II. UNE POLITIQUE NATIONALE DES ESPACES PÉRIURBAINS COHÉRENTE AVEC LA POLITIQUE DE LA VILLE : LA BANLIEUE, PORTE VERS LA CAMPAGNE
Comme celle des parcs naturels régionaux, la
légitimité de ce nouveau dispositif devra être
consacrée par un label national délivré par l'Etat et se
concrétisera par des engagements financiers significatifs. En
étant ainsi le garant de la procédure mise en oeuvre et du
contenu du projet élaboré pour ce terroir, l'Etat retrouverait
une légitimité et des capacités d'intervention ou
d'orientation sur l'aménagement urbain.
Le temps est venu de mieux intégrer l'espace périurbain à
la politique de la ville. Il suffit de consulter le fascicule jaune
budgétaire
42(
*
)
consacré au développement urbain pour constater que les termes
mêmes " d'environnement " et " d'agriculture "
n'appartiennent pas à son vocabulaire.
Certes, des progrès ont été réalisés en
matière d'habitat et d'urbanisme, mais aucune action d'ensemble n'a
été menée à bien pour rapprocher la ville de son
environnement et faire de sa reconquête un enjeu important de la
politique de la ville.
Etonnante situation où l'on voit le modèle urbain gagner peu
à peu l'ensemble de la société alors même que les
confins des villes sont en déshérence. Comme le relèvent
D. Hervieu et J. Viar : "
[...] de nouveaux mauvais
lieux sont désignés, lieux bannis ou lieux au ban, qui sont entre
ce qui était hier la ville et ce qui était hier la
campagne : ce sont les banlieues. Et tout se passe comme si, dans cet
univers de mobilité, la part du territoire qui est moins dotée en
capital mémorial et en invention de valeurs se trouvait plongé
dans l'ombre. Ce mouvement nous suggère que la remise à l'honneur
des banlieues relève tout autant du chambardement des lieux et de la vie
qui s'y déroule que de la construction de leurs nouveaux attraits [...].
La banlieue doit revisiter sa mémoire.
Elle doit prendre acte de sa
situation d'égal accès à la ville et à la
campagne
. Ainsi surgira une production culturelle, nouvelle partie
prenante du débat social et de ses nécessaires conflits. La
banlieue, dégagée de l'impératif de devenir autre, ce
à quoi la cantonne la politique dite " de la ville " pourra
enfin se saisir de l'affirmation de son destin. "
43(
*
)
Même si votre rapporteur ne partage pas toutes les conclusions des deux
auteurs précités, il juge que la politique de la ville doit
s'intéresser de façon spécifique et forte aux espaces
périurbains, dans un cadre interministériel.
Il est, par conséquent, indispensable que l'action de l'Etat en
faveur des territoires périurbains soit menée conjointement par
la délégation interministérielle à la ville, par
les services de l'environnement et par ceux du ministère de
l'agriculture.
80 % du territoire étant agricole, sylvicole ou naturel, un projet
d'aménagement du territoire et de développement durable ne pourra
faire l'économie d'une réflexion sur le devenir de l'agriculture.