RAPPORT D'INFORMATION N° 323 - SUR LES RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LEGUMES A LA SUITE D'UN DEPLACEMENT EN ESPAGNE DU 1ER AU 6 FEVRIER 1998
MM. Jean HUCHON et Louis MINETTI, Sénateurs
COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES ET DU PLAN - RAPPORT D'INFORMATION N° 323 - 1997/1998
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER -
LA FILIÈRE FRUITS ET LÉGUMES : UN ATOUT POUR L'ÉCONOMIE ESPAGNOLE- I. LA PLACE ESSENTIELLE DU SECTEUR DES FRUITS ET LEGUMES DANS L'AGRICULTURE DE L'ESPAGNE.
- II. LA PRÉDOMINANCE DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES DANS LE COMMERCE EXTÉRIEUR ESPAGNOL
-
CHAPITRE II -
LES RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES- I. LES ÉCHANGES ENTRE LA FRANCE ET L'ESPAGNE DANS LE DOMAINE DE L'AGRO-ALIMENTAIRE
-
II. DES ÉCHANGES SOUMIS À DES TENSIONS
- 1. Les causes fréquemment invoquées en France
- 2. Les autres facteurs de la compétitivité espagnole dans le secteur des fruits et légumes
- B. LA MISE EN OEUVRE DE MESURES QUI RESTENT NÉANMOINS INSUFFISANTES
-
CHAPITRE III -
LES ORIENTATIONS PROPOSÉES- I. LE RENFORCEMENT EFFECTIF DE LA FILIÈRE DES FRUITS ET LÉGUMES EN FRANCE
- II. UN PARTENARIAT EFFECTIF ENTRE LA FRANCE ET L'ESPAGNE DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
- III. UNE ACTION CONCERTÉE SUR LE PLAN COMMUNAUTAIRE ET INTERNATIONAL
-
ANNEXE 1 -
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL " FRUITS ET LÉGUMES " -
ANNEXE 2 -
ENTRETIENS ET VISITES AUXQUELS A PROCEDE LA DELEGATION SENATORIALE EN ESPAGNE -
ANNEXE 3
RÈGLEMENT (CE) DU 28 OCTOBRE 1996 N° 2200/96 DU CONSEIL PORTANT ORGANISATION COMMUNE DES MARCHÉS DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
N° 323
__
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 4 mars 1998
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur les relations franco-espagnoles dans le secteur des fruits et légumes à la suite d'un déplacement en Espagne du 1er au 6 février 1998,
Par MM. Jean HUCHON et Louis MINETTI,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe
François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard
César, Louis Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet,
William Chervy, Jean-Paul Emin, Louis Moinard,
secrétaires
;
Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier,
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony,
Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel
Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré
Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond
Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
_______________________
Fruits et légumes.
-
Union européenne - Rapports
d'information.
La délégation sénatoriale tient à exprimer ses plus
vifs remerciements à Son Excellence M. Patrick Leclercq,
Ambassadeur de France en Espagne, ainsi qu'à MM. Jean-Louis Barjol,
attaché agricole et Olivier Prothon, Chef de la Mission agricole du CFCE
en Espagne.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'intégration de l'Espagne au sein de la Communauté
européenne date de 1985.
La crainte de la concurrence espagnole en matière agricole ainsi que la
modernisation de son agriculture ont nécessité l'instauration
d'une période transitoire.
Au sein de ce dispositif, le secteur des fruits et légumes a
occupé une place particulière puisqu'il a été
soumis non au régime dit de la " transition classique " mais
de la " transition par étapes ". L'Espagne était en
effet considérée comme " un géant au pays des fruits
et légumes "
1(
*
)
.
Si cette période transitoire ne s'est achevée qu'à la fin
de l'année 95, le secteur des fruits et légumes constitue un
sujet de débats permanents et parfois d'affrontements entre la France et
l'Espagne, notamment depuis le début des années 90.
La première réunion du Comité Mixte franco-espagnol
organisant le marché des fruits et légumes le
18 décembre dernier témoigne de l'importance de ce secteur
d'activité pour les deux pays.
La commission des affaires économiques du Sénat suit avec
attention l'évolution de cette filière depuis plus de six ans.
Dès 1992, une mission d'information a été chargée
d'étudier le fonctionnement des marchés des fruits, des
légumes et de l'horticulture et d'examiner leurs perspectives
d'évolution, compte tenu de la réforme de la politique agricole
commune, et a formulé plusieurs propositions de nature à
remédier aux difficultés dont souffrent ces secteurs
2(
*
)
. En 1997, le groupe de travail " Fruits et
Légumes " a souhaité, tout en effectuant un bilan
synthétique des différentes propositions du rapport de la mission
sénatoriale, analyser les mécanismes de la nouvelle Organisation
commune du marché (OCM) des fruits et légumes adoptée par
le Conseil des Ministres de l'Union européenne le
26 juillet 1996 et apprécier les perspectives du secteur, en
France, à l'aube de l'an 2000
3(
*
)
.
L'actualité a été, depuis quelques mois, riche en
événements pour la filière fruits et légumes, sur
un plan tant national (rapport Moulias-Haro, disparition de l'Afcofel, mise en
cause des partenariats entre producteurs et distributeurs par le Conseil de la
Concurrence, restructuration de l'organisation économique) que
communautaire (mise en place de la nouvelle OCM...). Par ailleurs, la
récente décision de la Cour de Justice des Communautés
européennes montre à quel point les relations franco-espagnoles
constituent, en matière de fruits et légumes, un objet de
permanente inquiétude.
Une délégation sénatoriale, composée de membres du
groupe de travail " fruits et légumes ", a souhaité se
rendre en Espagne afin, d'une part, de mieux mesurer l'enjeu de ce secteur pour
l'économie espagnole, et d'autre part, de favoriser sur le terrain un
réel dialogue entre les producteurs. La délégation, au
terme de cette mission, estime que certaines mesures permettraient
d'améliorer sensiblement le fonctionnement de ce marché, aussi
bien entre la France et l'Espagne qu'au niveau communautaire ou international.
CHAPITRE PREMIER -
LA FILIÈRE FRUITS ET
LÉGUMES : UN ATOUT POUR L'ÉCONOMIE ESPAGNOLE
I. LA PLACE ESSENTIELLE DU SECTEUR DES FRUITS ET LEGUMES DANS L'AGRICULTURE DE L'ESPAGNE.
A. LE CADRE GLOBAL DE L'AGRICULTURE ESPAGNOLE
1. La deuxième superficie agricole utile de l'Union européenne
Le territoire péninsulaire et insulaire espagnol abrite
une faune et une flore très diversifiées sur plus de
50 millions d'hectares,
la surface agricole utile s'élevant
à près de 25 millions d'hectares, soit 20 % de la SAU
communautaire et 50 % du territoire national
.
La surface de terres cultivées est de 19,9 millions d'hectares,
celle de prairies et pâturages de 6,5 millions et celle des terrains
forestiers de 5 millions d'hectares. Soulignons, dès à
présent, que plus de 3,4 millions d'hectares sont irrigués.
Les derniers résultats statistiques mettent en évidence une
baisse de 1,5 % des terres cultivables, une hausse de 1,4 % des terrains
forestiers, les surfaces occupées par les prairies et pâturages
demeurant pratiquement stables.
REPARTITION DE LA SURFACE AGRICOLE UTILE PAR CHAQUE ETAT
MEMBRE AU SEIN DE L'UNION EUROPEENNE
Source : Eurostat, Annuaire statistique de l'agriculture 1994
REPARTITION GÉNÉRALE DE LA TERRE EN ESPAGNE
Source Eurostat, Annuaire statistique de l'Agriculture 1994
2. Une population agricole âgée et dont l'importance se réduit
Malgré la crise démographique agraire qui frappe ses campagnes, l'Espagne demeure un pays fortement rural : 18 % de la population vit en agglomération de moins de 2.000 habitants -soit près de 7 millions d'habitants sur un total de plus de 39 millions- et 35 % en agglomérations de moins de 10.000 habitants. Pour mémoire, la France compte une population rurale de près de 15 millions d'habitants, soit environ 26 % de la population française.
EVOLUTION DE LA POPULATION RURALE ESPAGNOLE DE 1950 À
1991 POUR LES COMMUNES DE MOINS DE 2.000 HABITANTS
(en % de la
population totale)
En 1996, l'agriculture et la forêt occupent 1.015.800
personnes
(35% de moins qu'en 1989),
représentant 7,9 % de
la population active totale
, soit le double de la France (4 %).
L'analyse de la répartition de la population active, en fonction des
branches d'activité, permet d'appréhender la situation de la
force de travail dans le secteur primaire espagnol et de la comparer à
celle existant en France.
EVOLUTION DE L'EMPLOI DANS L'AGRICULTURE ET LES AUTRES
SECTEURS EN FRANCE ET EN ESPAGNE
(en % de la population active totale)
Secteur |
Années |
ESPAGNE |
FRANCE |
|
1983
|
18
|
8,1
|
Industrie
|
1983
|
33,5
|
33,9
|
|
1983
|
48,4
|
58
|
Source : Eurostat 1994
La répartition de la population agricole est
hétérogène. Certaines zones sont très
peuplées comme l'Andalousie (26,8% sur 17,8% de la SAU), la Galice
(19,3% du total sur 6,4% de la SAU) et le Pays Valencien (8% sur 4,5% de la
SAU) ; d'autres le sont moins comme les deux Castilles (Castille-La Manche,
6,3% sur 15,8% de la SAU ou Castille-Léon, 8,8% sur 18,6% de la SAU).
Toutefois, en poids relatif au sein de la population active, il convient de
souligner l'importance de l'agriculture en Galice (24% de la population active
en 1994), Estrémadure, Castille La Manche, Andalousie et Murcie
(13,25%). Inversement, la population active agricole est insignifiante dans les
Communautés de Madrid, du Pays Basque, de Catalogne et des
Baléares.
Par ailleurs, cette population est âgée
puisque, en 1994,
18,6% avaient moins de 30 ans (contre 26,4% pour l'ensemble des secteurs
économiques) et 42,9% plus de 50 ans (contre 22,6% pour l'ensemble des
secteurs).
EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE EN ESPAGNE PAR SECTEURS
1985
1995
Si l'on ne prend en compte que la seule population agricole
(soit plus d'un million d'actifs), la
répartition par branches
d'activité, pour l'année 1994 est la suivante (en milliers
) :
Production agricole 840,2 (soit 61%)
(y compris fruits et légumes)
Production élevage 371,0 (soit 27%)
Semences 26,6 (soit 2%)
Chasse 3 (soit 0,2%)
Sylviculture 45,8 (soit 3,3%)
Pêche 88,8 (soit 6,5%)
3. La structure et l'orientation des exploitations
On constate en Espagne,
comme partout ailleurs au sein
de l'Union européenne
, une baisse du nombre et une augmentation de la
taille moyenne des exploitations agricoles
.
Selon le recensement agricole de 1989, il y avait en Espagne
2.264.168 propriétés agricoles, soit, si l'on se base sur
les critères d'harmonisation des sources statistiques communautaires,
1.593.600 exploitations agricoles.
Plus d'un million d'entre elles ont un volume économique
inférieur à 1 UDE (Unité brute standard totale de
1.200 ECUS) et plus de 700.000 ne dépassent pas un hectare. Par
ailleurs, 75 % des exploitations ont une dimension inférieure
à quatre UDE et 84 % ne parviennent pas à
rémunérer le facteur travail aux niveaux minima.
La délégation sénatoriale a pu constater dans les
Communautés d'Andalousie, de Murcie et d'Almeria le grand nombre des
agriculteurs disposant d'une surface agricole inférieure à un
hectare, consacrée notamment à la culture de la fraise ou de la
tomate,.
RÉPARTITION DES EXPLOITATIONS AGRICOLES ESPAGNOLES, EN FONCTION DES COMMUNAUTÉS AUTONOMES
Communautés autonomes |
Propriétés agricoles |
Surface totale |
SAU |
Exploitations
|
||||
|
Nbr. d'exploitations
|
% |
Ha
|
% |
Ha
|
% |
Ha
|
% |
Andalucia |
423,6 |
18,7 |
7 596,6 |
17,7 |
4 537,2 |
18,3 |
111,9 |
26,4 |
Aragon |
99,6 |
4,4 |
4 443,0 |
10,3 |
2 460,2 |
9,9 |
14,1 |
14,2 |
Asturias |
69,6 |
3,1 |
819,3 |
1,9 |
394,3 |
1,6 |
20,1 |
29,2 |
Baléares |
28,8 |
1,3 |
384,2 |
0,9 |
220,5 |
0,9 |
7,5 |
26,1 |
Canarias |
73,8 |
3,3 |
436,1 |
1,0 |
102,7 |
0,4 |
43,4 |
58,8 |
Cantabria |
30,2 |
1,3 |
479,9 |
1,1 |
235,5 |
0,9 |
6,3 |
20,9 |
Castilla-La Mancha |
209,1 |
9,2 |
6 986,6 |
16,3 |
4 424,7 |
17,9 |
25,9 |
12,3 |
Castilla y Leon |
235,9 |
10,4 |
8 104,2 |
18,9 |
4 931,6 |
19,9 |
40,0 |
17,0 |
Cataluna |
112,1 |
4,9 |
2 471,6 |
5,8 |
1 106,9 |
4,5 |
17,6 |
15,7 |
Communidad Valenciana |
288,8 |
12,8 |
1 780,9 |
4,1 |
760,4 |
3,0 |
145,6 |
50,4 |
Extremadura |
114,2 |
5,0 |
3 866,6 |
8,5 |
2 947,0 |
11,9 |
23,2 |
20,3 |
Galicia |
358,9 |
15,8 |
2 217,1 |
5,2 |
675,0 |
2,7 |
184,8 |
51,5 |
Madrid |
25,1 |
1,1 |
624,4 |
1,4 |
383,0 |
1,5 |
5,1 |
20,3 |
Murcia |
85,8 |
3,8 |
923,7 |
2,1 |
535,0 |
2,2 |
39,6 |
46,2 |
Navarra |
39,5 |
1,7 |
930,7 |
2,2 |
620,1 |
2,5 |
10,9 |
27,6 |
Pais Vasco |
42,7 |
1,9 |
618,1 |
1,4 |
227,4 |
0,9 |
12,0 |
28,1 |
Rioja, La |
26,2 |
1,1 |
456,3 |
1,1 |
189,6 |
0,8 |
8,8 |
33,6 |
TOTAL NATIONAL |
2 263,9 |
100 |
43 199,3 |
100 |
24 751,1 |
100 |
716,8 |
31,7 |
Source : INE, recensement agricole 1989.
Sur un nombre total d'exploitations espagnoles (classification
européenne de 1990, soit 1.580.970) la répartition par
orientations techniques et économiques est la suivante :
La distribution des surfaces cultivées par groupes de cultures est
analysée dans le tableau ci-dessous :
Groupe |
Non irriguées |
Irriguées |
Total |
|||
|
Année 1983
|
Année 1993
|
Année 1983
|
Année 1993
|
Année 1983
|
Année 1993
|
Céréales-Grain |
6 667 |
5 823 |
765 |
604 |
7 433 |
6 427 |
Légumineuses-grain |
379 |
185 |
55 |
26 |
434 |
211 |
Tubercules de consommations humaine |
177 |
102 |
166 |
109 |
343 |
210 |
Cultures industrielles |
888 |
1 632 |
418 |
777 |
1 306 |
2 409 |
Cultures fourragères |
838 |
881 |
422 |
355 |
1 260 |
1 236 |
Cultures maraîchères |
110 |
60 |
350 |
375 |
460 |
435 |
Fleurs et plantes d'ornement |
|
|
3 |
4 |
3 |
4 |
TOTAL CULTURES HERBACÉES |
9 060 |
8 683 |
2 176 |
2 245 |
11 235 |
10 928 |
Agrumes |
|
|
236 |
270 |
236 |
270 |
Fruits (hors agrumes) |
629 |
663 |
236 |
277 |
865 |
940 |
Vignoble |
1 636 |
1 223 |
61 |
59 |
1 697 |
1 281 |
Oliviers |
1 990 |
2 011 |
100 |
136 |
2 090 |
2 147 |
Autres cultures ligneuses |
112 |
85 |
4 |
2 |
116 |
87 |
TOTAL CULTURES LIGNEUSES |
4 367 |
3 981 |
637 |
744 |
5 004 |
4 725 |
TOTAL CULTURES |
13 427 |
12 664 |
2 813 |
2 990 |
16 239 |
15 653 |
Comprend les cultures successives sur une même
surface
En pourcentage du total des surfaces cultivées, on perçoit
l'importance du secteur des fruits et légumes :
Sources : Eurostat
B. L'IMPORTANTE CONTRIBUTION DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES DANS LA PRODUCTION AGRICOLE DE L'ESPAGNE
1. La production agricole espagnole
La valeur ajoutée brute de l'agriculture espagnole
est estimée à environ 2.500 milliards de pesetas, soit 104
milliards de francs en 1996
. La contribution de l'Espagne à la
production agricole globale de l'Union européenne place ce pays en
troisième ou quatrième position selon les statistiques retenues.
La valeur de cette production représente 3,5 % du PIB espagnol en
1996 contre 3,04 % en 1994 et 2,98 % en 1995.
CONTRIBUTION DES PAYS MEMBRES A LA PRODUCTION AGRICOLE GLOBALE DE L'UNION EUROPEENNE (en % pour 1993)
Sources : Eurostat
La valeur de la production agricole finale espagnole provient pour 55% à
60% de la production végétale.
Les légumes frais, les fruits et fleurs constituent au sein de cette
production les secteurs dont la valeur est proportionnellement la plus
importante.
La première production
(dont la valeur est croissante)
est
celle des cultures maraîchères qui ont représenté
23,6% des productions végétales en 1996
. Il s'agit de
cultures irriguées intensives largement destinées à
l'exportation et l'expédition vers les pays membres de l'Union, dont les
450.000 ha sont concentrés le long du littoral
méditerranéen de Valence à Malaga.
Ainsi la
délégation sénatoriale, lors de son déplacement
dans la région d'Almeria, s'est trouvée confrontée
à une véritable " mer de plastique ". Environ 30.000
hectares de serres couvrent en effet l'horizon, à perte de vue
.
La seconde production, par ordre d'importance, est celle des fruits
(dont la moitié correspond aux agrumes du Pays valencien), avec, parmi
les principales productions, les fraises, les pêches, les pommes et les
poires.
Ce secteur représente environ 22 % de la valeur des
productions végétales
. Il couvre 1,2 million d'hectares
environ, dont la moitié est couverte par des amandiers.
Selon les comptes financiers de l'agriculture et de la sylviculture (88-93,
Eurostat),
le secteur des fruits et légumes représente
6.713 millions d'écus en Espagne, soit, en valeur
plus de
50 % de l'ensemble des principaux groupes de cultures
, alors qu'il
constitue seulement en moyenne
42,4 %
(y compris l'horticulture) de
la production agricole globale en Europe.
CONTRIBUTION DES PRINCIPAUX GROUPES DE CULTURES PAR RAPPORT À LA PRODUCTION AGRICOLE GLOBALE (en % de 1993)
EN ESPAGNE
DANS L'ENSEMBLE DE L'UNION EUROPEENNE
2. L'analyse du secteur des fruits et légumes en Espagne
a) La prédominance de la tomate au sein des cultures maraîchères
Les produits maraîchers (plantes à feuilles ou
à tiges, plantes à fruits, plantes à fleurs, racines et
bulbes, légumineuses et plantes maraîchères diverses)
représentent un total de 435 milliers d'hectares pour une
production de plus de 10 millions de tonnes.
|
Surface
|
Production
|
Ail |
30,9 |
199,3 |
Artichaut |
23,5 |
325,7 |
Asperge |
21 |
83,3 |
Chou |
14,2 |
374,5 |
Chou-Fleur |
13,5 |
271,4 |
Concombre |
6 |
323,6 |
Fève fraîche |
11,4 |
88,2 |
Haricot verts |
24,5 |
239,5 |
Melon |
50,2 |
916,1 |
Oignon |
27,4 |
1 017,1 |
Pastèque |
22,8 |
602,1 |
Petit pois |
10,5 |
58,9 |
Poivron |
24 |
745,9 |
Salade verte |
34,5 |
972,1 |
Tomate |
61,5 |
3 081,6 |
La tomate fraîche ou en conserve s'avère
être la culture maraîchère la plus importante d'Espagne
.
Avec une récolte oscillant entre 2,8 et 3,4 millions de tonnes par an,
l'Espagne
(Canaries inclues) est
le deuxième pays producteur
de tomates fraîches
au sein de l'Union Européenne, loin
toutefois derrière l'Italie.
|
1994 |
1995 |
1996 |
Récolte (1) |
3 109 |
2 841 |
3 367 |
Utilisation pour l'industrie (2) |
1 279 |
916 |
1 184 |
Consommation |
1 168 |
1 196 |
1 438 |
(1) Source, ministère de l'agriculture et de la
pêche En milliers de tonnes
(2) Tomato news 7/97
Bien que très atomisée,
la production espagnole de tomates
fraîches est assurée majoritairement par quelques
régions
, dont notamment l'Andalousie et l'Estrémadure, ainsi
que les Canaries et Murcie, qui conjointement pèsent pour 72 % du
total récolté.
RÉPARTITION DE LA PRODUCTION PAR RÉGION
(en milliers de tonnes - 1996)
Andalousie |
877 |
Estrémadure |
861 |
Canaries |
350 |
Murcie |
339 |
Navarre |
178 |
Castille - La Manche |
162 |
Valence |
154 |
Catalogne |
119 |
Autres |
265 |
Source : CMA Madrid
Les trois principaux pôles de production à vocation exportatrice
ont chacun un ou plusieurs types de produit prépondérant, les
tomates grosses-côtelées (variétés Royestas Sluis
& Groot, 154 Azera) prédominant autour de Grenade et de Malaga.
Région |
Types/majeurs/calibre |
Variété prédominante |
||
Alméria |
- Unicole long/life
|
Daniela |
||
Murcie |
- Côtelée/moyen-gros
|
Rambo |
||
Murcie |
- Ronde-lisse/petit |
Durinta |
La présence, en Espagne, des principaux obtenteurs,
c'est-à-dire des semenciers comme Hazera, De Ruiter, Western seed
,
permet de disposer de variétés adaptées aux conditions
de production locales et à l'évolution de la demande
.
Les petites unités familiales prédominent en Andalousie, avec un
regroupement de l'offre via 5-6 coopératives ou SAT (Sociedad Agraria de
transformation). Une coopérative créée en 1944 -la
Casi, organisée en marché au cadran que votre
délégation a visitée- commercialise 60.000 tonnes de
tomates/an. Le décollage de cette structure provient de l'essor des
cultures intensives sur les côtes d'Almeria. On note, en outre, la
coexistence de multiples " alhondigas " (marchés au cadran
privés), approvisionnées par de nombreux petits producteurs et
destinées à alimenter le marché intérieur.
Les structures intégrées verticalement (production et
commercialisation) sont majoritaires dans la région de Murcie, où
les leaders s'efforcent de développer une production sur l'ensemble de
l'année. Les deux groupes leaders (Paloma et Duran) réalisent
conjointement 60 % des exportations de cette région, par le biais
de leur bureau commercial commun --Disfrusa export-.
La délégation sénatoriale, lors de ses
déplacements à Murcia et à Almeria, a pu se rendre compte
de l'importance accordée à l'exportation par les
coopératives ou les sociétés privées
d'expédition, dotées d'outils modernes et disposant de volumes de
production conséquents.
En ce qui concerne la production de dérivés de la tomate
,
tous types confondus,
l'Espagne se place en troisième position
(derrière l'Italie et la Grèce)
avec une production de
près de 450.000 tonnes en 96/97
, soit 1,18 millions de
tonnes de tomates fraîches transformées.
LE MARCHÉ ESPAGNOL DE LA TOMATE EN CONSERVE
(en milliers de tonnes)
(1)
|
94/95 |
95/96 |
96/97 |
97/98
|
Stock initial |
2 |
45 |
26 |
17 |
Production |
275 |
209 |
221 |
210 |
Import |
0,1 |
4 |
0 |
1 |
Export |
60 |
58 |
55 |
50 |
Consom. |
172 |
174 |
175 |
175 |
Stock final |
45 |
26 |
17 |
3 |
(1) Tomates entières, pelées en morceaux,
concassées.
Exercice allant de juillet à juin de l'année suivante.
Sources : World Horticultural Trade & US Export Opportunities et CMA
Madrid
LE MARCHÉ ESPAGNOL DU CONCENTRÉ DE TOMATE
(Base 28-30 % ; en milliers de tonnes)
|
94/95 |
95/96 |
96/97 |
97/98
|
Stock initial |
15 |
20 |
11 |
37 |
Production |
145 |
102 |
145 |
116 |
Import |
1 |
5 |
1 |
5 |
Export |
60 |
36 |
40 |
45 |
Consom. |
81 |
80 |
80 |
81 |
Stock final |
20 |
11 |
36 |
32 |
Exercice allant de juillet à juin de l'année
suivante.
Sources : Worl Horticultural Trade & US Export Opportunities et CMA
Madrid
Après avoir fortement augmenté en 1996/97 (1.183.919 tonnes,
soit + 20,7 % par rapport à 1995/96), la récolte de
tomates pour la transformation industrielle devrait diminuer en 1997/98
(prévisions : 1.110.000 t). Selon des sources
ministérielles, les superficies plantées en tomates pour la
transformation se seraient accrues de 12 % lors de la campagne 1997/98,
alors que les professionnels estiment qu'elles ont été
réduites de 10 %.
Les conserves spécialisées dans la tomate pelée sont
situées principalement dans le bassin de l'Ebre, la Navarre et la
province de Murcie. L'Estrémadure accueille la quasi-totalité de
la fabrication de concentré de tomate, tandis que la tomate en morceaux
est produite principalement autour de Badajoz (Estrémadure).
L'Espagne compte environ 25 entreprises spécialisées dans la
production de concentré de tomate. Elles disposent d'une capacité
proche de 800.000 tonnes de matière première,
utilisée à 65-70 %. Il existe quelque 125 unités
fabriquant de la tomate pelée en conserve, qui représentent
conjointement une capacité de transformation de 500.000 tonnes de
matière première, utilisée entre 40 et 50 %.
b) La production d'agrumes
La production totale d'agrumes s'élève
à près de 5 millions de tonnes
sur une surface de
270.264 hectares.
1994 |
Surface
|
Production
|
Orange |
141 279 |
2 662 634 |
Mandarine |
82 074 |
1 631 034 |
Citron |
44 |
610 996 |
c) Les fruits, un secteur en très forte progression
L'Espagne est également un producteur important de
fruits à pépins, à noyaux, de fruits tropicaux et de
fruits secs.
|
Surfaces
|
Productions
|
Abricots |
25,9 |
198,8 |
Bananes |
8,6 |
350,2 |
Cerise et griotte |
26,3 |
69,1 |
Fraises |
88,0 |
220,0 |
Pêches |
75,8 |
864,9 |
Poires |
37,5 |
542,9 |
Pommes |
53,6 |
810,9 |
Prunes |
21,3 |
145,1 |
L'Espagne est le principal producteur communautaire de fraises , suivi de près par l'Italie. La production est comprise entre 180 et 250.000 tonnes sur une superficie de 88.100 hectares, celle-ci étant en progression de 4 % en 1996.
EVOLUTION DE LA PRODUCTION (en milliers de tonnes)
|
1994 |
1995 |
1996 |
Production |
173 800 |
251 200 |
173 700 |
L'Andalousie est la principale région productrice de
fraises. Elle fournit plus des 3/4 de la production nationale.
Cette
dernière est notamment concentrée sur la zone de Huelva
dans
laquelle la délégation s'est rendue. En deuxième place,
loin derrière Huelva, on trouve la Communauté Valencienne
(10 % de la production nationale). Les autres régions ne jouent
qu'un rôle mineur.
Le nombre de producteurs serait de 1.350. Après une année de
croissance incontrôlée en 1995, l'année 1996 a connu
une production relativement faible due aux problèmes climatiques (pluies
excessives). Les Espagnols consomment essentiellement les fraises en mars,
avril et mai.
La variété jusqu'à présent dominante a
été Oso Grande avec plus de 70 % du total, les autres
variétés étant Tudla (7 %) et Camarosa (13 %).
De nouvelles variétés californiennes se développent
présentant une meilleure qualité gustative tout en étant
productives comme Camarosa et Cuesta. Il semble ainsi que le cycle de la
variété dominante Oso Grande se termine et on prévoit que
Camarosa deviendra la variété dominante en 1997.
La délégation sénatoriale a pu constater que la
distribution moderne organisée dans le secteur des fruits et
légumes s'est fortement développée en Espagne
puisqu'elle représente 45 % de la commercialisation des fruits et
légumes frais. Malgré tout, le nombre de magasins traditionnels
et spécialisés demeure important puisqu'ils constituent 45 %
des ventes.
La pêche
Plus de 70.000 hectares sont consacrés en Espagne à la production
de pêches. Alors que l'Espagne produisait un peu plus de 500.000 tonnes
en 1985, on a constaté un quasi doublement de la production en 1996.
PRODUCTION DE PÊCHES
(en milliers de tonnes)
Source : Ministère de l'agriculture - Espagne
La pomme
L'une des cultures fruitières la plus importante en Espagne est la
pomme.
Selon les années, la production espagnole de pommes oscille
entre 700.000 tonnes et 800.000 tonnes
.
En milliers de tonnes |
1994 |
1995 |
1996 |
Production (1) |
753 |
780 |
849 |
Consommation kg/hab (1) |
13,9 |
12,9 |
n.d. |
Sources : (1) Prognosfruit'97
(2) CFCE, EXPORT AGROSTAT d'après douanes espagnoles.
VENTILATION DE LA PRODUCTION ESPAGNOLE PAR
VARIÉTÉS, EN 1996
|
Milliers de tonnes |
% |
Golden |
565 |
66,5 |
Red delicious |
102,3 |
12,0 |
Gala |
110,5 |
13,0 |
Granny Smith |
28,7 |
3,4 |
Autres |
42,6 |
5,0 |
Les vergers de pommiers, situés principalement dans les provinces de Lerida, Aragon et Gérone, couvrent une superficie de 57.000 ha, dont 40.000 ha irrigués. La récole s'effectue essentiellement entre fin août et octobre. On constate une prédominance de la variété Golden, au stade de la production comme à celui de la consommation ainsi qu'un élargissement de la gamme variétale produite (Gala, rouges américaines...). Le niveau de consommation est proche de 13 kg/hab/an, tandis que l'auto-consommation est évaluée à 1,2 kg/an.
II. LA PRÉDOMINANCE DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES DANS LE COMMERCE EXTÉRIEUR ESPAGNOL
A. L'ÉVOLUTION POSITIVE DU COMMERCE EXTÉRIEUR AGRO ALIMENTAIRE DE L'ESPAGNE
1. Le commerce extérieur agricole dans le volume global des échanges espagnols
Le commerce extérieur agricole a toujours
représenté une part importante du commerce extérieur
total
. Ainsi en 1984, les importations et les exportations de produits
agricoles représentaient respectivement 17,8 % et 14,7 % de
l'ensemble des importations et des exportations espagnoles. En 1994, ces
chiffres étaient quasiment stables avec 17 % pour les exportations
et 13,9 % pour les importations. Les premières estimations pour
1997 sont à peu près identiques.
Ce maintien est d'autant plus remarquable que le volume de ces
échanges s'est multiplié par 3 en l'espace d'une dizaine
d'années
. Par ailleurs, la comparaison avec la France est
significative. En effet, les importations de produits agro-alimentaires en
France représentent en 1996 155,10 milliards de francs, soit 11 %
du total des importations françaises. En outre, les exportations de
produits agro-alimentaires en France s'élèvent en 1996 à
213,6 milliards de francs, soit, 14,5 % de l'ensemble des exportations
françaises.
IMPORTATIONS TOTALES/IMPORTATIONS AGRICOLES
EN ESPAGNE
EXPORTATIONS TOTALES/EXPORTATIONS AGRICOLES
EN ESPAGNE
2. Une croissance régulière des exportations agro-alimentaires
En 1996, pour la première année depuis 8 ans,
l'Espagne a dégagé un solde commercial agro-alimentaire
positif
. Ce résultat traduit, certes, l'effet
bénéfique de l'absence de sécheresse en 1996,
mais
surtout la poursuite d'une croissance régulière des exportations
de ce pays
qui s'affirme progressivement comme un concurrent
agro-alimentaire très sérieux. Cette évolution lui permet
de rééquilibrer ses échanges avec la France, premier
partenaire commercial.
La différence de dynamisme entre les exportations et les importations
creuse l'écart en 1997 et conforte la tendance au développement
d'un solde extérieur agro-alimentaire structurellement
excédentaire en Espagne.
Les 6 premiers mois de 1997 consacrent l'émergence de l'Espagne comme un
exportateur net. De plus, les ventes espagnoles à l'extérieur ont
progressé de 23,9 % en valeur sur cette même période,
les achats espagnols ayant reculé en tonnage de 10 %.
a) Les soldes excédentaires
Les soldes excédentaires concernent principalement
en 1997 les fruits avec près de 10 milliards de francs
,
les fruits tempérés rapportant à l'Espagne environ
5 milliards de francs.
Les légumes frais ont permis de dégager un solde toujours plus
important
: de 6,5 milliards de francs en 1994, celui-ci passe
à 7,6 milliards de francs en 1997.
Les fruits et légumes apparaissent ainsi comme le secteur
dégageant le principal solde positif de la balance commerciale
agro-alimentaire de l'Espagne.
Les conserves et épicerie sèche progressent d'un milliard de
francs entre 1994 et 1995 et atteignent 2,6 milliards en 97 après
une augmentation à près de 4 milliards en 1995.
Les vins et spiritueux dégagent également un solde
excédentaire de 1,6 milliard de francs en 1997 compte tenu d'un
solde excédentaire pour les vins de 4,3 milliards de francs mais
d'un solde négatif pour les spiritueux de 2,7 milliards de francs.
Viennent ensuite les graisses et les huiles (3,6 milliards de francs)
ainsi que les viandes (moins d'un milliard).
Si les fruits, les légumes, les céréales et les boissons
exportés représentent 76 % du total pour un montant unitaire
supérieur à 100 milliards de pesetas,
on assiste à
une diversification progressive de l'offre en tonnage
, portée
notamment par les viandes, la première transformation des
céréales (farine) et les préparations de fruits et
légumes.
b) Les soldes déficitaires
Les principaux soldes déficitaires concernent les
poissons, crustacés et mollusques ainsi que les oléagineux avec
plus de 100 milliards de pesetas chacun en 1997.
Les céréales obligent, en outre, l'Espagne à régler
une facture de 3,3 milliards de francs en 1994 et de 6,7 milliards de
francs en 1995. En 1997, le solde de ce chapitre dépasse les 50
milliards de pesetas comme celui " des aliments pour
animaux ".
Les autres déficits significatifs, mais moins élevés,
concernent les tabacs avec 2,7 milliards de francs, le café vert et
torréfié avec 2,6 milliards de francs et les produits
laitiers avec 2,0 milliards de francs. Viennent ensuite le sucre et les
" animaux vivants " dont le solde négatif dépasse les
10 milliards de pesetas chacun.
Il est à noter que 30 % des achats en valeur espagnols concernent
des produits à forte valeur unitaire (viandes, préparations
diverses, café, animaux vivants) mais représentent un faible
tonnage (10 % du total).
Au-delà des aléas climatiques, les soldes susceptibles
d'évoluer favorablement pour l'Espagne sont " les animaux
vivants ", grâce à un meilleur auto-approvisionnement.
L'existence de quotas entrave toute évolution pour le sucre et les
produits laitiers.
PRINCIPALES EXPORTATIONS AGRICOLES DE L'ESPAGNE
(% par rapport à l'ensemble des exportations agricoles)
Sources : CFCE et statistiques Ministère de l'agriculture espagnole.
PRINCIPALES IMPORTATIONS AGRICOLES DE L'ESPAGNE
(% par rapport à l'ensemble des importations agricoles)
Sources : CFCE et statistiques Ministère de l'agriculture espagnole.
B. B. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR AGRO-ALIMENTAIRE DE L'ESPAGNE
1. Des exportations encore concentrées sur l'Union européenne, mais en phase de diversification
En 1996, l'Union Européenne a
représenté 77,5 % des exportations espagnoles
,
6 pays concentrant 72 % de cet ensemble. Les ventes espagnoles
produisent un chiffre d'affaires de 53,6 milliards de francs.
La France
occupe la première place
avec 11,3 milliards de francs d'achats
en 1994 et 13,2 milliards de francs d'achats en 1995, ce qui
représente près de 19 % des exportations mondiales
agro-alimentaires de l'Espagne.
L'Allemagne se rapproche de la France avec 11,7 milliards de francs, soit
17 % des ventes espagnoles. Ces deux pays achètent ainsi 36 %
des exportations de l'Espagne.
Vient au troisième rang le Portugal avec 7,1 milliards de francs,
soit 10 % des ventes espagnoles. L'Italie, le Royaume-Uni et les Pays-Bas
constituent également des marchés importants pour l'Espagne.
Le premier client de l'Espagne hors Union européenne est les USA
qui se placent ainsi au 7ème rang avec 2,5 milliards de
francs, soit 3,6 % des ventes espagnoles.
Le deuxième client (toujours hors l'Union européenne) est
l'Algérie en 1995 avec 1,3 milliard de francs, suivie de la Suisse
1,2 milliard de francs, puis le Japon 0,9 milliard de francs.
Les pays-tiers absorbent donc 22,5 % des exportations de l'Espagne.
EVOLUTION DU COMMERCE EXTERIEUR DE L'AGRICULTURE
ESPAGNOLE
ZONES GEOGRAPHIQUES PRINCIPALES
EXPORTATIONS
(en pourcentage)
Année 1985
Année 1995
2. Les principaux fournisseurs de l'Espagne
En 1996, 56% du total des importations agricoles de
l'Espagne proviennent de l'Union européenne
.
Premier client, la France est devenue également le premier
fournisseur de l'Espagne. Elle a fourni à ce pays plus de 20 % de
ses achats en 1996.
Le Royaume-Uni était au second rang en 1994 ; il a
cédé la place aux USA en 1995 avec 7,5 milliards de francs, soit
une progression de 8,5 %. En 1996, les USA ont représenté
9,2 % du total des importations.
Le Royaume-Uni arrive donc ensuite avec 6,8 milliards de francs suivi par
les Pays-Bas, l'Allemagne et l'Italie.
Le Brésil et l'Argentine sont également des fournisseurs
importants : le Brésil avec près de 3 milliards de
francs a une part de marché de 4 % environ, pratiquement identique
à celle de l'Argentine. Vient ensuite le Maroc qui occupe la
14ème place de l'ensemble des fournisseurs avec 1 milliard de
francs.
IMPORTATIONS
(en pourcentage)
Année 1985
Année 1995
CHAPITRE II -
LES RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES DANS
LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
I. LES ÉCHANGES ENTRE LA FRANCE ET L'ESPAGNE DANS LE DOMAINE DE L'AGRO-ALIMENTAIRE
A. UN SOLDE POSITIF EN FAVEUR DE LA FRANCE, MAIS EN VOIE DE REGRESSION
Les échanges agro-alimentaires de la France avec
l'Espagne se soldent par un excédent depuis 10 ans
. Ce solde
est néanmoins en nette dégradation en 1996 avec un
excédent de 1,6 milliard de francs contre 2,6 en 1995. Cette
tendance, amorcée depuis trois années, semble se confirmer.
Durant le premier semestre 97, les ventes espagnoles à la France ont
progressé de 12,1 % en valeur et de 17,5 % en tonnage. Dans le
même temps, les ventes françaises à l'Espagne n'ont
progressé que de 0,7 % en valeur et ont reculé de 3,7 %
en tonnage.
ÉCHANGES AGRO-ALIMENTAIRES FRANCE-ESPAGNE
(en
millions de francs)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Exportations |
13.317 |
13.609 |
14.331 |
15.453 |
15.937 |
Importations |
10.970 |
10.150 |
11.486 |
12.829 |
14.370 |
Solde |
+ 2.347 |
+ 3.459 |
+ 2.845 |
+ 2.624 |
+ 1.567 |
Taux de couverture |
121,4 % |
134,1 % |
124,8 % |
120,4 % |
110,9 % |
Depuis 1994, la situation espagnole s'améliore au détriment de la France, portant le taux de couverture à 111% (contre 27,8% en 1984).
1. Les principales exportations françaises vers l'Espagne
Dans le domaine de l'agro-alimentaire, les exportations
françaises s'établissent à un montant total de
15,9 milliards de francs
.
Le premier poste est celui des conserves et épicerie sèche
avec 3,1 milliards de francs. La boulangerie-biscuiterie procure un
chiffre d'affaires de 301 millions de francs, la chocolaterie de
225 millions de francs et les préparations et conserves de viandes
de 186 millions de francs.
Les céréales arrivent en deuxième position
avec
2,4 milliards de francs. Si le blé est le premier poste
d'exportation -puisqu'il en représente 50 % avec 1,2 milliard
de francs- il subit néanmoins une contraction de 25 % de son
chiffre d'affaires en 1996. Le maïs, par contre, progresse fortement en
doublant quasiment le chiffre d'affaires réalisé, soit en 1996,
919 millions de francs. L'orge dégage un chiffre d'affaires de
114 millions de francs.
Les animaux vivants avec 1,8 milliard de francs sont en très
légère hausse par rapport à 1996, malgré la
contraction enregistrée au niveau des bovins vivants qui restent le
poste essentiel. Les ovins représentent un chiffre d'affaires en
expansion de 27 % en 1996, soit 313 millions de francs.
Si les produits laitiers se contractent en 1996 en raison d'une baisse des
ventes de produits liquides (- 27 %), les fromages, qui constituent
le poste le plus important (31 % du total) progressent de près de
4 % pour atteindre 570 millions de francs. Viennent ensuite le lait
liquide avec 312 millions de francs, le lait en poudre 114 millions
de francs et le lactosérum avec 109 millions de francs.
Les ventes de sucre augmentent de 7 % en 1996 pour atteindre
1,2 milliard de francs.
Les poissons, crustacés et mollusques par contre voient leur chiffre
d'affaires se contracter légèrement avec 1,2 milliard de
francs dont 780 millions de francs pour les poissons frais.
Les viandes et abats réalisent un volume de transactions de
840 millions de francs dont 52 % pour la viande de volaille.
Le secteur des fruits et légumes représente une part
relativement modeste des exportations françaises vers l'Espagne
.
Ainsi, en matière de fruits frais, l'Espagne n'est que le
quatrième client de la France.
FRUITS FRAIS : PRINCIPAUX CLIENTS DE LA FRANCE EN 1996
En % de la valeur exportée : 7.224 millions de
francs.
En ce qui concerne les légumes frais, l'Espagne devance les Pays-Bas
avec 8 % de la valeur des exportations françaises. Elle
achète essentiellement à la France des pommes de terre de
conservation, mais également des salades, des haricots, des
chicorées, des carottes, des oignons, des tomates et des choux-fleurs.
LEGUMES FRAIS : LES CLIENTS DE LA FRANCE EN 1996
(pommes
de terre comprises)
2. Les principales importations françaises en provenance d'Espagne
Les importations agro-alimentaires françaises se sont
élevées au total à 14,4 milliards de francs en 1996.
Les fruits espagnols réalisent sur le marché français
un chiffre d'affaires d'environ 4,5 milliards de francs
.
Les agrumes représentent la rubrique la plus importante avec
2,9 milliards de francs ; les fraises (360 millions de francs) et les
fruits à coque (210 millions de francs) font partie des autres
rubriques significatives.
IMPORTATIONS DE FRUITS FRAIS : PRINCIPAUX PAYS
FOURNISSEURS
DE LA FRANCE (en 1996 et en % du volume)
En % de la valeur importée : 13.223 millions
Les légumes représentent une valeur de 2,4 milliards de
francs, les tomates espagnoles avec 602 millions de francs étant de
plus en plus appréciées des consommateurs français.
Pour les légumes frais
, alors que l'Union européenne
regroupe 78 % du volume importé par la France,
l'Espagne est de
loin le premier fournisseur
. Avec 33 % des volumes importés par
la France, l'Espagne représente en effet 38 % de la valeur totale
des importations françaises de légumes, alors qu'elle n'en
constituait que 23 % en 1990 et 28 % dans les années 80.
Cette évolution est révélatrice de la nette reprise depuis
1991 que connaît l'Espagne.
Ce pays affirme ainsi sa place de premier
fournisseur de la France avec des légumes mieux présentés
et une véritable stratégie de commercialisation
.
IMPORTATION DE LÉGUMES FRAIS
(pommes de terre
comprises)
PRINCIPAUX PAYS FOURNISSEURS DE LA FRANCE
(en 1996 et en % du
volume)
Volume total 1996 = 1.389.791 millions de tonnes
Les conserves et épicerie sèche représentent
2,2 milliards de francs. Les jus de fruits et de légumes avec
424 millions de francs progressent de 17 % en 1996. Les conserves de
légumes avec 215 millions de francs (- 1,6 % par rapport
à 1995), les préparations et conserves de poissons avec
180 millions de francs (+ 31 %), les conserves de fruits avec
176 millions de francs (9 %), la confiserie avec 173 millions de
francs (- 2,1 %) demeurent les postes les plus significatifs en 1996.
En outre, les viandes et abats avec 1,3 milliard de francs progressent de
42 % en 1996. Les viandes bovines régressent de 22 %. Au
premier rang arrivent les viandes porcines avec 525 millions de francs
soit une croissance de 50 %. Viennent ensuite les viandes bovines avec
237 millions de francs et les viandes de volailles avec 186 millions
de francs. Les produits laitiers avec 842 millions de francs progressent
de 7 %. Les principaux postes beurre et butter-oil avec 226 millions
de francs et les fromages avec 130 millions de francs se contractent
fortement.
L'Espagne apparaît ainsi comme notre premier fournisseur de fruits et
légumes.
La délégation sénatoriale considère que l'avenir de
notre solde commercial, et notamment celui de nos exportations en Espagne,
dépend de notre capacité à proposer sur le marché
espagnol des produits à forte valeur ajoutée dotés d'une
image commerciale valorisée.
B. L'ANALYSE DÉTAILLÉE DE QUELQUES PRODUITS
1. Un produit très porteur pour l'Espagne : la tomate
a) La tomate fraîche
L'Espagne a exporté en 1996 plus de 518.025 tonnes de tomates, la France étant le premier importateur. 38 % des tomates fraîches importées en France proviennent d'Espagne.
EXPORTATIONS ESPAGNOLES DE TOMATES (1996)
PRINCIPAUX
CLIENTS
(en milliers de tonnes)
|
1994 |
1995 |
1996 |
Allemagne |
113.753 |
151.217 |
170.557 |
France |
91.207 |
113.105 |
136.308 |
Royaume Uni |
34.798 |
46.872 |
55.934 |
Pays-Bas |
18.806 |
23.643 |
30.206 |
Italie |
28.258 |
20.607 |
24.756 |
Autriche |
2.895 |
13.448 |
16.456 |
République Tchèque |
3.194 |
8.793 |
13.766 |
Portugal |
8.200 |
7.792 |
13.188 |
Pologne |
3.103 |
2.832 |
11.975 |
Autres |
41.924 |
30.587 |
44.879 |
TOTAL |
346.138 |
418.896 |
518.025 |
Les perspectives de développement des exportations de tomates espagnoles vers la France sont globalement assez favorables pour ce pays. En effet, bénéficiant d'atouts importants, la filière espagnole de la tomate fraîche se caractérise par sa forte compétitivité en matière de prix. Ayant adopté une stratégie concurrentielle basée sur les coûts, elle évolue vers une concentration croissante autour de structures intégrées spécialisées de type coopératif. Ces structures ont été présentées à la délégation sénatoriale comme étant des coopératives. Néanmoins, ceci n'a pas pu être vérifié précisément. Ainsi les interlocuteurs de la délégation ont indiqué que ces établissements disposaient de trois " cercles de coopérateurs " détenant des pouvoirs de décision en fonction de leur apport initial au capital social. En outre, ces structures sont intégrées dans de puissants groupes financiers regroupant le négoce, les centrales export-import et parfois les transporteurs. On peut légitimement s'interroger sur les pouvoirs effectifs de la majorité des producteurs agricoles au sein de ces structures.
b) La tomate en conserve et concentré
La concurrence très forte exercée par l'Italie, leader européen pour cette gamme de produit, ainsi que des variations climatiques importantes ont provoqué un léger tassement des exportations espagnoles en 1996, excepté vers l'Amérique du Nord. La France reste néanmoins le deuxième pays destinataire de ces exportations.
PRINCIPAUX PAYS DESTINATAIRES DE TOMATES EN CONSERVE ET CONCENTRE EN PROVENANCE D'ESPAGNE
|
1994 |
1995 |
1996 |
En volume (milliers de tonnes) |
|||
TOTAL |
120.087 |
137.547 |
114.424 |
France |
39.434 |
37.943 |
38.030 |
Allemagne |
14.482 |
19.311 |
15.637 |
Royaume Uni |
10.881 |
13.520 |
11.917 |
Canada |
10.250 |
11.219 |
11.772 |
Italie |
7.432 |
12.206 |
8.177 |
Portugal |
7.654 |
10.946 |
5.906 |
USA |
4.007 |
3.311 |
5.314 |
Autres |
25.947 |
29.091 |
17.671 |
En valeur (millions de pesetas) |
|||
TOTAL |
14.836 |
17.566 |
14.575 |
Allemagne |
3.000 |
4.053 |
3.485 |
France |
3.175 |
2.783 |
2.632 |
USA |
1.586 |
1.625 |
1.990 |
Royaume-Uni |
1.243 |
1.684 |
1.496 |
Pays-Bas |
931 |
1.070 |
1.049 |
Italie |
709 |
1.227 |
849 |
Canada |
579 |
664 |
707 |
Autres |
3.613 |
4.461 |
2.367 |
Source : CFCE, Export-Agro-Stat d'après douanes
espagnoles
La présence de grands groupes -tels que Heinz- est un atout essentiel
pour le marché espagnol.
Les perspectives restent globalement positives dans la mesure où
l'utilisation de dérivés de la tomate se développe dans
des secteurs porteurs tels que la restauration rapide à base de pizzas
et de pâtes. De plus, la consommation intérieure s'accroît.
2. Les échanges commerciaux en matière de fruits
a) Une domination espagnole sur le marché de la fraise
Après le raisin de table, la fraise est le fruit
tempéré dont la balance commerciale pour la France est la plus
fortement déficitaire, avec un solde négatif de
54.550 millions de tonnes. Ce chiffre correspond à un
déficit d'environ 36 millions de francs.
L'Espagne est le premier fournisseur de fraises de la France avec
près de 80 % de ses approvisionnements, soit pour 1996 environ
40.000 tonnes.
Sur ce marché, l'Espagne dispose de nombreux atouts comme les
dévaluations régulières de la peseta, l'augmentation du
potentiel de production, l'introduction de nouvelles variétés
plus qualitatives, la concentration de la production, les investissements en
capacités frigorifiques pour une plus grande maîtrise du produit
et le savoir-faire et le caractère " incontournable " des
opérateurs espagnols pour la fraise.
Néanmoins la délégation sénatoriale a pu constater
certains handicaps pour ce secteur :
l'existence de nombreuses petites exploitations très endettées
après les mauvais résultats économiques des
dernières campagnes,
certaines conditions climatiques défavorables (passages sans transition
de la sécheresse à l'excès de pluie), qui nuisent à
une production régulière.
un débouché industriel pour la fraise qui s'avère
incertain et peu rémunérateur et ne conduit pas à une
maîtrise du marché.
Les perspectives de la fraise espagnole sont néanmoins très
favorables, l'Espagne restant le leader européen sur le marché en
contrôlant 65 % des échanges intra-communautaires. Les
exportations sont le facteur clé de l'économie espagnole de la
fraise et représentent plus de 60 % de la production.
b) L'orange et la pêche : deux produits dont les exportations espagnoles s'accroissent
La France importe chaque année 475.000 tonnes
d'oranges
, blondes ou sanguines. Bien que d'origine tropicale, l'orange est
cultivée dans les régions subtropicales, au climat sec et frais.
La récolte mondiale est estimée à 56 millions de tonnes,
dont près de 10 % sont produits dans l'Union européenne. Les
principaux pays producteurs et exportateurs se situent en Amérique du
Nord (Etats-Unis) et du Sud (Brésil), en Europe (Espagne, Italie,
Grèce, Portugal) et en Afrique (Afrique du Sud et Maroc).
Sur un total de 5,4 millions de tonnes produites dans l'Union
Européenne, l'Espagne assure à elle seule la moitié de la
production
, la saison 1997-1998 s'annonçant plutôt favorable
si le temps pluvieux du mois de janvier et de début février
s'estompe.
Pays producteurs d'oranges dans l'Union
Européenne
(en milliers de tonnes)
Espagne |
2.610 |
Italie |
1.777 |
Grèce |
817 |
Portugal |
165 |
Production totale |
5.369 |
Sources : Douanes françaises
La France produit, principalement en Corse et dans les
Pyrénées-Orientales, 1.300 tonnes.
Notre principal fournisseur
est bien sûr l'Espagne, suivie du Maroc, de l'Afrique du Sud
.
Les principaux fournisseurs de la France
Pays d'origine Tonnage
Espagne 290.000 tonnes
Maroc 68.000 tonnes
Afrique du Sud 48.000 tonnes
Tunisie 20.000 tonnes
Argentine 12.000 tonnes
Israël 5.000 tonnes
Brésil 4.000 tonnes
Chypre 3.500 tonnes
Autres pays 24.500 tonnes
Importations totales 475.000 tonnes
L'exportation de pêches espagnoles connaît actuellement un
développement notable
. Très sensible aux variations
climatiques, le volume de pêches exportées depuis 1985 est le
reflet du dynamisme espagnol.
Exportations de pêches
(en milliers de tonnes)
La France exporte en moyenne depuis 1993, 28 à 30.000 tonnes de pêches.
c) La pomme : un atout pour la France
La France est le premier fournisseur de pommes de l'Espagne avec, en 1996 , 60.049 tonnes, ce qui représente 52 % du marché à l'importation en Espagne. On peut constater néanmoins une baisse sensible des importations espagnoles en 1996.
PRINCIPAUX FOURNISSEURS DE L'ESPAGNE EN POMMES
1996
Sources : CFCE
Du côté espagnol, la France n'est que le cinquième client.
PRINCIPAUX CLIENTS DE L'ESPAGNE POUR LA POMME
1996
Sources : CFCE
Les exportations françaises de pommes en Espagne disposent d'atouts
importants. Leader incontesté sur le marché espagnol à
l'importation de la pomme, la France voit sa part de marché augmenter
sensiblement en 1996 pour atteindre 56 % en volume, en raison de la
qualité reconnue des pommes françaises et de la proximité
géographique du marché.
Malgré une production nationale importante, ce marché
d'importation est devenu structurel et a atteint une dimension notable en
l'espace d'une décennie.
Par ailleurs, la filière " pommes " espagnole souffre de
certains handicaps. D'une part, l'outil de sélection et de
conditionnement est relativement obsolète. D'autre part, on constate
l'absence de leaders et de véritable marque, c'est-à-dire
d'approvisionnement régulier en quantité et qualité sous
une ou plusieurs marques données.
Les exportations françaises rencontrent, néanmoins, certaines
difficultés. Ainsi, on constate une reconquête du marché
intérieur par les producteurs espagnols, qui bénéficient
d'un important potentiel de production, notamment en variétés
précoces.
Enfin, la concurrence chilienne est de plus en plus vive : le Chili a vu ses
exportations de pommes vers l'Espagne progresser de 31 % en volume entre
1994 et 1996.
Si l'Espagne constitue aujourd'hui un débouché incontournable
pour un grand nombre d'exportateurs français de pommes, il s'agit d'un
marché stable, voire en léger déclin
. L'offre doit
s'adapter aux évolutions de la demande, en terme de
variété notamment, tandis que les produits importés
doivent se démarquer de ceux d'origine locale par leur conditionnement
et un aspect visuel irréprochable. La France se doit ainsi de conforter
son leadership, en travaillant en partenariat avec la grande distribution.
L'Espagne tend à rééquilibrer ses échanges
agro-alimentaires avec la France et à sortir progressivement d'un face
à face avec celle-ci, bien que notre pays soit encore aujourd'hui le
premier client et le premier fournisseur.
II. DES ÉCHANGES SOUMIS À DES TENSIONS
Les relations franco-espagnoles dans le secteur des fruits et
légumes occupent, de manière fréquente,
l'actualité. Ainsi le 9 décembre dernier, la Cour de Justice
des Communautés européennes a condamné la France pour sa
" passivité " lors des actes de violence de certains
agriculteurs qui ont détruit en 1993/1994 des cargaisons de fruits et
légumes espagnols.
C'est la première fois que les juges de Luxembourg prononcent un tel
jugement " en manquement " d'un Etat, pour n'avoir pas
rempli ses
engagements concernant la libre circulation des marchandises dans l'Union
européenne et avoir méconnu le devoir de coopération
imposé aux États membres. Selon la jurisprudence de la Cour, cet
arrêt ouvre droit à des dommages-intérêts pour les
agriculteurs, exportateurs et transporteurs espagnols victimes des faits
délictueux. Il appartient dès lors aux tribunaux français
de juger les contrevenants à la suite des plaintes
déposées par les Espagnols.
Cet arrêt fait suite aux incidents qui opposent
régulièrement depuis une dizaine d'années, et notamment
entre avril et août 1993, Français et Espagnols. La Cour a
d'ailleurs rappelé que de nouveaux troubles avaient eu lieu en 1996 et
1997.
Votre commission des affaires économiques ne peut que condamner tout
acte de violence sur des personnes ou sur des biens
. Elle souhaite, en
outre, analyser les raisons de ces conflits réguliers.
1. Les causes fréquemment invoquées en France
a) Des distorsions de concurrence dues au facteur prix : un argument à relativiser
Dès 1993, la mission sénatoriale
dénonçait l'impact des dévaluations de la peseta sur les
échanges franco-espagnols. De telles pratiques en renchérissant
le coût des produits français, n'ont pas permis, d'une part, aux
exportations françaises de compenser sur les marchés des autres
Etats-membres les mauvaises performances du marché intérieur.
Elles ont, d'autre part, facilité les exportations des principaux pays
concurrents de la France.
La dépréciation de la peseta depuis 1992 a en effet
contribué à l'amélioration de la balance commerciale de
l'Espagne, dont le déficit s'est réduit de 6,6%.
Depuis août 1992, la devise espagnole a connu quatre
dévaluations : en septembre et novembre 1992, en mai 1993 et en
mars 1995. Dès le mois de mai 1995, la peseta a
récupéré sa valeur d'avant la dernière
dévaluation. Elle s'est de nouveau réappréciée en
début d'année 1996 mais de façon plus modeste. Cette
réappréciation ne s'est cependant pas confirmée au
deuxième trimestre 1996.
Au total, sur la période 1991-1995, la dépréciation de la
peseta par rapport au franc a été de 26 %. Le
différentiel d'inflation cumulé entre les deux pays sur la
période s'élève à 15,7%. Compte tenu de la
dépréciation de la peseta de 26%, on évalue la
dépréciation en termes réels à 8,9%.
EVOLUTION DE LA PESETA PAR RAPPORT AUX FRANC, MARK ET
DOLLAR
DEPUIS 1991
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Cours le plus haut en 96 |
10/1996 |
Change
|
18,42 |
19,36 |
22,49 |
24,14 |
24,99 |
24,50 |
24,88 |
Change
|
62,59 |
65,64 |
77,15 |
82,72 |
87,20 |
84,20 |
84,10 |
Change
|
103,9 |
102,4 |
127,3 |
134,0 |
124,7 |
123,2 |
128,72 |
Source : Sintesis de Indicatores Economicos Junio 1996/Cinco Dias
EVOLUTION DU SOLDE COMMERCIAL BILATÉRAL DEPUIS 1991
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Taux de change |
18,42 |
19,36 |
22,49 |
24,14 |
24,99 |
Exportations françaises |
82,0 |
87,9 |
77,7 |
91,3 |
103,3 |
Variations |
|
6,3% |
-11,6% |
17,5% |
13,1% |
Importations françaises |
67,0 |
68,2 |
62,6 |
77,0 |
89,3 |
Solde |
15,0 |
19,7 |
15,1 |
14,3 |
14,0 |
Taux de couverture |
122 |
129 |
124 |
118 |
116 |
Source : Douanes françaises en milliards de FRF
Ce phénomène a ainsi permis aux exportations espagnoles vers la
France de s'accroître plus rapidement que les exportations
françaises vers l'Espagne. Les produits exportés par l'Espagne
ont profité de l'abaissement de la peseta pour accroître leur
pénétration.
Néanmoins, les effets des fluctuations de la devise espagnole sur les
échanges bilatéraux demeurent limités.
Dans le cas de la France, ces effets restent globalement modestes puisque sur
la période 1991-1995, l'excédent de la France face à
l'Espagne ne recule que de 6,6 % (passant de 15,0 milliards de francs à
14,0 milliards de francs) ; cependant, l'excédent avec l'Espagne, qui
était le premier excédent français en 1993, n'est plus que
le 4ème en 1995, derrière ceux avec le Royaume-Uni, Hong-Kong et
la Suisse. Au premier semestre 1996, le solde commercial progresse, en outre,
de nouveau de 18,5 % par rapport à la même période de
l'année précédente (la croissance des exportations
+10,0 % est supérieure à celle des importations +7,2 %).
La réappréciation de la peseta en début d'année
pourrait expliquer cette embellie mais elle ne s'est pas confirmée. De
plus, au début de l'été 1996, on a enregistré un
fléchissement de la peseta.
Plusieurs facteurs expliquent les effets limités des fluctuations de
la devise espagnole :
Tout d'abord, les exportateurs français ont su réagir,
comprenant que la vigueur d'une politique d'exportation soit loin de
dépendre seulement de la compétitivité-prix des produits
proposés.
Ensuite, la forte présence française en Espagne suscite des
échanges intra firmes. La présence de la France depuis de
nombreuses années parmi les trois premiers investisseurs en Espagne
permet de limiter les effets des fluctuations de la peseta tant à
l'exportation qu'à l'importation. Les fluctuations de la monnaie
espagnole ne peuvent donc avoir que des effets limités sur des
échanges qui découlent plus d'une stratégie de production
et de commercialisation au niveau européen que de performances
commerciales à l'export de ces entreprises.
En outre, les entreprises à capitaux français sont parmi les
principaux exportateurs espagnols et ont donc bénéficié de
la dépréciation de la peseta.
Enfin, conjoncturellement, l'Espagne a profité ces dernières
années des forts taux de croissance des économies des pays
émergents, notamment en Amérique Latine, pour y accroître
sa présence commerciale.
La progression des exportations espagnoles ne peut donc être
imputée à la seule dépréciation de sa monnaie. Elle
n'a pu être possible que grâce aux nombreux atouts de l'Espagne.
b) Les disparités quant au coût de la main d'oeuvre : un facteur réel mais difficile à déterminer avec précision
L'analyse des charges de main d'oeuvre entre la France et
l'Espagne conduit à constater d'importantes disparités.
En 1986, on estimait que le coût salarial horaire minimum était de
35,15 francs en France et de 13,80 francs en Espagne. Dix ans plus tard,
d'aucuns estiment que le coût horaire dans le maraîchage varie de 3
pour la France à 1 pour l'Espagne.
De telles considérations font l'objet d'appréciations
contrastées, d'autant que la comparaison des statistiques en la
matière se révèle difficile, voire impossible.
Lors des différentes rencontres qu'a pu avoir la
délégation sénatoriale, certaines organisations
professionnelles et syndicales ont néanmoins reconnu la
réalité du problème que soulèvent ces questions
d'emploi et de protection sociale agricole.
Ainsi, malgré l'absence de véritable salaire minimum au niveau
national, votre délégation a pu constater que le niveau minimum
de salaire se situait aux alentours de 2.500 francs, hors déduction
des charges salariales. En outre, certains dirigeants syndicaux ont
indiqué qu'en Andalousie, les employés recevaient en moyenne
6.500 pesetas
4(
*
)
par jour pour
8 heures de travail, charges salariales incluses. De l'aveu même de
dirigeants agricoles, la main-d'oeuvre saisonnière est
constituée, d'une part, de personnes qui, en fonction des
récoltes, migrent d'une région à une autre et dont les
niveaux de salaires restent très en deçà des minima.
D'autre part, le recours à la main-d'oeuvre immigrée
s'avère systématique dans certaines zones de production.
Cette réalité, que plusieurs intervenants ont
évoquée lors des entretiens avec la délégation
sénatoriale, a fait l'objet de nombreux commentaires d'articles dans la
presse espagnole. Ainsi, le journal " La Verdad " du jeudi 5
février 1998 -journal régional de la région de Murcie-
dénonce en première page les conditions d'acheminement de cette
main-d'oeuvre immigrée -y compris clandestine- sur les lieux de
récolte. Sur un salaire de 7.000 pesetas par jour, le journal indique
qu'environ 500 pesetas sont payées par cette main-d'oeuvre pour
être transportée sur les zones de production.
Sans nier l'importance de ce coût modeste de la main-d'oeuvre en
Espagne, la délégation sénatoriale souhaite apporter trois
précisions :
- tout d'abord, le statut fiscal et social français a fait l'objet,
dans le secteur des fruits et légumes de certaines améliorations
comme a pu le constater l'année passée, le groupe de travail
" fruits et légumes "
5(
*
)
-
même si certains aménagements demeurent encore nécessaires-
;
- de plus, les producteurs et les entreprises espagnoles ont, en raison de
leur éloignement des marchés européens, des coûts de
transport significatifs. Votre commission des affaires économiques tient
néanmoins à indiquer que ces coûts de transports ont
tendance à considérablement se réduire ;
- enfin, le Gouvernement espagnol a signé le 4 novembre dernier
avec les organisations syndicales majoritaires un nouveau Plan d'Emploi Rural
pour l'Andalousie et l'Estrémadure (Accord pour l'Emploi Agricole ou
AEA). Ce dispositif général consiste en un système
intégré de protection contre le chômage des travailleurs
saisonniers agricoles -et donc indirectement contre le développement
d'une économie parallèle avec des coûts salariaux
très faibles. Ce plan prévoit trois types d'actions :
l'attribution d'une allocation de chômage, la mise en oeuvre d'un
programme de travaux d'infrastructures permettant d'employer les saisonniers et
l'élaboration d'un plan de formation des travailleurs agricoles.
Pour les travailleurs du sol, particulièrement touchés par les
conséquences de la sécheresse, de la restructuration agricole et
par la pauvreté, le maintien " d'un filet " de protection
sociale représente un grand soulagement et ce d'autant plus que les
fonds de l'AEA seront complétés par les fonds (majoritairement en
provenance de l'Union Européenne) du plan spécial pour les zones
rurales déprimées. 3.000 millions de pesetas seront
dépensés à ce titre en 1997 au bénéfice d'un
ensemble de Communautés Autonomes comprenant, outre celles visées
à l'AEA, la Castille La Manche, Castille et Léon, l'Aragon,
Murcie, Valence et les Iles Canaries.
Même s'il reste néanmoins à prouver que des politiques
actives d'emploi peuvent, dans ces régions rurales
particulièrement touchées par une certaine forme d'exclusion
sociale, déclencher un processus culturel et social favorable à
la création d'emplois stables et au rejet de tout développement
d'une main d'oeuvre immigrée employée à bas prix, cette
politique devrait à terme conduire à relativiser peu à peu
les disparités de coûts sociaux.
La délégation sénatoriale considère en outre
difficile de pronostiquer le temps nécessaire à l'application de
telles mesures.
2. Les autres facteurs de la compétitivité espagnole dans le secteur des fruits et légumes
L'Espagne bénéficie de facteurs favorables qui
contribuent à accroître considérablement sa capacité
d'exportation. La conjonction de plusieurs phénomènes augmentent
ainsi les tensions entre la France et l'Espagne. Il s'agit principalement :
des avantages climatiques : en effet, la température permet
à l'Espagne d'étaler sa production sur plus de 10 mois de
l'année pour un grand nombre de produits.
Ainsi en 1997, le climat a été une des premières causes de
désorganisation de la production en France. Après un temps
exceptionnellement chaud, les gelées sont venues détruire tout ou
partie de la production des vergers. L'Espagne concurrence ainsi les
régions méridionales de l'Europe, ainsi que les pays serristes du
Nord qui doivent utiliser, à contre saison, le chauffage.
En outre, le décalage des productions dû aux modifications de
climat a souvent des effets très sensibles. Ainsi, en 1997, la
production de fraises françaises s'est
" télescopée " avec celle d'Espagne. La tomate, le
melon voire la pomme de terre primeur se sont retrouvés sur le
même étal, au même moment.
de la présence d'unités de production
équilibrées au niveau financier et disposant de " cash
flow ". Celles-ci ont certes bénéficié, en 1992 et
1993, des dévaluations successives de la peseta, qui leur ont fourni un
apport d'oxygène au moment où la concurrence marocaine
s'affirmait ; néanmoins, durant cette période, les entreprises
espagnoles n'ont pas pour autant augmenté leurs marges ;
de la stabilisation de la masse salariale, mise en place par la
réforme du marché du travail en 1994 ;
de ressources en matière première végétale et
matériel de production adéquats et innovants. L'utilisation de
plants frais, par exemple pour la fraise, permet d'étaler la production
sur plus de six mois. La délégation sénatoriale a en outre
constaté la mise en oeuvre d'un processus de protection
intégrée sur près de 400 hectares de cultures de fraises.
On peut noter, par ailleurs, d'importants efforts en matière
d'investissements en recherche-développement dans le secteur : la
délégation a ainsi pu visiter à Mazzaron le nouveau
laboratoire d'une entreprise consacré au contrôle de
qualité. Ce laboratoire, financé à 55 % par les fonds
opérationnels, utilise notamment des appareils à résonance
magnétique ;
du poids notable de la FEPEX (Fédération espagnole
d'organisations régionales représentant les exportateurs de
fruits et légumes), qui regroupe les principaux acteurs de la
filière, notamment de la tomate fraîche, réalisant
conjointement 90 % de la production destinée à
l'exportation. Son action consiste essentiellement en l'exercice d'un lobbying
auprès des administrations, tant nationale qu'européenne. La
délégation sénatoriale, qui a pu rencontrer certains
dirigeants de la Fepex, a constaté leur grand dynamisme : ils
considèrent que la production des fruits et légumes doit
être avant tout consacrée à l'exportation ;
de la recherche de nouveaux marchés : si l'Espagne continentale
conforte sa position sur ses marchés " traditionnels ",
(Italie exceptée), elle développe aussi ses ventes vers de
nouvelles destinations comme l'Autriche, la République tchèque et
la Pologne notamment.
En outre, les échanges commerciaux entre l'Espagne et l'Amérique
Latine s'établissent en volume à 1 262 milliards de pesetas
(environ 50,5 milliards de francs) en progression de 9,5% par rapport
à 1994. Cette hausse modérée, qui s'explique par une
baisse de 38% du commerce de l'Espagne avec le Mexique en raison de la
situation économique de ce pays, fait suite aux fortes progressions
enregistrées depuis 1992 : + 14,4 %, + 23,7 % en 1993 et
+ 38,5% en 1994. Entre 1990 et 1995, le volume total des exportations a
progressé de 121,0% alors que l'augmentation des exportations espagnoles
vers l'ensemble du monde ne s'établit qu'à 103,0 % sur la
même période.
de l'apport de
l'irrigation
qui est un atout considérable.
Actuellement, environ 3,5 millions d'hectares sont irrigués en Espagne.
La progression des terres irriguées en dix ans a fortement cru. Ces
surfaces sont passées de 2,5 millions d'hectares à plus de 3,4
millions.
Le Gouvernement espagnol prépare actuellement un
nouveau plan hydraulique qui tend à limiter l'irrigation tout en
améliorant les investissements existants. Néanmoins, la forte
décentralisation de l'Espagne provoque d'importantes surenchères
et d'âpres discussions sur ce sujet. Aussi certaines communautés
autonomes poursuivent-elles l'irrigation.
Votre délégation a pu visiter une entreprise de dessalinisation
d'eau de mer à Mazzaron en vue d'irriguer 3.500 hectares de surfaces
agricoles. Doté d'un réservoir de 100.000 m
3
d'eau
dessalinisée, cette usine va chercher l'eau à plus de 600
mètres sous terre.
Votre commission des affaires économiques s'interroge à moyen
terme sur les conséquences environnementales de l'irrigation
systématique qu'entraîne le développement intensif des
productions légumières et fruitières dans certaines
régions de l'Espagne.
de l'importance des cultures sous serres : l'Espagne compte en effet
près de 90.000 hectares de serres.
CULTURES SOUS SERRES 6( * ) EN ESPAGNE
Régions |
Hectares |
Galice |
963 |
Navarre |
173 |
Rioja |
57 |
Aragon |
171 |
Baléares |
168 |
Castille et Léon |
156 |
Madrid |
248 |
Castille-La Mancha |
111 |
Murcie |
3.162 |
Estremadure |
223 |
Valence |
3.162 |
Andalousie |
30258 |
Sources : Ministère de l'agriculture - Espagne
Par comparaison, la France totalise moins de 9.000 hectares de cultures
sous serres. Votre délégation a été
impressionnée par la présence à Almeria de centaines
d'hectares recouverts de serres en plastique. Aucune région
française n'est en mesure actuellement d'être comparée aux
communautés de Murcie, d'Huelva et d'Almeria en matière de
surfaces sous serres.
SURFACES SOUS SERRES
(en hectares)
France |
8 174 |
Provence-Alpes Côte d'Azur |
2 877 |
Pays de Loire |
843 |
Languedoc - Roussillon |
776 |
Aquitaine |
774 |
Rhône - Alpes |
615 |
Bretagne |
593 |
Sources : Agreste-Structures 1995 (estimations)
B. LA MISE EN OEUVRE DE MESURES QUI RESTENT NÉANMOINS INSUFFISANTES
Diverses mesures ont été adoptées, depuis deux ans, afin de contribuer non seulement à mieux organiser le marché des fruits et légumes au niveau européen mais aussi à instaurer un dialogue entre producteurs français et espagnols.
1. L'importante réforme de l'Organisation Commune des marchés des fruits et légumes
La délégation sénatoriale ne souhaite pas
revenir en détail sur l'analyse des différentes propositions
figurant dans la décision du Conseil des Ministres de l'Union
européenne du 26 juillet 1996 relative à la
réforme de l'OCM des fruits et légumes. Cette dernière a
largement été commentée dans le rapport n° 354
du groupe de travail
7(
*
)
.
Rappelons néanmoins, que la réforme de l'OCM a pour objectif la
recherche d'une meilleure connaissance des marchés avec la
centralisation des factures et des paiements par les organisations de
producteurs (OP), le regroupement de l'offre au travers d'OP de mise en
marché (OPM) et d'OP de commercialisation (OPC) et la possibilité
d'accès à certaines aides (fonds opérationnels...).
Comme l'indique M. Alex Laurot-Prevost, consultant pour la filière,
" l'OCM remet donc au coeur du dispositif le concept d'entreprise qui
doit
prévaloir au sein de chaque OP ".
Cette nouvelle réglementation européenne a donné lieu en
France à la mise en place de la Commission Economique Nationale
" fruits et légumes ".
Cette commission, associant les représentants des syndicats et de
l'organisation économique, devrait être à terme le lieu de
coordination des actions des différentes filières
" produits ". Le principe de la réforme en cours,
conformément à la nouvelle réglementation
européenne, est d'aménager des " comités de
bassin ", qui doivent succéder aux comités
économiques régionaux, comme les piliers de cette nouvelle
organisation. Ces comités de bassin doivent obtenir le plus rapidement
possible leur reconnaissance en tant que comités économiques
agricoles afin d'être opérationnels. Leur mise en place devrait
ensuite permettre aux organisations de producteurs (OP) de désigner les
différentes sections "produits ".
Si votre délégation a pu constater en Espagne comme en France, la
même difficulté à inciter les producteurs à se
regrouper, elle a néanmoins observé la présence en Espagne
d'un grand nombre d'opérateurs -soit déjà
constitués en OP soit sur le point de l'être- dotés
d'importants volumes de production et de réelles capacités de
commercialisation, notamment à l'export.
2. La mise en place du Comité Mixte franco-espagnol pour fruits et légumes
Le 21 juillet 1997, à Ibiza, lors du
séminaire interministériel entre la France et l'Espagne, Mme
Loyola de Palacio et M. Louis le Pensec, ministres de l'agriculture
espagnol et français, ont annoncé la création d'un
Comité mixte de concertation regroupant producteurs, transformateurs et
fonctionnaires à l'instar de ce qui s'effectue dans le secteur de la
pêche. L'Italie, la Grèce et le Portugal ont d'ailleurs
été conviés à rejoindre ce Comité, Paris et
Madrid souhaitant élargir la concertation à l'ensemble des
produits méditerranéens.
Ce Comité constitue un cadre devant favoriser le dialogue entre les
professionnels de la filière. Il doit permettre la mise à plat du
fonctionnement du marché des fruits et légumes entre les deux
pays, améliorer la transparence du marché et réduire les
distorsions de concurrence. Il a pour objet, en outre, de promouvoir une sorte
de code de bonne conduite entre les agriculteurs des deux pays.
a) La première réunion d'installation à Madrid du Comité Mixte le 18 décembre 1997
Le 18 décembre 1997 s'est tenue à Madrid la
première réunion d'installation du Comité mixte
franco-espagnol pour mettre en oeuvre les engagements adoptés par les
ministres de l'agriculture français et espagnol lors du séminaire
d'Ibiza de juillet 1997.
Les délégations françaises et espagnoles étaient
constituées par des représentants des producteurs, des
organisations professionnelles, des coopératives de chaque pays et par
des représentants des deux ministères de l'agriculture.
La réunion s'est tenue dans une atmosphère de dialogue et de
coopération pour trouver des solutions aux problèmes que
connaît actuellement le secteur des fruits et légumes et
améliorer la rentabilité des productions. Le Comité a
condamné avec vigueur les incidents qui se sont produits ces
dernières années.
Dans la première partie de la réunion, le Comité mixte a
examiné la nouvelle organisation commune de marché (OCM) du
secteur des fruits et légumes qui est entrée en vigueur
en 1997. Les délégations françaises et espagnoles
sont convenues de la nécessité d'approfondir l'analyse de l'OCM,
qu'elles considèrent insuffisante, pour essayer de trouver des positions
communes sur son amélioration. Concrètement ont été
étudiés :
- les instruments de l'OCM pour la gestion du marché ;
- le nouveau fond opérationnel mis à disposition des
organisations de producteurs ;
- l'impact des concessions accordées aux fruits
méditerranéens des pays tiers, la nécessité de
réaffirmer la préférence communautaire et le
contrôle des importations en provenance des Etats tiers.
Le Comité mixte a décidé la création d'un groupe
technique restreint, constitué de représentants des deux pays,
à la fois issus du secteur professionnel et de l'administration.
L'objectif de cet organisme est d'analyser et de faire s'entendre
français et espagnols sur les adaptations à introduire dans l'OCM
afin de présenter une proposition commune aux Gouvernements des deux
pays, et, le cas échéant, à la Commission
européenne.
La seconde partie de la réunion a été consacrée
à la possibilité d'établir un observatoire franco-espagnol
qui examine la situation des marchés pour les principales productions et
régions concernées. L'objectif serait de constituer une base
d'informations communes sur le marché des deux pays afin de
développer un dialogue fondé sur des données objectifs et
fiables.
C'est ainsi que, pour la tomate, un Comité technique restreint a
été mis en place pour examiner les données disponibles et
nécessaires, et la façon de les échanger. Ces
données devraient inclure les différentes origines communautaires
et de pays tiers, tout au long de l'année.
b) La réunion à Paris du Comité mixte en date du 29 janvier 1998
Le Comité mixte franco-espagnol pour le secteur des
fruits et légumes, s'est réuni pour la seconde fois, à
Paris, le 29 janvier 1998.
L'ordre du jour a été consacré, en premier lieu, à
l'adaptation de l'Organisation Commune des Marchés. Le Comité a
examiné et retenu différentes adaptations susceptibles
d'être introduites dans l'OCM. Elles concernent notamment le niveau et
les modalités de calcul des fonds opérationnels, les produits
éligibles au retrait communautaire et la gestion de l'accès au
marché communautaire. D'autres pistes de réflexion ont
également été abordées comme la reconversion des
surfaces de vergers arrachés ou les incitations à la construction
d'OP.
Ces propositions seront reprises dans un mémorandum
élaboré conjointement par les représentations des deux
pays destiné à la Commission européenne.
Le Comité s'est, en second lieu, intéressé aux
échanges d'informations sur les marchés. Les participants sont
convenus d'échanger régulièrement, et ce dès le 1er
mars 1998, les informations nécessaires pour assurer un suivi harmonieux
du marché de la tomate. Il a été ainsi prévu de
procéder à un envoi hebdomadaire des cotations
" tomates " relevées sur les marchés de production et,
en plus, du côté français, des prix obtenus sur les
principaux marchés de gros. En ce qui concerne les volumes, la France
doit fournir des données sur les quantités commercialisées
en provenance des principales origines extérieures.
Ces résultats illustrent bien le pragmatisme et l'esprit constructif qui
ont prévalu lors de ces travaux.
La prochaine réunion du Comité mixte aura lieu en Espagne, durant
la deuxième quinzaine de mars 1998.
La France et l'Espagne vont mettre en place, par ailleurs, un observatoire de
l'évolution des marchés, outil destiné à dissiper
les rumeurs et, en cas de crise, à déclencher des mesures
efficaces.
L'ensemble de ce dispositif ne peut que contribuer à instaurer un
climat de confiance entre les différents partenaires. Néanmoins,
la délégation sénatoriale considère que d'autres
mesures sont indispensables pour assurer un développement plus
harmonieux du secteur des fruits et légumes en France et en Espagne et
des relations plus satisfaisantes, dans ce domaine, entre ces deux grandes
nations agricoles.
CHAPITRE III -
LES ORIENTATIONS PROPOSÉES
Si l'amélioration des relations franco-espagnoles dans le secteur des fruits et légumes nécessite l'instauration d'un dialogue constructif entre ces deux pays, celui-ci est loin d'être suffisant. En effet, les tensions entre la France et l'Espagne ne peuvent s'apaiser que si certaines difficultés tant au niveau national, communautaire qu'international font l'objet d'un examen attentif des professionnels et des pouvoirs publics.
I. LE RENFORCEMENT EFFECTIF DE LA FILIÈRE DES FRUITS ET LÉGUMES EN FRANCE
Le présent rapport n'a pas pour objet de reprendre l'analyse effectuée par le groupe de travail. Il souhaite néanmoins évoquer les difficultés rencontrées par la profession française à s'organiser et comparer cette situation à celle constatée en Espagne.
A. LA MISE EN PLACE D'UNE NOUVELLE ORGANISATION ÉCONOMIQUE EN FRANCE
A la suite de l'adoption de la nouvelle OCM sur les fruits et
légumes, une réflexion s'est engagée sur l'organisation de
la profession en France. Le nouveau schéma d'organisation
économique du secteur des fruits et légumes, fortement
inspiré du rapport Moulias-Haro, a été
présenté le 28 janvier dernier, lors de la réunion de
la Commission nationale technique (CNT).
Cette nouvelle organisation économique vise à donner aux
organisations de producteurs (OP) le pouvoir de décision, celles-ci
étant placées au coeur du dispositif tel que cela a
été prévu par la réforme de l'OCM. L'édifice
doit s'appuyer également sur des comités économiques
confortés, renouvelés, constitués autour des bassins de
production qui seront les seules structures reconnues comme support
administratif et financier pour la mise en oeuvre des actions nationales.
Ainsi, les trois points d'appui de cette réorganisation sont :
- les organisations de producteurs, placées au coeur du dispositif
par la réforme de l'OCM fruits et légumes ;
- des comités économiques constitués autour des
bassins de production
8(
*
)
et aux missions
redéfinies ;
- les sections nationales par groupes de produits, instances d'orientation
et interlocuteurs des Pouvoirs publics pour la définition des plans
stratégiques et conjoncturels concernant les produits qu'elles couvrent.
Les OP doivent obligatoirement adhérer aux comités de bassin qui
sont en train d'être constitués, non sans difficulté, dans
le Sud Ouest et dans le Sud Est.
Il appartiendra à la CNT, lors de sa prochaine réunion
prévue le 8 avril prochain, de décider du retrait
d'agrément des comités économiques existants et de
l'octroi d'agrément aux comités renouvelés.
La Commission des Affaires économiques, tout en comprenant la
volonté des organisations actuelles de préserver, sur leur
terroir, trente années de travail au service de la profession, juge
indispensable le renforcement effectif de la filière, comme l'a
déjà rappelé le groupe de travail l'année
passée
. En effet, une profession mieux organisée, tant au
niveau local que régional, autour de véritables programmes
opérationnels et au sein d'une interprofession plus affirmée, est
aujourd'hui un impératif pour la survie de la filière.
B. L'IMPORTANCE DU LIEN ENTRE LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALISATION EN ESPAGNE
Lors de ses différents entretiens et
déplacements, la délégation sénatoriale a pu
constater la multiplicité et la diversité des producteurs
espagnols dans le secteur des fruits et légumes. Dans la région
d'Huelva ou de Murcie, on dénombre plusieurs centaines d'agriculteurs
dont la surface de production est comprise entre 0,5 et 3 hectares
9(
*
)
. Cette atomisation de l'offre pourrait donc constituer
un sérieux handicap.
Mais ce handicap est néanmoins compensée par plusieurs facteurs.
Alors que le secteur des fruits et légumes compte plusieurs milliers de
tout petits producteurs, ceux-ci sont regroupés dans des zones
géographiques limitées. Ainsi, la production de fraises d'Huelva
s'étend sur une zone bien limitée de 7.000 hectares. La
délégation sénatoriale, en arrivant dans la zone
d'Almeria, a été confrontée à " une mer de
plastique " recouvrant près de 30.000 hectares de pieds de tomates.
La concentration d'une telle production sur une région relativement
circonscrite tend à minimiser les inconvénients provoqués
par l'atomisation de l'offre.
En outre, la présence dans ces régions de coopératives, de
SAT ou d'entreprises privées disposant d'un important potentiel de
commercialisation atténue les inconvénients de cette atomisation.
Ces structures, intégrées verticalement, (production et
commercialisation) sont majoritaires dans les régions d'Huelva, de
Murcie et d'Almeria et développent une production sur l'ensemble de
l'année.
La délégation sénatoriale a pu constater, par exemple,
l'efficacité d'entreprises telles que Torreagro à Huelva,
Agromurgi et San Isidro à Almeria ou la Centra hortofruticola Hernandez
Zamera à Murcie. Ces entreprises sont tournées vers
l'exportation. Elles sont fortement soutenues dans leur démarche par la
Fepex qui regroupe jusqu'à 90 % dans certains secteurs des
entreprises de production-expédition.
Cette structure constitue une véritable " force de frappe
commerciale ".
II. UN PARTENARIAT EFFECTIF ENTRE LA FRANCE ET L'ESPAGNE DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
A. LE RENFORCEMENT DU RÔLE DES INSTANCES MIXTES
Si " rien ne peut remplacer un dialogue de terrain
entre
producteurs " comme l'ont souligné certaines organisations
professionnelles et syndicales espagnoles, la délégation
sénatoriale approuve la création d'instances de dialogue afin de
désamorcer les crises franco-espagnoles.
Elle souhaite néanmoins que cette instance aille au-delà de la
simple concertation. La deuxième réunion du Comité mixte a
porté son effort dans les deux domaines que sont la réforme de
l'OCM " fruits et légumes " et les échanges
d'informations. La constitution d'un groupe restreint technique sur la tomate
devrait au mois de mars élaborer certaines propositions.
La délégation sénatoriale reconnaît que les
décisions de gestion du marché appartiennent aux entreprises et
ne souhaite donc en aucun cas que des instances se substituent à la
liberté individuelle et entrepreneuriale
. Néanmoins, la
gestion de certaines crises, fortes et durables, nécessite la
présence d'un arbitre à même d'inciter les
différents opérateurs à agir de concert pour le bien
commun.
L'échange d'informations s'avère donc essentiel, votre
délégation se félicitant à nouveau du travail de
qualité accomplie par le service français. Cependant,
au-delà de la simple évaluation des marchés,
la
délégation sénatoriale estime nécessaire la mise en
place de systèmes de prévision et de " pilotage " des
crises les plus sérieuses.
Concrètement, la délégation a pu constater qu'en raison
des abondantes pluies que connaît actuellement l'Espagne, les calendriers
de production français et espagnols pourraient se chevaucher, la
maturation des produits espagnols étant retardée afin de
bénéficier au maximum de changements climatiques éventuels
dans les prochaines semaines.
Il est donc urgent de prévoir dès à présent les
mesures adéquates.
B. UNE POSITION COMMUNE VIS À VIS DE LA DISTRIBUTION
La mission sénatoriale de 1993 ainsi que le groupe de
travail ont souligné les problèmes que soulève la part
croissante des grandes et moyennes surfaces (GMS) dans la distribution des
fruits et légumes. Représentant entre 40 et 70 % selon les
produits, aussi bien pour les fruits que pour les légumes, les GMS
disposent dans ces secteurs de plus values importantes en raison du manque de
marque de produits et de débouchés importants tant en terme de
valeur que de volume. Cette situation est comparable à celle qui existe
en Espagne.
Si l'on devait caractériser à grands traits la distribution
alimentaire espagnole, on retiendrait les points suivants :
- l'accroissement rapide des structures de distribution moderne et la
vivacité du commerce traditionnel (marchands ambulants, etc.) ;
- le régionalisme marqué ;
- l'importante pénétration étrangère (surtout
française avec Promodès notamment).
La France et l'Espagne doivent donc définir une position commune
vis-à-vis de la grande distribution.
III. UNE ACTION CONCERTÉE SUR LE PLAN COMMUNAUTAIRE ET INTERNATIONAL
L'amélioration des relations entre la France et l'Espagne dans le secteur des fruits et légumes nécessite une action concertée de ces deux pays non seulement au niveau communautaire mais aussi international.
A. UN APPROFONDISSEMENT DE LA RÉFORME DE L'OCM
Lors des déplacements et des entretiens de la délégation sénatoriale en Espagne, deux points précis de la nouvelle OCM ont fait l'objet de discussions.
1. L'élargissement de l'annexe II
Il s'agit, en premier lieu, du contenu de l'annexe II qui
établit la liste des produits fruticoles et horticoles susceptibles de
bénéficier de l'indemnité communautaire de retrait
visée à l'article 23 paragraphe 3 du nouveau
règlement. Les fraises ne figurent pas actuellement dans cette annexe,
au grand dam des producteurs espagnols.
Les organisations de producteurs peuvent opérer un retrait en cas de
difficulté sur le marché de la fraise, soit en n'indemnisant pas
leurs producteurs, soit en utilisant les crédits des fonds
opérationnels (article 15, § 3.a).
Rappelons que l'Europe a produit en 1995 près de 700.000 tonnes de
fraises, soit un doublement en vingt ans.
Production de fraises dans l'Union Européenne
(en milliers de tonnes)
La délégation sénatoriale estime que
l'insertion de la fraise dans l'annexe II serait justifiée pour trois
raisons essentielles : l'importance du volume de production au niveau
européen, le coût global des importations de fraises en provenance
des pays tiers dont le volume dépasse les 16.000 tonnes et la similitude
avec d'autres productions bénéficiant du dispositif du retrait
communautaire telles que les clémentines et les mandarines.
Il appartiendrait en outre au Comité mixte d'examiner cette question en
liaison avec les possibilités d'absorption de la transformation
industrielle.
2. L'amélioration des fonds opérationnels
Le second sujet de débat a porté sur les fonds
opérationnels. Pour financer les dépenses liées au
programme opérationnel, ainsi que les compléments de retraits,
l'OP doit constituer un fonds opérationnel (F.O.). Ce fonds est
constitué pour moitié par la contribution de ses adhérents
et pour l'autre moitié par des aides communautaires. Ces aides sont
plafonnées à 2 % du chiffre d'affaires de l'ensemble des OP
de l'Union Européenne (2,5 % à partir de 1999), avec un
maximum de 4 % au niveau d'une OP.
La délégation sénatoriale s'associe aux critiques
émises par un grand nombre de professionnels français et
espagnols, en ce qui concerne, d'une part, le volume financier très
restreint de cette OCM et, d'autre part, la difficulté a connaître
assez en amont le montant des aides.
Votre Commission des Affaires économiques rappelle que le secteur des
fruits et légumes représente près d'un quart de la
production agricole communautaire mais seulement 4 % des crédits du
FEOGA avec pour 1997, 1.679 millions d'écus.
PART DES DEPENSES POUR LES FRUITS ET LEGUMES
DANS LE TOTAL
DU FEOGA GARANTIE
Source Eurostat
En outre, l'Europe ne produit que 40 % de sa consommation en fruits et
légumes
10(
*
)
. Les limitations
budgétaires des fonds opérationnels paraissent donc, dans un tel
contexte, peu appropriées.
Par ailleurs, les autorités communautaires invoquent souvent
l'importance du libre marché dans ce secteur d'activité et la
nécessaire responsabilisation des producteurs. Or il est pour le moins
paradoxal de mettre en avant de tels arguments tout en réduisant et en
encadrant strictement les moyens mis à la disposition des
opérateurs afin de gérer efficacement ce marché.
B. L'AFFIRMATION D'UNE VÉRITABLE IDENTITE AGRICOLE EUROPEENNE
Votre Commission des Affaires économiques estime
nécessaire l'affirmation d'une véritable identité agricole
européenne, dans le contexte actuel de réforme de la Politique
agricole commune.
L'ouverture des prochaines négociations de l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC), l'élargissement de l'Union Européenne et les
perspectives financières du budget européen font peser certaines
incertitudes sur l'avenir de la Politique Agricole Commune.
La coopération franco-espagnole, notamment dans le secteur des fruits
et légumes, pourrait être l'occasion de consolider la
spécificité de la PAC, et, à travers elle, de forger une
véritable identité agricole européenne.
1. La mise en place d'une stratégie méditerranéenne
Cette politique de coopération pourrait se traduire par
la mise en place d'une stratégie méditerranéenne
regroupant non seulement la France et l'Espagne mais aussi l'Italie, la
Grèce et le Portugal. Ce " front méditerranéen "
pourrait promouvoir et défendre les positions communes de ces Etats sur
un certain nombre de dossiers et de produits. L'élargissement du
Comité mixte à l'ensemble des Etats du Sud constituerait, dans un
premier temps, la structure adéquate pour élaborer des positions
communes : c'est ainsi par exemple que la France et l'Espagne devraient
dans les jours à venir présenter un mémorandum de la
réforme de l'OCM sur les fruits et légumes aux autorités
communautaires.
La constitution d'une telle stratégie serait un atout essentiel pour
l'inclusion des produits méditerranéens dans le volet agricole de
l'Agenda 2000.
2. Une nécessaire adaptation des relations avec les pays tiers
a) Une " pause active " dans la multiplication des engagements internationaux
Le groupe de travail avait en 1997 souhaité le
rétablissement d'une politique commerciale à l'égard des
pays tiers conforme aux engagements internationaux et européens. Il
avait estimé qu'il était grand temps que " les
autorités communautaires prennent conscience des risques que provoque la
poursuite d'une politique commerciale avec les pays tiers qui fragilise, chaque
jour un peu plus, le marché communautaire ".
Les différents intervenants rencontrés par la
délégation sénatoriale ont souhaité unanimement
restaurer la préférence communautaire par une stricte limitation
des accords préférentiels avec les pays-tiers.
Rappelons que l'Union européenne est le premier importateur mondial de
fruits et légumes pour une valeur de 1.950 millions d'écus.
Les accords avec le Maroc ont fait notamment l'objet d'intenses discussions.
Les espagnols considèrent que la France, qui importe aujourd'hui un
volume important de tomates du Maroc, favorise ces échanges notamment en
pratiquant un contrôle très relatif des prix et des valeurs, et ce
au détriment des produits communautaires.
La délégation française, en accord avec les nombreuses
personnalités espagnoles rencontrées, réaffirme son
souhait, d'abord de ne plus conclure de nouvel accord
préférentiel avec des pays tiers, puis, de procéder
à un bilan détaillé des conséquences
économiques, sociales et financières des accords existants. Un
bilan " coûts-avantages " des accords en cours ainsi qu'un
examen détaillé des conséquences de chaque nouvel accord
doivent devenir la règle.
b) L'instauration d'un mécanisme de co-développement
Face à la multiplication de ces accords
préférentiels, la mission sénatoriale de 1993 avait
proposé l'instauration d'une taxe complémentaire suffisamment
dissuasive et destinée à rapprocher le prix d'entrée du
prix communautaire. Le produit de cette taxe pourrait, pour tout ou partie
être ristourné au pays exportateur pour aider à son
développement, notamment agricole en aidant à l'essor des
cultures " vivrières ".
Une fraction pourrait être conservée au sein de la
Communauté pour l'amélioration de la gestion des marchés
des produits concernés.
Comme le précise la mission sénatoriale, une telle taxe
répond à un double objectif. Elle vise, d'une part, à
rétablir une concurrence acceptable entre produits d'importations et
produits communautaires en réduisant l'avantage procuré par
l'utilisation d'une main-d'oeuvre bon marché. Cet objectif est rendu
prioritaire pour les propositions relatives à l'Accord
Multilatéral sur les Investissement (AMI). Ce projet,
élaboré par l'OCDE, vise à lever tous les obstacles
à l'investissement. Il est considéré comme une menace
directe pour la construction européenne, puisqu'il risque de remettre en
cause le principe d'intégration régionale qui fonde l'Union. De
plus, ce projet d'accord pourrait conduire à des effets
" niveleurs " sur les économies fragiles des pays du Sud,
niant toute capacité d'action aux Etats souverains.
La taxe permettrait, d'autre part, d'aider réellement au
développement des pays exportateurs puisqu'une partie de ce
prélèvement lui permettrait de conserver ses recettes
d'exportations, voire de les augmenter. En outre, elle aiderait les pays
émergents à construire leur propre économie en
atténuant les effets de la mondialisation.
Ce processus de co-développement protégerait à la fois les
intérêts des producteurs de la Communauté -en
rétablissant les conditions d'une concurrence loyale- et ceux des pays
exportateurs -la marge résultant de leurs avantages comparatifs leur
étant directement ristournée au lieu de bénéficier
aux intermédiaires.
ANNEXE 1 -
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
" FRUITS ET LÉGUMES "
Président :
M. Jean HUCHON Maine-et-Loire
Vice-Présidents :
M. Aubert GARCIA Gers
Mme Anne HEINIS Manche
MM. Jean-François LE GRAND Manche
Louis MINETTI Bouches-du-Rhône
Raymond SOUCARET Lot-et-Garonne
Membres
: MM. Alphonse ARZEL Finistère
Gérard CÉSAR Gironde
Roland COURTEAU Aude
Michel DOUBLET Charente-Maritime
Francis GRIGNON Bas-Rhin
Edmond LAURET La Réunion
Kléber MALECOT Loiret
Jacques de MENOU Finistère
Louis MOINARD Vendée
Bernard PIRAS Drôme
Michel SOUPLET Oise
ANNEXE 2 -
ENTRETIENS ET VISITES AUXQUELS A PROCEDE
LA DELEGATION SENATORIALE EN ESPAGNE
Dimanche 1er février 1998
Arrivée à Madrid
Lundi 2 février 1998
- 10 h 00
Rencontre avec M. José Manuel De Las Heras Cabanas,
Secrétaire Général de la Coordinadora de agricultores y
ganaderos (COAG)
- 11 h 00
Rencontre avec M. Fernando Morella, Secrétaire
Général de l'Union de pequenos agricultores (UPA)
- 12 h 00
Rencontre avec Francisco Marin Garcia, Directeur
Général de la Confederacion de cooperativas agrarias de Espana
(CECAE)
- 13 h 00
Rencontre M. Pedro Barato Triguero, Président de
l'Associacion agraria-Jovenes agricultores (ASAJA)
-
14 h 30
Déjeuner en présence de MM. Barjol,
Attaché agricole, Martin, adjoint à l'Attaché agricole de
l'Ambassade et de M. Prothon, chef de la mission agricole du CFCE
- 17 h 00
Rencontre avec MM. Rafael Milan Diez, Directeur
Général des productions et des marchés agricoles, et
José Escartin Huerto, Sous Directeur Général des
productions Horto-fruticoles au Ministère de l'agriculture
- 21 h 00
Dîner offert par Son Excellence M. Patrick Leclercq,
Ambassadeur de France à Madrid
Mardi 3 février 1998
- 9 h 30
Rencontre avec M. José Maria Pozancos, Directeur
Général de la Federacion de productores-exportadores de frutas y
hortalizas (FEPEX)
-
12 h 00
Départ en TGV pour Séville
-
14 h 00
Arrivée à Séville et déplacement
pour Huelva
-
16 h 00
Visites des installations de Campos de Torreagro
-
17 h 30
Visite d'une entreprise de conditionnement
-
18 h 30
Départ d'Huelva pour Séville
-
21 h 00
Départ de Séville pour Madrid
Mercredi 4 février 1998
-
7 h 25
Départ de Madrid.
-
8 h 30
Arrivée à Alméria et accueil de M. Juan
Colomina de la société Coexpal
-
9 h 30
Visite de la coopérative San Isidro
-
10 h 30
Visite de la l'exploitation des Campo de Dalia
-
12 h 00
Visite du Laboratoire Coexpal
-
13 h 00
Visite de l'entreprise Agromurgi
-
14 h 00
Déjeuner avec les organisations professionnelles et
des responsables d'entreprises
- 17 h 00
Départ vers Murcie
Jeudi 5 février 1998
- 9 h 00
Rencontre avec M. Eduardo Sanchez Almohalla Serrano, Conseiller
à l'agriculture de l'autonomie de Murcie.
- 9 h 30
Réception offerte par M. Ramon Luis Valcarsel Siso,
Président de la Communauté autonome de Murcie
- 10 h 00
Départ pour Mazzarron pour visiter des entreprises de
production de tomates
- 11 h 00
Visite de la Central Hortofruticola Hernandez Zamora
- 12 h 00
Visite de l'unité de dessalinisation en construction
- 13 h 15
Visite de cultures de tomates sous serres à Mazzaron
-
14 h 30
Déjeuner avec les organisations professionnelles et des
responsables d'entreprises
-
21 h 30
Arrivée à Madrid
Vendredi 6 février 1998
Retour sur Paris
ANNEXE 3
RÈGLEMENT (CE) DU 28 OCTOBRE 1996
N° 2200/96 DU CONSEIL PORTANT ORGANISATION COMMUNE DES MARCHÉS DANS
LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
ANNEXE II
LISTE DES PRODUITS SUSCEPTIBLES DE BENEFICIER DE L'INDEMNITE COMMUNAUTAIRE DE
RETRAIT VISEE A L'ARTICLE 23 PARAGRAPHE 3
Choux-fleurs
Tomates
Aubergines
Abricots
Pêches
Nectarine (y compris les brugnons)
Citrons
Poires (autres que les poires à poire)
Raisins de table
Pommes (autres que les pommes à cidre)
Satsumas
Mandarines
Clémentines
Oranges
Melons
Pastèques
1
L'information agricole - n° 592 -
Juillet-Août 1987
2
Rapport d'information du Sénat n° 303
(1992-1993), présenté par MM. Jean Huchon et
Jean-François Le Grand pour la mission d'information
présidée par M. Louis Minetti au nom de la commission des
affaires économiques.
3
Rapport d'information n° 354 (1996-1997)
présenté par MM. Jean Huchon, Louis Minetti, Jean-François
Le Grand au nom de la commission des affaires économiques par le
groupe de travail sur le bilan des propositions de la mission
sénatoriale de 1993 et sur la mise en oeuvre du règlement (CE)
2200/96 du Conseil du 28 octobre 1996 portant OCM dans le secteur des
fruits et légumes.
4
1 franc = 24,70 pesetas environ.
5
Pages 15 et 16 du rapport n° 354, cf références
page 10.
6
La délégation est consciente que la notion
administrative de serres en France n'est pas identique à celle de
l'Espagne. En France, seules les serres utilisant les vitres sont
considérées comme " serres ". En Espagne, tous les
abris plastiques sont considérés comme des serres. A
Alméria, il s'agit parfois de simples feuilles de plastique tenues par
du fil de fer.
7
Cf. rapport cité supra
8
La mission sénatoriale de 1993 avait souhaité la
mise en place de " bassins traditionnels de production ".
Cette
notion est donc différente de celle actuellement
préconisée par la commission nationale technique.
9
Sur cette surface peuvent travailler plusieurs personnes.
10
Source Eurostat