2. Les échanges commerciaux en matière de fruits
a) Une domination espagnole sur le marché de la fraise
Après le raisin de table, la fraise est le fruit
tempéré dont la balance commerciale pour la France est la plus
fortement déficitaire, avec un solde négatif de
54.550 millions de tonnes. Ce chiffre correspond à un
déficit d'environ 36 millions de francs.
L'Espagne est le premier fournisseur de fraises de la France avec
près de 80 % de ses approvisionnements, soit pour 1996 environ
40.000 tonnes.
Sur ce marché, l'Espagne dispose de nombreux atouts comme les
dévaluations régulières de la peseta, l'augmentation du
potentiel de production, l'introduction de nouvelles variétés
plus qualitatives, la concentration de la production, les investissements en
capacités frigorifiques pour une plus grande maîtrise du produit
et le savoir-faire et le caractère " incontournable " des
opérateurs espagnols pour la fraise.
Néanmoins la délégation sénatoriale a pu constater
certains handicaps pour ce secteur :
l'existence de nombreuses petites exploitations très endettées
après les mauvais résultats économiques des
dernières campagnes,
certaines conditions climatiques défavorables (passages sans transition
de la sécheresse à l'excès de pluie), qui nuisent à
une production régulière.
un débouché industriel pour la fraise qui s'avère
incertain et peu rémunérateur et ne conduit pas à une
maîtrise du marché.
Les perspectives de la fraise espagnole sont néanmoins très
favorables, l'Espagne restant le leader européen sur le marché en
contrôlant 65 % des échanges intra-communautaires. Les
exportations sont le facteur clé de l'économie espagnole de la
fraise et représentent plus de 60 % de la production.
b) L'orange et la pêche : deux produits dont les exportations espagnoles s'accroissent
La France importe chaque année 475.000 tonnes
d'oranges
, blondes ou sanguines. Bien que d'origine tropicale, l'orange est
cultivée dans les régions subtropicales, au climat sec et frais.
La récolte mondiale est estimée à 56 millions de tonnes,
dont près de 10 % sont produits dans l'Union européenne. Les
principaux pays producteurs et exportateurs se situent en Amérique du
Nord (Etats-Unis) et du Sud (Brésil), en Europe (Espagne, Italie,
Grèce, Portugal) et en Afrique (Afrique du Sud et Maroc).
Sur un total de 5,4 millions de tonnes produites dans l'Union
Européenne, l'Espagne assure à elle seule la moitié de la
production
, la saison 1997-1998 s'annonçant plutôt favorable
si le temps pluvieux du mois de janvier et de début février
s'estompe.
Pays producteurs d'oranges dans l'Union
Européenne
(en milliers de tonnes)
Espagne |
2.610 |
Italie |
1.777 |
Grèce |
817 |
Portugal |
165 |
Production totale |
5.369 |
Sources : Douanes françaises
La France produit, principalement en Corse et dans les
Pyrénées-Orientales, 1.300 tonnes.
Notre principal fournisseur
est bien sûr l'Espagne, suivie du Maroc, de l'Afrique du Sud
.
Les principaux fournisseurs de la France
Pays d'origine Tonnage
Espagne 290.000 tonnes
Maroc 68.000 tonnes
Afrique du Sud 48.000 tonnes
Tunisie 20.000 tonnes
Argentine 12.000 tonnes
Israël 5.000 tonnes
Brésil 4.000 tonnes
Chypre 3.500 tonnes
Autres pays 24.500 tonnes
Importations totales 475.000 tonnes
L'exportation de pêches espagnoles connaît actuellement un
développement notable
. Très sensible aux variations
climatiques, le volume de pêches exportées depuis 1985 est le
reflet du dynamisme espagnol.
Exportations de pêches
(en milliers de tonnes)
La France exporte en moyenne depuis 1993, 28 à 30.000 tonnes de pêches.
c) La pomme : un atout pour la France
La France est le premier fournisseur de pommes de l'Espagne avec, en 1996 , 60.049 tonnes, ce qui représente 52 % du marché à l'importation en Espagne. On peut constater néanmoins une baisse sensible des importations espagnoles en 1996.
PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE L'ESPAGNE EN POMMES
1996
Sources : CFCE
Du côté espagnol, la France n'est que le cinquième client.
PRINCIPAUX CLIENTS DE L'ESPAGNE POUR LA POMME
1996
Sources : CFCE
Les exportations françaises de pommes en Espagne disposent d'atouts
importants. Leader incontesté sur le marché espagnol à
l'importation de la pomme, la France voit sa part de marché augmenter
sensiblement en 1996 pour atteindre 56 % en volume, en raison de la
qualité reconnue des pommes françaises et de la proximité
géographique du marché.
Malgré une production nationale importante, ce marché
d'importation est devenu structurel et a atteint une dimension notable en
l'espace d'une décennie.
Par ailleurs, la filière " pommes " espagnole souffre de
certains handicaps. D'une part, l'outil de sélection et de
conditionnement est relativement obsolète. D'autre part, on constate
l'absence de leaders et de véritable marque, c'est-à-dire
d'approvisionnement régulier en quantité et qualité sous
une ou plusieurs marques données.
Les exportations françaises rencontrent, néanmoins, certaines
difficultés. Ainsi, on constate une reconquête du marché
intérieur par les producteurs espagnols, qui bénéficient
d'un important potentiel de production, notamment en variétés
précoces.
Enfin, la concurrence chilienne est de plus en plus vive : le Chili a vu ses
exportations de pommes vers l'Espagne progresser de 31 % en volume entre
1994 et 1996.
Si l'Espagne constitue aujourd'hui un débouché incontournable
pour un grand nombre d'exportateurs français de pommes, il s'agit d'un
marché stable, voire en léger déclin
. L'offre doit
s'adapter aux évolutions de la demande, en terme de
variété notamment, tandis que les produits importés
doivent se démarquer de ceux d'origine locale par leur conditionnement
et un aspect visuel irréprochable. La France se doit ainsi de conforter
son leadership, en travaillant en partenariat avec la grande distribution.
L'Espagne tend à rééquilibrer ses échanges
agro-alimentaires avec la France et à sortir progressivement d'un face
à face avec celle-ci, bien que notre pays soit encore aujourd'hui le
premier client et le premier fournisseur.