C. LES RÉACTIONS À LA SYNTHÈSE DES MESSAGES ET LES AUTRES OBSERVATIONS DES CORRESPONDANTS
- certains considèrent que
l'absence de
motivation
des étudiants est à l'origine de l'échec
universitaire dans les premiers cycles et que l'avenir professionnel de
nombreux étudiants reste flou, voire angoissant : ceci
résulterait d'une mauvaise orientation, d'une connaissance
limitée des métiers, d'une pré-orientation trop
précoce et du passage d'un dispositif scolaire " infantilisant,
quasi-militaire ", à un système universitaire prévu
pour des " étudiants motivés, mûrs et
autonomes " ;
- l'orientation universitaire dans les pays
étrangers
est
jugée plus réaliste : les étudiants prennent leur
temps, suivent des stages en entreprise, effectuent des séjours à
l'étranger, voire des " tours du monde ", ce qui leur permet
d'appréhender d'autres langues et cultures, et ne sont pas astreints au
" parcours du combattant " à la française ;
- certains citent Hegel (" rien de grand ne se fait sans
passion ")
et estiment que les
orientations par défaut
devraient
disparaître de l'université ;
- d'autres préconisent une modification de l'intitulé des
bacs
professionnels
dont les titulaires estiment à tort pouvoir
accéder à n'importe quel DEUG général scientifique,
" ce qui est une hérésie " ;
- on rappelle que
l'éducation des jeunes est le meilleur
investissement
pour une nation en observant que les états
généraux de l'université sont nés aussi des
manifestations des étudiants et des enseignants de l'automne 1995 ;
- s'agissant de la transmission du savoir et de la formation des
étudiants, on souligne que ces derniers devront plusieurs fois changer
d'emploi au cours de leur vie professionnelle et seront mis en concurrence pour
trouver un emploi : il convient de les préparer à ces
perspectives pour les adapter à une
mobilité
géographique et professionnelle
, en développant leur
curiosité, leur esprit critique et leur motivation ;
- en conséquence, il apparaît nécessaire de
valoriser
les projets individuels ou collectifs
des étudiants, en les
associant à la gestion des budgets correspondants, de compléter
les bases fondamentales de chaque cursus, notamment scientifiques, par des
connaissances générales
, d'instituer un
stage
ouvrier
dès la première année de premier cycle, avant
des stages d'études ultérieurs, de favoriser la
mobilité des étudiants
par des échanges entre
universités, de développer le
tutorat
, d'assurer un
environnement
informatique
convenable aux étudiants et de
stimuler la pratique d'une
activité sportive ou culturelle
dans
le cadre universitaire ;
- on propose un
cursus
décalé tendant à dispenser
en première année une formation générale et
pluridisciplinaire, cette année de transition étant
également destinée à responsabiliser et à permettre
à l'étudiant de s'orienter ; il conviendrait ensuite de
développer une formation approfondie jusqu'à bac+3, correspondant
à l'enseignement de base aujourd'hui donné dans les DEUG ou les
IUT, complétée par les projets personnels et les stages
industriels des étudiants, afin de
valoriser la sortie à bac+3
vers le monde de l'entreprise ; une
spécialisation
proche du programme des maîtrises devrait être
réservée à bac + 5, le DEA pouvant être
préparé en plus au cours de la 5e année ;
- s'agissant des
personnels de l'université
, il est
préconisé de limiter les
heures complémentaires
des
universitaires et de recruter massivement de jeunes maîtres de
conférences à partir du vivier des doctorants (de nombreux
enseignants de DEUG et d'IUT multiplient en effet les heures
complémentaires pour bénéficier de la prime
pédagogique) le coût de l'heure complémentaire étant
par ailleurs pour l'Etat bien inférieur à celui de l'heure
" statutaire " ;
- on souligne que les
contrats pédagogiques
sont attribués
au niveau local souvent sans contrôle effectif des capacités
pédagogiques des candidats, lequel pourrait d'ailleurs être
exercé par les étudiants, alors que l'attribution de primes
d'encadrement doctoral est subordonnée à un examen sérieux
du dossier de l'enseignant-chercheur par un groupe d'experts ;
- en outre, la multiplication d'heures complémentaires se traduit
souvent par une " répétition de TD et de TP " et
l'enseignant, qui n'est plus chercheur, perd ses
capacités
d'innovation
en devenant " adepte du ronronnement
ambiant " : ce
comportement se retrouve parfois chez certains PRAG ou certifié
intervenant à l'université ;
- à l'inverse, une
transformation des heures
complémentaires
en postes statutaires, permettant le recrutement de
jeunes maîtres de conférences, entraînerait un foisonnement
d'idées, une stimulation des enseignants plus âgés, et une
meilleure répartition de la gestion des tâches pédagogiques
et administratives de nature à moderniser les méthodes
d'enseignement et à développer les laboratoires de
recherche ;
- on préconise également de
supprimer le système de
primes
qui tend à diviser les universitaires ou de les
intégrer dans le salaire des enseignants-chercheurs : des
décharges d'enseignement
sont proposées pour ceux qui
s'investiraient dans des tâches pédagogiques, administratives ou
de recherche et l'ensemble de ces activités serait pris en compte dans
les promotions des enseignants ;
- il est par ailleurs proposé
d'associer les PRAG et les
certifiés
intervenant dans l'enseignement supérieur,
aux
jurys et concours,
notamment pour la présidence du jury des
baccalauréats qui échoit aux enseignants-chercheurs des
universités ;
- on propose également d'inciter les personnels des universités
à prendre au cours de leur carrière une
année de
congé rémunérée
pour formation
complémentaire (conversion thématique, recherche, mobilité
vers l'industrie ou vers une université étrangère) ;
- il est également suggéré une modification du
système de promotion hors-classe des
maîtres de
conférences
, avec un passage à l'ancienneté vers le
corps des professeurs de 2e classe ;
- certains sont opposés à la suppression du
redoublement
en première année de DEUG, afin de prévoir une
année d'adaptation des bacheliers aux méthodes
universitaires : les élèves qui entrent en DEUG
scientifique, comme dans les classes préparatoires, ne sont pas
formés pour y être performants dès la première
année, en raison d'un " gouffre existant entre la terminale et
l'enseignement supérieur " ;
- le contenu des cours dispensés dans les premiers cycles est
jugé beaucoup trop
théorique
, et l'aspect formel des
démonstrations peut " même dégoûter les
élèves des matières concernées " : on ne
souhaite pas cependant un " enseignement à l'américaine ou
à l'allemande où il n'y a quasiment plus que du
pratique " ;
- certains considèrent que
l'accès à
l'université
doit rester totalement libre, la sélection
s'effectuant naturellement, notamment par l'abandon d'études et
" une élite se constituant inévitablement " ;
- on souligne
l'insuffisance de l'enseignement de l'anglais
à
l'université en DEUG, en licence, en maîtrise et en DEA et on
propose de recourir aux chaînes télévisées
américaines ou anglaises et à un enseignement dispensé par
des étudiants américains ou anglais comportant " un peu
d'écrit et beaucoup d'oral " ;
- le
DEUG est jugé trop diversifié
et certains
préconisent une " redistribution des cartes " en proposant
une
formation technologique ou plus professionnelle en sciences, un enseignement un
peu plus théorique en IUT et la possibilité, après un DUT,
de réintégrer l'université pour obtenir une licence.
*
* *