4. Une orientation massive par défaut dans les filières générales
La réforme Fouchet de 1966 concevait le DEUG comme un enseignement préparatoire au deuxième cycle. Son organisation apparaît aujourd'hui inadaptée pour accueillir des populations étudiantes dont l'hétérogénéité résulte de la diversification des baccalauréats et qui n'ont pas nécessairement l'intention de poursuivre des études longues, ni les compétences requises pour le faire.
a) Les tentatives d'adaptation des DEUG à une population diversifiée
Afin de remédier à cette inadaptation et au taux
d'échec en premier cycle qui en résultaient, plusieurs
réformes ont été engagées pour rénover les
DEUG.
-
la rénovation Savary
Une première réforme issue de la loi de 1984 a permis d'augmenter
sensiblement le taux d'accès des nouveaux étudiants en
deuxième cycle.
Cette rénovation introduisait plusieurs mesures nouvelles qui seront
reprises, comme il sera vu plus loin, dans les réformes
ultérieures : mise en place d'une période d'information et
d'orientation en première année d'une durée maximum d'un
semestre, division du DEUG en deux composantes, l'une principale, l'autre
optionnelle entre lesquelles l'étudiant pourra choisir afin
d'éviter une spécialisation trop précoce,
amélioration de l'accueil et de l'information des étudiants lors
de leur entrée à l'université.
La réforme Savary prévoyait également l'extension de
l'enseignement en petits groupes, par opposition aux cours magistraux et un
suivi individualisé des étudiants par les enseignants.
Si les premiers résultats enregistrés par les
établissements qui ont mis en oeuvre cette réforme ont
été encourageants, le taux de réussite au DEUG
étant passé de 49 % pour les étudiants entrés
à l'université en 1983 à 61 % pour ceux entrés
en 1988, de 28 % à 40 % pour le DEUG scientifique en deux ans
à Paris-XI Orsay, de 30 % à 50 % pour le DEUG
maths-physique et de 35 % à 60 % pour le DEUG sciences de la
vie à Grenoble I, la montée des effectifs,
l'hétérogénéité des nouvelles populations
étudiantes, les difficultés d'organisation d'un enseignement
optionnel pour chaque DEUG et une certaine démobilisation des
enseignants se sont conjuguées pour faire remonter les taux
d'échec.
Enfin, il convient de rappeler que seulement deux tiers des universités
ont mis en place cette réforme, la plupart des professeurs en droit et
en sciences économiques notamment la jugeant inapplicable, et que les
DEUG pluridisciplinaires prévus dans le projet de loi initial ont
été réduits à deux disciplines du fait de
l'opposition des enseignants.
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la réforme Jospin-Lang
La rénovation pédagogique introduite par l'arrêté du
26 mai 1992 et modifiée par celui du 12 avril 1994 avait pour ambition
d'élargir la finalité initiale du DEUG en lui assignant
également un objectif d'insertion professionnelle.
Cette seconde réforme a été mise en oeuvre dès la
rentrée 1993 pour les universités volontaires, tandis que
d'autres dispositions ont complété le dispositif initial au
rythme des contrats passés par les établissements avec l'Etat.
Cette réforme reprend les principes de la rénovation de 1984 :
semestre d'orientation, pluridisciplinarité des cursus par
l'introduction d'une majeure, d'une mineure et d'options.
Elle prévoit en outre que les programmes seront divisés en
modules capitalisables, compensables et transférables, sans notes
éliminatoires, afin de permettre aux étudiants d'obtenir leur
diplôme en plusieurs années, de se réorienter ou de
reprendre leurs études sans recommencer la totalité du cursus.
Elle met également en place un tutorat assuré par des
étudiants de troisième cycle et introduit une formation
d'informatique et de langues étrangères dans l'ensemble des
filières, qui est d'ailleurs restée lettre-morte, ainsi qu'une
semaine d'accueil et d'information pour les nouveaux étudiants.
Ces innovations devaient permettre de diversifier les DEUG en mettant notamment
en place des options spécifiques pour les bacheliers technologiques, en
renforçant les soutiens aux étudiants en difficultés, en
favorisant la capitalisation des acquis et en autorisant les DEUG en trois ans
ainsi que les dérogations pour redoublements.
Si la rénovation des DEUG engagée en 1992 s'est traduite dans les
faits par de nombreuses habilitations nouvelles et par quelques
expériences intéressantes, elle n'a pu être menée
à son terme et produire tous ses effets du fait de la complexité
de son organisation, de son caractère quelque peu technocratique, de son
application progressive, d'une hétérogénéité
croissante des effectifs étudiants, des réticences
ministérielles et des résistances de certains enseignants
attachés à la défense et à la primauté de
leur discipline.
Dans la pratique, cinq universités seulement en 1993 ont appliqué
la totalité de la réforme et une soixantaine ne l'ont mis en
oeuvre que pour quelques filières tandis qu'une quinzaine l'ont
complètement ignorée. Par ailleurs, alors que le tutorat et
l'organisation en modules nécessitaient des moyens
supplémentaires, ceux-ci n'ont été accordés que
parcimonieusement après 1993, même si le ministre de
l'époque avait fixé à la rentrée 1996 le terme de
l'application intégrale de la réforme, en écartant
toutefois de celle-ci les filières juridiques et économiques.
Cette réforme a cependant rempli une partie de ses objectifs, puisque la
DEP a constaté que le taux d'accès au second cycle était
passé de 56 % en 1992 à 59 % en 1995.