B. LES DÉRIVES OBSERVÉES DANS L'ORIENTATION DES BACHELIERS
Confronté à une massification de
caractère " tellurique ", notre système universitaire
qui, en dépit des évolutions intervenues depuis près de
trente ans, reste organisé pour recevoir l'élite scolaire du
pays, n'est plus en mesure d'accueillir de manière satisfaisante une
population étudiante désormais profondément
diversifiée.
L'évolution récente se traduit notamment par un
détournement des filières sélectives courtes à
finalité professionnelle et par un afflux d'étudiants mal
préparés dans les filières d'enseignement
général pour suivre avec succès des études
supérieures de caractère abstrait.
1. L'importance du secteur sélectif
Alors que l'absence de sélection est
présentée comme la caractéristique principale de notre
enseignement supérieur, ce système est en réalité
à la fois le plus ouvert pour l'entrée à
l'université et parmi le plus sélectif du monde, à
l'exception peut-être du Japon, pour l'accès à certaines
filières, telles les grandes écoles qui fournissent l'essentiel
des quelques 30 ou 40.000 cadres ou dirigeants nécessaires au
fonctionnement de la société française.
Il convient d'ailleurs de remarquer que, dans une perspective d'ascension
sociale, les classes préparatoires et les grandes écoles
paraissent en fait plus égalitaires et plus favorables aux
élèves doués d'origine modeste que les filières
générales non sélectives, y compris dans les
troisièmes cycles.
Ce système est cependant coûteux puisque le " prix de
revient " d'un étudiant en classe préparatoire est de
70.000 F contre 32.000 F en DEUG.
Dans ce système dual, les classes préparatoires aux grandes
écoles, les instituts d'études politiques, les
établissements privés, les formations sociales et
médicales, les IUFM, les filières médicales en fin de
première année et enfin les IUT et les STS, qui ne disposent que
de capacités d'accueil limitées, n'acceptent les bacheliers
qu'après une sélection plus ou moins rigoureuse. Au total, les
filières sélectives accueillent environ 40 % des
étudiants des deux premières années
post-baccalauréat.