ANNEXES
I - Compte rendu des auditions de la mission d'information.
II - Synthèse des messages reçus, via le réseau Internet,
par la mission d'information.
III - Compte rendu du déplacement d'une délégation de la
mission d'information à Heidelberg.
IV - Compte rendu du déplacement d'une délégation de la
mission d'information à Lille et à Cambrai.
V - Contribution de M. André Maman, sénateur représentant
les Français établis hors de France, ancien professeur à
l'université de Princeton, sur le système universitaire
américain.
VI - Audition par la commission des affaires culturelles de
M. François Bayrou, ministre de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche, sur les états
généraux de l'université.
ANNEXE I
COMPTE RENDU DES AUDITIONS DE LA MISSION D'INFORMATION
DATE |
PERSONNALITES AUDITIONNEES . |
PAGES |
Mercredi 17 janvier 1996 |
M. Bernard Alluin, vice-président de la conférence des présidents d'université et président de l'université Lille III - Charles de Gaulle. |
4 |
Mercredi 24 janvier 1996 |
M.
Christian
Forestier
, directeur
général des
|
8 |
Mercredi 31 janvier 1996 |
M. Alain Boissinot , directeur des lycées et collèges. |
14 |
|
M.
Daniel
Laurent
,
président de
l'Université de
|
18 |
Mercredi 7 février 1996 |
M. Michel Valdiguié , directeur de l'ONISEP (Office national d'information sur les enseignements et les professions), et Mme Françoise Jourdan , directeur des publications. |
25 |
|
M. Dominique de Calan , délégué général adjoint de l'Union des industries métallurgiques et minières. |
28 |
Mercredi 14 février 1996 |
M. Jean-Pierre Boisivon , directeur général du groupe ESSEC. |
31 |
|
M. Jean de Boishue , ancien secrétaire d'Etat chargé de l'enseignement supérieur, auteur du rapport à monsieur le Premier ministre sur les voies d'un nouveau partenariat entre l'Etat, les établissements d'enseignement supérieur et les collectivités locales. |
35 |
Mercredi 21 février 1996 |
M. Alain Touraine , professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. |
40 |
|
MM. Jean Garagnon , président, Christian Merlin , vice-président, et Sylvère Chirache , secrétaire général, du Haut comité éducation-économie. |
43 |
Mercredi 6 mars 1996 |
M. Claude Thélot , directeur de l'évaluation et de la prospective |
48 |
|
M. Vincent Merle , directeur du Centre d'études et de recherches sur les qualifications. |
51 |
Mercredi 20 mars 1996 |
M. Ivar Ekeland , président de la commission consultative nationale des IUT et des IUP, M. Gilles Raynaud , vice-président, chargé de la commission IUP, et M. Jean-Pierre Finances , vice-président, chargé de la commission IUT. |
56 |
|
M. Laurent Schwartz. |
61 |
Jeudi 28 mars 1996 |
M. Alain Minc. |
64 |
|
M. Dimitri Lavroff, professeur à l'université de Bordeaux I, président de la commission sur l'évolution du 1er cycle universitaire. |
69 |
Mercredi 17 avril 1996 |
M. Roger Fauroux , président de la commission chargée d'une mission de réflexion sur le système éducatif . |
74 |
|
M. Jean-Marc Monteil, premier vice-président de la Conférence des présidents d'université. |
77 |
Mercredi 24 avril 1996 |
MM. Philippe Evanno , délégué général, et Michel Legrand , chargé de mission de l'Union nationale universitaire (UNI). |
81 |
|
Mme Isabelle Martin , chargée de mission de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). |
83 |
|
M. Pouria Amirshahi , président de l'Union nationale des étudiants de France indépendante et démocratique (UNEF-ID). |
86 |
|
M. Sylvain Tranoy , vice-président de la Fédération des associations générales des étudiants (FAGE). |
89 |
Jeudi 2 mai 1996 |
M. Lachenaud , secrétaire général du SUP Recherche FEN (Fédération de l'éducation nationale). |
92 |
|
Mme Joëlle Guignard et M. Vincent Guillon du Syndicat général de l'éducation nationale (SGEN) Sup CFDT. |
95 |
|
MM. Daniel Monteux et Jean-Claude Garric , secrétaires nationaux du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESUP). |
97 |
|
Mme Frédérique Piel, secrétaire nationale, Mme Catherine Remermier et de M. Jean-Luc Brun , du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES). |
101 |
Mardi 7 mai 1996 |
Mme Danièle Pourtier , présidente de l'Association des conseillers d'orientation-psychologues (ACOP France) et Mme Maryse Hénoque , présidente du centre d'information et d'orientation du 16e arrondissement. |
104 |
|
M. Jean-Pierre Laheurte , président de l'université de Nice-Sophia Antipolis. |
108 |
Mercredi 12 juin 1996 |
M. Bertrand Girod de l'Ain , Professeur émérite, université Paris-Dauphine. |
112 |
Mercredi 19 juin 1996 |
M. Daniel Bancel , recteur de l'Académie de Lyon. |
116 |
|
M. Jean-Louis Aucouturier , président du Comité national d'évaluation (CNE), et Mme Renée Ridier , chargée de mission. |
120 |
Mercredi 26 juin 1996 |
M. André Maman , sénateur, ancien professeur à l'université de Princeton |
124 |
I. MERCREDI 17 JANVIER 1996
-
Présidence de M. Adrien Gouteyron,
président
. - La mission d'information a procédé
à l'audition de
M. Bernard Alluin, vice-président de la
conférence des présidents d'université
,
président de l'université Lille III-Charles de Gaulle.
En introduction à cette audition,
M. Adrien Gouteyron,
président
, a rappelé les objectifs de la mission
d'information et souligné la spécificité d'une
démarche qui s'inscrit dans la même ligne que celle engagée
par le ministre de l'éducation nationale sur l'avenir de l'enseignement
supérieur.
Après avoir précisé que ses mandats de président
d'université et de vice-président de la conférence des
présidents d'université touchaient à leur fin,
M. Bernard Alluin
a estimé que le problème de
l'information et de l'orientation des étudiants des premiers cycles
universitaires était d'une particulière actualité, alors
que l'enseignement supérieur était confronté à une
mutation considérable, engagée depuis la fin des
années 60, se traduisant notamment par une explosion des effectifs
étudiants et le passage des universités d'un régime de
" gestion familiale " à une véritable gestion
d'entreprise.
Rappelant que les problèmes des 3e cycles universitaires, de la
recherche, et même des 2e cycles avaient fait l'objet au cours de
cette période de mutation d'un traitement satisfaisant, en raison
notamment des moyens qui y avaient été affectés, il a en
revanche indiqué que les problèmes des premiers cycles restaient
entiers.
S'agissant d'abord de l'information des lycéens sur les filières
universitaires, il a souligné que, malgré les efforts des
différents acteurs chargés en amont de cette information, qui ont
le plus souvent une perception dépassée de l'université,
l'opinion n'avait pas pris conscience des bouleversements intervenus ;
contrairement aux idées reçues, qui sont encore transmises dans
les lycées et même dans les universités, il a
indiqué par exemple que le quart des diplômés
littéraires trouvaient un emploi dans le secteur privé, et
souligné que les diplômés littéraires de niveau bac
+ 4 trouvaient plus vite un emploi que les diplômés des
filières scientifiques, bien que ce ne soit pas toujours à un
niveau correspondant à leur formation.
Analysant ensuite les structures de formation post-baccalauréat
(bac + 2), il a rappelé que les choix des étudiants
pouvaient s'exercer théoriquement entre les filières
sélectives (classes supérieures et préparatoires aux
grandes écoles, instituts universitaires de technologie) et les
filières non sélectives de l'université.
A cet égard, il a souligné que les élites restaient
formées dans des filières non universitaires, cette
spécificité française n'étant infirmée que
pour le droit et la médecine.
Il a ensuite constaté que les filières supérieures courtes
à caractère sélectif (BTS, IUT) étaient
désormais détournées de leur vocation professionnelle
prévue à l'origine : les meilleurs élèves des
lycées sont ainsi encouragés à choisir ces filières
sélectives professionnalisées alors que les bacheliers
technologiques et professionnels doivent se replier sur les filières
générales des premiers cycles universitaires, auxquelles ils ne
sont pas préparés.
Cette évolution commande de réexaminer l'articulation entre ces
filières sélectives, qui ont la faveur des étudiants et
des familles modestes, et la poursuite d'études dans les 2e cycles
universitaires, et de mettre en place des passerelles avec des filières
de formation adaptées à la situation du marché du travail.
Il a également estimé que l'orientation était en fait
entendue par les étudiants comme une forme de sélection et qu'un
dispositif d'orientation dans les lycées et à l'entrée
à l'université ne pourrait être accepté qu'à
la condition d'avoir fait la preuve de son efficacité.
Il a rappelé que la vocation de notre système universitaire
restait d'accueillir tous les étudiants, de leur assurer une formation
et de leur promettre une insertion professionnelle, conformément
à la mission assignée par la loi de 1984 à l'enseignement
supérieur, la conciliation de ces objectifs pouvant se
révéler difficile comme l'ont montré les inscriptions
massives enregistrées dans les filières sportives lors de la
dernière rentrée universitaire.
Ce choix de l'ouverture de l'enseignement supérieur à l'ensemble
des bacheliers conduit à écarter toute idée d'orientation
préalable à l'entrée à l'université dont le
rôle est aussi de rétablir l'égalité entre les
élèves, de donner une chance à tous et de leur permettre
d'accéder à des disciplines nouvelles.
Il s'est cependant demandé si le système universitaire
était actuellement en mesure de répondre à l'attente
sociale et au souci d'insertion professionnelle des nouveaux étudiants.
A cet égard, il a estimé que la mise en place de périodes
d'adaptation, de mise à niveau et d'une information sur les professions
était nécessaire, en particulier pour les bacheliers
technologiques et professionnels s'inscrivant dans les filières
générales de premier cycle.
Il a ensuite rappelé que les services d'information et d'orientation des
universités avaient multiplié depuis une vingtaine
d'années les formules tendant à faciliter l'accueil et
l'information des étudiants et que les textes réglementaires
relatifs à la rénovation pédagogique des premiers cycles
permettaient la mise en place d'une orientation progressive à partir
d'une formation initiale pluridisciplinaire.
Cette perspective se heurte cependant, selon lui, à la résistance
du milieu universitaire qui reste attaché à l'apprentissage
immédiat et au maintien du niveau de chaque discipline, ainsi
qu'à une conception traditionnelle de la carrière des
enseignants, dont le déroulement dépend largement de leur
activité de recherche : cette conception tend à
pénaliser les enseignants qui voudraient s'engager dans des
activités de soutien, de tutorat, d'accueil et d'information des
nouveaux étudiants.
Si la double mission de l'enseignement supérieur -formation des
élites, développement de la recherche et accueil du plus grand
nombre- suppose des moyens supplémentaires en postes et en
crédits, elle nécessite aussi une évolution des structures
universitaires privilégiant l'encadrement, l'animation
pédagogique et la recherche de l'insertion professionnelle.
M. Bernard Alluin
a ajouté que les présidents
d'université n'étaient pas opposés au recours aux
professeurs agrégés (PRAG), qui sont susceptibles d'apporter leur
expérience acquise dans l'enseignement secondaire et à qui
devrait être conféré un statut reconnu, à la
condition que soit maintenue une proportion suffisante d'enseignants-chercheurs
dans les premiers cycles.
Il a en revanche exprimé son opposition à la création de
collèges universitaires et leur a préféré une
première année de premier cycle spécifique incluant une
information sur les professions, une formation pluridisciplinaire coexistant
avec les enseignements traditionnels par discipline, et un système de
passerelles entre les diverses filières. Une habilitation de
procédures d'orientation incitative et des aménagements
structurels de la carrière des enseignants apparaissent ainsi, selon
lui, indispensables, pour résoudre les problèmes des premiers
cycles universitaires.
A l'issue de cette intervention,
M. Jean Bernadaux, co-rapporteur
,
a souligné l'intérêt de cet exposé mais s'est
interrogé sur les possibilités de donner aux étudiants les
moyens de choisir leur orientation et a souligné l'intérêt
d'une formation pluridisciplinaire ou d'une expérience professionnelle
non universitaire pour les professeurs d'université.
Adhérant à la conception selon laquelle l'université a
vocation à corriger les inégalités constatées entre
les bacheliers,
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur,
a cependant
estimé que celles-ci résultaient moins d'une orientation
défaillante, ou de leur situation géographique, que d'une absence
d'accès à l'information.
Afin de remédier à ces inégalités, il a
préconisé une information générale qui serait
dispensée, dès la classe de troisième, puis dans les
lycées et les universités et qui bénéficierait
à tous les intéressés, ce qui n'est actuellement pas le
cas avec les opérations de type " journées portes
ouvertes " qui restent limitées.
M. Ivan Renar
a estimé que l'orientation était
vécue par les étudiants comme une sélection, que son
contenu apparaissait d'autant plus négatif aux familles et aux jeunes
que l'avenir professionnel de ces derniers n'était pas assuré,
les inégalités observées entre les étudiants
étant, selon lui, davantage d'origine sociale que géographique.
Il a souligné que le problème du choix des filières
d'enseignement supérieur devait être préparé
dès le lycée, à condition de prévoir toutes les
passerelles nécessaires, et a rappelé que les proviseurs de
lycée tendaient aujourd'hui à orienter les meilleurs
élèves vers les BTS, l'université accueillant ceux qui ne
peuvent accéder aux diverses filières sélectives.
Il a par ailleurs souligné que certaines universités, comme les
établissements scolaires, n'échappaient plus aux problèmes
des banlieues et que les jeunes éprouvaient des difficultés pour
passer de l'univers du lycée à celui du campus.
Il a enfin rappelé que les problèmes des universités
découlaient de ceux rencontrés dans l'enseignement secondaire,
que l'existence de deux millions d'étudiants appelait la
définition d'un véritable statut social et s'est interrogé
sur les effets de mode qui se sont traduits au cours des dernières
années par un afflux d'étudiants dans certaines filières,
notamment celles de la psychologie, de la communication et des activités
sportives.
Mme Hélène Luc
a souligné l'importance de
l'orientation qui devrait, selon elle, également être
engagée au collège, voire dès l'enseignement primaire et a
rappelé les expériences développées à
l'université d'Orsay dans les premiers cycles en matière
d'orientation.
Elle a également estimé qu'une politique d'orientation et de
suivi des étudiants supposait des moyens supplémentaires,
notamment en personnels.
Elle a ensuite exprimé sa préoccupation devant la faible
participation des représentants des étudiants aux conseils
universitaires.
M. Franck Sérusclat
a dénoncé la dimension
excessive des établissements universitaires et les problèmes qui
en résultaient pour les étudiants. Il a regretté l'absence
de réflexion sur la mise en place de structures de taille plus
réduite, permettant un meilleur accueil des étudiants, et sur
l'utilisation des ressources de l'enseignement à distance.
M. Adrien Gouteyron
,
président,
a souhaité
obtenir des précisions supplémentaires quant à la position
exprimée par M. Bernard Alluin sur l'orientation sélective des
étudiants lors de leur entrée à l'université et a
relativisé la portée des inégalités qui
résulteraient pour les bacheliers de l'implantation géographique
de leur lycée, en particulier dans les petites villes.
Il a également souhaité pouvoir disposer du document exprimant
l'opposition de la conférence des présidents d'université
(CPU) à la création de collèges universitaires.
Répondant à ces interventions,
M. Bernard Alluin
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- toute orientation suppose un choix préalable des lycéens qui
devrait s'appuyer sur une information dispensée dans les lycées,
en particulier par des équipes universitaires ;
- si l'absence de sélection universitaire répond à une
demande sociale et apparaît socialement indispensable, une
pré-orientation apparaît ensuite nécessaire entre les
diverses disciplines : des regroupements pluridisciplinaires d'une
durée d'un semestre, prévus par les textes réglementaires,
permettent à cet égard aux étudiants de procéder
à des choix progressifs qui seront ensuite confortés par les
résultats obtenus dans chaque discipline ;
- si la diversité du profil des enseignants doit être
recherchée, il convient de rappeler que les présidents
d'université, même si certains le souhaitent, n'ont pas le pouvoir
de choisir les professeurs de leur établissement, à l'exception
des professeurs agrégés (PRAG) ;
- l'envoi d'équipes pédagogiques universitaires dans les
lycées constitue l'une des propositions de la conférence des
présidents d'université ;
- la conférence des présidents d'université a
demandé une loi de programmation pour affecter des moyens
supplémentaires à l'université, étant
rappelé que la dépense par étudiant en France est
inférieure à celle d'autres pays industrialisés, comme par
exemple l'Allemagne et le Japon et qu'une diversification du profil des
enseignants serait en outre nécessaire pour faire face à la
démocratisation universitaire ;
- la faible participation des étudiants aux conseils universitaires,
comme celle d'ailleurs des intervenants extérieurs, s'explique sans
doute par un certain rejet de ces institutions et une inadaptation des
structures de concertation et de prise de décision ; la
définition d'un statut social de l'étudiant pourrait constituer
un élément de la réflexion à mener en ce
domaine ;
- la taille des établissements universitaires doit être
appréciée selon les disciplines, en particulier dans les
filières scientifiques qui doivent disposer d'un seuil minimum
d'étudiants, la tendance récente étant de rapprocher
l'enseignement supérieur de la population dans une perspective
d'aménagement du territoire ;
- l'enseignement à distance ne doit pas être utilisé pour
réaliser des économies budgétaires et le retard pris en ce
domaine devra être comblé dans les dix années à
venir : la conférence des présidents d'université
travaille actuellement avec le ministère pour définir et mettre
en place des technologies nouvelles interactives qui ne sauraient cependant se
substituer aux lieux de rencontre nécessaires entre étudiants et
enseignants.
II. MERCREDI 24 JANVIER 1996
-
Présidence de M. Adrien Gouteyron,
président
. - La mission d'information a procédé
à l'audition de
M. Christian Forestier, directeur
général des enseignements supérieurs.
A titre liminaire,
M. Christian Forestier
a rappelé les
différentes phases de la procédure de concertation, dite des
états généraux de l'enseignement supérieur, qui
venait d'être engagée par le ministre et a indiqué que le
défaut d'information et d'orientation des étudiants était
à l'origine des principaux dysfonctionnements du système
universitaire français.
Il a cependant estimé que ce système était souvent
présenté d'une manière excessivement sombre, notamment en
ce qui concerne l'échec universitaire.
Analysant les difficultés rencontrées en amont et en aval de
l'université, il a estimé que les secondes étaient moins
importantes que les premières et qu'une meilleure adéquation
entre la formation suivie au lycée et celle choisie en premier cycle
universitaire permettrait d'améliorer les résultats des
étudiants.
S'agissant du nombre des étudiants, jugé par certains trop
élevé, il a estimé que la moitié d'une classe
d'âge dans l'enseignement supérieur constituait la proportion la
plus souvent observée dans des pays comparables au nôtre et que le
système universitaire français était susceptible, le cas
échéant, de recevoir encore davantage d'étudiants, la
difficulté étant cependant de les accueillir dans des conditions
plus satisfaisantes.
Il a rappelé que l'enseignement supérieur
post-baccalauréat associait un secteur sélectif, constitué
des classes préparatoires aux grandes écoles, IUT, STS, qui
accueille environ la moitié des bacheliers, et le premier cycle
universitaire, qui se doit d'accueillir sans aucune sélection ni
régulation l'autre moitié, et concentre les problèmes
principaux de l'enseignement supérieur.
Il a ensuite tenté d'analyser les raisons, ou les mouvements
irrationnels, qui conduisent de nombreux bacheliers vers des disciplines,
telles que la psychologie, la sociologie, les arts plastiques, les
activités physiques et sportives, qui n'offrent que de faibles
débouchés professionnels ; ces choix résultent selon
lui d'un déficit d'information et d'une " orientation par
défaut ", notamment pour les bacheliers technologiques tertiaires
dont la formation est inadaptée aux filières sélectives,
mais aussi de l'attrait de disciplines nouvelles ignorées par
l'enseignement fondamental du secondaire.
Il a également souligné les dysfonctionnements résultant
d'un détournement de la finalité des sections de techniciens
supérieurs et des instituts universitaires de technologie qui ont
été mis en place au milieu des années 50 et 60 pour
déboucher, dans la continuité de l'enseignement technique de
l'époque, sur la vie active en formant des techniciens supérieurs
à bac + 2.
Cependant, du fait de la crise économique et des difficultés du
marché de l'emploi, les bacheliers généraux se sont
massivement engagés dans ces filières sélectives, tout en
ayant l'intention de poursuivre ultérieurement leurs études,
détournant ainsi de leur objet initial ces filières d'insertion
professionnelle qui sont plus coûteuses pour la collectivité que
celles de l'enseignement général, et les transformant en fait en
premier cycle universitaire.
Il a par ailleurs constaté que l'augmentation de la capacité des
IUT, qui était destinée à accueillir davantage les
bacheliers technologiques, s'était au contraire traduite par une
légère régression de leur proportion au sein de ces
instituts. La plus grande part des bacheliers technologiques s'engagent donc
soit dans les DEUG généraux auxquels ils ne sont pas
préparés, soit dans des DEUG plus adaptés mais qui ne sont
pas prolongés par des deuxièmes cycles.
Ce phénomène est encore aggravé par la mise en place de
DEUG " attrape-tout ", qui attirent trop de jeunes non
informés, aboutissant soit à un échec massif soit à
une impossibilité de prolonger ces formations en deuxième cycle.
S'interrogeant ensuite sur les pistes susceptibles d'apporter des solutions
à ces dysfonctionnements,
M. Christian Forestier
a
noté en préalable la difficulté de les faire accepter par
un milieu universitaire vivant encore sur certains clichés.
Citant l'exemple des filières sportives, il a rappelé que
l'institution de tests physiques, institués par les universités
et destinés à des candidats de plus en plus nombreux, avait
été censurée par les tribunaux administratifs comme
contraires à la loi de 1984 sur l'enseignement supérieur qui
écarte toute idée de sélection à l'entrée
à l'université. Il a noté que l'institution d'une
sélection à l'entrée de l'université ne serait pas
admise par les étudiants, même si ceux-ci admettent parfois la
sélection à l'issue de la première année
universitaire. Il a également noté que certaines formations
pourraient être mises en place en application de l'article 33 de la loi
de 1984 ; ceci supposerait toutefois une délibération des
conseils universitaires statuant à une majorité qualifiée
dont l'issue apparaît des plus incertaines et un risque d'extension d'une
forme de sélection à d'autres formations.
Il a d'autre part relevé que le problème général de
la sélection devait désormais être appréhendé
en fonction des capacités du système universitaire à
accueillir aujourd'hui l'ensemble des bacheliers, du fait notamment d'une
évolution démographique à la baisse et d'un effort de
construction universitaire très important mené dans le cadre du
plan université 2000, même si subsistaient des problèmes de
fonctionnement et d'encadrement.
Cette situation pourrait, selon lui, permettre d'envisager une réflexion
sur une procédure de régulation des flux d'étudiants,
notamment à l'occasion d'une prise de conscience nationale qui pourrait
intervenir à l'issue des travaux des états généraux
de l'enseignement supérieur, cette perspective restant
hypothéquée par la dimension symbolique et politique du
problème de la sélection universitaire.
Il a par ailleurs estimé que d'autres pistes pourraient être
explorées, qu'il s'agisse de la mise en place d'une véritable
politique d'information dans l'enseignement scolaire, permettant une
" éducation au choix " des élèves, laquelle a
déjà été expérimentée dans plusieurs
régions, de l'institution d'une première année de premier
cycle suffisamment générale précédant une
diversification ultérieure ou d'une réduction de la durée
du premier cycle et d'un allongement de celle du deuxième cycle.
Concluant son propos, il a estimé que la situation préoccupante
des premiers cycles universitaires appelait nécessairement des solutions
urgentes ; dans le cas contraire, les diplômés des filières
dépourvues de débouchés seraient fondés dans
quelques années à demander des comptes aux responsables
d'aujourd'hui.
A l'issue de cette intervention, et après avoir remercié M.
Christian Forestier pour la clarté, la franchise et le caractère
stimulant de ses propos,
M. Adrien Gouteyron, président
, a
demandé des précisions sur la mesure exacte de l'échec
universitaire en premier cycle, sur la répartition des divers bacheliers
selon les filières universitaires, sur les solutions consistant à
mettre en place des sections suffisamment générales, ou une
période d'orientation, au cours de la première année, et
sur les perspectives d'évolution du taux d'accès à
l'enseignement supérieur.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur,
a estimé que les
événements de l'automne dernier avaient permis de faire
connaître à l'opinion la réalité de
l'université, plaçant ainsi chacun devant ses
responsabilités, et que l'organisation des états
généraux sur l'enseignement supérieur devrait permettre de
poser les problèmes et d'y apporter des réponses, en liaison avec
les différents acteurs concernés.
Il a souhaité obtenir des précisions sur la ventilation des
bacheliers dans les diverses filières générales et
sélectives des premiers cycles, sur l'importance de l'échec selon
ces filières, et sur l'efficacité des directives données
aux directeurs d'IUT tendant à ouvrir plus largement les filières
sélectives aux bacheliers technologiques.
Il s'est également enquis des modalités de l'orientation
progressive des nouveaux étudiants des DEUG mise en oeuvre au titre de
la rénovation pédagogique et a souligné la
nécessité d'une information assurée par des
professionnels, qui serait obligatoire pour tous les élèves au
sein des lycées.
M. Pierre Laffitte
a rappelé que la création des IUT
n'avait pas entraîné une disparition des BTS, qui aujourd'hui ont
au contraire tendance à se développer, du fait notamment d'une
préférence des responsables de petites et moyennes industries
pour ces formations.
Il a par ailleurs rejoint M. Jean-Pierre Camoin pour estimer qu'une information
dans les lycées, préalable à l'orientation, devrait
être dispensée par des professionnels et a estimé qu'elle
devait s'appuyer sur des stages en entreprise, les expériences
engagées à son initiative ayant révélé une
forte demande des élèves en ce domaine.
Après avoir rappelé que certaines universités avaient mis
en place des DEUG comportant des enseignements en alternance, il a
estimé que l'exemple du système d'orientation à
l'allemande, qui faisait une large part à l'apprentissage, devrait
permettre de développer des voies de formations originales combinant la
formation en alternance et la formation continue, jusqu'aux troisièmes
cycles et aux écoles d'ingénieurs, sous réserve d'une
médiatisation adaptée.
Il a enfin estimé que le mouvement de désaffection
constaté à l'égard des IUT et des classes
préparatoires, au profit d'études réputées plus
faciles mais dépourvues de débouchés était de
nature à fragiliser le consensus social et républicain.
M. Jean-Louis Carrère
s'est enquis de la répartition des
BTS et des IUT sur le territoire national. Il a souligné
l'intérêt de la procédure des " états
généraux ", qui devront notamment aborder les
problèmes évoqués (carences de l'information et de
l'orientation, cursus des bacs professionnels et technologiques, mise en place
d'un tronc commun en première année de premier cycle...) mais a
estimé que cette procédure n'était pas exclusive d'une
politique tendant à donner des moyens suffisants à l'enseignement
supérieur, notamment pour achever la mise en oeuvre du schéma
Université 2000, et d'une réflexion globale apportant des
réponses aux inquiétudes des familles et des étudiants.
Il a ainsi souligné que la progression continue des moyens
attribués à l'enseignement supérieur avait
été sensiblement réduite au cours des années les
plus récentes et que la prise en compte des aspects qualitatifs d'une
politique universitaire ne devait pas conduire à négliger les
moyens qui y sont affectés.
M. Jean-Claude Carle
a évoqué le problème de la
finalité du bac professionnel et a souligné la
nécessité de prévoir des possibilités de retour en
formation au cours de la vie active.
S'appuyant sur l'exemple de l'enseignement agricole, il a rappelé que la
valorisation de certaines filières, comme l'environnement et le
tertiaire, s'était traduite par un afflux d'élèves dans
des filières aujourd'hui saturées, alors que des bacheliers
professionnels font défaut pour répondre aux emplois
proposés dans certaines branches industrielles.
Répondant à ces interventions,
M. Christian Forestier
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- les deux tiers des étudiants inscrits en DEUG obtiennent un
diplôme bac + 2 après deux à quatre années
d'études, tandis qu'un peu moins de 40 % obtiennent le DEUG en deux
ans ;
- sur une promotion d'environ 400.000 bacheliers, 200.000 à 250.000
s'inscrivent à l'université, les autres se répartissant
comme suit : 100.000 en BTS, 30 à 40.000 en IUT, 25 à 30.000 en
classes préparatoires ;
- le taux de réussite en BTS est de l'ordre de 70 %, l'échec
au diplôme n'empêchant pas, par ailleurs, des perspectives
d'insertion professionnelle très satisfaisantes ;
- 75 % des étudiants obtiennent leur DUT en deux ans ; si l'
" affaire du CIP " a provoqué un effondrement spectaculaire
des inscriptions, le nombre de places vacantes a été
réduit du fait des efforts d'orientation effectués avant la
dernière rentrée, mais reste important dans certaines
filières (informatique à Orsay, par exemple) et dans certains
sites du fait d'une " balkanisation " excessive du réseau
des
IUT ;
- la moyenne de réussite au DEUG recouvre des résultats
très différents selon les bacheliers ; les taux sont
satisfaisants pour les bacheliers généraux mais très
faibles (10 %) pour les bacheliers technologiques tertiaires ;
- la mise en oeuvre des directives tendant à ouvrir davantage les IUT
aux bacheliers technologiques s'est traduite par une augmentation
générale des effectifs mais ne semble pas avoir eu d'incidence
notable sur la répartition des bacheliers admis ;
- si on comptait autant d'inscriptions en BTS qu'en IUT en 1985, le rapport est
actuellement de trois à un en faveur des BTS pour des raisons tenant
à une plus grande facilité des études et à un
comportement malthusien des responsables d'IUT : après une
période de fermeture des BTS engagée au milieu des années
60, une nouvelle politique d'ouverture, avec avis des directeurs d'IUT, a
été ensuite engagée puis poursuivie ;
- la carte de l'implantation des BTS et des IUT s'efforce de répondre
aux besoins des académies, compte-tenu notamment des flux de sortie des
bacheliers technologiques mais révèle encore certaines
inégalités sur l'ensemble du territoire ;
- la France est l'un des rares pays à posséder un corps de
conseillers d'orientation qui tendent sans doute à privilégier
d'une manière excessive la dimension psychologique de leur
fonction ;
- les équipes éducatives des DEUG ont la responsabilité de
définir les modalités de l'orientation progressive des nouveaux
étudiants ; si la rénovation pédagogique
engagée a permis d'améliorer le fonctionnement des DEUG, celle-ci
n'a pas encore été conduite à son terme ;
- la réflexion engagée par les présidents
d'université sur l'accès des étudiants aux filières
sportives a permis d'envisager l'idée d'une première année
générale qui serait suivie d'une spécialisation ; la
mise en place d'une première année d'orientation, si elle
rencontre la faveur de certains, suppose cependant un accord politique et une
adhésion de l'opinion, comme d'ailleurs toute proposition qui tendrait
à réguler les flux de bacheliers du secondaire vers le
supérieur ;
- le chômage des ingénieurs reste marginal tandis que celui des
diplômés d'IUT se traduit plutôt par un allongement de la
période de recherche d'emploi et par une réduction de la
rémunération offerte, mais la situation de ces derniers reste
largement plus favorable, que celle des titulaires de certaines
maîtrises ;
- l'idée d'une éducation récurrente, permettant à
un jeune de revenir à l'université, suppose un accord des
représentants des employeurs : les textes existants permettent
d'ores et déjà de procéder à des
expérimentations en autorisant une modulation de la durée des
formations selon les diplômes obtenus et un découpage de celles-ci
en unités capitalisables ;
- les derniers budgets ont sans doute privilégié l'enseignement
scolaire par rapport à l'enseignement supérieur, même si
l'effort de la nation en faveur de ce dernier peut apparaître
satisfaisant ;
- l'objectif de conduire 80 % d'une classe d'âge au niveau du
baccalauréat est aujourd'hui en passe d'être atteint ; mais
la répartition constatée entre les baccalauréats
généraux technologiques et professionnels fait une place plus
importante que prévue aux bac généraux ;
- si la moitié des jeunes accède désormais à
l'enseignement supérieur, ce mouvement concerne la quasi totalité
des bacheliers généraux, 80 % des bacheliers technologiques
et le sixième des bacheliers professionnels ;
- la formule du baccalauréat professionnel qui est désormais
obtenu par 7 % des élèves d'une classe d'âge doit
être développée : il reste que parmi les cinquante
" bac pro " offerts aux élèves, un seul, le
baccalauréat professionnel bureautique, regroupe la moitié de
l'effectif des bacheliers professionnels, alors que de nombreuses places
vacantes existent par exemple dans les sections du bâtiment.
III. MERCREDI 31 JANVIER 1996
-
Présidence de M. Pierre Laffitte,
vice-président, puis de M. Adrien Gouteyron, président
.
- La mission d'information a d'abord procédé à l'audition
de
M. Alain Boissinot, directeur des lycées et
collèges.
Dans une remarque liminaire,
M. Alain Boissinot
a rappelé
que la direction des lycées et collèges exerçait une
responsabilité particulière aussi bien dans la définition
des enseignements et des diplômes du second degré permettant
d'accéder à l'enseignement supérieur que dans
l'organisation des classes supérieures de Sections de techniciens
supérieurs (STS) et des classes préparatoires aux grandes
écoles des lycées, qui rassemblent environ 30 % des
formations de premier cycle universitaire et qui fonctionnent, comme l'a
souligné
M. Pierre Laffitte, président
, d'une
manière satisfaisante, au prix cependant d'un encadrement plus
coûteux.
Il a ensuite indiqué que le souci d'une meilleure orientation des
élèves et d'une articulation plus satisfaisante entre les deux
ordres d'enseignement était au coeur de la rénovation
pédagogique engagée depuis trois ans dans les lycées,
celle-ci consistant principalement à diversifier les modalités de
l'excellence scolaire et s'inscrivant dans la perspective d'une poursuite
d'études supérieures.
A cet égard, les premiers résultats enregistrés traduisent
un rééquilibrage attendu du baccalauréat au profit des
séries littéraires et scientifiques mais révèlent
un déséquilibre persistant entre les enseignements
généraux et les baccalauréats technologiques, qui sont
affectés par une certaine perte d'identité, cette tendance
appelant une relance de l'orientation en classe de seconde, notamment en faveur
des formations industrielles.
Il a ajouté que la rénovation pédagogique des
lycées s'était également traduite par un
rééquilibrage plus satisfaisant des élèves des
diverses Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) en
fonction des filières du baccalauréat.
Il a en revanche regretté que les bacheliers technologiques ne se soient
pas davantage orientés vers les IUT et les STS et se retrouvent, du fait
de dysfonctionnements du système d'orientation, dans les premiers cycles
universitaires généraux.
Cette situation anormale impose, selon lui, de repenser d'une manière
claire, notamment pour les bacheliers technologiques, le problème de la
poursuite des études supérieures, qui n'a pas été
traité de manière satisfaisante au cours des années les
plus récentes en dépit d'une véritable demande qu'il
conviendrait de réguler, le tiers des diplômés de STS et
d'IUT poursuivant actuellement leurs études.
Il a également estimé qu'un " couplage " devait
être maintenu entre ces deux types de formation qui sont bien
perçues et considérées comme relativement interchangeables
par les employeurs.
M. Alain Boissinot
a par ailleurs noté que la régulation
de la demande vers une poursuite des études supérieures supposait
un effort considérable d'information des élèves, une
clarification de la carte trop complexe des formations supérieures, une
connexion entre les IUT et les instituts universitaires
professionnalisés, et la mise en place de passerelles, dans les deux
sens, entre filières générales et technologiques.
Il conviendrait ainsi, selon lui, d'améliorer l'information des
élèves de lycées sur l'organisation de l'enseignement
supérieur, à partir de la classe de seconde, en fournissant
notamment des indications, pour chaque série du baccalauréat, sur
le taux de réussite selon les filières universitaires et sur les
perspectives d'insertion professionnelle correspondantes.
A l'issue de cet exposé général,
M. Jean Bernadaux,
co-rapporteur
, s'est enquis des moyens qui avaient été mis en
oeuvre pour parvenir à ce rééquilibrage entre les
séries du baccalauréat, a rappelé la vocation
traditionnelle des professeurs principaux à assurer l'information et
l'orientation des élèves et a souhaité obtenir des
précisions sur la formation des enseignants qui seront chargés de
l'information des élèves.
Il s'est enfin interrogé sur la proportion d'élèves qui
ont, en classe de terminale, d'ores et déjà arrêté
leur orientation.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, s'est demandé si les taux
de réussite constatés dans les classes supérieures et
préparatoires des lycées ne plaidaient pas en faveur de la
création de collèges universitaires, création d'ailleurs
préconisée par certains membres de la commission Fauroux, et qui
répondrait également à l'attente de certaines villes
moyennes dans une perspective d'aménagement du territoire.
Manifestant son opposition à cette formule, il a cependant
dénoncé le caractère quelque peu péjoratif d'un
discours officiel qui tend à jeter un discrédit sur une
éventuelle " secondarisation " des premiers cycles, alors
que
les meilleurs bacheliers engagent en fait leurs études
supérieures dans des classes préparatoires et supérieures
de lycée.
M. Pierre Laffitte
a souligné que la première
finalité des études supérieures était celle d'une
insertion dans la société.
Il a ensuite constaté que l'exposé de M. Alain Boissinot n'avait
pas évoqué les possibilités de recours à
l'apprentissage, à la formation en alternance, aux stages en entreprises
et à la participation des professions à l'effort d'information
des élèves et des étudiants.
Il s'est par ailleurs enquis des perspectives d'utilisation de la chaîne
de télévision éducative et du recours à des
formules telles que le chèque formation, la formation continue et la
mise en place de passerelles entre filières permettant notamment un
retour en formation après une période d'activité
professionnelle.
Il s'est par ailleurs inquiété de l'adaptation des CPGE aux
grandes écoles à vocation technique, une formation technologique
facilitant selon lui l'accès à ces établissements.
Il a enfin évoqué la possibilité d'instituer des
formations préparatoires à l'entrée dans les
deuxièmes cycles universitaires.
M. Ivan Renar
, rejoignant le souci exprimé par M. Pierre
Laffitte, a souligné le détournement de la vocation des BTS et
des IUT et a souhaité obtenir des précisions sur le
développement de passerelles entre les diverses filières
supérieures.
Il a estimé que l'orientation était en fait entendue par les
jeunes comme une sélection déguisée et s'est
inquiété des conséquences pour l'enseignement secondaire
d'un recours massif aux professeurs agrégés du second
degré dans l'enseignement supérieur.
M. Franck Sérusclat
a demandé quelle était la place
faite aux nouvelles technologies de l'information et de la communication dans
les formations supérieures et s'est étonné qu'elles ne
suscitent pas plus d'intérêt de la part des élèves,
en particulier, des grandes écoles d'ingénieurs.
Il a par ailleurs souhaité obtenir des précisions sur les
motivations des lycéens, les modalités d'orientation et les taux
de réussite dans les grandes écoles.
M. André Maman
s'est enquis des modalités concrètes
de l'information et de l'orientation des élèves ainsi que du
profil des orienteurs.
M. Daniel Eckenspieller
a estimé que les causes de l'échec
scolaire et universitaire résultaient d'abord d'une " orientation
par défaut ", qui intervient dès le collège pour les
élèves en difficulté, et d'une absence de motivation
conduisant à suivre des formations à la mode.
Il a ajouté que le mouvement de poursuite d'études
constaté chez les diplômés d'IUT et de STS s'expliquait par
les difficultés du marché du travail et par des
rémunérations jugées insuffisantes, incitant ainsi les
étudiants peu motivés à différer leurs choix
professionnels.
M. François Lesein
a pris acte du rééquilibrage
intervenu entre les séries du baccalauréat et s'est
inquiété des moyens supplémentaires qui devraient, selon
lui, être consacrés à une meilleure orientation des
élèves.
M. Henri Weber
a estimé que l'efficacité de l'information
et de l'orientation des élèves dépendait des partenariats
qui sont susceptibles de s'établir entre les établissements
scolaires et les acteurs économiques et sociaux régionaux ainsi
que des potentialités des bassins d'emploi. Il a observé que les
progrès enregistrés dans le mouvement de déconcentration
de l'éducation nationale permettaient aux chefs d'établissements
motivés d'effectuer un véritable travail d'information et
d'orientation.
M. Adrien Gouteyron, président
, rappelant que l'objectif de
conduire 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat
était en cours de réalisation, au prix cependant d'une
dérive dans la répartition prévue entre les
baccalauréats généraux, technologiques et professionnels,
a souhaité obtenir des explications et des précisions sur cette
évolution et sur l'accès de ces différents bacheliers
à l'enseignement supérieur.
Il s'est ensuite interrogé sur les rôles respectifs des
enseignants et des personnels spécialisés chargés de
l'orientation dans une véritable politique d'information et
d'orientation des élèves.
Répondant à ces interventions,
M. Alain Boissinot
a
notamment apporté les précisions suivantes :
- notre système d'enseignement supérieur a vocation à
assurer une insertion professionnelle des étudiants, même si cet
objectif est obscurci par leur souci de poursuite d'étude
résultant soit de la recherche d'une qualification plus poussée,
soit d'une attitude d'attente et de refus d'une activité professionnelle
découlant d'ailleurs largement de la situation difficile du
marché de l'emploi ;
- le système d'enseignement ne doit pas exclusivement être
jugé en termes d'insertion professionnelle, mais aussi dans une
perspective d'insertion sociale ;
- en dépit d'une position qui reste encore parfois frileuse par rapport
à l'entreprise, comme l'a illustré le débat récent
sur la redéfinition des diplômes de BTS, l'éducation
nationale a considérablement évolué en ce domaine en
développant un partenariat institutionnalisé avec le monde des
entreprises, qu'il s'agisse de la définition de certains diplômes,
de l'organisation de stages en entreprise, du développement des
formations en alternance, et notamment de l'apprentissage, de la mise en place
de passerelles entre les diverses formations et de l'association des recteurs
à la définition des programmes régionaux de
formation ;
- l'objectif de conduire 80 % d'une classe d'âge au niveau du
baccalauréat suppose un renforcement de la place de l'enseignement
technologique et professionnel par rapport à l'enseignement
général ;
- le détournement des filières technologiques supérieures
au profit des bacheliers généraux appelle des messages clairs en
direction des bacheliers technologiques, insistant d'une part sur les
perspectives satisfaisantes d'insertion professionnelle de ces filières
et sur les possibilités de poursuite d'étude, notamment vers les
instituts universitaires professionnalisés, les diplômes nationaux
de technologie spécialisés, voire les formations longues
d'ingénieurs ;
- en sens inverse, les étudiants en DEUG fourvoyés dans des
études générales doivent pouvoir rejoindre des
filières technologiques supérieures moyennant une formation
accélérée ;
- l'encadrement des premiers cycles universitaires pourrait s'inspirer des
méthodes et des pratiques pédagogiques d'encadrement des CPGE et
des STS afin notamment de faciliter le passage délicat entre le
lycée et l'université ;
- le débat engagé sur la " secondarisation " des
premiers cycles universitaires, terme qui n'a selon lui rien de
péjoratif, dissimule en fait le problème de la place de la
recherche et des enseignants-chercheurs, les premiers cycles ayant tout
à gagner à utiliser des méthodes pédagogiques qui
ont fait leurs preuves dans l'enseignement secondaire ;
- l'information des élèves est assurée par les conseillers
d'orientation-psychologues (COP), les professeurs principaux, mais aussi
l'ensemble des professeurs, ainsi que par les conseillers d'éducation,
le problème étant de définir la place de ces divers
intervenants dans un système cohérent, et notamment des COP en
intégrant ceux- ci dans une démarche collective et en
privilégiant leur rôle d'expert ;
- la mise en oeuvre des dispositions sur la validation des acquis et celles de
la loi quinquennale pour l'emploi concernant l'orientation suppose une gestion
plus fine des parcours des élèves par ces intervenants ;
- l'utilisation des technologies nouvelles a dépassé le stade
expérimental et permet notamment d'ores et déjà aux
académies et aux chefs d'établissement, en matière
d'information et d'orientation, de disposer d'une carte prospective des
formations et des professions ;
- le rôle des chefs d'établissement se développe dans une
logique de déconcentration et connaît une évolution
profonde, du fait notamment de leurs relations avec les élus
régionaux ;
- le recours aux professeurs agrégés du second degré dans
l'enseignement supérieur ne doit pas conduire à dépouiller
l'enseignement secondaire, et notamment les classes préparatoires, de
ses meilleurs enseignants, et pourrait s'accompagner de la mise en place d'un
service partagé entre les deux ordres d'enseignement ;
- les CPGE permettent déjà d'accéder aux deuxièmes
cycles universitaires et les grandes écoles confèrent aussi des
diplômes universitaires.
La mission d'information a ensuite procédé à l'audition de
M. Daniel Laurent, président de l'université de
Marne-la-Vallée, président du groupe de réflexion sur
l'avenir de l'enseignement supérieur
.
M. Daniel Laurent
a indiqué que son intervention porterait aussi
bien sur les problèmes d'information des lycéens et des
étudiants que sur les expériences d'orientation qu'il avait
engagées dans les premiers cycles à l'université nouvelle
de Marne-la-Vallée.
Il a d'abord constaté que l'information dispensée dans les
lycées était dépourvue de tout lien avec la
réalité des formations universitaires et a estimé que les
premiers cycles universitaires étaient au carrefour des problèmes
de la société française.
En dépit des diverses initiatives engagées (journées
" portes ouvertes " dans les universités, envoi
d'équipes pédagogiques universitaires dans les lycées
...), l'information passe mal du fait d'une méconnaissance des
pré-acquis nécessaires pour accéder à
l'enseignement supérieur et d'une absence de projet professionnel des
lycéens et des étudiants, leur choix restant souvent
commandé par une image trop générale de
l'université et les modes du moment.
Il en résulte que les meilleurs bacheliers s'orientent vers les
filières sélectives des classes préparatoires et des BTS
et que les autres se replient sur les premiers cycles universitaires
généraux.
A cet égard, il a indiqué qu'il s'était refusé
à créer à Marne-la-Vallée des diplômes
d'études universitaires générales (DEUG) de psychologie ou
de droit, qui ne correspondaient pas à la vocation scientifique de cette
université et qui auraient été destinés à
accueillir les laissés-pour-compte des universités parisiennes.
S'agissant de l'orientation, il a rappelé que l'une des propositions du
groupe de travail qu'il avait présidé consistait à
organiser un service partagé de certains professeurs
agrégés entre le lycée et l'université, cette
initiative pragmatique et sans incidence financière devant selon lui
permettre d'assurer une meilleure orientation des lycéens.
Il a par ailleurs indiqué que les étudiants en situation
d'échec universitaire répugnaient, ainsi que leur famille,
à se tourner vers des formules de formation concrète
dispensée par l'association pour la formation professionnelle des
adultes (AFPA), la rémunération proposée pendant la
période de formation étant loin de compenser pour eux la perte du
statut d'étudiant.
Il a ensuite abordé le problème de l'augmentation
prévisible du nombre des bacheliers professionnels, qui risquent de se
retrouver massivement dans quelques années dans les premiers cycles
universitaires généraux, notamment en droit et en sciences
économiques, ces filières étant appelées à
accueillir des publics de plus en plus hétérogènes. Alors
que le " bac pro " bureautique représente la moitié des
effectifs des bacheliers professionnels, il a indiqué que certaines
grandes entreprises ne recrutaient plus de bacheliers de cette
spécialité.
Afin de répondre à ces besoins spécifiques de formation,
il a rappelé qu'il avait proposé la création d'instituts
universitaires régionalisés, permettant de développer des
solutions alternatives à l'université ; ces formations courtes de
bon niveau, suffisamment attractives pour les intéressés,
résulteraient d'initiatives locales et seraient définies
notamment en liaison avec les organisations consulaires.
Il a également dénoncé l'absence de coordination entre les
différents BTS et les dérives des IUT qui tendent à
devenir des premiers cycles universitaires mais dont l'encadrement est trois
fois plus coûteux que celui des filières générales.
Abordant ensuite les expériences concrètes engagées
à l'université de Marne-la-Vallée, il a souligné
que les principales innovations avaient porté sur l'adaptation des
formations dispensées en premier cycle.
Ces formules se sont d'abord traduites par une organisation de la
première année de DEUG sur une période d'un semestre, avec
un examen final en février, cette désynchronisation des rythmes
universitaires permettant d'optimiser l'occupation des locaux, d'autoriser des
redoublements immédiats pour les étudiants qui perdent pied
après trois mois d'études et d'organiser une rentrée
" latérale " supplémentaire au mois de
février ; ces aménagements permettent ainsi de
réduire l'échec universitaire sur l'année. Une seconde
innovation, aujourd'hui abandonnée, compte tenu des résultats
observés, a consisté à mettre en place, au début de
l'année universitaire, des tests d'évaluation des
étudiants qui ont notamment révélé les lacunes
considérables en français de certains bacheliers.
M. Pierre Laffitte
a fait observer que cette baisse du niveau de
maîtrise de la langue française se retrouvait également
dans les grandes écoles, notamment chez les diplômés de
DEUG ayant obtenu une mention.
M. Daniel Laurent
a ajouté que les formules de tutorat
n'étaient d'aucune aide à ces étudiants, et qu'un DEUG
scientifique ne pouvait être entrepris sans une maîtrise suffisante
de la langue française, cette évolution étant d'autant
plus préoccupante qu'elle concerne des flux d'étudiants de plus
en plus importants.
M. André Maman
s'est demandé s'il ne conviendrait pas
d'organiser ces tests en fin d'année scolaire, ou dans les
lycées, afin de procéder aux remises à niveau
nécessaires.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur
, a exprimé la crainte qu'il
s'agisse là d'un combat d'arrière-garde et que les
" innovations linguistiques " des banlieues finissent par
faire
évoluer profondément la pratique de notre langue.
M. Ivan Renar
a estimé que ce problème était
général, le langage adopté dans certains quartiers
traduisant une opposition des jeunes à la société mais
aussi leur souci de s'en distinguer.
M. Daniel Laurent
est convenu que les premiers cycles universitaires
n'étaient désormais plus épargnés par les
problèmes de la société française, et notamment de
ceux des banlieues, mais a constaté que la poursuite d'études
supérieures supposait une certaine maîtrise du français.
Il a ajouté que l'université de Marne-la-Vallée avait
introduit une autre innovation en organisant la première année du
DEUG de sciences économiques sur une période de quatre mois de
formation, afin d'accroître les chances des étudiants ; cette
expérience, engagée par une équipe pédagogique
motivée, avec l'accord des étudiants, nécessite une
organisation poussée et des horaires proches de ceux des classes
préparatoires aux grandes écoles.
Répondant à une question de
M. Jean Bernadaux,
co-rapporteur
, il a indiqué que cette organisation permettait certes
de réduire le nombre des redoublements mais surtout de repérer
rapidement les étudiants en situation d'échec et de les
réorienter en IUT ou éventuellement vers l'AFPA.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur le
coût de ces formules, sur leur conformité avec les textes qui
régissent l'organisation des études de premier cycle
universitaire et sur les possibilités de restreindre l'accès des
étudiants à l'université.
M. Daniel Laurent
a indiqué que ce type d'organisation
inédite avait un coût et pouvait être plus aisément
mis en oeuvre dans une université de taille réduite.
Il a ajouté que des conventions avaient permis d'organiser des stages
à l'étranger pour les étudiants, que cette
expérience avait nécessité un aménagement des
deuxièmes cycles universitaires sans porter atteinte au caractère
national des diplômes délivrés et que d'autres
établissements avaient également expérimenté une
nouvelle organisation de l'année universitaire en semestres, notamment
dans les filières littéraires.
Il a enfin indiqué qu'il n'avait aucun moyen d'instaurer une quelconque
sélection à l'entrée dans son université.
Il a précisé qu'un tel aménagement de l'année
universitaire entraînait une refonte des cours et une utilisation plus
importante des locaux universitaires, la création d'une rentrée
" latérale " en février offrant par ailleurs, selon
lui, une souplesse supplémentaire pour accueillir les étudiants
qui n'auraient pas été retenus lors de la rentrée
d'octobre.
M. Pierre Laffitte
s'est demandé s'il convenait d'aménager
le statut des universités pour poursuivre ce type d'expérience.
M. Daniel Laurent
a estimé qu'un aménagement de la loi de
1984 ne lui paraissait pas nécessaire et que la seule prolongation du
statut dérogatoire des universités nouvelles lui semblait
suffisante.
Répondant à une question de
M. André Maman
, il a
par ailleurs précisé que cette expérience supposait le
concours d'enseignants dynamiques, renonçant aux avantages de
carrière procurés par une activité de recherche, et
n'avait pas été évaluée par le comité
national d'évaluation.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur la
mesure qui serait la plus efficace pour faciliter le passage délicat de
l'enseignement secondaire à l'université.
M. Daniel Laurent
a indiqué que l'institution d'un temps
partagé entre le lycée et l'université et la
création d'emplois " mixtes " pour certains professeurs
agrégés constituaient des solutions efficaces qui pouvaient
être aisément et rapidement mises en oeuvre.
Cette formule présente l'avantage de combiner pour l'orientation les
expériences respectives des professeurs des deux ordres d'enseignements
et de suppléer à la défaillance des organismes
d'information et d'orientation qui restent boudés par les lycéens.
Abordant le problème de la " secondarisation " des premiers
cycles universitaires, il a estimé que cette formule était
préférable à celle d'un recours massif aux seuls
enseignants vacataires qui sont appelés à pallier la
désaffection des enseignants titulaires à l'égard des
premiers cycles.
M. Ivan Renar
s'est demandé si la généralisation de
ces formules d'aménagement des rythmes universitaires, autorisées
par le principe de l'autonomie des universités, ne risquait pas
d'introduire un enseignement supérieur à plusieurs vitesses. Il a
également rappelé les efforts accomplis par certaines
régions en faveur de la recherche universitaire, ainsi que le poids
financier qu'avait représenté le transfert des lycées aux
régions.
M. Daniel Laurent
a souligné le caractère technique de ces
expériences, et le fait que celles-ci relevaient désormais d'un
ministère unique, compétent pour les enseignements scolaire et
supérieur.
Il a indiqué que la création de centres universitaires
régionalisés pourrait résulter d'initiatives locales et
que cette proposition ne préfigurait en rien une régionalisation
future de l'enseignement supérieur.
Il a remarqué que certaines régions seraient plus
inspirées d'investir dans les premiers cycles universitaires que dans la
recherche ou dans les cycles ultérieurs. Il a estimé qu'une
politique d'aménagement du territoire et de la formation professionnelle
dans l'enseignement supérieur se devait d'utiliser toutes les
possibilités de la formation en alternance, en particulier de
l'apprentissage, y compris en lettres et en sciences humaines dans les
troisièmes cycles, et devrait se traduire notamment par un
développement des stages en entreprise.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est demandé si la
période passée en entreprise serait, dans ce cas, validée
pour l'obtention des diplômes.
M. Daniel Laurent
a répondu par l'affirmative en soulignant que
la législation française sur l'apprentissage était
particulièrement avancée, alors que seulement 8.000
étudiants utilisent cette formule de formation en alternance : il a
estimé que 200.000 étudiants pourraient en
bénéficier et notamment ceux qui sont en dernière
année d'IUP ; dans le cas contraire, les écoles
supérieures de commerce risquent de monopoliser cette modalité de
la formation en alternance.
M. Jean-Pierre Camoin, co-rapporteur,
a rappelé la proposition
qui tendrait à créer un corps spécifique d'enseignants
dans l'enseignement secondaire, lequel serait chargé de l'information
des élèves sur l'orientation.
M. Daniel Laurent
a estimé qu'un tel corps risquerait de se
trouver dévalué et marginalisé par rapport aux autres
enseignants.
M. Adrien Gouteyron, président
, s'est interrogé sur une
généralisation éventuelle du découpage des DEUG en
semestres, et sur le profil des enseignants qui seraient appelés
à enseigner à temps partagé entre les lycées et les
premiers cycles universitaires.
M. Ivan Renar
s'est inquiété de la position des
enseignants des premiers cycles à l'égard de ces innovations et
d'une absence de liaison entre ces premiers cycles et la recherche
universitaire.
M. Daniel Laurent
a précisé qu'un consensus existait chez
les enseignants en faveur de ces expériences, que le semestre
était la norme internationale en matière de période de
formation universitaire, que ces premiers cycles expérimentaux devraient
pouvoir fonctionner avec une majorité d'agrégés permanents
du second degré, notamment en sciences et en lettres, avec un appui de
quelques enseignants-chercheurs. Il a par ailleurs estimé que le
discours tenu sur la nécessité de maintenir une activité
de recherche en premier cycle relevait de la langue de bois, et a
rappelé que le ministre actuel avait pris l'initiative de recourir aux
professeurs agrégés (PRAG) pour pourvoir aux besoins des premiers
cycles universitaires.
M. André Maman
a estimé qu'une valorisation des
enseignants supposait également une disponibilité à
l'égard des étudiants.
M. Adrien Gouteyron, président
, a demandé des
précisions sur les modalités du tutorat, sur les perspectives
d'évolution des effectifs à l'université de
Marne-la-Vallée et sur la mise en oeuvre du concept d'université
thématique qui a été introduit par le Sénat lors de
l'examen du projet de loi sur l'aménagement du territoire.
M. Henri Weber
s'est demandé s'il était envisageable
d'imposer une charge d'enseignement, même réduite, aux chercheurs.
Citant l'exemple de son département,
M. Jean-Pierre Camoin,
co-rapporteur,
a souligné la nécessité d'une
répartition géographique équilibrée des
établissements d'enseignement supérieur dans une perspective
d'aménagement du territoire.
Répondant à ces dernières interventions,
M. Daniel
Laurent
a apporté les précisions suivantes :
- la disponibilité des universitaires français à
l'égard de leurs étudiants est plus limitée qu'aux
États-Unis par exemple, du fait notamment de moyens d'accueil plus
réduits et de comportements de type " enseignement
secondaire ", les universités à taille humaine permettant
cependant aisément ces contacts directs ;
- le tutorat est organisé par groupes d'élèves et est
assuré par des étudiants suffisamment avancés dans leurs
études ;
- les effectifs de l'université de Marne-la-Vallée ne devraient
pas dépasser à terme 8.000 à 9.000 étudiants ;
- les délocalisations universitaires, lorsqu'elles ne sont pas
fondées sur l'excellence et la recherche, aboutissent souvent à
instituer un enseignement supérieur dévalué ;
- la réussite d'une délocalisation suppose, outre un projet et un
financement des constructions universitaires, une équipe enseignante de
haut niveau et une masse critique d'étudiants ;
- le concept d'université thématique est pertinent à
condition de rester l'exception, les établissements créés
devant nécessairement être animés par des équipes de
chercheurs.