ANNEXE II
I. synthèse des messages reçus, via le réseau internet, par la mission d'information entre le 22 février et le 4 juin 1996
Dans le cadre de ses travaux, la mission d'information a
décidé de lancer une consultation sur Internet, via le serveur du
Sénat, afin de recueillir directement les observations et les
propositions des acteurs et des usagers du système universitaire,
à partir notamment des expériences engagées sur le terrain
dans le domaine de l'information et de l'orientation des lycéens et des
étudiants.
Cette consultation a été engagée à partir de sept
questionnaires qui ont été envoyés chaque quinzaine sur le
réseau.
En réponse, cent cinquante-deux messages, le plus souvent très
substantiels, sont parvenus sur le serveur du Sénat.
Chaque série de réponses a fait l'objet de synthèses
bi-mensuelles dont la teneur est reproduite dans la présente annexe.
II. SYNTHÈSE DES MESSAGES REÇUS, VIA LE RÉSEAU INTERNET, PAR LA MISSION D'INFORMATION ENTRE LE 22 FÉVRIER ET LE 3 MARS 1996
1. Les principales causes de l'échec universitaire
dans les premiers cycles seraient les suivantes :
- une
absence d'information dans le secondaire
sur le contenu, les
objectifs, les filières et les débouchés de l'enseignement
supérieur ;
- une
absence de projet professionnel et de motivation des
étudiants
qui ont choisi une " orientation par
défaut " et qui s'engagent dans des cursus longs et sans
débouchés directs à court terme ;
- une baisse du
niveau méthodologique des lycéens
et la
nécessité de recentrer l'enseignement secondaire sur
l'acquisition de méthodes de travail ;
- un
passage difficile du lycée à l'université
,
d'un système encadré à un système de
responsabilité : les matières n'y sont pas enseignées
de la même façon et le système d'évaluation
diffère entre les deux ordres d'enseignement ;
- une massification de l'enseignement supérieur qui se traduit par un
environnement pédagogique médiocre
et un sous-encadrement
des étudiants par rapport à celui des lycéens ;
- les cours dispensés à l'université sont jugés
trop scolaires, notamment quand ils sont assurés par les PRAG, tandis
que les enseignants sont parfois considérés comme non
motivés, voire incompétents : le
manque
d'intérêt des programmes
est souligné ainsi que leur
inadaptation à l'emploi
et aux débouchés
professionnels ;
- les étudiants recherchent à l'université une
formation professionnalisée
que les premiers cycles n'ont pas
vocation à leur donner : les formations dispensées sont
considérées à la fois comme trop générales
et trop abstraites ;
-
l'accès à l'université est jugé trop
ouvert
et le baccalauréat ne joue plus son rôle de
diplôme universitaire tandis que les STS et les IUT sont
considérés comme trop sélectifs et leur nombre
insuffisant : l'université n'est plus une machine à
fabriquer des élites mais est devenue un " hall d'attente "
avant de trouver un emploi ;
- la
secondarisation
des premiers cycles et le recours aux PRAG
tendraient à conforter les carences méthodologiques des
lycéens ;
- les
conditions de la vie étudiante
joueraient enfin un
rôle important dans l'échec observé dans les premiers
cycles.
2. L'appréciation portée sur le système actuel
d'information et d'orientation au lycée et à l'université
:
- le système d'information est jugé
insuffisant,
défaillant, trop théorique
, voire " nul ", surtout
dans les lycées et devrait être organisé par des
professionnels et complété par des stages en entreprises ;
- l'information au lycée devrait être dispensée pendant
les
heures de cours
et être complétée par des
entretiens personnalisés permettant d'élaborer un
projet
professionnel
à partir des motivations et des capacités des
lycéens ;
- les conseillers d'orientation dispensent une
information trop
générale
et parfois trop pessimiste sur les filières
et les débouchés et ne connaissent pas les formations
récentes, alors que les enseignants ne sont compétents que pour
leur seule discipline ;
- la sélection trop axée sur les
mathématiques
contribue à une mauvaise orientation des lycéens ;
- l'information existante est difficile à trouver dans certaines
UFR :d'une manière générale, les
lycéens et
les étudiants font peu d'efforts
pour recueillir l'information ;
- les lycéens attendent une
réponse " normative "
des conseillers d'orientation
pour choisir une filière parmi des
formations qui restent pour eux largement inconnues ;
- les
services administratifs des universités
sont très
critiqués : leur disponibilité et leurs compétences
sont mises en cause et les étudiants sont livrés à
eux-mêmes pour leur orientation ;
- les DEUG A et B sont
choisis " par défaut ",
notamment par les bacheliers professionnels.
3. Les modalités d'orientation choisies par les
intervenants :
- goût pour les matières enseignées au lycée, choix
d'un
projet professionnel
effectué à l'occasion de stages,
conseils des conseillers d'orientation et de la famille ;
- orientation par défaut à la suite
d'échec
aux
concours et aux filières professionnelles sélectives :
certains choix sont faits à " l'aveuglette " et sont suivis
de
réorientations
à la suite d'entretiens avec notamment
des
enseignants-chercheurs
de troisième cycle ;
- les conseillers d'orientation du secondaire, jugés " mous et
incompétents ", sont délaissés au profit des
enseignants
et de la consultation de brochures (l'Etudiant) ;
- les orientations sont rarement arrêtées lors de l'entrée
à l'université mais s'affinent progressivement en recherchant
notamment des
" interfaces " entre des
spécialités voisines.
4. Les suggestions pour améliorer le système d'information et
d'orientation des lycéens et des étudiants :
- l'information des étudiants devrait passer par une
sensibilisation
à la vie active
, par une
valorisation des formations techniques
et manuelles
et par une description concrète des
métiers
préparés : des
cours de
sensibilisation
à l'enseignement supérieur devraient
être
obligatoires au lycée
, assurés notamment par
des enseignants chercheurs et devraient être complétés par
des brochures d'orientation et la mise en place d'un numéro vert
spécifique ;
- l'orientation devrait privilégier le
projet professionnel
de
l'étudiant, en l'adaptant ensuite aux débouchés
professionnels, notamment à l'occasion de
stages
organisés
en classe de terminale et de
conférences
données par des
étudiants lors de journées thématiques ;
- le rôle du
baccalauréat
devrait être
renforcé et un
mécanisme de sélection
institué à l'entrée à l'université pour les
lycéens dont la formation initiale est manifestement inadéquate
avec la poursuite d'études supérieures ;
- l'incertitude des étudiants provient aussi
d'un excès
d'informations contradictoires
et une information concrète sur les
carrières, les formations et l'évolution des métiers
devrait être dispensée très tôt,
dès le
collège
, puis tout au long de la scolarité pour gérer
l'orientation des élèves en fonction des besoins de
l'économie de demain : une réflexion sur les projets
professionnels devrait être engagée dès la classe de
1ère sous la
direction d'un tuteur
, cette formule devant
être étendue ultérieurement à tous les
étudiants de premier cycle ;
- les
conseillers d'orientation
devraient avoir pour mission de
détecter les bons élèves et d'orienter les moins bons
d'une manière plus incitative ;
- l'université doit privilégier le rôle des
enseignants-chercheurs
et le recours aux PRAG devrait, pour des raisons
méthodologiques, rester aussi limité que possible dans les
premiers cycles ;
- la
réforme des premiers cycles et l'augmentation des moyens
donnés à l'université constituent un préalable
à une amélioration de l'information et de l'orientation des
étudiants ;
- l'information sur les carrières et les emplois, la
simplification
des filières
pour améliorer la lisibilité des cursus,
la
généralisation des formations en alternance
constitueraient autant de remèdes à l'échec universitaire
dans les premiers cycles.
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