XII. MARDI 7 MAI 1996
-
Présidence de M. Adrien Gouteyron,
président
. - La mission a d'abord procédé à
l'audition de Mme Danièle Pourtier, présidente de
l'association des conseillers d'orientation-psychologues
(ACOP France), et
de
Mme Maryse Hénoque, directeur d'un centre d'information et
d'orientation de l'académie de Paris
.
Après avoir fourni quelques indications sur la nature et les
activités de son organisation,
Mme Danièle Pourtier
a
précisé qu'elle exerçait ses fonctions au centre
d'information et d'orientation de la Sorbonne.
Mme Maryse Hénoque
a indiqué pour sa part qu'elle
dirigeait le centre d'information et d'orientation (CIO) de l'académie
de Paris chargé des 8e et 16e arrondissements.
Soulignant le caractère pratique de toute orientation, elle a
insisté sur la nécessaire liaison qui devrait exister entre le
lycée et l'université afin de réduire au maximum les
erreurs de choix des bacheliers. Elle a rappelé à cet
égard que les CIO fournissaient d'abord des informations
générales, notamment dans les mairies, sur les formations
offertes dans les diverses universités, et notamment sur les
filières qui conduisent à une insertion professionnelle rapide.
Elle a ajouté que les conseillers étaient ensuite principalement
chargés d'aider les jeunes à formuler un projet d'études
et professionnel, et de fournir des conseils d'orientation
individualisés à des lycéens qui bénéficient
par ailleurs d'informations surabondantes de toutes origines.
Elle a également indiqué que son CIO organisait dans les mairies
des rencontres avec d'anciens lycéens qui pouvaient faire part de leur
expérience universitaire et a souligné l'importance d'une
démarche personnelle des élèves.
Mme Danièle Pourtier
a observé que l'information
donnée sur les perspectives de débouchés des
filières de premier cycle était souvent défaillante ;
elle a en outre dénoncé le hiatus existant entre les disciplines
enseignées au lycée et à l'université, notamment en
philosophie et en économie, et a souligné que les
étudiants issus de la génération du " zapping "
éprouvaient de véritables frustrations lorsqu'ils se trouvaient
enfermés dans une filière trop spécialisée.
A l'issue de cette présentation générale, un large
débat s'est institué.
M. Adrien Gouteyron, président
, a évoqué les
rôles respectifs des enseignants et des personnels
spécialisés dans l'information des lycéens ainsi que le
problème de l'orientation progressive des nouveaux étudiants.
Il s'est par ailleurs demandé si le caractère
nécessairement individualisé de toute orientation ne conduisait
pas à privilégier le rôle des enseignants par rapport
à celui des conseillers d'orientation psychologues (COP).
M. Franck Sérusclat
s'est interrogé sur la prise en compte
par les conseillers de la spécificité du parcours scolaire suivi
par les élèves depuis l'école élémentaire,
et sur la maîtrise par les lycéens de terminale de l'informatique
et des techniques modernes de communication.
M. Jean-Claude Carle
a observé que l'orientation des
élèves et des étudiants supposait un dialogue et que les
CIO se situaient à l'interface entre les réalités de
l'école, de l'université et du monde de l'entreprise.
Il a ensuite souhaité obtenir des précisions sur le temps
consacré en moyenne à chaque élève pour faciliter
ses choix d'orientation, sur la connaissance par les conseillers du monde
professionnel, sur leur compétence à l'égard des
élèves des établissements privés d'enseignement et
sur les orientations qui pouvaient être préconisées vers
l'enseignement agricole.
M. Daniel Eckenspieller
s'est enquis des attentes des conseillers
d'orientation quant à l'information générale et
personnalisée qui devrait être apportée par les enseignants
aux lycéens.
Précisant que ses observations n'avaient pas pour objet de mettre en
cause la qualité des conseillers d'orientation psychologues,
M.
Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a souhaité obtenir des
précisions sur l'efficacité du système actuel
d'information et d'orientation des élèves, sur les raisons de ses
insuffisances, sur les améliorations qui seraient susceptibles d'y
être apportées et sur la répartition souhaitable des
rôles entre les différents acteurs chargés de l'orientation.
Il s'est demandé si les conseillers d'orientation n'avaient pas tendance
à privilégier la dimension psychologique de l'orientation au
détriment de l'information objective des élèves, si les
proviseurs n'avaient pas tendance à conseiller à leurs meilleurs
bacheliers de choisir les filières sélectives relevant de leur
établissement et s'il était souhaitable de maintenir une
compétence large des conseillers et des CIO, allant du collège
jusqu'aux premiers cycles universitaires.
Il s'est enfin enquis du contenu de l'information qu'il conviendrait de donner
aux nouveaux étudiants et des moyens qui permettraient d'évaluer
de manière satisfaisante les établissements d'enseignement
supérieur.
M. Ivan Renar
a remarqué que les COP étaient les seuls
à avoir une vision globale des problèmes d'information et
d'orientation des jeunes et a souhaité obtenir des précisions sur
l'image-type et le profil des bacheliers d'aujourd'hui qui ont vocation
à s'engager en masse dans l'enseignement supérieur, sur les
modalités d'une meilleure articulation entre les enseignements
secondaire et supérieur et sur la relation existant entre l'échec
universitaire et l'origine sociale des étudiants.
Soulignant l'insuffisance du nombre des conseillers d'orientation,
M. Pierre Laffitte
s'est demandé s'il ne conviendrait pas de
recourir à des aides extérieures et au bénévolat
(enseignants, étudiants, jeunes retraités, parents
d'élèves, collectivités locales, chambres consulaires) et
de faire passer les conseillers d'un rôle de partenaires à celui
de chefs d'orchestre.
Il a ajouté que les auditions menées par la mission avaient
permis de constater que le système éducatif tendait depuis peu
à s'ouvrir sur le monde extérieur et a souhaité que les
orienteurs participent à cette évolution.
Il a enfin estimé que des formules d'information comme celles des salons
de l'étudiant, qui permettent aux lycéens de nouer des contacts
avec les interlocuteurs les plus variés, devraient être plus
largement développées.
Répondant à ces interventions,
Mmes Danièle
Pourtier
et
Maryse Hénoque
ont notamment apporté
les précisions suivantes :
- les conseillers d'orientation partagent leur activité entre les
établissements et les CIO et, en participant notamment aux conseils de
classe en troisième et en seconde, s'efforcent dans toute la mesure du
possible de mettre en oeuvre une orientation continue en prenant en compte le
parcours scolaire des élèves : leur nombre est cependant
insuffisant et ils ne sont souvent pas familiarisés avec les techniques
nouvelles de communication ;
- leur intervention reste cependant liée à une démarche
personnelle des jeunes, de leur famille ou des professeurs, notamment lorsque
les élèves sont en situation de difficulté scolaire ;
les entretiens individuels dont ils bénéficient sont de l'ordre
de trois quarts d'heure et peuvent associer les parents mais ne concernent
qu'une frange limitée de collégiens et de lycéens ;
- les contacts des élèves avec le monde professionnel peuvent
être développés à l'occasion des stages en
entreprises, qui sont organisés dès la classe de
troisième ;
- l'orientation vers l'enseignement agricole apparaît résiduelle
pour les élèves des établissements parisiens ;
- les effectifs des conseillers d'orientation sont très insuffisants
puisque 4.500 COP ont la responsabilité de six millions
d'élèves du second degré et de plus de deux millions
d'étudiants : l'université de Paris I ne dispose que
d'un seul conseiller pour 40.000 étudiants, alors que l'état
psychologique d'un nombre de plus en plus élevé
d'étudiants apparaît très préoccupant ;
- la demande des élèves de l'enseignement privé en
matière d'orientation est considérable car les conseillers
d'orientation n'organisent pas de permanence au sein des établissements
scolaires ;
- l'aide apportée par les enseignants à l'orientation des
élèves est indispensable et les COP exercent un rôle de
conseiller technique auprès des chefs d'établissement ;
- l'efficacité d'un système d'orientation suppose l'existence
d'équipes éducatives soudées mais les enseignants ne
semblent pas vouloir s'approprier les activités d'orientation qui
deviennent de plus en plus complexes compte tenu de l'évolution rapide
des métiers ;
- les conseillers d'orientation sont les seuls à être en mesure
d'apprécier dans leur globalité les capacités des
élèves et à les aider dans leurs choix mais ils jouent
fréquemment un rôle de bouc-émissaire en cas d'orientation
négative ou mal acceptée, ce phénomène
s'étant accentué avec la massification de l'enseignement
secondaire et supérieur ;
- l'augmentation du nombre des conseillers apparaît comme une
priorité, et permettrait aux COP de suivre des stages en entreprise qui
sont nécessaires à leur information ;
- si certains conseillers peuvent avoir tendance à privilégier
une approche psychologique de leur activité, les réalités
commandent de limiter leur action à un rôle de conseil en
matière d'orientation ;
- il importe que les conseillers puissent suivre l'évolution des
élèves, du collège jusqu'à l'université,
mais l'orientation ne devrait pas être engagée trop tôt pour
ne pas perturber leur scolarité ;
- l'orientation est devenue d'autant plus importante que les
débouchés de certaines filières se sont réduits et
qu'elle doit privilégier l'ouverture des formations sur
l'entreprise ;
- les conseillers s'adressent à une population d'élèves et
d'étudiants de plus en plus diversifiée et il apparaît
difficile d'établir un profil-type du bachelier qui n'a souvent pas de
références familiales universitaires lorsqu'il accède
à l'enseignement supérieur ;
- les boursiers sont particulièrement concernés par
l'échec dans les premiers cycles, et les mauvaises conditions
matérielles d'études (logement, santé, alimentation)
contribuent à augmenter cet échec ;
- les COP qui disposent d'une formation adaptée doivent continuer
à exercer une fonction spécifique d'information et de conseil,
mais ils travaillent déjà en liaison avec des acteurs
extérieurs au système éducatif, comme les chambres des
métiers et l'ANPE ;
- les étudiants avancés dans leurs études ne peuvent
apporter aux lycéens qu'une information sur leur discipline et les
conseillers d'orientation ont recours fréquemment à l'aide des
enseignants retraités et des parents d'élèves ;
- chaque lycée organise régulièrement des forums
destinés à l'information des familles mais le rôle des
conseillers d'orientation est d'adapter cette information à la situation
individuelle de chaque élève.
La mission a ensuite procédé à
l'audition
de
M. Jean-Pierre Laheurte, président de l'université de
Nice-Sophia Antipolis.
Après avoir indiqué les fonctions qu'il exerçait au sein
de la conférence des présidents d'université (CPU), et que
celle-ci avait mis l'accent lors de son dernier colloque sur les
problèmes de l'orientation et de l'insertion professionnelle,
M.
Jean-Pierre Laheurte
a rappelé que notre système
universitaire devait d'abord répondre au défi de la massification.
Il a observé que cet objectif conduisait à s'interroger sur les
modalités d'accès des étudiants à
l'université, sur la mise en place d'un véritable dispositif
d'orientation et sur la création d'une filière technologique
complète privilégiant notamment la formation en alternance et les
filières courtes à vocation professionnelle.
S'agissant de l'orientation, il a noté que celle-ci était
entendue par les étudiants comme une sélection, mais que cette
interprétation n'était pas partagée par la CPU qui
s'opposait à toute idée de restreindre l'entrée à
l'université, et qu'une forte demande sociale de formation
supérieure émanait désormais de l'ensemble des familles.
Il a ensuite estimé que le système actuel d'orientation
était mal conçu, contribuait à donner une image
négative de l'université puisque celle-ci était choisie
par défaut par les étudiants qui n'avaient pu accéder aux
filières sélectives, et que ses dysfonctionnements
résultaient pour l'essentiel d'une continuité insuffisante entre
le lycée et l'enseignement supérieur.
En dépit des efforts engagés par les proviseurs, de
l'expérimentation de diverses formules (forums, salons de
l'étudiant, journées portes ouvertes ...), il a observé
que toute politique en faveur des premiers cycles était vouée
à l'échec si les lycéens de terminale ne pouvaient
s'appuyer sur un " avis général d'orientation " tenant
compte de leurs capacités et des caractéristiques des diverses
filières supérieures.
Il a ajouté qu'il conviendrait que cette orientation des nouveaux
étudiants soit progressive, qu'un bilan soit établi au terme du
premier semestre universitaire et que les étudiants en situation
d'échec se voient proposer des réorientations attractives vers
d'autres disciplines ou d'autres filières sans être
pénalisés pour des erreurs d'orientation initiale.
Il a indiqué que deux autres paliers d'orientation devraient être
prévus, d'une part, à l'issue du diplôme d'études
universitaires générales (DEUG) ou du diplôme universitaire
de technologie (DUT), afin de permettre aux étudiants de poursuivre
leurs études en changeant éventuellement de filière, mais
aussi d'opter pour un emploi après avoir bénéficié
d'une formation professionnelle complémentaire en alternance, et d'autre
part à bac + 4, avant une orientation vers des diplômes
d'études supérieures spécialisées (DESS)
professionnalisés ou des diplômes d'études approfondies.
M. Pierre Laffitte
a rappelé qu'il avait suggéré,
lorsqu'il était président de la conférence des grandes
écoles, que 30 % des élèves des grandes écoles
puissent être recrutés sur titre parmi les titulaires de DEUG, de
licence ou de maîtrise mais a noté que cette proposition avait
suscité une certaine réserve des universitaires et un
intérêt limité des étudiants.
M. Jean-Pierre Laheurte
a estimé que cette proposition
correspondait à une conception positive de l'orientation et a
souhaité que le discours encore tenu dans les lycées, consistant
à affecter les bacheliers en fonction de leur formation secondaire, soit
abandonné.
Il a rappelé que les filières technologiques (écoles
d'ingénieurs, IUT et STS) ne regroupaient que 13 % des effectifs
étudiants et qu'il convenait en conséquence de développer
des passerelles pour permettre à ceux issus de l'enseignement
général de professionnaliser leur formation.
Il a par ailleurs indiqué que la CPU considérait que
l'université avait aussi vocation à se préoccuper de
l'insertion professionnelle de ses étudiants aussi bien pour ceux des
voies technologiques que générales.
Il a ensuite constaté que l'université produisait quelque
120.000 diplômés de niveau I et II, et que les
entreprises et les professions libérales n'étaient susceptibles
d'offrir que 65.000 offres d'emplois d'encadrement et de
responsabilité. Il en résulte que les diplômés
à bac + 5 sont contraints d'accepter des emplois
déqualifiés, ce phénomène se répercutant sur
les diplômes de niveau inférieur jusqu'aux emplois non
qualifiés.
Afin de remédier à cette situation, il a estimé
souhaitable de prévoir la possibilité pour les étudiants
à l'issue d'un premier cycle, notamment en lettres ou en droit, de
compléter leur diplôme par une formation en alternance ou en
apprentissage, sans quitter le système universitaire, puis à
l'issue d'une période d'activité professionnelle, de revenir
à l'université en validant les acquis obtenus.
Cet objectif suppose une concertation étroite avec les entreprises,
notamment avec les petites et les moyennes, qui auraient intérêt
à utiliser de jeunes diplômés et qui sont les plus
susceptibles de créer des emplois.
A l'issue de cet exposé, un large débat s'est engagé.
M. Ivan Renar
s'est interrogé sur la position des professeurs
d'université à l'égard de ces propositions et sur le
rôle que les agrégés du secondaire étaient
appelés à jouer dans les premiers cycles universitaires.
M. Franck Sérusclat
a souligné l'intérêt du
système d'orientation proposé et a demandé comment les
conseillers d'orientation pourraient se situer dans un tel dispositif qui
privilégierait l'insertion professionnelle.
Il a cependant exprimé la crainte qu'un mécanisme de reprise
d'études, décidée après plusieurs années
d'activité professionnelle, contribue à précariser la
situation de ses bénéficiaires, tant sur le plan de leur emploi
que sur celui de leur cursus universitaire ultérieur.
Il a enfin souligné la difficulté de trouver des entreprises
susceptibles d'accueillir en stage un grand nombre d'étudiants.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a remercié
M. Jean-Pierre Laheurte pour sa vision positive de l'avenir de
l'université et a évoqué la possibilité de mettre
en place des formations " transversales ", permettant aux
étudiants de " zapper " pendant une première
année de type propédeutique, afin d'affiner leur choix initial
d'orientation.
Il a également insisté sur la nécessité de mettre
en oeuvre une véritable remise à niveau de certains
étudiants et d'organiser pour ces derniers des cursus professionnels
adaptés.
M. Pierre Laffitte
a souligné l'intérêt des
expériences engagées à l'université de Nice-Sophia
Antipolis, qui devraient selon lui être étendues, et s'est enquis
des difficultés rencontrées dans leur mise en oeuvre.
Il a par ailleurs souhaité obtenir des précisions sur la
possibilité d'adapter les formations générales
supérieures aux besoins des entreprises de sa région qui se
spécialiseraient dans les nouvelles techniques de la communication.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur les
divers personnels qui auraient vocation à formuler un avis global
d'orientation pour les élèves de terminale et a demandé si
des universitaires, notamment des enseignants-chercheurs, devraient être
associés à cette procédure.
Il a par ailleurs évoqué la possibilité de mettre en place
une grande filière technologique destinée notamment à
accueillir les bacheliers technologiques et professionnels.
Répondant à ces interventions,
M. Jean-Pierre Laheurte
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- les expériences engagées par son université ont pu
être mises en place avec l'aide des entreprises et avec l'appui des
enseignants des IUT, qui ont notamment accepté d'accueillir des DEUG
littéraires et de droit, mais se sont heurtées à des
difficultés réglementaires dans leur mise en oeuvre ;
- les PRAG ne sauraient, d'une manière générale, se
substituer aux enseignants-chercheurs dans les premiers cycles universitaires,
même s'il convient de distinguer les " littéraires " de
ceux des autres disciplines : un recours trop important aux professeurs
agrégés de l'enseignement secondaire conduirait en outre
nécessairement ceux-ci à revendiquer un statut analogue à
celui des enseignants-chercheurs ;
- les étudiants qui accèdent aux premiers cycles universitaires
en situation d'échec sont généralement dépourvus de
tout projet d'études et professionnel et n'utilisent pas, à
l'exception des filles, les outils d'information et de dialogue mis à
leur disposition pour définir leur orientation ;
- l'afflux des étudiants dans les deuxièmes cycles risque de
susciter des frustrations lorsque ceux-ci se verront proposer des emplois
sous-qualifiés par rapport à leur diplôme ;
- une formation complémentaire en alternance permettrait aux titulaires
de DEUG de conserver leur statut d'étudiant : celle-ci pourrait
concerner 20 % de ces étudiants mais la réalisation de cet
objectif suppose que les entreprises d'accueil bénéficient d'une
aide spécifique ;
- la mise en place de ces qualifications nouvelles a rencontré des
difficultés de nature réglementaire et la non homologation de ces
diplômes a été invoquée par le ministère du
travail pour leur refuser le statut des contrats de qualification ;
- les expériences engagées à l'université de Nice
ont également permis de développer des formules de remise
à niveau, qui sont cependant parfois contestées par les nouveaux
étudiants, ainsi que des tutorats : une période
d'observation d'un semestre apparaît nécessaire pour convaincre
les étudiants du bien-fondé d'une réorientation ou d'une
mise à niveau qui doivent être complétées par des
propositions attractives ;
- la détection des seuls étudiants en difficulté
apparaît préférable à une formule
générale inspirée des anciennes
propédeutiques ;
- le processus actuel d'inscription des nouveaux étudiants à
l'université est caractéristique d'un système
d'orientation par défaut : tous les élèves de
terminale devraient, préalablement au baccalauréat, pouvoir
s'appuyer sur un avis motivé d'orientation auquel participeraient des
universitaires ; la mise en place d'un service partagé des PRAG,
entre le lycée et l'université, et de conseillers d'orientation
" mixtes " permettraient à cet égard de faciliter le
passage des lycéens entre les deux ordres d'enseignement ;
- l'évaluation des chercheurs porte sur leurs seules activités de
recherche, mais ces derniers ne se désintéressent pas pour autant
des activités pédagogiques et de l'insertion professionnelle de
leurs étudiants : il serait cependant souhaitable que, dans
l'avenir, les enseignants-chercheurs, mais aussi les chercheurs, consacrent
prioritairement une partie de leur vie professionnelle aux seules tâches
d'enseignement ;
- la généralisation de la formation en alternance à
l'ensemble des étudiants supposerait un choix politique qui consacrerait
l'association des entreprises à l'enseignement supérieur ;
- la création d'une filière technologique diversifiée
devrait permettre d'ouvrir, sous certaines conditions, les filières
sélectives aux bacheliers professionnels, d'autoriser des
réorientations entre les filières générales et
technologiques, de créer des diplômes permettant une insertion
professionnelle immédiate, de faciliter la poursuite d'études des
titulaires de DUT ou de BTS vers les IUP et les écoles
d'ingénieur ;
- la création d'une voie technologique " cylindrique ",
jusqu'à bac + 5, serait incompatible avec la nécessaire
prise en compte de l'évolution des emplois proposés par les
entreprises et serait moins évolutif qu'un système fondé
sur des formations professionnalisées courtes à bac + 2
et bac + 4 ;
- les bacheliers professionnels devraient de préférence
être orientés vers des voies technologiques dès leur
entrée dans l'enseignement supérieur et les IUT, qui rencontrent
actuellement des difficultés de recrutement, pourraient constituer un
dispositif d'accueil : la réalisation de cet objectif suppose
cependant de développer en préalable une véritable
politique d'orientation dans l'enseignement secondaire.