B. NE PAS RÉFORMER LA POLICE CONTRE LA POLICE ET PRENDRE LE TEMPS D'ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT : LA VOIE DU MORATOIRE

La généralisation des directions départementales de la police nationale d'ici à la fin de l'année 2023 n'est aujourd'hui ni réaliste ni raisonnable : les conditions ne sont pas réunies pour conduire sereinement la réforme dans le respect du calendrier annoncé par le ministre de l'intérieur le 14 février 2023.

Ainsi, les expérimentations lancées dans l'hexagone sont trop limitées pour pouvoir tirer de réelles conclusions, la généralisation se heurte à des obstacles structurels qui ne pourront être surmontés dans les temps , en particulier en matière de regroupements immobiliers, de mise à niveaux des outils numériques et d'édiction des mesures règlementaires d'application. En outre, l' acceptabilité de la réforme par les personnels suppose de ne pas agir dans la précipitation. Aujourd'hui, force est de constater que le climat social dégradé est peu propice au lancement d'une transformation de cette envergure.

Plus encore, la France va accueillir d'ici 2024 un nombre inédit d'évènements de portée internationale . Généraliser les DDPN avant ces échéances apparaît à la fois précipité - car le projet est objectivement inabouti - et imprudent - dans la mesure où la désorganisation des forces de sécurité qui pourrait en découler ferait peser un risque majeur sur la sécurité de ces évènements.

Sans remettre en cause le bien-fondé de la réforme et ses gains potentiels, il est donc impératif de la soumettre à un moratoire jusqu'à la fin des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

D'ici cette date, plusieurs chantiers sont à mener . Il convient, d'une part, de lancer de véritables préfigurations - et non plus des expérimentations - dans l'Hexagone en sortant de la contrainte du droit constant. Il est nécessaire, d'autre part, d'avancer en temps masqué pour poser les jalons indispensables à la réussite de la réforme. Ni la modification de près de 180 textes règlementaires, ni la mise en cohérence de l'architecture numérique des applications de la police nationale avec sa nouvelle organisation, ni la mise en place de regroupements immobiliers ne peuvent se faire du jour au lendemain.

Afin de ne pas reproduire les erreurs passées, il s'agirait également de profiter de ce délai pour conduire une concertation continue et sincère , tant au niveau local que national, tant auprès des policiers que des magistrats.

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