e) Les termes du débat au Royaume-Uni
les
biotechnologies ont fait l'objet, dès 1994, d'un débat de
société
Si aucune plante transgénique n'est encore mise en culture dans ce pays,
bien que des essais en champs aient lieu, certains produits alimentaires
composés d'OGM (des purées de tomates) sont déjà
commercialisés et bénéficient d'une bonne acceptation de
la part du public.
Rappelons que l'opinion a déjà été
sensibilisée depuis plusieurs années à cette question :
avant même l'introduction des premiers produits
transgéniques,
la biotechnologie végétale avait fait
l'objet, du 2 au 4 novembre 1994, au Regent's College, à
Londres, d'une conférence nationale de consensus sur les
biotechnologies. Cette confrontation d'experts et de citoyens profanes
organisée sur le modèle danois, avait donné lieu à
la publication d'un rapport
89(
*
)
.
L'industrie britannique des biotechnologies est bien placée, surtout
dans le domaine médical et pharmaceutique
.
D'après les renseignements fournis par l'ambassade de France à
Londres, le secteur britannique des biotechnologies se caractérise par :
-
une politique attractive vis-à-vis des investisseurs
:
Le ministère du Commerce et de l'Industrie britannique dispose d'un
service spécifique chargé d'informer les particuliers et les
entreprises sur les potentialités offertes par les biotechnologies au
Royaume-Uni en terme d'investissements. Ce service diffuse de la documentation
sur la réglementation afférente, les voies de recherche dans la
biotechnologie, et les organismes responsables pour faciliter l'approche de ces
technologies par les investisseurs potentiels.
-
une forte croissance :
25 % des compagnies de biotechnologies mondiales (dans tous les secteurs)
sont basées au Royaume-Uni,
soit plus que dans l'ensemble du reste de
l'Europe
. Le chiffre d'affaires des entreprises britanniques du secteur a
connu une croissance élevée, passant de 4,7 milliards de
francs en 1994 à 7 milliards de francs en 1996. Les
prévisions laissaient espérer un chiffre d'affaires de 15
milliards à la fin de 1998. Dans le même temps, les
dépenses de recherche-développement dans le domaine
connaîtraient une croissance de 68 %.
Les petites ou moyennes sociétés de biotechnologies, compte tenu
de leur dynamisme et de leur situation financière, forment un tissu
dense, en perpétuelle évolution, quoique fragile. Cependant, la
base du secteur de la biotechnologie au Royaume-Uni reste constituée par
des filiales de sociétés multinationales ou par des
sociétés plus anciennes et possédant une assise
financière suffisante pour attendre des retombées à long
terme des recherches engagées depuis quelques années.
-
un centre de gravité médico-pharmaceutique :
Le principal axe de recherche biotechnologique des années 90 au
Royaume-Uni porte sur le secteur médical.
La recherche médicale et pharmaceutique reste prédominante :
(médicaments, vaccins, tests issus du génie
génétique).
*
* *
La
France, on le voit, avec l'Europe, est partagée sur le sujet.
Submergés par le désarroi et l'émotion d'une opinion peu
réceptive, en ces temps d'ESB, à une technologie nouvelle qui
semble brusquement surgir dans son assiette, les décideurs
français ont-ils conscience que la situation actuelle est celle du pire
? En l'absence de risque avéré dans l'état actuel des
connaissances, les biotechnologies se développent, sans que
l'économie nationale n'en bénéficie et sans que le
consommateur français ne dispose de l'information qu'il désire.
La France doit se donner les moyens de sortir de cette situation.