D. DES INCERTITUDES QUI PÈSENT SUR LE CLIMAT SOCIAL DE L'OFFICE
Entendus lors d'une « table ronde », les représentants du personnel de l'ONF se sont d'abord inquiétés du devenir de l'Office en tant qu'opérateur des forêts domaniales et communales. Ils ont souhaité la préservation de l'outil ONF et le rétablissement de l'harmonie de ses relations avec les communes forestières, en redoutant l'hypothèse d'une sortie du régime forestier assortie d'une reconversion des agents de l'ONF, ce qui marquerait la fin de l'unité de gestion et de la péréquation entre les territoires.
Conscients des difficultés de l'Office, ses agents sont cependant surpris de la virulence des critiques et attristés par certaines annonces de presse évoquant un « ONF en faillite 7 ( * ) ».
La nécessité pour l'ONF de renouer avec la confiance de ses personnels, de ses partenaires, du grand public et des associations a été soulignée. Les « explosions » de mécontentement local sur des sujets ponctuels, dont le public connaît mal les tenants et les aboutissants, ont été regrettées, de même que le malaise et le « manque de sens » résultant de l'incertitude qui plane sur l'avenir de l'Office, avec une « absence de vision à long terme »
Au plan financier, le déficit structurel a été chiffré à environ 50 millions d'euros par an, comblé par des recettes exceptionnelles ou masqué par des décalages de trésorerie et des restrictions de dépenses d'investissement.
S'agissant des ventes de bois, les représentants du personnel ont, entre autres, évoqué :
- la force de la forêt domaniale qui met en vente des bois de haute qualité, ce qui n'a pas pu empêcher l'effondrement de ses recettes depuis 30 ans, en raison de la chute des cours du bois qui n'ont connu, après les tempêtes, qu'une phase de faible remontée depuis 2002 ;
- la nécessité de « lever le pied » sur les coupes de chêne, dont la population est dorénavant plus jeune, ce qui fait apparaitre comme irréaliste l'objectif d'une augmentation des prélèvements de 20 % entre 2016 et 2020 ;
- l'impact des scolytes qui provoque, par exemple, la diminution des prix du pin sylvestre, aux environs de 19 euros par m 3 alors que le prix du chêne atteint 200 euros ;
- la concurrence des pays d'Europe centrale qui explique la chute des ventes de sapin ;
- le poids de certains « lobbies » d'acheteurs ;
- l'effet récessif sur la demande de la fermeture de grosses usines de pâte à papier, non compensé par les achats de bois énergie.
Les syndicats ont également rappelé :
- la sévère diminution des effectifs qui sont passés de 16 000 en 1986 à 9 000 en 2018, avec l'annonce d'une suppression de 1 500 postes dans les années à venir ;
- et l'alourdissement des tâches - résultant en particulier des ventes de bois façonné - des missions et des contraintes environnementales.
Plus globalement, l'impossibilité de mener à leur terme les deux derniers contrats d'objectifs et de performance (COP) a été imputée à des objectifs initiaux fixés à un niveau irréaliste et à des mesures financières restrictives imposées par l'État qui ne permettent pas le maintien d'une présence suffisante sur le terrain.
Votre rapporteure souligne que la difficulté de chiffrer avec précision le coût des prestations aux communes a été mentionnée alors que le montant du versement compensateur versé à l'ONF est resté constant.
Il convient de signaler que, par modestie et discrétion, les personnels de l'Office n'ont pas mentionné leur exposition particulière à la maladie de Lyme (ou borréliose de Lyme). Cette infection bactérienne transmise à l'homme par piqûre de tique, avec un risque de transmission significativement accru en cas de surdensité de grands mammifères sauvages (cerfs, chevreuils...), constitue l'une des principales maladies professionnelles à l'ONF.
* 7 Précisons qu'un tel événement est juridiquement impossible en vertu du principe d'insaisissabilité des biens d'un établissement public.