B. ACCOMPAGNER LES CARRIÈRES DANS LA DURÉE
La délégation estime qu'un accompagnement dans la durée des carrières des femmes de la haute fonction publique est nécessaire, notamment à la période charnière du milieu de carrière lorsque les considérations de vie personnelle et familiale peuvent influer sur leurs choix professionnels.
Lors de la table ronde de la délégation le 24 février 2022, la ministre Amélie de Montchalin a présenté les résultats d'une consultation menée par le ministère de la transformation et de la fonction publiques auprès de 12 000 hauts fonctionnaires. Il ressort notamment des 7 000 réponses à cette consultation que :
- la plus forte préoccupation des femmes occupant des postes de direction porte sur l' équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle , ainsi que sur la qualité de vie au travail ;
- le deuxième axe fort des résultats de la consultation réside dans le souhait d'un accompagnement renforcé des parcours de carrière , notamment dans les mobilités, changements de poste ou de ministère, et tout ce qui concourt à la capacité d'accéder à des responsabilités plus importantes. Les attentes sont relatives à un accompagnement tant professionnel qu'extra-professionnel : aide au déménagement, accompagnement du conjoint dans sa recherche d'emploi en cas de mobilité géographique, transparence des opportunités et publication des postes, outils de RH adaptés - dont les femmes sont jusqu'à présent moins bénéficiaires.
Recommandation n° 8 : prévoir un accompagnement renforcé des parcours de carrière des femmes de la haute fonction publique.
C. CONSTRUIRE UNE VÉRITABLE POLITIQUE TRANSPARENTE DES RESSOURCES HUMAINES DANS LA FONCTION PUBLIQUE
La délégation estime que la mise en oeuvre d'une véritable politique des ressources humaines dans la fonction publique, transparente et orientée vers le renforcement de la place des femmes dans l'encadrement supérieur, est aujourd'hui indispensable, comme l'avait d'ailleurs reconnu la ministre Amélie de Montchalin lors de la table ronde du 24 février 2022.
Il s'agirait de renforcer la transparence sur les nominations, les critères d'attribution des postes, les objectifs poursuivis avec, par exemple, la mise en place systématique de jurys de recrutement, si possible paritaires, et de diffuser le plus largement possible, notamment au sein des réseaux féminins de la haute fonction publique, la liste des postes d'encadrement supérieur à pourvoir.
Nathalie Pilhes, présidente de l'association Administration moderne , a ainsi indiqué devant la délégation : « parmi les obstacles auxquels nous sommes confrontés figure un manque très important de transparence , tant dans les résultats de nos organisations publiques que dans les différentes étapes franchies dans les parcours de carrière des femmes. Les parcours des hauts fonctionnaires vers des postes de direction et des postes de dirigeants ont été conçus par des hommes et pour des hommes . Il est primordial de remettre sur le métier l'étude de ces parcours professionnels. Plus que la question d'un certain nombre de passages obligés, tels que le passage en cabinet, la question de la mobilité pour l'ensemble des fonctionnaires pour pouvoir être nommés à des postes plus élevés reste un sujet majeur. Nous observons en outre un manque de transparence sur les nominations . Certaines ont encore lieu sans jury de recrutement, sans qu'on en connaisse vraiment les critères et objectifs. Il est très important de pouvoir favoriser cette transparence. Marlène Schiappa, à l'époque secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes hommes, avait tenté de répondre à ce problème. Elle avait, en mai 2019, pris une décision pour tenter de lutter contre ce marché caché qui continue à exister. Cette décision, qui prévoyait notamment une diffusion aux réseaux féminins de l'administration des postes à pourvoir n'a malheureusement pas été appliquée ».
Recommandation n° 9 : améliorer la transparence de la gestion des ressources humaines dans la haute fonction publique, en matière de nominations aux postes les plus élevés notamment.