X. MERCREDI 24 AVRIL 1996
-
Présidence de M. Adrien Gouteyron,
président
. - La mission a d'abord procédé
à
l'audition
de
MM. Philippe Evanno,
délégué général, et
Michel
Legrand
, chargé de mission de l'
Union nationale universitaire
(UNI).
M. Philippe Evanno
a déclaré à titre liminaire que le
problème de l'information et de l'orientation des étudiants
devait être envisagé dans la perspective générale
d'un développement de la formation professionnelle et continue supposant
un réexamen d'ensemble du dispositif éducatif, notamment dans
l'enseignement supérieur. A cet égard, l'orientation doit
être envisagée comme un processus continu permettant de
gérer les flux d'étudiants entre les diverses filières et
de les orienter en grand nombre vers les voies technologiques et
professionnalisées débouchant sur des emplois.
Il a rappelé que le système d'orientation fonctionnait
actuellement " à l'envers ", en contradiction avec la
vocation
des filières sélectives courtes qui accueillent désormais
une proportion importante des meilleurs bacheliers, notamment d'origine
modeste, lesquels se réorientent ultérieurement, après
avoir obtenu un diplôme universitaire de technologie (DUT) ou un brevet
de technicien supérieur (BTS), vers des études longues.
L'idée d'une orientation plus réaliste, même si elle est
mal perçue par les lycéens et les étudiants, permettrait
de réorganiser notre système éducatif de l'enseignement
secondaire jusqu'aux formations supérieures en créant notamment
une véritable filière technologique et en autorisant des sorties
plus rapides vers l'entreprise.
L'organisation actuelle du ministère, qui couvre désormais les
deux ordres d'enseignement, apparaît par ailleurs de nature à
rendre plus aisée la mise à plat du système
éducatif et à mieux coordonner les administrations
concernées dont les insuffisances ont été pour partie
à l'origine de l'affaire du contrat d'insertion professionnelle (CIP).
La seule solution permettant de réguler les flux étudiants
consisterait donc, d'une part, à prendre acte du souhait des titulaires
de DUT et de BTS de poursuivre des études longues en favorisant
cependant les sorties vers la vie professionnelle, la réactivation des
dispositifs de la formation professionnelle et de la formation continue pouvant
autoriser leur retour vers l'enseignement supérieur jusqu'à des
formations de niveau ingénieur, et, d'autre part, de prendre en compte
les aspirations des diplômés à bac + 2 qui sont
actuellement empêchés d'accéder à des fonctions
d'encadrement dans l'entreprise.
A l'issue de cet exposé général, un large débat
s'est engagé.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est enquis des modalités
d'organisation et de la vocation d'une future filière technologique. Il
s'est demandé si celle-ci serait également destinée
à accueillir les bacheliers généraux et si elle serait
susceptible de permettre aux étudiants de poursuivre leurs études
jusqu'au doctorat.
Il a enfin souhaité obtenir des précisions sur la position de
l'UNI concernant le problème de la sélection.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a souhaité recueillir
l'avis de l'UNI sur la procédure des états généraux
de l'université et sur les problèmes de l'information et de
l'orientation des étudiants tels qu'ils ont été
présentés par la presse qui a rapporté les
premières pistes de réflexion de la commission Fauroux.
Il s'est enquis des propositions de l'UNI concernant un éventuel
système de pré-inscription universitaire, une diversification des
formations offertes dans les premiers cycles et un meilleur encadrement de
ceux-ci.
Il a demandé si une proportion importante d'enseignants-chercheurs
était nécessaire dans les premiers cycles et comment pourrait
être assurés une pluridisciplinarité de la formation, un
accès plus aisé aux instituts universitaires de technologie (IUT)
et aux sections de techniciens supérieurs (STS) aux bacheliers
technologiques et une ouverture des grandes écoles aux titulaires de DUT
et de BTS. Il s'est enfin interrogé sur les modalités
souhaitables de développement de l'enseignement technologique, de
l'apprentissage et de la formation en alternance au sein de
l'université, sur l'évaluation des enseignements qui y sont
dispensés par les étudiants et sur l'avenir des antennes
universitaires.
Répondant à ces interventions,
MM. Philippe Evanno
et
Michel Legrand
ont notamment apporté les précisions
suivantes :
- une grande filière technologique devrait pouvoir être ouverte
à tous les lycéens et à tous les bacheliers, du
lycée professionnel jusqu'à l'école d'ingénieur, en
passant par les formations supérieures intermédiaires ; elle
devrait s'accompagner de la création de passerelles et d'un
élargissement des moyens de la formation continue et de la formation
professionnelle permettant à ceux qui ont choisi la voie technologique
de revenir dans les filières générales ;
- les effectifs d'étudiants en formation continue devraient être
comptabilisés comme de véritables étudiants, ce qui n'est
pas le cas dans le système San Remo de répartition des moyens
entre universités ;
- la mise en oeuvre du partage du temps de travail permettrait de
libérer des postes supplémentaires d'encadrement dans les
entreprises alors que le nombre de diplômés est aujourd'hui trois
fois supérieur à celui des postes offerts ;
- le processus de consultation des états généraux de
l'université a été engagé avec retard et risque de
se traduire par la seule participation des élus étudiants et
enseignants et d'aboutir à une synthèse décevante ne
représentant que l'intersyndicale dominante de chaque
établissement ;
- la composition de la commission Fauroux, en dépit de la qualité
de ses membres, apparaît déséquilibrée et semble
déconnectée des réalités universitaires ;
certaines pistes de réflexion qui ont été
dévoilées par la presse semblent relever de la provocation et
s'inscrivent dans un jeu médiatique obscur qui paraît opposer son
président et le ministre : il conviendrait que la commission Fauroux
prenne en compte les problèmes réels de l'université, sauf
à risquer de générer une agitation qui pourrait être
utilisée par certains lors de la prochaine rentrée universitaire ;
- l'image de l'apprentissage est désormais plus attractive, comme en
témoigne sa mise en oeuvre dans certaines grandes écoles de
commerce, et cette formule est appelée à jouer un rôle
moteur dans les filières de formation au niveau régional : son
développement suppose cependant des moyens adaptés pour
répondre à une forte demande puisque l'enseignement
supérieur n'accueille que 17.000 apprentis ;
- la formation en alternance devrait être développée
à la sortie du diplôme d'études universitaires
générales (DEUG), quel que soit le type de formation, pour
faciliter l'accès de ces diplômés en entreprise : la
réalisation de cet objectif permettrait de réduire les effectifs
en deuxième cycle et devrait s'inscrire dans la perspective de la mise
en oeuvre du droit au retour en formation, qui existe mais dont les
modalités n'ont pas été précisées ;
- l'UNI est défavorable au principe de la sélection à
l'entrée à l'université, à l'exception des
filières où elle existe déjà.
La mission a ensuite procédé à
l'audition
de
Mme
Isabelle Martin
, chargée de mission de la
Mutuelle nationale des
étudiants de France (MNEF).
Dans une déclaration liminaire,
Mme Isabelle Martin
a
indiqué que l'information et l'orientation des étudiants ne
relevaient pas directement des compétences de son organisation mais que
l'étude des problèmes de la vie étudiante et du statut de
l'étudiant lui permettait d'avoir une opinion sur ces questions
essentielles.
A cet égard, elle a rappelé l'expérience engagée
conjointement par la MNEF et l'office national d'information sur les
enseignements et les professions (ONISEP) pour informer les étudiants
par téléphone sur leur orientation.
Elle a ensuite constaté que le développement de la poursuite des
études supérieures résultait d'une demande des familles
qui sont par ailleurs souvent ignorantes des réalités
universitaires, ce phénomène se traduisant par de
fréquentes réorientations, à l'intérieur ou
à l'extérieur de l'université, pour les bacheliers les
moins préparés. Afin de réduire le sentiment
d'échec et d'exclusion de ces étudiants, elle a
préconisé une extension du statut d'étudiant à
l'ensemble des jeunes, quel que soit le statut des formations suivies.
Elle a ajouté que le rôle de l'ONISEP devrait être
élargi afin de permettre aux collégiens et aux lycéens
d'élaborer un véritable projet d'étude ou professionnel et
de réduire les effets pervers du " bouche à oreille " :
cet objectif suppose, sur un plan général, une meilleure
articulation entre le lycée et l'université.
S'appuyant sur l'expérience de la politique de prévention
sanitaire engagée dans les lycées, elle a enfin
préconisé une plus grande mobilisation des enseignants-chercheurs
et surtout des étudiants avancés dans leurs études pour
aider les lycéens à mieux définir leurs choix
d'orientation.
A l'issue de cet exposé général, un large débat
s'est engagé.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est enquis du bilan de
l'expérience citée par Mme Isabelle Martin et a
souligné la difficulté d'accorder un statut d'étudiant
à des apprentis qui restent régis par un contrat de travail,
même si cette intention apparaît selon lui excellente.
M. Ivan Renar
s'est interrogé sur les conséquences de
l'état sanitaire et social des étudiants de premier cycle et sur
les solutions qui permettraient d'améliorer leur accès aux soins.
M. Pierre Laffitte
a demandé si l'idée d'étendre le
statut d'étudiant à l'ensemble des jeunes en formation, qui
serait susceptible de valoriser les filières de l'apprentissage et de
l'alternance, était bien reçue par les divers acteurs du
système universitaire.
Il s'est déclaré favorable à la participation des
étudiants à l'orientation des lycéens dans le cadre des
forums d'information et s'est interrogé sur les moyens de
développer ces formules, en soulignant l'intérêt d'une
information qui ne soit pas dispensée uniquement par l'éducation
nationale.
Il s'est enfin enquis des propositions de la MNEF concernant l'utilisation des
technologies nouvelles, en particulier en classe de terminale au lycée
et dans les premiers cycles universitaires, qui sont souvent
sous-équipés en matière d'équipements
micro-informatiques.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a rappelé qu'il avait
proposé récemment d'étendre le statut d'étudiant
aux apprentis, et que cette proposition s'était heurtée à
l'opposition du ministre chargé du travail. Il a souhaité que
cette question importante soit abordée dans le cadre des états
généraux de l'université.
M. Adrien Gouteyron, président,
et
M. Pierre Laffitte
ont
également souligné la nécessité de résoudre
ce problème.
Répondant à ces interventions,
Mme Isabelle Martin
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- l'expérience engagée en matière de prévention
sanitaire a été engagée depuis un an dans huit villes
universitaires : cette formule qui privilégie le recours aux
étudiants s'est également développée dans d'autres
domaines, notamment dans le cadre de la politique de la ville en direction des
jeunes en difficulté. Elle répond à la demande de nombreux
étudiants dans certaines disciplines, telles les sciences humaines, qui
envisagent cette aide comme une forme de pratique professionnelle, et elle
autorise un contact direct, notamment au niveau du langage, entre les jeunes et
les étudiants ;
- l'état sanitaire des étudiants est préoccupant et
certaines maladies et anomalies ne sont pas dépistées ;
- la montée du stress et l'apparition de problèmes
psychologiques, notamment au moment des examens, conjuguées aux
méfaits de l'automédication, influent sur la capacité des
étudiants à affronter la réalité
universitaire ;
- les enquêtes réalisées par l'observatoire de la vie
étudiante, si elles ne révèlent pas un appauvrissement
général des étudiants, qui restent pour leur
majorité aidés par leur famille, font apparaître cependant
une précarisation de certaines catégories, notamment les
boursiers confrontés à une perspective de redoublement ;
- si les parlementaires envisagent favorablement l'extension du statut
d'étudiant, cette proposition semble recevoir un accueil plus
mitigé des présidents d'université et surtout de
l'entourage du ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement
supérieur et de la recherche, qui craint une dévalorisation des
formations supérieures existantes ; une telle réforme aurait
par ailleurs des incidences financières importantes si elle devait
entraîner un élargissement du droit aux bourses
universitaires ;
- certaines universités font d'ores et déjà participer
leurs étudiants à l'information en organisant des forums
d'accueil des nouveaux étudiants, et la MNEF a préconisé
un système d'exonération des charges sociales pour les
étudiants qui percevraient une rémunération
destinée à financer leurs études en contrepartie de cette
aide à l'orientation des lycéens et des bacheliers ;
- le développement des technologies nouvelles est nécessaire dans
les lycées et dans les premiers cycles de l'enseignement
supérieur. Il répondrait d'ailleurs à la demande des
élèves et des étudiants qui sont de plus en plus
familiarisés avec ces techniques ;
- la diversification des formations, recherchée aujourd'hui à
travers la création d'une grande filière technologique avec le
développement de l'apprentissage et de l'alternance, répond
à l'aspiration de l'ensemble des bacheliers à poursuivre des
études supérieures, et commande d'étudier, notamment dans
le cadre des états généraux de l'université, le
problème complexe de l'extension du statut d'étudiant à
l'ensemble des jeunes en formation, afin notamment d'atténuer les
éléments de rupture sociale à l'intérieur d'une
même génération.
La mission a ensuite procédé à l'
audition
de
M. Pouria Amirshahi
, président de l'
Union nationale des
étudiants de France indépendante et démocratique
(UNEF-ID)
.
Dans une déclaration liminaire,
M. Pouria Amirshahi
a
indiqué que les problèmes de l'information et de l'orientation
des étudiants constituaient, à côté d'un encadrement
insuffisant et d'un niveau de connaissances inadapté à
l'enseignement supérieur, un facteur essentiel de l'échec dans
les premiers cycles universitaires.
Constatant que l'information dispensée aux bacheliers et aux nouveaux
étudiants était peu satisfaisante, notamment du fait de moyens
trop réduits, il a estimé qu'il convenait de passer d'un
système d'orientation forcée à un dispositif autorisant
une orientation choisie.
L'orientation forcée est commandée principalement par le nombre
de places disponibles dans les filières sélectives. Pour ce qui
est de l'université, il a rappelé que le système
" Ravel " d'inscription universitaire, s'il avait permis
dans une
certaine mesure de rationaliser les choix des bacheliers, restait très
imparfait et devrait être complété par la
possibilité pour les élèves de terminale de suivre,
pendant au moins une semaine, les enseignements dispensés dans la
filière supérieure susceptible de correspondre à leur
profil.
Il a ensuite remarqué que le taux d'échec constaté dans
les DEUG, s'il n'était pas dépourvu de tout lien avec une
mauvaise information des étudiants, résultait aussi de
l'organisation des premiers cycles et de l'impossibilité de
réorientation en cours d'année universitaire.
Il a également estimé que l'université souffrait d'une
spécialisation excessive des DEUG, et qu'il conviendrait de
réfléchir à des formules initiales de formation
pluridisciplinaire, précédant la spécialisation et la
professionnalisation ultérieures des étudiants, qui auraient
ainsi la possibilité d'entreprendre des études à leur
rythme et en fonction de leurs projets, l'université devant par ailleurs
avoir le souci de ne pas se couper du monde de l'entreprise.
Il a ajouté que cette pluridisciplinarité permettrait aux
étudiants de mieux s'adapter à l'évolution des emplois et
de ne pas conférer une responsabilité particulière
à l'université en matière de chômage si celle-ci
devait délivrer des diplômes trop spécialisés soumis
aux aléas des délocalisations d'entreprise et des transformations
technologiques.
Il a enfin souligné que la diversité des filières,
l'absence de grille d'équivalence des formations et la validation
insuffisante des acquis ne contribuaient pas à faciliter la poursuite
d'un parcours universitaire, notamment pour les diplômés d'IUT.
A l'issue de cet exposé général, un large débat
s'est engagé.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, s'est demandé si la
pluridisciplinarité proposée pour la première année
universitaire ne se rapprochait pas des anciennes classes
propédeutiques.
Citant l'exemple des étudiants en médecine qui se voient confier
au cours de leurs études des stages d'aide-soignant, il a
souligné l'intérêt d'une complémentarité des
stages avec la filière d'études suivie, même si les
tâches exercées dans le cadre de ces stages pouvaient parfois
apparaître subalternes aux étudiants.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur les
modalités d'organisation de l'année universitaire, sur les
publics scolaires et étudiants auxquels pourrait être ouverte la
future grande filière technologique, sur la participation des
étudiants aux états généraux de
l'université, et il a souhaité savoir si l'UNEF-ID contestait le
bien-fondé de la création de la commission Fauroux,
constituée de non spécialistes universitaires, et qui avait
été chargée par le Gouvernement de réfléchir
à l'avenir de notre système éducatif. Il a
également demandé si l'UNEF-ID avait été entendue
par la commission Fauroux.
Rappelant que les parlementaires avaient vocation à formuler des
propositions pour aménager le système universitaire, il a
indiqué que la mission d'information du Sénat sur les premiers
cycles prendrait connaissance avec intérêt des solutions
préconisées par l'UNEF-ID.
M. Ivan Renar
a souligné que le recours aux professeurs
agrégés de l'enseignement secondaire (PRAG) pouvait contribuer
à répondre au besoin de pluridisciplinarité des premiers
cycles universitaires, mais a estimé que la démocratisation de
l'université conduisait à poser le problème des moyens qui
lui étaient affectés, notamment pour assurer un encadrement
satisfaisant et remédier à " l'anonymat " des
étudiants.
M. Jean-Claude Carle
s'est enquis des moyens proposés pour
assurer la réorientation des étudiants au cours de la
première année universitaire et s'est demandé si les
étudiants qui seraient susceptibles d'être
réorientés seraient disposés à rejoindre des
classes de STS et des formations en alternance ou en apprentissage.
Il a également souligné l'amélioration constatée
dans le fonctionnement des stages en entreprises, et plus largement dans les
relations entre l'université et les entreprises.
M. Robert Castaing
a demandé si le baccalauréat actuel
restait adapté à sa fonction de premier grade universitaire.
Répondant à ces interventions,
M. Pouria Amirshahi
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- les " révélations " communiquées par la presse
sur les travaux de la commission Fauroux conduiraient à réactiver
les anciennes classes de propédeutique et à transformer le DEUG
en " super baccalauréat " ;
- l'actuel baccalauréat devrait au contraire, selon lui, rester le
premier grade universitaire et permettre l'accès aux premiers cycles,
qui ne sauraient être réduits au rôle d'une " gare de
triage " et devraient, au contraire, permettre à chaque
étudiant de progresser à son propre rythme ;
- les expérimentations engagées dans le domaine de l'organisation
de l'année universitaire consacraient déjà un
découpage par trimestres mais les expériences menées
devaient être prolongées et adaptées : à cet
égard, on constatait que les universités nouvelles qui les
avaient engagées enregistraient le même taux d'échec que
les autres universités ;
- la généralisation d'un système de tutorat
apparaîtrait plus efficace et moins traumatisante pour les
étudiants en situation difficile que la mise en place d'une année
de remise à niveau préconisée par la commission
Fauroux : ce tutorat, qui serait assuré par des étudiants de
deuxième et troisième cycles, pourrait être
rémunéré et inscrit dans le cursus universitaire des
tuteurs. Il permettrait par ailleurs de développer des méthodes
pédagogiques originales ;
- ces tuteurs seraient mis à la disposition des étudiants en
difficulté, et pourraient notamment contribuer à renforcer
l'encadrement des travaux dirigés mais ils n'auraient pas vocation
à se substituer aux enseignants ;
- les PRAG ont des compétences pédagogiques dont ne disposent pas
les enseignants-chercheurs qui ont plutôt vocation à renforcer
l'encadrement des travaux de recherche ; la démocratisation de
l'université suppose une multiplication des groupes de travaux
dirigés et un recours important aux professeurs agrégés du
secondaire qui devraient avoir également la possibilité de
s'initier à la recherche universitaire ;
- la revalorisation du statut des PRAG ne devrait cependant pas dispenser d'un
recrutement massif d'enseignants-chercheurs ;
- les étudiants sont disposés à s'engager dans des
formations en apprentissage et en alternance, y compris en sortant du
système universitaire, à condition que leur faculté de
choix soit préservée, et que soit assurée une
véritable équivalence entre les acquis professionnels et
pédagogiques, permettant des " aller et retour " entre
l'entreprise et l'université ;
- les stages en entreprises ne sont ni réglementés sur le plan
national, ni rémunérés et ne bénéficient pas
d'un encadrement satisfaisant ; ils sont souvent organisés en
violation des règles posées par le code du travail et sont
fréquemment dépourvus de tout lien avec la formation suivie par
les étudiants ;
- les antennes universitaires ont été créées dans
une certaine anarchie et la poursuite d'études de leurs étudiants
suppose un développement des moyens destinés à faciliter
la mobilité de ces derniers, notamment en matière de logement et
de transport ;
- une véritable filière technologique doit avoir vocation
à se prolonger jusqu'au troisième cycle, en développant
les activités de recherche qui sont actuellement absentes dans les
IUT : sa cohérence suppose une intégration à
l'université et cette filière devrait être d'abord
destinée à accueillir les bacheliers technologiques et
professionnels ;
- la commission Fauroux ne comprend aucun représentant de la
communauté universitaire et le caractère confidentiel de ses
travaux apparaît incompatible avec sa mission de réflexion sur
l'avenir de l'université ;
- la coexistence de deux processus de réforme, l'un et l'autre
légitimés par le Gouvernement, mais donnant lieu à deux
discours opposés, notamment en matière de sélection, ne
peut que susciter des inquiétudes et appelle une clarification de la
position officielle : le ministre devrait désormais préciser
ses orientations sur l'avenir de l'université, en excluant notamment
tout statu quo ou retour en arrière, sauf à provoquer la
naissance d'un mouvement étudiant à la prochaine rentrée
universitaire ;
- la concertation engagée au titre des états
généraux de l'université révèle pour
l'instant une faible participation des étudiants, en raison notamment de
la période choisie qui est celle consacrée à la
préparation des examens ;
- si une commission constituée de non spécialistes universitaires
peut être chargée d'engager une réflexion sur l'avenir du
système éducatif, il convient de rappeler que toutes les
tentatives menées depuis vingt-cinq ans pour réformer
l'université ont été conduites sans recueillir l'avis des
étudiants et même contre eux : à cet égard, la
commission Fauroux apparaît déconnectée des
réalités de l'université française qui reste l'une
des meilleures du monde ;
- le baccalauréat actuel s'est ouvert au plus grand nombre, ce dont il
convient de se féliciter et son rôle doit être
préservé sous réserve d'une part plus grande qui serait
faite au contrôle continu des connaissances.
La mission a ensuite procédé à l'
audition
de
M. Sylvain Tranoy
, vice-président de la
Fédération des associations générales des
étudiants (FAGE)
.
Après avoir brièvement présenté la FAGE,
M. Sylvain Tranoy
a rappelé que l'orientation des
lycéens et des étudiants relevait d'un processus continu et,
s'agissant des premiers cycles, il a estimé qu'il ne convenait pas de se
lancer dans une refonte générale des DEUG, alors que leur
rénovation pédagogique engagée à partir de 1992
n'avait pas encore été complètement mise en oeuvre :
il a jugé préférable, à cet égard, de
s'inspirer des ajustements préconisés dans un rapport de
l'inspection générale de l'administration de l'éducation
nationale de juin 1995 et de mener quelques expériences audacieuses
limitées dans le temps et dans l'espace.
Il a par ailleurs estimé que le problème des premiers cycles ne
relevait pas, en raison de son caractère sensible, des sujets qui
étaient susceptibles de faire l'objet d'un référendum sur
l'éducation.
En ce qui concerne la politique d'information, et les périodes de la
formation au cours desquelles elle devrait être plus
particulièrement développée, il a indiqué que
l'information des lycéens pourrait être en partie assurée
par des étudiants motivés dont l'activité pourrait
être valorisée en s'inscrivant dans leur cursus universitaire.
Il a par ailleurs estimé que les enseignants-chercheurs devraient se
consacrer davantage à l'animation pédagogique des premiers cycles
et au suivi de l'insertion professionnelle des étudiants, alors que ces
activités sont actuellement délaissées au profit de la
recherche.
Sur une éventuelle régulation des flux d'entrée des
étudiants dans les premiers cycles, il a précisé que son
organisation était opposée à toute idée de
sélection et s'est félicité des effets de la
démocratisation de notre enseignement supérieur.
Il a cependant ajouté que cette position n'impliquait pas un libre
accès des étudiants à la filière de leur choix et
que l'article 14 de la loi de 1984 constituait un dispositif susceptible
d'être utilisé pour réguler les flux d'étudiants.
Il a enfin estimé que l'orientation ne devait pas, en règle
générale, être imposée aux bacheliers, sauf
exception pour des filières de " deuxième ou de
troisième choix ", un système de préinscription lui
apparaissant cependant trop rigide.
S'agissant de l'organisation des premiers cycles universitaires, il a
préconisé la mise en place d'un système susceptible de
concilier les attentes des différents groupes d'étudiants, en
rappelant que la rénovation pédagogique des DEUG, qui consacrait
le découpage de l'année universitaire en semestres, permettait
d'ores et déjà de mettre en place une orientation progressive des
étudiants.
Il a cependant souligné que cette " semestrialisation "
n'était pas applicable à tous les secteurs disciplinaires,
qu'elle soulevait des problèmes de calendrier et de service des
enseignants-chercheurs, et conduisait notamment à remettre en cause la
seconde session des examens de septembre à laquelle les étudiants
restaient attachés.
Il a ensuite évoqué les expériences engagées par
quelques établissements sur la base du volontariat et qui avaient permis
de créer des DEUG à " géométrie
variable " comportant notamment des éléments de remise
à niveau et de pluridisciplinarité : elles ont permis de
mettre en place une année d'orientation " à la carte ",
sans discipline dominante, et comportant une pédagogie renforcée,
un tutorat amélioré, des modules d'intégration et
d'orientation, et une validation des acquis professionnels antérieurs.
Il a préconisé une extension de ces expériences, qui
pourraient être encouragées dans les établissements par des
incitations financières adaptées.
S'agissant des réorientations " positives " des
étudiants, il a indiqué que celles-ci impliquaient le
développement de passerelles, notamment pour celles intervenant à
la suite d'un échec universitaire.
Il a ajouté que certaines orientations qui se faisaient aussi par
défaut, notamment pour les étudiants " portés "
par leur réussite scolaire mais dépourvus de tout projet
professionnel, nécessitaient également des conseils d'orientation
en fin de première année et une plus grande utilisation des
passerelles existantes.
Il a enfin proposé que les étudiants en situation d'échec
récurrent en premier cycle, et qui sortent du système
universitaire, aient la possibilité de se tourner vers des formations
technologiques courtes de type BTS obtenues en un an.
A l'issue de cet exposé, un débat s'est engagé.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a souligné
l'intérêt des propositions avancées par M. Sylvain Tranoy.
Il a ensuite évoqué les problèmes de calendrier
soulevés par l'organisation des états généraux de
l'université et s'est interrogé sur la participation de la FAGE
à cette concertation.
M. Robert Castaing
a demandé si le baccalauréat devait
conserver son caractère actuel de premier grade universitaire.
M. Jean-Claude Carle
a souligné que la sélection à
l'université était une réalité d'autant plus
incontournable qu'elle s'exerçait par l'échec, et a
insisté sur la nécessité de mettre en place des
dispositifs de réorientation.
M. Adrien Gouteyron, président,
s'est interrogé sur le
sort des expérimentations lancées en matière
d'orientation, et a évoqué la possibilité de mettre en
place des formules de consolidation des acquis au cours de la première
année de premier cycle.
Répondant à ces interventions,
M. Sylvain Tranoy
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- la période de consultation prévue dans le cadre des
états généraux de l'université n'est pas
idéale, et trop tardive pour mobiliser la masse des étudiants,
même si la plupart de leurs organisations syndicales sont favorables au
principe de cette concertation : certains préconisent une
prolongation de la procédure jusqu'à l'automne mais cette
suggestion apparaît peu réaliste dans le contexte politique du
moment ;
- les modalités de participation des étudiants diffèrent
selon les établissements et sont arrêtées par chaque
président d'université ; si la forme de la consultation peut
faire l'objet de critiques, les états généraux devraient
permettre cependant de faire remonter certaines propositions de la base au
sommet ;
- si la sélection universitaire se fait effectivement par
l'échec, la communauté universitaire n'envisage pas de remettre
en cause le principe du libre accès à l'université ni
d'ailleurs de demander la suppression de la sélection existante, et
légale, dans le secteur des grandes écoles, des instituts et des
STS ;
- une orientation satisfaisante et une régulation des flux des
étudiants seraient de nature à réduire le taux de
l'échec dans les premiers cycles ;
- les expériences d'orientation sont susceptibles de prolongement et
d'extension lorsqu'elles sont réussies ;
- le niveau très inégal des bacheliers, notamment en
matière de syntaxe et d'orthographe, appelle des actions de soutien en
première année de premier cycle, mais cette
hétérogénéité ne doit pas conduire à
remettre en cause le caractère de grade universitaire du
baccalauréat ;
- des dispositifs de consolidation en première année
universitaire doivent être développés, mais les enseignants
répugnent à confier des tâches de soutien
méthodologique aux étudiants ;
- le tutorat d'accompagnement devrait en priorité
bénéficier aux étudiants en difficulté et non
à ceux qui souhaitent seulement tester le niveau de leurs connaissances.
XI. JEUDI 2 MAI 1996
-
Présidence de M. Adrien Gouteyron,
président
. - La mission a d'abord procédé à
l'audition
de
M. Lachenaud
,
secrétaire
général du SUP Recherche FEN
(Fédération de
l'éducation nationale).
Dans une déclaration liminaire,
M. Lachenaud
a estimé
que la question des premiers cycles universitaires pouvait être
appréhendée selon plusieurs problématiques :
articulation des enseignements secondaire et supérieur, massification de
l'université, aiguillage des étudiants selon les diverses
filières supérieures, rapports entre les formations de premier et
de deuxième cycles.
Il a d'abord indiqué que son organisation était opposée
à une philosophie éducative qui consacrerait une
continuité des filières entre les enseignements secondaire et
supérieur et a estimé qu'un brassage des bacheliers à
l'université était souhaitable afin d'éviter une
" filiarisation " qui conduirait logiquement à mettre en
place
un cycle intermédiaire entre ces deux ordres d'enseignement.
M. Adrien Gouteyron, président
, a noté qu'un tel
système permettrait d'offrir une formation de base qui serait
préalable à la poursuite d'études ultérieures.
M. Lachenaud
s'est déclaré favorable à un
rattrapage pédagogique et méthodologique des jeunes
étudiants mais a repoussé l'idée d'une secondarisation des
premiers cycles universitaires qui aboutirait notamment à un abaissement
du niveau des étudiants et à une dépréciation des
formations courtes, notamment technologiques, sur le marché du travail.
Dans cette perspective, il n'est pas anormal selon lui que les bacheliers
technologiques et professionnels envisagent d'accéder à
l'enseignement supérieur, à la condition que des périodes
d'adaptation, des formules de tutorat et une nouvelle organisation de
l'année universitaire leur facilitent cet accès.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est enquis des modalités
d'encadrement de ces étudiants.
M. Lachenaud
a indiqué qu'il n'était pas hostile à
un recours important aux professeurs agrégés de l'enseignement
secondaire à la condition que cette utilisation des PRAG, voire des
certifiés, ne soit pas exclusive, que leur statut puisse évoluer
vers celui d'agrégé doctorant et que des postes soient
créés pour renouveler le corps des enseignants-chercheurs.
Rappelant son opposition à toute nomenclature des métiers et des
enseignements, il a prôné un brassage des populations
étudiantes et une certaine polyvalence des formations ; à
cet égard, l'organisation modulaire des diplômes d'études
universitaires générales (DEUG) engagée depuis 1992, en
permettant d'offrir des formations générales,
préalablement à une ouverture sur les disciplines, voire à
une préprofessionnalisation, permet déjà de réduire
les dysfonctionnements constatés dans les premiers cycles.
Il a par ailleurs rappelé que les étudiants d'origine modeste
étaient plus nombreux dans les filières sélectives courtes
que dans les filières générales et que le plan de
développement des instituts universitaires de technologie (IUT) n'avait
débouché que sur la création de départements
délocalisés et d'enseignements de proximité de premier
cycle ne permettant pas la poursuite d'études ultérieures.
Il a estimé que la réflexion menée sur le statut
économique et social des étudiants devrait aller de pair avec la
nécessité d'offrir à ces derniers la possibilité
d'effectuer de véritables études supérieures dans des
établissements pourvus d'enseignants-chercheurs et d'activités de
recherche.
M. Adrien Gouteyron
,
président
, a évoqué la
création d'une filière technologique qui a été
proposée par le ministre.
M. Lachenaud
a indiqué que son organisation était hostile
à l'idée de créer une voie technologique
dévaluée qui serait exclusivement destinée aux bacheliers
technologiques et professionnels, a insisté sur les logiques
différentes des filières technologiques et professionnelles et a
préconisé plutôt une prise en compte de l'insertion
professionnelle dans l'ensemble des formations universitaires.
M. Adrien Gouteyron, président
, a observé qu'une telle
filière technologique permettrait cependant de conduire ses
étudiants jusqu'aux diplômes les plus élevés,
notamment au doctorat.
M. Lachenaud
a remarqué que ces formations de haut niveau
restaient à inventer.
Il a ajouté que son organisation avait émis un certain nombre de
propositions dans le cadre des états généraux de
l'université mais a regretté que cette consultation n'ait pas
pris en compte la dimension duale de l'enseignement supérieur
français, c'est-à-dire l'ensemble du secteur sélectif.
Il a indiqué par ailleurs que les bacheliers technologiques ou
professionnels engagés dans une filière technologique de premier
cycle n'auraient que très peu de chance d'accéder à des
formations technologiques de deuxième, voire de troisième cycles,
qui restent rares et très sélectives pour ces bacheliers.
Il a cependant souhaité que les voies de la formation continue soient
largement développées, notamment pour permettre l'accès au
titre d'ingénieur et qu'une réflexion soit engagée sur la
poursuite d'étude des titulaires de diplômes universitaires
technologiques (DUT).
A cet égard, il a noté que les diplômés d'IUT
n'étaient pas épargnés par le chômage et qu'il
convenait de s'interroger également sur l'inadaptation de certaines
formations technologiques à l'évolution du marché de
l'emploi.
Partageant ce souci,
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est
ensuite enquis de la participation du Sup Recherche FEN à la
procédure des états généraux de l'université.
M. Lachenaud
a indiqué que son organisation y avait
déjà participé activement sans demander à en
repousser le terme, à la différence d'autres organisations
syndicales.
Il a indiqué qu'il redoutait une nouvelle explosion universitaire si des
mesures concrètes n'étaient pas prises rapidement, notamment pour
définir un statut économique et social de l'étudiant qui a
été annoncé lors de la campagne des dernières
élections présidentielles et qui ne devrait pas se réduire
à quelques avancées en matière de participation des
étudiants.
Il a en revanche estimé que l'aménagement des institutions
universitaires pouvait être différé et qu'il convenait
d'abord d'appliquer la législation existante dans toutes ses dimensions.
Il a ajouté que le renouvellement du corps des enseignants-chercheurs et
l'insertion professionnelle des étudiants des filières
scientifiques constituaient des priorités.
Il s'est également inquiété des orientations, selon lui
contestables, de la conférence des présidents d'université
qui souhaite jouer un rôle de pilotage national de la recherche
universitaire et des perspectives tendant à conférer aux
présidents des établissements une compétence en
matière de recrutement et de gestion de la carrière des
enseignants.
Il a par ailleurs souligné le caractère parfois contradictoire
des questions posées par le ministre dans le cadre des états
généraux, et s'est félicité de sa position prise
contre la sélection à l'entrée à
l'université.
Il a enfin souhaité que les causes de l'échec universitaire
fassent l'objet d'une véritable analyse, notamment dans des
filières comme le droit et les langues étrangères
appliquées, où cet échec peut résulter d'une
organisation pédagogique désuète ou des choix d'attente
effectués par les familles.
La mission a ensuite procédé à
l'audition de
Mme Joëlle Guignard et de M. Vincent Guillon du syndicat
général de l'éducation nationale (SGEN) Sup CFDT
.
Abordant le problème de l'information et de l'orientation dans
l'enseignement secondaire,
M. Vincent Guillon
a estimé que
l'information des élèves et des étudiants supposait un
message clair des conseillers afin d'aider les bénéficiaires
à élaborer des projets d'études et a noté que les
crédits de l'office national d'information sur les enseignements et les
professions (ONISEP) étaient trop limités.
Il a ensuite souligné que si cette information existait (distribution de
brochures, journées portes ouvertes ...) celle-ci n'était pas
convenablement utilisée par les élèves du fait notamment
de l'insuffisance des moyens accordés aux conseillers d'orientation.
Il a ainsi préconisé la création d'un grand service public
d'information et d'orientation disposant de moyens adaptés et permettant
de dynamiser l'action des établissements scolaires par le biais
notamment des centres d'information et d'orientation (CIO).
A cet égard il a regretté que l'information et l'orientation ne
relèvent que d'un simple bureau dans l'organigramme du ministère
alors que ces tâches devraient être confiées à une
sous-direction transversale couvrant les enseignements secondaire et
supérieur.
Rappelant que certaines expériences intéressantes avaient
été engagées par les établissements en
matière d'orientation, il a regretté cependant que les
universitaires ignorent trop souvent le contenu des programmes des
lycées.
Mme Joëlle Guignard
a également indiqué que des
actions de sensibilisation animées par des enseignants de
l'université avaient été engagées dans les
lycées en classes de première et de terminale, mais que ces
expériences étaient restées limitées puisqu'elles
s'imputent sur le temps scolaire et dépendent de la bonne volonté
des équipes enseignantes.
Il conviendrait, selon elle, de faciliter l'accès à l'information
des élèves au lycée et d'aider les étudiants en
difficulté à évoluer dans le dédale des services
d'information universitaire.
M. Adrien Gouteyron, président
, a évoqué le
problème du rôle respectif des enseignants et des personnels
spécialisés affectés à cette mission d'information
et d'orientation, a demandé si les professeurs principaux
n'étaient pas les mieux placés pour aider les
élèves à construire un projet d'études et
professionnel et comment les universitaires pourraient avoir une meilleure
connaissance des programmes du lycée.
Il s'est également enquis des possibilités de mettre en place des
modules d'adaptation et de mise à niveau en première année
de DEUG, a souhaité disposer des propositions du SGEN-SUP-CFDT en ce
domaine et a suggéré que la mission se déplace sur le
terrain pour étudier les expériences engagées par
certaines universités.
S'interrogeant sur la vocation et la préparation des
élèves à devenir étudiants,
M. Ivan
Renar
a souligné que l'indécision des lycéens en
matière d'orientation résultait du fait que l'université
constituait pour nombre d'entre eux un monde inconnu et que l'ouverture de
l'enseignement supérieur sur le monde économique était
aujourd'hui hypothéquée par la dégradation de la situation
de l'emploi.
M. Franck Sérusclat
a préconisé une autre approche
de l'organisation du système éducatif, de l'enseignement
préélémentaire jusqu'à la sortie de l'enseignement
supérieur, et a indiqué que les auditions menées par la
mission avaient permis de constater qu'il était illusoire de rechercher
des solutions pour remédier aux dysfonctionnements d'un système
qui n'est plus adapté.
Il a rappelé que la plupart des universitaires entendus avaient
dénoncé l'incapacité d'un grand nombre d'étudiants
à maîtriser les acquis nécessaires à la poursuite
d'études supérieures, ce phénomène étant
général puisque les grandes écoles et l'université
enregistraient des taux d'échec similaires.
Répondant à ces interventions,
Mme Joëlle Guignard
et
M. Vincent Guillon
ont notamment apporté les précisions
suivantes :
- les professeurs principaux représentent environ les deux tiers des
enseignants au collège et au lycée et il serait souhaitable de
constituer des équipes restreintes de professeurs, assistées d'un
conseiller d'orientation, pour assurer l'information des
élèves ;
- dans un monde changeant, complexe et incertain, il importe que les divers
conseillers puissent dispenser une information objective et complète en
vue de l'orientation des élèves, qui ne sauraient pas ailleurs
rester passifs ;
- les professeurs principaux jouent un rôle capital en matière
d'orientation mais doivent être assistés, à
côté des parents, de médiateurs, puisqu'ils sont à
la fois juges et parties pour les élèves ;
- l'incertitude des lycéens quant à leur orientation
résulte notamment du fait que les disciplines enseignées à
l'université n'ont pas été abordées au
lycée ;
- une meilleure connaissance des programmes du lycée suppose un effort
des universitaires pour en suivre l'évolution dans leur discipline
respective ;
- l'amélioration du système d'information et d'orientation des
élèves doit s'appuyer sur les structures existantes, en engageant
des actions précoces, même avant le collège, afin de
réduire la rupture constatée entre le lycée et
l'université, qui désavantage notamment les élèves
défavorisés ;
- les élèves apparaissent sensibilisés aux
problèmes de l'orientation à partir de la classe de
troisième et certains lycéens, dès la classe de
première, élaborent un projet d'études et professionnel,
notamment en fonction des stages qu'ils ont effectués en
entreprise ;
- l'enseignement des disciplines doit aller de pair avec un
développement de l'ouverture d'esprit des élèves et
l'acquisition de pratiques sociales (participation à un entretien,
confection d'un curriculum vitae ...) ;
- les nouveaux étudiants qui se révèlent incapables de
maîtriser les apprentissages fondamentaux nécessaires à la
poursuite d'études supérieures sont peu nombreux, mais certains
sont très motivés pour s'engager dans un cursus
universitaire ;
- certaines expériences de remise à niveau en DEUG, qui
conduisent parfois à des réorientations au bout de deux ou trois
mois, ont permis de réduire sensiblement le taux de l'échec
universitaire, mais elles ne peuvent être efficaces que dans des
universités convenablement dotées, notamment en
enseignants-chercheurs, permettant d'assurer un encadrement satisfaisant des
étudiants ;
- la majorité des étudiants actuels ne possèdent plus la
culture générale " élitiste " de leurs
aînés et doivent bénéficier d'un encadrement
renforcé et d'une ouverture sur le monde professionnel ;
- si l'université peut proposer des formations professionnalisantes
à ses étudiants, celles-ci ne seront efficaces que si elles
débouchent sur des emplois existants ;
- les services d'information et d'orientation universitaires sont
sous-dotés, sont dépourvus de documentalistes et doivent recourir
à la bonne volonté des enseignants ;
- les DEUG devraient comporter une part de module consacrée à
l'information et à l'orientation des étudiants ;
- le nouveau contrat pour l'école prévoyait dans sa version
initiale deux séquences mensuelles d'information des
élèves sur les métiers mais cette référence
a disparu du texte définitif.
La mission a ensuite procédé à
l'audition
de
MM.
Daniel Monteux
et
Jean-Claude Garric, secrétaires nationaux du
Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESUP).
Après avoir fourni quelques indications sur la
représentativité de son organisation,
M. Daniel Monteux
a
indiqué dans une déclaration liminaire que la massification de
l'enseignement supérieur constituait une chance pour l'avenir de notre
pays mais a estimé que l'aspiration des jeunes à entrer à
l'université pour y acquérir un vrai diplôme, dans un monde
dominé par l'irruption des technologies, supposait plusieurs exigences.
Il a d'abord rappelé que la démocratisation de l'enseignement
supérieur s'était aussi accompagné d'une diversification
des étudiants en ce qui concernait leur parcours scolaire, leur origine
sociale, leurs références culturelles et leurs projets
professionnels.
Il convient selon lui de tenir compte de cette diversité,
d'évaluer et de valoriser les acquis de ces étudiants, sauf
à alimenter un échec universitaire déjà trop
important. Il a ensuite souligné que toute formation supérieure
devait être organisée par étapes, notamment pour les
étudiants les plus modestes et comporter une double finalité,
à la fois qualifiante et permettant la poursuite d'études
ultérieures, en offrant des parcours diversifiés.
Il a ajouté que la diversité actuelle de notre système
universitaire était trop ignorée et que le bilan de la
réforme des diplômes d'études universitaires
générales (DEUG) pouvait apparaître contrasté,
notamment concernant la mise en place des modules.
Il a par ailleurs souhaité que les arrêtés pris en 1994
pour vider cette réforme d'une part de son contenu soient abrogés
et que les DEUG de technologie soient développés.
Il s'est également déclaré favorable à la
constitution d'une grande voie technologique de bac - 2 jusqu'aux
diplômes d'ingénieur, les formations intermédiaires de type
institut universitaire de technologie (IUT) et section de technicien
supérieur (STS) constituant le pivot du futur dispositif et devant
être articulées de manière claire avec les IUP.
A cet égard, il a considéré que la filière
technologique devrait consacrer un droit à la poursuite d'études
ultérieures, sauf à considérer ces cursus courts comme une
voie de relégation. Il a ajouté, dans le droit fil des
conclusions du rapport Lavroff, qu'il était nécessaire de
créer une voie de réussite pour les bacheliers professionnels,
d'engager une réflexion sur la multiplication des passerelles et la mise
en place d'équivalences permettant une réorientation des
étudiants, et d'irriguer par la recherche l'ensemble des filières
de formation.
S'agissant de l'information sur l'orientation, il a estimé que le
dispositif futur devait se garder de tout autoritarisme et permettre de
dispenser aux lycéens et aux étudiants des données
objectives et complètes, les lycées et les universités
étant susceptibles en ce domaine d'être organisés en
réseaux.
Ceci suppose une présentation claire des cursus universitaires, une
reconnaissance des acquis professionnels et un développement des moyens
accordés aux universités. Il a par ailleurs évoqué
les expériences engagées pour mieux accueillir les nouveaux
étudiants, les formules de " rattrapage " des bacheliers, la
nécessité d'encadrer de manière plus satisfaisante les
étudiants de premier cycle en rappelant que le taux de réussite
était de 68 % en sciences contre 50 % en droit et en sciences
économiques et dépendait aussi du comportement des enseignants.
Il a observé que la réduction des effectifs dans les travaux
pratiques, les travaux dirigés, et aussi dans les cours magistraux,
permettait de réduire de manière sensible l'échec
universitaire : ceci suppose la création de postes d'enseignants et
de personnels ingénieurs, administratif, techniciens, ouvriers et de
service (IATOS), de bibliothèques et de laboratoires de langues.
Il a ainsi préconisé la création de 5000 postes
d'enseignants-chercheurs et de 5000 postes de personnels IATOS par an,
étant rappelé que 10.000 thèses sont
présentées chaque année et que 180 candidats se
présentent pour un poste d'enseignant-chercheur.
S'agissant du recours aux professeurs agrégés et certifiés
de l'enseignement secondaire, il a estimé que cette formule ne
constituait pas la panacée mais que ces enseignants avaient une place
dans l'enseignement supérieur, même s'il convenait de veiller
à ne pas vider le secondaire de ses " forces vives " et de
maintenir une présence majoritaire des enseignants-chercheurs dans le
supérieur.
En conclusion, il a préconisé une augmentation des crédits
alloués à l'enseignement supérieur, qui devraient, selon
lui, passer de 0,44 % à 1 % du produit intérieur brut,
toute démarche à moyens constants étant vouée
à aggraver la ségrégation entre étudiants et
à hypothéquer les potentialités de la
démocratisation de l'université pour notre pays.
A l'issue de cet exposé, un large débat s'est engagé.
Evoquant le problème de la transmission des savoirs,
M. Ivan
Renar
a observé que les retards accumulés par les
étudiants remontaient souvent au collège et résultaient
fréquemment des conditions d'études des élèves, et
a estimé qu'il convenait de tenir compte de ces facteurs dans toute
politique d'orientation.
Il s'est également enquis des modalités du futur statut de
l'étudiant.
M. Frank Sérusclat
a déclaré partager le souci de
prendre en compte la citoyenneté des étudiants et s'est
étonné que les nouvelles techniques de l'information et de la
communication n'aient pas été évoquées par
l'orateur, notamment concernant l'enseignement à distance qui fait
l'objet de développements très importants, notamment aux
Etats-Unis et en Australie. Il a également convenu que le
problème de l'acquisition des connaissances des étudiants devait
être appréhendé très en amont de
l'université, c'est-à-dire depuis l'enseignement
préélémentaire.
M. Adrien Gouteyron, président,
s'est interrogé sur les
modalités du processus volontaire d'orientation évoqué,
sur les personnels susceptibles de mettre en oeuvre cette réforme, ainsi
que sur les perspectives de mise en place dans les DEUG de modules
d'information et d'orientation.
Répondant à ces interventions,
MM. Daniel Monteux
et
Jean-Claude Garric
ont notamment apporté les précisions
suivantes :
- si certaines erreurs d'orientation sont à l'origine de l'échec
universitaire dans l'ensemble des formations supérieures, celui-ci
résulte aussi des retards accumulés au cours de la
scolarité, de difficultés pédagogiques et d'un mauvais
encadrement des étudiants : la réduction de l'échec
universitaire constaté à partir de 1984-1985 a
résulté d'un renforcement de cet encadrement obtenu cependant au
détriment du travail de recherche des enseignants ;
- les conditions de la vie étudiante en matière de logement et de
transports, l'insuffisance du montant et du nombre des bourses,
l'inactivité des parents ou leurs faibles revenus constituent, comme l'a
montré le dernier rapport du comité national d'évaluation,
autant de facteurs négatifs qui pèsent sur l'avenir des
étudiants ;
- la présence des enseignants-chercheurs est indispensable pour apporter
un regard critique sur l'évolution des connaissances : à cet
égard, les grandes écoles ont longtemps été en
retard en matière de recherche et les cadres formés par leurs
soins ont souffert d'un manque de capacité d'adaptation dans leur
emploi ;
- le développement des stages en entreprise et dans les administrations
d'Etat devrait permettre de concilier les impératifs de la formation
générale et d'une formation plus qualifiante ;
- le statut de l'étudiant devrait reconnaître un droit aux
études à temps plein mais aussi se garder de traiter les
étudiants en mineurs assistés alors que ceux-ci accèdent
à la citoyenneté à l'université ;
- les oeuvres universitaires et les services d'accompagnement des
étudiants doivent être développés, notamment en
matière de santé, et pour faciliter l'élaboration d'un
parcours pédagogique et l'individualisation des projets ;
- certains IUT ont développé de nouvelles technologies de
l'information et de la communication mais aller plus loin en ce domaine
soulèverait des problèmes de nature pédagogique et
scientifique, l'enseignement à distance nécessitant par ailleurs
des investissements considérables et une forte motivation des
enseignants ;
- alors que le Gouvernement a annoncé la création d'une grande
filière technologique, les IUT sont confrontés à des
difficultés de fonctionnement liées à une insuffisance de
leurs moyens ;
- une expérience d'enseignement à distance a été
engagée entre les universités de Reims et de
Marne-la-Vallée mais celle-ci ne saurait remplacer une
interactivité personnelle entre enseignants et étudiants et son
bilan apparaît prématuré, cette formule soulevant par
ailleurs le problème de la formation des professeurs ;
- la rupture entre les enseignements secondaire et supérieur
apparaît inévitable mais il conviendrait de mieux articuler leurs
contenus, de renforcer et d'harmoniser les outils d'information au lycée
et à l'université ;
- l'information des lycéens devrait porter, d'abord sur la
réalité des parcours universitaires et sur les
" règles du jeu " des différents cursus ;
- il serait présomptueux de demander à l'université de
remédier aux insuffisances de certains étudiants, notamment au
niveau de l'expression écrite et orale, mais un meilleur encadrement et
un soutien des étudiants leur permettrait d'acquérir certaines
pratiques indispensables à la poursuite d'études
supérieures ;
- un processus d'information et d'orientation doit être continu et
s'engager très en amont de la scolarité pour faciliter les choix
des bacheliers : les brochures d'information doivent décrire
objectivement les diverses filières supérieures sans mettre
l'accent sur leurs aspects dissuasifs ou négatifs.
La mission a ensuite procédé à
l'audition
de
Mme Frédérique Piel, secrétaire nationale,
de
Mme Catherine Remermier
et de
M. Jean-Luc Brun
du
Syndicat national des enseignements du second degré
(FNES).
Dans une déclaration liminaire,
Mme Frédérique Piel
a souligné que son organisation était tout
particulièrement concernée par l'objet de la mission puisque
80 % des lycéens accédaient aujourd'hui à
l'enseignement supérieur, que deux bacheliers sur cinq poursuivaient des
études supérieures à l'intérieur des lycées,
que les conseillers d'orientation exerçaient leur mission aussi bien
dans les collèges, les lycées qu'à l'université et
que les premiers cycles universitaires recouraient de plus en plus aux
professeurs agrégés du secondaire.
Elle a ensuite souhaité obtenir des précisions sur le statut de
la mission d'information du Sénat, sur son rôle et sur la
portée de ses conclusions futures notamment par rapport aux
réflexions engagées dans le cadre des états
généraux de l'université et par la commission Fauroux.
M. Adrien Gouteyron, président
, a souligné la
spécificité de chacune de ces démarches et a
indiqué que l'objet de la mission était destinée à
éclairer le Sénat sur les problèmes de l'information et de
l'orientation des étudiants dans les premiers cycles et que celle-ci
avait vocation à formuler des propositions selon un calendrier pouvant
éventuellement s'articuler avec les autres réformes
préconisées.
Il a également souligné que la réflexion engagée
par les élus de la nation se situait nécessairement à un
autre plan que celle menée par les acteurs du monde universitaire.
Mme Frédérique Piel
a ensuite observé que le
problème de l'information et de l'orientation des étudiants
était lié à la notion d'échec universitaire mais
qu'il convenait de relativiser l'importance de ce dernier et de répondre
à un dénigrement systématique qui met en cause
l'efficacité de notre service public d'éducation, puisque
66 % des étudiants obtiennent leur DEUG en trois ans.
Elle a ensuite regretté qu'aucun bilan n'ait été
établi de la réforme des DEUG engagée en 1992, dont les
grandes lignes ont été approuvées par son organisation, et
qui permettait notamment d'élargir le champ disciplinaire des
formations, d'organiser l'année universitaire en semestres et de
remédier aux carences de la formation générale des
étudiants ; son application n'a pu cependant être
menée à son terme faute de moyens et aussi parce que des
arrêtés pris en 1994 ont vidé en partie cette
réforme de sa portée.
Elle a enfin observé que le système universitaire n'accueillait
pas trop d'étudiants, compte tenu des besoins économiques et
sociaux de notre pays et a estimé que l'élévation du
niveau d'éducation des jeunes était souhaitable.
En conclusion, elle a indiqué que l'actuel système d'information
et d'orientation des étudiants ne pourrait être
amélioré qu'en aménageant les structures existantes.
Se fondant sur son expérience professionnelle,
Mme Catherine
Remermier
a estimé que les conseillers d'orientation-psychologues
(COP) qui se partagent entre le collège, le lycée et
l'université avaient une bonne connaissance des problèmes des
élèves et des étudiants, et étaient en mesure de
les informer utilement sur leurs choix d'orientation. Elle a cependant
relevé l'insuffisance des moyens qui leur sont affectés puisqu'un
conseiller a compétence sur 1.400 élèves du secondaire et
18.000 étudiants. Une multiplication du nombre des COP apparaît
à cet égard indispensable pour donner à ce système
toute son efficacité.
Rappelant que la réforme des DEUG permettait déjà aux
étudiants de se réorienter au cours du premier semestre suivant
leur entrée à l'université, elle a souligné que cet
objectif supposait que soient mises en place des structures adaptées,
des passerelles et des formations professionnelles supérieures
valorisantes pour les étudiants en difficulté.
M. Jean-Luc Brun
a également souligné
l'intérêt de développer les relations et l'information
réciproque entre le lycée et l'université.
Il a par ailleurs reconnu que l'information des lycéens et des
étudiants était devenue un marché livré à
des organismes privés et à des groupes de presse ; à
cet égard le service public a un rôle primordial à jouer
pour dispenser une information objective et pluraliste, notamment par le biais
de l'office national d'information sur les enseignements et les professions
(ONISEP). Il a ensuite estimé que l'information devait en outre
être relayée par des conseillers d'orientation formés
à la psychologie afin d'aider les élèves et les
étudiants à définir un véritable projet.
Mme Catherine Remermier
a ajouté que les opérations
" portes ouvertes " engagées dans le domaine de
l'orientation
dans toutes les universités de la région parisienne
étaient trop limitées dans le temps pour être efficaces.
M. Jean-Luc Brun
a enfin indiqué que la synthèse des
messages adressés à la mission du Sénat, via le
réseau Internet, reprenait l'essentiel des critiques formulées
à l'encontre des conseillers d'orientation qui ne sont pas en mesure de
répondre à des demandes de renseignements très
précises portant par exemple sur les débouchés à
moyen terme de telle ou telle formation.
M. Adrien Gouteyron, président
en est convenu et a
souhaité obtenir des précisions sur la notion de projet
élaboré par les étudiants, sur les rôles respectifs
que les enseignants et les conseillers pourraient être appelés
à jouer dans l'information et l'orientation des jeunes et sur la
complémentarité qui pourrait s'établir en ce domaine entre
les lycées et les universités.
Il s'est ensuite interrogé sur les possibilités de proposer aux
nouveaux étudiants un éventail de formations suffisamment ouvert
pour choisir leur filière.
Il a enfin rappelé le reproche fait aux conseillers de mettre davantage
l'accent sur la dimension psychologique de leur fonction que sur l'information
des élèves.
Répondant à cette intervention,
Mme Catherine Remermier
et
M. Jean-Luc Brun
ont précisé que chaque projet
d'orientation était appelé à être actualisé
et que les conseillers étaient chargés d'aider les lycéens
à le formuler en évitant les choix trop fermés.
Ils ont ajouté que le projet d'orientation ne devrait pas être
limité à son objet professionnel et pourrait être
envisagé dès le collège pour déboucher sur une
spécialisation progressive suivi d'un bilan et d'une
réorientation éventuelle qui prendrait en compte les
éléments de réussite des élèves ou des
étudiants ainsi que leur évolution psychologique. Les parcours
universitaires doivent être selon eux affichés en termes de
chances d'insertion professionnelle et non comme un moyen d'échapper au
chômage. Ils ont par ailleurs souligné le rôle
complémentaire des enseignants, des conseillers principaux
d'éducation, et des conseillers d'orientation en matière
d'information, et ont rappelé que le législateur avait
lui-même décidé en 1985 de transformer les conseillers
d'orientation en " conseillers d'orientation-psychologues ".
Mme Frédérique Piel
a ensuite insisté sur la
nécessité de renforcer l'articulation des formations entre les
enseignements pré et post-bac et a ajouté que la
rénovation du baccalauréat permettait des débouchés
privilégiés mais non exclusifs dans l'enseignement
supérieur, un premier semestre d'information et d'évaluation des
nouveaux étudiants se révélant nécessaire pour
tester les capacités de ces derniers et les faire éventuellement
bénéficier d'un rattrapage ou d'une réorientation.
Répondant à une demande de précision de M. Adrien
Gouteyron, président, elle a indiqué que la formule de
" l'année zéro " permettait à l'étudiant
de redoubler en première année après une remise à
niveau. Elle a ajouté que les perspectives de réorientation
impliquaient un développement des passerelles, notamment entre les DEUG
et les BTS et une mise en place éventuelle de périodes
d'observation pour les étudiants.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur les
effets plus ou moins directifs de l'évaluation au regard de
l'orientation des étudiants.
Mme Frédérique Piel
a répondu que ces derniers
conservaient une totale liberté de choix.
Elle a ensuite abordé la question de l'accueil des bacheliers
professionnels à l'université en rappelant que ceux-ci
représentaient désormais le tiers de l'ensemble des bacheliers et
que ce diplôme avait à la fois une finalité professionnelle
et permettait la poursuite d'études supérieures qui répond
par ailleurs à une demande sociale.
Elle a indiqué que l'université n'était pas adaptée
aux bacheliers professionnels et qu'il conviendrait de réfléchir
à une adaptation des BTS pour les accueillir.
Elle a ajouté qu'une filière technologique devrait être
attractive et ouverte permettant notamment des réorientations vers les
filières générales tandis que les BTS et les DUT devraient
également être revalorisés et articulés avec les
IUP, et autoriser la poursuite d'études ultérieures, y compris
jusqu'aux doctorats.
Elle a également préconisé la mise en place d'une grille
nationale de références pour valider les formations à bac
+ 2.
M. Adrien Gouteyron, président
a souligné le
caractère séduisant de ces propositions mais s'est
interrogé sur le réalisme de certaines, consistant notamment
à permettre aux bacheliers professionnels d'accéder aux BTS.
Mme Frédérique Piel
a rappelé à cet
égard le précédent des premières d'adaptation et a
préconisé le développement de formules d'orientation
progressives et de retour en formation après une période en
entreprise.
Elle a cité sur ce point les expériences engagées dans
l'académie de Créteil, notamment à l'université
Paris XII, qui permettent d'accueillir et de réorienter les divers types
de bacheliers.
M. Adrien Gouteyron, président
a remarqué que les
" premières d'adaptation " avaient connu un
développement limité et a demandé si la grille nationale
de références évoquée serait établie pour
l'ensemble des disciplines.
Mme Frédérique Piel
a précisé que cette
grille ne viserait que les types de formation après négociation,
entre établissements, et que celle-ci devrait permettre de mettre en
place de nouvelles licences à partir des formations à bac
+ 2 en validant les acquis obtenus.