2. La stratégie de la sphère Pacifique
a) Le rattrapage japonais
Une
apparition récente mais rapide des biotechnologies
En 1996, le ministère japonais de l'Agriculture, de la Forêt
et des Pêches autorisait pour la première fois la
pénétration de plantes transgéniques sur le marché
japonais.
Dès la fin de 1996, 7 plantes transgéniques obtenues aux
Etats-Unis et au Canada sont apparues sur les étals japonais.
Actuellement, 48 plantes transgéniques ont obtenu l'autorisation de
culture en champ confiné
83(
*
)
,
20 plantes ayant obtenu une
autorisation de commercialisation au Japon.
Le marché japonais des produits génétiquement
modifiés a représenté un montant de 32 milliards de francs
en 1997, en augmentation de 28 % par rapport à 96. Il s'agit
surtout d'importations, concernant le soja, le maïs, le coton, le colza,
mais aussi des oeillets transgéniques. Mais
l'industrie japonaise,
qui ne s'est impliquée que tardivement dans le développement des
produits transgéniques, est en passe de rattraper son retard.
Les
recherches actuelles des entreprises telles que Japan Tobacco, Suntory, Kirin
Brewery, Mitsui, Takii, Mitsubishi chemical, Nippon Paper, portent
principalement sur le riz, le tabac, la pomme de terre, les plantes
ornementales, les brocolis, les choux-fleurs, mais aussi les espèces
forestières utilisées dans l'industrie papetière.
Les biotechnologies sont perçues comme un enjeu de taille, approche qui
est résumée ainsi par le service pour la science et la
technologie de l'ambassade de France à Tokyo : "
En 1996, le
pays du soleil levant n'a pu assurer que 42 % de la demande calorique de
sa population. Les plantes transgéniques permettront-elles au Japon
d'augmenter son niveau d'autosuffisance ? Les décideurs nippons semblent
prêts à essayer de toutes façons ".
Des programmes de recherche publics
Le ministère de l'agriculture et les universités dépendant
du ministère de l'éducation financent des programmes de recherche
sur la transgénèse.
En particulier, le ministère de l'agriculture finance 3 projets :
- un programme de recherche sur 14 ans visant à
améliorer les techniques d'ingénierie cellulaire et
génétique et à développer de nouvelles plantes
transgéniques ;
- un programme visant à développer une nouvelle technique de
transformation génétique ;
- un programme de mise au point de plantes tolérantes à un
herbicide.
Notons que, partie en retard par rapport à la sphère
américaine, la recherche nippone est handicapée par le nombre de
brevets déjà détenus outre-Pacifique et qu'elle a
adopté une stratégie tendant à mettre au point des
nouvelles techniques, brevetables, pour s'affranchir des brevets occidentaux.
Une réglementation qui fait intervenir huit textes et trois
ministères
Au Japon, le développement d'OGM est sous le contrôle de huit
réglementations. En ce qui concerne plus spécifiquement les
plantes, il s'agit de trois directives portant respectivement sur
l'introduction dans l'environnement, l'alimentation humaine et l'alimentation
animale.
Malgré sa complexité, cette réglementation permet
d'accorder un nombre croissant d'autorisations et de faire face à
l'afflux de demandes.
Toutefois, elle est peu incitative en ce qui concerne la réalisation des
essais en plein champ, que les industriels nippons effectuent souvent à
l'étranger.
Une pression du public qui pose la question de l'étiquetage
Aucun étiquetage particulier n'est imposé pour les plantes
transgéniques au Japon, ni pour leurs produits dérivés.
Cependant, l'acceptation du public japonais est mitigée et de nombreuses
préfectures et associations de consommateurs souhaitent un
étiquetage, que le gouvernement japonais refuse pour l'instant.
Le ministère de l'agriculture a lancé dès 1995 un
programme pour la promotion de l'acceptation du public pour les OGM.