Remise du prix de la
délégation
à Neil Datta
Cher Neil,
Vous êtes depuis plus de vingt ans le directeur exécutif du Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs, et, à ce titre, un spécialiste reconnu des mouvements anti-IVG dans le monde. On ne le sait pas nécessairement, mais l'EPF a été fondé au Sénat au début des années 2000, à l'initiative de notre regretté collègue, Lucien Neuwirth.
Je suis ravie de vous retrouver ici aujourd'hui, car nous nous connaissons bien maintenant. Vous êtes un grand connaisseur de l'architecture politique et financière globale des mouvements anti-IVG et de leur impact sur l'accès à l'avortement dans le monde. Votre analyse des stratégies développées par ces mouvements, très organisés au plan international, avait été particulièrement éclairante pour notre délégation lors du colloque organisé le 23 novembre dernier, consacré à l'accès à l'IVG dans le monde, en amont de la constitutionnalisation par la France du droit à l'IVG.
Cette analyse nous avait rappelé qu'en matière de protection du droit des femmes à disposer de leur corps, une vigilance de tous les instants est indispensable.
Vous aviez notamment souligné la nouvelle organisation des contestations de l'IVG au niveau international, émanant d'acteurs tels que des ONG, des think tanks ou des partis politiques nouvellement créés, avec un champ d'action élargi à la santé sexuelle et reproductive.
En effet, il ne faut pas s'y tromper, ces mouvements ne luttent pas uniquement contre le droit à l'avortement, ils militent également contre toute forme de contraception, contre la procréation médicalement assistée et contre l'éducation des enfants à la vie sexuelle et affective. J'en profite pour excuser l'absence de Salima Saa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, qui rencontrait la ministre de l'éducation nationale pour lui parler, entre autres, des trois séances annuelles d'éducation à la vie affective et sexuelle. Je l'excuse d'autant plus volontiers que la cause en vaut véritablement la peine.
Vous nous aviez également alertés sur la professionnalisation de ces organisations, qui maîtrisent parfaitement le fonctionnement des institutions nationales comme internationales.
Enfin, vous aviez mis au jour l'explosion des moyens financiers de ces mouvements, passés, en Europe, de moins de 20 millions de dollars par an au début des années 2010 à environ 130 millions de dollars par an aujourd'hui.
Par vos analyses, enquêtes et rapports de grande qualité, vous êtes un acteur incontournable de la lutte pour l'accès aux droits sexuels et reproductifs des femmes en Europe. Vous avez constitué un appui précieux dans notre combat pour la constitutionnalisation de la liberté des femmes à recourir à l'IVG.
Cher Neil Datta, je laisse nos rapporteures vous remettre le prix de la délégation aux droits des femmes du Sénat.
[Applaudissements dans la salle.]