II. RENOUER LES FILS DU DIALOGUE
Comme plusieurs élus locaux entendus par la mission, en tant que tels ou dans le cadre de leurs autres responsabilités associatives, la mission souhaite proposer quelques voies pour renouer le dialogue au-delà d'en affirmer le principe.
Il s'agit à la fois de prendre au sérieux les incidents et conflits autour de la chasse et de créer des lieux et des outils pour que les chasseurs et les autres pratiquants de la nature se parlent et collaborent en vue des mêmes objectifs.
A. PRENDRE AU SÉRIEUX, OBJECTIVER ET TRAITER LES CONFLITS
Le collectif « Un jour un chasseur » et ses outils sur les réseaux sociaux se présentent comme un « MeToo » de la chasse par référence à la campagne contre les violences et les agressions sexuelles.
D'autres associations comme l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) ou le Mouvement des ruraux en colère ont ouvert sur la toile des espaces de parole pour recueillir des témoignages sur des incidents ou des conflits.
Ces recueils donnent une visibilité à des délits, à des conflits ou à des ressentiments de natures très variées. Parfois, il s'agit d'exprimer la peur que provoque la chasse ou la sensibilité de personnes choquées par le fait de tuer des animaux sauvages.
Mais ces démarches devraient être réalisées dans un cadre plus rigoureux . Pour les décrédibiliser, des chasseurs, à commencer par la FNC, ont déposé de faux témoignages qui n'ont pas été détectés, comme Willy Schraen l'a indiqué lors de son audition à propos d'Un jour un chasseur.
Par ailleurs, lors de son audition, l'association Animal Cross a indiqué avoir fait réaliser un sondage 75 ( * ) dont il ressort que 38 % de la population générale auraient été confrontés directement ou indirectement à une situation d'insécurité liée à la chasse (41 % en zone rurale) au cours d'une promenade, d'un trajet en voiture ou à cause de tirs. Il peut aussi s'agir de craintes pour son animal de compagnie.
L'association One Voice a également partagé les résultats de l'enquête d'opinion réalisée à l'automne 2021 76 ( * ) . 83 % des personnes interrogées estiment que la chasse pose des problèmes de sécurité pour les promeneurs lors de balades dans la nature. 76 % disent éviter de se promener en forêt ou dans certaines zones par peur d'un accident de chasse, et 75 % sont inquiets de la présence de chasseurs lors de promenades en forêt.
Le Mouvement des ruraux en colère a, de son côté, souligné l'insuffisante prise en compte des non-chasseurs qui sont très majoritaires dans les campagnes et a indiqué avoir apporté son soutien à la pétition « Chasse - Les cavaliers ne veulent plus avoir peur » qui a recueilli plus de 56 000 signatures.
La mission pense qu'il est de l'intérêt même des chasseurs d'améliorer leur image, de corriger des attitudes indésirables et de les sanctionner si elles sont avérées.
Toutefois, cet examen ne pourra avoir lieu que sur la base de faits circonstanciés et non d'affirmations peu documentées. De fait, plusieurs fédérations de sports de nature ont souligné le très faible nombre de difficultés qui leur est remonté.
Il est également souhaitable, comme cela a déjà été indiqué, qu'au-delà des conflits d'usage, les incidents, c'est-à-dire les tirs sur les bâtiments, les véhicules ou des animaux domestiques ou d'élevage, remontent systématiquement.
Or, comme la mission l'a souligné, les différents services ne peuvent, faute d'outils de recueil approprié, quantifier et qualifier ces incidents ou ces conflits autour de la chasse .
La mission note également que la FNC a mis en place, en septembre 2020, une plateforme internet de signalement des actes malveillants contre la chasse et les chasseurs.
La mission suggère que l'OFB mette en place une plateforme de recueil des conflits d'usage et d'incidents qui serait une forme de main courante, ne remplaçant pas le dépôt de plainte, mais permettant de les répertorier, de les objectiver et de les traiter dans le cadre du réseau sécurité à la chasse.
Proposition n° 29 : Créer une plateforme de recueil des incidents et conflits d'usage liés à la chasse sous la responsabilité de l'OFB.
* 75 YouGov réalisé du 12 au 14 janvier 2022 auprès de 2 008 personnes de plus de 18 ans.
* 76 Ipsos, réalisé du 3 au 6 septembre 2021 auprès de 1 079 personnes de 16 à 75 ans par internet.