PRINCIPAUX CONSTATS

I. UN « QUOI QU'IL EN COÛTE » UTILE MAIS QUI REPOUSSE À MOYEN ET LONG-TERME LA RÉSOLUTION DES PROBLÉMATIQUES ÉCONOMIQUES ET BUDGÉTAIRES

A. UN RECOURS MASSIF À L'ENDETTEMENT PUBLIC POUR AMORTIR LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE

L'étude du cabinet Taj réalisée à la demande de la mission d'information, dont l'intégralité figure en annexe, montre que l'ensemble des États sous revue ont eu recours massivement à l'endettement pour permettre de soutenir les entreprises et les ménages et apporter une réponse contracyclique à la crise inédite par son ampleur que traversent les différentes économies.

L'augmentation de la dette publique a été d'autant plus forte qu'elle a résulté d'un effet « ciseaux » entre, d'une part, la baisse des recettes publiques et, d'autre part, la hausse des dépenses de soutien et de relance des économies. En France, en 2020, les recettes de prélèvements obligatoires ont diminué de 4,1 % (44 milliards d'euros), tandis que les dépenses ont augmenté de 5,4 % (73,5 milliards d'euros). Alors que le produit intérieur brut (PIB) s'est fortement contracté, le ratio de dette sur PIB a ainsi crû de 17,5 points en seulement une année 1 ( * ) .

Déficits publics en 2019 et en 2020

(en pourcentage de PIB)

Source : rapport Taj pour la mission d'information et données Eurostat et OCDE

Dans un contexte de taux d'intérêt très faibles, voire négatifs, le choix des différents États a donc consisté à amortir le choc de la crise en différant ses conséquences financières via le recours à l'endettement. Les dépenses de relance engagées en 2021 continueront à faire gonfler le niveau de l'endettement public.

Alors que le taux d'intérêt des obligations françaises à 10 ans a augmenté de 0,5 point de pourcentage depuis le début de l'année, cette hausse de l'endettement n'est pas sans susciter d'inquiétudes.

Cependant, la situation dans laquelle la France est entrée dans la crise reste très différente de celle de plusieurs de ses partenaires européens. Alors que l'Allemagne disposait d'un espace budgétaire beaucoup plus conséquent, elle a pu mobiliser une capacité d'endettement d'autant plus importante et apporter un soutien plus massif à son économie.

Il aurait fallu, bien avant la crise, faire le choix d'une réelle consolidation des comptes publics. À ce stade, la France se retrouve donc, au regard de ses partenaires, dans une situation intermédiaire. Elle a fait le choix de soutenir les apports en liquidité aux entreprises via les prêts garantis mais a moins préservé la solvabilité de ses entreprises que l'Allemagne ou encore le Royaume-Uni. Alors que la dette publique française atteint des niveaux record, l'action de soutien de l'État aux entreprises ne permettra pas d'éviter les vagues de faillite et la réduction des investissements privés au cours des années à venir ( cf. infra ).

Le risque est donc réel que la France cumule à la forte dégradation de ses comptes publics des résultats économiques assez moyens. Alors que la sortie de la pandémie reste une perspective incertaine, le faible espace budgétaire dont la France dispose pour faire face à une nouvelle dégradation de la situation ne manque pas d'inquiéter.


* 1 INSEE, Dette et déficit publics au sens de Maastricht en 2020, comptes nationaux annuels.

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