ANNEXE III
I. COMPTE-RENDU DU DÉPLACEMENT DE LA MISSION D'INFORMATION À HEIDELBERG
Une délégation de la mission d'information a
effectué un déplacement à Heidelberg les 28 et 29 mai 1996.
Sa composition était la suivante :
- M. Jean-Pierre
Camoin
, co-rapporteur ;
- M. Jean
Bernadaux
, co-rapporteur ;
- M. Ivan
Renar
;
- M. Philippe
Richert
;
- M. Daniel
Eckenspieller
.
Le programme de la mission
Mardi 28 mai 1996
- 11 heures : accueil à l'aéroport de Francfort, par le
consul adjoint, par M. Cherqui, directeur de
l'Institut français
de Heidelberg
, et par M. Bastrios, directeur adjoint ;
- 15 heures : séance de travail avec M. Netzold, directeur du
centre d'information et d'orientation professionnelle de l'agence pour
l'emploi
de Heidelberg, et Mme Heine, chargée de
l'orientation
dans les lycées
;
- 17 h 30 : présentation du
programme
Magister im
Beruf
, par le professeur Arnold Rothe au séminaire d'études
romanes de l'université de Heidelberg.
Mercredi 29 mai 1996
- 9 heures 30 : présentation du
système d'orientation des
étudiants de premier cycle
à l'université de
Heidelberg, par M. Raban von der Malsburg et Mme le docteur Dagmar Diehl
au Rectorat de l'Université ;
- 11 h15 : rencontre avec Mme Beate Weber,
maire
de
Heidelberg ;
- 12 h 15 : réception donnée par M. Peter Ulmer,
recteur
de l'université
de Heidelberg, au rectorat, avec signature du livre
d'or de l'université ;
- 13 heures : déjeuner offert par M. Peter Ulmer, recteur de
l'université de Heidelberg, à la villa Paensgen ;
- 15 heures : présentation du
système d'orientation des
étudiants en médecine
, à l'université de
Heidelberg, par Mme Schneider, et rencontre avec deux étudiantes
françaises, dans le cadre du programme d'échanges Erasmus.
*
* *
II. LE COMPTE-RENDU DES RÉUNIONS DE TRAVAIL
I. PRESENTATION DES ACTIVITES DU CENTRE D'INFORMATION ET
D'ORIENTATION PROFESSIONNELLE DE L'AGENCE POUR L'EMPLOI DE HEIDELBERG
Le centre, outre ses compétences en matière de placement et
d'indemnisation du chômage exerce une fonction de conseil et
d'orientation et, fournit une information aux élèves de
l'enseignement secondaire.
Les élèves de première bénéficient d'une
information d'une durée de deux heures par semaine et peuvent obtenir
une information plus individualisée adaptée à leurs
besoins et à leurs capacités, dispensée par des
conseillers d'orientation spécialisés.
Les bacheliers et les étudiants peuvent bénéficier du
système d'orientation générale post-bac qui les dirige
vers une filière universitaire, vers une formation en entreprise ou vers
une école professionnelle utilisant la formule de l'apprentissage.
Le système a également compétence pour orienter les
handicapés.
Le placement en apprentissage est subordonné au nombre de postes
proposés par les entreprises et aux besoins de ces dernières.
L'information est dispensée à l'occasion d'entretiens
individualisés et s'appuie sur une documentation générale
ou plus spécialisée portant sur 485 métiers (dossiers,
ouvrages, technologies informatiques, banques de données
actualisées relatives aux formations initiales et continues offertes sur
l'ensemble du territoire allemand).
Le bilan d'activité du centre d'information professionnelle de
Heidelberg pour 1995 s'établit comme suit : 54 réunions ont
été consacrées à l'information des parents
d'élèves, 66 conférences ont été
organisées, 23.000 jeunes ont eu recours au centre, 7.300 se sont
déplacés pour consulter ses sources documentaires, 2.500
d'entre-eux souhaitant se diriger vers l'apprentissage, 8.500 entretiens
individualisés et 2.500 entretiens de placement ont
été accordés.
Des conférences sont organisées par le centre, principalement
pour les élèves de première et de terminale, et sont
consacrées notamment aux programmes européens Erasmus et Leonardo
da Vinci.
L'accès à l'université est libre sous réserve de
l'existence de numerus clausus dans certaines disciplines ; les
perspectives de débouchés des filières ne sont pas prises
en compte dans les choix des bacheliers mais sont à l'origine de
réorientations en cours d'études, certains étudiants
passant par exemple de l'apprentissage à l'université sans que
leurs décisions se trouvent nécessairement dictées par des
choix professionnels rationnels.
A Heidelberg, 17 % des diplômés de l'enseignement
supérieur sont à la recherche d'un emploi et 30 % des
étudiants inscrits sortent de l'université sans aucun
diplôme.
II. LE PROGRAMME " MAGISTER IM BERUF "
Si la plupart des étudiants préparent la maîtrise, le
système universitaire allemand apparaît moins structuré que
le système français notamment au niveau des examens
intermédiaires, et laisse aux étudiants une très grande
liberté dans le choix des unités de valeur.
En dépit de l'existence d'un service central d'orientation et
d'organismes d'information et d'orientation propres à chaque institut,
un grand nombre d'étudiants en maîtrise n'ont pas d'objectifs
professionnels biens définis ; les choix effectués vers
certaines disciplines (édition, communication, ...) ne tiennent pas
compte des débouchés offerts et négligent les
" qualifications-clés ", notamment les langues vivantes.
Diverses initiatives ont été prises pour rapprocher
l'université et les entreprises dans le cadre de l'opération
" maîtrise et professions " : stages étudiants
rémunérés, programmes d'information des étudiants,
cours intensifs à effectifs réduits consacrés au
fonctionnement de l'entreprise.
Cependant la crise économique qui n'épargne pas l'Allemagne
entraîne une réduction du nombre des stages proposés :
250 stages ont été organisés depuis quatre ans au titre du
programme pour répondre à une demande de 6.000 étudiants
dont un grand nombre sont ainsi conduits à rechercher eux-mêmes
des stages en entreprise.
Certains instituts proposent par ailleurs des cours de formation
professionnelle, financés par le Land et l'université, pour une
durée limitée à quatre ans mais cette formule n'assure pas
nécessairement un débouché professionnel à ses
bénéficiaires. Les stages intensifs accueillent sans
sélection les étudiants dans l'ordre de leur inscription (30 au
maximum) ; seuls certains sont rémunérés ce qui
conduit de nombreux étudiants à exercer une activité
salariée parallèle.
Par ailleurs, les chambres consulaires peuvent proposer des formations
complémentaires aux étudiants sans que celles-ci constituent un
véritable cursus d'études, comparable à celui des
écoles de commerce françaises.
Ces magistères sont organisés par des associations privées
regroupant des professeurs et des représentants des employeurs mais les
entreprises n'ont aucune obligation d'accueillir les étudiants à
l'issue de ces cours intensifs.
Si le pourcentage des élèves qui obtiennent l'Abitur est
très inférieur à celui du baccalauréat
français, la politique de l'enseignement menée en Allemagne
repose sur le souci d'une " académisation de la population "
et de donner une chance de promotion à tous les jeunes, y compris en les
orientant vers les métiers manuels et l'artisanat qui nécessitent
désormais un haut niveau de formation ; cependant la forte
progression du nombre des diplômés de l'enseignement
supérieur se traduit aussi par une certaine déqualification dans
les emplois proposés et un développement du chômage
temporaire.
La politique menée en faveur de la revalorisation de l'artisanat tend
à faciliter le passage des apprentis à l'université
notamment pour les former à certaines disciplines désormais
indispensables comme la gestion.
Il convient également de remarquer que les étudiants sont en
moyenne plus âgés que leurs homologues français, du fait
notamment d'une organisation plus libérale des études, de la
pratique des stages à l'étranger et d'une " liberté
académique " héritée du début du XIXe
siècle et acquise contre les pouvoirs de l'époque, qui a
contribué à asseoir la renommée des universités
traditionnelles.
Il reste que les universités sont confrontées aujourd'hui au
phénomène de la massification de l'enseignement supérieur.
S'agissant de l'organisation des études, les cours font l'objet d'une
présentation semestrielle détaillée dans un livret remis
aux étudiants ; les nouveaux étudiants peuvent s'adresser
par ailleurs à un service central d'orientation comportant notamment un
département de psychologie.
Un projet-pilote tend à développer la formule du tutorat, qui est
assuré pendant le premier semestre d'études par des
étudiants avancés, les actions d'orientation étant
poursuivies pendant la durée des études.
L'institution du " Magister im Beruf " n'est pas spécifique
à Heidelberg ou à Fribourg puisqu'une vingtaine
d'universités allemandes ont engagé des initiatives analogues,
prises au plan local : des échanges se développent entre
universités, notamment avec celle de Mannheim et une concertation est
recherchée entre les services d'orientation.
La plupart des Länder envisagent cependant d'encadrer plus strictement le
fonctionnement de leurs structures universitaires en raison des incidences
financières de la massification de l'enseignement
supérieur ; chaque université conserve cependant son
autonomie pour définir chaque maîtrise et les examens d'Etat sont
homologués au niveau du Land.
Les universités sont tenues d'accueillir l'ensemble des bacheliers en
fonction de leurs capacités d'accueil, l'Abitur restant le premier grade
universitaire ; en l'absence de numerus clausus, certains responsables
universitaires souhaiteraient cependant rendre plus sévère le
baccalauréat.
Le système d'aide est constitué d'une part de bourses
fédérales dont le montant varie en fonction des revenus des
familles et d'autre part de prêts remboursables par les étudiants
à partir de leur entrée dans la vie active.
Ce système est complété par des aides multiples
accordées par les syndicats, les entreprises, et les églises -
les prêts accordés par ces dernières n'étant
généralement pas remboursables - et par des aides
spécifiques consacrées par exemple à l'achat de livres.
Les bibliothèques universitaires fonctionnent de manière
satisfaisante : elles sont ouvertes jusqu'à 22 heures ainsi que le
samedi et disposent de personnels en nombre suffisant, ce qui n'est pas le cas
des bibliothèques des instituts qui souvent ne peuvent fonctionner
qu'avec l'aide des étudiants.
L'université reste par ailleurs attachée à ses traditions,
même si le port de la toge n'est plus pratiqué depuis dix ans,
sauf par les chercheurs, et si les familles modestes déplorent le recul
de ces traditions.
S'agissant de l'hébergement, 80 % des étudiants inscrits
à Heidelberg sont domiciliés dans un rayon de 150 km autour de
l'université alors que dans le passé existait une
" obligation morale " de choisir l'université la plus
lointaine ; aujourd'hui ce souci de mobilité s'est réduit et
la qualité des enseignements est davantage prise en compte que le
prestige de certains sites universitaires.
L'université de Heidelberg, comme beaucoup d'universités
allemandes, ignorait le système des résidences universitaires et
privilégiait l'hébergement locatif ; cependant la
démocratisation de l'enseignement supérieur s'est traduite par la
nécessité de construire des résidences universitaires
implantées à la périphérie. La durée du
séjour y est limitée à deux ans et les nouveaux
étudiants en sont exclus. On assiste actuellement à un
développement de la location collective d'appartements, ce
système apparaissant particulièrement adapté au monde
étudiant.
L'intégration des universités de la RDA s'est
réalisée par une " occidentalisation " des structures
universitaires, et notamment des " lycées avancés ", la
recherche restant principalement localisée dans les académies
scientifiques.
Tous les professeurs sont d'origine universitaire, à l'exception de ceux
des grandes écoles spécialisées ou de quelques
maîtres de conférences issus des lycées : les postes
libres sont proposés dans le bulletin officiel du Land mais les postes
de maîtres de conférences qui sont offerts restent peu nombreux.
Enfin, il convient de rappeler que la fondation de l'Université de
Heidelberg résulte du grand schisme, conséquence de
l'élection de deux papes qui divisa la chrétienté
occidentale en deux camps ennemis et au refus de la Sorbonne de conférer
leurs grades aux écoliers de la " nation allemande ".
III. LA PRESENTATION DU SYSTEME D'ORIENTATION DES ETUDIANTS DE PREMIER
CYCLE
D'après les indications fournies à la délégation de
la mission, la mise en place d'un système d'orientation et de formation
continue, qui relève du rectorat, n'a pas permis de réduire de
manière sensible l'échec universitaire. Ce système
d'orientation intervient à plusieurs stades de la scolarité et du
cursus universitaire :
-
l'information des lycéens
: 40 % des lycéens
auraient recours à des conseils d'orientation et des réunions
d'information sont organisées en mars à leur intention avec les
responsables de chaque discipline universitaire ; ces réunions ont
concerné pour les trois universités de Mannheim, Ludwighaffen et
Heidelberg près de 9000 lycéens, soit la moitié des
bacheliers potentiels.
L'information est dispensée à partir de dossiers documentaires,
du réseau Internet, de conférences et les futurs bacheliers ont
la possibilité de bénéficier d'entretiens
individualisés d'orientation ;
-
en début d'études
, les instituts organisent des
réunions d'information animées par des universitaires et des
étudiants expérimentés qui peuvent être
prolongées par des conseils personnalisés.
Les premiers cycles ne comportent pas de " tronc commun " en
première année et les décisions d'orientation initiales
des nouveaux étudiants restent très incertaines : la
majorité des inscrits attendent des éléments nouveaux pour
affiner leur choix ;
-
en cours d'études
, les réorientations sont
fréquentes et se traduisent soit par des changements de disciplines,
soit même après quatre ou cinq ans d'études, par un nouveau
départ dans un autre cursus universitaire ;
-
en fin d'études
, l'orientation résulte de cours de
préparation à la vie professionnelle, d'informations sur les
différents secteurs d'activité et de stages pratiques notamment
en économie, pour les étudiants des filières
littéraires.
Ce dispositif d'orientation finale a pour objectif de motiver les
étudiants dans la préparation aux examens, dans une perspective
d'insertion professionnelle, mais nombre d'entre eux sont accaparés par
des activités salariés exercées parallèlement
à leurs études.
En réponse aux interrogations des membres de la
délégation, il a été précisé que
36 % des élèves obtenaient l'Abitur ; ce pourcentage
n'était que de 6 % il y a trente ans et devrait passer à
45 % dans quelques années car 65 % des élèves du
secondaire souhaitent aujourd'hui poursuivre des études
supérieures et 80 % des bacheliers s'y engagent effectivement.
De nombreux bacheliers n'entrent à l'université que trois ou
quatre années après avoir obtenu l'Abitur ou après avoir
rempli leurs obligations militaires ou effectué un service civil ;
cette période est mise à profit pour séjourner et suivre
des stages à l'étranger : l'entrée à
l'université se réalise ainsi, en moyenne, à 25 ans et
demi et 40 % des étudiants changent d'orientation au cours des deux
premières années sans que les efforts menés en
matière d'orientation modifient sensiblement ces comportements.
De nombreux bacheliers s'orientent en fait par défaut vers
l'université faute d'avoir été acceptés dans des
filières technologiques ou économiques, notamment dans les
universités techniques qui disposent d'une capacité d'accueil
réduite, et du fait de perspectives d'insertion professionnelle
aujourd'hui plus restreintes.
Les bacheliers sont souvent mal préparés à suivre
l'enseignement de ces universités techniques sélectives qui
accueillent aussi des candidats plus âgés ayant capitalisé
des acquis professionnels.
De nombreux étudiants cherchent des voies alternatives de formation au
sein de l'université : leur manque de motivation se traduit par
exemple par un taux d'abandon d'études de 75 % dans des disciplines
comme la physique, et 40 % des étudiants en " langues
romanes " n'assistent jamais aux cours même s'ils peuvent se
présenter à l'examen de fin d'année. Une meilleure
orientation et une organisation plus motivante des études apparaissent
donc indispensables.
Par ailleurs, la rupture entre le monde du lycée et celui de
l'université apparaît très forte, même si la
méthodologie dans certaines disciplines est commune entre les deux
ordres d'enseignement et si le taux d'échec en premier cycle y est
moindre.
Les responsables universitaires s'opposent cependant fortement à une
" secondarisation " des premiers cycles.
La politique d'orientation qui y est menée s'effectue dans des groupes
de travail qui sont confiés à des animateurs et par un
contrôle des connaissances de base à la fin de la première
année. Le cursus ultérieur est plus libéral mais comporte
des travaux dirigés, et reste principalement fondé sur le travail
individuel des étudiants.
Certains préconisent de s'assurer, en amont, de la motivation des
nouveaux étudiants, de mettre en place une année d'orientation et
un véritable examen en fin de première année : la
législation du Land de Bade-Wurtemberg devrait être
modifiée en ce sens dans les deux ans à venir.
Des actions de soutien aux étudiants ont cependant été
engagées depuis dix ans mais les résultats constatés se
sont révélés décevants, et les responsables
universitaires considèrent que les bons étudiants ont
également besoin d'être aidés.
Il a été également indiqué que le coût d'un
étudiant était inférieur à celui d'un jeune
chômeur indemnisé et que l'investissement en faveur de
l'enseignement supérieur était évidemment plus
" rentable " ; les perspectives d'emploi des étudiants
apparaissent analogues à celles des non-diplômés, avec
toutefois la perspective de se voir proposer un salaire plus
élevé.
Les aides accordées aux étudiants consistent en bourses d'Etat
dont le montant a été récemment réduit, et la
moitié des étudiants exercent parallèlement une
activité salariée, le quart d'entre eux y étant
contraints ; cette proportion est considérée comme excessive
par les responsables universitaires qui demandent un renforcement des moyens
accordés aux bourses.
Certains préconisent une augmentation des droits d'inscription qui
pourraient ainsi représenter 1.000 DM par semestre pour les familles les
plus aisées, afin de remédier à l'injustice de la
situation actuelle qui bénéficie notamment aux étudiants
aisés.
Certains suggèrent d'augmenter le nombre des boursiers, de relever le
montant des bourses et de moduler celui-ci en fonction des résultats des
étudiants : ceci permettrait de réduire l'importance du
travail salarié exercé parallèlement par les
étudiants qui sont conduits à négliger leurs
études, notamment au cours de la période de la préparation
des examens, des dégrèvements de charges pouvant par ailleurs
être accordés aux employeurs pour les activités
liées au statut étudiant.
Le montant des bourses est par ailleurs jugé insuffisant pour couvrir
les dépenses d'hébergement des étudiants et une proportion
très faible d'entre eux exercent une activité ayant un lien avec
leurs études.
Par ailleurs les activités de recherche interviennent très
tôt dans les cursus d'études à l'exception de la
médecine ou du droit.
L'université de Heidelberg accueille 29.000 étudiants dont 12.000
peuvent être considérés comme de très bons
éléments. Les universitaires qui craignent une suppression de
certains postes tentent de s'opposer à la réduction de leurs
moyens et estiment par exemple que 45 % des étudiants en
mathématiques passent leurs examens (alors que les statistiques avancent
un pourcentage de 18 % et indiquent qu'un étudiant inscrit sur
trois assiste aux cours).
Les interlocuteurs de la délégation de la mission ont fait part
de leur scepticisme quant aux possibilités d'évolution de
l'université et ont rappelé que depuis le XVIe siècle,
seules vingt-cinq institutions avaient survécu : le Parlement
anglais, l'Eglise catholique et vingt-trois établissements
universitaires...
Selon certains, il conviendrait de moduler les moyens alloués à
l'université selon les résultats obtenus et selon les
filières, en s'inspirant par exemple des aides apportées à
la recherche : une évaluation précise des enseignements et
des activités de recherche apparaît indispensable dans une telle
perspective.
IV. LE SYSTEME D'ORIENTATION DES ETUDIANTS EN MEDECINE
Les lycéens qui se destinent à la médecine
bénéficient dans une première phase d'orientation, de deux
semaines d'information chaque année qui sont animées par des
universitaires et des étudiants avancés dans leurs études
médicales : ces semaines d'orientation organisées par de
petits groupes, permettent aux lycéens de visiter les locaux
universitaires, les bibliothèques et ont aussi pour objectif de les
" décomplexer " par rapport aux professeurs
d'université.
Les bacheliers souhaitant s'engager dans des études médicales
transmettent leur candidature à un organisme fédéral et
doivent passer des tests spécifiques : 10 % des places sont
attribuées en fonction des résultats obtenus aux tests, 45 %
en prenant en compte la note moyenne obtenue aux tests et les notes du
baccalauréat et 15 % à l'issue d'entretiens de
sélection, le reste des places disponibles étant pourvu en
fonction des listes d'attente. Toute notion de sélection sur examen est
donc en principe exclue dans le système de médecine allemand. Les
tests portent sur les connaissances scientifiques, sur les capacités
d'organisation et de réaction rapide des candidats face à des
situations imprévues.
Les résultats des tests recoupent ceux du baccalauréat :
30.000 bacheliers se portent candidats aux études médicales dans
l'ensemble du pays et certains universitaires souhaitent l'abandon de la
formule des tests au profit de la seule prise en compte des résultats du
baccalauréat.
Il n'existe aucun numerus clausus qui serait défini à partir des
besoins sanitaires du pays, et les facultés de médecine
accueillent dans la limite des capacités, évaluées
notamment en termes de personnels et de lits, les candidats qui satisfont aux
critères d'admission : il en résulte que les
établissements assurent la formation d'un nombre de médecins
supérieur de 50 % aux besoins, soit 8.000 médecins par an,
ce qui tend à renchérir le coût du système sanitaire.
Les coûts sanitaires sont évalués à la suite de
négociations entre les partenaires du système de
sécurité sociale et les médecins ; l'ouverture de
nouvelles sections hospitalières se réalisaient dans le
passé en augmentant les prix de journée mais sous la pression des
employeurs, une loi vient d'être promulguée pour limiter la
progression des dépenses de santé (soins dentaires, utilisation
de médicaments génériques, réduction des
dépenses hospitalières).
Cette législation plus restrictive a réduit également la
liberté d'installation de nouveaux médecins, dont le nombre est
arrêté pour assurer la couverture médicale des
différentes régions : de nombreux médecins
s'expatrient en Grande-Bretagne et surtout aux Etats-Unis.
L'orientation se poursuit jusqu'à la fin du cursus, l'internat ne
constituant pas un concours spécial : des stages optionnels sont
proposés aux étudiants pour les aider à choisir leur sujet
de thèse, poursuivre leur spécialisation ou s'engager dans la
recherche. Les médecins généralistes, pour leur part,
doivent obtenir un doctorat mais n'ont pas à soutenir une thèse
d'Etat. Le taux d'échec en médecine serait de l'ordre de 5
à 8 % et les étudiants ont la possibilité de se
présenter trois fois à chaque examen.
La profession médicale conserve son prestige et ses avantages financiers
(environ 80.000 DM par an auxquels il convient d'ajouter 40.000 DM au titre des
heures supplémentaires), même si une réduction de ces
heures supplémentaires est aujourd'hui envisagée.
Les établissements accueillent un nombre non négligeable
d'étudiants étrangers (6 %) provenant notamment de pays
d'Afrique et d'Asie, tandis que la recherche de base se fait plutôt dans
les instituts spécialisés que dans les centres hospitaliers et
universitaires. Les chercheurs enseignent cependant à
l'université et plusieurs médecins de formation, de
l'Université de Heidelberg, ont obtenu un prix Nobel.
ANNEXE IV