CHAPITRE III :
LES CONTRATS DE PLAN
I. LA PRÉSENTATION DES CONTRATS DE PLAN
A. UNE ARCHITECTURE SEMBLABLE
Les
troisièmes contrats de plan possédaient une architecture
semblable :
- un
préambule
, le plus souvent commun à l'Etat et
à la Région. Ce préambule expliquait la démarche de
préparation du contrat, exposait le diagnostic stratégique
(atouts/handicaps/ambitions) établi par l'Etat et la Région,
enfin fixait entre deux et cinq
objectifs généraux
, par
exemple "
affirmer la compétitivité de l'Alsace dans
l'espace économique européen, être une région
d'équilibre dans l'espace rhénan
" en Alsace,
"
Assurer la compétitivité de l'économie
régionale, préparer aux emplois de l'avenir, aménager le
territoire régional, garantir une qualité de vie de haut
niveau
" en Auvergne, "
soutenir et développer
l'emploi, désenclaver et intégrer la région dans les flux
d'échange européens, renforcer l'équilibre et valoriser
les qualités de l'espace régional
" en Pays de la Loire,
etc. ;
- une déclinaison de ces grands objectifs en
15 à 30
programmes
, 30 à 80 actions ou articles, et une ou plusieurs
centaines de
mesures
. Pour chacune des mesures envisagées,
le contrat de plan précisait les engagements financiers de l'Etat et de
la Région, et, parfois, les objectifs, les principales
caractéristiques, et les bénéficiaires. Dans certains cas,
plus rares, les contrats de plan précisaient les services instructeurs
et les conditions d'éligibilité des aides, ou évaluaient
le nombre de bénéficiaires prévus pour certaines actions
(en matière de formation notamment) ;
- des
tableaux financiers
récapitulatifs des engagements de
chaque partenaire, parfois renvoyés en annexe, parfois placés en
exergue ;
- enfin, un nombre réduit (une dizaine au plus) de dispositions
relatives aux
conditions d'application
du contrat.
Certaines de ces
dispositions
étaient communes à
l'ensemble des contrats.
Les préfets avaient ainsi reçu pour instruction de
préciser que "
les engagements pris par l'Etat dans le
présent contrat sont subordonnés à l'ouverture des moyens
financiers suffisants par
les lois de finances
. Dans le cadre des
dotations votées, ils bénéficieront de
l'affectation
prioritaire
des crédits de l'Etat
".
Symétriquement, les contrats stipulaient que "
le
Président du Conseil régional présentera
en
priorité
les actions du contrat de plan dans les projets de budget
des années 1994 à 1998. Les engagements de la Région sont
subordonnés au
vote du budget
par le Conseil
Régional
".
Par ailleurs les modalités de
révision
et de
résiliation
des contrats de plan étaient très
proches d'un contrat à l'autre.
Les contrats de plan pouvaient ainsi être
révisés
en
tout ou partie en cours d'exécution, d'un commun
accord
entre
l'Etat et la Région, des
avenants
étant conclus en tant
que de besoin.
Cette faculté a été peu utilisée : certains
contrats de plan n'ont connu aucun avenant, et les avenants signés ont
été dans l'ensemble fort peu nombreux (au plus une dizaine par
région) et de portée relativement limitée. Dans la
très grande majorité des cas, ces avenants consistaient à
prendre acte du retard de projets d'infrastructures routières et
universitaires et/ou de la réestimation de leur coût.
Par ailleurs, la
révision
ou la
résiliation
du
contrat pouvaient être demandées
unilatéralement
par
l'une ou l'autre partie. La demande devait être accompagnée d'un
exposé des motifs et devait faire l'objet d'un examen par un C.I.A.T. en
ce qui concerne l'Etat et d'une délibération en séance
plénière du Conseil régional en ce qui concerne la
Région. Elle ne pouvait prendre effet que trois mois après la
demande officielle.
Ces dernières clauses, fondées sur le parallélisme des
formes, entendaient conférer une certaine solennité et une
certaine
rigidité
aux contrats de plan Etat-Région. Les
troisièmes contrats de plan n'ont toutefois connu aucune révision
ou résiliation en ces formes, alors même que leur exécution
fut bouleversée (cf. chapitre suivant).
Enfin, la plupart des contrats :
- renvoyaient explicitement à des
conventions d'application
pour
la mise en oeuvre de nombreux programmes, certains contrats stipulant à
cet égard que ces conventions devaient être
"
conformes "
au contrat ;
- portaient création d'un comité régional de
suivi
du contrat "
chargé de transmettre aux deux parties un bilan
d'exécution d'ensemble pour chaque année du
contrat
"
78(
*
)
. La
composition de ce comité était précisée dans
certains contrats, mais le plus souvent renvoyée "
à un
accord mutuel [ultérieur] entre les parties
" ;
- prévoyaient
l'évaluation
du contrat de plan. A l'instar
du contrat de plan pour la Picardie, de nombreux contrats précisaient
aussi les objectifs de l'évaluation : "
l'évaluation
ne saurait être exhaustive et concernera un nombre limité de
programmes... L'évaluation visera à apprécier les effets
des différents programmes au regard des objectifs communs que se fixent
l'Etat et la Région et à renforcer l'efficacité
globale des programmes mis en oeuvre, en mesurant l'adéquation des
moyens de ces programmes aux objectifs affichés et en dégageant
des propositions d'ajustement
". S'agissant des modalités de
cette évaluation, la plupart des contrats renvoyaient toutefois à
des conventions ultérieures.
Au total, les troisièmes contrats de plan apparaissent comme des
documents très
rationnels
dans leur architecture, mais aussi
relativement lacunaires dans leur rédaction, en ce qu'ils renvoient
à de nombreuses
conventions ultérieures
.