F. DES ENGAGEMENTS RÉALISTES ?
•
Lors du CIADT d'Arles du 23 juillet 1999, le Premier ministre avait
indiqué que la méthode d'élaboration des nouveaux contrats
de plan Etat-Régions avait "
banni les promesses
inconsidérées ou irréalistes
". De même, la
ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement avait
souligné à cette occasion sa volonté de "
ne pas
émettre de la fausse monnaie
"
186(
*
)
.
A priori, ces assertions sont confirmées par les observations
précédentes, selon lesquelles les engagements de l'Etat
s'inscrivent en repli par rapport aux engagements initiaux des
troisièmes contrats de plan : à cette aune, les engagements
de l'Etat pour les quatrièmes contrats de plan apparaissent
particulièrement
raisonnables
.
• Votre rapporteur s'interroge toutefois sur le niveau des
engagements
de
l'Etat
pour les quatrièmes contrats de plan
Etat-Régions.
En effet, sauf à imaginer que le Gouvernement ait
prémédité d'octroyer aux régions plus que ce qu'il
avait annoncé, au risque de brouiller la négociation, force est
de constater que les engagements de l'Etat s'établissent à un
niveau plus élevé que celui initialement escompté, la
" seconde enveloppe " étant finalement passée de 10
à 25 milliards de francs.
Par ailleurs, le niveau des engagements de l'Etat pour les quatrièmes
contrats de plan doit être rapporté à l'effort financier
effectivement consenti par l'Etat pour les troisièmes contrats de plan.
Votre rapporteur a montré que l'effort annuel de l'Etat sur la
période 1994-1999 représentait en moyenne 75 % de ses engagements
initiaux, soit l'équivalent de 11,5 milliards de francs 1993 par an.
Pour respecter ses engagements sur la période 2000-2006, qui
correspondent à 14,5 milliards de francs 1993 par an, l'Etat devrait
donc
accroître
au total de 26 % ses dépenses
contractualisées
.
Si l'on tient compte de l'extension du champ de la contractualisation, on peu
estimer que
l'effort financier
de l'Etat en faveur des contrats de plan
devra
augmenter d'environ 15 à 20 %
en volume.
• Cette hausse est-elle
réaliste
?
Deux faisceau d'arguments s'opposent.
Une première thèse,
optimiste
, souligne que cette hausse
doit être rapportée à l'augmentation du PIB en volume
observée sur la période 1994-1999, soit + 14 %, ou à
l'accroissement du PIB que l'on peut raisonnablement escompter sur la
période 2000-2006, soit + 15 % sur la base d'un taux de croissance
potentielle de 2 % par an : les dépenses contractualisées ne
représenteraient donc pas une part croissante du PIB.
Il existe toutefois plusieurs indicateurs
inquiétants
:
- l'étude des données transmises par la DATAR suggère que
taux d'exécution des troisièmes contrats de plan
Etat-Régions pour l'année 1999 pourrait être
particulièrement faible : de l'ordre de 12 à 13 % des
engagements initiaux des contrats 1994-1999, soit moins de 10 milliards de
francs valeur 1993. En d'autres termes, pour respecter ses engagements pour les
quatrièmes contrats de plan, l'Etat devrait
accroître de 45 %
en volume son effort
financier en faveur des dépenses
contractualisées par rapport à celui consenti en 1999 ;
- or l'analyse du
budget pour l'an 2000
ne fait pas ressortir que cette
inflexion ait été pleinement engagée, ce qui est
d'ailleurs logique compte tenu du retard de la signature des contrats de plan.
Pour que l'Etat respecte ses engagements, il devra donc encore plus augmenter
ses dépenses contractualisées par la suite ;
- cependant, aux termes du programme pluriannuel de maîtrise des finances
publiques transmis en début d'année 2000 à la Commission
européenne, les
dépenses de l'Etat
ne devraient augmenter
que de
1 % par an
en volume sur la période 2001-2003.
Le respect par l'Etat de ses engagements contractuels pourrait donc être
difficile, d'autant plus que les marges de manoeuvre budgétaires sont
très largement contraintes par le dynamisme des
rémunérations.
Cette analyse est également corroborée par l'évolution
récente des crédits d'investissements de l'Etat.
En effet, les dépenses civiles en capital de l'Etat pourraient
s'établir en l'an 2000 à un niveau inférieur en valeur
à celui de 1994 (- 10 % en loi de finances initiale par exemple),
ce qui témoigne d'une sévère contraction en volume. Or les
crédits contractualisés sont toujours, pour l'essentiel, des
crédits d'investissement, et le ratio engagements de l'Etat au titre des
contrats de plans/ dépenses civiles en capital en LFI s'est accru
de 17, 2 % en 1994, au moment où s'engageait
l'exécution des troisièmes contrats de plan, à 19,8 % en
l'an 2000, au moment où s'engage l'exécution des
quatrièmes contrats de plan.
Les crédits contractualisées pourraient donc représenter
une part croissante des marges de manoeuvre de l'Etat en matière
d'investissement.
Au total, sauf si la conjoncture économique actuelle se maintient tout
au long de l'exécution des quatrièmes contrats de plan, il existe
un risque non négligeable que l'Etat ne soit de nouveau pas en mesure
d'honorer ses engagements, et que la clause de rendez-vous de
2003
ne
serve en fait à
renégocier à la baisse
le contenu
des contrats.
• Cette analyse est implicitement
confirmée
par la
Direction du
Budget
.
En effet, la Direction du Budget avait estimé en réponse à
votre rapporteur que les engagements initialement souscrits par l'Etat dans le
cadre des troisièmes contrats de plan, n'étaient
"
pas
soutenables
" dans un certain nombre de
secteurs.
Or, en réponse à l'avant dernière question de votre
rapporteur, qui demandait "
dans quelle mesure la
procédure d'élaboration de la quatrième
génération des contrats de plan Etat-Régions
répond-elle aux observations précédentes sur la
troisième génération des contrats de plan
Etat-Régions
" , le secrétariat d'Etat au budget
indique que "
l'élaboration des quatrièmes contrats de
plan Etat-Région s'est déroulée d'une façon qui
n'est
pas
substantiellement différente
, du point de vue de
la Direction du Budget, de celle de la précédente
génération
"
.
Le rapprochement de ces diagnostics suggère ainsi que la Direction du
Budget
doute
du réalisme du cadrage financier des nouveaux
contrats de plan.
• En
conclusion
de ce chapitre, il semble donc que la
procédure d'élaboration des quatrièmes contrats de plan
Etat-Régions se soit heurtée aux
mêmes
écueils
que celle des contrats de plan précédents.