III. PRÉCARITÉ FONCIÈRE ET FRAGILITÉ AGRICOLE

L'espace périurbain est menacé, entre une ville conquérante et une agriculture déstabilisée qui reflue vers les zones exclusivement rurales. Ligne de contact fluctuante, parfois difficile à identifier, il semble promis à une inexorable urbanisation. Sa situation est -toutes choses égales par ailleurs- analogue à celle que connaissait le littoral français avant que le Conservatoire du littoral ne soit créé. Comme le remarque Dominique Legrain, en rappelant les conclusions du rapport Piquard qui préluda à la création du Conservatoire du littoral :

" La décision de construire, d'occuper l'espace, est irréversible, alors que la décision de le protéger est toujours provisoire. Le vide attire le plein, le plein ne recule jamais au profit du vide [...] 12( * ) ".

Pour l'opinion publique en effet, l'espace avoisinant les villes est bel et bien une " peau de chagrin " promise à se réduire inexorablement. La pression qu'il subit provient, on l'a souligné plus haut, de l'urbanisation croissante qui se traduit par la construction de lotissements, de centres commerciaux et l'implantation d'infrastructures de transport (rocades et carrefours giratoires notamment) qui s'avèrent grands consommateurs d'espace.

Or, actuellement aucun dispositif ne protège, de façon spécifique, les terres agricoles périurbaines, et n'en favorise la gestion. C'est pourquoi elles sont souvent peu à peu dévorées " au fil des décisions et des besoins " par ce que d'aucuns considèrent comme "l'ogre " citadin.

La précarité foncière et la déprise agricole sont donc bel et bien l'avers et le revers d'une même médaille.

A. LA PRÉCARITÉ FONCIÈRE

1. Une urbanisation sans borne

Les espaces périurbains ont subi un fort développement des surfaces bâties depuis le début des années 1980.

En exploitant les données statistiques issues des derniers recensements, la SEGESA 13( * ) montre que l'on a construit, de 1982 à 1990, 17,7 logements par km² dans les cantons périurbains, contre 6,2 logements en moyenne sur l'ensemble du territoire et 2,4 dans les communes rurales. Certes, le rythme de construction s'est réduit, passant de 75.000 logements construits par an entre 1976 et 1980 à 53.000 logements bâtis en moyenne annuelle entre 1986 et 1990. Cependant, la part des logements construits en zone périurbaine, par rapport au total des logements construits s'accroît de 19,2 % à 21,2 %.

La zone périurbaine est donc un espace d'élection et de " facilité " pour l'urbanisation .

Rien d'étonnant, dès lors, à ce que la fragilité de l'agriculture s'y manifeste au grand jour.

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