GRÈCE - PRINCIPALES DONNÉES
Nom officiel : République hellénique
Nature du régime : République parlementaire
Président de la République : Mme Ekaterini Sakellaropoulou (depuis le 13 mars 2020, élue le 22 janvier)
Chef du gouvernement (formé le 9 juillet 2019) : M. Kyriakos Mitsotakis
Superficie : 131 957 km 2
Capitale : Athènes
Villes principales : Athènes (4 millions d'habitants), Thessalonique (1 million d'habitants)
Langue officielle : grec
Monnaie : euro
Fête nationale : 25 mars (insurrection de 1821) ; le 28 octobre est « fête nationale », en souvenir du jour où le général Metaxás s'est opposé au passage des troupes italiennes (1940)
Population : 10 740 000 habitants (2018)
Densité : 81,3 habitants/km 2 (2018)
Croissance démographique : 0,28 % (2018)
Espérance de vie : 83,4 ans pour les femmes, 78 ans pour les hommes (2017)
Taux d'alphabétisation : 97,5 % (2017)
Religion : Orthodoxe (98 %)
Indice de développement humain : 0,87 (2016)
PIB : 182,959 Md€ (2018)
PIB/hab : 17 035 € (2018)
Taux de croissance : 1,9 % (2018)
Taux de chômage : 18,2 % (2018)
Taux d'inflation : 0,6 % (2018)
Dette publique : 183,1 % du PIB (2018)
Solde budgétaire : 4,3% (2018)
Balance commerciale : - 21 712 Md€ (2018)
Principaux clients : Italie (10,4 %), Allemagne (6,4 %), Turquie (6,2 %)
Principaux fournisseurs : Allemagne (10,3%), Irak (8,3%), Italie (7,7%) et Russie (7,7%)
Part des principaux secteurs d'activités dans le PIB (2018) : agriculture (3,5 %), industrie (14 %), services (82,5 %)
Exportations de la France vers la Grèce (2018) : 2 224 Mds€ (10,6 %)
Importations françaises depuis la Grèce (2018) : 9 996 M€ (+ 37,3 %)
Solde commercial bilatéral (2018) : 1,229 Md€ (- 4,47 %)
I. UN CONTEXTE POLITIQUE RENOUVELÉ
Les élections législatives de juillet 2019 ont ramené la Nouvelle Démocratie au pouvoir en Grèce en lui donnant une large majorité lui permettant de gouverner, sans pour autant laminer l'opposition de gauche. Plusieurs observateurs ont ainsi considéré que les résultats de ces élections étaient « sages ».
Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, élu sur un programme de réformes, a réussi à créer un climat positif dans le pays. Il conserve d'ailleurs à ce stade une bonne cote de popularité - « l'état de grâce » des nouvelles majorités durerait habituellement un an en Grèce 2 ( * ) .
Quant à l'opinion publique grecque, elle reste, malgré ses déceptions bien compréhensibles, majoritairement favorable à la construction européenne.
A. L'ALTERNANCE EN GRÈCE : DE TSIPRAS À MITSOTAKIS
La Grèce a connu plusieurs scrutins électoraux en 2019 : le 26 mai, les élections européennes, concomitantes du premier tour des élections régionales et municipales - dont le second tour a eu lieu le 2 juin -, puis, le 7 juillet, les élections législatives.
Ce cycle électoral a été complété, le 22 janvier 2020, par l'élection à la Présidence de la République par le parlement grec, la Vouli , à la majorité qualifiée des deux tiers 3 ( * ) - elle a obtenu 87 % des suffrages -, de Mme Ekaterini Sakellaropoulou, présidente du Conseil d'État nommée à ce poste par le gouvernement Tsipras, première femme à occuper cette fonction essentiellement protocolaire.
À l'issue de ces différentes élections, le paysage grec est profondément recomposé : la Coalition de la gauche radicale (SYRIZA) que menait le Premier ministre Alexis Tsipras, au pouvoir depuis 2015, laisse la place au parti de droite Nouvelle Démocratie (ND), dirigé par Kyriakos Mitsotakis , ancien ministre de la réforme de l'administration et de la gouvernance (2013-2015) dans le gouvernement d'Antonis Samaras. La participation à ces scrutins, obligatoire en Grèce, a été plus élevée que prévue 4 ( * ) .
Aux élections européennes, ND a remporté 33,12 % des suffrages, devant SYRIZA (23,76 %). Le Mouvement pour le changement (KINAL), parti d'opposition de gauche regroupant le parti socialiste (PASOK), le Mouvement des socialistes démocrates (KIDISO), La Rivière (To Potami) et la Gauche démocrate (DIMAR), est arrivé en troisième position, avec 7,72 % des suffrages, suivi du Parti communiste grec (KKE) qui a obtenu 5,35 %.
Après les élections locales, ND a conquis douze des treize régions du pays, à l'exception de la Crète qui reste dirigée par la gauche. Costas Bakoyannis, petit-fils de l'ancien Premier ministre (1990-1993) Constantin Mitsotakis, fils de Dora Bakoyannis, ancienne ministre de la culture puis des affaires étrangères et ancienne maire d'Athènes, et neveu de Kyriakos Mitsotakis, a été élu nouveau maire ND d'Athènes.
Dans ce contexte, les enquêtes d'opinion laissaient présager la victoire de ND aux élections législatives, SYRIZA n'ayant pas toujours su rechercher des alliances, notamment avec KINAL, qui est la troisième force politique du pays, et apparaissant parfois comme une formation politique plus social-démocrate que par le passé.
De fait, les élections législatives 5 ( * ) du 7 juillet 2019 , anticipées de trois mois, ont été largement remportées par ND . Le résultat de cette dernière, qui s'établissait à 28,09 % des suffrages exprimés et 75 députés en septembre 2015, atteint 39,85 % des suffrages et 158 sièges , obtenant la majorité absolue à elle seule , et plus que SYRIZA lors des législatives précédentes, soit 35,46 % des suffrages et 145 sièges. La formation du Premier ministre sortant a obtenu 31,53 % des suffrages et 86 sièges. KINAL arrive en troisième position, avec 8,10 % des suffrages et 22 sièges. La quatrième place est occupée par KKE, avec 5,30 % des suffrages et 15 sièges. Avec 2,9 % des suffrages, soit moins que le seuil requis de 3 %, le parti d'extrême droite néo-nazie Aube dorée , qui avait encore obtenu 4,88 % aux élections européennes du mois de mai, est exclu de la Vouli - il avait obtenu 21 sièges en 2012 et encore 18 aux élections législatives de septembre 2015, constituant à l'époque le troisième groupe parlementaire.
Au cours de la campagne électorale, Kyriakos Mitsotakis avait axé son programme sur le redémarrage de l'économie grecque grâce à l'attraction des investisseurs et la réforme du système fiscal. Il avait ainsi annoncé vouloir baisser le taux de l'impôt sur les sociétés de 28 % à 20 %, réduire la TVA en encadrant ses taux entre 11 % et 22 % et diminuer de 30 points l'impôt prélevé sur les biens immobiliers des particuliers et des personnes morales et sur les terrains. Il avait aussi pris l'engagement de ne procéder à aucun licenciement dans la fonction publique.
Par ailleurs, le candidat Mitsotakis avait pris des engagements clairement pro-européens , y compris celui de ne pas remettre en cause l'accord de Prespa relatif au nom de la Macédoine du Nord .
L'accord de Prespa sur la Macédoine du Nord
Le 12 juin 2018, Alexis Tsipras et son homologue macédonien Zoran Zaev ont signé l'accord de Prespa sur la question de la dénomination de l'Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM), qui sera désormais officiellement appelée Macédoine du Nord.
Cet accord, « bon pour le pays, pour la région et pour l'Europe » comme l'avait estimé le Président Emmanuel Macron, peut être qualifié d'historique car il a permis de mettre fin à un différend bilatéral vieux de plus d'un quart de siècle.
Pour autant, la majorité des Grecs l'a très mal accepté, en particulier dans le Nord du pays. La quasi-totalité des partis politiques l'ont critiqué, y compris jusque dans la majorité et le Parti des Grecs indépendants (ANEL), alors en coalition avec SYRIZA, a quitté le gouvernement à l'occasion du vote de confiance sollicité par Alexis Tsipras sur cet accord, le 16 janvier 2019. L'accord est entré en vigueur le 12 février 2019 et bénéficie d'un délai de cinq ans pour sa mise en oeuvre. Kyriakos Mitsotakis était également très critique sur l'accord de Prespa, même s'il a pris l'engagement, réitéré depuis sa victoire électorale, de ne pas le remettre en cause.
* 2 Selon des sondages, stables depuis septembre 2019, Kyriakos Mitsotakis bénéficie de 45 % d'opinons favorables, contre 25 % pour Alexis Tsipras, et Nouvelle-Démocratie de 33 % à 38 %, soit 13 points de plus que SYRIZA.
* 3 L'impossibilité d'élire le Président de la République en décembre 2014 avait conduit, comme le prévoyait alors la Constitution, à convoquer des élections législatives anticipées en janvier 2015, qui avaient été remportées, pour la première fois, par SYRIZA. La révision constitutionnelle de novembre 2019 a supprimé cette disposition.
* 4 Le vote est obligatoire en Grèce jusqu'à l'âge de 70 ans. L'abstention est officiellement punie d'une peine d'emprisonnement d'un mois à un an, ainsi que par le licenciement du contrevenant ; ces sanctions ne sont toutefois pas appliquées.
* 5 Le parlement monocaméral grec, Vouli Ton Ellinon , comporte 300 sièges. Il est élu pour quatre ans au sein de 59 circonscriptions au scrutin proportionnel : 58 circonscriptions, dont 7 ne comptent qu'un seul siège, élisent 288 députés et les 12 sièges restants sont répartis selon les résultats de chacun des partis politiques dans une circonscription représentant l'ensemble du pays - on parle de députés nationaux. Un parti politique doit atteindre 3 % des suffrages exprimés pour être représenté au parlement. Les électeurs votent sur une liste ouverte au sein de laquelle ils peuvent exprimer leurs préférences. Le parti arrivé en tête bénéficie d'un bonus de 50 sièges. Depuis juillet 2016, le droit de vote s'exerce à compter de 17 ans. En vertu d'une loi adoptée sous la précédente majorité, les prochaines élections législatives, en principe en 2023, se dérouleront à la proportionnelle, sans bonus en sièges.