recruter cinq cents psychologues scolaires afin de donner au système de santé scolaire les moyens de répondre aux besoins grandissants des élèves.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-233 rectifié.
(L'amendement est adopté.) (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)
M. le président. L'amendement n° II-442, présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
13 200 000 |
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13 200 000 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
13 200 000 |
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13 200 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
13 200 000 |
13 200 000 |
13 200 000 |
13 200 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
Cet amendement a déjà été défendu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-442.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-236 rectifié est présenté par Mmes de Marco et Ollivier, M. Salmon, Mme Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli et Mmes Poncet Monge, Senée et M. Vogel.
L'amendement n° II-452 est présenté par Mmes Daniel, Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner, Chantrel et Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco, pour présenter l'amendement n° II-236 rectifié.
Mme Monique de Marco. Le présent amendement vise à garantir aux villes délégataires en santé scolaire une juste compensation de leurs efforts.
Alors qu'elles agissent par délégation de l'État et permettent d'améliorer très sensiblement les taux de visite médicale pour les élèves, ainsi que de réaliser des actions de prévention et de promotion de la santé dans une approche globale de l'enfant, l'immense majorité de leur engagement repose sur leurs seules ressources.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour présenter l'amendement n° II-452.
Mme Marie-Pierre Monier. Défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Ces villes ont fait le choix d'être délégataires. On peut reconnaître leur efficacité, mais elles ont choisi d'assumer ce coût. Il serait incohérent qu'elles obtiennent un financement pour une compétence qu'elles ont elles-mêmes décidé d'assurer.
Néanmoins, la situation de la médecine scolaire n'est pas bonne et je redis que l'expérimentation d'un transfert de compétence vers les départements est une piste à creuser, d'autant que ces villes délégataires ont prouvé qu'il était possible de faire mieux.
La commission demande le retrait de ces amendements ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Ces collectivités – on peut citer Paris, Lyon, Bordeaux, Grenoble, Nantes ou Strasbourg – ont fait le choix d'exercer cette mission depuis l'époque de la IIIe République. Elles ont des moyens et, si nous voulons consacrer davantage de ressources à la santé scolaire, mieux vaut privilégier les territoires qui font face aux plus grandes difficultés structurelles et de recrutement.
C'est pourquoi je demande le retrait de ces amendements. À défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-236 rectifié et II-452.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains. (Exclamations sur les travées des groupes SER et GEST.)
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 158 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Pour l'adoption | 115 |
Contre | 226 |
Le Sénat n'a pas adopté.
L'amendement n° II-441, présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
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|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
3 240 000 |
|
3 240 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
3 240 000 |
|
3 240 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
3 240 000 |
3 240 000 |
3 240 000 |
3 240 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
Cet amendement a déjà été défendu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-441.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-128 rectifié bis est présenté par M. Brisson, Mme Borchio Fontimp, MM. Paumier, Milon et Pointereau, Mme P. Martin, MM. Genet et Somon, Mme Imbert, M. Savin, Mmes Malet, Petrus et Ventalon, M. Saury, Mme Drexler, MM. Burgoa, Sol, Daubresse et Pellevat, Mme Aeschlimann, M. Bruyen, Mmes Belrhiti et Lopez, M. D. Laurent, Mmes Micouleau, Dumont, Muller-Bronn, V. Boyer, Gruny et Schalck et M. Gremillet.
L'amendement n° II-545 rectifié est présenté par Mme Billon, MM. Lafon, Pillefer et Menonville, Mmes Sollogoub, de La Provôté et Morin-Desailly, MM. Canévet et P. Martin, Mmes Saint-Pé et Perrot, MM. S. Demilly et Fargeot, Mme Gacquerre et M. Parigi.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
42 000 000 |
|
42 000 000 |
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Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
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Vie de l'élèvedont titre 2 |
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Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
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Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
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42 000 000 |
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42 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
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TOTAL |
42 000 000 |
42 000 000 |
42 000 000 |
42 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Max Brisson, pour présenter l'amendement n° II-128 rectifié bis.
M. Max Brisson. Cet amendement d'appel vise, madame la ministre, à vous inciter à poursuivre les travaux engagés dans le cadre de l'excellente loi de Cécile Rilhac créant la fonction de directrice ou de directeur d'école.
Les directeurs d'écoles ont obtenu une autorité fonctionnelle, mais ils n'ont pas assez d'heures de décharge pour pouvoir l'exercer. Tel est l'objet de cet amendement.
Ils doivent surtout, à mon sens, être dotés d'un statut qui soit à la hauteur des lourdes responsabilités qui sont les leurs. Nous devons donc reprendre le grand chantier du rôle des directrices et directeurs dans les écoles primaires – ils sont irremplaçables.
M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour présenter l'amendement n° II-545 rectifié.
M. Laurent Lafon. Il a été très bien défendu, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Comme Max Brisson l'a dit, il s'agit d'amendements d'appel.
Depuis la loi Rilhac, nous sommes restés au milieu du gué. Certes, il y a eu des progrès. Les directeurs et les directrices sont dotés de moyens supplémentaires et bénéficient de décharges horaires dans certaines écoles, mais pas dans toutes. Il faudrait faire mieux, mais nous manquons objectivement de moyens pour l'instant.
La commission demande le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Monsieur le sénateur, je rends à mon tour hommage à nos directeurs et directrices d'écoles pour leur engagement. Ils jouent un rôle essentiel pour le fonctionnement de nos écoles.
Vous avez mentionné la loi Rilhac, qui est une première étape. Je suis d'accord sur le fait qu'il faut poursuivre sur cette voie et j'estime que nous devons mener ce travail ensemble.
Le Gouvernement demande, dans cette attente, le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Monsieur Brisson, l'amendement n° II-128 rectifié bis est-il maintenu ?
M. Max Brisson. Je redis ce que j'ai dit au sujet de l'amendement précédent sur les contrats de mission : j'espère que l'année prochaine, les choses auront avancé et que je n'aurai pas à redéposer cet amendement.
En attendant, je le retire.
M. le président. L'amendement n° II-128 rectifié bis est retiré.
Monsieur Lafon, l'amendement n° II-545 rectifié est-il maintenu ?
M. Laurent Lafon. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-545 rectifié est retiré.
L'amendement n° II-105 rectifié, présenté par Mmes Tetuanui, Guidez, Romagny, Sollogoub, Patru et Housseau, MM. Rohfritsch et Kern, Mme Jacquemet et M. S. Demilly, est ainsi libellé :
I. – Créer le programme :
Fonds pour la création d'une UMEA en Polynésie française
II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
358 866 |
|
358 866 |
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
||||
Vie de l'élèvedont titre 2 |
||||
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
||||
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
||||
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
||||
Fonds pour la création d'une UEMA en Polynésie française (ligne nouvelle)
|
358 866 |
|
358 866 |
|
TOTAL |
358 866 |
358 866 |
358 866 |
358 866 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny.
Mme Anne-Sophie Romagny. Cet amendement vise à créer une unité d'enseignement en maternelle autisme (UEMA) en Polynésie française. À l'heure actuelle, il n'existe aucune de ces structures dans l'archipel, alors qu'elles sont déployées depuis dix ans dans l'Hexagone.
En tant que rapporteure de la loi visant à améliorer le repérage et l'accompagnement des personnes présentant des troubles du neuro-développement et à favoriser le répit des proches aidants, dite loi TND, j'accorde une importance toute particulière à cet amendement de notre collègue polynésienne Lana Tetuanui.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait : la compétence scolaire en Polynésie française dépend du pays d'outre-mer (POM) et non de l'État.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Nous devons évidemment avancer sur ce sujet, en tenant compte du rôle propre de la collectivité de Polynésie française.
Je m'engage à ce que nous travaillions ensemble sur la prise en charge des enfants présentant des TND dans l'archipel, qui doivent eux aussi bénéficier d'un bon accompagnement : demande de retrait.
M. le président. Madame Romagny, l'amendement n° II-105 rectifié est-il maintenu ?
Mme Anne-Sophie Romagny. Madame la ministre, étant donné que vous m'avez assuré que nous travaillerions prochainement sur le sujet, ce dont je vous remercie, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 105 rectifié est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-209 rectifié est présenté par MM. Gold, Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, M. Grosvalet, Mme Pantel et MM. Roux et Guiol.
L'amendement n° II-433 est présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
||||
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
||||
Vie de l'élève dont titre 2 |
27 731 755 |
27 731 755 |
||
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
||||
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
27 731 755 |
27 731 755 |
||
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
||||
TOTAL |
27 731 755 |
27 731 755 |
27 731 755 |
27 731 755 |
SOLDE |
0 |
0 |
L'amendement n° II-209 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à Mme Colombe Brossel, pour présenter l'amendement n° II-433.
Mme Colombe Brossel. Madame la ministre, le Gouvernement a fait le choix de mettre fin au fonds de soutien au développement des activités périscolaires (FSDAP) et de supprimer les crédits alloués aux communes pour organiser des activités périscolaires.
Je vous accorde que ce choix avait été annoncé. Pour autant, il va affecter les mille cinq cents communes qui ont souhaité conserver la semaine scolaire de 4,5 jours par souci de rendre aux enfants la demi-journée d'enseignement qui leur avait été subtilisée, volée, ou en tout cas annulée.
On ne peut pas se dire ambitieux pour l'éducation de nos enfants, tout en oubliant qu'une demi-journée de classe leur a été enlevée ! Ces communes ont choisi d'offrir à tous les enfants un accès aux activités culturelles et sportives.
Madame la ministre, je ne suis sénatrice que depuis un an, mais j'ai déjà eu l'occasion d'interroger trois ministres de l'éducation nationale sur ce sujet. Chacun d'entre eux m'a répondu que des concertations auraient lieu avec les associations et les élus. Or je puis vous assurer qu'il n'y a eu aucune concertation.
Aussi, tant sur le fond que sur la forme, ce fonds doit être maintenu pour accompagner les collectivités.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait : le FDSAP doit s'éteindre de sa belle mort le 1er septembre ; les communes concernées en étaient informées et n'en ont pas tenu compte.
Mme Colombe Brossel. Sans concertation !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Même avis : ce fonds, qui avait vocation à être transitoire, existe depuis maintenant dix ans. Son extinction a été annoncée il y a bien longtemps. En outre, un quart du fonds est consacré à quelques très grandes collectivités, dont on peut supposer qu'elles ont les moyens d'accompagner nos enfants.
Toutefois, je m'engage moi aussi – et je m'efforcerai de respecter cet engagement – à organiser la concertation que vous avez évoquée. Elle doit d'autant plus avoir lieu qu'il existe des situations particulières, notamment à Mayotte, pour lesquelles il faudra trouver des solutions.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-433.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains. (Protestations sur les travées des groupes SER et GEST.)
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 159 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Pour l'adoption | 115 |
Contre | 226 |
Le Sénat n'a pas adopté.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-485, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Mellouli et Jadot, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
10 500 000 |
|
10 500 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
10 500 000 |
|
10 500 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
10 500 000 |
10 500 000 |
10 500 000 |
10 500 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Alors que la pauvreté progresse en France, les crédits alloués aux fonds sociaux pour les élèves précaires ont diminué de 10,5 millions d'euros depuis 2017. Ces fonds sociaux permettent pourtant d'aider les familles à financer les transports scolaires, la cantine, les fournitures scolaires ou encore les soins.
J'insiste sur le montant raisonnable que nous proposons au travers de cet amendement, qui vise simplement à rétablir les crédits alloués aux fonds sociaux à leur niveau de 2017. Et j'espère qu'il ne fera pas l'objet d'une demande de scrutin public…
M. le président. L'amendement n° II-445, présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Colombe Brossel.
Mme Colombe Brossel. Il est défendu, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud. Je parle sous le contrôle du Gouvernement, mais il me semble que le montant consacré à ces fonds est le même que dans le PLF 2024. Par ailleurs, sauf erreur de ma part, le montant des bourses augmente de 19 millions d'euros par rapport à l'année dernière.
Vos demandes paraissent donc satisfaites ; si Mme la ministre le confirme, je demanderai le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je confirme ce que vient de dire M. le rapporteur spécial.
La question est avant tout le recours à ces fonds sociaux. Sans doute devons-nous trouver ensemble la meilleure façon d'informer les familles à ce sujet, car certaines d'entre elles pourraient en bénéficier, mais elles ne se signalent pas auprès des établissements.
Pour cette raison, je suis fière que nous ayons automatisé le versement des bourses, ce qui s'est assorti d'une augmentation des moyens, comme vient de le rappeler le rapporteur spécial.
L'enjeu est donc davantage d'adopter une démarche d'« aller vers » pour mieux informer que d'augmenter le montant des crédits disponibles.
Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-485.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 160 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 321 |
Pour l'adoption | 115 |
Contre | 206 |
Le Sénat n'a pas adopté.
Je mets aux voix l'amendement n° II-445.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-436, présenté par Mmes Monier, Brossel et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Adel Ziane.
M. Adel Ziane. Cet amendement vise à rétablir les crédits de la loi de finances 2024 destinés aux lycées professionnels situés dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) afin qu'ils proposent des modules optionnels à leurs élèves de terminale. En effet, l'enveloppe de 10 millions d'euros qui figurait dans le budget de 2024 a disparu dans le projet de loi de finances 2025.
Ce dispositif, créé par le Gouvernement l'année dernière, devait permettre aux élèves de terminale volontaires des établissements des quartiers prioritaires de la ville, avec l'appui d'intervenants extérieurs, de développer leurs compétences psychosociales et de favoriser leur insertion professionnelle. Les lycéens de ces quartiers étudient deux fois plus en filière professionnelle que les lycéens habitant les autres quartiers des zones urbaines.
Afin de favoriser la réussite des élèves, il convient de rétablir ces 10 millions d'euros de crédits pour maintenir ces modules optionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur. Demande de retrait : il me semble que la réforme de la voie professionnelle tient compte de ce dispositif. Je vous laisse, madame la ministre, nous éclairer à ce sujet.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je vous le confirme. J'avais moi-même décidé à l'occasion d'un comité interministériel de la ville de mettre en place ces modules optionnels pour les classes de terminale professionnelle situées dans des QPV.
Entre-temps, nous avons engagé la réforme de la voie professionnelle afin de renforcer l'apprentissage des savoirs fondamentaux, d'instaurer des parcours différenciés en terminale ouvrant le choix entre la poursuite d'études ou l'entrée dans la vie professionnelle, de créer un bureau des entreprises dans chaque lycée et de transformer de la carte des formations professionnelles pour l'adapter aux besoins des territoires.
En toute sincérité, je considère que cette question est traitée par la réforme de la voie professionnelle.
Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Monsieur Ziane, l'amendement n° II-436 est-il maintenu ?
M. Adel Ziane. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-436 est retiré.
L'amendement n° II-483, présenté par Mmes de Marco et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique de Marco.
Mme Monique de Marco. Cet amendement vise à répondre aux besoins de prévention du harcèlement scolaire et d'aide aux victimes par l'intervention au sein des écoles d'associations spécialisées sur le sujet.
Je vous rappelle qu'en septembre 2023 Gabriel Attal, alors ministre de l'éducation nationale, a annoncé la création de cours d'empathie afin de lutter contre le harcèlement scolaire. Depuis, des expérimentations ont été menées. Le dispositif est censé être étendu à toutes les écoles en mettant à la disposition des enseignants un kit ministériel et un podcast pour les accompagner.
Toutefois, face à l'ampleur du harcèlement scolaire, les cours de vie scolaire et l'intervention des enseignants, dont ce n'est ni le rôle ni la formation, ne sauraient suffire. Aussi, le présent amendement vise à faire intervenir des associations spécialisées au sein des établissements scolaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Demande de retrait : il me semble préférable de laisser cette mission aux seuls enseignants, même si l'intervention ponctuelle d'associations peut être bénéfique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je suis d'accord avec le rapporteur spécial. À mon sens, il appartient à l'éducation nationale de former ses personnels et de consacrer des moyens suffisants pour lutter contre ce fléau qu'est le harcèlement.
Depuis 2024, nous consacrons 30 millions d'euros par an à l'indemnisation des dix-sept mille référents harcèlement des établissements scolaires et nous finançons cent cinquante emplois à temps plein dans les académies, dont les titulaires sont assistés par quatre cents agents.
Il est de notre responsabilité d'intervenir sur ces sujets. Cela n'exclut pas l'intervention ponctuelle d'associations, mais nous avons mis le paquet pour que l'éducation nationale soit en mesure de prévenir ce fléau du harcèlement.
Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Madame de Marco, l'amendement n° II-483 est-il maintenu ?
Mme Monique de Marco. Je vous rappelle que les enseignants considèrent que ce n'est pas leur rôle de prévenir le harcèlement scolaire et qu'ils ne sont pas suffisamment formés à cette fin.
Cela étant dit, je retire cet amendement pour éviter un nouveau scrutin public…
M. le président. L'amendement n° II-483 est retiré.
Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-205 rectifié est présenté par M. Laouedj, Mme M. Carrère, MM. Bilhac, Gold, Grosvalet et Masset, Mme Pantel, M. Roux, Mme Guillotin et MM. Cabanel et Guiol.
L'amendement n° II-449 est présenté par Mmes Brossel, Monier et Blatrix Contat, MM. Kanner et Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme S. Robert, MM. Ros et Ziane, Mme Artigalas, MM. Chaillou, Pla, Redon-Sarrazy, Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
L'amendement n° II-470 est présenté par Mme Cazebonne, MM. Lévrier, Patriat, Kulimoetoke, Buis et Buval, Mme Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Iacovelli et Lemoyne, Mme Nadille, MM. Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger, M. Théophile et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.
Ces trois amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
2 000 000 |
|
2 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
2 000 000 |
|
2 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Michel Masset, pour présenter l'amendement n° II-205 rectifié.
M. Michel Masset. Cet amendement vise à affecter des ressources financières au dispositif 3018, qui consiste à proposer un numéro unique aux jeunes victimes de harcèlement et de violences numériques. Ce numéro a été activé en 2019 pour offrir un soutien immédiat aux jeunes qui sont confrontés à des violences en lignes, en particulier le harcèlement sur les réseaux sociaux et les cyberattaques.
Selon le ministère de l'éducation nationale, les signalements sur ce numéro ont augmenté de manière significative à la suite de la campagne de sensibilisation sur la prévention du cyberharcèlement qui a été lancée en 2021.
Toutefois, des associations et experts de la protection et des droits des enfants comme Child Focus, mais aussi e-Enfance, qui gère le 3018, soulignent que des moyens supplémentaires sont nécessaires pour garantir son accessibilité, améliorer la prise en charge des victimes et renforcer leur suivi psychologique.
Aussi, nous proposons de consacrer 2 millions d'euros supplémentaires à cette mission pour mieux former les conseillers et davantage sensibiliser les jeunes.
M. le président. La parole est à Mme Colombe Brossel, pour présenter l'amendement n° II-449.
Mme Colombe Brossel. Il a très bien été défendu par mon collègue, monsieur le président.
M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour présenter l'amendement n° II-470.
M. Dominique Théophile. Je le considère également comme très bien défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. J'y serais très favorable, s'il n'était pas déjà satisfait (Mme Colombe Brossel le conteste.) : demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Il est en effet satisfait : en tant que Première ministre, j'avais présenté à l'automne 2023 un plan interministériel de lutte contre le harcèlement visant notamment à créer le numéro unique 3018 et à en renforcer les moyens.
L'augmentation du financement devait se répartir entre l'éducation nationale, qui a mis sa part, et un autre ministère – que je ne citerai pas –, qui ne l'a pas fait.
À la suite de nos échanges avec l'association e-Enfance, nous avons dégagé les moyens nécessaires pour répondre à ses besoins.
Cet amendement étant donc satisfait, le Gouvernement en demande le retrait ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-205 rectifié, II-449 et II-470.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains. (Exclamations sur des travées des groupes SER et GEST.)
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 161 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Pour l'adoption | 135 |
Contre | 206 |
Le Sénat n'a pas adopté.
L'amendement n° II-79 rectifié, présenté par Mmes Ollivier et de Marco, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
3 000 000 |
|
3 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
3 000 000 |
|
3 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
3 000 000 |
3 000 000 |
3 000 000 |
3 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Thomas Dossus.
M. Thomas Dossus. Cet amendement vise à promouvoir les classes de découvertes. Il s'inspire de la proposition de loi visant à relancer l'organisation des classes de découvertes, qui a été adoptée par l'Assemblée nationale le 1er février 2024, y compris par la droite républicaine.
La circulaire du 13 juin 2023 relative à l'organisation des sorties et voyages scolaires devait redynamiser cette pratique. Malheureusement, force est de constater que de nombreux freins au départ persistent et que l'État n'est pas suffisamment présent sur cette question.
Aussi, cet amendement vise à créer un fonds de soutien aux classes de découvertes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Si je partage votre point de vue sur les bienfaits des classes de découvertes, pour qu'une politique soit opérante, il est important d'éviter toute confusion dans les rôles des uns et des autres.
En l'occurrence, les collectivités locales dotent les établissements, tandis que l'État intervient dans les territoires les plus fragiles, c'est-à-dire les cités éducatives et les territoires éducatifs ruraux. Cela me semble un bon équilibre.
Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-79 rectifié.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains. (Protestations sur les travées du groupe GEST.)
Mme Raymonde Poncet Monge. Il faut être présent en séance !
M. le président. Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 162 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Pour l'adoption | 135 |
Contre | 206 |
Le Sénat n'a pas adopté.
L'amendement n° II-471 rectifié n'est pas soutenu.
L'amendement n° II-80 rectifié, présenté par Mmes Ollivier et de Marco, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Enseignement scolaire public du premier degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Enseignement scolaire public du second degré dont titre 2 |
|
|
|
|
Vie de l'élèvedont titre 2 |
2 000 000 |
|
2 000 000 |
|
Enseignement privé du premier et du second degrés dont titre 2 |
|
|
|
|
Soutien de la politique de l'éducation nationale dont titre 2 |
|
2 000 000 |
|
2 000 000 |
Enseignement technique agricole dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Thomas Dossus.
M. Thomas Dossus. Nous achevons l'examen des crédits de cette mission avec un amendement de ma collègue Mathilde Ollivier. Ces derniers mois, nous avons assisté à une offensive militante réactionnaire, émanant parfois même de certaines travées de cet hémicycle, contre l'éducation à la sexualité. Cet amendement vise à financer une campagne de communication à ce sujet.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. Avis défavorable.
Je précise qu'il ne s'agit pas seulement d'éducation sexuelle : l'expression consacrée est « éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ». Cette discipline est du ressort des enseignants et fait déjà l'objet de trois heures de cours annuelles en collège et en lycée.
Certes, ces trois heures ne sont pas toujours assumées,…
Mme Raymonde Poncet Monge. Effectivement !
M. Olivier Paccaud, rapporteur spécial. … mais une campagne médiatique à ce sujet serait à mon sens inutile et ne ferait qu'agiter beaucoup de fantasmes, du côté des réactionnaires comme des progressistes – chacun se classera comme il le souhaite !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État. Je peux vous assurer que nous ferons appliquer ce programme. Comme je l'ai évoqué précédemment, nous avons mobilisé le Conseil supérieur des programmes pour l'élaborer et il a fait l'objet de nombreuses concertations.
Nous aurons rapidement l'occasion de discuter à nouveau de ce programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle avant que son contenu soit publié.
Nous allons évidemment former les professeurs, qui seront nos meilleurs relais. Grâce à eux, chaque élève bénéficiera de cet enseignement. Il ne s'agit pas d'un enjeu de communication ; il s'agit d'un enjeu de formation des enseignants, puis de déploiement de ce programme très attendu.
Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis serait défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier, pour explication de vote.
Mme Marie-Pierre Monier. Nous traversons une période de régression inquiétante sur le sujet de l'éducation à la vie sexuelle et affective. Les associations concernées, à l'instar des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), déplorent les difficultés grandissantes qu'ils rencontrent pour mener des actions de prévention dans les collèges et les lycées.
Les établissements se montrent de plus en plus réticents à accueillir de telles actions, anticipant les réactions négatives de parents d'élèves qui pour certains sont membres de collectifs réactionnaires tels que l'association Parents vigilants.
Sur ces travées, certains remettent en question la pertinence d'un programme d'éducation à la vie sexuelle et affective. Pour autant, un programme va être établi et c'est tant mieux.
Toutefois, je rappelle que Max Brisson, Annick Billon et moi-même avons publié en 2022 un rapport d'information intitulé Bilan des mesures éducatives du quinquennat, dont la proposition n° 21 était la suivante : « Lutter contre les stéréotypes de genre associés à certains enseignements ». Mais peut-être Max Brisson juge-t-il désormais cette recommandation trop wokiste…
Quoi qu'il en soit, les séances d'éducation à la vie sexuelle et affective sont une obligation légale et offrent de précieux outils pour dévoiler les stéréotypes sexistes, guider les élèves dans l'apprentissage de leur corps et prévenir les violences sexistes et sexuelles.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-80 rectifié.
J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
M le président. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
J'invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.
(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)
M. le président. Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 163 :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 324 |
Pour l'adoption | 98 |
Contre | 226 |
Le Sénat n'a pas adopté.
Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Enseignement scolaire », figurant à l'état B.
Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.
Je mets aux voix ces crédits, modifiés.
(Les crédits sont adoptés.)
M. le président. Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des crédits de la mission « Enseignement scolaire ».
Nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-deux heures vingt-cinq, est reprise à vingt-deux heures trente.)
M. le président. La séance est reprise.
Économie (suite)
Compte de concours financiers : Prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés (suite)
M. le président. Le Sénat reprend, au sein de la seconde partie du projet de loi de finances, l'examen des crédits de la mission « Économie » et du compte de concours financiers « Prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés ».
économie (suite)
M. le président. Nous reprenons l'examen des crédits de la mission « Économie », figurant à l'état B.
ÉTAT B (suite)
(En euros) |
||
Mission / Programme |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
Économie |
3 650 489 740 |
3 884 818 906 |
Développement des entreprises et régulations |
2 427 573 916 |
2 457 738 414 |
dont titre 2 |
414 056 802 |
414 056 802 |
Plan « France Très haut débit » |
47 684 965 |
247 829 602 |
Statistiques et études économiques |
472 449 316 |
473 331 347 |
dont titre 2 |
401 700 930 |
401 700 930 |
Stratégies économiques |
702 781 543 |
705 919 543 |
dont titre 2 |
149 262 543 |
149 262 543 |
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
0 |
0 |
M. le président. L'amendement n° II-2187, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
|
|
|
|
Plan France Très haut débit |
|
21 604 144 |
|
21 604 144 |
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
5 014 210 |
|
5 014 210 |
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
|
26 618 354 |
|
26 618 354 |
SOLDE |
-26 618 354 |
-26 618 354 |
La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée de l'intelligence artificielle et du numérique. Le présent amendement tend à procéder à des mesures de redressement afin d'atteindre la cible de déficit public de 5,4 % de PIB en 2025 fixée par le Premier ministre et de garantir la soutenabilité de la trajectoire des finances publiques. C'est une mesure de responsabilité.
En décembre, en votant les deux amendements identiques nos II-820 et II-913 rectifié bis, le Sénat a adopté de premières mesures de redressement sur la mission « Économie » ; le présent amendement tend à les compléter.
Il vous est donc proposé de procéder à des annulations de crédits complémentaires : une annulation, en autorisations d'engagement et en crédits de paiement, de 21,6 millions d'euros sur le programme 343 « Plan France Très haut débit » et de 5 millions d'euros sur le programme 305 « Stratégies économiques ».
Il en résulte un total d'annulations de 26,6 millions d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement sur le périmètre de la mission.
En revanche, le programme 134 « Développement des entreprises et régulations » demeure inchangé et n'enregistre pas d'annulation supplémentaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale de la commission des finances. Cet amendement ayant été déposé quelques heures seulement avant le début de la séance, la commission n'a pas pu se réunir pour l'examiner : elle s'en remettra donc à la sagesse du Sénat.
Madame la ministre, on ne peut néanmoins que regretter la méthode utilisée par le Gouvernement, qui nous apparaît comme assez irrespectueuse du travail parlementaire, d'autant que les explications que vous avez avancées pour justifier cet amendement sont pour le moins succinctes.
Par ailleurs, les économies prévues à cet amendement sont en partie imputées sur le plan France Très Haut Débit qui, je le rappelle, a déjà fait l'objet de coupes budgétaires massives dans le texte initial, elles-mêmes succédant à d'autres coupes opérées au cours de l'année 2024.
Enfin, madame la ministre, et je sais que vous en êtes consciente, comment le Gouvernement peut-il respecter ses engagements d'un déploiement de la fibre sur tout le territoire à l'horizon 2025, tout en multipliant les coups de rabot sur ce programme ?
Mes chers collègues, je profite de l'occasion pour ouvrir une parenthèse et recenser l'ensemble des annulations de crédits auxquelles il a été procédé depuis ce matin, sur plusieurs missions, après l'adoption de différents amendements – je m'adresse en particulier à notre collègue Max Brisson, qui y est sensible – : outre les 26 millions d'euros d'annulations de crédits sur la présente mission « Économie », citons les 52 millions d'euros annulés sur la mission « Enseignement scolaire », les 130 millions d'euros annulés sur la mission « Culture », les 80 millions d'euros annulés sur mission « Audiovisuel public », les 123 millions d'euros annulés, en dernière minute, sur la mission « Sport, jeunesse et vie associative », les 283 millions d'euros annulés sur la mission « Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales », tandis que, je viens tout juste de l'apprendre, l'aide à la rénovation des logements pourrait être amputée de 700 millions d'euros de crédits !
Au regard des discussions qui se sont tenues ces derniers jours à Bercy, je trouve ces mesures, sinon sacrément irresponsables, à tout le moins quelque peu cavalières.
Tout à l'heure, s'adressant à l'une de vos collègues, madame la ministre, notre collègue Max Brisson se demandait si le Gouvernement n'allait pas finir par avoir un torticolis à force de tourner la tête vers la gauche ; moi, je m'inquiète plutôt du potentiel torticolis qu'il pourrait attraper, mais à force de regarder vers sa droite !
Je le répète, ces annonces et décisions ne correspondent pas du tout à ce qui a été évoqué ces dernières heures au cours des discussions que nous avons eues à Bercy.
M. Max Brisson. La censure est passée !
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. Je veux vous alerter, mes chers collègues : à l'heure actuelle, les annulations de crédits se montent à 1,4 milliard d'euros. Le Gouvernement y procède à la dernière minute, sans annonce préalable et sans concertation.
M. le président. La parole est à M. Jean-Jacques Michau, pour explication de vote.
M. Jean-Jacques Michau. Je souscris, sur la forme et sur le fond, aux propos de Mme la rapporteure spéciale.
Madame la ministre, réduire les crédits du plan France Très Haut Débit n'est pas envisageable ! Ce faisant, vous enverriez un mauvais signal au monde rural, aux personnes qui habitent loin de tout, aux territoires en quête d'attractivité.
S'agissant du programme 305 « Stratégies économiques », où s'exerceront les annulations de crédits ? Sur la compensation versée à la Banque de France pour ses missions exercées pour le compte de l'État, notamment la lutte contre le surendettement ? Sur les crédits de la direction générale du Trésor ? Sur ceux de l'Agence des participations de l'État ? Sur ceux de l'économie sociale et solidaire ?
Je vous rappelle que, avant la suspension de nos travaux à la suite du vote de la motion de censure, le Sénat avait adopté une série d'amendements identiques, dont un déposé par le Gouvernement, visant à rehausser de 10 millions d'euros les crédits en faveur de l'économie sociale, solidaire et responsable.
J'attends donc quelques précisions de votre part, madame la ministre.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Madame la ministre, je ne voudrais pas être hors sujet, mais, puisque nous reprenons l'examen des crédits de la mission « Économie » et que vous êtes, à Bercy, rattachée au ministre de l'économie, des finances – je dirais plutôt du redressement des finances – et de la souveraineté industrielle et numérique – je parlerais plutôt de l'attractivité industrielle de notre pays –, je ne peux m'empêcher de vous interroger sur le point suivant.
M. Lombard, a déclaré, hier matin, devant une journaliste, que, dorénavant, la priorité des entreprises françaises devait être la transition écologique et qu'il fallait par conséquent qu'elles acceptent de faire moins de bénéfices, d'être moins rentables.
Quand on sait que, en France, comme dans les autres pays d'ailleurs, il n'y a pas le moindre centime d'argent public qui ne vienne pas – je caricature à peine – des entreprises…
Mme Raymonde Poncet Monge. Et des salariés !
M. Olivier Rietmann. … via les charges sociales, salariales, les impôts, dont l'impôt sur les sociétés, les investissements, penser que l'on va pouvoir redresser les finances du pays tout en réduisant leur rentabilité me paraît être une tâche bien difficile. (Exclamations sur les travées du groupe GEST.)
Mme Antoinette Guhl. Il y a de la marge !
M. Olivier Rietmann. Et puis, alors que vous voulez faire de notre pays un centre d'attractivité industrielle, allez expliquer aux investisseurs, allez expliquer aux créateurs et aux repreneurs d'entreprise, allez expliquer aux industriels du monde entier qu'en France l'objectif des entreprises n'est pas la rentabilité ! Comment, dès lors, comptez-vous faire pour assurer les bases mêmes de notre économie ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je tiens à rappeler mon attachement au plan France Très Haut Débit, en dépit des mesures d'économies que nous vous proposons d'adopter. J'ai déjà eu l'occasion d'avoir des échanges avec certains d'entre vous à ce sujet.
Le déploiement du numérique repose sur des infrastructures et nous devons certes soutenir celui-ci avec dynamisme, mais également avec responsabilité. C'est ce qui rend les discussions complexes.
Ce plan France THD reste doté de 247 millions d'euros en crédits de paiement. Il n'est donc aucunement question de revoir à la baisse notre engagement à déployer ces infrastructures numériques.
Je veux dire un mot sur les commentaires qui viennent d'être faits. Le Gouvernement continuera de soutenir l'innovation et les entreprises. Il nous faut simplement trouver un chemin pour tenir l'objectif de 5,4 % de déficit qu'a fixé le Premier ministre.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-2187.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-398 n'est pas soutenu.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-617 est présenté par Mme Guhl, MM. Dossus et G. Blanc, Mme Senée, MM. Benarroche et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique, Gontard, Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Souyris et M. Vogel.
L'amendement n° II-1117 est présenté par MM. Gay et Lahellec, Mme Margaté et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
30 000 000 |
|
30 000 000 |
|
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
30 000 000 |
|
30 000 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
30 000 000 |
30 000 000 |
30 000 000 |
30 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour présenter l'amendement n° II-617.
Mme Antoinette Guhl. Cet amendement vise à restaurer le fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac) et à le doter de 30 millions d'euros pour répondre aux difficultés des petits commerces et des artisans dans les territoires les plus fragiles.
En ces temps particulièrement difficiles pour le tissu des très petites entreprises, il est essentiel de les accompagner dans leur modernisation. Cela passe notamment par le soutien à la transition numérique des commerces et au développement d'outils innovants pour les artisans.
Les dispositifs tels que Action cœur de ville ou Petite Ville de demain restent trop restreints. Ils concernent un nombre trop limité de communes et ne répondent pas spécifiquement aux besoins du commerce et de l'artisanat.
L'année dernière, dans notre grande sagesse, nous avions voté, de manière transpartisane, un amendement identique à celui-ci. Cette année encore, envoyons un signal fort pour celles et ceux qui font vivre nos centres-villes et construisent du lien social.
M. le président. La parole est à Mme Marianne Margaté, pour présenter l'amendement n° II-1117.
Mme Marianne Margaté. Il est défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. La commission, dont je suis, à cette place, la porte-parole, est réservée quant à un possible rétablissement du Fisac. C'est néanmoins un comble pour moi, puisque je défends, depuis 2011, sa préservation !
À cet égard, mes chères collègues, je vous remercie, à titre personnel, d'avoir déposé ces amendements que je considère comme très utiles. Nous savons à quel point ils répondent à une demande dans nos territoires. Je referme la parenthèse.
Toujours est-il que la commission des finances n'a pas souhaité, à ce jour, donner une suite favorable à cette demande et sollicite donc le retrait de ces amendements. Mais le combat doit évidemment se poursuivre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Le Fisac a été mis en extinction par la loi de finances pour 2019. Je tiens cependant à rappeler que nous avons créé, à destination des entreprises et des collectivités, d'autres dispositifs plus ciblés qui visent à maintenir la vitalité économique de nos territoires, essentielle pour eux. Ces dispositifs sont essentiellement mis en œuvre par les régions.
En voici quelques exemples : le soutien, depuis 2020, à l'ingénierie via les programmes de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) ; le programme de transformation des zones commerciales, lancé en novembre 2023 ; le programme de reconquête du commerce rural, qui rencontre un succès marqué – 371 demandes validées et 10 millions d'euros de subventions accordés.
Depuis l'ouverture de ces différents dispositifs, près de six cent cinquante demandes ont été déposées partout en France, concernant plus de trois cent quatre-vingts communes.
Depuis l'entrée en vigueur de la loi NOTRe, en 2015, les régions ont également la possibilité d'accorder des aides directes à l'acquisition, la modernisation et l'accessibilité des locaux commerciaux, via deux outils : le fonds de restructuration des locaux d'activité, géré par l'ANCT, qui a été abondé de 85 millions d'euros depuis 2021, permettant de financer environ sept cents locaux sur sa première phase ; le programme de reconquête du commerce rural, lancé en 2023 et doté de 21 millions d'euros.
Pour toutes ces raisons, et parce que ces dispositifs nous paraissent plus ciblés et plus efficaces, le Gouvernement est défavorable au rétablissement du Fisac.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-617 et II-1117.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-116 rectifié bis, présenté par Mmes Guhl et Artigalas, MM. Fargeot, Gay et Gillé, Mme Margaté, MM. Michau, Redon-Sarrazy, Dossus et G. Blanc, Mme Senée, MM. Benarroche et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique, Gontard, Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
+ |
- |
+ |
- |
|
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
|
20 000 000 |
|
20 000 000 |
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
20 000 000 |
|
20 000 000 |
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
20 000 000 |
20 000 000 |
20 000 000 |
20 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Antoinette Guhl.
Mme Antoinette Guhl. Cet amendement revêt un caractère un peu particulier à mes yeux.
En effet, ce n'est pas la première fois qu'un amendement tendant à créer un fonds de reprise ou un fonds de conversion d'une entreprise est soumis au vote de notre assemblée.
Cependant, c'est la première fois que la situation dans laquelle se trouve un fleuron industriel de notre pays illustre à ce point la pertinence d'un tel amendement : je pense à Duralex, mais je pourrais également citer Bergère de France et tant d'autres. D'ailleurs, vous ne vous y êtes pas trompés, mes chers collègues, tant vous êtes nombreuses et nombreux à avoir cosigné cet amendement et à avoir indiqué votre intention de le voter.
Quel est son objet ? Il tend à créer un fonds dédié de 20 millions d'euros pour la reprise d'entreprise par les salariés sous forme de société coopérative participative (Scop) ou de société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), comme cela a été le cas pour Duralex. Un tel fonds permettrait de lever les freins liés au coût du transfert de propriété et de limiter les risques pris par les salariés.
En France, il existe de nombreuses entreprises coopératives qui fonctionnent très bien. Je pense à UpCoop, anciennement Chèque Déjeuner, dont nous avons parlé voici peu dans cet hémicycle ; je pense également à Duralex, que tout le monde connaît et qui illustre pleinement l'intérêt de ce mécanisme.
Malgré les refus initiaux, notamment de Bpifrance, l'engagement collectif territorial a démontré que la transition vers des modèles coopératifs était une voie pertinente pour répondre aux enjeux. Il s'agit maintenant de disposer d'un fonds de reprise national destiné à faciliter la reprise ou le maintien de l'activité de ces entreprises pour les transformer en coopératives.
M. le président. L'amendement n° II-880, présenté par Mme Blatrix Contat, MM. Michau, Mérillou, Montaugé, Gillé et Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Pla, Stanzione et Tissot, Mmes Linkenheld et Daniel, MM. Darras, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
+ |
- |
+ |
- |
|
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
|
5 000 000 |
|
5 000 000 |
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
5 000 000 |
|
5 000 000 |
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.
Mme Florence Blatrix Contat. Le présent amendement vise, comme le précédent, à faciliter la reprise d'entreprise par les salariés par la création d'un fonds dédié doté de 5 millions d'euros.
Je ne reviendrai pas sur les propos qu'a tenus ma collègue pour souligner le caractère essentiel de ce type de reprise. L'obstacle principal, à ce jour, reste le financement. Ce fonds vise à lever les barrières en permettant de garantir les prêts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. La commission demande malheureusement le retrait de ces deux amendements. Elle estime qu'il n'est pas judicieux que l'État supporte le financement d'un fonds de reprise par les salariés des entreprises en difficulté dans un contexte budgétaire aussi contraint qu'il ne l'est actuellement.
Par ailleurs, je rappelle que des dispositifs fiscaux visant à inciter à la reprise d'entreprise par les salariés existent déjà. Citons le crédit d'impôt sur les intérêts des emprunts contractés pour le rachat de l'entreprise ou encore l'abattement fiscal sur les droits d'enregistrement lors d'une reprise par les salariés.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. C'est une demande de retrait ou, à défaut, un avis défavorable pour les raisons qui viennent d'être invoquées.
Le Gouvernement est particulièrement investi sur cette question du partage de la valeur et sur les dispositifs de reprise d'entreprise par leurs salariés. Il en existe déjà un certain nombre qui offrent un cadre fiscal et social avantageux, notamment pour la transformation de la société reprise en Scop – exemple cité à l'instant – ou bien la mobilisation de l'épargne salariale à travers les fonds communs de placement d'entreprise (FCPE).
J'indique également que ma collègue Véronique Louwagie mènera en mars prochain une mission sur l'économie sociale et solidaire (ESS) devant conduire à l'organisation d'une conférence des financeurs. L'objectif est de dresser un état des lieux pour améliorer son financement, public, mais, surtout, privé, en mettant davantage à contribution les banques publiques, dont Bpifrance et la Banque des territoires, mais aussi les acteurs conventionnels, assureurs et fonds solidaires.
Par ailleurs, la Cour des comptes mène actuellement une mission d'évaluation de la politique de soutien de l'État à l'ESS qui pourrait déboucher sur des propositions pour favoriser la reprise d'entreprise par leurs salariés.
Nous pensons que ces dispositifs permettent de traiter un certain nombre des problématiques que vous avez soulevées. Avant d'en envisager d'autres, attendons les résultats de ces travaux.
M. le président. La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour explication de vote.
Mme Antoinette Guhl. L'avantage fiscal qui vient d'être évoqué ne permet pas aux salariés de reprendre une entreprise. Les salariés de Duralex, qui n'étaient pas très grassement payés, devaient d'abord trouver 10 millions d'euros pour pouvoir racheter leur entreprise. Financer la participation est un préalable avant de pouvoir bénéficier éventuellement d'un avantage fiscal sur les quelques milliers d'euros que chacun aurait, individuellement, mobilisés pour cette opération.
Madame la ministre, vous évoquez également l'action de Bpifrance. Celle-ci proposait de prêter aux salariés de Duralex 600 000 euros – je rappelle que leur besoin était de 10 millions d'euros… –, tandis qu'elle proposait 6 millions à un fonds d'investissement candidat au rachat de l'entreprise, alors même que ce fonds prévoyait la mise en place d'un plan social ! Voilà bien le problème avec Bpifrance : elle n'est pas apte à traiter les dossiers concernant des coopératives. C'est bien pourquoi la création d'un tel fonds spécifique est nécessaire.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-116 rectifié bis.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-880.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les cinq premiers sont identiques.
L'amendement n° II-308 est présenté par M. Redon-Sarrazy, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° II-574 rectifié est présenté par M. Chaize, Mmes Jacques, Belrhiti et Demas, M. Bouchet, Mme Gruny et MM. Bruyen, Pellevat, Brisson et Savin.
L'amendement n° II-844 rectifié quater est présenté par MM. Piednoir et J.B. Blanc, Mme Sollogoub, MM. Levi, Karoutchi, L. Vogel et Saury, Mme Berthet, MM. Cadec, Michallet et Chevalier, Mme Perrot, M. de Nicolaÿ, Mme Romagny et MM. Wattebled et Gremillet.
L'amendement n° II-1033 est présenté par M. G Blanc.
L'amendement n° II-1601 est présenté par M. Cozic et Mme Espagnac, au nom de la commission des finances.
Ces cinq amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
+ |
- |
+ |
- |
|
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
9 000 000 |
|
9 000 000 |
|
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
9 000 000 |
|
9 000 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
9 000 000 |
9 000 000 |
9 000 000 |
9 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Jean-Jacques Michau, pour présenter l'amendement n° II-308, au nom de la commission des affaires économiques.
M. Jean-Jacques Michau, au nom de la commission des affaires économiques. Cet amendement, présenté par notre collègue Christian Redon-Sarrazy au nom de la commission des affaires économiques, vise à restaurer la part de l'État dans le financement des pôles de compétitivité à hauteur de 9 millions d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement.
Cela correspond au montant qui avait été prévu annuellement pour la cinquième phase du programme 2023-2026.
La part de l'État représente en moyenne un tiers du budget des pôles de compétitivité et sa suppression brutale pourrait condamner un bon nombre d'entre eux, alors même que, en maillant l'ensemble de nos territoires, ils permettent à nos entreprises, y compris les plus petites, d'être embarquées dans l'innovation, et ce dans une logique de territoires d'excellence.
Plusieurs d'entre nous ont été alertés sur ce sujet, non seulement par les acteurs économiques ou par les régions, lesquelles n'auront pas les moyens de prendre le relais, mais aussi par le monde académique, qui s'inquiète des impacts sur les infrastructures de recherche.
M. le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour présenter l'amendement n° II-574 rectifié.
Mme Micheline Jacques. Il est défendu.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour présenter l'amendement n° II-844 rectifié quater.
Mme Anne-Sophie Romagny. Il est également défendu.
M. le président. L'amendement n° II-1033 n'est pas soutenu.
La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l'amendement n° II-1601.
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial de la commission des finances. La commission des finances a, elle aussi, bien identifié cette question. D'ailleurs, nous nous félicitons que des collègues siégeant sur l'ensemble des travées de notre assemblée aient pris l'initiative de déposer des amendements visant à rétablir ces crédits.
Je tiens à le souligner, il est complètement incompréhensible que l'État se désengage aujourd'hui de cette politique publique, alors même que le Gouvernement affirme vouloir engager le pays dans la voie de la réindustrialisation. Cette logique de rabot appliquée à une politique pourtant vecteur de croissance ne nous semble pas acceptable.
J'invite donc l'ensemble de nos collègues à voter ces amendements.
M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-110 rectifié bis est présenté par Mme L. Darcos, MM. Chevalier, Wattebled, Brault et Chasseing, Mme Bourcier, M. Laménie, Mme Lermytte et M. Capus.
L'amendement n° II-1021 est présenté par MM. Buval, Buis et Patriat, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Iacovelli, Kulimoetoke, Lemoyne et Lévrier, Mme Nadille, MM. Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger et M. Théophile.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
9 000 000 |
|
9 000 000 |
|
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
9 000 000 |
|
9 000 000 |
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
9 000 000 |
9 000 000 |
9 000 000 |
9 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Marc Laménie, pour présenter l'amendement n° II-110 rectifié bis.
M. Marc Laménie. Cet amendement, dont notre collègue Laure Darcos est la première signataire, porte sur les pôles de compétitivité, dont la création remonte à 2005 et qui jouent un rôle fondamental pour le développement économique et l'innovation.
Ils sont entrés dans leur cinquième phase d'action pour la période 2023-2026, avec le soutien de l'État et des régions.
Cet amendement vise à maintenir le financement de l'État pour un montant de 9 millions d'euros par abondement des crédits du programme 134 « Développement des entreprises et régulations » et réduction à due concurrence des crédits du programme 305 « Stratégies économiques ».
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour présenter l'amendement n° II-1021.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Il est défendu !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques nos II-110 rectifié bis et II-1021 ?
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. Comme cela a été dit, les pôles de compétitivité représentent un enjeu majeur de souveraineté industrielle dans chacun de nos territoires. Aussi, madame la ministre, j'espère que vous nous suivrez en émettant un avis favorable sur ces amendements identiques visant à restaurer la part étatique de leur financement.
S'agissant des amendements nos II-110 rectifié bis et II-1021, la commission en demande le retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je veux dire que nous nous inscrivons totalement dans cette logique de territoires d'excellence et que j'ai été, moi aussi, personnellement alertée sur cette question, à laquelle je suis très sensible.
Nous entendons non pas remettre en cause les pôles d'excellence, mais simplement poursuivre dans la transition de ce modèle. Les crédits de l'État, qui sont fixés à 9 millions d'euros par an en autorisations d'engagement et en crédits de paiement, sur la totalité de la cinquième phase d'action pour la période 2023-2026, représentent seulement entre 10 % et 25 % du budget total de chaque pôle. Environ un tiers du financement public est apporté aujourd'hui apporté par les régions.
Nous sommes cependant bien conscients des économies qui sont demandées : ces 9 millions d'euros représentent, pour chacun des cinquante-six pôles, environ 160 000 euros.
Cependant, depuis 2019, l'État ne finance plus directement les pôles de compétitivité, à l'exception du ministère des armées, qui conserve une relation avec certains d'entre eux sur son budget propre. L'intégralité de ces financements transite désormais par les régions, et nous nous engageons à soutenir les pôles.
Pour autant, l'avis est défavorable sur l'ensemble de ces amendements.
M. le président. La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour explication de vote.
Mme Antoinette Guhl. Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires votera ces amendements identiques afin de soutenir les pôles de compétitivité. Nous soutenons également les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), qui sont leur pendant en économie sociale et solidaire, et qui sont sous-financés.
Nous aurons l'occasion d'en reparler avec Mme la ministre.
M. le président. La parole est à M. Emmanuel Capus, pour explication de vote.
M. Emmanuel Capus. La réponse du Gouvernement n'est pas du tout satisfaisante : comment peut-il prétendre qu'il va maintenir son engagement en faveur des pôles de compétitivité tout en supprimant la ligne budgétaire correspondante ?
De surcroît, l'État s'est conventionnellement engagé sur la totalité de la cinquième phase d'action pour la période 2023-2026 ! Donc, comment peut-il vouloir se retirer ? La réponse de Mme la ministre est, de fait, quelque peu incohérente : soit l'État s'engage, soit il ne s'engage pas !
Ces 9 millions d'euros, qui sont une goutte d'eau pour l'État, sont extrêmement importants pour les pôles de compétitivité.
Pour plus de simplicité, je rectifie l'amendement de notre collègue Laure Darcos pour le rendre identique aux amendements nos II-308, II-574 rectifié, II-844 rectifié quater et II-1601, qui ont le même objet.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. J'en fais de même avec l'amendement n° II-1021, monsieur le président !
M. le président. Il s'agit donc des amendements nos II-110 rectifié ter et II-1021 bis, dont le libellé est identique aux amendements nos II-308, II-574 rectifié, II-844 rectifié quater et II-1601.
La parole est à M. Jean-François Rapin, pour explication de vote.
M. Jean-François Rapin. Madame la ministre, tout comme M. Capus, je n'ai vraiment pas compris le sens de votre propos. Vous affirmez que le Gouvernement soutient les pôles de compétitivité, tout en émettant un avis défavorable sur cette série d'amendements. Ça veut dire quoi ? Que vous avez négocié avec les régions, qui compenseront ce désengagement financier de l'État ? Ou bien que l'État considère que les pôles de compétitivité ne servent à rien ?
Ce discours-là, il nous faut le tenir tous les ans. Tous les ans, il faut se battre pour maintenir les pôles de compétitivité, qui participent pourtant de l'excellence de nos territoires. Je peux citer celui qui est implanté à Boulogne-sur-Mer, qui œuvre dans le secteur de la pêche.
Franchement, il faut que le Gouvernement clarifie sa position beaucoup plus que vous ne l'avez fait ; je ne vous en fais pas le reproche, mais il faut être clair pour la suite.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Les discussions sur ce dispositif se poursuivront. Nous voulons trouver des compromis pour nous assurer que ces programmes perdurent, en procédant par exemple à des réallocations. Le contexte budgétaire nous contraint à réfléchir à de nouveaux modèles.
M. le président. La parole est à Mme la rapporteure spéciale.
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. Madame la ministre, la ligne budgétaire est supprimée : dire que les discussions se poursuivront n'a donc pas de sens !
L'État a pris des engagements sur chacun de nos territoires. Dans leur situation, les régions ne pourront combler ce désengagement – la Nouvelle-Aquitaine cherchait encore 150 millions d'euros il y a quinze jours ! –, car elles doivent déjà respecter leurs propres obligations.
Des conventions ont été signées. Désormais, l'État doit tenir sa parole. Il n'y a qu'une dizaine de pôles de compétitivité en France : ce n'est pas énorme.
Il est nécessaire que l'État soutienne chacun de ces pôles. C'est une question de souveraineté industrielle.
Mme Anne-Sophie Romagny. Absolument !
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. À l'heure où l'on parle de réarmer la France, il est incompréhensible que l'État se désengage, même dans la situation actuelle.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-308, II-574 rectifié, II-844 rectifié quater, II-1601, II-110 rectifié ter et II-1021 rectifié.
(Les amendements sont adoptés à l'unanimité.) (Applaudissements.)
Mme Anne-Sophie Romagny. Bravo !
M. le président. Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-370 est présenté par Mme Espagnac.
L'amendement n° II-681 rectifié ter est présenté par M. Cabanel, Mmes Jouve et Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et M. Gold.
L'amendement n° II-924 rectifié quater est présenté par M. Lemoyne, Mme V. Boyer, MM. Buis et Fouassin, Mme Phinera-Horth, M. Levi, Mmes Cazebonne, Havet, Devésa, Saint-Pé, Ramia, Sollogoub et Romagny et MM. Buval et Longeot.
Ces trois amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
4 000 000 |
|
4 000 000 |
|
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
4 000 000 |
|
4 000 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
4 000 000 |
4 000 000 |
4 000 000 |
4 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Frédérique Espagnac.
Mme Frédérique Espagnac. Cet amendement concerne le financement de l'Agence française de normalisation (Afnor).
Les normes volontaires constituent un outil indispensable pour permettre aux entreprises d'être performantes en France et sur la scène internationale et de se développer. Véritables passeports pour mieux vendre hors des frontières nationales, elles permettent de devenir référent sur un marché et de positionner des produits ou des services comme des références à l'international. Elles constituent un repère important pour les consommateurs qui trouvent dans la normalisation un gage de confiance lorsqu'il s'agit de concrétiser un achat. Elles sont également un moyen d'assurer à la France sa souveraineté et de participer efficacement à son rayonnement.
Or le financement public de 4 millions d'euros alloué à l'Afnor dans le projet de loi de finances représente une réduction de 30 % de la subvention qui lui a été accordée pour 2024. Certes, nous sommes parfaitement conscients des efforts que les opérateurs économiques doivent réaliser dans le contexte actuel des finances publiques, mais cette réduction induit d'importants ajustements et adaptations pour les activités de l'Agence en 2025.
Cet amendement vise donc à demander une hausse du programme 134 afin de marquer l'attachement du Parlement à maintenir un financement public à l'Afnor. Afin d'assurer la recevabilité financière du présent amendement, soutenu par les pouvoirs publics, il est proposé de majorer, en concertation avec l'État, en autorisations d'engagement et en crédits de paiement, de 4 millions euros les crédits de l'action n° 23 du programme 134 et de minorer à due concurrence les crédits de l'action n° 01 du programme 220.
M. le président. L'amendement n° II-681 rectifié ter n'est pas soutenu.
La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour présenter l'amendement n° II-924 rectifié quater.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Je me réjouis de voir que l'objectif que nous défendons ici est partagé sur différentes travées. En effet, l'amendement que je présente a été cosigné par des sénateurs du groupe Les Républicains, comme Valérie Boyer, et du groupe Union Centriste, comme Jean-François Longeot ou Anne-Sophie Romagny.
Madame la ministre, dans le monde actuel caractérisé par une hyper-compétition, celui qui fait la norme fait le marché. Le rapport Draghi incite d'ailleurs la France et l'Europe à mettre les bouchées doubles sur la normalisation, la compétitivité et l'innovation. Or l'Afnor est précisément le réacteur nucléaire de la stratégie française en matière de normalisation.
Certes, la position de notre pays reste honorable. Nous détenons un certain nombre de secrétariats dans les instances de normalisation internationale. Mais nous sommes talonnés par des nations qui montent en puissance, comme la Chine ou d'autres pays européens, et nous serons dépassés d'ici peu si nous ne redressons pas la barre en matière de crédits.
Dans notre rapport d'information sur l'intelligence économique en France, Marie-Noëlle Lienemann et moi-même concluions précisément qu'il était nécessaire de maintenir les crédits alloués à l'Afnor dans le cadre de la stratégie de normalisation. C'est un élément crucial.
Il est bien dommage d'en arriver à débattre de 4 millions d'euros, alors que les enjeux dépassent cette somme minime à l'échelle du budget de l'État. J'espère que ce plaidoyer convaincra les sénateurs de tous les groupes de voter en faveur de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. La commission demande le retrait de ces amendements.
Je partage votre constat sur l'importance de la normalisation pour la compétitivité et la souveraineté de notre économie. À cet égard, l'Afnor joue un rôle majeur.
Néanmoins, dans un rapport de décembre dernier, la Cour des comptes a souligné la situation financière satisfaisante de l'Afnor, qui a systématiquement dégagé un résultat positif entre 2017 et 2023. Cela ne doit évidemment pas nous dispenser de mener une réflexion sur le modèle de financement de l'Agence. Mais comme l'a également montré le rapport de la Cour, cela ne passera pas nécessairement par une augmentation des subventions de l'État. Surtout, la commission estime que ce sujet ne peut pas être traité de manière satisfaisante par un amendement au PLF visant à simplement abonder les crédits de l'Afnor.
En tout état de cause, bien que la commission comprenne l'intention de ces amendements, il ne lui semble pas prioritaire, dans le contexte budgétaire actuel, d'abonder de 4 millions d'euros l'enveloppe allouée à l'Afnor.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Nous sommes très attachés à la normalisation et à l'élaboration des normes techniques volontaires. C'est une activité d'intérêt général essentielle pour notre nation et la compétitivité de nos entreprises.
Cependant, comme cela a été dit, la situation financière de l'Afnor est saine. Ses ressources sont même en croissance grâce à la qualité de sa gestion et de ses prestations, en raison notamment du résultat de ses filiales commerciales. Cela devrait lui permettre de contribuer à l'effort imposé à l'ensemble des opérateurs.
Dans cette démarche d'efforts partagés entre l'administration et ses partenaires, le Gouvernement propose dans le PLF d'annuler la subvention de 6 millions d'euros.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. La parole est à M. Michel Masset, pour explication de vote.
M. Michel Masset. Mme la ministre a évoqué les résultats de l'Afnor. Cependant, pour continuer à jouer un rôle dans la cour des grands en la matière, face à la Chine et aux États-Unis, il est primordial que nous continuions à soutenir son développement. Sans cela, nous nous laisserons distancer dans la bataille normative.
Cela ne signifie pas que nous devons augmenter les normes, mais la normalisation est essentielle sur le marché international. Maintenir notre rang implique de sauvegarder le soutien public à l'Afnor. C'est précisément l'objet de ces deux amendements.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Madame la ministre, comme l'a dit Michel Masset, il ne faut pas confondre la norme et la normalisation. La norme alourdit, empêche d'avancer et met des boulets aux pieds de nos entreprises. La normalisation volontaire, au contraire, en fait des entreprises de pointe, capables de concurrencer, sur le marché international, des firmes américaines, chinoises et d'ailleurs encore, qui subissent en outre, pour leur part, moins de normes que les nôtres.
Je le dis franchement : je voterai ces amendements. Le soutien à l'Afnor est d'ailleurs l'une des recommandations d'un rapport que j'ai commis il y a deux ans au nom de la délégation sénatoriale aux entreprises sur la sobriété normative.
Mme Frédérique Espagnac. Tout à fait !
M. Olivier Rietmann. Allégeons la norme et affûtons nos entreprises pour les préparer à une compétitivité accrue.
J'encourage l'ensemble de mes collègues à voter ces amendements.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-370 et II-924 rectifié quater.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. L'amendement n° II-1038, présenté par MM. Gay et Lahellec, Mme Margaté et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
3 200 000 |
|
3 200 000 |
|
Plan France Très haut débit |
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|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
3 200 000 |
|
3 200 000 |
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
3 200 000 |
3 200 000 |
3 200 000 |
3 200 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marianne Margaté.
Mme Marianne Margaté. Par cet amendement d'appel, nous souhaitons rappeler notre attachement à l'Institut national de la consommation (INC) et au magazine 60 millions de consommateurs, qui est produit par des journalistes professionnels, en étroite collaboration avec les ingénieurs, juristes, économistes et documentalistes de l'INC – et cela en toute indépendance.
Pourtant, entre 2012 et 2020, le montant des subventions à l'INC est passé de 6,3 millions d'euros à 2,7 millions d'euros. Et aujourd'hui, l'État, arguant de difficultés financières, veut trouver un repreneur à ce magazine, au risque de mettre à mal son indépendance.
Or, comme le soulignent de nombreuses associations de défense des consommateurs, ce titre adossé à l'INC est le seul titre de presse dont la neutralité est totale vis-à-vis des acteurs économiques.
Cette décision est d'autant plus incompréhensible qu'en 2024, comme le rappelle l'Union nationale des associations familiales (Unaf), le ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique avait entrepris un plan de transformation, doté de 3,2 millions d'euros en 2025, pour appuyer la transformation numérique du site internet du magazine et la production de supports permettant de générer de nouvelles recettes.
Pour préserver l'indépendance de ce magazine, nous proposons un abondement financier de l'État à hauteur de 3,2 millions d'euros.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. La commission partage vos préoccupations sur le devenir de l'INC et sur sa situation financière. Néanmoins, s'agissant d'un amendement d'appel et dans le contexte budgétaire actuel, nous demandons le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Le précédent gouvernement avait prévu un plan de rebond de 10 millions d'euros sur quatre ans, dont 3,2 millions en 2025, pour l'INC et le magazine 60 millions de consommateurs.
Cependant, divers plans d'économies et de relance commerciale ont déjà été engagés pour aider le titre. Malgré les efforts des salariés, la situation reste complexe. Il nous semble que c'est la nature même d'établissement public de l'INC qui s'avère trop contraignante pour son activité comme pour celle du magazine. Je pense notamment aux obligations de respecter les règles de commande publique avant d'entreprendre des tests produits.
Dans ces conditions, le budget dédié au plan de rebond sera réorienté pour assurer l'équilibre financier de l'INC et de son magazine en 2025 et chercher un repreneur pour ce dernier dans les meilleures conditions.
Cette recherche doit permettre, d'une part, d'offrir un nouveau départ et une nouvelle opportunité à ce formidable outil d'aide à la consommation au cœur du quotidien des Français et, d'autre part, dans le contexte de déficit que connaît notre pays, de garantir aux Français une économie nécessaire.
Demande de retrait, à défaut, avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1038.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de six amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les quatre premiers sont identiques.
L'amendement n° II-313 est présenté par Mme Noël, au nom de la commission des affaires économiques.
L'amendement n° II-455 rectifié est présenté par Mme Espagnac.
L'amendement n° II-700 rectifié ter est présenté par M. Lemoyne, Mme V. Boyer, MM. Buis et Fouassin, Mme Phinera-Horth, M. Levi, Mmes Cazebonne, Havet, Devésa, Jouve et Saint-Pé, M. Chasseing, Mmes Ramia, Sollogoub et Romagny et MM. Wattebled, Buval et Longeot.
L'amendement n° II-1088 rectifié bis est présenté par Mme Billon, MM. Delcros et J.M. Arnaud, Mme Perrot, M. Duffourg, Mmes Vermeillet, O. Richard et de La Provôté et MM. Perrion, Parigi et Capus.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
1 300 000 |
|
1 300 000 |
|
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
1 300 000 |
|
1 300 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
|
|
|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
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|
|
TOTAL |
1 300 000 |
1 300 000 |
1 300 000 |
1 300 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Olivier Rietmann, pour présenter l'amendement n° II-313, au nom de la commission des affaires économiques.
M. Olivier Rietmann, au nom de la commission des affaires économiques. Il est défendu.
M. le président. La parole est à Mme Frédérique Espagnac, pour présenter l'amendement n° II-455 rectifié.
Mme Frédérique Espagnac. Cet amendement a pour objet de sauver le label « Entreprise du patrimoine vivant » (EPV).
La sous-budgétisation de la ligne consacrée dans ce projet de loi de finances à la gestion du label EPV est une catastrophe pour l'avenir de ces entreprises, qui sont des entreprises locales et non délocalisables, dont les savoir-faire font la richesse de notre pays. Elles sont labellisées pour cinq ans et représentent 60 000 emplois et 14 milliards de chiffre d'affaires, dont plus de la moitié à l'export.
Il convient de sauver les mille trente-quatre entreprises actives qui détiennent aujourd'hui ce label et les trois mille six cents qui l'ont obtenu précédemment.
Cet amendement vise à préserver ce dispositif. Nous proposons d'augmenter la ligne budgétaire de 1,3 million d'euros pour la porter à 1,5 million d'euros, comme c'était le cas en 2024, en autorisations d'engagement et en crédits de paiement par un prélèvement de 1,3 million sur le programme « Statistiques et études économiques ».
J'espère que le Gouvernement sera favorable à cet amendement. Ces entreprises, pépites de nos territoires, souvent familiales et historiques, génèrent un chiffre d'affaires, je le redis, de 14 milliards d'euros.
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour présenter l'amendement n° II-700 rectifié ter.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Je me réjouis que cet amendement, une nouvelle fois, ait été signé par des sénateurs du groupe Les Républicains, mais également du groupe Union Centriste, comme Jean-François Longeot ou Anne-Sophie Romagny.
Il vise à rétablir les crédits consacrés au label « Entreprise du patrimoine vivant » à un niveau décent, celui de 2024.
Le Gouvernement multiplie les louanges pour les entreprises du patrimoine vivant. Il les a inscrites dans sa stratégie nationale pour les métiers d'art présentée en 2023 et prévoit de doubler le nombre d'entreprises labellisées, qui devrait atteindre deux mille cinq cents.
Nous connaissons celles qui existent dans nos territoires. Ce sont de véritables pépites ! Je pense à la Compagnie Dumas à Tonnerre, à la moutarderie Fallot à Dijon ou encore à l'atelier de makhila Ainciart Bergara à Larressore, bien connu de sénateurs ici présents !
M. Max Brisson. Très bien !
Mme Frédérique Espagnac. Et le linge Moutet dans le Pays basque !
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Le Gouvernement ne peut pas dire que les EPV sont une priorité, qu'elles font partie de la stratégie nationale pour les métiers d'art et que leur nombre doit doubler, tout en prévoyant de leur allouer, dans le budget de l'État – tenez-vous bien ! – 200 000 euros…
Le moindre conseil départemental est en mesure d'aligner une telle somme. L'État français se doit d'accorder 1,5 million d'euros à ces entreprises, d'autant plus qu'il s'agit du montant indicatif annuel prévu par le marché passé par la direction générale des entreprises (DGE) de Bercy.
Nous demandons donc à l'État de se montrer au rendez-vous de ses promesses pour soutenir les entreprises du patrimoine vivant.
M. le président. La parole est à M. Emmanuel Capus, pour présenter l'amendement n° II-1088 rectifié bis.
M. Emmanuel Capus. Comme cela a été fort bien dit, il s'agit de préserver les entreprises du patrimoine vivant.
Premièrement, ces entreprises assurent la défense de notre patrimoine. Ce sont des fleurons dans des domaines d'excellence.
Deuxièmement, comme pour les pôles de compétitivité, l'État s'est engagé par un accord-cadre sur plusieurs années. Les entreprises ont besoin de visibilité et de sécurité financière et juridique. L'État ne peut pas leur allouer 200 000 euros, alors qu'il s'était engagé sur 1,5 million d'euros. Il doit tenir sa parole sur le long terme pour assurer la survie des entreprises de notre patrimoine vivant.
M. le président. L'amendement n° II-491 rectifié ter, présenté par M. Lemoyne, Mme V. Boyer, MM. Buis et Fouassin, Mme Phinera-Horth, M. Levi, Mmes Cazebonne, Havet, Devésa, Jouve, Saint-Pé, Ramia, Sollogoub et Romagny et MM. Wattebled, Buval et Longeot, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
800 000 |
|
800 000 |
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Plan France Très haut débit |
|
|
|
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Statistiques et études économiques dont titre 2 |
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800 000 |
|
800 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
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|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
|
|
TOTAL |
800 000 |
800 000 |
800 000 |
800 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. L'esprit de cet amendement est le même que le précédent ; seul le montant diffère.
M. le président. L'amendement n° II-1089 rectifié, présenté par Mme Billon, MM. Delcros et J.M. Arnaud, Mme Perrot, M. Duffourg, Mmes Vermeillet, O. Richard, de La Provôté et Saint-Pé et MM. Perrion, Levi, Parigi et Capus, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
800 000 |
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800 000 |
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Plan France Très haut débit |
|
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Statistiques et études économiques dont titre 2 |
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800 000 |
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800 000 |
Stratégies économiques dont titre 2 |
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Financement des opérations patrimoniales en 2024 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
|
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TOTAL |
800 000 |
800 000 |
800 000 |
800 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Emmanuel Capus.
M. Emmanuel Capus. Il s'agit d'un amendement de repli ; seul le montant est modifié.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur ces six amendements.
Il semble qu'il y ait un risque de contentieux pour l'État si le marché public relatif à la labellisation des entreprises du patrimoine vivant venait à être rompu.
Mme Anne-Sophie Romagny. Bien sûr !
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. Madame la ministre, qu'en est-il de ce risque ? Quels montants devront être engagés le cas échéant ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Le risque que vous soulevez est en cours d'analyse par la direction des affaires juridiques (DAJ).
Il en est ici de même que pour les pôles de compétitivité : il ne s'agit pas de clore la discussion. Nous espérons trouver d'autres compromis, en réfléchissant à un redéploiement pendant le dialogue de gestion.
Je comprends bien sûr votre volonté d'assurer la gestion du label EPV, en augmentant le budget prévu de 1,3 million d'euros afin d'accompagner la montée en puissance de ce label d'État en faveur des très petites entreprises (TPE) et des petites et moyennes entreprises (PME) du patrimoine vivant et de l'artisanat. Il s'agit d'un effort en moyenne de 1 950 euros par entreprise. Nous étudions différentes pistes pour pouvoir trouver les meilleurs compromis.
M. le président. La parole est à Mme Frédérique Espagnac, pour explication de vote.
Mme Frédérique Espagnac. J'encourage mes collègues à voter ces amendements. Un marché public a été passé. Le rompre aura des conséquences et un coût pour l'État : autant que l'État investisse et tienne sa parole, plutôt que de payer pour ne pas avoir respecté son engagement. Cela serait absurde !
Je le redis : il s'agit là des pépites de nos territoires, les fleurons de nos savoir-faire que nous avons exposés pendant les jeux Olympiques. Ce sont des entreprises non délocalisables, familiales, industrielles pour certaines, qui font notre fierté.
Mes chers collègues, je sais que, sur toutes les travées, nous nous retrouvons tous dans ce combat.
Je le rappelle : ces entreprises représentent 60 000 emplois et 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est la moindre des choses que de se tenir à leurs côtés !
M. Emmanuel Capus. Excellent !
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.
M. Marc Laménie. J'irai dans le sens des auteurs de ces amendements. Dans nos territoires, nous avons tous plusieurs entreprises de ce type.
Dans les Ardennes, il y a par exemple une fonderie d'art. Et dans le village d'Écordal, qui compte 220 habitants, est installée la seule fabrique française de colorants naturels à destination notamment des monuments historiques en restauration. Certes, cette fabrique ne représente que quelques emplois, mais c'est une valeur hautement symbolique.
Ce label, qui existe depuis 2005, mérite beaucoup de respect et de reconnaissance.
Je soutiens donc ces amendements, car nous sommes attachés aux valeurs de nos terroirs, au patrimoine et à l'artisanat que représentent ces entreprises.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. J'ai une remarque à la fois sur le fond et sur la forme.
À de nombreux amendements, madame la ministre, vous répondez que le Gouvernement réfléchit, regarde, analyse... Pardonnez-moi, mais nous sommes ici dans le monde sérieux, le monde concret. Nous parlons de la vie, parfois de la survie, et de la continuité de nos entreprises, notamment de petites entreprises, qui ont un savoir-faire particulier.
Madame la ministre, depuis le début de l'année 2024, mille deux cents emplois sont supprimés chaque semaine dans les entreprises de moins de dix salariés.
Mme Anne-Sophie Romagny. Chaque semaine !
Mme Frédérique Espagnac. Absolument !
M. Olivier Rietmann. Mais il semble que cela ne vous intéresse pas. Votre seule réponse, c'est que le Gouvernement va mener un « dialogue »…
Dans le monde économique, on prend une décision après avoir analysé les choses ! Mais selon votre méthode, on supprime des lignes budgétaires et on regarde ensuite ce qui se passe !
Mme Anne-Sophie Romagny. Exactement !
Mme Frédérique Espagnac. Tout à fait d'accord !
M. Olivier Rietmann. Vous mettez en péril des emplois, des entreprises. J'encourage chacun à voter ces amendements. (M. Emmanuel Capus et Mme Frédérique Espagnac applaudissent.)
Mme Anne-Sophie Romagny. Bravo !
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour explication de vote.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Le sujet du marché public a été évoqué, mais n'oublions pas non plus le Réseau Excellence, animé par les chefs des entreprises labellisées qui maillent le territoire.
Au-delà du marché qui permet l'attribution et le renouvellement du label, il est important que les crédits du programme 134 consacrés aux EPV soutiennent le Réseau Excellence. Les chefs d'entreprise qui l'animent font preuve de dynamisme. Je tiens à le dire afin que la gestion et l'exécution de ces crédits en tiennent compte dès lors que notre assemblée aura adopté, je l'espère, ces amendements.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Nous avons conscience de la situation qui a été évoquée, mais il faut aussi se rappeler le contexte budgétaire du pays. (Mmes Anne-Sophie Romagny et Frédérique Espagnac soupirent.) Vous n'êtes pas sans savoir que cela nous appelle à la responsabilité. Aussi, nous devons éviter d'introduire toute ligne budgétaire supplémentaire. Cherchons toujours les meilleurs équilibres !
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-313, II-455 rectifié, II-700 rectifié ter et II-1088 rectifié bis.
(Les amendements sont adoptés à l'unanimité.)
M. le président. En conséquence, les amendements nos II-491 rectifié ter et II-1089 rectifié n'ont plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-623 rectifié est présenté par M. Chaize, Mmes Jacques, Belrhiti et Demas, M. Bouchet, Mme Gruny et MM. Pellevat, Brisson et Savin.
L'amendement n° II-1019 est présenté par MM. Buval, Buis et Patriat, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Iacovelli, Kulimoetoke, Lemoyne et Lévrier, Mme Nadille, MM. Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger et M. Théophile.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
1 000 000 |
1 000 000 |
||
Plan France Très haut débit |
||||
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
||||
Stratégies économiques dont titre 2 |
1 000 000 |
1 000 000 |
||
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
||||
TOTAL |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Micheline Jacques, pour présenter l'amendement n° II-623 rectifié.
Mme Micheline Jacques. Conformément à la recommandation du rapport Soutenir l'investissement dans les start-ups, PME innovantes et PME de croissance du député Paul Midy, le présent amendement vise à augmenter les crédits du programme 134 d'1 million d'euros, plus particulièrement les moyens alloués au programme French Tech Tremplin.
Lancé en 2019 à l'initiative de la mission French Tech, ce programme permet à des personnes éloignées de l'entrepreneuriat de créer leur start-up grâce à l'accompagnement d'associations comme Diversidays ou Les Déterminés. Au total, près de cinq cents personnes ont été accompagnées lors de la première phase du programme.
L'objectif de cet amendement d'appel est de mettre en avant cette initiative et de soutenir son développement.
Il ne s'agit pas de pénaliser le programme 305, mais uniquement de respecter les conditions de recevabilité financière. Il conviendra que le Gouvernement lève le gage en cas d'adoption de l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour présenter l'amendement n° II-1019.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Il est défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Frédérique Espagnac, rapporteure spéciale. La commission demande le retrait de ces amendements d'appel.
L'accès à l'entrepreneuriat pour les personnes éloignées de l'emploi est un sujet important. Cependant, dans le contexte budgétaire contraint, la commission estime qu'il n'est pas prioritaire d'abonder les crédits de la mission pour financer ce type de mesure. J'en suis désolée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je veux d'abord saluer le travail du sénateur Patrick Chaize, que je sais très attaché à ces questions.
Il ne vous aura pas échappé que j'ai moi-même dirigé la mission French Tech pendant trois ans. Je connais très bien ce dispositif et les moyens qui lui sont alloués. Je peux témoigner de notre engagement à poursuivre l'accompagnement les entrepreneurs issus de quartiers défavorisés. Ce programme a ainsi soutenu plus de deux mille d'entre eux depuis sa création. Il reste un outil d'insertion économique pour ces populations trop souvent éloignées de la tech.
Cependant, je sais aussi que ce programme n'a pas besoin de plus de financements. Il fonctionne très bien actuellement et continue à accompagner chaque année de nouveaux entrepreneurs. Ses moyens sont suffisants pour leur garantir un soutien de qualité.
M. le président. Madame Jacques, l'amendement n° II-623 rectifié est-il maintenu ?
Mme Micheline Jacques. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-623 rectifié est retiré.
Monsieur Lemoyne, l'amendement n° II-1019 est-il est maintenu ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-1019 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-619 rectifié est présenté par M. Chaize, Mmes Jacques, Belrhiti et Demas, M. Bouchet, Mme Gruny et MM. Pellevat, Brisson et Savin.
L'amendement n° II-1018 est présenté par MM. Buval, Buis et Patriat, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Iacovelli, Kulimoetoke, Lemoyne et Lévrier, Mme Nadille, MM. Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger et M. Théophile.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
1 000 000 |
1 000 000 |
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Plan France Très haut débit |
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Statistiques et études économiques dont titre 2 |
||||
Stratégies économiques dont titre 2 |
1 000 000 |
1 000 000 |
||
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
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TOTAL |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Micheline Jacques, pour présenter l'amendement n° II-619 rectifié.
Mme Micheline Jacques. Conformément à la recommandation du rapport que j'ai déjà cité tout à l'heure, le présent amendement vise à augmenter les crédits du programme 134 et plus particulièrement les moyens alloués aux bourses French Tech à destination des femmes.
Alors qu'une seule start-up du Next 40 est dirigée par une femme, il convient de renforcer drastiquement la féminisation du secteur de l'innovation en France. Cet amendement vise à soutenir un programme d'accompagnement financier pour former dix mille jeunes filles aux métiers de la tech, lancé par le Gouvernement en 2023.
Il ne s'agit pas de pénaliser le programme 305, mais uniquement de respecter les conditions de recevabilité financière. Il conviendra que le Gouvernement lève le gage en cas d'adoption de l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour présenter l'amendement n° II-1018.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Il est défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. Nous partageons votre constat sur l'importance d'encourager la féminisation du secteur de l'innovation en France. Toutefois, dans le contexte budgétaire actuel, des choix doivent être faits. Il ne nous semble pas opportun de multiplier les amendements, même si les sujets peuvent être importants.
Par ailleurs, d'autres dispositifs existent pour valoriser la place des femmes dans le monde de l'entrepreneuriat. Je pense notamment à la Garantie Égalité Femmes, qui permet de faciliter l'accès aux crédits bancaires des femmes porteuses d'un projet de création, de reprise ou de développement d'entreprise.
Je demande donc le retrait de ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je remercie le sénateur Chaize pour cet amendement. Je connais extrêmement bien ce sujet. La féminisation de la tech est un combat que je porte personnellement depuis un grand nombre d'années et je m'y suis investie au travers du programme French Tech.
Un grand nombre de dispositifs existent dans ce domaine, même si les chiffres n'évoluent pas assez vite – sur ce point, je vous rejoins. J'ai ainsi eu l'occasion de travailler sur le programme « Tech pour toutes », qui est aujourd'hui suffisamment financé pour produire les résultats nécessaires.
Nous devons continuons à travailler collectivement pour approfondir ce sujet fondamental, mais nous n'avons pas besoin d'un financement supplémentaire.
Je demande donc le retrait de ces amendements.
M. le président. Madame Jacques, l'amendement n° II-619 rectifié est-il maintenu ?
Mme Micheline Jacques. Non, monsieur le président, je le retire.
M. le président. Monsieur Lemoyne, l'amendement n° II-1018 est-il maintenu ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Je le retire également, monsieur le président.
M. le président. Les amendements identiques nos II-619 rectifié et II-1018 sont retirés.
Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-877 rectifié, présenté par MM. Michau et Montaugé, Mme Blatrix Contat, MM. Mérillou, Gillé et Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Pla, Stanzione et Tissot, Mmes Linkenheld et Daniel, MM. Darras, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
I. – Créer le programme :
Politique d'accompagnement et de développement des monnaies locales
II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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|
+ |
- |
+ |
- |
Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
|
600 000 |
|
600 000 |
Plan France Très haut débit |
|
|
|
|
Statistiques et études économiques dont titre 2 |
|
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|
|
Stratégies économiques dont titre 2 |
|
|
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|
Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
|
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|
Politique d'accompagnement et de développement des monnaies locales |
600 000 |
|
600 000 |
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TOTAL |
600 000 |
600 000 |
600 000 |
600 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Jean-Jacques Michau.
M. Jean-Jacques Michau. Cet amendement vise à soutenir le développement des monnaies locales complémentaires (MLC), en rehaussant l'enveloppe de la mission de 600 000 euros.
Les MLC jouent un rôle fondamental, en permettant de financer les circuits courts et le commerce de proximité et de développer l'économie des territoires dans un cadre écologique. Elles permettent aussi d'accélérer la transition numérique des TPE, PME et commerces locaux grâce au déploiement de nouveaux moyens de paiement numériques accessibles à tous.
Dans son avis sur le bilan de la loi de 2014, le Conseil supérieur de l'économie sociale et solidaire (CSESS) recommande que l'État impulse un financement de l'ordre de 2,2 millions d'euros par an pour soutenir le changement d'échelle des monnaies locales. Compte tenu du contexte budgétaire actuel, nous demandons qu'y soient consacrés seulement 600 000 euros pour 2025.
Des études universitaires ont confirmé les impacts positifs des monnaies locales. En effet, en incitant les professionnels à favoriser les commerces locaux, un paiement en monnaie locale génère entre 25 % et 55 % de revenus supplémentaires pour le territoire par rapport à un paiement en euros. Après avoir adhéré à leur monnaie locale, les professionnels voient leur chiffre d'affaires augmenter en moyenne de 9 % à 12 % via la création d'un réseau de fidélisation de la clientèle.
M. le président. L'amendement n° II-881, présenté par Mme Blatrix Contat, MM. Michau, Mérillou, Montaugé, Gillé et Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Pla, Stanzione et Tissot, Mmes Linkenheld et Daniel, MM. Darras, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
I. – Créer le programme :
Fonds de sécurisation des monnaies locales
II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
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+ |
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Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
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300 000 |
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300 000 |
Plan France Très haut débit |
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Statistiques et études économiques dont titre 2 |
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Stratégies économiques dont titre 2 |
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Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
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Fonds de sécurisation des monnaies locales |
300 000 |
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300 000 |
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TOTAL |
300 000 |
300 000 |
300 000 |
300 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.
Mme Florence Blatrix Contat. Mon collègue ayant très bien défendu les monnaies locales, je ne répéterai pas son argumentation.
Cet amendement ainsi que le suivant sont de repli. Ils visent à financer la numérisation des monnaies locales, un enjeu essentiel pour leur développement. Pour l'eusko, par exemple, au Pays basque, la digitalisation a été un véritable accélérateur : une application mobile a permis de multiplier par dix le volume des échanges.
Le présent amendement tend à aider, à hauteur de 300 000 euros, notamment les associations investies dans ce secteur à franchir un cap, recruter, maintenir des emplois, moderniser, sécuriser et communiquer.
M. le président. L'amendement n° II-878, présenté par Mme Blatrix Contat, MM. Michau, Gillé, Montaugé, Mérillou et Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Pla, Stanzione et Tissot, Mmes Linkenheld et Daniel, MM. Darras, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
I. – Créer le programme :
Accélérer la transition numérique des TPE et PME locales grâce aux monnaies locales
II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
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+ |
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Développement des entreprises et régulations dont titre 2 |
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100 000 |
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100 000 |
Plan France Très haut débit |
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Statistiques et études économiques dont titre 2 |
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Stratégies économiques dont titre 2 |
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Financement des opérations patrimoniales en 2025 sur le compte d'affectation spéciale « Participations financières de l'État » |
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Accélérer la transition numérique des TPE et PME locales grâce aux monnaies locales |
100 000 |
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100 000 |
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TOTAL |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
100 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.
Mme Florence Blatrix Contat. Cet amendement, qui a le même objet que le précédent, vise à prévoir un montant d'aide plus modique, à hauteur de 100 000 euros, qui constituerait tout de même un véritable levier pour la numérisation des monnaies locales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. Je comprends votre intention, mes chers collègues, mais vos amendements tendent à créer un nouveau programme doté de 0,1 à 0,6 million d'euros pour soutenir le développement des monnaies locales, sujet relié à celui de l'économie sociale et solidaire.
Je tiens à vous rappeler qu'en décembre dernier, lors de l'examen de la présente mission, nous avons déjà adopté un amendement visant à augmenter de 10 millions d'euros les crédits de l'ESS.
Je demande donc le retrait de ces trois amendements d'appel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. La création de MLC est déjà encadrée par la loi du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire. Il ne nous paraît pas pertinent de développer davantage ces monnaies, afin d'éviter les signaux de fragmentation de la seule monnaie officielle, qui demeure l'euro.
Avis défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour explication de vote.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. Je tiens à dire qu'il y a des MLC qui fonctionnent. Il s'agit pour l'ESS d'un bel outil qu'il convient de soutenir, car il est inspirant pour d'autres territoires. Ainsi, à La Réunion, département ultramarin abîmé par la vie chère et les économies de monopole, une monnaie locale permettrait de répondre à ces problématiques et nous travaillons pour faire aboutir un tel outil.
Doter davantage ce dispositif, c'est offrir à d'autres territoires la possibilité de s'y inscrire. Le groupe CRCE–K soutient donc ces amendements, car il est important d'encourager les collectivités à s'engager en ce sens.
Ce vote favorable est, pour moi, un vote pour La Réunion et contre les économies de monopole.
M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour explication de vote.
M. Max Brisson. J'ai trouvé votre réponse bien sèche, madame la ministre, et elle sera très mal reçue dans les territoires où de nombreux acteurs développent ces monnaies et militent au service de l'économie locale. Votre avis m'est resté en travers de la gorge, je tenais à vous le dire.
Pour ma part, je voterai ces amendements.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Mon intention n'était pas de vous offenser, monsieur le sénateur. Je ne changerai pas d'avis sur cette question, mais je vous remercie de m'avoir fait part de votre ressenti.
M. le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat, pour explication de vote.
Mme Florence Blatrix Contat. Il est vrai que les crédits de l'ESS ont été augmentés de 10 millions d'euros, mais après que soit intervenue une baisse drastique que cette enveloppe ne compense pas.
Par ailleurs, je m'inscris en faux contre l'idée de fragmentation : les monnaies locales sont complémentaires et constituent véritablement un outil de développement local.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-877 rectifié.
(L'amendement est adopté.) (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)
M. le président. En conséquence, les amendements nos II-881 et II-878 n'ont plus d'objet.
Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Économie », figurant à l'état B.
Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.
Je mets aux voix ces crédits, modifiés.
(Les crédits sont adoptés.)
M. le président. J'appelle en discussion l'amendement tendant à insérer un article additionnel qui est rattaché pour son examen aux crédits de la mission « Économie ».
Après l'article 64
M. le président. L'amendement n° II-874, présenté par Mme Blatrix Contat, MM. Michau, Mérillou, Montaugé, Gillé et Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Pla, Stanzione et Tissot, Mmes Linkenheld et Daniel, M. Darras, Mme Le Houerou, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Chaque année, en annexe au projet de loi de finances, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur la politique de l'économie sociale et solidaire. Celui-ci présente et rassemble l'ensemble des moyens dédiés à la politique de l'économie sociale, solidaire et responsable de l'État et des collectivités territoriales.
La parole est à Mme Florence Blatrix Contat.
Mme Florence Blatrix Contat. Cet amendement, qui a déjà été évoqué, vise à créer un « orange budgétaire » consacré à l'économie sociale et solidaire, afin que soient regroupés dans un document unique l'ensemble des crédits publics alloués à cette politique.
Actuellement, ces crédits sont éparpillés entre plusieurs programmes, ce qui rend leur suivi complexe et limite l'évaluation de leur impact. Or l'ESS représente tout de même 2,6 millions d'emplois et 14 % de l'emploi privé.
L'objectif de cet orange budgétaire est double : garantir une transparence accrue sur les financements et renforcer leur efficacité grâce à un suivi précis et une évaluation rigoureuse.
Mme la ministre a annoncé la tenue d'une conférence des financeurs. Un rapport de la Cour des comptes sera également publié sur le sujet. Par ailleurs, Maxime Baduel, délégué ministériel à l'économie sociale et solidaire, avait indiqué travailler sur l'adoption d'un orange budgétaire. Il est temps de passer aux actes et d'adopter cet amendement, qui ne coûte rien.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. Vous proposez, madame la sénatrice, de créer un orange budgétaire consacré à l'ESS. Par habitude, vous le savez, la commission des finances est plutôt réservée sur la multiplication des documents de politique transversale. Les informations contenues dans les projets annuels de performance constituent déjà une base de travail intéressante.
Pour ces raisons, je demande le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je suis contente de m'en remettre à la sagesse du Sénat sur cet amendement. (Exclamation amusée de M. le rapporteur spécial.)
La rédaction d'un nouveau document budgétaire destiné à l'ESS nous paraît pertinente au regard du volume financier que le secteur représente aujourd'hui et parce que nous ne sommes pas en mesure de calculer le soutien budgétaire réel de l'État et des collectivités qui lui est apporté.
Seule l'action 04 du programme 305 porte le nom d'économie sociale et solidaire, laissant croire que l'État ne soutient l'ESS qu'à hauteur de 20 millions d'euros. En 2023, un rapport remis au Parlement a permis de montrer l'ampleur de l'engagement de l'État, avec un soutien budgétaire de plus de 10 milliards d'euros.
L'ESS intervient dans de nombreux domaines, parmi lesquels l'inclusion sociale, l'insertion professionnelle, la petite enfance ou encore le handicap. Plus de cent cinq programmes concourent à ce soutien dans le budget de l'État.
En revanche, nous n'avons pas encore la visibilité nécessaire sur les moyens alloués par les collectivités territoriales, alors même que nous savons qu'elles sont très engagées en faveur de l'ESS.
Nous nous en remettons à la sagesse du Sénat sur cet amendement, car nous voulons aller plus loin pour être en mesure d'informer aussi bien le Parlement que les acteurs du secteur.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. Au vu des explications que vient de donner Mme la ministre, la commission accepte de faire évoluer son avis vers une demande de retrait… avec sagesse. (Sourires.)
M. Jean-Baptiste Lemoyne. On fait comme on a dit...
M. Thierry Cozic, rapporteur spécial. J'aurais aimé entendre le même avis du Gouvernement sur les pôles de compétitivité...
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-874.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
compte de concours financiers : prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés
M. le président. Nous allons procéder au vote des crédits du compte de concours financiers « Prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés », figurant à l'état D.
ÉTAT D
(En euros) |
||
Mission / Programme |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
Prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés |
25 050 000 |
250 550 000 |
Prêts et avances pour le logement des agents de l'État |
50 000 |
50 000 |
Prêts pour le développement économique et social |
25 000 000 |
25 000 000 |
Soutien à la filière nickel en Nouvelle-Calédonie |
0 |
0 |
Prêts octroyés dans le cadre des programmes des investissements d'avenir |
0 |
0 |
Prêts à la société concessionnaire de la liaison express entre Paris et l'aéroport Paris-Charles de Gaulle |
0 |
225 500 000 |
Avances remboursables et prêts bonifiés aux entreprises touchées par la crise de la covid-19 ou par le conflit en Ukraine |
0 |
0 |
M. le président. Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.
Je mets aux voix ces crédits.
(Les crédits sont adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des crédits de la mission « Économie » et du compte de concours financiers « Prêts et avances à des particuliers ou à des organismes privés ».
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures quarante-cinq, est reprise à vingt-trois heures cinquante.)
M. le président. La séance est reprise.
Travail, emploi et administration des ministères sociaux (suite)
M. le président. Nous reprenons, au sein de la seconde partie du projet de loi de finances, l'examen des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », figurant à l'état B.
ÉTAT B (suite)
(En euros) |
||
Mission / Programme |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
Travail, emploi et administration des ministères sociaux |
21 479 929 506 |
21 632 987 399 |
Accès et retour à l'emploi |
7 773 609 038 |
7 208 705 543 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
11 721 830 930 |
12 318 671 994 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
44 232 043 |
83 580 596 |
Soutien des ministères sociaux |
1 940 257 495 |
2 022 029 266 |
dont titre 2 |
1 072 069 934 |
1 072 069 934 |
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée du travail et de l'emploi. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous sommes dans une situation inédite, puisque l'examen de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », qui avait débuté le mardi 3 décembre, a été interrompu le même jour à vingt heures, alors même que des amendements de crédits entraînant des mouvements massifs avaient été adoptés.
Je me permets donc de prendre la parole quelques minutes pour expliciter la position du Gouvernement.
Depuis le 3 décembre dernier, le contexte politique, économique et budgétaire a changé. La position du nouveau gouvernement a donc évolué en conséquence.
Ces nouveaux équilibres conduisent le Gouvernement à proposer des économies supplémentaires sur le budget du travail et de l'emploi. Ces économies sont nécessaires.
Le texte initial du projet de loi de finances pour 2025 prévoyait 2,6 milliards d'euros d'économies en autorisations d'engagement sur le périmètre du ministère du travail et de l'emploi. Cet effort a ensuite été rehaussé de 675 millions d'euros par un amendement du Gouvernement adopté par le Sénat le 3 décembre 2024, portant le total des économies à 3,3 milliards d'euros.
Le Gouvernement propose que la contribution du ministère du travail au nouvel effort que j'ai évoqué s'établisse à 800 millions d'euros supplémentaires en autorisations d'engagement et crédits de paiement.
Mais il n'aura échappé à personne que le Sénat a déjà adopté des mesures d'économies sur cette mission, le plus souvent avec un avis défavorable du Gouvernement, parfois non en raison du principe de ces économies, mais plutôt de leurs paramètres ou de leur intensité.
Le Gouvernement avait déposé un amendement pour présenter les nouvelles économies envisagées. Elles concernaient à la fois les opérateurs de la mission, au titre des économies transversales dont le principe a déjà été présenté, et le ministère.
Ces nouvelles économies reposaient sur plusieurs séries de mesures : une réduction de l'enveloppe financière du plan d'investissement dans les compétences (PIC) en 2025 ; la mise à contribution des contrats aidés et de plusieurs dispositifs d'insertion et d'accès à l'emploi ; des mesures visant à ajuster les niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage (NPEC) et à sécuriser le financement de ce secteur ; des mesures complémentaires de rationalisation en matière d'achats de l'État et de meilleure adéquation de l'offre de formation aux besoins.
Le Gouvernement ne souhaite pas fixer l'effort complémentaire du ministère au-delà de ces 800 millions d'euros, qui s'ajoutent aux 675 millions d'euros déjà adoptés.
Ainsi, pour l'aide à l'embauche des apprentis, le Gouvernement souhaite s'en tenir aux économies présentées dans le texte initial du PLF pour 2025, d'un montant de 1,2 milliard d'euros, et dont il a annoncé les paramètres, très attendus, le 30 décembre dernier.
Le rendement d'une nouvelle campagne de baisse des NPEC sera probablement moins élevé que celui des campagnes passées, en raison de la baisse du taux de marge des centres de formation d'apprentis (CFA) sur la période récente. En particulier, une baisse des NPEC ciblée sur les niveaux 6 et 7 ne rapportera pas 620 millions d'euros, ce chiffrage n'incluant pas l'impact de la baisse ciblée mise en œuvre en juillet 2024, et devrait être bien plus modeste.
Pour concrétiser cet effort supplémentaire du ministère du travail de 800 millions d'euros, tout en tenant compte des baisses de crédits déjà adoptées par le Sénat qui s'élèvent à 1,3 milliard d'euros en autorisations d'engagement et 1,2 milliard d'euros en crédits de paiement, cet amendement visait à ouvrir 521 millions d'euros en autorisations d'engagement et 371 millions d'euros en crédits de paiement.
Le souhait du Gouvernement est que nous convergions sur ce quantum d'économies de 800 millions d'euros supplémentaires dans la suite de la navette. Pour le moment, compte tenu de questions de procédure, nous avons retiré cet amendement.
M. le président. Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les quatre premiers sont identiques.
L'amendement n° II-495 rectifié ter est présenté par MM. Bazin et Somon, Mmes Eustache-Brinio et Aeschlimann, MM. Bouchet et Milon, Mme Bellurot, MM. Pellevat, D. Laurent, Pernot et Saury, Mmes Dumont et P. Martin, M. Gremillet, Mme Malet, M. Genet, Mme Borchio Fontimp, M. Houpert, Mme Belrhiti et MM. Cadec, Brisson, J.B. Blanc et Lefèvre.
L'amendement n° II-534 rectifié bis est présenté par Mmes Jacquemet, O. Richard, Saint-Pé, Gacquerre, Perrot et Romagny et MM. Longeot et J.M. Arnaud.
L'amendement n° II-789 rectifié est présenté par Mme Devésa, MM. Le Rudulier, Fouassin, E. Blanc et L. Vogel et Mme V. Boyer.
L'amendement n° II-1069 rectifié est présenté par Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces quatre amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
232 000 000 |
238 000 000 |
||
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
||||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
||||
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
232 000 000 |
238 000 000 |
||
TOTAL |
232 000 000 |
232 000 000 |
238 000 000 |
238 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour présenter l'amendement n° II-495 rectifié ter.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Défendu.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour présenter l'amendement n° II-534 rectifié bis.
Mme Anne-Sophie Romagny. Défendu.
M. le président. L'amendement n° II-789 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à Mme Monique Lubin, pour présenter l'amendement n° II-1069 rectifié.
Mme Monique Lubin. Cet amendement vise à rehausser les crédits du dispositif de contractualisation et d'insertion dans l'emploi avec les départements pour l'accompagnement des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA).
Ce dispositif s'inscrit dans le cadre de la loi qui entre en vigueur et qui conduira les départements à accompagner ces personnes davantage qu'ils ne le font. Mais comme nombre de ces collectivités procédaient déjà à cet accompagnement, cette nouvelle loi ne changera pas grand-chose à l'accompagnement des bénéficiaires du RSA – c'est un autre débat...
Si j'ai bien compris, il était donc question d'abonder ces crédits. Mais, en réalité, je ne suis pas certaine d'avoir compris... Vous allez donc m'expliquer ce qu'il en est, madame la ministre. Allez-vous nous demander des sacrifices supplémentaires ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Non !
Mme Monique Lubin. Si : 800 millions d'euros !
M. le président. Mme la ministre vous répondra plus tard, ma chère collègue.
Mme Monique Lubin. Je profite alors de l'occasion qui m'est donnée pour demander à Mme la ministre où sont les crédits destinés à réintégrer les cinq cents postes de France Travail.
M. le président. Défendez votre amendement, puis Mme la ministre vous répondra.
Mme Monique Lubin. Nous dirons que cette question faisait partie de la défense de mon amendement...
M. le président. L'amendement n° II-1136 rectifié n'est pas soutenu.
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-496 rectifié ter est présenté par MM. Bazin et Somon, Mmes Eustache-Brinio et Aeschlimann, MM. Bouchet et Milon, Mme Bellurot, MM. Pellevat, D. Laurent, Pernot et Saury, Mmes Dumont et P. Martin, M. Gremillet, Mme Malet, M. Genet, Mme Borchio Fontimp, M. Houpert, Mme Belrhiti et MM. Cadec, Brisson, J.B. Blanc et Lefèvre.
L'amendement n° II-535 rectifié bis est présenté par Mmes Jacquemet, O. Richard, Saint-Pé, Gacquerre, Perrot et Romagny et M. Longeot.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
82 000 000 |
88 000 000 |
||
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
||||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
||||
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
82 000 000 |
88 000 000 |
||
TOTAL |
82 000 000 |
82 000 000 |
88 000 000 |
88 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour présenter l'amendement n° II-496 rectifié ter.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Défendu.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour présenter l'amendement n° II-535 rectifié bis.
Mme Anne-Sophie Romagny. Défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial de la commission des finances. Les premiers amendements identiques qui ont été présentés visent à augmenter de 232 millions d'euros en AE et en CP les crédits destinés à France Travail, les deux derniers amendements étant des amendements de repli.
La commission demande le retrait de l'ensemble de ces amendements. Même si nous comprenons les inquiétudes de nos collègues, exprimées sur toutes les travées, portant sur la contribution des départements à la gestion du RSA, ces crédits ne semblent pas nécessaires, et ce pour deux raisons.
Tout d'abord, l'entrée en vigueur de la réforme de France Travail et la prise en charge des titulaires du RSA se feront progressivement. France Travail peut donc assumer ce coût.
Ensuite, augmenter les crédits de France Travail n'est pas la meilleure façon de procéder : il serait plus judicieux d'augmenter les crédits à destination des départements pour les aider à faire face à ces nouvelles difficultés.
J'ajouterai un troisième motif, sur lequel Mme la ministre nous répondra. Si j'ai bien compris, le Gouvernement s'est engagé à ne pas supprimer cinq cents équivalents temps plein (ETP) au sein des effectifs de France Travail. Cela répond à votre question, madame Lubin : ce qui est en cause est le plafond d'emploi plutôt que le financement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Madame la sénatrice Lubin, nous travaillons étroitement avec les départements sur la question des crédits destinés à l'accompagnement des bénéficiaires du RSA. Nous avons ainsi eu des échanges extrêmement constructifs avec MM. Sauvadet et Bierry, respectivement président et vice-président de Départements de France.
La contractualisation qui a été proposée aux départements sera pluriannuelle et portera sur les années 2025 à 2027, ce qui n'était pas le cas en 2024. Nous avons également souhaité porter une attention particulière aux départements pilotes, qui nous ont permis de lancer cette expérimentation et de la déployer aujourd'hui à l'échelle nationale.
Comme vous le savez, monsieur le président de séance, je me suis rendue voilà dix jours dans votre territoire, à Villefranche-de-Rouergue dans l'Aveyron. Un travail remarquable a été engagé de concert par ce département, qui était pilote en ce domaine en 2023, et France Travail.
Grâce à l'investissement des départements, des missions locales, de France Travail et des Cap emploi, nous pourrons faire bénéficier dès 2025 environ 400 000 allocataires du RSA d'un accompagnement intensif, à l'image de ce que nous avons déjà proposé aux 75 000 bénéficiaires de l'expérimentation.
Je vous confirme par ailleurs, à la suite des échanges que j'ai eus ces dernières semaines avec les représentants de France Travail, que nous souhaitons sanctuariser la dotation de l'État prévue pour France Travail, conformément aux engagements que nous avons pris avec l'Unédic.
Nous voulons aussi sanctuariser les effectifs : il n'y aura pas de réduction des effectifs de France Travail, ce qui devrait conforter cet établissement dans sa mission d'accompagnement des bénéficiaires du RSA partout en France.
Je demande donc le retrait de ces amendements ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour explication de vote.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Je remercie M. le rapporteur spécial et Mme la ministre pour leurs explications sur les amendements que j'ai très brièvement présentés. Je veux rappeler les difficultés financières rencontrées par les départements pour accompagner les bénéficiaires du RSA.
Je prends néanmoins acte des précisions données par Mme la ministre et je retire les deux amendements.
M. le président. Les amendements nos II-495 rectifié ter et II-496 rectifié ter sont retirés.
Madame Romagny, les amendements nos II-534 rectifié bis et II-535 rectifié bis sont-ils maintenus ?
Mme Anne-Sophie Romagny. Non, je les retire, monsieur le président.
M. le président. Les amendements nos II-534 rectifié bis et II-535 rectifié bis sont retirés.
La parole est à Mme Pascale Gruny, pour explication de vote.
Mme Pascale Gruny. Madame la ministre, mon département est aussi un territoire d'expérimentation du dispositif de contractualisation avec les départements. Lors d'une des multiples cérémonies de vœux auxquelles j'ai assisté, des représentants de France Travail m'ont signalé que les effectifs avaient déjà baissé.
J'ai été rapporteur sur le projet de loi pour le plein emploi : je peux vous dire que, sans accompagnement, on ne fera rien du tout. Dans mon territoire, les personnes concernées et les jeunes de manière générale sont très éloignés de l'emploi. Si les missions locales ne les accompagnent plus, ces jeunes vont rester de côté. Mon département a le taux le plus élevé d'illettrisme : les jeunes décrocheurs sont nombreux.
Je tiens à vous alerter, d'autant que je ne suis pas en faveur des sureffectifs, bien au contraire ! Je suis très attentive aux dépenses, mais sur ce sujet il faut faire attention, alors que nous sommes en train de perdre beaucoup d'emplois, comme nous l'avons vu lors de l'examen, il y a quelques instants, de la mission « Économie ».
M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.
Mme Corinne Féret. Madame la ministre, à l'occasion de l'examen de ces amendements, j'aimerais vous demander des précisions sur votre propos introductif, car peut-être n'ai-je pas tout compris.
Pour cette mission budgétaire, il était prévu, dans un premier temps, une économie de 2,6 milliards d'euros. Comme vous l'avez souligné, lors de la discussion de ce budget le 3 décembre dernier, le Sénat a « ajouté », en quelque sorte, 675 millions d'euros, soit une économie totale de 3,3 milliards d'euros.
Vous nous annoncez ce soir qu'il faut prévoir 800 millions d'euros d'économies supplémentaires. Faites l'addition vous-même : cela commence à faire beaucoup ! Nous pourrons le constater lorsque l'on évoquera, au travers des amendements, l'emploi et l'accompagnement de celles et ceux qui en ont plus besoin.
Je voudrais que vous précisiez un point sur lequel la réponse que vous avez donnée n'était pas assez claire. Le Premier ministre a écrit noir sur blanc qu'il annulait la suppression annoncée de cinq cents postes à France Travail, ce qui représentait 588 millions d'euros. Où sont passés ces 588 millions que vous « récupérez », si l'on peut dire ? On devrait les retrouver dans le budget. Si vous ne réintégrez pas ce montant dans le budget, alors cela signifie que vous faites encore plus de coupes.
Avec les chiffres que vous nous annoncez, tout est un peu embrouillé, surtout à cette heure-ci…
M. le président. Veuillez conclure, ma chère collègue.
Mme Corinne Féret. Comme nous n'avons pas plus d'informations, nous avons besoin que vous nous apportiez des précisions.
M. le président. Mes chers collègues, je vous prie de respecter le temps de parole de deux minutes dont vous disposez.
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Madame la ministre, pour rebondir sur l'intervention précédente, les cinq cents postes à France Travail ne sont pas supprimés : dont acte. Mais alors il va falloir optimiser fortement les postes !
En effet, comme vous le savez, pour assurer un accompagnement personnalisé et intensif durant la phase d'expérimentation, il a fallu diminuer de façon draconienne le portefeuille d'allocataires des conseillers. Maintenant, le dispositif se généralise et France Travail avait chiffré le nombre d'emplois à créer à huit cents, toutes choses égales par ailleurs. Non seulement on ne crée pas ces huit cents postes, mais vous vouliez même en supprimer cinq cents – vous faisiez fort !
En tout état de cause, il ne faut pas dire que, parce qu'on ne supprime finalement pas les postes, on ne touche à rien ! On empêche tout de même la création d'emplois qui doivent permettre d'assurer les mêmes conditions que celles de votre expérimentation, dont vous dites – à juste titre – que les résultats sont positifs.
C'est la même chose pour le budget. L'expérimentation a montré qu'une personne accompagnée coûte 900 euros. En maintenant le même budget, alors que le nombre de personnes concernées augmentera de façon massive, vous optimisez là encore !
En outre, je serais tentée de dire que, pour les personnes qui ont été accompagnées, il fallait surtout lever les freins à l'emploi. Or, comme le montre la théorie du no bridge, il n'est pas certain que les collectivités territoriales aient les capacités pour lever ces freins à l'emploi en matière de logement, de mobilité et de santé – il faut des médecins ! – pour les quatre cent mille personnes que vous avez évoquées, comme elles ont pu le faire pour un échantillon de soixante-quinze mille personnes.
Nous restons donc dans un cadre qui est très défavorable à l'atteinte des objectifs de la loi Plein emploi, parce que les conditions de l'expérimentation – en termes tant de budget que de volume de portefeuille des conseillers – étaient tout à fait exceptionnelles.
M. le président. Madame Lubin, l'amendement n° II- 1069 rectifié est-il maintenu ?
Mme Monique Lubin. Je le maintiens par principe, compte tenu de toutes les coupes que subiront par ailleurs les départements.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Je veux apporter des éclaircissements sur mon propos introductif.
Le 3 décembre dernier, le Gouvernement a proposé de diminuer de 675 millions d'euros le budget de la mission qui était déjà en baisse de 2,6 milliards d'euros ; cet amendement a été adopté. Le Sénat a également adopté, sur l'initiative du rapporteur spécial et de la rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales, des amendements de baisse de crédits allant jusqu'à 1,3 milliard d'euros. Si on cumulait toutes ces diminutions, on arriverait à une baisse totale d'environ 4,6 milliards d'euros.
Nous souhaitons limiter cette diminution après les discussions que nous avons eues avec vous sur le volume des baisses de crédits et sur les secteurs dans lesquels elles doivent être appliquées. Avec l'amendement de 800 millions d'euros que le Gouvernement avait déposé, la baisse totale des crédits de la mission aurait été de 4,1 milliards, tandis que le Sénat a adopté une baisse de 4,6 milliards d'euros.
J'ai préféré, pour des raisons de procédure, retirer cet amendement afin que vous puissiez avoir la discussion en commission mixte paritaire. Voilà quels sont les enjeux du débat aujourd'hui.
Ensuite, pour répondre à Mme Poncet Monge sur la suppression des postes à France Travail, sujet qui avait déjà fait l'objet d'un débat le 3 décembre, je veux rappeler l'augmentation, tout à fait justifiée, de 10 % des effectifs de cet organisme durant les dix dernières années, alors que le chômage était plutôt en baisse. Le ratio d'accompagnement s'est donc largement amélioré.
Je rappelle également la logique du réseau national pour l'emploi que nous sommes en train de mettre en place. Il comprend France Travail, mais pas seulement ! Il s'agit de créer, enfin, dans notre pays un collectif de l'emploi, avec tous les acteurs concernés, lesquels font du très bon travail : France Travail, les missions locales, Cap emploi, les conseils départementaux, les régions bien sûr, sans oublier les communes – nous allons peut-être parler aussi des maisons de l'emploi.
En termes de gouvernance, ce collectif est nécessaire. Aux effectifs de France Travail s'ajoutent – il faut le dire – les dix mille conseillers des missions locales et les vingt mille conseillers départementaux qui interviennent en matière d'insertion. Celles et ceux qui se sont intéressés à l'expérimentation telle qu'elle a commencé il y a deux ans dans l'Aveyron voient que tout cela est très concret. Un agent de France Travail et un agent du conseil départemental reçoivent ensemble un bénéficiaire du revenu de solidarité active (RSA) et décident de qui s'en occupera en fonction du profil de cette personne : a-t-elle un profil professionnel ? Est-elle proche ou, au contraire, éloignée de l'emploi et du monde du travail ?
J'y insiste, il n'a pas que France Travail ou les missions locales : nous aurons une vision à 360 degrés qui permet de travailler collectivement, de manière beaucoup moins cloisonnée qu'actuellement. C'est un point très important qui explique pourquoi nous ne supprimons pas d'effectifs à France Travail. Mais encore faut-il voir les choses dans une perspective historique, c'est-à-dire sur les dix dernières années, et en envisageant une gouvernance où, au niveau national comme au niveau local, les différents acteurs travaillent ensemble.
Enfin, pour les missions locales – nous en reparlerons –, les crédits concernant l'État restent tout de même à un niveau très élevé, de 600 millions d'euros. Par ailleurs, nous ne touchons pas au contrat d'engagement jeune (CEJ), que celles-ci gèrent aujourd'hui.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1069 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° II-131 rectifié est présenté par M. Parigi, Mmes O. Richard et Devésa, MM. Cambier, J.M. Arnaud et Kern et Mme de La Provôté.
L'amendement n° II-188 rectifié est présenté par Mme Lermytte, M. Wattebled, Mme L. Darcos, MM. Brault, A. Marc, Chasseing et Chevalier et Mme Bourcier.
L'amendement n° II-377 rectifié est présenté par MM. Grosvalet, Cabanel, Gold et Guiol, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.
Ces trois amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
94 000 000 |
0 |
197 000 000 |
0 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
0 |
0 |
0 |
0 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
0 |
0 |
0 |
0 |
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
0 |
94 000 000 |
0 |
197 000 000 |
TOTAL |
94 000 000 |
94 000 000 |
197 000 000 |
197 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
Les amendements nos II-131 rectifié et II-188 rectifié ne sont pas soutenus.
La parole est à M. Michel Masset, pour présenter l'amendement n° II-377 rectifié.
M. Michel Masset. Repérer, accueillir, informer, orienter et accompagner les jeunes avec un parcours personnalisé vers l'emploi : l'importance de ces objectifs devrait suffire à garantir aux missions locales, a minima, le maintien de leurs crédits pour l'année 2025. Le PLF prévoit pourtant une baisse de 5,8 % de leurs moyens.
À ce désengagement de l'État s'ajoute la baisse des subventions accordées par les acteurs locaux, notamment les départements ou les régions – mon collègue Philippe Grosvalet m'a cité le cas de la région Pays de la Loire.
Au nom d'une austérité budgétaire radicale, on brise notre tissu social.
Notre amendement vise à préserver les moyens d'action du réseau, afin de ne pas laisser sur le bord de la route des jeunes qui ont besoin de cette main tendue. La jeunesse, c'est l'avenir ; encore faut-il lui donner une chance.
M. le président. L'amendement n° II-974, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Brulin, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
94 000 000 |
|
197 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
94 000 000 |
|
197 000 00 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
94 000 000 |
94 000 000 |
197 000 00 |
197 000 00 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Marianne Margaté.
Mme Marianne Margaté. Défendu.
M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-1085 rectifié est présenté par M. Gillé, Mmes Lubin et Canalès, MM. Jeansannetas, Ros, Uzenat et Redon-Sarrazy, Mme Harribey, M. Pla, Mme Féret, M. Kanner, Mmes Le Houerou, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Rossignol, Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
L'amendement n° II-1108 rectifié est présenté par Mme Romagny, MM. Cambier et Fouassin, Mmes O. Richard et Florennes, MM. Omar Oili et Chevalier, Mme Berthet, M. J.B. Blanc, Mmes Saint-Pé, Ramia, de La Provôté, Perrot, Gruny et Jacquemet et MM. Duffourg, J.M. Arnaud, Longeot, Pellevat et Parigi.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
50 000 000 |
|
167 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
50 000 000 |
|
167 000 000 |
TOTAL |
50 000 000 |
50 000 000 |
167 000 000 |
167 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret, pour présenter l'amendement n° II-1085 rectifié.
Mme Corinne Féret. Il est proposé, au travers de cet amendement, de donner les moyens aux missions locales de mener leur action d'encadrement des plus jeunes et de porter plusieurs projets : le CEJ, les coopérations avec les lycées professionnels ou encore les parcours d'appui et d'orientation pour les jeunes.
Le rétablissement du budget de l'an passé est dès lors tout à fait primordial pour la préservation des moyens d'action des missions locales. Si ce maintien n'était pas acté, celles-ci seraient obligées de ralentir, pour des raisons budgétaires, les actions qu'elles mettent en place pour l'insertion des jeunes. Pour nous, cela n'est pas concevable dès lors que le budget 2025 prévoit déjà une baisse importante des moyens qui leur sont accordés.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour présenter l'amendement n° II-1108 rectifié.
Mme Anne-Sophie Romagny. J'attire l'attention de mes collègues sur cet amendement transpartisan qui, en plus d'être identique à celui du groupe socialiste, a aussi été cosigné par des collègues du groupe Les Républicains, notamment Mme Gruny.
Mme la ministre va certainement le dire dans quelques instants, je relève que les crédits pour le CEJ n'ont pas été diminués. Mais les missions locales ont besoin d'un budget de fonctionnement suffisamment important pour mettre en place les heures que les jeunes doivent effectuer dans leur parcours d'engagement jeune.
Il faut, par exemple, louer régulièrement des salles pour organiser des ateliers. Et en ruralité, c'est difficile ! J'insiste sur ce point, car les infrastructures en zones rurales sont insuffisantes pour accueillir tous ces jeunes, vu le nombre d'heures qu'ils doivent faire.
Madame la ministre, le budget de fonctionnement des missions locales doit rester identique afin de leur permettre de mener à bien leurs missions. J'y insiste, nous parlons non pas des crédits engagés par l'État en matière de CEJ, mais bien du budget de fonctionnement des missions locales.
M. le président. L'amendement n° II-1091, présenté par Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
36 000 000 |
|
140 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
36 000 000 |
|
140 000 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
36 000 000 |
36 000 000 |
140 000 000 |
140 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. Nous demandons également que les moyens des missions locales ne soient pas diminués.
Madame la ministre, vous avez évoqué les augmentations d'effectifs de France Travail depuis dix ans. Mais, depuis le 1er janvier, la loi Plein emploi s'applique et nous devons parler de ce qu'il faut faire pour la mettre en œuvre et atteindre ses objectifs.
Les missions locales font face aux effets que produit la réforme prévue dans cette loi, avec la généralisation de l'inscription des jeunes comme demandeurs d'emploi. La réforme s'applique et les moyens ne suivent pas : aucune augmentation des effectifs n'est prévue dans le PLF, alors qu'en parallèle le budget du CEJ baisse de 100 millions d'euros.
Pourtant, le travail des missions locales est d'autant plus important qu'elles jouent un rôle majeur et reconnu pour la réinsertion professionnelle des jeunes éloignés de l'emploi.
Selon la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), les jeunes qui mobilisent France Travail, le service public de l'emploi, correspondent à un profil relativement privilégié et sont souvent déjà en emploi, alors que les missions locales représentent une solution souvent préférée par les jeunes les moins favorisés et les jeunes ruraux, qui peuvent compter sur un maillage territorial très développé – je rappelle qu'il y a sept mille cinq cents missions locales.
La Dares souligne que le service public de l'emploi est souvent inadapté pour les jeunes privés d'emploi depuis longtemps et dont la situation de précarité s'intensifie. La qualité de réinsertion des jeunes éloignés de l'emploi dépend majoritairement d'un accompagnement personnalisé global et rapproché. Il semble, par conséquent, nécessaire de permettre aux missions locales de maintenir a minima – j'insiste sur ce terme, car en réalité il faudrait les augmenter – leurs capacités d'action.
Pour toutes ces raisons, cet amendement vise à rehausser les crédits accordés aux missions locales. Car, madame la ministre, la coordination que vous avez évoquée, dont on attend qu'elle produise une certaine synergie, est chronophage et nécessite des effectifs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Ces amendements, qui viennent de toutes les travées, sont très importants et la commission des finances partage leur objectif. Avec la prédécesseure de Ghislaine Senée, Sophie Taillé-Polian, j'ai rédigé un rapport sur les missions locales, lesquelles jouent, comme l'ont dit les intervenants, un rôle majeur auprès d'un public particulièrement éloigné de l'emploi.
Pour autant, il ne vous a pas échappé, mes chers collègues, que nous sommes dans une situation budgétaire extrêmement contrainte. La commission des finances vous demande donc de retirer vos amendements, et cela pour trois raisons.
D'abord, parce que, s'il y a bien une diminution des crédits, elle porte principalement sur les crédits de paiement, en baisse de 22 %, et peu sur les autorisations d'engagement, qui restent stables.
Ensuite, parce que l'administration nous a assuré, sous le précédent gouvernement – mais je ne pense pas que cela ait changé –, que ces diminutions viseraient surtout les excédents de trésorerie de certaines missions locales, lesquelles ont été identifiées : elles ne toucheraient pas les missions locales les plus faibles.
Enfin, parce que, je le rappelle, la trajectoire financière des missions locales est passée de 372 millions en 2020 à 623 millions d'euros en loi de finances initiale pour 2024. On peut dire que cette trajectoire reste extrêmement positive.
Néanmoins, je le redis pour qu'il n'y ait pas de doute, la commission des finances reste particulièrement attachée aux missions locales et nous savons le rôle qu'elles peuvent jouer dans une période où la situation de l'emploi s'annonce délicate et où certaines régions vont elles-mêmes rencontrer des difficultés et se désengager.
Il nous semble cependant que la proposition du Gouvernement est relativement équilibrée, surtout si les CEJ gérés par les missions locales sont préservés.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même avis que le rapporteur spécial.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Je suivrai l'avis du rapporteur spécial et de la commission des finances.
Je vous invite cependant, madame la ministre, à la prudence. Oui, nous sommes dans une situation budgétaire difficile, mais les mesures dont nous parlons sont prises, alors même que nous sommes en train de sortir de la période durant laquelle la situation de l'emploi était positive. (Mme Raymonde Poncet Monge acquiesce.)
En effet, en matière d'emploi, les choses vont se durcir. Je le disais tout à l'heure : dans les entreprises de moins de dix salariés, mille deux cents emplois sont supprimés chaque semaine ; dans les PME, la situation n'est pas bonne ; les entreprises de taille intermédiaire (ETI) licencient. La perspective de croissance qui était de 1 % a été ramenée à 0,9 %, mais tout porte à croire qu'elle sera plus proche de 0,5 %. Quant au taux de chômage, il avoisinera 8 % à la fin de l'année.
Tous ces services – les missions locales, France Travail et l'environnement qui accompagne les personnes en difficulté et en perte d'emploi – vont être extrêmement sollicités d'ici à la fin de l'année. Même si la situation budgétaire est difficile, faites très attention de ne pas sous-estimer l'impact – je ne suis pas très optimiste – de l'année qui vient, laquelle sera terrible !
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour explication de vote.
Mme Anne-Sophie Romagny. Monsieur le rapporteur spécial, j'entends que certaines missions locales peuvent avoir des trésoreries suffisantes et que toutes ne sont pas logées à la même enseigne.
Mais j'aimerais connaître les garanties qui nous permettent de dire qu'il ne s'agit pas d'une coupe budgétaire touchant l'ensemble des missions locales. Je le rappelle, des missions locales rurales sont en difficulté et les missions locales sont financées par les collectivités territoriales. Or il ne vous aura pas échappé que celles-ci ont moins de moyens que l'année dernière ou qu'il y a deux ans et qu'elles risquent de se désengager des missions locales.
Ce désengagement des collectivités territoriales risque de s'ajouter à celui de l'État. Je crains que les missions locales ne puissent pas mener à bien leurs missions. C'est la raison pour laquelle j'aimerais obtenir des garanties.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Pour revenir sur la situation économique, cela fait tout de même un moment qu'il y a des signaux faibles d'un retournement conjoncturel… Le ministère avance d'ailleurs comme argument une montée du chômage depuis le 1er janvier 2024, ce qui est étonnant, car, au moment de la dissolution, on nous disait que tout allait bien... Ce n'était pas le cas !
Nous avons alerté sur le risque récessif du budget. En effet, sous prétexte de contraintes budgétaires, on nous présente des budgets qui ont un effet récessif, lequel a été – je le rappelle – évalué à 0,8 point du PIB par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Si je ne me trompe pas, le Sénat a adopté 1,3 milliard d'euros d'économies nouvelles... C'est ce que vous avez dit, madame la ministre, et vous avez voulu ramener ce montant, par un amendement que vous avez ensuite retiré, à 800 millions d'euros. Vous étiez donc prête à ouvrir un « crédit » de 521 millions d'euros : cela montre que nous avons une marge de manœuvre à cette hauteur pour nos divers amendements afin de rendre le budget moins récessif et moins antisocial.
M. le président. La parole est à M. Michel Masset, pour explication de vote.
M. Michel Masset. Je voudrais compléter les différentes interventions de mes collègues. Il y a un an, j'étais maire, président d'intercommunalité et vice-président chargé de l'économie dans mon département. Il faut savoir que, s'agissant des missions locales, les collectivités donnent ce qu'elles veulent et comme elles veulent. Certaines participent, d'autres pas du tout, selon qu'elles se portent bien ou non.
Je ne suis pas du tout convaincu quand j'entends dire que tout le monde ira mieux demain parce que certaines missions locales se portent bien. Les communes ont demandé aux intercommunalités de financer les missions locales à leur place, puisqu'elles avaient récupéré cette compétence ; et les départements se retirent.
Je reviens sur le propos d'Olivier Rietmann. Effectivement, on voit très bien que le nombre de demandeurs d'emploi, de personnes qui vont se retrouver au chômage demain, va augmenter. Hier, nous avions plutôt des postes à pourvoir et besoin de gens pour les occuper ; nous ne sommes plus dans cette situation aujourd'hui.
N'attendons pas que la situation soit critique, que nous soyons face au mur, pour réagir ! Je préférerais que les missions locales aient quelques réserves pour préparer l'avenir. Si l'on ajoute aux coupes sur l'apprentissage la suppression de l'accompagnement des missions locales, l'addition risque d'être lourde pour la jeunesse !
M. le président. La parole est à Mme Evelyne Corbière Naminzo, pour explication de vote.
Mme Evelyne Corbière Naminzo. J'ai bien entendu vos propos, madame la ministre. Vous avez évoqué les évolutions nationales sur les dix dernières années, notamment la baisse du chômage.
Pour ma part, je viens d'un territoire où le chômage est structurellement élevé, et bien supérieur à celui dans l'Hexagone. À La Réunion, le taux de chômage des jeunes est de 32 %, deux fois et demie supérieur à celui de l'Hexagone ; celui de la population générale est de 16,8 %. Notre collègue Masset vient de nous alerter quant au risque d'augmentation du chômage en 2025.
La situation en outre-mer est particulièrement alarmante. Nous sommes un territoire d'expérimentation de la loi Plein emploi et je m'inquiète des baisses de financement des missions locales. Comment allons-nous accompagner les jeunes si l'on dit, au niveau national, qu'il faut faire des économies et prendre des mesures d'austérité ? Quelles miettes restera-t-il aux territoires ultramarins ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Pour répondre au sénateur Rietmann, la dégradation de la situation économique n'est pas seulement conjoncturelle, elle est aussi structurelle. En effet, des secteurs comme la grande distribution, l'automobile ou la chimie connaissent des transformations profondes.
Aujourd'hui, nos entreprises sont confrontées à un contexte économique adverse. J'en suis convaincue, ce qui crée l'emploi, c'est le carnet de commandes et la confiance des entrepreneurs dans l'avenir.
Mesdames, messieurs les sénateurs, j'entends vos inquiétudes au sujet des missions locales. Toutefois, je vous le rappelle, leurs crédits ont augmenté de 70 % depuis 2019. Les autorisations d'engagement restent presque stables, alors que nous réduisons les crédits sur de nombreuses autres missions. (Mme Raymonde Poncet Monge proteste.)
En ce qui concerne le contrat d'engagement jeune, la logique suivie a plutôt été d'évaluer ce dispositif à l'entrée des parcours, et non à leur sortie, où les marges de progression sont considérables.
Je me déplace souvent dans le cadre de mes fonctions. Dans l'Oise, un centre de formation d'apprentis (CFA) de Beauvais, Promeo, présente un taux d'insertion de 92 % dans l'industrie, mais des places y sont toujours disponibles. À Lille, des places sont également toujours disponibles dans des écoles de production aux taux d'insertion professionnelle très élevés. La synergie souhaitée entre les missions locales et les dispositifs d'insertion n'est pas toujours au rendez-vous.
Nous devons être très vigilants sur les crédits des missions locales, maintenus dans un contexte de baisse des crédits, et nous devons évaluer plus efficacement les dispositifs de sortie.
J'entends également les inquiétudes sur la question des trésoreries. La délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle réalise un travail de dentelle avec l'Union nationale des missions locales pour identifier celles qui sont fragiles, particulièrement en milieu rural, et celles qui ont des surcroîts de trésorerie, sur lesquelles on peut avancer sans pour autant les mettre en difficulté.
M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.
Mme Corinne Féret. Je maintiens mon amendement, monsieur le président.
Je souscris à toutes les inquiétudes exprimées quant à l'emploi des jeunes dans les mois et les années à venir. Le contexte économique a été rappelé : nous savons que nous serons confrontés à des difficultés dans tous les départements.
Madame la ministre, vous avez indiqué avoir travaillé avec l'Union nationale des missions locales, mais l'amendement que je viens de présenter a précisément été suggéré par cet organisme. (Mme Anne-Sophie Romagny acquiesce.)
L'Union nationale des missions locales connaît évidemment les disparités de trésorerie entre certaines missions locales que vous mentionnez. Nous partageons sur toutes les travées la même demande, en nous faisant l'écho de l'Union nationale des missions locales.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-377 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-974.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1085 rectifié et II-1108.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1091.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-779, présenté par Mmes Féret et Lubin, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
47 110 000 |
|
47 110 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
47 110 000 |
|
47 110 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
47 110 000 |
47 110 000 |
47 110 000 |
47 110 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Cet amendement a pour objet de conserver le volet jeunes en rupture du contrat d'engagement jeune (CEJ-JR), qui sera totalement remplacé à la fin de 2025 par un appel à manifestation d'intérêt.
Je ne reviens pas sur l'utilité des mécanismes d'accompagnement spécifiques dirigés vers les jeunes en rupture vis-à-vis de l'emploi. Il est d'importance majeure que ce dispositif perdure.
En effet, le CEJ-JR apparaît comme une réponse pertinente face aux besoins de captation, de mobilisation et d'accompagnement renforcé des jeunes en rupture, qui cumulent des freins importants vis-à-vis de l'accès à l'emploi.
Ce dispositif pourrait être enrichi par plusieurs modifications relatives à son pilotage stratégique et opérationnel, qui renforceraient ses volets hébergement, remobilisation et santé mentale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Demande de retrait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-779.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-963 rectifié, présenté par Mme Nadille, MM. Patriat, Théophile, Iacovelli, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Kulimoetoke, Lemoyne, Lévrier, Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
||
TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Le présent amendement de notre collègue Solanges Nadille vise à conforter les parcours contractualisés d'accompagnement adapté vers l'emploi et l'autonomie (Pacea) déployés par les missions locales.
L'importance de ces parcours est particulièrement cruciale dans les territoires ultramarins où, à l'exception de La Réunion, le taux de chômage des 15-24 ans avoisine les 50 %. Toutefois, le budget qui leur est alloué dans le PLF connaît une très forte baisse de 58 millions d'euros, passant de 101 millions d'euros à 43 millions d'euros.
Nous proposons d'amortir cette baisse en rehaussant ces crédits de 10 millions d'euros. Nous ne faisons pas tout le chemin, mais nous permettons ainsi de ne pas trop limiter le nombre d'entrées en Pacea en 2025 par rapport à l'année dernière.
Cet amendement est important pour nos territoires d'outre-mer, compte tenu des problématiques qui s'y posent. Il me semble que nous pouvons nous accorder à son propos, de façon transpartisane.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. C'est vrai, les Pacea ont été affectés par des annulations de crédit ces dernières années. Cependant, si l'idée est de ponctionner la trésorerie des missions locales excédentaires, les parcours en Pacea ne devraient pas être concernés par cette baisse des crédits. La commission demande le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour explication de vote.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Au Sénat, nous mesurons la portée d'un avis de sagesse du Gouvernement sur un amendement visant l'augmentation de crédits budgétaires : à mi-mot, cela veut dire : « Allez-y ! » (Sourires.)
J'ai entendu le rapporteur parler au conditionnel. Je préfère utiliser le futur, afin que nous nous assurions que ces 10 millions d'euros seront bien affectés aux Pacea.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-963 rectifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-635 rectifié est présenté par Mme Puissat, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° II-1067 rectifié est présenté par M. Darras, Mme Lubin, M. Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
5 000 000 |
|
5 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
5 000 000 |
|
5 000 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Pascale Gruny, pour présenter l'amendement n° II-635 rectifié.
Mme Pascale Gruny, au nom de la commission des affaires sociales. Cet amendement de la rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales Frédérique Puissat vise à remédier à la disparition, dans le PLF pour 2025, de la ligne budgétaire dédiée au financement des maisons de l'emploi.
Nous proposons d'augmenter de 5 millions d'euros les crédits de l'action n° 02 « Structures de mise en œuvre de la politique de l'emploi » du programme 102 « Accès et retour à l'emploi ».
Afin d'assurer la recevabilité financière de cet amendement, nous proposons de supprimer 5 millions d'euros de crédits de l'action n° 02 « Formation professionnelle des demandeurs d'emploi », laquelle finance le plan d'investissement dans les compétences du programme 103 « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi ».
Madame la ministre, il faut bien regarder sur le terrain ce qui se passe au sujet de l'évaluation à la sortie des parcours des contrats d'engagement jeune. Les agents de France Travail se jettent sur les dossiers faciles de jeunes prêts à l'emploi, parce qu'ils sont stressés par les statistiques. Il ne faut pas que la même chose arrive dans les missions locales.
M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour présenter l'amendement n° II-1067 rectifié.
Mme Monique Lubin. Cet amendement identique est défendu, monsieur le président.
M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-301 est présenté par M. Haye.
L'amendement n° II-967 est présenté par M. Fernique, Mme Poncet Monge, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus et Gontard, Mme Guhl, M. Jadot, Mme de Marco, M. Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
5 000 000 |
|
5 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
5 000 000 |
|
5 000 000 |
TOTAL |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
5 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
L'amendement n° II-301 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Thomas Dossus, pour présenter l'amendement n° II-967.
M. Thomas Dossus. Il s'agit d'un amendement similaire. Les maisons de l'emploi ont fait leurs preuves depuis 2009. La disparition de la ligne budgétaire qui leur est consacrée dans le PLF pour 2025 nous inquiète beaucoup pour le service public de l'emploi dans les territoires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Depuis que je suis rapporteur spécial de cette mission – cela fait sept ans –, cet amendement est déposé sur toutes les travées de l'hémicycle à chaque discussion budgétaire. Les revendications du Sénat ont baissé : nous demandions en général 10 millions d'euros, et nous obtenions souvent 5 millions d'euros de crédit.
Cette année, cet amendement a de nouveau été déposé sur la plupart de ces travées, y compris par la commission des affaires sociales.
Je préférerais pour ma part que ces crédits soient directement intégrés dans le budget, mais la commission des finances avait prévu de demander l'avis du Gouvernement. Sans préjuger de celui-ci, il me semble que nous aurons une bonne nouvelle. (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Je remercie la commission des affaires sociales d'avoir déposé cet amendement, sur lequel le Gouvernement émet un avis favorable.
M. le président. Madame la ministre, acceptez-vous de lever le gage sur ces trois amendements ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Oui, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc des amendements identiques nos II-635 rectifié bis, II-1067 rectifié bis et II-967 rectifié.
Je les mets aux voix.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-1084 rectifié, présenté par M. Fichet, Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, M. Jomier, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
66 136 436 |
|
66 136 436 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
66 136 436 |
|
66 136 436 |
TOTAL |
66 136 436 |
66 136 436 |
66 136 436 |
66 136 436 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Le présent amendement a pour objet d'augmenter le nombre de postes en ateliers et chantiers d'insertion (ACI).
Ces structures accompagnent chaque année plus de 130 000 personnes parmi les plus exclues du marché du travail. À la suite de la réforme issue de la loi pour le plein emploi, 700 000 bénéficiaires supplémentaires du RSA sont inscrits à France Travail au 1er janvier 2025. L'offre d'accompagnement doit donc croître dans les territoires pour répondre pleinement à l'ensemble des besoins.
Les ACI constituent des solutions particulièrement adaptées aux publics les plus éloignés de l'emploi. En restreignant l'offre d'insertion dans les territoires, ce budget met en difficulté la stabilité des structures porteuses d'ACI et les 85 000 emplois d'insertion et permanents qu'elles portent.
Nous proposons la création de 2 270 ETP d'insertion supplémentaires au sein des ACI en 2025, au bénéfice de 3 000 personnes suivant un parcours d'insertion.
M. le président. Les trois amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-130 rectifié est présenté par MM. Parigi et Kern et Mmes Devésa, de La Provôté et O. Richard.
L'amendement n° II-840 est présenté par Mmes Poncet Monge et Senée, M. Benarroche, Mme Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel.
L'amendement n° II-1142 est présenté par Mme Daniel, MM. Mérillou, Redon-Sarrazy, Michau et Chaillou, Mme Bélim, M. P. Joly, Mmes S. Robert et Brossel, MM. Ros et Tissot, Mme G. Jourda, M. Chantrel et Mme Linkenheld.
Ces trois amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
66 136 436 |
64 767 244 |
||
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
||||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
||||
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
66 136 436 |
64 767 244 |
||
TOTAL |
66 136 436 |
66 136 436 |
64 767 244 |
64 767 244 |
SOLDE |
0 |
0 |
L'amendement n° II-130 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-840.
Mme Raymonde Poncet Monge. En 2025, les crédits de paiement consacrés aux structures d'insertion par l'économie diminuent de 4 % pour les entreprises d'insertion et de 1,6 % pour les ateliers et chantiers d'insertion.
Nous voulons revenir sur la baisse de ces crédits. Madame la ministre, il me semble que vous émettrez un avis favorable, puisque vous avez avancé qu'il faut soutenir les dispositifs présentant de bonnes performances à la sortie des parcours. Or, au bout d'un temps relativement court, deux tiers des personnes passées par des entreprises d'insertion se retrouvent en emploi.
Je le rappelle, le modèle des ateliers et chantiers d'insertion, particulièrement adapté aux publics les plus en difficulté, qui rencontrent le plus de freins à la reprise d'un emploi, est très fragile. Plus de la moitié des salariés entrant au sein d'un ACI sont allocataires du RSA. Depuis le 1er janvier dernier, des milliers de personnes vont très sûrement s'orienter vers ces parcours.
Nous sommes pour une croissance raisonnée des crédits qui leur sont alloués, en cohérence avec l'augmentation des besoins due à l'entrée en vigueur de la loi pour le plein emploi. Il faut arrêter de dire que les besoins augmentent depuis dix ans : nous parlons des conséquences, en matière d'effectifs, de la loi qui s'applique depuis le 1er janvier dernier.
M. le président. L'amendement n° II-1142 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements nos II-1084 rectifié et II-840 ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Revenons en arrière : les crédits des ateliers et chantiers d'insertion ont augmenté de 161 millions d'euros entre 2023 et 2024. Cette augmentation sensible a été soutenue par les divers gouvernements en place. Cette année, les crédits sont quasiment stables, puisqu'ils reculent de 0,2 %. (Mme Raymonde Poncet Monge proteste.)
Compte tenu des efforts que nous demandons à l'ensemble des missions, et particulièrement à celle que nous sommes en train d'examiner, la commission a considéré que cet effort était raisonnable. Elle demande donc le retrait de ces amendements ; à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Je me permets de compléter les propos précis du rapporteur spécial. Effectivement, ces crédits, stables, s'élèvent pour tous les secteurs de l'insertion par l'activité économique (IAE) à 1,5 milliard d'euros.
Les ateliers et chantiers d'insertion ont très largement bénéficié du soutien public, puisqu'ils mobilisent 75 % de ce budget, pour 47 % des équivalents temps plein concernés.
Le soutien à l'IAE est très important. Au sein de ce dispositif essentiel, les chantiers d'insertion ont toute leur place.
Madame Poncet Monge, je vous sais intéressée par le sujet de l'insertion professionnelle. Dans les quarante-neuf départements où l'expérimentation a été menée, 30 % des 70 000 bénéficiaires du dispositif étaient très éloignés du marché de l'emploi. C'est précisément à leurs besoins que ces chantiers d'insertion seront adaptés.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Madame la ministre, cela ne m'étonne pas que 75 % des crédits soient dirigés vers les ateliers et chantiers d'insertion. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il s'agit presque d'un modèle inversé par rapport aux entreprises d'insertion, très insérées dans le modèle économique. La part économique représentée par les réalisations des ateliers et chantiers d'insertion doit représenter 25 %, tandis que les entreprises d'insertion sont présentes dans le champ économique, même si elles mènent un travail d'insertion.
Ces proportions ne sont pas étonnantes. Elles montrent la fragilité des ateliers et chantiers d'insertion. Si on n'augmente pas leurs crédits, il n'y en aura pas plus : ces structures sont très dépendantes et « élastiques », comme on dit en économie, à la subvention.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1084 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-840.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-216 rectifié n'est pas soutenu.
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-1028 est présenté par Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel.
L'amendement n° II-1074 rectifié est présenté par Mmes Lubin, Le Houerou, Canalès et Féret, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Rossignol, Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
40 000 000 |
|
40 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
40 000 000 |
|
40 000 000 |
TOTAL |
40 000 000 |
40 000 000 |
40 000 000 |
40 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-1028.
Mme Raymonde Poncet Monge. Cet amendement vise à rétablir le budget du fonds de développement de l'inclusion (FDI), pour répondre à la demande des acteurs de l'insertion.
Par le passé, ce fonds a développé et soutenu les structures de l'insertion par l'activité économique (SIAE). Il faut poursuivre avec les mêmes exigences et soutenir ces 4 000 structures employant 134 300 salariés en insertion.
Soutenant l'économie circulaire, le démarrage ou le développement d'une structure, ce fonds a constitué un appui essentiel, très flexible et réactif. Sa suppression amplifie les difficultés de ces structures, alors même que, selon la fédération des entreprises d'insertion, 35 % des entreprises d'insertion ont présenté un résultat net négatif en 2023, et que 50 % des ateliers et chantiers d'insertion rencontrent des difficultés financières, selon le réseau de coordination des associations d'aide aux chômeurs par l'emploi (Coorace).
On ne peut que regretter l'absence de dotation pour le fonds de développement de l'inclusion depuis deux ans, alors même que ce fonds finance les structures essentielles de l'insertion par l'accompagnement social et l'insertion professionnelle des travailleurs précaires.
Cet amendement avait déjà été adopté par l'Assemblée nationale et le Sénat lors de l'examen du PLF pour 2024, sans que le Gouvernement juge utile de le retenir après le 49.3.
Il a de nouveau été adopté par la commission des finances de l'Assemblée nationale, avant le rejet de la première partie du projet de loi de finances pour 2025.
Cet amendement vise à rétablir le budget de 40 millions d'euros dont ce fonds était doté. Nous reprenons l'objet d'un amendement adopté à de multiples reprises de façon transpartisane, l'ensemble des parlementaires reconnaissant son importance. Nous demandons au Gouvernement d'enfin retenir définitivement cette proposition.
M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour présenter l'amendement n° II-1074 rectifié.
Mme Monique Lubin. Madame la ministre, vous avez parlé des publics très éloignés de l'emploi qui recourent aux dispositifs d'insertion par l'activité économique. Ces publics, nous les voyons revenir : quand le nombre de demandeurs d'emploi augmente, ils se dirigent vers les structures d'insertion, et quand le marché du travail se porte mieux, ils arrivent à trouver des emplois plus pérennes.
Alors que l'utilité de ces structures d'insertion est reconnue, je ne comprends pas que ce fonds soit supprimé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Les crédits de la mission ont énormément augmenté ces dernières années, en particulier durant la crise du covid-19. En particulier, la création de ce fonds spécial est initialement liée à la crise sanitaire.
L'esprit des décisions de la commission des finances est de revenir à la situation antérieure à la crise sanitaire. Il ne nous apparaît pas totalement déraisonnable de ne pas augmenter les crédits du FDI. La commission émet un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1028 et II-1074 rectifié.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° II-853 rectifié est présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel.
L'amendement n° II-1073 rectifié est présenté par Mmes Lubin, Canalès et Féret, MM. Fichet, Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Poumirol et Conconne, M. Jomier, Mmes Rossignol, Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
25 000 000 |
|
25 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
25 000 000 |
|
25 000 000 |
TOTAL |
25 000 000 |
25 000 000 |
25 000 000 |
25 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-853 rectifié.
Mme Raymonde Poncet Monge. Défendu !
M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour présenter l'amendement n° II-1073 rectifié.
Mme Monique Lubin. Cet amendement vise à rétablir le budget dédié au développement de la formation des salariés en parcours au sein des structures de l'insertion par l'activité économique à hauteur de 100 millions d'euros.
Nous proposons d'augmenter de 25 millions d'euros les crédits dédiés à ces structures, pour revenir au niveau initialement prévu dans le plan d'investissement dans les compétences de l'insertion par l'activité économique (PIC IAE) en 2023.
En 2024, le budget du PIC IAE a déjà été amputé de 10 millions d'euros. Il est prévu dans le présent projet de loi de finances une nouvelle réduction de 15 millions d'euros. En deux ans, un quart des moyens alloués à la formation des 315 000 personnes recrutées et accompagnées chaque année par les SIAE aurait ainsi disparu.
M. le président. L'amendement n° II-132 rectifié n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques nos II-853 rectifié et II-1073 rectifié ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Cet amendement vise à augmenter de 25 millions d'euros les crédits dédiés à la formation des salariés des SIAE.
Il est vrai que l'enveloppe que le PLF pour 2025 consacre aux PIC IAE est de 823 millions d'euros, en diminution par rapport à 2024. Toutefois, en raison du contexte budgétaire très contraint, revenir sur cette diminution ne constitue pas une solution adéquate.
Selon la commission, il serait en revanche possible de mobiliser davantage les financements régionaux via les pactes régionaux d'investissement dans les compétences (Pric). En effet, si l'IAE n'y était pas éligible jusqu'à présent, les programmes régionaux de formation et l'offre de formation de France Travail sont depuis 2025 ouverts au bénéfice des salariés en insertion.
La commission émet donc un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-853 rectifié et II-1073 rectifié.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. L'amendement n° II-1065 rectifié, présenté par Mmes Lubin et Féret, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol, Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
24 000 000 |
|
24 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
24 000 000 |
|
24 000 000 |
TOTAL |
24 000 000 |
24 000 000 |
24 000 000 |
24 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à revaloriser l'aide versée aux associations intermédiaires, employeurs d'insertion qui assurent l'accueil d'un public diversifié et construisent des projets professionnels sur mesure, adaptés aux besoins des personnes.
Paradoxalement, malgré un taux de sortie excellent et le fait qu'il s'agisse du seul modèle de l'IAE accueillant majoritairement des femmes, les associations intermédiaires sont de très loin le dispositif le moins aidé de l'IAE. Le modèle économique de ces associations est en outre de plus en plus contraint par les réformes successives qu'a connues l'IAE.
Cette aide ne constitue pas un coût pour les pouvoirs publics, mais il s'agit bien d'un investissement pour le retour à l'emploi et contre la pauvreté. Vous le savez, 1 euro dépensé en amont permet d'éviter de nombreuses dépenses en aval.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Demande de retrait, pour les mêmes raisons que précédemment.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1065 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-841 est présenté par Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel.
L'amendement n° II-1075 rectifié est présenté par Mmes Lubin et Féret, M. Kanner, Mmes Le Houerou, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol, Linkenheld et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
18 000 000 |
|
18 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
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18 000 000 |
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18 000 000 |
TOTAL |
18 000 000 |
18 000 000 |
18 000 000 |
18 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-841.
Mme Raymonde Poncet Monge. Cet amendement vise à augmenter le budget alloué aux aides au poste en faveur des entreprises d'insertion et des entreprises de travail temporaire d'insertion (Etti), afin de créer des postes supplémentaires et d'offrir ainsi à plus de 6 500 personnes éloignées de l'emploi la possibilité de bénéficier d'un parcours d'insertion.
Les besoins vont croissant et, selon la Fédération des entreprises d'insertion, nombreuses sont les entreprises d'insertion qui n'ont pu créer des postes faute de budget. Dès lors, beaucoup des entreprises créées au cours des dernières années, qui connaissaient une montée en puissance positive, n'ont pas pu se développer suffisamment pour atteindre leur point d'équilibre économique – on ne parle pas de seuil de rentabilité pour ces entreprises –, ce qui leur est préjudiciable.
En ne permettant pas la création de ces postes, on a cassé la dynamique de ces entreprises. Cela entre en contradiction avec les résultats positifs des évaluations de ces structures, qui accompagnent plus de 100 000 personnes éloignées de l'emploi, dans le cadre d'un parcours d'insertion dont le taux de sortie positive s'élève à deux tiers.
Partant de ce constat, et dans la mesure où le budget pour 2024 paraissait insuffisant, je considère qu'un budget stable ne permettra pas de couvrir les besoins des entreprises d'insertion et des Etti en 2025. C'est pourquoi je propose, par cet amendement, d'augmenter les crédits de ces structures, en vue de la création de postes supplémentaires, qui ont un effet de levier sur l'activité.
M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour présenter l'amendement n° II-1075 rectifié.
Mme Corinne Féret. Il est défendu, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Demande de retrait, toujours pour les mêmes raisons.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-841 et II-1075 rectifié.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. L'amendement n° II-782, présenté par Mme Guhl, MM. Dossus et G. Blanc, Mme Senée, MM. Benarroche et Dantec, Mme de Marco, MM. Fernique, Gontard, Jadot et Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
12 800 000 |
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12 800 000 |
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Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
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12 800 000 |
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12 800 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
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TOTAL |
12 800 000 |
12 800 000 |
12 800 000 |
12 800 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Antoinette Guhl.
Mme Antoinette Guhl. Je vais tenter d'attirer l'attention de la droite de cet hémicycle en commençant par indiquer que cet amendement n'ajoute pas un euro de dépense supplémentaire au budget de l'État, puisqu'il s'agit d'une réaffectation de crédits entre les différentes structures de l'insertion par l'activité économique.
Il s'agit en effet de réorienter les crédits alloués aux entreprises d'insertion par le travail indépendant (EITI) vers des structures qui font leurs preuves depuis des décennies : les ateliers et chantiers d'insertion (ACI), les entreprises d'insertion, les Etti et les associations intermédiaires.
En effet, le modèle des EITI est calqué sur celui des plateformes de type Uber, qui exploitent le statut d'autoentrepreneur, lequel, soyons clairs, n'est pas du tout adapté aux personnes éloignées de l'emploi que sont les personnes en insertion, parce qu'il les prive de certaines garanties et de leurs droits fondamentaux : protection en cas d'accident, indemnisation décente du chômage, garantie d'une retraite digne.
Pis, les EITI prélèvent jusqu'à 25 % des prestations réalisées par ces personnes. C'est donc un modèle qui aggrave les dérives bien connues des plateformes de type Uber.
Depuis 2020, plusieurs dizaines de millions d'euros de fonds publics ont été injectées dans ce modèle, alors même qu'aucune évaluation de son impact sur l'insertion n'a été menée. Pour ma part, je considère que les EITI relèvent non de l'insertion mais de l'ubérisation.
Je vous propose donc de réorienter les crédits qui y sont consacrés depuis trois ans.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. L'avis de la commission est toujours défavorable, mais pour des raisons diamétralement opposées à celles que j'ai exposées sur les amendements précédents. Ces derniers visaient en effet à augmenter les crédits, alors que le présent amendement tend purement et simplement à supprimer les aides au poste pour les EITI.
Il s'agit en effet de structures particulières, mais, lors de son audition, la Fédération des entreprises d'insertion nous a indiqué que cette formule pouvait être très adaptée à certains publics éloignés de l'emploi, notamment aux mères isolées. (Mme Antoinette Guhl s'exclame.)
Par conséquent, la commission des finances, souhaitant donner sa chance au dispositif, a émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Vous l'avez rappelé, madame la sénatrice, une expérimentation est en cours dans ce domaine.
En outre, nous avons publié récemment un décret pour améliorer ce dispositif. Il s'est d'abord agi de renforcer les obligations des EITI afin d'accroître la qualité de l'accompagnement, l'objectif étant l'autonomie professionnelle et financière des bénéficiaires, dans le cadre de leur activité indépendante ou, à défaut, du salariat, puisque ce statut peut parfois constituer une première étape avant un contrat salarié. Le deuxième objet de ce décret était de ne pas maintenir dans le travail indépendant des personnes pour qui ce statut ne constitue pas une solution pertinente d'insertion. Enfin, il s'agissait de recueillir des données en vue d'une évaluation de cette expérimentation.
Nous préférons donc laisser l'expérimentation aller à son terme ; nous prendrons une décision par la suite.
En outre, l'inspection générale des affaires sociales (Igas) doit rendre un rapport sur le sujet au cours des prochaines semaines.
Par conséquent, laissons l'expérimentation aller à son terme et attendons ce rapport avant d'aller plus loin. Avis défavorable.
M. le président. La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour explication de vote.
Mme Antoinette Guhl. Votre réponse concernant l'expérimentation en cours me paraît quelque peu déplacée, madame la ministre, car celle-ci dure depuis 2018, sans que les parlementaires aient jamais eu le moindre document d'évaluation. L'expérimentation devait durer trois ans, nous sommes dans sa septième année et nous n'avons, je le répète, aucun élément sur l'impact de ce dispositif, qui entraîne pourtant le transfert de dizaines et de dizaines de millions d'euros à ces structures. C'est scandaleux !
Quant à l'affirmation selon laquelle ce dispositif serait bon pour les mères isolées, elle me choque doublement, non seulement comme parlementaire, mais encore en tant que femme, car je ne vois pas pourquoi un dispositif privant son bénéficiaire de toute une série de droits fondamentaux serait plus adapté à des femmes, mères isolées par-dessus le marché. Cela me semble un peu fou.
Je maintiens donc cet amendement et je réitère ma demande pour une évaluation de cette expérimentation.
M. le président. La parole est à Mme Marie-Claire Carrère-Gée, pour explication de vote.
Mme Marie-Claire Carrère-Gée. Je ne voterai pas cet amendement, car son adoption conduirait à priver ces structures de ressources.
Néanmoins, je m'associe à la demande d'évaluation formulée par notre collègue et je demande au Gouvernement de s'engager, si les conclusions du rapport de l'Igas n'y étaient pas favorables, à supprimer sans délai ce dispositif.
L'intérêt de la formule de l'autoentreprise pour des personnes en insertion ne tombe pas sous le sens. Peut-être est-elle pertinente dans certains cas très précis, mais cette expérimentation aurait dû être extrêmement encadrée dès son lancement et faire l'objet d'un suivi strict. Cette situation est anormale.
J'attends donc un engagement sérieux du Gouvernement, car il ne faudrait pas faire de fausses promesses à des personnes désinsérées professionnellement ni, a fortiori, compromettre leurs chances de retrouver un travail salarié.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Ce gouvernement a beaucoup fragmenté les mécanismes d'insertion.
J'espère que ce dispositif ne connaîtra pas le même sort que celui de l'entreprise de travail à temps partagé (ETTP), qui, malgré une évaluation négative, a fait l'objet de plusieurs prorogations, avant d'être, je crois, pérennisé.
L'Igas l'a souligné, il est temps de mettre fin à cette fragmentation des contrats de travail, on finit par s'y perdre. Chaque année, on crée un nouveau type de contrat, pour masquer certaines réalités, mais il faut revenir sur cette tendance et se recentrer sur les CDI, les contrats à durée déterminée de toutes sortes et l'insertion.
L'insertion doit répondre à des critères et ce n'est certainement pas l'entrepreneuriat qui convient le mieux à une mère isolée.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Je signale à votre attention, madame la ministre, que j'ai lancé une mission d'information de la délégation aux entreprises sur l'entreprise individuelle dans toutes ses modalités : entreprise individuelle hors insertion, entreprise individuelle d'insertion ou encore autoentreprise. Il y a aujourd'hui un tel fouillis dans ce domaine qu'il faut le décortiquer et en faire le bilan.
Dès que ce rapport d'information sera achevé – au cours du printemps prochain –, la délégation sera à votre disposition pour vous en transmettre les principaux enseignements, vous apporter un éclairage et suggérer quelques améliorations, au travers de ses préconisations.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Cette expérimentation dure en effet depuis un moment, mais elle a été prolongée sur la demande du Parlement.
En outre, je m'engage à rendre publique cette étude de l'Igas. Selon moi, les études de l'inspection doivent, par défaut, être publiées, parce qu'elles contribuent à éclairer le débat public et les décideurs que vous êtes.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-782.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements identiques.
L'amendement n° II-653 rectifié est présenté par MM. Chasseing et Grand, Mme Bourcier, M. Laménie, Mmes Lermytte et L. Darcos, MM. Rochette, Chevalier et A. Marc, Mme Nadille, MM. J.B. Blanc et Delcros, Mme Ramia et MM. Longeot et Gremillet.
L'amendement n° II-842 est présenté par Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel.
L'amendement n° II-1086 rectifié est présenté par Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces trois amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
10 000 000 |
|
10 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
10 000 000 |
|
10 000 000 |
TOTAL |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
10 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Marc Laménie, pour présenter l'amendement n° II-653 rectifié.
M. Marc Laménie. Cet amendement révèle, dans la continuité des précédents, la complexité de ce domaine de l'action publique. Nos rapporteurs ont d'ailleurs beaucoup de mérite de s'y retrouver, tout comme vos services, madame la ministre.
Cet amendement vise à augmenter, de 10 millions d'euros, le budget alloué aux aides au poste en faveur des structures de l'insertion par l'activité économique (SIAE). Chaque année, environ 350 000 personnes exclues du marché du travail sont salariées et accompagnées par ces structures.
Les SIAE reçoivent une aide publique au poste pour chaque équivalent temps plein (ETP) recruté. Nous proposons donc d'augmenter, de 10 millions d'euros, je le disais, les autorisations d'engagement et les crédits de paiement de la sous-action considérée.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-842.
Mme Raymonde Poncet Monge. Il s'agit de revaloriser les aides au poste, ne serait-ce que pour se caler sur les revalorisations du Smic.
Selon une évaluation de la réforme du revenu de solidarité active (RSA) – vous semblez aimer les évaluations, madame la ministre… –, 82 % des allocataires accompagnés lors des expérimentations présentent au moins un frein périphérique à l'emploi, souvent deux, compliquant ainsi bien souvent leur accompagnement. Les entreprises d'insertion ont précisé que l'aide destinée à lever le frein lié à la santé prenait un tiers du temps de ce poste d'accompagnement ; c'est très chronophage. Il ne faudrait donc pas les mettre en difficulté en ne revalorisant pas leur aide proportionnellement au Smic.
Par ailleurs, monsieur le rapporteur spécial – pardon de mon esprit d'escalier –, j'ai également assisté à l'audition de la Fédération des entreprises d'insertion, et je ne l'ai pas entendue défendre le système contesté par ma collègue Guhl.
M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour présenter l'amendement n° II-1086 rectifié.
Mme Corinne Féret. Défendu !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Madame Poncet Monge, je parlais de l'audition des rapporteurs spéciaux, à laquelle, par définition, vous n'avez pas pu assister. Or, aux interrogations légitimes des collègues sur les EITI, déjà exprimées l'année dernière et que nous avons relayées, la FEI, loin d'émettre quelques doutes, a défendu ces structures,…
Mme Raymonde Poncet Monge. Curieusement…
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. … alors que, globalement, cet organisme représente des entreprises qui ne relèvent pas du travail indépendant. Mais c'était, j'y insiste, dans le cadre d'une audition rapporteur.
Mme Raymonde Poncet Monge. Dont acte.
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Sur le fond des présents amendements, je veux rappeler les efforts très importants consentis par les précédents gouvernements sur l'insertion par l'activité économique (IAE), dont le financement est passé de 841 millions d'euros il y a quelques années à 1,5 milliard d'euros en 2024. La stabilisation des crédits ne nous paraît donc pas insurmontable au regard du contexte budgétaire actuel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Madame Poncet Monge, les crédits pour l'IAE représentent un effort important, de 1,5 milliard d'euros, qui est stabilisé dans un contexte général de réduction des dépenses.
Pour ce qui concerne la revalorisation à la hauteur du Smic, sachez que les aides ont été revalorisées au 1er novembre dernier.
Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-653 rectifié, II-842 et II-1086 rectifié.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. L'amendement n° II-1078 rectifié, présenté par M. Fichet, Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, M. Jomier, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
8 000 000 |
|
8 000 000 |
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
|
|
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
8 000 000 |
|
8 000 000 |
TOTAL |
8 000 000 |
8 000 000 |
8 000 000 |
8 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à bonifier de 10 % l'aide au poste des SIAE présentes dans les territoires d'outre-mer.
Les territoires ultramarins se caractérisent en effet par des contraintes géographiques ainsi que des difficultés démographiques, économiques, sociales, environnementales et d'accès aux services publics.
Au travers de cet amendement, il ne s'agit en réalité que de concrétiser ce qui avait été entériné par le pacte ambition IAE remis au Gouvernement lors du quinquennat précédent, qui proposait une bonification de 1 500 euros de l'aide au poste des SIAE présentes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans les territoires ultramarins.
Nous proposons donc de nouveau cette bonification, nécessaire aux politiques publiques de retour à l'emploi et de lutte contre la pauvreté.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Avis défavorable sur tous les amendements relatifs aux SIAE, y compris celui-ci.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même avis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1078 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-1064 rectifié, présenté par Mmes Lubin et Féret, MM. Fichet, Darras, Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Poumirol et Conconne, M. Jomier, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
|
3 300 000 |
|
3 300 000 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
3 300 000 |
|
3 300 000 |
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
3 300 000 |
3 300 000 |
3 300 000 |
3 300 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Par cet amendement, nous proposons d'augmenter le budget des groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq). Le Gouvernement a prévu de financer les Geiq à hauteur de 12,5 millions d'euros, montant clairement insuffisant pour financer tous les projets de ces structures. Cette insuffisance budgétaire a des conséquences directes : certains Geiq ont d'ores et déjà dû renoncer au bénéfice de l'aide pour une partie des accompagnements qu'ils ont pourtant réalisés. De plus, l'arrêt brutal au 1er mai dernier des aides à l'embauche en contrat de professionnalisation des jeunes a fortement fragilisé les Geiq.
Si le soutien de l'État demeure insuffisant, ce dispositif pourrait se retrouver en danger, alors qu'il est parmi les plus efficaces et les moins coûteux pour les finances publiques, et que l'État participe à son évaluation annuelle. Il est également le seul dispositif d'insertion créé et piloté par des entreprises qui s'engagent concrètement dans une démarche d'inclusion, en donnant leur chance à des publics éloignés de l'emploi.
M. le président. L'amendement n° II-262 rectifié bis, présenté par Mme P. Martin, M. Bouchet, Mmes Belrhiti, Muller-Bronn, Sollogoub et Gosselin, MM. Saury, Somon, Perrin, Rietmann et Parigi, Mmes Lassarade et Micouleau, M. Genet, Mme Ventalon, MM. P. Martin, J.P. Vogel et Panunzi et Mme Romagny, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
|
500 000 |
|
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
2 000 000 |
|
1 500 000 |
|
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
1 500 000 |
|
1 500 000 |
TOTAL |
2 000 000 |
2 000 000 |
1 500 000 |
1 500 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Olivier Rietmann.
M. Olivier Rietmann. Il s'agit d'un amendement de repli par rapport à celui que Mme Féret vient de défendre, puisqu'il s'agit non d'augmenter, mais de maintenir le budget de l'année dernière.
M. le président. Les deux derniers amendements sont identiques.
L'amendement n° II-97 rectifié bis est présenté par MM. Lefèvre et Panunzi, Mmes Micouleau et P. Martin, MM. Bouchet, Cadec et Brisson, Mme Belrhiti, M. Genet et Mme Hybert.
L'amendement n° II-292 rectifié est présenté par M. Vanlerenberghe.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
|
|
|
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
1 000 000 |
1 000 000 |
||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
1 000 000 |
|
1 000 000 |
TOTAL |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
1 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Antoine Lefèvre, pour présenter l'amendement n° II-97 rectifié bis.
M. Antoine Lefèvre. Le PLF pour 2025 prévoit un budget de 12,5 millions d'euros pour les Geiq, ce qui traduit une baisse de 7,4 % par rapport à 2024. Une telle baisse budgétaire aurait pour conséquence de réduire encore un peu plus les volumes d'aide à l'accompagnement conventionné avec les directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) et les directions départementales de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) et donc, à terme, de mettre en danger certains groupements.
Au cours des dernières années, les moyens alloués aux Geiq sont restés constants malgré l'inflation, ce qui constitue une perte réelle de ressources. Pourtant, ces structures accueillent des publics de plus en plus nombreux et, pour certains, de plus en plus éloignés de l'emploi. La croissance des besoins réels, ajoutée à d'autres coupes budgétaires, telles que la suppression de l'aide à l'embauche en contrat de professionnalisation d'un jeune de moins de 30 ans, menace l'équilibre financier des Geiq.
C'est la raison pour laquelle je propose de revaloriser de 1 million d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement l'action n° 04 « Financement des structures de la formation professionnelle et de l'emploi » du programme 103 « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi ».
M. le président. L'amendement n° II-292 rectifié n'est pas soutenu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. La commission souhaite entendre l'avis du Gouvernement sur ces amendements émanant de nombreuses travées de l'hémicycle.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. L'État montre, depuis de nombreuses années, son attachement aux groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification, puisque les crédits alloués ont quadruplé depuis 2015. Nous avons avec ces structures des partenariats nombreux ; des représentants du ministère dont j'ai la charge participent à la labellisation des organismes, que nous encourageons à diversifier leurs partenariats financiers.
J'émets donc un avis favorable sur l'amendement n° II-97 rectifié bis, qui tend à rehausser de 1 million d'euros les crédits de l'action en 2025, afin de maintenir au même niveau le financement des Geiq. Je suis en revanche défavorable à l'amendement n° II-1064 rectifié, qui tend à proposer une hausse de 3,3 millions d'euros – soit de 27 % – qui me semble incompatible avec l'exigence de maîtrise des dépenses publiques, ainsi qu'à l'amendement n° II-262 rectifié bis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1064 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. Olivier Rietmann. Je retire mon amendement au profit de l'amendement n° II-97 rectifié bis !
M. le président. L'amendement n° II-262 rectifié bis est retiré.
Madame la ministre, acceptez-vous de lever le gage sur l'amendement n° II-97 rectifié bis ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Non, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-97 rectifié bis.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-977 n'est pas soutenu.
L'amendement n° II-837, présenté par Mmes Poncet Monge, Senée et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
|
|
|
|
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
3 465 815 |
|
3 465 815 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
3 465 815 |
|
3 465 815 |
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
|
|
|
|
TOTAL |
3 465 815 |
3 465 815 |
3 465 815 |
3 465 815 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. Par cet amendement, je m'oppose à la baisse de 21 % des crédits du programme 111 « Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail », dont l'objet est de rendre les évolutions législatives accessibles aux salariés et de veiller à leur pleine application, en accompagnant les travailleurs dans la défense de leurs droits.
Les crédits de ce programme en diminution financent la formation des conseillers prud'homaux, des défenseurs syndicaux et des conseillers des salariés, ainsi que les subventions au profit d'associations conduisant des actions ciblées dans le domaine du droit du travail.
Sans doute, il y a quelques raisons à cette baisse. Pour les conseils de prud'hommes, les crédits ne sont, paraît-il, pas exécutés, d'où cette baisse, mais, pour ma part, je n'ai pas trouvé d'explication à cette inexécution des crédits ; peut-être est-ce lié à la disponibilité. Pour les autres actions, cette réduction était liée à l'attente des élections professionnelles dans les PME.
Néanmoins, dans un contexte de retournement de la conjoncture, qui affectera la création et le maintien des emplois, entraînant des défaillances ou des plans sociaux, comme ceux de Michelin ou d'Auchan, il me semble inopportun que le PLF affaiblisse les capacités des travailleurs et des conseillers prud'homaux à faire respecter le droit du travail.
En conséquence, cet amendement a pour objet de rétablir les crédits de l'action considérée à leur niveau de l'année dernière, revenant ainsi sur l'ensemble des coupes réalisées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Dans l'esprit de la commission, la baisse des crédits est principalement due au cycle des élections professionnelles et non à une volonté du Gouvernement de procéder à des coupes massives dans ce programme.
La commission demande donc le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même explication et même avis.
M. le président. Madame Poncet Monge, l'amendement n° II-837 est-il maintenu ?
Mme Raymonde Poncet Monge. J'ai souligné tout cela, mais les élections ont eu lieu, donc les activités vont reprendre normalement. Il y a en effet eu une baisse en fin de cycle, en raison des élections dans les petites et moyennes entreprises.
Dans un contexte dans lequel les travailleurs auront besoin de se défendre, mais surtout de s'approprier leurs droits et le droit du travail, notamment dans les PME, il me semble inopportun de se caler sur l'exécution des crédits, dont j'ai bien rappelé les causes.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-837.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-1080 rectifié bis, présenté par Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
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|
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Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
2 100 000 |
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1 500 000 |
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
2 100 000 |
|
1 500 000 |
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
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TOTAL |
2 100 000 |
2 100 000 |
1 500 000 |
1 500 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique Lubin.
Mme Monique Lubin. Cet amendement vise à renforcer les moyens consacrés à la santé et à la sécurité au travail, un enjeu crucial pour prévenir les accidents graves et mortels dans le cadre professionnel.
En France, deux personnes meurent chaque jour dans un accident dans le cadre de leur emploi. Ce chiffre dramatique place notre pays parmi les pires « élèves » de l'Union européenne, avec un taux d'accidents mortels de 3,32 pour 100 000 travailleurs, soit près du double de la moyenne européenne, fixée à 1,76.
Les accidents sont non pas des faits divers, mais le symptôme d'une dégradation continue des conditions de travail. Les chiffres récents montrent leur inquiétante recrudescence dans certains secteurs. Par exemple, les activités tertiaires ont connu en la matière une hausse de 4 % l'année dernière.
La sécurité au travail est une liberté fondamentale régulièrement bafouée. Les conséquences humaines sont inacceptables : mutilations, handicap permanent, incapacité de travail et, trop souvent, mort.
Le 14 octobre dernier, madame la ministre, vous avez vous-même reconnu l'urgence de la situation en déclarant au sujet des deux morts par jour que ce n'était pas une fatalité. Si l'intention est louable, elle doit impérativement être suivie d'actes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. La commission partage évidemment les objectifs des auteurs de l'amendement. Les précédents gouvernements ont déjà mis l'accent sur la lutte contre les accidents du travail. Il s'agit d'une priorité. À mon sens, ce combat ne ressort pas uniquement d'engagements financiers. Les réponses sont généralement plus précises à l'échelle des entreprises.
Même si nous sommes parfaitement à l'écoute de votre demande, madame la sénatrice, la commission demande le retrait de cet amendement, mais souhaite que le Gouvernement nous indique si les crédits inscrits dans cette mission lui semblent suffisants ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Madame la sénatrice, votre amendement vise à augmenter les moyens dédiés à l'action « Santé et sécurité au travail ». Vous avez rappelé les chiffres des accidents graves ou mortels. La France se situe dans une position défavorable par rapport aux autres pays européens.
Le Gouvernement partage votre ambition de défendre une politique de santé au travail ambitieuse. En mars prochain, je réunirai les partenaires sociaux ainsi que des instituts de recherche français, mais aussi allemands pour adopter une démarche comparative. Nous poserons ainsi le plus objectivement possible tous les sujets sur la table : santé au travail et organisation de ce dernier, médecine, prévention, pratiques managériales, dialogues de proximité…
Dès lors, nous trouverons des recommandations et des solutions qui – pourquoi pas ? – pourront ensuite faire l'objet d'une discussion dans cet hémicycle au travers d'un texte de loi. Je pense notamment au PLFSS.
La loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail a déjà aidé. En outre, un quatrième plan Santé au travail a été mis en application. Même si nous continuons à œuvrer, la situation demeure largement perfectible, particulièrement en matière d'accidents du travail graves et mortels.
Dans un contexte budgétaire particulièrement contraint pour les finances publiques, le Gouvernement rejoint votre volonté de renforcer les crédits en faveur de la santé au travail dans son acception large. Il émet donc un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Madame la ministre, acceptez-vous de lever le gage ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Non, monsieur le président.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Je suis satisfaite de cet avis favorable. La France est très en retard par rapport à l'objectif européen de zéro mort au travail en 2030. Nous n'en prenons pas le chemin ! Au contraire, le nombre de décès a augmenté dernièrement.
Nous pourrions commencer par suivre les recommandations des magistrats qui, tous les trois ans, établissent le rapport Estimation du coût réel, pour la branche maladie, de la sous-déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles. En effet, celui-ci ne se limite pas à une évaluation : il contient des pistes d'amélioration.
D'ailleurs, ces dernières sont si peu suivies que les auteurs demandent – j'ai proposé un amendement en ce sens au cours de l'examen du PLFSS, mais il n'a pas été retenu – de faire le point chaque année. Nous les écoutons une fois tous les trois ans déplorer que leurs recommandations ne soient pas suivies !
Le problème n'est pas seulement d'ordre financier. Toutefois, quand la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) est excédentaire, il existe une volonté de baisser les cotisations malgré le bilan assez catastrophique en matière de santé et de sécurité. Même si les enjeux excèdent la question des moyens, il en faut ! J'invite à suivre les recommandations des experts de la commission à l'origine du rapport.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Attention à comparer ce qui est comparable ! Notre pays compte effectivement en moyenne deux décès par jour dus à des accidents du travail, soit 674 l'année dernière. Toutefois, rapprocher ce nombre de celui des autres pays européens ne tient pas la route !
Nous sommes en queue de peloton pour une bonne raison : en France et uniquement en France, nous considérons comme accident du travail tout accident qui survient durant le travail. Presque partout ailleurs en Europe, il faut, pour une telle reconnaissance, un lien de causalité entre l'emploi et le fait survenu. (Mme Raymonde Poncet Monge proteste.)
Mme Anne-Sophie Romagny. Eh oui !
M. Olivier Rietmann. Si, en France, vous décédez d'un infarctus en lien non pas avec votre profession, mais simplement avec votre état de santé, il sera question d'un accident du travail si le malaise survient sur le lieu de ce dernier.
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Oui !
M. Olivier Rietmann. En Italie, en Allemagne et en Espagne, comme dans tous les pays qui nous entourent, la conclusion ne sera pas la même. La nette différence entre les accidents survenus au travail et les accidents ayant un lien de causalité avec l'activité professionnelle s'explique ainsi.
Mme Raymonde Poncet Monge. Les chiffres baissent dans tous les autres pays !
M. Olivier Rietmann. Le constat vaut pour les décès. Le nombre de ces derniers sur le lieu d'exercice de son emploi est exactement le même l'an passé en France et en Italie, à deux près. Pourtant, chez nos voisins, uniquement la moitié a été reconnue comme due à des accidents du travail, faute de la moindre causalité avec la profession. (Mme Raymonde Poncet Monge proteste.)
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. C'est vrai !
Mme Anne-Sophie Romagny. Oui !
M. Olivier Rietmann. Il est trop facile de comparer des chiffres sans qu'aucun critère soit équivalent ! Il n'empêche que le chiffre de deux décès par jour reste beaucoup trop élevé.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1080 rectifié bis.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-1081 rectifié, présenté par M. Jacquin, Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
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+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
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2 000 000 |
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2 000 000 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
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Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
2 000 000 |
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2 000 000 |
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
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TOTAL |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
2 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique Lubin.
Mme Monique Lubin. Par cet amendement, nous proposons de renforcer les moyens dédiés à la lutte contre le salariat déguisé et contre les fraudes liées aux cotisations sociales dues par les travailleurs de plateformes. Pour ce faire, nous souhaitons augmenter de 2 millions d'euros les crédits alloués à l'action n° 02 « Qualité et effectivité du droit » du programme 111.
Supprimé par le Sénat avant d'être rétabli par le 49.3, l'article 6 du PLFSS pour 2024 a pour objet de confier aux plateformes elles-mêmes la responsabilité de collecter et de transmettre des informations relatives aux cotisations sociales dues par les travailleurs. Cette mesure est assez cocasse ! Elle accroît la dépendance et la subordination des intéressés sans résoudre les problèmes structurels liés à leur statut.
Or, si le Gouvernement avait réellement pour ambition de lutter efficacement contre les fraudes, notamment contre le salariat déguisé, il devrait en priorité transposer la directive européenne sur les droits sociaux des travailleurs en question, dans une rédaction ambitieuse. La charge de la preuve pourrait ainsi être inversée, de telle sorte que les plateformes soient obligées de démontrer l'indépendance des personnes qu'elles emploient.
Cette étape est essentielle afin de garantir la requalification en salariés des travailleurs en situation d'« indépendance fictive », notion consacrée par la Cour de cassation dans son arrêt du 4 mars 2020.
Face à la lenteur de l'action gouvernementale, il devient urgent de renforcer les moyens accordés aux Urssaf et à l'inspection du travail. Ces organismes sont les premiers leviers pour objectiver par leurs enquêtes les situations de salariat déguisé et pour réduire efficacement les fraudes.
Madame la ministre, la plupart de ces plateformes, que nous connaissons bien, sont de véritables esclavagistes modernes.
M. Thomas Dossus. C'est vrai !
Mme Monique Lubin. Quand nous saisirons-nous réellement de ce sujet ? Nous y avons beaucoup travaillé dans cette assemblée, notamment en défendant des propositions de loi. Pourtant, la fraude continue ! Nous croisons ces travailleurs tous les jours, même quand nous n'utilisons pas leur plateforme. Chacun fait ce qu'il veut, même si, pour ma part, je n'en utiliserai jamais… Il faut être logique en agissant en accord avec les valeurs que nous prônons !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Comme vous l'indiquez clairement dans l'objet de votre amendement, ma chère collègue, cette mesure est inscrite à l'article 6 du PLFSS. De fait, elle dépend du budget non pas de l'État, mais de la sécurité sociale. Même si l'inspection du travail joue évidemment un rôle dans la lutte contre le travail dissimulé, les cotisations sont bien recouvrées in fine par l'Urssaf.
Puisqu'il me semble que votre amendement ne se rattache pas au bon texte, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Vous pointez du doigt le sujet important du travail illégal, madame la sénatrice. L'Urssaf et les inspecteurs du travail réalisent de très nombreux contrôles en la matière. En outre, le plan national de lutte contre le travail illégal et le plan national d'action du système d'inspection du travail ont été mis en place pour lutter contre ce problème, notamment contre les faux statuts, en prenant en compte les spécificités d'une telle fraude directe ou indirecte chez les plateformes numériques.
Par ailleurs, en complément de l'action des corps de contrôle, les travailleurs peuvent saisir les juridictions (Mme Monique Lubin rit.) s'ils estiment que leurs relations commerciales devraient être requalifiées en contrat de travail.
Enfin, l'Autorité des relations sociales des plateformes d'emploi (Arpe) a été créée en 2021, faisant office de tiers de confiance. Sa vocation est de mettre en place des instances de dialogue social. Ainsi, elle a signé cinq accords, depuis sa création, dans le secteur des véhicules de transport avec chauffeur (VTC).
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1081 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-1068 rectifié, présenté par Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
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1 540 288 |
|
1 540 288 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
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Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
1 540 288 1 540 288 |
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1 540 288 1 540 288 |
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TOTAL |
1 540 288 |
1 540 288 |
1 540 288 |
1 540 288 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Monique Lubin.
Mme Monique Lubin. Cet amendement vise à accorder seize équivalents temps plein supplémentaires au service des droits des femmes et de l'égalité entre les femmes et les hommes (SDFE) du ministère des solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Grâce à un amendement adopté en loi de finances initiale pour 2024, le SDFE a bénéficié d'ETP supplémentaires qui ont permis de renforcer partiellement les équipes territoriales : des cadres de gestion ont été déployés en outre-mer et des postes de chargé de l'animation territoriale ont été créés dans six régions métropolitaines.
Cet amendement vise donc à poursuivre le renforcement de ce service, engagé l'année dernière.
D'abord, les 16 équivalents temps plein proposés pourraient servir à achever la couverture des régions qui n'ont pas été dotées d'ETP en 2024, en portant une attention particulière aux territoires d'outre-mer, lesquels présentent des problématiques spécifiques. Ainsi, 12 ETP viendraient renforcer le réseau déconcentré des droits des femmes et de l'égalité entre les femmes et les hommes, soit 8 chargés d'animation territoriale en métropole et 4 en outre-mer.
Ensuite, les ETP pourraient servir à déployer des dispositifs de lutte contre les violences conjugales et à mettre en œuvre dans tous les départements la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et l'exploitation sexuelle. L'organisation actuelle des délégations ne permet pas d'assumer cette priorité.
De plus, les ETP pourraient servir à développer les dispositifs d'« aller vers », conformément aux objectifs fixés dans le plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027.
Enfin, ils pourraient même servir à constituer un pôle de suivi, d'évaluation et de mesure des effets des politiques publiques en matière de droits des femmes. Celui-ci viserait à pallier le manque actuel d'indicateurs fiables, comme l'ont souligné sur le programme 137 les corapporteures de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.
Ce pôle, en charge de la production de données pertinentes et d'analyses régulières, aurait également pour mission d'organiser deux fois par an le comité interministériel aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes, conformément au décret du 28 septembre 2012. Ces réunions, en améliorant la coordination entre ministères, garantiraient une meilleure lisibilité des priorités politiques et un suivi cohérent des actions menées en faveur des droits des femmes.
M. le président. L'amendement n° II-964, présenté par Mme Nadille, MM. Patriat, Théophile, Iacovelli, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Kulimoetoke, Lemoyne, Lévrier, Omar Oili et Patient, Mme Phinera-Horth, M. Rambaud, Mme Ramia, M. Rohfritsch, Mme Schillinger et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
- |
+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
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900 000 |
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900 000 |
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
|
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Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
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Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
900 000 |
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900 000 |
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TOTAL |
900 000 |
900 000 |
900 000 |
900 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Défendu !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Nous n'avons pas d'objection de principe à augmenter les moyens du SDFE. Au contraire ! En revanche, nous ne sommes pas convaincus que le rehaussement des crédits de cette structure permette d'en accroître les effectifs faute d'élévation du plafond d'emplois.
Par ailleurs, nos collègues Arnaud Bazin et Éric Bocquet ont alerté plusieurs fois dans leur rapport d'information Le financement de la lutte contre les violences faites aux femmes : une priorité politique qui doit passer de la parole aux actes sur le fait que cet organisme est trop mal armé pour agir efficacement en faveur du droit des femmes.
Néanmoins, même s'il nous semble que nous ne pouvons pas augmenter cette année l'effectif compte tenu des contraintes budgétaires, sa stabilisation serait souhaitable. La commission souhaiterait ainsi connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Votre amendement vise à accroître les moyens humains dédiés à la mise en œuvre de la politique interministérielle d'égalité entre les femmes et les hommes.
Nous proposons dans le PLF pour 2025 de sanctuariser l'effectif mobilisé pour cette dernière, alors même que les schémas d'emplois des ministères sociaux contiennent une baisse de 90 équivalents temps plein. En 2024, 10 emplois supplémentaires ont déjà été accordés.
Par ailleurs, nous devons garder sur ce sujet, comme sur les autres, une vision globale. Les moyens peuvent être humains, mais ils sont également financiers. À ce titre, les dépenses d'intervention de la politique d'égalité figurent dans le programme 137. Les crédits de celui-ci ont été multipliés par 2,5 en cinq ans, passant de 30 millions à 77 millions d'euros en lois de finances initiales entre 2020 et 2024. En 2025, le budget de ce programme atteindra les 85 millions d'euros, soit une augmentation, au moment même où nous baissons les moyens un peu partout, de 7,7 millions d'euros.
Par rapport à la loi de finances pour 2024, nous sanctuarisons donc l'effectif d'un côté et nous augmentons les crédits de l'autre. Ces fonds sont destinés pour l'essentiel au financement de l'aide universelle d'urgence aux victimes de violences conjugales.
En matière d'égalité professionnelle, je précise que nous aurons à travailler ensemble sur l'importante transposition de la directive visant à renforcer l'application du principe de l'égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes pour un même travail ou un travail de même valeur par la transparence des rémunérations et les mécanismes d'application du droit, dite directive Transparence salariale. Ce texte aura des répercussions considérables.
Mme Monique Lubin. C'est loin…
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Il aidera à tendre toujours plus vers l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Cette transposition en droit français devra être faite avant le printemps 2026. Nous nous y emploierons ensemble.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement demande le retrait de ces amendements, à défaut, l'avis sera défavorable.
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.
M. Marc Laménie. Je comprends les auteurs de ces deux amendements, dont les objets ont trait à d'importants sujets de société. Mercredi soir, un amendement analogue a été discuté lors de l'examen de la mission « Outre-mer », mais nous savons que la tâche est immense dans toutes les missions relatives à l'égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que dans celles en lien avec les violences intrafamiliales. Je pense particulièrement à la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » du fait de sa masse financière.
Par ailleurs, un travail considérable a été réalisé au sein de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Je rejoins par ce constat les propos de notre rapporteur.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Vous nous faites la synthèse !
M. Marc Laménie. En outre, chaque territoire compte une délégation départementale aux droits des femmes et à l'égalité, placée sous l'autorité du préfet. Je pense également au travail effectué par les centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et par les bénévoles associatifs.
Pour conclure, ces amendements relèvent aussi d'autres ministères que celui ici représenté : justice, sécurité, etc. Sur le présent point technique, même si le volet humain est prioritaire, je me rallie à l'avis de monsieur le rapporteur et de Mme la ministre.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1068 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-964.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-1082 rectifié, présenté par Mme Lubin, MM. Jacquin, Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
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Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
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+ |
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+ |
- |
Accès et retour à l'emploi |
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Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
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Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
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1 500 000 |
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1 500 000 |
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
1 500 000
1 500 000 |
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1 500 000
1 500 000 |
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TOTAL |
1 500 000 |
1 500 000 |
1 500 000 |
1 500 000 |
SOLDE |
0 |
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La parole est à Mme Monique Lubin.
Mme Monique Lubin. Par cet amendement, nous proposons la suppression de l'Autorité des relations sociales des plateformes d'emploi (Arpe). En effet, cette structure a été créée dans un seul but : aller vers la mise en place dans notre pays d'un tiers-statut, prétendu statut intermédiaire entre le salariat et l'indépendance, pour les travailleurs des plateformes.
La création de l'Arpe, décidée à la suite du lobbying des plateformes, vise ainsi à exonérer celles-ci de l'obligation de reconnaître à leurs travailleurs le statut de salarié, en échange d'une parodie de dialogue social. De fait, les accords conclus par cette autorité ne parviennent même pas à faire accéder les travailleurs à une rémunération équivalente au Smic horaire !
Par ailleurs, la légitimité de cette autorité est faible. Aux élections professionnelles de 2024, la participation s'est élevée à 3,90 % pour les livreurs et à 19,96 % pour les VTC. Pour cette dernière catégorie, une majorité de votes s'est tournée vers des organisations soutenant la présomption de salariat.
En outre, la légitimité de ce tiers-statut est fortement mise en question.
À l'échelle nationale, la jurisprudence a clairement remis en cause son principe même. Depuis l'arrêt Uber de la Cour de cassation le 4 mars 2020, les tribunaux français ont acté de nombreuses requalifications en contrat de travail, affirmant ainsi la nature subordonnée des relations entre les plateformes et leurs travailleurs.
À l'échelle européenne, la directive sur les travailleurs des plateformes récemment adoptée rend l'existence de l'Arpe totalement caduque. Ce texte, qui doit être transposé dans le droit français dans les deux ans, établit une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes, malgré les efforts du gouvernement français pour maintenir une dérogation au prétexte de l'existence de l'Arpe !
Cette tentative a échoué. En conséquence, les travailleurs en question seront reconnus comme salariés, bénéficiant des instances de dialogue social et des droits attachés à ce statut.
L'Arpe coûte chaque année 1,5 million d'euros, abondés par la taxe sur la mise en relation par voie électronique en vue de fournir certaines prestations de transport. Nous souhaitons non pas supprimer cette dernière, mais réaffecter les crédits correspondants au financement de l'inspection du travail, afin de garantir la mise en œuvre effective des droits des travailleurs de ce secteur.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. En premier lieu, on ne peut pas se plaindre du manque de régulation et d'autorégulation des plateformes, et, en même temps, supprimer l'autorité mise en place pour s'en charger ! (Protestations sur les travées du groupe GEST.)
Mme Monique Lubin. Rien à voir !
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. En second lieu, dans votre argumentaire, vous avez vous-même indiqué que la jurisprudence était très claire : s'il existe, un contrat de travail est reconnu quelle que soit la plateforme. En cas, d'une part, de prestation de travail avec lien de subordination et, d'autre part, de rémunération, la Cour de cassation reconnaît depuis l'arrêt Uber qu'un travailleur est non pas indépendant, mais salarié, auquel cas l'intéressé bénéficie de ce statut protecteur…
Mme Monique Lubin. Pas en France…
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. … et c'est une bonne chose !
Cet amendement étant contre-productif, la commission émet un avis défavorable.
Mme Monique Lubin. C'est bien dommage !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Même avis.
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. La loi qui a été adoptée à partir d'un projet de votre gouvernement – même s'il s'agit du précédent, la logique est la même ! – avait pour objet de sécuriser l'employeur contre les procédures de requalification en contrat de travail qui s'accroissaient.
Mme Monique Lubin. C'est sûr !
Mme Raymonde Poncet Monge. Le but était de contrer les démarches de requalification plutôt que d'appliquer la directive européenne dans toutes ses implications. Il faut changer de camp !
Mme Monique Lubin. Exactement !
Mme Raymonde Poncet Monge. Il convient de ne plus recevoir Uber et de ne plus le favoriser par une loi…
Nous sommes européens, je crois ! Alors, appliquons dans sa totalité la loi européenne, tant dans son esprit que dans ses modalités : renversement de la charge de la preuve, présomption de salariat, etc.
Mme Monique Lubin. Tout à fait !
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Je vous trouve très sévères ! Depuis la création de cette instance en 2023, cinq accords sur des sujets importants ont tout de même été conclus dans le secteur des VTC : revenu minimum de course, amélioration de la rémunération des conducteurs, méthodes et moyens de négociation, transparence et désactivation, liberté de choix de la course pour les chauffeurs. Un accord spécifique a également été conclu pour le secteur de la livraison.
Ces avancées sont tout de même concrètes ! Le taux de participation aux élections professionnelles qui ont eu lieu récemment est faible, certes, mais d'un niveau similaire à celui que nous avons connu il y a quelques semaines dans les TPE. Nous pouvons nous interroger sur la manière de retrouver une meilleure participation.
Travaillons sur la transposition de la directive ! Par exemple, dans le secteur de l'insertion par l'activité, l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), dans un discours un peu différent des autres, distingue les VTC, souvent propriétaires d'un capital constitué par leur véhicule, et les livreurs, davantage en situation de précarité malgré les accords qui ont été signés.
Pour toutes ces raisons, je vous trouve, encore une fois, très sévères, mesdames les sénatrices, à l'égard d'une instance qui a le mérite d'exister et d'apporter des avancées concrètes sans attendre le Grand Soir.
Le Gouvernement confirme donc son avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1082 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-1034 n'est pas soutenu.
M. le président. L'amendement n° II-1076 rectifié, présenté par M. P. Joly, Mme Lubin, MM. Jeansannetas et Kanner, Mmes Le Houerou, Féret, Poumirol et Conconne, MM. Jomier et Fichet, Mmes Canalès, Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros)
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
+ |
- |
+ |
- |
|
Accès et retour à l'emploi |
||||
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
650 000 |
650 000 |
||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
|
|
|
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
650 000 |
650 000 |
||
TOTAL |
650 000 |
650 000 |
650 000 |
650 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Corinne Féret.
Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à rétablir les microcrédits spécifiquement dédiés aux personnes en situation de réinsertion professionnelle ou de maintien dans l'emploi.
En France, le dispositif de microcrédit personnel est d'utilité sociale. Il permet en effet aux personnes exclues du crédit classique en raison de leur insuffisance de ressources de financer un projet d'insertion ou de réinsertion.
Grâce à ce microcrédit, plusieurs dizaines de milliers de nos concitoyens ont retrouvé un emploi ou évité de perdre celui qu'ils occupaient – le plus souvent, il s'agit d'acquérir un véhicule.
Le microcrédit repose sur trois acteurs : le réseau des banques, l'État, le réseau associatif.
L'ensemble des rapports qui ont été remis aux gouvernements et l'ensemble des acteurs, y compris les services de l'État et ses administrations, saluent l'efficacité de ce dispositif, qui repose en grande partie sur le travail assuré par nos associations.
C'est pourquoi nous proposons le rétablissement de ce dispositif.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. La commission des finances sollicite le retrait de cet amendement.
Le PLF pour 2025 prévoit d'ores et déjà une ligne en faveur du microcrédit social à hauteur de 16 millions d'euros, ce qui a été jugé suffisant par la commission.
À titre personnel, bien évidemment, je voterai cet amendement avec grand plaisir…
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1076 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° II-1024, présenté par Mmes Poncet Monge et Senée, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros)
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
+ |
- |
+ |
- |
|
Accès et retour à l'emploi |
||||
Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi |
120 000 |
120 000 |
||
Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail |
120 000 |
|
120 000 |
|
Soutien des ministères sociaux dont titre 2 |
||||
TOTAL |
120 000 |
120 000 |
120 000 |
120 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. Le présent amendement vise à revenir sur la baisse des crédits subie par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Même si le ministère du travail reste un petit contributeur financier à côté d'autres ministères, il ne peut pas donner le signal, y compris aux autres ministères, que le budget de cet opérateur peut baisser sans conséquence sur ses actions, compte tenu de leur importance !
Il est pertinent que la présente mission soit contributrice, puisque l'agence joue un rôle essentiel pour l'amélioration des connaissances entourant les risques professionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Les opérateurs de l'État, comme le reste des administrations publiques, doivent évidemment participer à l'effort collectif de redressement des finances publiques.
Toutefois, il est clair que l'Anses joue un rôle particulièrement important.
La commission des finances avait initialement émis un avis défavorable, mais, après une longue discussion avec mon collègue rapporteur spécial Emmanuel Capus, nous avons décidé de solliciter l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Pour démontrer l'accent qui est mis dans ce budget sur la question de la santé, de la sécurité et des conditions de travail, sujet qui doit redevenir central à la fois dans les politiques publiques et dans les discussions que nous pouvons avoir ici, le Gouvernement émet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1024.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », figurant à l'état B.
Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.
Je mets aux voix ces crédits, modifiés.
(Les crédits sont adoptés.)
M. le président. J'appelle en discussion les amendements tendant à insérer des articles additionnels qui sont rattachés, pour leur examen, aux crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ».
Après l'article 64
M. le président. L'amendement n° II-5, présenté par M. Capus et Mme Senée, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Après le premier alinéa de l'article L. 6243-1 du code du travail, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les contrats d'apprentissage conclus dans les entreprises de deux cent cinquante salariés et plus afin de préparer un diplôme ou un titre à finalité professionnelle équivalant au moins au niveau 6 du cadre national des certifications professionnelles ne donnent pas lieu au versement à l'employeur d'une aide par l'État. »
La parole est à Mme la rapporteure spéciale.
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Nous avons déjà eu le loisir de présenter cet amendement, qui vise à concentrer les aides à l'apprentissage sur les plus petites entreprises et sur les jeunes dont le niveau de qualification est inférieur à bac+3.
Nous souhaitons, par cet amendement, concentrer véritablement les aides, qui ne seraient plus versées aux entreprises de plus de 250 salariés pour l'embauche d'un apprenti qui prépare un diplôme de niveau bac+3 et plus.
Ce ciblage conduira à ce qu'il n'y ait pas d'effet sur les PME ni sur les entreprises de plus de 250 salariés qui signent des contrats d'apprentissage avec des jeunes préparant des diplômes de niveau inférieur au niveau bac+3.
Par cet amendement, nous souhaitons inviter le Gouvernement à privilégier un meilleur ciblage des aides sur une réduction de leur montant.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Nous avons déjà eu cette discussion.
Le Gouvernement propose un ciblage des aides, mais sur la base de la taille des entreprises, et non sur le niveau de qualification.
En effet, nous avons proposé de baisser le montant de l'aide, qui était de 6 000 euros, à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés, qui, je le répète, concentrent 80 % des apprentis de notre pays, et à 2 000 euros pour les entreprises de plus de 250 salariés.
Pourquoi ne souhaitons-nous pas différencier en fonction des niveaux de qualification ? Parce que, comme l'a montré une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) réalisée en novembre dernier, un tiers des étudiants en master sont aujourd'hui en apprentissage. L'apprentissage est donc un vrai moyen de démocratisation et d'accès à l'enseignement supérieur.
Ensuite, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), qui recrute parmi les CAP et les bacs pro, nous recommande de ne surtout pas toucher aux niveaux de qualification supérieurs, afin que l'apprentissage ne soit pas vu comme la voie de garage dans un pays qui reste encore trop axé sur les diplômes – nous sommes d'accord sur ce point.
Enfin, et c'est le sens d'une discussion que j'ai eue dans l'Aveyron avec le président de la chambre de métiers et de l'artisanat et celui de la chambre de commerce et d'industrie (CCI), continuer à aider l'apprentissage sur les niveaux 6 et 7, c'est aussi permettre aux TPE et aux PME de commencer à recruter davantage ce type de profils, à un moment où l'on a besoin d'augmenter le niveau de compétence et de favoriser la montée en gamme de l'ensemble de l'économie française.
Pour ces raisons, autant je veux différencier par la taille de l'entreprise – je répète que l'on trouve 80 % de nos apprentis dans les petites et moyennes entreprises –, autant je pense que différencier en fonction du niveau de diplôme serait une erreur.
J'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme la rapporteure spéciale.
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Le dispositif de notre amendement différencie bien selon la taille de l'entreprise.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Mais aussi selon le niveau du diplôme !
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Les TPE-PME pourront absolument accéder aux qualifications aux niveaux 6 et 7. Cela répond donc bien à ce que nous demandons.
En fait, nous considérons que nous n'avons pas à accompagner les très grandes entreprises – de plus de 250 salariés – dans le recrutement d'étudiants en master et en école d'ingénieurs. En revanche, il est clair pour nous qu'il faut bien évidemment pouvoir continuer à accompagner les PME.
Je pense qu'il faut vraiment que nous puissions cibler. D'ailleurs, initialement, l'idée était vraiment de cibler les niveaux bac et infra-bac.
En l'occurrence, nous laissons aux PME la possibilité de recruter les plus hauts profils.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Emmanuel Capus, qui en est également membre, pourra en témoigner : la délégation sénatoriale aux entreprises a organisé deux tables rondes sur le sujet, dont l'une avec le Medef, le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l'Union des entreprises de proximité (U2P).
Je souscris sans réserve à l'amendement des rapporteurs spéciaux : non seulement il faut travailler sur la taille de l'entreprise et ne pas limiter le niveau d'apprentissage pour les entreprises de moins de 250 salariés, afin de donner la possibilité à la fois aux TPE-PME qui n'en auraient pas forcément les moyens d'aller chercher des compétences et aux apprentis de travailler pour ces entreprises, quel que soit leur niveau, mais il faut aussi, pour les entreprises de plus de 250 salariés, limiter le niveau d'apprentissage – l'amendement a retenu bac+3, ce qui convient parfaitement.
En effet, il convient de tenir compte de l'effet d'aubaine qui existe pour les grandes et très grandes entreprises, qui, il faut dire les choses franchement, ont la possibilité de recruter des apprentis de niveau bac+5, +6 ou +7 qui vont faire le travail de cadres moyens, mais avec des salaires bien inférieurs à ce que pourrait leur coûter un cadre.
C'est de l'argent public qui est utilisé sans véritable efficacité. C'est tout le contraire de ce que nous recherchons ! Cela revient à jeter de l'argent public par les fenêtres.
Les tables rondes que nous avons organisées nous ont montré que les critères définis dans l'amendement sont exactement ceux qu'il faut retenir pour l'accompagnement de l'apprentissage.
Je voterai donc l'amendement des rapporteurs spéciaux de la commission des finances, et j'encourage mes collègues à faire de même.
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Excellent !
M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour explication de vote.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Ce sujet me tient à cœur.
Je n'avais pas bien compris, lors de la présentation de l'amendement, sa finalité exacte. À la lumière des précisions qui ont été apportées et de l'explication de vote du président Rietmann, je trouve que c'est une bonne idée.
Nous sommes tous d'accord avec l'idée de recentrer les aides à l'apprentissage, compte tenu du problème de finances publiques et du problème d'efficience de la dépense publique. Même si nous considérons tous que l'apprentissage est un levier essentiel pour l'insertion professionnelle, notamment de nos jeunes, force est de constater qu'il a coûté beaucoup d'argent et que les finances publiques ne peuvent plus supporter cette dépense.
À cet égard, il est important de cumuler le critère de la taille de l'entreprise avec celui du niveau du diplôme.
En effet, il faut continuer à soutenir l'apprentissage là où il est le plus efficient, c'est-à-dire pour les bas niveaux de qualification et pour les jeunes qui n'ont pas réussi dans le système « normal », si je puis dire.
Dans le même temps, il est important de tracer des pistes et de donner de l'espoir, pour montrer, comme Mme la ministre l'a dit très justement, que ce n'est pas une voie de garage.
Il faut ainsi pouvoir soutenir les niveaux de diplômes importants, pour permettre aux TPE-PME d'accéder à de la ressource humaine qualifiée, mais aussi pour montrer aux jeunes qui s'engagent dans l'apprentissage que l'on peut, quand on est apprenti, progresser, avoir une vraie carrière et accéder à des diplômes importants.
Bravo pour cette idée, madame, monsieur les rapporteurs spéciaux !
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Merci !
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Je n'ai pas les chiffres en tête, mais je sais que les apprentis de niveaux 6 et 7 sont surreprésentés dans les grandes entreprises – je pourrai vous communiquer les chiffres qui en attestent.
Cette mesure risque donc de pénaliser ces derniers (M. Olivier Rietmann le conteste.), dans un contexte de durcissement des conditions économiques, ainsi que vous l'avez vous-même signalé précédemment très justement, avec un taux de chômage des jeunes, y compris des jeunes diplômés, qui augmente de 2 points en un an.
C'est un point de vigilance que je veux porter à votre attention : les apprentis de niveaux 6 et 7 étant surreprésentés dans les grandes entreprises, la suppression de cette aide aura un effet plus négatif que ce que nous proposons ici.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-5.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-256 rectifié n'est pas soutenu.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-639 est présenté par Mme Puissat, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° II-1120 est présenté par le Gouvernement.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le 4° du II de l'article L. 6323-6 du code du travail est abrogé.
La parole est à Mme Pascale Gruny, pour présenter l'amendement n° II-639.
Mme Pascale Gruny, au nom de la commission des affaires sociales. Cet amendement a été déposé par ma collègue rapporteur pour avis Frédérique Puissat.
Les actions de formation éligibles au compte personnel de formation (CPF) dispensées aux créateurs ou repreneurs d'entreprises, les aides à la création ou à la reprise d'une entreprise (Acre) sont particulièrement concernées par des abus. Plusieurs campagnes de régulation ont déjà été menées, qui ont permis de diminuer les dépenses de 415 millions d'euros en 2022 à 125 millions d'euros en 2023.
Les mesures de régulation ne peuvent toutefois aller plus loin, en raison de la disposition légale prévoyant l'éligibilité automatique au CPF des actions Acre.
Cette éligibilité de droit n'est pas justifiée dès lors qu'elle provoque encore des effets d'aubaine, confirmés par France Compétences. Certaines offres de formation, refusées à l'enregistrement des répertoires nationaux, sont éligibles au CPF par ce biais détourné.
Cet amendement de la commission des affaires sociales vise donc à supprimer l'éligibilité de droit au CPF des actions de formation Acre.
Cette mesure permettra de garantir la qualité des formations, puisque seules les offres sanctionnées par une certification inscrites au répertoire national ou au répertoire spécifique pourront être prises en charge au titre du CPF. Les actions de formation au titre de l'Acre visant à encourager les entrepreneurs à créer ou à reprendre une entreprise resteront possibles et remboursables, notamment par le biais des chambres consulaires, ce qui permettra une première approche d'experts.
De plus, cette suppression générerait une économie budgétaire substantielle, estimée à 62,5 millions d'euros en année pleine.
M. le président. La parole est à Mme la ministre, pour présenter l'amendement n° II-1120.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Il a été défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. La commission s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-639 et II-1120.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-1113, présenté par Mme Aeschlimann, est ainsi libellé :
Après l'article 68
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Après la quatrième phase du 1° du I de l'article L. 6332-14 du code du travail, est insérée une phrase ainsi rédigée : « Lorsque la formation s'effectue intégralement à distance, les niveaux de prise en charge calculés en application du présent alinéa sont minorés d'un montant au moins égal à un pourcentage fixé par décret ».
La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann.
Mme Marie-Do Aeschlimann. Cet amendement tend à moduler les niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage pour les formations dispensées à distance, dans le but d'optimiser le soutien public à l'apprentissage.
Nous ne reviendrons pas sur l'intérêt des formations en apprentissage en termes d'insertion professionnelle, mais il faut relever que les formations à distance, malgré leurs avantages, impliquent des coûts réduits par rapport aux formations en présentiel pour les centres de formation en apprentissage.
Pourtant, ces formations bénéficient d'aides identiques aux formations en présentiel.
Je rappelle que les formations en apprentissage bénéficient de 14 milliards d'euros versés par l'État et de 4 milliards d'euros pour les aides aux apprentis.
Il y a déjà eu, en 2022 et en 2023, des réductions successives des niveaux de prise en charge (NPEC), qui ont conduit à recentrer la politique de l'apprentissage et le soutien public à celui-ci.
Cet amendement ne coûte rien. Il va même permettre de faire des économies, puisque la réduction des aides aux formations en apprentissage exclusivement en distanciel par rapport à celles qui sont versées aux formations en présentiel permettra de tenir compte d'une moindre importance des coûts, tout en soutenant ces formations.
Je pense donc qu'il s'agit de bonne politique.
M. le président. Le sous-amendement n° II-2185, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Amendement n° II–1113, alinéa 3
Remplacer le mot :
sont
par les mots :
peuvent être
La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Nous souhaiterions sous-amender l'amendement, qui nous semble tout à fait légitime, en offrant la possibilité de minorer les niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage lorsque la formation est réalisée à 100 % à distance.
Nous avons lancé, à la fin du mois de novembre dernier, une concertation avec les partenaires sociaux. Ce sujet est sur la table, et nous ne souhaitons pas préjuger de l'issue de la discussion, les situations pouvant être différentes en fonction des territoires et des fédérations professionnelles.
À l'issue de la concertation, les modalités pratiques d'application de cette minoration pourront être fixées par voie réglementaire.
L'adoption de ce sous-amendement ouvre simplement cette possibilité, dans le respect des discussions que nous avons entamées avec les partenaires sociaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. L'amendement a paru intéressant à la commission des finances, qui a toutefois décidé de solliciter l'avis du Gouvernement, s'interrogeant sur sa faisabilité.
Cependant, nous avons en quelque sorte pris connaissance de cet avis avant la séance, puisque le Gouvernement a déposé un sous-amendement à l'amendement.
Dès lors, la commission émet un avis favorable sur l'amendement, sous réserve de l'adoption du sous-amendement du Gouvernement.
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° II-2185.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1113, modifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-6, présenté par M. Capus et Mme Senée, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le 1° du I de l'article L. 6332-14 du code du travail est complété par une phrase ainsi rédigée : « Toutefois, l'opérateur de compétences prend en charge 90 % du niveau de prise en charge fixé dans les conditions prévues au présent 1° lorsque le diplôme ou le titre à finalité professionnelle visé équivaut au niveau 6 du cadre national des certifications professionnelles, et 80 % de ce même niveau lorsque le diplôme ou le titre à finalité professionnelle visé équivaut au niveau 7 ce cadre ; ».
La parole est à Mme la rapporteure spéciale.
Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Cet amendement tend à ce que les opérateurs de compétences (Opco) prennent en charge 90 % du niveau de prise en charge lorsque le diplôme est au niveau 6, et 80 % de ce même niveau lorsque le diplôme est de niveau équivalent au niveau 7.
Comme vous le savez, les centres de formation d'apprentis sont financés par France Compétences, via les Opco, qui prennent en charge les coûts pédagogiques.
On sait aujourd'hui que, si les niveaux 6 et 7 ne représentent respectivement que 18 % et 17 % des contrats, ils correspondent à 40 % et 32 % du nombre total des prises en charge.
Dans leurs revues de dépenses de mars 2024, les inspections ont ainsi recommandé de minorer le financement par France Compétences des NPEC aux niveaux 6 et 7, d'où la demande que nous formulons au travers de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Nous avons déjà commencé à effectuer des baisses ciblées en juillet 2024.
L'une d'entre elles, visant les niveaux 6 et 7, a permis une économie de 120 millions d'euros en année pleine.
Deux diminutions, en 2022 et 2023, ont permis des économies respectives de 210 millions d'euros et 570 millions d'euros en année pleine.
Nous sommes bien d'accord pour dire que la surreprésentation dans les coûts des niveaux 6 et 7 doit aujourd'hui être régulée – les chiffres que vous avez rappelés sont très importants –, s'agissant de la qualité des formations proposées comme de l'adéquation de ces formations aux métiers et aux besoins et compétences des entreprises.
Comme je l'ai dit, nous avons lancé, à la fin du mois de novembre, une concertation avec les partenaires sociaux et, en méthode, nous souhaiterions ne pas donner l'impression que la question est déjà tranchée, afin d'envisager avec eux comment réguler les niveaux de prise en charge des niveaux 6 et 7.
Je sollicite donc le retrait de l'amendement ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.
Je m'engage, puisque, au-delà de la concertation qui a été lancée avec les partenaires sociaux, des discussions bilatérales se font désormais à la fois avec les organisations syndicales et les organisations patronales, à informer la commission des affaires sociales des conclusions de cette concertation.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-6.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-1431 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I.- Il est institué un dispositif spécifique d'activité partielle dénommé « activité partielle de longue durée rebond » destiné à assurer le maintien dans l'emploi des salariés dans les entreprises confrontées à une réduction d'activité durable qui n'est pas de nature à compromettre leur pérennité.
L'employeur peut bénéficier de ce dispositif sous réserve de la conclusion d'un accord collectif d'établissement, d'entreprise ou de groupe ou de la conclusion d'un accord collectif de branche étendu, définissant la durée d'application de l'accord, les activités et les salariés concernés par l'activité partielle de longue durée rebond, les réductions de l'horaire de travail pouvant donner lieu à indemnisation à ce titre et les engagements spécifiquement souscrits en contrepartie, notamment pour le maintien de l'emploi et la formation professionnelle. L'accord collectif ou le document mentionné au II précise notamment les actions mentionnées à l'article L. 6313-1 du code du travail proposées aux salariés placés en activité partielle de longue durée rebond en application des engagements précités.
Les engagements pris par l'employeur sont applicables sur l'ensemble de la durée d'application de l'accord ou du document mentionné au II. L'autorité administrative s'assure du respect de ces engagements. Elle peut demander le remboursement des allocations d'activité partielle rebond perçues par l'employeur en cas de non-respect de ces engagements.
II.- L'entreprise qui souhaite bénéficier du régime d'activité partielle de longue durée rebond en application d'un accord de branche mentionné au I élabore, après consultation du comité social et économique, lorsqu'il existe, un document conforme aux stipulations de l'accord de branche et définissant les engagements spécifiques en matière de maintien dans l'emploi et de formation professionnelle.
III.- L'accord collectif d'établissement, d'entreprise ou de groupe mentionné au I ou le document mentionné au II est transmis à l'autorité administrative pour validation de l'accord ou homologation du document.
L'accord de branche est étendu dans les conditions définies à l'article L. 2261-15 du code du travail.
IV.- L'autorité administrative valide l'accord collectif d'établissement, d'entreprise ou de groupe mentionné au I du présent article dès lors qu'elle s'est assurée :
1° Des conditions de validité et de la régularité de la procédure de négociation ;
2° De la présence dans l'accord de l'ensemble des dispositions mentionnées au même I.
La procédure de validation est renouvelée en cas de conclusion d'un avenant de révision.
V.- L'autorité administrative homologue le document élaboré par l'employeur en application d'un accord de branche mentionné au II, après avoir vérifié :
1° La régularité de la procédure d'information et de consultation du comité social et économique, lorsqu'il existe ;
2° La présence de l'ensemble des dispositions mentionnées au I ;
3° La conformité aux stipulations de l'accord de branche ;
4° La présence d'engagements spécifiques en matière d'emploi et de formation professionnelle mentionnés au I.
La procédure d'homologation est renouvelée en cas de reconduction ou d'adaptation du document.
VI.- L'autorité administrative notifie à l'employeur la décision de validation dans un délai de quinze jours à compter de la réception de l'accord collectif mentionné au I et la décision d'homologation dans un délai de vingt et un jours à compter de la réception du document élaboré par l'employeur mentionné au II.
Elle la notifie, dans les mêmes délais, au comité social et économique lorsqu'il existe et, si elle porte sur un accord collectif, aux organisations syndicales représentatives signataires lorsqu'elles existent. La décision prise par l'autorité administrative est motivée.
Le silence gardé par l'autorité administrative pendant les délais prévus au premier alinéa du présent VI vaut décision d'acceptation de validation ou d'homologation. Dans ce cas, l'employeur transmet une copie de la demande de validation ou d'homologation, accompagnée de son accusé de réception par l'administration, au comité social et économique lorsqu'il existe et, si elle porte sur un accord collectif, aux organisations syndicales représentatives signataires lorsqu'elles existent.
La décision de validation ou d'homologation ou, à défaut, les documents précités et les voies et délais de recours sont portés à la connaissance des salariés par voie d'affichage sur leurs lieux de travail ou par tout autre moyen permettant de conférer date certaine à cette information.
VII.- Les dispositions du chapitre II du titre II du livre Ier de la cinquième partie de la partie législative du code du travail sont applicables au dispositif d'activité partielle de longue durée rebond, à l'exception du III de l'article L. 5122-1.
VIII.- Le présent article est applicable aux accords collectifs et aux documents transmis à l'autorité administrative pour validation ou homologation, dans les conditions prévues au III, à compter du 1er mars 2025 et jusqu'à une date fixée par décret, au plus tard le 28 février 2026.
Des avenants de révision des accords collectifs mentionnés au deuxième alinéa du I ou des documents adaptant les documents unilatéraux mentionnés au II peuvent être transmis à l'autorité administrative après le 28 février 2026 pour validation ou homologation dans les conditions respectivement prévues au IV et au V.
Une entreprise couverte par un accord collectif d'établissement, d'entreprise ou de groupe mentionné au I ou par un document pris en application d'un accord de branche mentionné au II ne peut pas bénéficier, concomitamment et sur l'ensemble de la durée de l'accord ou du document, du dispositif prévu au présent article et du dispositif spécifique d'activité partielle dénommé « activité réduite pour le maintien en emploi » prévu par l'article 53 de la loi n° 2020-734 du 17 juin 2020 relative à diverses dispositions liées à la crise sanitaire, à d'autres mesures urgentes ainsi qu'au retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Un décret en Conseil d'État précise les modalités d'application du présent article.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Cet amendement est important dans le contexte actuel de durcissement des conditions économiques, qui a été rappelé par plusieurs sénateurs et sénatrices.
Il a pour objet de réactiver le dispositif d'activité partielle de longue durée, que nous avons connu pendant le covid-19, avec une adaptation toutefois, puisqu'il s'agit d'accompagner les entreprises en difficulté – raison pour laquelle nous l'avons appelé « rebond » –, en leur demandant, en contrepartie, d'engager des démarches de formation et de reconversion de leurs salariés.
Ce dispositif est demandé à la fois par les organisations syndicales et par les organisations patronales.
Nous pensons qu'il peut s'agir, dans le contexte actuel, d'une solution intermédiaire, permettant aux entreprises soit de trouver des solutions de financement, soit de reconvertir leurs salariés pour éviter des licenciements économiques, dont on a récemment constaté l'augmentation, au travers des inscriptions à France Travail.
M. le président. Le sous-amendement n° II-2188, présenté par Mmes Poncet Monge et Senée, est ainsi libellé :
Amendement n° II-1431 rectifié, alinéa 6
Après les mots :
après consultation
insérer les mots :
avec avis conforme
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. Il s'agit de compléter la consultation du comité social et économique (CSE) – quand il existe – par une exigence d'avis conforme.
Cela répond à une demande des organisations syndicales devant le retournement « conjoncturel », qui, en réalité, dure depuis déjà un an, en attendant les accords de branche.
Alors que la mission qui regroupe les crédits dédiés au travail et à l'emploi a pour obligation d'être contracyclique, on peut reprocher à la mission, cette année, de ne pas satisfaire à cette obligation, puisqu'elle va, au contraire, amplifier les problèmes d'emploi et d'activité.
Dans ce contexte, je trouve que cet amendement a son opportunité.
Cependant, nous devons tirer les enseignements du dispositif d'activité partielle qui a été lancé pendant le covid-19. On sait très bien, pour l'avoir évalué, qu'il y a eu des effets d'aubaine pour les entreprises, qui ont fait couvrir par ce dispositif des moments de sous-activité normaux.
Vous avez dit, madame la ministre, que les organisations étaient favorables à ce dispositif. Bien entendu, elles le préféreront à un licenciement ! Ils ne sont pas masochistes.
Cela dit, pour contrer, par leur connaissance locale de l'activité concrète, les effets d'aubaine, qui sont du gaspillage d'argent public et de l'inefficience, les organisations syndicales, que vous dites favorables, souhaitent aussi que, au plus près de l'entreprise, le CSE puisse émettre un avis conforme sur le plan, d'autant plus que l'administration doit juger en trois semaines et que son silence vaut accord.
M. le président. Le sous-amendement n° II-2189, présenté par Mmes Poncet Monge et Senée, est ainsi libellé :
Amendement n° II-1431 rectifié
Compléter cet amendement par un alinéa ainsi rédigé :
Le Gouvernement remet un rapport le 30 septembre 2025 dressant le bilan du dispositif d'activité partielle de longue durée rebond.
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. L'amendement n° II-1431 ayant été déposé à la dernière minute, son impact n'a pu faire l'objet d'aucune analyse. Combien ces dispositions vont-elles coûter, non seulement à l'État, mais aussi à l'Unédic, qui, précédemment, a dû enregistrer un tiers des demandes ?
Ce dispositif a été créé lors de la crise du covid-19. Désormais, le Gouvernement souhaite le remettre en route pour faire face à la conjoncture, alors même qu'il siphonne déjà l'Unédic de toutes parts – à la sous-compensation structurelle s'ajoute, pour cet acteur, l'obligation de réemprunter, puisque l'exécutif a cassé sa trajectoire de désendettement.
Il convient donc, selon moi, d'examiner l'impact réel de ces dispositions après six mois d'application. Certes, le Sénat n'aime pas les demandes de rapport, mais en l'occurrence une telle évaluation paraît indispensable.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Au sujet de l'amendement n° II-1431, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat. Toutefois, madame la ministre, nous souhaiterions obtenir un chiffrage : avez-vous une idée du coût de ce dispositif ?
Les sous-amendements nos II-2188 et II-2189 venant d'être déposés, la commission n'a pu en prendre connaissance…
Mme Raymonde Poncet Monge. Elle n'a pas examiné l'amendement non plus !
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Je ne puis donc vous donner son avis.
Personnellement – je vous l'avoue –, je peine à voir l'intérêt d'un avis conforme du comité social et économique (CSE). Pourquoi ce dernier s'opposerait-il à un dispositif d'aide à l'entreprise ? Néanmoins, sur le sous-amendement n° II-2188 comme sur le sous-amendement n° II-2189, je me contenterai de solliciter l'avis du Gouvernement, en rappelant que, sauf exception, la commission est hostile aux demandes de rapport.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Monsieur le rapporteur spécial, d'après nos estimations, ce dispositif coûtera 60 millions à 80 millions d'euros, sous enveloppe – c'est important de le préciser.
Madame la sénatrice, l'information du CSE paraît suffisante : il ne faudrait pas alourdir les démarches, d'autant que les demandes dont il s'agit sont souvent formulées dans l'urgence, et avec l'appui du CSE.
L'avis conforme me semblant superfétatoire, je suis défavorable au sous-amendement n° II-2188. En revanche, vous avez noté que j'aime les études et les évaluations : pour le sous-amendement n° II-2189, je m'en remets, en conséquence, à la sagesse du Sénat.
M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour explication de vote.
M. Olivier Rietmann. Madame la ministre, je voterai votre amendement, à quelques conditions près.
Vous vous doutez bien que c'est le type de dossiers que la délégation sénatoriale aux entreprises travaille en profondeur. Je vous le demande en son nom : faites quelque chose de simple ! (Mme la ministre acquiesce.)
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Oui !
M. Olivier Rietmann. Dans la même logique, je ne voterai pas les sous-amendements de Mme Poncet Monge. Je pense notamment à l'avis conforme du CSE, qui créerait de la complexité : je ne comprends pas du tout l'utilité de cette procédure.
Prévoyez les moyens nécessaires aux contrôles et, en cas de tricherie, tapez. Mais ne multipliez pas les conditions et les surconditions ; n'allez pas prévoir je ne sais quel encadrement.
Pour ma part, en lieu et place d'un rapport à remettre dans six mois, c'est-à-dire après d'éventuels dégâts, je vous propose un « test PME », ou « test entreprise ». On pourra ainsi évaluer le coût et la complexité de ce dispositif, en particulier pour les entreprises, avant même son application.
Mme Anne-Sophie Romagny. Tout à fait !
M. Olivier Rietmann. Le nom de « test PME » est à mes yeux trop restrictif : cet outil s'appliquant à toutes sortes d'entreprises, de la plus petite à la plus grande, je préfère parler de « test entreprise ».
Quel que soit leur intitulé, de tels tests sont très utiles, si bien que nous souhaitons les rendre obligatoires : c'est l'objet d'une proposition de loi déposée par mes soins et votée par le Sénat à une large majorité, dont nous sommes parvenus à introduire les dispositions dans le projet de loi de simplification de la vie économique. J'appelle d'ailleurs l'attention du Gouvernement sur ce second texte : il est grand temps que son examen reprenne, car nous devons avancer, sur ce sujet comme sur tant d'autres.
En soumettant un tel dispositif au « test entreprise », nous aurons la garantie d'obtenir quelque chose qui fonctionne. Nous serons certains d'éviter une nouvelle charge et d'atteindre réellement le but visé : apporter de la souplesse aux entreprises dans les moments difficiles, sous certaines conditions faciles à contrôler. Je le répète, s'il y a tricherie, il faut taper, mais faites des choses simples.
Mme Anne-Sophie Romagny. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.
Mme Raymonde Poncet Monge. Monsieur le rapporteur spécial, l'avis conforme du CSE peut très bien être favorable : on ne peut partir du principe que cette instance s'opposera systématiquement aux demandes.
Madame la ministre, le dispositif est censé s'appliquer pendant un an – ce n'est pas rien – et l'administration est tenue de répondre en quinze jours, sachant que son silence vaut accord. Elle a certes beaucoup de moyens, mais examinera-t-elle tous les dossiers ? On va quand même un peu loin au nom de la souplesse…
Informer le CSE, c'est bien mignon ; mais on peut quand même recueillir son avis, ne serait-ce qu'un avis simple. J'y insiste, tout sera décidé en quinze jours ou trois semaines.
Nous ne faisons que demander l'étude d'impact dont nous prive, aujourd'hui, la méthode retenue par le Gouvernement. Pour un an, on va reconduire un dispositif mis en œuvre lors de la crise du covid-19…
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Non !
Mme Raymonde Poncet Monge. Vous évoquez un coût de 60 millions à 80 millions d'euros, qui, au passage, ne sera sans doute pas totalement compensé pour l'Unédic. On me répondra que c'est un détail…
À l'heure où l'on prétend revenir vers les partenaires sociaux, cette consultation semble le minimum. Le CSE doit pouvoir dire si, selon lui, une telle démarche va dans l'intérêt de l'entreprise. Les syndicats ne sont pas masochistes !
Quant à l'évaluation demandée, elle ne manquera sans doute pas d'intérêt. Nous verrons, au bout de six mois, si le coût se situe entre 60 millions et 80 millions d'euros : il ne sera peut-être que de 40 millions d'euros. Ce travail, qui n'est pas très compliqué, aurait d'ailleurs dû être mené en amont. Je ne demande pas une vaste étude, mais une simple analyse du coût, précisant notamment la part laissée à la charge de l'Unédic.
M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour explication de vote.
Mme Anne-Sophie Romagny. Madame Poncet Monge, quand on est dans cet hémicycle, ce que l'on demande aux entreprises paraît toujours simple… A priori, un avis, ce n'est pas grand-chose.
Mme Raymonde Poncet Monge. J'ai dirigé une entreprise !
Mme Anne-Sophie Romagny. Si tel est le cas, vous savez que les entreprises sont accablées de demandes ; vous savez combien leur vie est difficile au quotidien, aujourd'hui, en France.
Ce que nous demandons, ce n'est même pas de la souplesse, mais un simple effort de simplification. Recueillir systématiquement l'avis de Pierre, Paul ou Jacques, c'est compliquer encore la vie des entreprises. (M. Thomas Dossus proteste.) Ces dernières sont saturées de demandes de cette nature. (Exclamations sur les travées du groupe GEST.)
Mme Pascale Gruny. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° II-2188.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° II-2189.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1431, modifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-211 rectifié, présenté par Mme Guillotin, MM. Cabanel, Gold et Guiol, Mme Jouve, M. Masset, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :
Après l'article 64
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Avant le 1er janvier 2026, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur les spécificités du régime d'assurance chômage applicable aux travailleurs frontaliers et les coûts que leurs prestations chômages représentent pour l'Unédic. Il recense les différents systèmes de données, français comme étrangers, et présente les possibilités d'interopérabilité des données entre États.
Il formule notamment des recommandations pour établir des conventions bilatérales en matière de sécurité sociale avec les pays frontaliers, voire pour réviser le cadre européen, afin que les pays frontaliers participent à un juste niveau aux dépenses d'assurance chômage des Français ayant travaillé sur leur sol.
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Madame la ministre, lors de notre séance de questions d'actualité au Gouvernement du 27 novembre dernier, notre collègue Véronique Guillotin, auteur de cet amendement, appelait votre attention sur le régime d'assurance chômage des travailleurs frontaliers. Peut-être vous en souvenez-vous : c'était il n'y a pas si longtemps.
S'il allait à son terme, le projet conclu à ce titre entre syndicats et patronat pourrait diviser par deux les indemnités de frontaliers qui ont pourtant cotisé dans leur pays d'emploi. En résulterait non seulement une grave rupture d'égalité entre deux salariés français percevant le même niveau de rémunération, mais aussi divers problèmes juridiques exposant ce dispositif à la censure du Conseil constitutionnel ou de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Soucieuse d'avancer vers un nouveau règlement, la France a saisi la présidence du Conseil européen. Néanmoins, une autre voie mérite d'être explorée, en tout cas aux yeux des radicaux : la négociation d'accords bilatéraux plus justes, reflets plus fidèles des réalités économiques et sociales.
Par cette demande de rapport, Mme Guillotin invite le Gouvernement à engager sans délai des discussions avec les pays voisins, pour que le déséquilibre de ce système d'indemnisation ne pèse pas sur les seuls travailleurs frontaliers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Mon cher collègue, vous le savez : par principe, la commission des finances est défavorable aux demandes de rapport. Mais compte tenu de l'importance, notamment financière, du sujet – le déficit du régime d'assurance chômage des travailleurs frontaliers atteint environ 800 millions d'euros –, nous sollicitons l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. J'ai déjà eu l'occasion de rencontrer Mme Guillotin pour évoquer ce problème, face auquel je suis extrêmement mobilisée.
On connaît l'ampleur du déficit que présente ce régime : 800 millions d'euros en un an, une dizaine de milliards d'euros au cours des douze dernières années. En la matière, l'enjeu se situe à l'échelon européen, et c'est précisément pourquoi je me suis rendue au Conseil européen.
Je m'efforce de mobiliser les uns et les autres en vue d'une révision du règlement (CE) 883/2004 du 29 avril 2004, et je continuerai d'agir en ce sens dans les prochaines semaines. Certains points relèvent d'accords bilatéraux ; d'autres peuvent être traités ici, en France, notamment en faisant évoluer la notion d'offre raisonnable d'emploi (ORE) et en mobilisant davantage encore les agences transfrontalières de France Travail.
Une telle étude, que l'on pourrait confier à l'inspection générale des finances (IGF), semble à même d'apporter un certain nombre d'éclairages et, une fois rendue publique, de dépassionner le débat. Elle paraît donc très utile : c'est pourquoi le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-211 rectifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 64.
L'amendement n° II-1115 n'est pas soutenu.
Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ».
3
Ordre du jour
M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au lundi 20 janvier 2025 :
À dix heures, l'après-midi, le soir et la nuit :
Suite du projet de loi de finances pour 2025, considéré comme rejeté par l'Assemblée nationale (texte n° 143, 2024-2025) :
Mission « Recherche et enseignement supérieur » ;
Mission « Écologie, développement et mobilité durables » et article 60.
Personne ne demande la parole ?…
La séance est levée.
(La séance est levée le dimanche 19 janvier 2025, à deux heures quarante-cinq.)
Pour le Directeur des comptes rendus du Sénat,
le Chef de publication
FRANÇOIS WICKER