2. Un deuxième préalable : le refus de la secondarisation des premiers cycles
a) Une tentation récurrente : créer une structure de cantonnement des populations étudiantes en difficulté
A côté de la sélection, l'échec
universitaire en premier cycle pourrait selon certains être radicalement
réduit en dirigeant les étudiants en difficulté des
filières générales (certains bacheliers technologiques et
la plupart des bacheliers professionnels) vers des structures d'accueil courtes
et non sélectives qui dispenseraient des formations adaptées aux
besoins de l'économie locale et régionale.
Cette tentation récurrente présenterait évidemment
l'avantage de cantonner ces étudiants mal préparés
à suivre des études abstraites et générales dans
des structures qui ne relèveraient plus directement de
l'université et par-là même d'améliorer
spectaculairement le taux de réussite dans les premiers cycles
universitaires.
Cette proposition n'apparaît nullement extrémiste puisqu'elle est
préconisée par exemple par la commission
Fauroux qui
recommande que de nouvelles formations technologiques courtes non
sélectives soient créées, en souhaitant cependant que les
IUT soient appelés à ouvrir plus largement leurs portes.
Dans le même sens, M. Daniel Laurent proposait dans son rapport de
créer des instituts universitaires régionalisés permettant
de développer des solutions alternatives à
l'université ; dans son esprit, ces formations courtes devraient
être de bon niveau et suffisamment attractives pour les
intéressés. Elles résulteraient d'initiatives locales et
pourraient être définies notamment en liaison avec les
organisations consulaires.
Enfin, des personnalités éminentes, comme M. Laurent Schwartz,
préconisent également la création de collèges ou
d'instituts universitaires de premier cycle, relevant de l'université,
et qui seraient susceptibles d'offrir un éventail de disciplines
suffisamment large (droit, lettres, sciences, ...) dans chaque ville
universitaire pour accueillir sans sélection notamment les
étudiants de premier cycle actuellement en situation d'échec : le
diplôme qui y serait préparé s'écarterait de la
finalité actuelle du DEUG qui est de préparer les
étudiants à des études longues et son programme serait
allégé et orienté vers une formation plus
appliquée. Dans le même temps, l'ancien DEUG serait rendu plus
sélectif et plus axé vers les disciplines fondamentales pour les
étudiants qui sont susceptibles de poursuivre avec succès des
études longues, des passerelles pouvant cependant être
créées avec le DEUG de collège.
Ces propositions convergentes peuvent apparaître séduisantes au
premier examen : elles permettraient évidemment d'améliorer le
taux de réussite dans les premiers cycles, mais aussi en licence et en
maîtrise et elles s'inspirent par ailleurs du système
américain qui apparaît particulièrement démocratique
puisqu'il prévoit des formations de rattrapage notamment pour les
élèves du secondaire dont le niveau est très faible.
Par ailleurs, ce système qui fonctionnerait principalement avec des
personnels enseignants de l'enseignement secondaire, certifiés et
agrégés, serait moins coûteux que celui des premiers
cycles, puisque les charges d'enseignement des professeurs de lycée sont
moins lourdes que celles des professeurs d'université.
Même si une certaine " secondarisation " des premiers
cycles a
la faveur d'une partie de l'opinion, du fait notamment d'un meilleur
encadrement qui contribuerait à améliorer les taux de
réussite, la mission d'information considère que les
inconvénients d'une telle formule l'emporteraient sur les avantages
attendus.