b) L'apparition d'insectes résistants aux plantes transgéniques
Les
plantes génétiquement modifiées pour s'autoprotéger
contre un insecte (comme le maïs résistant à la pyrale
précédemment décrit) pourraient susciter
l'apparition
d'insectes résistants à ces plantes transgéniques
,
à la suite d'une mutation génétique
" naturelle " de cesdits insectes, comme cela se produit dans
certains cas de figure. L'intérêt desdites plantes serait alors
considérablement amoindri, puisque l'autoprotection ne fonctionnerait
plus
Il existe des indices de probabilité de réalisation de ce risque,
qui ne découlent pourtant pas des plantes génétiquement
modifiées, mais bien des méthodes utilisées classiquement
en agriculture. En effet, la toxine produite par la bactérie Bacillus
thurigensis, (dont la synthèse est par ailleurs obtenue par génie
génétique dans le "
maïs Bt
") est
utilisée dans différents pays, dont la France, notamment en
agriculture biologique, sous forme de bio-pesticide. Or, dans certains pays
(Malaisie, Japon, Hawaï), son application répétée,
sous forme de pesticide, a entraîné la sélection de
populations de ravageurs capables de résister à l'action de ce
produit.
Il n'est pas impensable qu'un phénomène identique se produise
avec les plantes transgéniques, même si le taux de présence
de cette protéine est inférieur lorsqu'elle est
" intériorisée " dans la plante transgénique,
par rapport à la concentration plus forte en cette protéine du
pesticide utilisé actuellement en épandage sur les
végétaux.
Il est donc concevable qu'un jour les pyrales, par exemple, puissent
résister au "
maïs Bt
". Ce risque est, là
encore, parfois analysé comme un risque de nature plutôt
économique, puisque sa réalisation aurait pour principal effet de
diminuer l'intérêt des plantes transgéniques
concernées et de revenir à la situation actuelle, où les
moyens de lutte contre ces insectes ne sont pas totalement efficaces.
Toutefois, la dimension environnementale n'est pas non plus absente de cette
problématique puisque l'éventualité de l'apparition de
telles résistances pourrait aussi conduire sur les populations
d'insectes concernées, à la perte d'efficacité du
bio-pesticide considéré, ce qui aurait des conséquences
pour les filières qui l'utilisent actuellement.
Des plans de production incluant
des zones de plantes
" refuges ",
non transgéniques, et donc non
résistantes aux insectes ravageurs, sont d'ailleurs actuellement mis en
place pour la culture de ces plantes. Ils ont pour objet de conserver,
grâce au brassage des populations d'insectes, le caractère
"
homozygote
" d'un éventuel gène de
résistance à la toxine
Bt
qui serait apparu chez l'insecte
concerné, ce qui diminuerait sa diffusion dans l'espèce.
("
l'homozygotie
" signifie que le gène n'est
porté que par un seul des chromosomes de l'insecte, par opposition
à "
l'hétérozygotie
").