b) Les inconvénients d'une secondarisation des premiers cycles
Il convient d'abord de remarquer que la création de
collèges universitaires conduirait d'abord à casser
artificiellement l'organisation des premiers cycles pour réduire leur
taux d'échec et la méthode préconisée peut
être comparée à celle qui a été
développée dans le secteur bancaire pour améliorer la
présentation du bilan de certains établissements, en cantonnant
certains de leurs actifs dans des structures ad hoc.
En premier lieu, l'organisation de collèges universitaires conduiraient
à déconnecter les premiers cycles de l'activité de
recherche qui est consubstantielle à l'enseignement supérieur et
de secondariser ces derniers.
Même si la recherche universitaire ne joue qu'un rôle limité
dans les premiers cycles, la mission considère qu'il importe de la
maintenir, voire de la développer, et estime qu'une présence
minimale d'enseignants-chercheurs est indispensable pour diriger et animer les
enseignements, même si ceux-ci sont assurés pour partie par des
professeurs agrégés du secondaire, voire des professeurs
certifiés.
En second lieu, ces collèges universitaires, qui seraient
créés en fonction des besoins des entreprises locales, risquent
de ne dispenser que des formations de proximité et des qualifications
trop pointues qui se prêteront mal à l'évolution rapide des
qualifications et des métiers et constitueront ainsi un obstacle
à la reconversion future de leurs diplômés.
Par ailleurs, cette déconnexion des collèges du système
universitaire risquerait d'enfermer les bacheliers technologiques et
professionnels dans des " formations-ghettos " se prêtant
difficilement à l'établissement de passerelles avec les
véritables filières supérieures et à la reprise
ultérieure d'études.
Enfin, ces nouvelles formations feraient double emploi avec les IUT et les STS
qui ont été créés à l'origine pour
accueillir les bacheliers technologiques.
En conséquence, la mission ne peut qu'être hostile à la
création de tels collèges qui s'éloigneraient trop de la
nature des premiers cycles universitaires et qui s'ajouteraient à des
structures existantes créées pour accueillir les bacheliers
concernés.
Elle serait également défavorable à une nouvelle
organisation systématique des premiers cycles qui se traduirait par une
réactivation des anciennes classes de propédeutique et qui
conduirait à prolonger de deux ans la scolarité des
lycéens, ainsi qu'à décaler de fait l'obtention du
véritable baccalauréat donnant accès à
l'enseignement supérieur.
Elle serait en revanche favorable à une plus grande diversification des
premiers cycles et à un élargissement de la palette des
formations offertes aux étudiants qui pourraient être
adaptées au contexte économique local et régional. Cette
diversification devrait cependant se concilier avec une simplification de
l'organisation des DEUG autour de quelques grandes filières.
De nouvelles formations courtes à bac + 1 ou + 2,
conservant un caractère universitaire pourraient ainsi être
proposées, soit aux nouveaux étudiants convenablement
informés des caractéristiques de ces nouvelles filières,
soit à ceux qui se sont fourvoyés dans les DEUG.