Introduction par Dominique
Vérien,
présidente de la délégation aux droits
des femmes
Chers collègues,
Chères lauréates et cher lauréat,
Mesdames et Messieurs, c'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Palais du Luxembourg pour la sixième cérémonie de remise du Prix de la délégation aux droits des femmes du Sénat, ma première en tant que présidente de la délégation.
Ce prix a été créé en 2019 par notre ancienne présidente Annick Billon à l'occasion du vingtième anniversaire de la délégation. Il vise à affirmer notre considération, et celle du Sénat tout entier, à l'égard d'actrices et d'acteurs de la lutte pour les droits des femmes et l'égalité entre les femmes et les hommes, sans qui aucun progrès dans ce domaine ne serait possible. Chaque année, nous honorons des personnalités qui ont enrichi et éclairé nos travaux par leur réflexion et leur engagement.
Comme toujours, nos travaux ont été riches cette année. Au cours de l'année écoulée, nous avons travaillé sur divers sujets, notamment les familles monoparentales - nous venons d'ailleurs de remettre notre rapport sur le sujet à la ministre chargée de la famille et de la petite enfance, Agnès Canayer -, la place des femmes dans l'intelligence artificielle, qui préfigure notre futur travail sur les femmes dans les sciences, les femmes sans abri - sujet de notre dernier rapport, tout juste publié -, la constitutionnalisation de l'accès à l'avortement, les violences sexistes et sexuelles dans les armées ou le cinéma, ou encore l'excision.
Pour l'édition 2024 du Prix de la délégation, nous avons choisi de distinguer des personnalités et une association autour de trois thématiques essentielles, à commencer par la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans toutes leurs dimensions et dans tous les domaines de la société. Ce combat est inscrit dans l'ADN de notre délégation.
L'audition de Judith Godrèche en février dernier nous a particulièrement marqués. À l'occasion de son témoignage et de son appel à une meilleure protection des mineurs sur les plateaux de tournage, nous nous étions engagés à ne pas l'avoir oubliée six mois plus tard. Nous avons tenu parole. Lui remettre notre prix signifie que nous continuons le combat et que nous le poursuivrons tant que nous n'aurons pas obtenu la mise en place d'une protection efficace des victimes.
Malheureusement, Judith Godrèche nous a fait savoir en fin de matinée qu'elle était souffrante et ne pourrait donc pas être présente à notre cérémonie. Nous lui ferons parvenir son prix ultérieurement.
L'accès à l'avortement constitue le deuxième axe majeur de nos travaux. La constitutionnalisation de l'IVG, c'est à dire la liberté des femmes de disposer de leur corps, cinquante ans après l'adoption de la loi Veil, a marqué un nouveau chapitre dans l'histoire des droits des femmes.
C'est cette avancée forte que nous saluons en remettant le prix de la délégation à deux personnalités qui ont nourri nos argumentaires, par les analyses et les témoignages qu'ils ont partagés avec nous : Neil Datta, directeur exécutif du Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF), ainsi que Maître Sandra Vizzavona, auteure du livre Interruption, l'avortement par celles qui l'ont vécu, adapté au théâtre, pièce que nous sommes allés voir en délégation.
Enfin, notre principal rapport de cette année, publié au début du mois, a porté sur les femmes sans domicile et sans abri, ces femmes invisibles, « face cachée de la rue », exposées à toutes les violences.
Pour notre palmarès 2024, nous avons tenu à saluer l'important travail accompli par les salariés et les bénévoles d'associations, les médecins, les travailleurs sociaux, les écoutants du 115 et l'ensemble des personnes qui accueillent et accompagnent ces femmes.
Je suis donc très heureuse de remettre notre prix au Docteur Aurélie Tinland, psychiatre à l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (APHM), chercheuse en santé publique et responsable de l'équipe mobile psychiatrie précarité Marss (Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et social), qui intervient auprès des personnes sans abri de Marseille, ainsi qu'au Samusocial de Paris pour ses multiples actions en faveur des femmes sans domicile.
Chères lauréates, cher lauréat, vos engagements, vos combats et vos actions concrètes incarnent les valeurs que notre délégation s'efforce de défendre quotidiennement. En vous honorant aujourd'hui, nous souhaitons rappeler que la lutte pour les droits des femmes et l'égalité entre les femmes et les hommes n'est jamais terminée. C'est un combat constant, que nous devons mener ensemble, sans relâche.
Nous vous exprimons aujourd'hui toute notre gratitude pour l'exemple que vous donnez et les pistes de travail que vous partagez avec nous, parlementaires. Merci à vous, et félicitations pour cette reconnaissance plus que méritée.
C'est avec fierté et émotion que je vais maintenant procéder à la remise du prix de la délégation aux lauréates et lauréat de la promotion 2024.
J'invite dans un premier temps notre seul lauréat - puisque nous récompenserons ensuite des lauréates -, Neil Datta, à me rejoindre. Je ne remettrai pas ce prix seule : j'invite mes collègues Sylvie Valente Le Hir et Laurence Rossignol, qui avaient animé nos tables rondes consacrées à l'accès à l'avortement dans le monde en novembre dernier, à me rejoindre.