C. DES RELATIONS SOCIALES APAISEES
La
réduction du nombre de personnes affectées dans les chemins de
fer a débuté bien avant la réforme du système
ferroviaire de 1987. Lors de leur création en 1949, les JNR avaient
été dotés d'un personnel très important,
composé notamment de personnes revenant de Mandchourie au lendemain de
la guerre.
De sorte que le niveau des effectifs est resté
situé à près de 500.000 pendant plusieurs
décennies. En revanche, une réduction très forte des
effectifs s'est produite entre 1980 et 1987 puisque le nombre de personnes
employées dans le groupe JNR est passé de 420.000 à
277.000.
La réforme a entraîné néanmoins la disparition de
74.000 emplois. De nombreux salariés ont pris une retraite
anticipée, certains ont fait l'objet de reclassements dans le secteur
public. Enfin, 8.000 ont été confiés à l'organe
chargé du règlement de la dette des chemins de fer, la JNRSC,
pour recevoir une formation pendant trois ans. A l'issue de cette
période, la plupart ont retrouvé une activité. 1.400
personnes ont néanmoins refusé toutes les solutions qui leur
étaient proposées et ont été licenciées.
Les sociétés issues du groupe JNR emploient aujourd'hui
environ 190.000 personnes. Certaines d'entre elles considèrent que des
compressions d'effectifs seront encore nécessaires dans le secteur
ferroviaire au cours des prochaines années
. La diversification des
compagnies de chemins de fer permet dans certains cas de reclasser les
employés dans les filiales du groupe exerçant d'autres
activités. Ainsi, la société JR East, plus grand
opérateur ferroviaire du monde, emploie 80.000 personnes, mais 59.000
seulement dans le secteur ferroviaire.
En ce qui concerne les relations sociales au sein des entreprises, elles
semblent avoir été profondément modifiées par la
réforme. Les grands syndicats nationaux existant auparavant ont disparu
au profit d'organisations correspondant à certaines zones
régionales. Le pouvoir considérable que détenaient les
organisations syndicales avant 1987 semble avoir été
réduit à très peu. Les représentants des syndicats
considèrent aujourd'hui que la réforme a été un
succès. Ils font valoir qu'avant cette réforme, ils agissaient
pour obtenir des avantages comparables à ceux dont
bénéficiaient les employés des petites
sociétés privées et que cet objectif a été
atteint, voire dépassé aujourd'hui.
Les salariés ont perdu le bénéfice du régime
spécial de retraite dont ils bénéficiaient
. Les
anciens employés du groupe JNR ne bénéficient du
régime spécial que pour la partie de leur carrière
effectuée avant 1987 et sont, comme les nouveaux recrutés,
affiliés depuis au régime général. Les
représentants des syndicats estiment aujourd'hui que cette
évolution était inéluctable, le régime
spécial de retraite étant en faillite.
Malgré l'atmosphère très passionnelle dans laquelle a
été opérée la réforme du système
ferroviaire japonais, les relations sociales paraissent donc apaisées
aujourd'hui. Au sein de la société JR East, des
négociations régulières se déroulent où sont
évoqués tous les thèmes qui intéressent les
salariés.
La réforme, si elle a conduit à la perte de
certains avantages pour les salariés, n'en a pas moins eu des effets
bénéfiques, puisque la durée du temps de travail est en
cours de diminution et que les salaires ont fortement augmenté dans
certaines sociétés. Au sein de la compagnie JR East, les salaires
sont passés de l'indice 100 en 1987 à l'indice 147 en 1996.
En définitive, on a le sentiment que la modération des
organisations syndicales aujourd'hui s'explique à la fois par une perte
d'influence (même si 90 % des salariés sont syndiqués) et
par les avantages qu'ont pu retirer de la réforme les employés
des nouvelles sociétés.