4. L'amélioration de l'encadrement pédagogique des premiers cycles.
Afin de remédier aux insuffisances de l'encadrement
pédagogique des premiers cycles, qui a bien des égards n'est pas
digne d'un pays comme le nôtre, il apparaît nécessaire
d'utiliser toutes les ressources humaines et les compétences de notre
système d'enseignement.
Dans cette perspective, la mission préconisera un recours plus large aux
professeurs agrégés du secondaire, une redéfinition du
rôle des enseignants-chercheurs et un développement adapté
du monitorat.
a) Un recours souhaitable aux professeurs agrégés mais sous certaines conditions
Considérant que les professeurs du secondaire, et
notamment les agrégés s'acquittent à la satisfaction
générale de l'encadrement des élèves des
filières les plus sélectives, en particulier les classes
préparatoires aux grandes écoles, ainsi que les sections de
techniciens supérieurs qui relèvent des lycées, la mission
ne peut être que favorable à un plus large recours aux professeurs
agrégés dans les premiers cycles universitaires.
Du fait de leur expérience de l'enseignement secondaire, de leur
connaissance des élèves et de la qualité de leur
formation, ces enseignants ont une vocation naturelle à renforcer
l'encadrement des étudiants de premier cycle, sans bien entendu en avoir
le monopole.
L'affectation des enseignants du secondaire dans l'enseignement
supérieur est en effet de nature à faciliter la transition entre
ces deux ordres d'enseignement et leur apport peut être précieux
pour mieux coordonner les programmes et assurer une certaine transition dans
les méthodes de travail.
Si ce recours aux agrégés doit être
développé, il ne saurait être général et
devrait l'être sous certaines conditions. Son développement est
ainsi souhaitable dans les disciplines technologiques, comme il l'est dans les
IUT et les IUP (le tiers des enseignants), dans la perspective d'un essor des
enseignements professionnalisés.
Il l'est également dans les disciplines non dominantes, comme
l'informatique et les langues étrangères.
Il peut l'être aussi dans certaines disciplines dominantes de premier
cycle à la condition que ces personnels présentent un profil de
recherche adapté à la vocation des études universitaires
qui n'est pas celle des classes préparatoires, notamment en lettres et
sciences humaines où la formation générale donnée
par l'agrégation peut être préférable à la
formation plus spécialisée des docteurs (étant
rappelé que 90 % des maîtres de conférence sont
à la fois agrégés et docteurs dans ces disciplines et que
les meilleurs étudiants de maîtrise s'orientent souvent vers
l'agrégation plutôt que vers le DEA).
Au total, le développement du recours aux professeurs
agrégés ayant une expérience du lycée dans les
premiers cycles peut se révéler bénéfique en
facilitant le difficile passage du lycée à l'université et
en permettant de remettre à niveau certains bacheliers qui n'auraient
pas acquis toutes les bases nécessaires pour suivre des études
supérieures.
La mission d'information considère donc que les nouveaux
étudiants devraient bénéficier des méthodes
pédagogiques qui ont fait leurs preuves dans l'enseignement secondaire
et dans les classes préparatoires et propose en conséquence de
développer le recours aux professeurs agrégés dans les
premiers cycles afin de pourvoir notamment aux besoins d'encadrement des
disciplines non dominantes de chaque filière, aux enseignements
technologiques, et aux besoins spécifiques de certaines disciplines
dominantes comme les lettres et les sciences humaines.
Par ailleurs, la mission serait favorable à la création d'un
service d'agrégé doctorant qui pourrait être accordé
aux professeurs agrégés s'engageant à préparer une
thèse, et qui leur permettrait de bénéficier d'un
allégement de service (192 heures au lieu de 384 heures par an).
Enfin, si le recours aux professeurs agrégés dans l'enseignement
supérieur ne doit pas conduire à dépouiller l'enseignement
secondaire, et notamment les classes préparatoires de ses meilleurs
éléments, il devrait également s'accompagner du
développement de la formule d'un service partagé entre les deux
ordres d'enseignement, et de la constitution d'équipes enseignantes
mixtes lycée-université.