2. UN BESOIN RÉEL DE REMISE À NIVEAU

Dans son rapport 1993 sur la sûreté nucléaire au CEA, F. COGNE écrivait à propos des stations de traitement des effluents et des déchets : "l'exploitation de ces stations est essentielle dans l'application de la stratégie du CEA vis-à-vis du traitement des déchets et effluents et du plan d'assainissement correspondant". Elle est également essentielle dans la détermination que doit afficher tout exploitant nucléaire vis-à-vis de la notion de qualité d'exploitation. Les lignes d'action du CEA en la matière sont au nombre de deux.

2.1 La spécialisation des unités de traitement

Le CEA a entrepris depuis quelques années une politique de redéploiement de ses activités entre les différents centres répartis sur le territoire national. Les centres situés au plus près des zones urbaines sont progressivement « dénucléarisés » (Fontenay-aux-Roses, Grenoble), les moyens proprement nucléaires se concentrent désormais sur les sites de Saclay et Cadarache (pour le nucléaire civil).

Parallèlement les stations de traitement des effluents voient les conséquences de ces réorganisations. Les stations de Fontenay et Grenoble sont arrêtées (subsistent en revanche dans ces deux centres des incinérateurs de déchets radioactifs). Les stations de Cadarache et Saclay se répartissent plus ou moins les traitements en fonction de la nature de la radioactivité contenue : Cadarache doit se spécialiser peu à peu dans les déchets a (surtout pour les déchets solides) alors que Saclay « construit » progressivement un ensemble â-ã.

L'ensemble â-ã de Saclay comprend la STE décrite précédemment ainsi que l'ADEC (Atelier de Décontamination, Expertise et Conditionnement des Déchets solides) qui est une ICPE et l'INB 72, zone de gestion des déchets solides. L'INB 72 est formée de quatre bâtiments, qui assurent les fonctions suivantes : 1/ tri (déchets de haute activité) et compactage (facteur de compression en volume = 3) ; 2/ préparation à l'entreposage des sources radioactives ; 3/ mise en coques béton (démarrage au 1 er juillet 1995) ; 4/ entreposage des fûts actifs avant envoi à Cadarache, au Centre de Stockage de l'Aube ou ailleurs.

C'est dans l'INB 72 que seront entreposées de nombreuses sources radioactives fabriquées par le CEA et récupérées après usage : sources de radium, de cobalt et de césium. Certaines y attendront un destin encore obscur.

2.2 La modernisation technique

L'ensemble â-ã de Saclay a commencé une cure de jouvence étalée sur la période 1993-1997, qui, pour un coût total de 120 MF environ, concerne la mise à niveau des installations et la mise en place de méthodes de tri et de conditionnement plus performantes afin de réduire les volumes générés. En 1993 et 1994 l'essentiel des efforts a porté sur la remise en fonctionnement de l'installation de bitumage suite à l'incendie de bitume d'octobre 1992.

Les entreposages modernes de la station sont constitués d'une cuve placée dans un cuvelage de rétention d'une capacité au moins égale à celle de la cuve. Le point pas du cuvelage est équipé d'une détection de présence de liquide qui déclencherait une alarme si la cuve venait à fuir. L'ensemble cuve-cuvelage conserverait son étanchéité le temps nécessaire à sa vidange. Les détections de présence de liquide sont vérifiées régulièrement.

Diverses actions de rénovation visent ou ont visé les entreposages de la STE les plus anciens ou bien la mise en place de procédés complémentaires. Il s'agit essentiellement de :

- la construction de TC 3, cuve de traitement chimique des concentrats avant enrobage bitumineux ; TC 3 permettra le doublement des flux de traitement ; la cuve a reçu son premier concentrat en octobre 1995 ;

- la rénovation des entreposage MA 500 : elle concerne un ensemble de 7 cuves de 50 m 3 unitaires, situées dans des fosses de béton enterrées ; les cuves doivent être extraites pour expertise, et selon leur état, réutilisées ou remplacées ; les fosses en béton seront doublées d'une peau inox étanche qui servira de rétention en cas de fuite de la cuve ; les accessoires (mesure du niveau, brassage, détection de liquide en fosse...) seront neufs ;

- « RÉSERVOIR » : il s'agit d'un projet de construction d'entreposage de 300 m 3 de concentrats aqueux de moyenne activité (6 cuves de 50 m 3 ) et d'un entreposage de 30 m 3 de liquides organiques (1 cuve de 15 m 3 pour les effluents chlorés et 3 cuves de 5 m 3 pour des effluents non chlorés) ; le chantier a commencé en septembre 1995 et l'entreposage « RÉSERVOIR » devrait recevoir les premiers effluents radioactifs vers la fin de l'année 1996.

La sûreté des installations, la sécurité des personnes et de l'environnement nécessitent un effort constant. Le CEA semble s'être engagé résolument dans une politique de qualité qui ne concerne pas seulement l'excellence de la recherche - ce pour quoi il doit surtout rendre des comptes à ses ministères de tutelle - mais aussi la pratique quotidienne des activités nucléaires, y compris la bonne gestion des déchets de toutes sortes.

Il est vrai que les actions à engager dans ces domaines peuvent paraître moins valorisantes, moins enthousiasmantes que la poursuite de travaux de recherche. Il est du ressort de chacun, à commencer par la haute hiérarchie, de veiller à ce que ces exigences soient prises en compte même dans « la routine ».

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