2. Le détournement des filières sélectives courtes de leur finalité initiale
Dans la réalité les filières
sélectives courtes à finalité d'insertion professionnelle
comme les IUT et les STS sont investies par les meilleurs bacheliers
généraux alors que les bacheliers technologiques, auxquels ces
filières étaient primitivement destinées, se trouvent
massivement dans l'obligation de se tourner vers les filières
générales universitaires et de s'inscrire en DEUG.
Ce détournement se constate tout particulièrement dans les IUT
puisque 70 % de leurs étudiants sont titulaires du
baccalauréat général et que plus de la moitié de
leurs effectifs sont des bacheliers scientifiques.
Les bacheliers technologiques ne représentent donc que 30 % des
étudiants des IUT alors qu'ils y réussissent de manière
plutôt satisfaisante puisque 74 % d'entre eux obtiennent le DUT en
deux ou trois ans. En outre, en dépit d'une augmentation importante des
places offertes, la proportion des bacheliers technologiques du secteur
industriel qui était de 38 % en IUT il y a une quinzaine
d'années tend à se réduire et ne représente plus
aujourd'hui que 25 % des étudiants des spécialités
industrielles, alors que la proportion des bacheliers du secteur tertiaire
reste stable.
Enfin, les bacheliers technologiques accèdent plus largement aux STS
où ils représentent 47 % des inscrits.
3. La transformation de fait des filières courtes en premiers cycles
Les filières courtes étant
détournées de leur vocation initiale deviennent pour un nombre de
plus en plus grand d'étudiants, notamment pour les bacheliers
généraux, des premiers cycles mieux équipés et
mieux encadrés : le taux de poursuite d'études après
un BTS ou un DUT a ainsi doublé de 1980 à 1988 et atteignait
à cette dernière date 30 % en BTS et plus de 50 % en
IUT.
Cette attirance pour les filières courtes, et le détournement de
ces dernières, qui deviennent dans la pratique des premiers cycles,
s'expliquent par les difficultés rencontrées actuellement par les
diplômés sur le marché du travail et par le souci des
bacheliers de bon niveau, d'origine modeste, de bénéficier d'un
encadrement satisfaisant et d'acquérir en deux ans un diplôme
apprécié par les entreprises.
Il convient cependant de remarquer que le caractère appliqué et
concret de l'enseignement dispensé dans les IUT ne garantit pas aux
titulaires de DUT une poursuite aisée d'études en deuxième
cycle, qui sont à la fois plus générales et plus
théoriques notamment dans des disciplines fondamentales comme la
physique ou les mathématiques.