Débat
M.
Guy CARCASSONNE
, à une question portant sur les droits des Tsiganes
et des Roms en France, a répondu que ce sont les mêmes que ceux
des non-Tsiganes et des non-Roms.
L'intervenant a repris la parole pour souligner que ces personnes n'ont le
droit de séjourner que quatre jours dans une même commune. Seules
quelques communes ont accepté de créer des aires de passage qui
leur sont destinées. Elles ne peuvent envoyer leurs enfants à
l'école car ces derniers ne peuvent pas suivre les programmes scolaires
en ne restant que 4 jours dans chaque établissement. A 20 ans, ils ne
trouvent donc pas d'emploi et basculent dans la délinquance. Ils ne sont
pas assimilés, personne ne veut les reconnaître. Ils sont
chassés par tout le monde. Il faut faire comme les Israéliens et
avoir un territoire, sinon on n'existe pas.
M. Guy CARCASSONNE
lui a répondu en ces termes :
« Je persiste à dire que les Tsiganes et les Roms ont les
mêmes droits que les autres. Le fait que ceux qui pratiquent le nomadisme
éprouvent plus de difficultés pratiques que ceux qui ont choisi
d'être sédentaires relève de questions matérielles
qui n'ont rien à voir avec la discrimination ».
M. Jordi SOLE TURA :
Monsieur Thibaud a dit que la Catalogne pouvait demander
l'auto-détermination. Le problème est : qu'est-ce que la
Catalogne ? Certains Catalans sont partisans de
l'auto-détermination, d'autres pas. Au Québec, trois ou quatre
référendums ont été menés sur
l'auto-détermination. Le résultat a toujours été le
même. Si au prochain référendum, les partisans de
l'indépendance gagnent, cela signifie-t-il que l'indépendance
sera accordée de façon irréversible, sans
possibilité de retour en arrière ? Qui a le droit de
décider de l'auto-détermination ?
La question de la langue pose un autre problème. Si on accepte d'isoler
les langues, on est perdu. La situation de la Belgique en est une bonne
illustration. Chaque communauté y parle uniquement sa langue. Les
communautés sont donc séparées politiquement,
économiquement et linguistiquement. Il est important d'assurer le
bilinguisme intégral de la population au lieu d'isoler les
communautés linguistiques. Il y a en Catalogne des émigrés
d'Andalousie ou d'autres parties de l'Espagne. Les plus anciens parlent
espagnol et comprennent le catalan. Mais la deuxième et la
troisième génération sont bilingues. C'est important que
tout le monde parle les deux langues, même et surtout si l'une d'elles
est celle d'une minorité. Sinon, on fait le lit du séparatisme.
Un intervenant :
« Il me semble que nous avons en tant qu'Européens des
responsabilités croissantes à l'égard de la
démocratie. Nous vivons dans des sociétés de moins en
moins homogènes. Nous sommes heureusement loin de la pureté
ethnique et même de la pureté culturelle. Nous avons affaire
à des sociétés dans lesquelles se sont
intégrées des composantes extrêmement diverses qu'il faut
faire vivre ensemble. Il n'y a pas que les Roms et les Tsiganes qui posent des
problèmes d'intégration. La non-discrimination,
l'intégration de différentes composantes linguistiques et
culturelles dans un espace politique qui, comme l'a dit M. Paul Thibaud,
ne peut être que la nation, vont poser des problèmes croissants.
Plutôt que de nous demander comment protéger les minorités,
il faut se pencher sur l'intégration sociale, diminuer la fracture
sociale entre riches et pauvres, ceux qui parlent et ceux qui ne parlent pas,
analphabètes et lettrés, immigrés et citoyens. Le Conseil
de l'Europe peut nous aider à comprendre comment ce problème se
pose chez chacun d'entre nous. Si nous n'arrivons pas à résoudre
ces questions tous ensemble, entre Européens, nous allons au-devant de
grandes difficultés. »
Mme Lana GOGOBERIDZE, Ambassadeur, Représentant permanent de la
Géorgie auprès du Conseil de l'Europe :
Je souhaiterais que le Conseil de l'Europe réfléchisse aux
actions à mener lorsqu'une grande puissance attise le séparatisme
qui existe dans un petit pays. Vous avez évoqué des pays stables,
comme l'Espagne et la France. Dans vos réflexions, n'oubliez pas nos
situations, qui sont beaucoup plus difficiles que les vôtres.