III. L'AMPLEUR SOCIALE ENCORE INCERTAINE DU NOUVEAU CHOC ENGENDRÉ PAR LA CRISE SANITAIRE DU COVID-19

La crise sanitaire commencée en 2020 et qui se poursuit encore à l'heure où ces lignes sont écrites a entraîné la plus forte récession de l'économie française depuis la Libération, avec une baisse du PIB de 8,3 % .

De même, la masse salariale du secteur privé a affiché un très fort repli l'année dernière (- 5,7 %) , certes atténué par la mise en place de l'activité partielle et le filet de sécurité sociale.

Il est clair qu'une crise de cette ampleur aura de fortes conséquences sociales, à court terme mais aussi probablement à long terme comme l'exemple de la crise de 2008, étudié supra , l'a montré.

Pourtant, malgré les réels efforts des instituts et départements de statistiques nationaux, le rapporteur et les membres de la mission ont pu constater au cours de leurs travaux la très grande difficulté pour obtenir en temps utiles des données permettant d'objectiver l'ampleur de la crise pour la population (ou pour ses différentes composantes) -ce sujet fera l'objet d'un développement particulier au début de la deuxième partie du présent rapport. Le principal indicateur de l'évolution d'ensemble de la pauvreté est donc, pour l'heure, l'évolution du nombre d'allocataire des minima sociaux . Pour ce qui concerne le RSA, filet ultime de sécurité, la progression a été de 7,5 % au cours de l'année 2020 pour atteindre 2,06 millions d'allocataires, avec une forte progression jusqu'au mois de septembre (illustrée par le graphique suivant) suivi d'une stabilisation au dernier trimestre.

Évolution des foyers allocataires du RSA entre novembre 2019 et septembre 2020
(en milliers)

Source : CNAF

Hormis ces quelques données, la mesure du choc subi et de ses conséquences économiques et sociales pour les Français n'a pu donc être qu'essentiellement qualitative , au travers des témoignages de différents acteurs de terrain : les élus locaux tout d'abord, souvent en première ligne pour soutenir leurs administrés ; mais aussi les associations dédiées à l'aide, notamment alimentaire, aux personnes en difficulté.

Le rapporteur invite le lecteur à se référer directement aux comptes rendus de leurs auditions, annexés au présent rapport. Tous ont exprimé des constats convergents sur les effets concrets de la crise du covid-19 sur les publics fragiles :

- la violence immédiate du choc à l'occasion du premier confinement, auquel nul n'était préparé ;

- la forte augmentation de l'aide sociale en général et de l'aide alimentaire en particulier, que M. Daniel Verger, pour le Secours catholique, a estimée entre 25 % et 40 % selon les organismes ;

- l'arrivée de « nouveaux publics » jusqu'alors éloignés des organismes de protection sociale comme des associations, en particulier des jeunes, des artisans, des commerçants et des travailleurs en activité partielle. À l'inverse, en milieu rural, un mouvement de repli sur soi a été souligné par différentes personnes auditionnées 82 ( * ) et nécessitera, à l'issue de la crise, un travail de reprise de contact.

Pour le reste, comme l'ont souligné les statisticiens lors de leur audition par la mission d'information les évolutions de revenus, de taux de pauvreté, etc . ne pourront être mesurés qu'en 2022.

À ce stade, juste avant d'aborder la partie du présent rapport dédiée aux préconisations de la mission d'information, le rapporteur tient simplement à souligner que si notre système social a, une nouvelle fois, fait preuve de sa vertu en temps de crise, il est particulièrement important que la sortie de crise soit différente de celle de 2008. Comme cela a été vu précédemment, le retour à un taux de pauvreté pré-crise ne s'est alors expliqué, de manière durable, que par la progression des revenus de substitution et des aides sociales. Il importe au contraire de tout faire pour que la sortie de crise pour les personnes fragilisées à l'occasion de la crise se fasse par la réinsertion dans l'activité économique .


* 82 Cf. notamment les comptes rendus des auditions de M. Daniel Verger, du Secours catholique, et de M. Dominique Marmier, de Familles rurales Fédération nationale.

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