B. UNE MEILLEURE ARTICULATION ENTRE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Les développements qui précèdent ont
évoqué les difficultés rencontrées par les
bacheliers pour passer du lycée à l'université, et la
plupart des interlocuteurs de la mission ont souligné la
nécessité de réduire la rupture ressentie par de nombreux
lycéens, existant entre l'enseignement secondaire et supérieur.
Cette rupture qui résulte pour l'essentiel de deux conceptions du
savoir, du passage d'un " savoir que l'on reçoit " à un
" savoir que l'on construit " explique pour une large part
les taux
d'échec constatés dans les premiers cycles universitaires.
Ce passage est rendu particulièrement difficile pour nombre de
bacheliers non généraux qui passent du
" sur-encadrement " du lycée à une liberté sans
doute excessive, d'un enseignement de type scolaire à une formation qui
fait la part belle au travail personnel, d'un système d'études
focalisées sur le seul baccalauréat à une filière
supérieure choisie qui devra nécessairement déboucher un
jour sur un métier...
Dans la perspective d'une meilleure articulation entre le second cycle du
secondaire et les premiers cycles du supérieur, il importe de donner
à la fonction d'orientation toute sa dimension, de solliciter les
compétences de tous les enseignants concernés, de coordonner
l'action des différents personnels chargés de l'orientation des
élèves et des lycéens, d'améliorer leur information
en les éclairant et en prenant davantage en compte leurs souhaits
d'orientation.
1. La mise en oeuvre d'un processus continu d'orientation par l'éducation aux choix
Au lieu d'apparaître comme la sanction de l'échec
scolaire, l'orientation doit devenir un processus continu du début de la
scolarité jusqu'à l'université, une partie
intégrante du processus éducatif et emprunter la forme de cours
spécifiques qui doivent impliquer l'ensemble de l'équipe
éducative.
Les élèves et les étudiants devront, ainsi
désormais être reconnus comme des responsables directs de leur
orientation et non plus subir les décisions des divers personnels
chargés de l'orientation qui ont trop tendance, dans un enseignement
désormais massifié, à opérer un tri entre des
populations scolarisées souvent dépourvues de tout projet
personnel.
Cette exigence, qui n'est pas nouvelle, a été affirmée par
le législateur et le gouvernement au cours des années
récentes, mais sa mise en oeuvre en est restée au stade de
l'expérimentation.
a) Un principe fixé par la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 : un projet d'orientation élaboré par les élèves et les étudiants
La thématique de l'orientation joue traditionnellement
un rôle primordial dans l'organisation scolaire : les cycles
d'observation, d'orientation, de détermination et
" terminaux " des collèges et des lycées
témoignent ainsi de l'importance des opérations d'orientation
dans le parcours des élèves.
La loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 place
l'élève au centre du système éducatif,
prévoit que chaque jeune construit progressivement l'orientation que le
lycée lui permet de réaliser et consacre le rôle de
l'élève dans son orientation.
D'après son article premier, " les élèves et les
étudiants élaborent leur projet d'orientation scolaire,
universitaire et professionnelle en fonction de leurs aspirations et de leurs
capacités avec l'aide des parents, des enseignants, des personnels
d'orientation et des professionnels compétents. Les administrations
concernées, les collectivités territoriales, les entreprises et
les associations y contribuent ".
En dépit de l'affirmation de ce principe et d'une nouvelle organisation
des études au lycée tendant à rééquilibrer
les séries, l'orientation se réduit encore pour l'essentiel en
une " distillation fractionnée " des populations scolaires,
comme le remarque le rapport Fauroux : si les inégalités sociales
n'empêchent plus d'accéder à l'école, elles se
traduisent désormais par une affectation autoritaire dans certains
parcours scolaires lorsque les familles ne sont pas en mesure d'élaborer
une véritable stratégie d'orientation.
L'école, et notamment l'enseignement secondaire, doit désormais
apprendre à ses élèves à s'orienter et à
définir un projet personnel, qui passe nécessairement par le
développement d'une véritable éducation au choix selon des
modalités qui ont été précisées
solennellement dans le nouveau contrat pour l'école.