B. UNE PROTECTION DES BIENS ET DES PERSONNES SOUS-DIMENSIONNÉE
Le 28 mai, la sécurité des supporters et la protection des biens ont été assurées de manière insuffisante . Le préfet de police, lors de son audition, a estimé que les scènes de chaos décrites par les supporters du fait de la délinquance subie étaient dues à la nécessité de lever le filtrage , permettant à « 300 à 400 individus » « indésirables » de s'introduire sur le parvis, « le dispositif ne présentant plus l'étanchéité suffisante ni la capacité dissuasive nécessaire pour empêcher ces vols ».
Mais, ainsi qu'en a notamment témoigné le maire de la métropole de Liverpool, les actes de délinquance ont commencé en amont du filtrage . Les caméras de surveillance ont même permis à certaines des personnes présentes dans le PC de sécurité du stade de constater l'action des pickpockets et autres voleurs à la tire. Or, les effectifs de sécurité présents, très majoritairement dédiés au dispositif antiterroriste, n'ont pu intervenir pour mettre fin à ces actes. Une fois les délinquants présents sur le parvis, leur évacuation a été particulièrement difficile et lente, n'intervenant qu'après le début du match. « À l'évidence - c'est du moins le sentiment que j'ai -, a indiqué le préfet de police, le groupe de ces "indésirables " (...) ne s'est pas dispersé et est resté aux alentours, dans la périphérie du stade », causant d'autres atteintes aux personnes et aux biens à la sortie du match et jusqu'aux abords des stations.
Or la présence de ces délinquants, bien que d'une ampleur apparemment inédite, était prévisible. Dans les jours précédant l'événement, les personnels du Stade de France et le maire de Saint-Denis ont fait part d'une effervescence inhabituelle autour du match et de l'enceinte . Ces observations n'ont cependant pas conduit, semble-t-il, à une alerte de la part du renseignement territorial. Les effectifs destinés à lutter contre la délinquance étaient donc sous-dimensionnés et n'ont pas été abondés de manière suffisante , malgré de multiples intrusions et vols à compter de la mi-journée le 28 mai. La FFF a notamment décrit une intrusion violente dans les bureaux affectés à l'UEFA, dans le but de s'approprier des titres d'accès au match , événements qui ont conduit à une première mobilisation des forces de police. Le rapport du Diges fait état de 209 effectifs de police déployés autour du Stade pour lutter contre la criminalité le 28 mai, soit 47 de plus que lors de la finale de la Coupe de France le 7 mai. Lors du match France-Danemark du 2 juin, c'est 650 effectifs de police, soit plus de trois fois plus d'agents , qui avaient été mobilisés pour lutter contre la délinquance.
La prise en compte de la situation de terrain a été insuffisante en amont des événements et l'adaptation trop lente. Il apparaît que les compétences du préfet de Seine-Saint-Denis et de ses services auraient gagné à être davantage sollicitées .
Le dispositif de sécurité mis en place autour du Stade de France devait répondre à trois objectifs : prévenir le risque terroriste, maintenir l'ordre, assurer la sécurité publique. De ces trois objectifs le troisième a été négligé tandis que la mise en oeuvre des deux premiers s'est avérée inadaptée et a été la cause d'une part des violences subies par les supporters.