DEUXIÈME PARTIE
LES MISSIONS LOCALES À L'ÉPREUVE DE
L'ÉTAT D'URGENCE SANITAIRE
I. MALGRÉ DES CONDITIONS DIFFICILES, LES MISSIONS LOCALES SONT GLOBALEMENT PARVENUES À MAINTENIR LE CONTACT AVEC LES JEUNES ACCOMPAGNÉS
A. UN CONTACT AVEC LES JEUNES GLOBALEMENT PRÉSERVÉ
Les missions locales sont parvenues, dans l'ensemble, à maintenir leur activité dans le contexte du premier confinement commencé en mars 2020.
Les liens avec l'État se sont resserrés dans ce contexte : les points techniques entre la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et l'Union nationale des missions locales (UNML), usuellement bimensuels, sont devenus hebdomadaires. De même, l'adaptation des conditions de travail des salariés a nécessité des relations très régulières entre l'UNML et les syndicats .
En outre, une procédure dématérialisée a été mise en place pour le suivi mensuel des jeunes, pour la transmission des documents à l'Agence des services et de paiement (ASP) dans le cadre du versement de l'allocation Garantie jeunes, pour laquelle les droits ont été automatiquement prolongés pour l'ensemble des parcours arrivant à échéance pendant la période de confinement.
Les acteurs auditionnés ont confirmé que, dans l'ensemble, les liens individuels entre les missions locales et les jeunes accompagnés se sont maintenus durant le premier confinement. Une enquête de la Dares conduite en mai 2020 20 ( * ) a montré que près d'une mission locale sur deux assurait être parvenue à maintenir le contact avec au moins 80 % des jeunes qu'elle accompagnait, tandis que seulement une mission locale sur dix déclarait n'avoir pu maintenir le contact qu'avec 10 à 50 % des jeunes.
B. UNE QUALITÉ DU LIEN DÉGRADÉE SOUS L'EFFET DES CONTRAINTES IMPOSÉES PAR LE CONFINEMENT
Le confinement a néanmoins provoqué une réelle dégradation de la qualité des liens entre les missions locales et les jeunes accompagnés.
Cette dégradation est avant tout liée au recul des possibilités d'accompagnement « en présentiel ».
L'enquête précitée de la Dares a montré que, durant le premier confinement, 68 % des missions locales avaient complètement fermé leurs portes au public, tandis que les autres ont maintenu une possibilité d'accueil physique pour les seules situations d'urgence. Il en a notamment résulté qu'en dépit du maintien du lien individuel avec les jeunes, les évènements collectifs ont quant à eux été considérablement limités.
Entendue par les rapporteurs spéciaux, l'UNML considère qu'en réalité les trois quarts des missions locales ont conservé la possibilité d'accueillir physiquement les jeunes pendant le confinement, pour faire face à une situation d'urgence ou même pour un premier accueil.
Le recours privilégié au « distanciel » par les missions locales a en effet pu être source de plusieurs difficultés.
Certes, l'UNML a indiqué que le développement massif et en urgence de l'accompagnement à distance lié à la crise a contribué à accélérer des évolutions déjà à l'oeuvre visant à diversifier les modalités d'accompagnement.
Les agents des missions locales, qui se sont donc efforcés de faire appel aux différents moyens numériques (SMS, mails, réseaux sociaux, appels vidéos) pour garder le contact avec les jeunes, se sont néanmoins heurtés à certaines difficultés liées à des carences d'équipements, des problèmes de connexion, un manque de connaissance de ces outils ou à des conditions de confinement mal adaptées (impossibilité de s'isoler etc.) . Ces difficultés, comme l'ont indiqué les organisations syndicales entendues par les rapporteurs spéciaux étaient le plus souvent liées à la situation du jeune mais également dans certains cas - plus préoccupants - des conseillers des missions locales. L'enquête précitée de la Dares a permis de les objectiver.
Types de difficultés rencontrées dans
l'utilisation des outils à distance
par les jeunes
accompagnés et par les conseillers des missions locales
durant le
premier confinement
(en %)
Note : le problème lié aux conditions de confinement n'a été testé que pour les jeunes.
Source : Dares
Cette dégradation de la qualité du lien a été d'autant plus problématique que les jeunes accompagnés, comme l'a également mis en évidence l'enquête de la Dares, ont pour une large part rencontré des difficultés socio-économiques particulières pendant le confinement , où des problèmes financiers, notamment liés à une perte d'emploi, ont pu se conjuguer avec un accroissement de leurs inquiétudes concernant l'avenir voire une perte de moral.
La réouverture totale des structures au cours du second confinement à l'automne 2020 et en avril 2021 a ensuite permis de renouer avec les modalités d'accompagnement traditionnelles en présentiel, sous réserve des adaptations nécessaires à l'application des protocoles sanitaires.
* 20 Dares, Résultats de l'enquête flash Covid-19 auprès des missions locales, juin 2020.