b) La substitution de l'Euro aux monnaies nationales et ses effets
Conséquence de l'instabilité
monétaire,
le système agri-monétaire n'a pu être véritablement
démantelé qu'à partir du moment où les monnaies
Européennes ont connu une plus grande stabilité, sous l'effet du
Système Monétaire Européen (SME). C'est ainsi que le
Conseil des ministres de l'agriculture a décidé, en
décembre 1992, l'abandon des MCM. Il faut reconnaître que les
orientations de la nouvelle PAC, diminuant le soutien par les prix au profit
d'un système d'aides directes, ont facilité cet abandon.
Gardons à l'esprit, toutefois, que l'abandon des MCM n'a pas mis fin
à l'usage des taux de conversion agricoles
. A défaut d'une
stabilité suffisante des monnaies, le recours aux taux verts est
resté nécessaire pour éviter les répercussions en
continu des variations de change sur les prix et les aides communautaires.
Ainsi, les crises monétaires de juillet-août 1993 et de
mars-avril 1995, dont l'ampleur a été considérable,
ont reposé brutalement le problème de la compensation des
fluctuations monétaires.
Aussi longtemps que subsiste l'instabilité des taux de change, un
abandon complet des mesures agri-monétaires reste difficilement
envisageable. La substitution de l'Euro aux monnaies nationales vient à
point nommé.
Ainsi, l'Euro permettra la suppression des pertes de change, des
coûts de couverture et d'assurance, actuellement supportés, dans
leurs relations réciproques, par les importateurs et les exportateurs
des pays qui seront déclarés " in ". Le rapport Emerson
(1991) évaluait l'économie réalisée par l'Europe
des onze de l'époque (tous secteurs confondus) sur les coûts de
couverture et d'assurance à 0,5 % du produit intérieur brut
(PIB) communautaire. S'y ajoutent les coûts de conversion des monnaies
actuelles.
A ces premiers gains s'en ajoutent d'autres, indirects comme le fait que les
taux d'intérêt devraient cesser de constituer, comme cela a
été longtemps le cas en France, les instruments
privilégiés de la politique de change. Ils devraient, par
conséquent, pouvoir mieux répondre aux besoins de
l'économie de l'Union. La rigueur des politiques monétaire et
budgétaire de l'Union, garantie par le pacte de stabilité et de
croissance signé à Amsterdam en juin 1997, devrait asseoir la
stabilité de l'Euro. L'argument trouve également un prolongement
dans le fait que les marchés Européens de capitaux devraient
être attractifs et permettre aux entreprises de trouver plus facilement
que par le passé des financements répondant à leur besoins.