d) La CNMCCA et la coopération agricole
La
Confédération nationale de la mutualité, de la
coopération et du crédit agricoles s'interroge sur le sens et
l'efficacité des propositions de la Commission. Elle affirme la
spécificité de chaque secteur de production et souhaite
promouvoir " un modèle Européen d'agriculture ".
Pour la CFCA, la réforme de " Paquet Santer " semble proposer
une vision duale de l'agriculture. En effet, il tendrait à dissocier
deux objectifs inhérents au modèle Européen agricole.
Ces deux objectifs sont :
- d'une part,
l'objectif de l'efficacité et de la
capacité concurrentielle
dépendrait de la réforme des
organisations communes de marché pour lesquelles la Commission semble
avoir fait le choix global de la baisse des prix, facteur de
compétitivité et de régulation des marchés, avec en
corollaire, l'abandon progressif du principe de maîtrise de l'offre,
voire des mécanismes de gestion des marchés pour certains
secteurs.
Des compensations de revenu sont certes prévues, mais partielles ;
elles posent la double question de leur pérennité et de leur
légitimité puisqu'elles pourraient dans certaines productions,
constituer les 2/3 du revenu.
La CFCA considère qu'on assiste là, insensiblement, au glissement
d'une politique de compensation vers une politique de revenu qui, dans ce cas,
n'échapperait pas à la question de sa redistribution.
- d'autre part, l'objectif du territoire, de l'emploi, de l'environnement
dépendrait du volet politique rurale de l'Agenda 2000 -au contenu
flou et incertain- et d'une certaine renationalisation de la PAC dans le cadre
de la subsidiarité.
La concentration des moyens publics sur les zones défavorisées,
la mise en place de contrats de développement durable encourageant la
reconversion vers l'agriculture biologique ou la production fermière, le
renforcement du contrôle des structures, sont actuellement
préconisés pour mettre en cause cette politique.
Pour les entreprises coopératives, ces outils ne sont pas de nature,
seuls, à fixer durablement une activité agricole dans les
territoires. Probablement nécessaires, ils ne seront efficaces que s'ils
inscrivent dans une politique ayant pour objectif d'adapter l'agriculture aux
besoins et à la réalité des marchés.
Si cette analyse se confirmait, la dissociation entre
compétitivité et territoire fonderait un projet soutenant :
- d'une part, les compétiteurs sur le marché mondial ;
- d'autre part, les détenteurs de niches ou de créneaux
liés aux zones défavorisées.
La CFCA considère que cette analyse signifierait la négation
d'une large partie de l'agriculture française, qui ne peut affronter les
conséquences d'une régulation par les prix mondiaux, mais n'est
pas, pour autant, concentrée sur les zones défavorisées.
Les coopératives agricoles attendent donc une politique communautaire et
nationale qui apporte des réponses à l'ensemble des exploitations
et des filières, ce qui suppose une vision non monolithique de la PAC et
une approche différenciée des OCM prenant en compte : le double
objectif de la compétitivité et du territoire selon la
réalité des secteurs ; la nécessité et
l'importance des outils industriels qui assurent un débouché aux
productions.
C'est à cette condition que les agriculteurs et leurs outils
économiques pourront :
- relever le défi des marchés qui se mondialisent et se
concentrent ;
- peser significativement sur ces marchés par une organisation
renforcée ;
- fixer la production et l'activité économique dans les
territoires.